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Full text of "Le Maroc. Publié sous la direction de Marcel Monmarché. Avec un autographe du général Lyautey"

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s  GUIDES  BLET! s 


LE  MAROC 


CE    GUIDE   A    ÉTÉ   RÉDIGÉ  PAR 

M.  PROSPER  RICARD 

Inspecteur  des  Arts  indigènes  à  Fcs 


\ 


1 


LES    GUIDES  BLEUS 


LE  MAROC 

PUBLIH     SOUS    LA    DIRECTION  DE 

MARCEL  MONMARCHÉ 
Avec  un  autographe  du  Général  Lyautey 


LIBRAIRJE  HACHETTE 

79,         SAINT-GERMAIN,  PARIS 
1919 

TOUS    DROITS  RÉSERVÉS 


COMMENT  SE  SERVIR  DU  GUIDE 


Ce  Guide  est  divisé  en  un  certain  nombre  de  chapitres 
consacrés  aux  villes  importantes  y  aux  centres  de  tou- 
risme ^  aux  routes  principales.  Ces  chapitres  pointent  un 
numéro  d'ordre,  répété  en  chiffres  gras  [15]  sur  chaque 
feuillet  du  guide,  en  titre  courant,  à  côté  de  la  pagi- 
nation. 

Ces  numéros  d'ordre  sont  également  portés  sur  la 
carte-index  imprimée  sur  la  garde,  en  tête  du  livre. 
Pour  trouver  rapidement  un  itinéi'aire,  donné,  le  lecteur 
n'aura  qu'à  en  chercher  le  numéro  sur  la  carte-index 
puis  à  feuilleter  les  pages  du  volume  pour  y  retrouver 
le  même  numéro. 

Du  reste,  s'il  veut  se  rendre  compte  du  plan  général 
du  guide,  il  consultera  utilement  la  table  méthodique 
placée  au  début  et  qui  donne  la  liste  détaillée  des 
matières,  dans  l'ordre  même  où  elles  sont  traitées. 

S'il  s'agit  de  chercher,  non  plus  un  itinéraire,  mais 
une  localité,  un  site,  un  point  géographique,  etc. ,  il  suffit 
de  consulter  comme  un  dictionnaire,  à  la  fin  du  guide, 
les  pages  de  /'Index  alphabétique. 

Les  itinéraires  sont  décrits,  autant  que  possible,  dans  le 
sens  correspondant  au  plus  grand  courant  de  voyageurs. 
Le  touriste  qui  parcourra  une  route  dans  le  sens  contraire 
à  celui  où  elle  est  décrite,  fera  de  lui-même  les  changements 
nécessaires,  notamment  pour  les  indications  relatives  à 
la  droite  ou  à  la  gauche,  aux  montées  ou  aux  descentes. 

Tous  les  plans,  en  noir  ou  en  couleurs,  sont  divisés 
en  carrés,  repérés  en  marge  par  une  lettre  dans  le  sens 
vertical* et  par  un  chiffre  dans  le  sens  horizontal.  Cette 
lettre  et  ce  chiffre,  reproduits  dans  le  texte  à  la  suite 
du  nom  d'un  hôtel,  permettent  de  le  retrouver  immé- 
diatement sur  le  plan  en  suivant  verticalement  la 
colonne  indiquée  par  la  lettre  et  horiT^ontalement  celle 
indiquée  par  le  chiffre,  on  trouvera,  à  V intersection,  le 
carré  dans  lequel  il  est  situé. 


Toutes  les  mentions  et  recommandations  con- 
tenues dans  les  Guides  Bleus  sont  gratuites. 


PRÉFACE 


Le  Maroc,  qui  a  si  longtemps  vécu  à  l'écart  de  la  civilisation 
occidentale,  marche  à  grands  pas  dans  la  voie  du  progrès  depuis 
1912,  date  de  l'établissement  du  Protectorat  des  puissances 
protectrices. 

Dans  la  zone  française  surtout,  sous  l'éminente  direction  du 
général  Lyautey,  une  œuvre  admirable  s'est  accomplie,  que  n'a 
même  pas  arrêtée  ni  ralentie  reiîroyable  guerre  qui  s'achève, 
et  on  peut  dire  que  le  maintien  de  la  paix  et  de  l'ordre  dans 
ce  pays  à  peine  sorti  d'un  état  de  troubles  séculaire,  son  orga- 
nisation rapide  et  la  part  glorieuse  que,  tout  nouveau  dans  la 
grande  famille  française,  il  a  déjà  pu  prendre  à  la  Victoire, 
ont  été  un  des  plus  beaux,  un  des  plus  réconfortants  spectacles 
de  ces  années  tragiques. 

Aussi,  l'attention  de  tous  les  Français  se  porte-t-elle  avec  un 
intérêt,  et  je  puis  dire  avec  une  fierté  justifiés  vers  le  Maroc, 
qui  ouvre  dès  maintenant  un  nouveau  champ  d'expansion  et 
d'activité  à  nos  colons,  et  aussi  un  nouveau  et  merveilleux 
champ  d'études  et  d'explorations  à  nos  artistes,  à  nos  savants 
et  aux  simples  touristes  en  quête  d'impressions  neuves  et 
fortes. 

Convaincus  du  rapide  essor  touristique  du  Maroc,  dès  la  fin 
des  hostilités,  désireux  d'y  contribuer  dans  la  mesure  de  nos 
moyens,  nous  n'avons  pas  hésité  à  entreprendre  ce  nouveau 
guide  au  milieu  des  difficultés  du  temps  de  guerre,  et  nous 
sommes  heureux  aujourd'hui  de  pouvoir  l'offrir  au  public  à 
l'heure  même  où  le  mouvement  des  voyageurs,  trop  longtemps 
contenu,  va  enfin  pouvoir  se  développer  librement. 

Au  point  dé  vue  du  Tourisme,  ce  qui  est  particulièrement 
remarquable  dans  l'évolution  actuelle  du  Maroc,  c'est  qu'elle 
ne  s'exerce  pas  seulement  dans  le  sens  de  la  mise  en  valeur  du 
pays  par  une  administration  prévoyante  et  sage,  soucieuse  des 
intérêts  bien  compris  de  ses  ressortissants,  par  l'adoption  d'un 
outillage  des  plus  modernes  et  des  plus  complets  :  ports,  routes, 
chemins  de  fer,  postes  et  télégraphes,  etc.;  mais  c'est  qu'elle 
se  développe,  en  outre,  avec  le  souci  de  laisser  intactes  les 


•MAROC» 


a 


VI. 


PRÉFACE. 


traditions  antiques  et  séculaires,  en  considérant  comme  intan- 
gible tout  le  legs  du  passé. 

Il  s'ensuit  que  tout  ce  qui  constitue  la  couleur  locale  de  ce 
pays  est  conservé»  Et  cette  couleur  locale  est  d'une  intensité 
et  d'un  charme  qu'on  chercherait  vainement  ailleurs.  C'est 
tout  le  moyen  âge  africain  qui  se  révèle  avec  sa  douce  et  lente 
vie  pastorale  et  citadine  aux  manifestations  si  variées,  sa  sco- 
lastique  si  semblable  à  la  scolastique  occidentale  d'autrefois, 
ses  mœurs  curieuses,  originales  et  anciennes,  ses  remarquables 
monuments,  expression  logique  d'une  esthétique  en  voie  de 
transformation  pendant  un  millénaire,  ses  sites  tour  à  tour 
souriants,  âpres  et  sauviiges;  c'est  tout  cela  mis  en  contraste 
frappant  par  l'événement  le  plus  moderne  qui  soit  :  l'éclosion 
de  grandes  villes  européennes  nouvelles,  toutes  pleines  de  bruit, 
de  lumière,  d'activité  fébrile  et  des  plus  vastes  espérances.  Tel 
est  le  spectacle  inoubliable  et  grandiose  qu'offre  le  Maroc  à, 
ses  visiteurs  étonnés. 

On  a  dit  avec  juste  raison  qu'  «  une  excursion  en  Algérie 
devrait  être  pour  un  Français  le  complément  nécessaire  d'une 
éducation  libérale  et  patriotique  »,  nous  ajouterons  qu'une 
tournée  au  Maroc  devrait  constituer  le  premier  voyage  d'un 
Français  qui  a  l'ambition  de  bien  connaître  et  de  servir  sa 
patrie.  Quel  enseignement  salutaire  ne  recueille-t-on  pas  en 
effet  de  la  vision  d'un  tel  pays,  dont  le  seul  contact  suffit  à 
mettre  en  lumière  aux  yeux  des  moins  prévenus  les  qualités 
supérieures  de  notre  race,  de  révéler  à  tous  des  ressources 
surprenantes  et  insoupçonnées  d'énergie  créatrice  ! 

Jusqu'au  début  dt;  ce  siècle,  le  Maroc  était  resté  un  dédale 
où  l'on  ne  se  déplaçait  qu'avec  lenteur  et  diplomatie,  en  encou- 
rant les  plus  grands  risques.  Rappelons-nous  les  émouvantes 
relations  de  voyage  des  Ch.  de  Foucauld,  des  de  Segonzac,  des 
de  La  Martinière,  des  Doutté,  de  tant  d'autres  et  môme  de  l'ins- 
pirateur indigène  du  «  Maroc  inconnu  »,  de  Mouliéras!  Aujour- 
d'hui, les  grands  chemins  sont  clairs  et  directs,  les  voies  sont 
larges  et  magnifiquement  tracées  et  le  réseau  s'en  complète 
chaque  jour,  les  relations  sont  sûres  et  rapides,  le  pays  enlin 
peut  être  parcouru  dans  la  plus  grande  partie  de  son  étendue 
avec  le  maximum  possible  de  rapidité  et  de  confort.  Chertés, 
il  reste  encore  des  progrès  à  réaliser  :  ce  sera  l'œuvre  de 
demain. 

Décrire  les  routes  et  les  villes,  signaleT  le  moyen  de  les 
visiter  avec  proiit,  arrêter  le  voyageur  devant  les  monuments 
etlesfaitslesplusdignes  d'être  notés, en  lui  fournissant  quelques 


PRÉFACE, 


VII 


explications  utiles,  tel  est  le  but  que  nous  nous  sommes  pro- 
posé. Le  lecteur  appréciera  si  nous  avons  réussi  à  réaliser  ce 
programme.  Qu'il  soit  indulgent  toutefois  en  face  des  erreurs 
qui  auront  pu  se  glisser  dans  ce  travail  :  la  première  édition 
d'un  livre  sur  un  sujet  si  neuf  ne  peut  être  parfaite.  D'ailleurs 
la  perfection  existe-t-elle? 

Ceci,  dit  par  précaution  indispensable  et  modestie  toute 
naturelle,  ne  diminue  en  rien  le  mérite  du  savant  arabisant 
qui  a  bien  voulu  se  charger  de  rassembler  sur  place  les  maté- 
riaux de  ce  livre  et  de  le  rédiger  entièrement  :  il  m'est  très 
agréable  ici  d'exprimer  ma  plus  sincère  gratitude  à  M.  Prosper 
Ricard,  qui,  après  avoir  fait  ses  preuves  en  Algérie,  où  il  a  bien 
voulu  aussi  collaborer  à  notre  guide,  a  été  appelé  au  Maroc 
comme  inspecteur  des  Arts  indigènes  à  Fès.  Nul  n'était  plus 
désigné  que  lui  pour  conduire  à  bien  ce  travail  considérable. 
Grâce  au  bon  vouloir  de  l'Administration  de  la  Résidence  et  à 
la  bienveillance  particulière  du  général  Lyautey,  il  a  pu  par- 
courir tout  le  Maroc  dans  des  conditions  exceptionnelles  et 
recueillir  au  cours  de  ce  long  voyage  d'études  une  documen- 
tation abondante,  originale  et  personnelle  qu'il  a  su  mettre 
ensuite  en  oeuvre  avec  la  plus  sûre  érudition  et  le  plus  scru- 
puleux souci  d'exactitude,  de  méthode  et  de  clarté,  qualités 
essentielles  d'un  bon  guide. 

Mais  M.  Ricard  m'en  voudrait  de  ne  pas  faire  aussi  acte  de 
reconnaissance  envers  tous  les  auteurs,  vivants  ou  disparus 
dont  les  publications  lui  ont  été  d'un  si  utile  secours  et  que 
beaucoup  voudront  consulter  après  lui.  La  liste  en  est  longue; 
on  la  trouvera  dans  les  notices  bibliographiques  insérées  dans 
le  corps  de  l'ouvrage. 

Nos  remerciements  s'adressent  encore  à  différents  Chefs  de 
Services  du  Protectorat  qui  nous  ont  puissamment  aidé  dans 
notre  documentation  :  à  M.  le  commandant  Perret,  chef  du 
Bureau  topographique  du  Maroc;  à  M.  Tranchant  de  Lanel, 
chef  du  Service  des  beaux-arts,  antiquités  et  monuments  histo- 
riques et  à  son  collaborateur,  M.  J.  Guérard  de  Montarnal,  archi- 
tecte, détaché  à  la  section  des  Beaux-Arts;  à  M.  Prost,  chef  du 
Service  spécial  d'architecture  et  des  plans  des  villes;  à  MM.  le 
lieatenant-colonel  Barseaux  et  commandant  Thionnet,  directeurs 
des  chemins  de  fer  du  Maroc  occidental  et  du  Maroc  oriental; 
à  M.  Châtelain,  le  savant  directeur  des  fouilles  de  Volubilis; 
au  lieutenant  J.  Dalbanne,  du  4^  Bureau  de  l'État-Major  du  Tadla; 
à  de  nombreux  chefs  de  services  municipaux  et  officiers  du 


VIII 


PRÉFACE. 


Service  ôes  Renseignements  auprès  de9quels  nous  avons  tou- 
jours trouvé  le  plus  bienveillant  accueil;  à  M.  Jean  Fourgous, 
inspecteur  des  services  commerciaux  de  la  G'"  des  chemins  de 
fer  d'Orléans;  enfin  et  surtout  à  M.  le  général  Lyautey,  haut 
commissaire  résident  général  de  France  au  Maroc,  qui,  avec 
sa  claire  vision  des  destinées  du  pays  et  sa  connaissance  pro- 
fonde de  ses  habitants,  pacifie,  organise  de  main  de  maître  et 
crée  par  là  même  le  tourisme  au  Maroc. 

Marcel  Monmarché. 
Directeur  des  Guides  Bleus. 


Paris,  le       mai  1919. 


TABLE  MÉTHODIQUE 


Préface  

Table  méthodique  .  .  . 
Cartes  et  plans  .... 
Index  marocain-français 
Abréviations  


XXIV 


XVI 


XV 


IX 


V 


Aperçu  géographique,  économique  et  administratif.  .  .  1 
Situation,  1.  —  Orographie,  1.  —  Climat,  '2.  —  Hydrographie,  4. 

—  Côtes,  5.  —  Sol,  5.  —  Flore  et  Faune,  6.  —  Productions 
forestières  et  agricoles,  6.  —  Mines  et  industries,  8.  —  Pro- 
priété immobilière,  9.  —  Commerce,  9.  —  Populations,  10.  — 
Administration,  10. 

Aperçu  historique   13 

Aperçu  artistique  et  littéraire   22 

Architecture,  22. —  Industries  d'art  indigène,  27.  —  Musique,  27. 

—  Lettres  et  sciences,  28. 

Bibliographie   29 

Renseignements  géjiéraux   31 

I.  Du  voyage  au  Maroc  :  Choix  d'un  itinéraire,  32.  —  Epoque 

du  voyage  et  hygiène  à  suivre,  33.  —  Budget  et  pour- 
boires, 34.  —  Agences  de  voyage,  35.  —  Passeport  et 
douane,  35.  —  Banques,  mandats-poste  et  monnaie,  36.  — 
Visite  des  villes  et  des  monuments,  37.  —  Fêtes  indi- 
gènes, 38.  —  Chasse,  39.  —  Grand  tourisme  et  excursions 
en  pays  indigène,  40. 

II.  Hôtels  et  restaurants,  40. 

III.  Moyens  de  transport  :  Bateaux  à  vapeur,  42.  —  Chemins 

de  fer,  43.  — Billets  directs,  44.  —  Tramways,  46.  — Routes, 
pistes  et  autocyclisme,  46.  —  Voitures  publiques  et  parti- 
culières, 46.  —  Chevaux,  mulets  et  ânes,  47. 

IV.  Postes  et  télégraphes,  47. 

V,  Langue,  48. 

VI.  Cartographie,  54. 

Voies  d'accès   55 

1.  De  Paris  à  Casablanca,  55  :  A,  parr  Bordeaux;  B,  par  Mar- 

seille; C,  par  Nantes. 

2.  De  Paris  à  Tanger,  56:  A,  par  Marseille  direct;  B,  par  Mar- 

seille-Oran;  C,  par  l'Espagne;  D,  par  le  Portugal. 

3.  De  Paris  à  Knitra,  par  Marseille,  58. 

4.  De  Paris  à  Oudjda,  58  :  A,  par  Marseille-Oran  ;  B,  par  Mar- 

seille-Nemours;  C,  par  Port-Vendres-Oran. 

5.  Relations  du  Maroc  avec  l'Algérie-Tunisie,  59  :  A,  par  terre; 

B,  par  mer. 

6.  Relations  du  Maroc  avec  l'étranger,  60. 

7.  Relations  maritimes  inter-marocaines  (côte  atlantique),  60. 


X  TABLE  MÉTHODIQUE. 

PJ{EMÏÈJ{'E  SECTÏOJ^ 

MAROC  OCCIDENTAL  MÉRIDIONAL 

1.  Casablanca  

Place  de  France,  66.  —  Ville  indigène,  66.  —  Tour  des  rem- 
parts et  port,  68.  —  Boulevard  Front  de  mer  et  Roches  Noires, 
70.  —  Tour  de  ville,  71. 

Environs  :  l*»  El  Hank  et  Anfa  supérieur,  71.  —  Sidi  Abd  Er 
Rahmane.  72. 

2.  La  Ghaouïa  

1.  De  Casablanca  à  Fédala,  71. 

2.  De  Casablanca  à  Boulhaut,  75.  —  De  Boulhaut  à  Mar- 
chand, 76. 

3.  Do  Casablanca  à  Boucheron,  76.  —  De  Boucheron  à 
Boulhaut,  76;  à  Christian.  77. 

4.  De  Casablanca  à  Ber  Rechid,  Settat  et  Mechra  Bon 
Abbou,  77.  —  De  Ber  Rechid  à  Boucheron,  à  iSidi  Moliammed 
El  Kebir,  à  Sidi  Ali,  79.  —  De  Settat  à  Ouled  Saïd  et  Bou 
Laouane,  80;  à  Guisser  et  El  Boroudj,  80:  à  Ben  Ahmed,  80: 
à  Melgou,  à  El  Kelaa,  à  Sidi  Ali,  82. 

5.  De  Casablanca  à  Bou  Laouane,  83.  —  De  Bou  Laouane  à 
El  Guentra,  83. 

3.  De  Casablanca  à  Marrakech  

A.  Par  la  route,  81.  —  De  Ben  Guérir  à  El  Kelaa,  84. 

B.  Par  le  chemin  de  fer  et  la  route,  85.  —  De  Caïd  Tounsi 
à  Sidi  Ben  Nour,  au  djebel  Lakhdar,  85. 

4.  Marrakech  

Place  Djemaa  El  Fna,  88.  —  Kouboubia,  89.  —  Palais  de  la 

Bahia,  89.  —  Kasba,  90.  —  Aguedal,  91.  —  Mollah.  92.  —  Souks, 
93.  — •  Tour  des  mosquées,  des  sanctuaires  et  des  fontaines,  93. 
—  Tour  de  ville,  95.  —  Ville  nouvelle  et  Gueliz,  96.  —  Jardins 
de  la  Menara,  97.  —  Palmeraie,  97. 

5.  Environs  de  Marrakech  

1«  Tameslouht,  98.  —  2"  Amizmiz,  98.  —  3«  El  Kelaa,  98; 
d'El  Kelaa  à  Dar  Ould  Zidouh.  à  Demnat,  99.  —  4°  Domnat, 
99;  de  Tazert  à  Telouot,  100.  —  5°  Aghmat,  Tinmal,  101. 

De  Marrakech  à  Mogador,  par  la  route,  102;  par  Dar  Kaïd 
Mtouggui,  104.  —  De  Marrakech  à  Agadir,  104. 

C.  De  Casablanca  à  Mazagan  

A.  Par  la  route,  105.  —  Azemmour,  106. 

B.  Par  la  piste  côtière,  107. 

C.  Par  la  mer,  108. 

7.  Mazagan  

L'ancienne  ville  portugaise,  110.  —  Le  port,  111.  —  La  plage, 

112.  —  La  ville  moderne,  112. 

Environs  :  Marabout  de  Sidi  Moussa,  Phare  de  Sidi  Msba, 
112.  —  Moulay  Abdallah  et  ruines  de  Tit,  Cap  Blanc,  113. 

8.  Les  Doukkala  

1°  Bou  Laouane,  113.  —  2°  Sidi  Ben  Nour,  114;  de  Sidi  Ben 

Nour  au  Djebel  Lakhdar,  114;  à  Bou  Laouane,  114;  à  Ben 
Guérir,  115.  —  3«  Oualidia,  115;  d'Oualidia  aux  ruines  de 
Mcdinet  El  Gharbia,  115. 
De  Mazagan  à  Marrakech,  115. 


TABLE  MÉTHODIQUE. 


XI 


9.  De  Mazagan  à  Safi  116 

A.  Par  la  route,  116. 

B.  Par  la  piste  côtière,  117, 

C.  Par  la  mer,  117. 

10.  Safi  117 

La  port,  1^>0.  —  La  Medina,  1-20.  —  Le  Rabat,  122. 
Environs  :  Sidi  Bou  Zid,  Cap  Safi,  Sidi  Ouassel,  Rocher  du 
Juif,  123. 

11.  Les  Abda  123 

1°  Cap  Cantin,  124.  —  2"  Lac  Zima,  124.  —  3°  L'oued  Ten- 

sift,  124.  —  4"  Souïra  Guedima  et  le  Tensift  inférieur,  125. 
De  Safi  à  Marrakech,  126. 

12.  De  Safi  à  Mogador  126 

A.  Par  la  route,  126.  / 

B.  Par  la  piste  de  Dar  Kaïd  Hadji,  127. 

C.  Par  la  piste  côtière,  127. 

13.  Mogador  128 

Environs  :  Iles  de  Mogador,  132.  —  Diabat,  132.  —  Hôtel 

Palmera,  133.  —  Forêt  d'arganiers,  133. 

14.  De  Mogador  à  Agadir  134 

A.  Par  l'intérieur,  134. 

B.  Par  la  piste  côtière,  135. 

C.  Agadir,  135. 

15.  Le  Sous.  13G 

D'Agadir  à  Taroudant,  137. 
2°  D'Agadir  à  Tiznit,  138.  —  Environs  de  Tiznit,  139;  de 
Tiznit  à  Ifni,  à  Taroudant,  139. 

16.  Boujad  et  le  Tadla  140 

De  Casablanca  à  Kasl)a  Tadla  :  A.  par  la  route,  140.  —  De 

Sidi  El  Aïdi  à  Settat,  à  Boucheron,  141.  —  De  I3en  Ahmed 
à  Sidi  Madani,  à  Boucheron,  à  Christian,  à  El  Boroudj,  à 
Guisser,  141.  —  D'Oued  Zem  à  El  Boroudj,  à  Dar  Ould 
Zidouh,  à  Christian,  à  Moulay  Bou  Azza,  142.  —  De  Boujad  à 
Moulay  Bou  Azza,  à  Sidi  Lamine,  144;  à  Dar  Ould  Zidouh, 
145.  —  De  Kasba  Tadla  à  Beni  Mellal,  à  Dar  Ould  Zidouh,  146. 
B.  Par  le  chemin  de  fer  et  la  route,  147. 


DEUXIÈME  SECTîOJS 

MAROC    OCCIDENTAL  SEPTENTRIONAL 

17.  De  Casablanca  à  Rabat  

A.  Par  le  chemin  de  fer,  149. 

B.  Par  la  route,  150. 

C.  Par  l'ancienne  piste,  151. 

18.  Rabat  

Medina,  154.  —  Port,  156.  —  Circuit  S.,  tour  Hassane,  Chella, 

Touarga,  Résidence  générale,  157.  —  Circuit  O.,  remparts 
almohadcs,  grand  aguedal,  jardins  d'essais,  camps,  160. 

Environs  :  Temara,  Ouldja,  Forêts  des  Shoul  et  des  Zaër, 
161.  —  De  Rabat  à  Christian,  161  ;  de  Christian  à  Moulay  Bou 
Azza,  162;  Khenifra,  162. 


149 
151 


XII  TABLE  MÉTHODIQUE. 

19.  De  Rabat  à  Salé  163 

Forôt  de  Mamora,  168. 

20.  De  Salé-Plage  à  Knitra  108 

Environs  de  Knitra  :  Medhia,  Forôt  de  Mamora,  171  ;  ruines 

de  Tliamusida,  171;  le  Sebou,  172;  Moulay  Bou  Selham  et  la 
Merdja,  1T2;  de  Moulay  Bou  Selham  à  Larache,  173. 
De  Knitra  à  Fès,  par  le  col  de  Seggota,  173. 

21.  De  Knitra  à  Arbaoua;  le  Gharb  17:] 

De  Souk  El  Arba  à  Lalla  Mimouna  et  à  Larache,  174.  — 

Environs  d'Arbaoua,  175.  —  D'Arbaoua  à  Fès  par  le  col  de 
Seggota,  175. 
De  Mecha  Bel  Ksiri  à  Souk  El  Had  Kourt,  176. 

22.  De  Salé  à  Meknès  177 

A.  Parleche«minde  fer,177.  —  DeDarBel  Amri  à Petitjean,177. 

B.  Par  la  route,  178. 

C.  Par  la  piste  deTiflet,  179.  -  De  Tiflet  à  Knitra,  à  Dar  Bel 
Amri,  à  Nkheila,  179.  —  De  Camp  Bataille  à  Dar  Bel  Amri,  à 
Moulay  Bou  Azza,  180. 

23.  Meknès  180 

Medina,  183.   —  Tour  extérieur   de  la  Medina,   185.  — 

Anciennes  écuries,  Aguedal,  autrucherie,  187.  —  Camp  et  ville 
nouvelle,  188.  —  Toulal,  189. 

24.  Environs  de  Meknès  189 

P  Volubilis,  Moulay  Idris,  189.  —  2«  Agouraï,  193.  —  3°  Ito, 

Azrou,  Timhadit,  194  ;  dlto  à  Mrirt,  195;  de  Timhadit  à  Bekrit, 
à  Almis,  à  Kich,  197. 

25.  De  Meknès  à  Fès  198 

A.  Par  le  chemin  de  fer,  198. 

B.  Par  la  route,  199. 

26.  Fès  199 

Quartiq^  du  Douh,  205.  —  Les  Souks,  Moulay  Idris,  grande 

mosquée  Karouiine,  '209.  —  Quartier  Kettaninè,  214.  —  Quar- 
tier de  l'Adoua,  mosquée  des  Andalous,  Médersa  Sahrij,  216. 
—  Kasba  Filala,  kasba  Cherarda,  cimetière  Bab  Mahrouk, 
218.  —  Fès  Djedid  et  le  Mellah,  219.  —  Ville  nouvelle,  gare, 
Dar  Debibagh,  Dar  Mahrès,  221.  —  Tour  de  Fès,  222. 

27.  Environs  de  Fès  226 

1°  Ksar  des  Beni  Merine,  226.  —  2«  Le  Zalagh,  227.  — 

3«  Sidi  Ahmed  El  Bernoussi,  227.  —  4°  Le  ïagiiat,  228.  — 
5°  Ras  El  Ma,  228.  —  6«  Moulay  Yakoub,  228.  —  7«  Sidi 
Harazem,  229.  —  8°  Sefrou,  230;  de  Sefrou  à  Almis,  231.  — 
9"  Moulay  Bou  Chta,  931.  —  lO»  El  Kelaa  des  Slès,  232. 

28.  De  Fès  à  Taza  232 

A.  Par  El  Arba  de  Tissa,  232.  —  D'El  Arba  de  Tissa  à  Kasba 
Koré^t,  à  El  Kelaa  des  Slès,  à  El  Arba  des  Senhadja,  223;  à 
Matmata,  234.  —  De  Camp  Desroches  à  Bab  Moroudj,  234;  à 
El  Ar])a  des  Senhadja,  235. 

B.  Par  rinnaouene,  235. 

29.  Taza  236 

Medina,  239.  —  Tour  intérieur  des  remparts,  240.  —  Grottes 

de  Kifane  El  Ghomari  et  la  nécropole,  241.  —  Cimetière,  242. 


TABLE  MÉTHODIQUE.  Xlli 

30.  Environs  de  Taza  242 

Col  de  Touahar,  24-2.  —  Do  Taza  à  Bab  Moroudj,  243;  à 

Iladjrat  En  Nokour,  243. 

TJ{OJSJÈME  SECTÏOJ^ 

MAROC  ORIENTAL 

31.  D'Oran  à  Oudjda  246 

Tlemcen,  247. 

32.  Oudjda   252 

33.  Environs  d'Oudjda   256 

1"  Berkane,  256;  do  Martimprey  à  Saïdia,  257;  d'Aïn  Sfa  à 

Martimprey,  -^58;  de  Taforalt  à  Mechra  El  Melah,  à  Ain  El 
Hammam,  258;  à  Mechra  Bou  Dcllal,  259;  de  Borkane  à  Tafo- 
ralt, à  Saïdia,  à  Mechra  Kherbacha,  260  ;  à  Selouane  et 
Melilla,  261.  —  2'*  Bergucnt,  261;  de  Berguent  à  Debdou,  à 
Matarka,  à  Tendrara,  261;  à  Fortassa,  à  El  Aricha,  262.  — 
3"  Sidi  Aïssa,  262. 

34.  D'Oudjda  à  Taza  262 

A.  Par  le  chemin  de  fer,  262.  —  D'El  Aïoun  à  Bou  Houria, 
à  Taforalt,  à  Ouled  Saïd,  à  Moul  El  Bâcha,  à  Tinntabourt, 
à  Aïn  Mkhamer,  à  Ain  Ayat,  263.  —  Taourirt  et  ses  envi- 
rons, 264.  —  Debdou,  265.  \ 

B.  Par  la  route,  268. 

35.  D'Oran  à  Beni  Ounif  de  Figuig  269 

36.  Le  Figuig  272 

1»  Oasis  de  Figuig,  274.  —  2"  Melias,  276.  —  3^  Djebel 

Grouz,  276;  de  Tanezzara  à  Ben  Zireg,  277.  —  i°  Djebel  Maïz, 
277.  —  5«  Djebel  Melah,  277;  de  Figuig  à  Tendrara,  à  For- 
tassa,  278. 

37.  Le  Haut  Guir  278 

De  Figuig  à  Bou  Denib  :  A.  Par  Colomb  Bécliar,  278;  d'Aïn 

Chaïr  à  Matarka,  279;  de  Bou  Anane  à  Beni  Tadjit,  279.  — 
B.  Par  la  piste  directe,  280.  —  Bou  Denib  et  ses  environs, 
280;  Talghemt,  Aoufous,  280;  Gourrama,  Beni  Tadjit,  Mis- 
sour,  281. 

38.  Le  Ziz  282 

I.  De  Bou  Denib  à  Ksar  Es  Souk,  282:  de  Ksar  Es  Souk  à 
Rich,  285. 

II.  De  Bou  Denib  à  Rich,  285;  de  Rich  à  Meknès,  285. 

III.  De  Bou  Denib  au  Tafilalet,  285. 

IV.  Bassin  de  l'oued  Dra,  288. 

QUJ[T7{JÈME  SECTJOJ\ 

TANGER  ET  LA  ZONE  ESPAGNOLE 

39.  Tanger  289 

Le  Grand-Socco,  292.  —  Le  Petit-Socco  et  le  port,  293.  — 
Kasba  et  ville  haute,  294.  —  Plateau  du  Marchan,  295.  —  La 
montagne,  29e.  —  El  Moudjahedine,  '296.  —  Es  Souani,  297.  — 
La  plage,  297. 


XIV  TABLE  MÉTHODIQUE. 

Environs  :  Cap  Spartel,  sources  do  Chorf  El  Akab,  El  Ksar 
Es  Se^hir,  298.  —  De  Tanger  à  Casablanca,  298:  à  Rabat;  à 
Fcs,  299. 

40.  De  Tanger  à  El  Ksar  El  Kebir  299 

D'El  Ksar  à  Laracho,  à  Ouezzane,  302. 

41.  De  Tanger  à  Larache  303 

A.  Par  terre,  303.  —  D'Arzila  à  El  Ksar  El  Kebir,  303. 

B.  Par  mer,  301. 

42.  De  Tanger  à  Geuta  306 

43.  De  Geuta  à  Tétouan  310 

Environs  de  . Tétouan  :  Martine,  315;  Chechaouene,  316. — 

De  Tétouan  à  Tanger,  316. 

44.  De  Geuta  à  Melilla  316 

Environs  de  Melilla  :  San  Juan  de  las  Minas,  Kasba  de 

Selouane,  319. 
De  Melilla  à  Oran,  320. 

Index  alphabétique  321 


CARTES  ET  PLANS 


CARTES 


1.  Carte  des  routes  du  Guide,  en  tête  du  volume. 

2.  Carte  générale  du  Maroc. 

3.  Croquis  orographique  et  hydrographique   3 

4.  Principales  curiosités   38 

5.  Voies  d'accès   57 

0.  La  Chaouia  lace  à  la  page  74 

7.  De  Rabat  à  Meknès  et  à  Fès;  le  Gharb.  l'ace  à  la  page  17(j 

8.  Le  Figuig   275 

9.  Le  Ziz   283 

10.  Le  Tafllalet   287 


PLJim 

1. 

Boujad   . 

143 

9. 

Mazagan  .  .  . 

.  .  .  110 

Casablanca,  ville  indi- 

10. 

Meknès  .... 

.  .  .  184 

gène   

07 

11. 

Mogador.  .  .  . 

.  .  .  129 

3. 

Casablanca,  plan  d'en- 

12. 

Oudjda  .... 

.  .  .  253 

70 

13. 

Rabat  

.  .  .  154 

4. 

Fès,  ville  indigène.  . 

206 

14. 

Sah  

.  .  .  119 

5. 

Fès,  plan  d'ensemble  . 

222 

45. 

Salé.  :  .  .  .  . 

.  .  .  166 

G. 

169 

16. 

Settat  

.  .  .  81 

7. 

Marrakech,  ville  indi- 

17. 

Tanger  .... 

.  .  .  292 

90 

18. 

Taza  

.  .  .  237 

8. 

Marrakcch,  plan  d'en- 

19. 

ïlemcen  .  .  . 

.  .  .  249 

96 

INDEX  MAROCAIN-FRANÇAIS 


Dans  le  but  de  faciliter  la  recherche  de  la  signification  d'un  certain 
nombre  de  termes  marocains  contenus  dans  le  guide,  nous  donnoas 
ci-dessous  une  liste  des  mots  le  plus  fréquemment  employés.  Tout  terme 
suivi  de  la  lettre  (B)  est  d'origine  berbère. 


A 

Abd,  pl.  abid  et  ibad,  serviteur, 
esclave.  Entre  souvent  en  compo- 
sition avec  d'autres  mots  pour 
donner  des  noms  propres  :  Abd 
Allah,  serviteur  de  Dieu;  Abd 
En  Nebi,  serviteur  du  pro- 
phète, etc. 

Âbiod,  fém.  beïda,  bida,  pl.  bouïed, 
blanc. 

Abou  et  bou,  père,  possesseur 
de...;  en  composition  :  Abou 
Abd  Allah,  nom  propre.  . 

Achour,  impôt  musulman,  dîme. 

Achoura,  fête  musulmane. 

Achra,  dix. 

Achrine,  vingt. 

Adar,  pl.  idarene  (B),  pied. 

Adjaj,  tourbillon,  ouragan. 

Adjouza,  agouza^  vieille  femme. 

Adrar,  pl.  idrarene  (B),  montagne. 

Afia,  paix,  feu. 

Afounas,  fém.  tafoimast  {B),  bœuf. 

Afous,  pl.  if  assené,  main. 

Afrit,  génie,  démon. 

Agadir,  pl.  igoudar  (B),  escarpe- 
ment, forteresse. 

Aghbalou,  pl.  ighboula  (B),  source. 

Aghioul,  pl.  ighial  (B),  âne. 

Aghroum  (B),  pain. 

Agmar(B),  cheval. 

Agouni  (B),  plateau. 

Agouza,  vieille  femme. 

Aguelmlm,  pl.  iguelmam  (B),  lac. 

Aguelmous  (B),  capuchon. 

Agreb,pl.  agareb,  scorpion. 

Ahel,  gens;  ahel  ed  dar,  femmes 
de  la  maison. 

Ahmar,  fém.  hamra,  rouge. 


Aïd,  pl.  aïad,  fête  ;  aïd  el  Kebir,  la 
grande  fête,  la  fête  du  mouton; 
aïd  es  Seghii\  la  petite  fête  qui 
clôture  le  jeûg^  du  ramadan. 

Aïdi,  pl.  iidane  (B),  chien. 

Aïn,  pl.  aïoun,  source;  entre  en 
composition  pour  désigner  des 
noms  de  lieux  :  Aïn  El  Beghel, 
la  source  des  mulets. 

Aïssa,  Jésus-Christ,  nom  pr. 

Aoud,  pl.  kheil,  cheval. 

Aouda,  jument. 

Ait,  sing.  ou  (B),  enfants  de  ...  ;  en 
composition  avec  d'autres  mots  • 
pour  donner  des  noms  de  tribus  : 
Ait  Izdeg. 

Akerrouï  (B),  tête. 

Akhdar,  fém.  khadi^a,  verte. 

Akhnif  (B),  burnous. 

Akkal  (B),  terre,  sol. 

Alam,  étendard. 

Alem,  pl.  uléma,  lettré,  savant, 
jurisconsulte. 

Alghoum,  pl.  iloughmane  (B),  cha- 
meau . 

Ali,  haut, 

AUaf,  sorte  d'intendant. 
Allah,  Dieu. 
Alou,  hauteur. 
Amadagh  (B),  broussailles. 
Amane  (B),  eau. 

Amara,  lieu  habité;  musette  do 
cheval. 

Amazigh,  pl.  imazighene  (B),  ber- 
bère de  l'Atlas. 

Amenai  (B),  blanc. 

Amokrane  (B),  grand,  chef. 

Amouchche  (B),  chat. 

Ank,  col,  défile. 

Anseur,  pl.  ànaseur,  source. 

Anza,  partie  décorée  dans  une 
mosquée. 


INDEX  MAROCAIN-FRANÇAIS. 


XVII 


Anzi,  de  chèvre. 

Aouïna,  pl.  aouïnat,  petite  source. 
Aourir  (B),  piton. 
Arba,  quatre,  mercredi. 
Ard,  terre,  pays. 
Areg,  dune. 

Argane  (B),  essense  arbustive  par- 
ticulière aux  régions  de  Mogador 
et  du  Sous. 

Argaz,  pl.  irgazen  (B),  homme. 

Argoub,  jarret,  colline. 

Ariche,  pl.  araïche,  treille;  /i7 
Araïche,  Larache. 

Aricha,  petite  treille;  El  Aricha, 
nom  pr. 

Aroubi,  pl.  aroubia,  campagnard, 

bédouin. 
Arneb,  lièvre. 
Arraou  (B),  enfants. 
Arsa,  pl.  ârasi,  verger. 
Asel,  miel. 

Aserdoun,  pl.  iserdiane  (B),  mulet. 
Asfar,  fém.  ««/"m,  jaune  ;  laiton. 
Asif,  pl.  isaffene  (B),  rivière. 
Askri,  pl.  âsker,  soldat. 
Aslem,  pl.  iselmane  (B),  poisson. 
Assa,  garde,  poste  de  police. 
Assas,  pl.  âssassi7ie,  gardien. 
Ateuch,  soif. 
Atrech,  sourd. 
Attar,  pl.  attarine,  épicier. 
Azguer,  pl.  izgarene  (B),  bœuf. 
Azib,  ferme. 

Aziz,  fém.  âsiza,  pl.  âzaz,  chéri, 

bien-aimé. 
Azouggar  (B),  brun  roux. 
Azrek,  fém.  zerka,  bleu,  gris. 
Azrou,  rocher;  nom  pr. 


B 

Bab,  pl.  bibane.  entrée,  porte. 

Bagra,  coll.  bguer,  vache. 

Bahloul,  pl.  behalil,  fou,  idiot, 
Behalil,  nom  propre. 

Bakour,  nom  d'unité  :  bakoura, 
figures  mâles. 

Ballout,  gland  de  chêne. 

Batha,  terrain  plat  et  bas,  espla- 
nade. 

Bedoui,  pl.  bedouia,  campagnard, 
bédouin. 

Beghel,  fém.    haghla,   pl.  begJial, 

mulet. 
Begri,  de  bœuf. 
Behar,  mer. 

Behim,  pl.  beliaïm^  fém.  heJiima^  âne. 


Behira,  jardin  dans  la  campagne. 
Beïda,  fém.  de  abiod,  blanche,  œuf. 
Bekhour,  encens,  fumigation. 
Bel,  abréviation  de  ben  el,  fils  de... 

Bel  Badj,  fils  du  pèlerin,  nom 

propre. 
Beldi,  du  pays,  de  la  ville. 
Belgha,  pl.  blaghi,  pantoufle. 
Ben,  pl.  beni,  fils  de...  BeniUasscne, 

Beni  Hammar^  noms  propres  de 

tribus. 

Bendir,  pl.  bendaïr^  tambourin. 
Bendira,  drapeau,  bannière. 
Beniane,  construction,  édifice. 
Berd,  froid. 

Berdâ,  pl.  bradâ,  bât,  havre-sac, 
cèdre. 

Bernons,  pl.  branes,  burnous. 
Berrani,  pl.  berrania,  étranger.  . 
Bestioun,  pl.  bsatine,  bastion. 
Betoum,  pistachier  térébinthe. 
Bidaoui,  originaire  de  Dar  Beïda, 

Casablancais. 
Bir,  pl.  biar,  puits. 
Blad,  dim.  blida,  pl.  bouldane,  ville. 
Bled,  campagne. 

Bokhari,  pl.  bouakher,  soldat  nè- 
gre. 

Bordj,  pl.  boroudj,  bastion;  JîJl 
Boroudj,  nom  propre. 

Bou,  abréviation  de  abou  {V.  plus 
haut);  Bou  Chaïb,  l'homme  à  la 
barbe  grisonnante,  quelquefois 
employée  pour  désigner  un  ma- 
rocain. 

Bra,  pl.  braouat,  lettre. 

Bradâï,  pl.  bradâïne^  fabricant  de 
bâts. 

Bria,  pl.  binat,  lettre. 

Bsel,  nom  d'unité  besla^  oignons. 


C 

Gadi,  pl.  coudât,  cadi,  juge  musul- 
man. 

Caïd,  pl.  kiad,  caïd,  chef  de  tribu. 
Chàba,  ravin. 

Chahed,  pl.  chouahed,  témoin. 
Chaïb,  grisonnant. 
Chaïr,  orge. 
Changeur,  pic,  piton. 
Chaouch,  garçon  de  bureau. 
Chàrâ,  rue. 

Chareb,  pl.  chouareb,  lèvre,  crête. 
Chebab,  fém.  c/iaôôa,  joli. 
Chebbak,  grille. 
Chebka,  fiiet. 


MAROC» 


b 


XVIII 


INDEX  MAROCAIN-FRANÇAIS. 


Chegga,  pl.cheggag,  fente,  crevasse; 

Aïn  Cheggag,  nom  propre. 
Cheikh,  pl.  chioukh,  vieillard,  chet 

de  confrérie  ou  de  fraction  de 

tribu. 

Chelhaoui,  pl.  chleuh,  berbère  de 

l'Atlas. 
Ghelia,  pl.  cheli,  chaise. 
Chemâa,  cierge,  bougie,  cire. 
Ghemmâïne,  marchand  de  cierges 

et  de  bougies. 
Ghems,  chemch  et  semch,  soleil. 
Gherchara,  pl.  cheracher,  cascade. 
Gherg,  orient. 

Ghergui,  pl.  cheraga^  oriental,  de 
l'Est. 

Ghibani,  vieux,  vieillard. 
Ghih,  armoire. 

Ghitane,  pl.  chiatene,  satan,  démon. 
Ghekara,  pl.  chekaïr,  sacoche  maro- 
caine. 

Ghleuh,  pl.  de  chelhaoui,   V.  plus 
haut. 

Chouari,  panier  double  en  sparterie. 

Ghott,  bord,  rive,  lac  salé. 

Ghérif,  pl.  cheurfa,  descendant  du 

prophète  Mohammed,  noble. 
Gheta,  chetoua,  pluie. 


D 

Dahir,  pl.  douaJier,  rescrit  impé- 
rial, loi  marocaine. 
Dahra,  nord. 
Dahraoui,  du  nord. 
Daïa,  bas-fond  humide. 
Dalia,  vigne. 

Dar,  pl.  diour  et  diar,  maison;  Dar 
Beïda,  maison  blanche,  Casa- 
blanca. 

Dechra,  pl.  dechour,  village. 
Dehar,    pl.   douahar ,   dos,  crête; 

Touahar,  crêtes,  nom  propre. 
Deheb,  or. 
Dehbi,  doré. 

Déliai,  pl.  dellalme,  crieur  public. 
Demm,  sang. 
Derb,  rue. 
Derdar,  frêne. 

Derdj,  pl.  droudj,  gradin,  degré, 

marche. 
Dib,  pl.  diah,  chacal. 
Dif,  pl.  diaf^  hôte  ;  dar  diaf,  maison 

des  hôtes. 
Dine,  religion. 

Djad],  nom  d'unité  djadja,  poules. 
Djamà,  pl.  djouamâ,  mosquée. 


Djebbana,  pl.  djebahene,  soupière. 

Djebbas,  guebbas,  sculpteur  sur 
plâtre,  plâtrier. 

Djebel,  pl.  djebal,  montagne. 

Djebila,  pl.  djebilat,  petites  mon- 
tagnes. 

Djebs,  guebs,  plâtre. 

Djedid,  fém.  djedida,  nouveau, 
neuf  ;  El  Djedida,  la  nouvelle, 
Mazagan. 

Djellaba,  pl.  djelaleb,  manteau  maro- 
cain à  capuchon. 

Djeld,  pl.  djeloud,  peau  de  chèvre 
tannée. 

Djemâa,    pl.    djemouâ,  vendredi, 

réunion,  assemblée. 
Djemel,  pl.  djemal,  chameau, 
Djemil,  fém.  djemila,  beau. 
Djenane,  pl.  djenanat,  jardin. 
Djeud,  pl.  Djenoud,  troupes;  Bou 

ûjenoud  et  par  corruption  Bou 

Jeloud,  lieu  où  stationnaient  des 

troupes. 

Djezira,  pl.  djezirat,  île;  El  ûjezi- 
rat,  les  îles,  Andalousie,  Algé- 
siras. 

Djezzar,  boucher. 

Djich,  guich,  pl.  djiouch,  guioucJi, 
troupe  fournie  par  une  tribu 
makhzen. 

Djinn,  pl.  djenoun,  génie. 

Djorf,  berge  escarpée. 

Djouab,  lettre,  réponse. 

Djouf,  nord. 

Douar,  pl.  douaîr,  groupe  de  tentes. 
Douïra,  pl.  douîrat,  petites  maisons. 
Drâ,  nom  propre  d'oued  du  Sahara 

et  de  la  région  qu'il  parcourt. 
Drâoui,  pl.   draoua,  originaire  du 

Drâ. 
Drou,  lenstique. 

E 

El,  le  (article  arabe)  qui  en  se  con- 
tractant avec  la  première  lettre 
du  mot  qui  suit  donne  es,  et,  etc. 

Embarek,  béni. 

Enfida,  ravin. 

Erg,  région  de  dunes. 


F 

Fahs,    banlieue  ;   région    sud  de 
Tanger. 

Fahsi,  campagnard  ;  de  la  province 
de  Tanger. 


INDEX  MAROCAIN-FRANÇAIS. 


XIX 


Fas,  pioche  ;  Fès. 
Faïdja,  col. 

Far,  pl.  firane,  rat,  souris. 
Fasi,  pl.  aJœl  Fas,  gens  de  Pès. 
Fedj,  défilé. 

Fekroun,  pl.  fekarene,  tortue. 
Felfel,  piment. 

Fels,  pl.  flous,  petite  monnaie  d'ar- 
gent. 

Ferdi,  pistolet,  une  unité. 

Fidjidj,  Figuig.  petit  défilé. 

Fkih,  pl.  foukaha,  lettré,  juriscon- 
sulte, instituteur  coranique. 

Flous,  argent  monnayé,  V.  fels. 

Fondouk,  fondak,  pl.  fenadek,  hô- 
tellerie marocaine,  entrepôt  de 
marchandises. 

Fouk,  dessus. 

Fouki,  foukani,  au-dessus. 

Foui,  fèves. 

Foum,  bouche,  ouverture,  orifice. 
Frach,  lit,  matériel  de  cobchage. 


G 

Gada,  plateau. 
Gafla,  pl.  gouafel,  caravane. 
Gara,  pl.  gour,  petit  plateau  émer- 
geant dans  la  plaine. 
Ghaba,  forêt. 

Ghaïta,  pl.  ghouaït,  clarinette. 
Ghar,  pl.  ghirane,  caverne,  trou. 
Gharb,  Ouest;  région  occidentale 

du  Maroc. 
Gharbi,   pl.    gheraba,  occidental; 

vent  d'ouest. 
Ghedir,  rhedir,  étang,  cuvette  d'eau. 
Ghelem,  moutons. 
Ghelmi,  de  mouton. 
Ghenem,  moutons. 
Ghers,  plantation. 
Ghezel,  pl.  ghozlane,  gazelle. 
Ghoul,  fém.  ghoula,  ogre. 
Guebbas,  V.  Djebbas.^ 
Guebli,  méridional. 
Guelâa,  kelàa,  place  fortifiée. 
Guenaoui,  pl.  guensoua,  nègre  de 

Guinée. 

Guetifa,  pl.  guetaïf,  tapis  à  laine 

très  haute. 
Gounibri,    mandoline    africaine  à 

deux  cordes. 
Gourbi,  pl.  giieraba,  chaumière. 
Guelta,  mare. 
Guemah,  blé. 
Guenfoud,  hérisson. 
Guentra,  pont. 


Guerbouz,  arçon. 
Guern,  kern,  corne,  pic. 
Guetrane,  goudron. 
Guich,  V.  Djich. 


H 

Had,  un,  dimanche. 
Haddad,  pl.  haddadine,  forgeron. 
Hadid,  fer;  Djebel  Hadid,  montagne 
du  fer. 

Hadj,  pèlerin  de  la  Mekke. 
Hadjeb,  pl.  houadjeb,  sourcil,  flanc 

de  montagne  ;  El  Hadjeb,  nom 

propre  de  lieu. 
Hadjib,  chambellan. 
Hadjel,  nom  d'unité  hadjla,  perdrix. 
Hadjer,  nom  d'unité  hadjra,  pierres . 
Hadra,  capitale. 
Hadri,  pl.  hadar,  citadin. 
Haïti,  étoffe  murale. 
Halib,  helib,  lait  doux. 
Halfa,  alfa. 
Halou,  sucré. 

Haloua,  pl.  haloui  et  hlaoïii,  su- 
crerie. 

Hammar,  conducteur  d'ânes,  faî- 
tage. 

Hamri,  terre  rouge  très  fertile. 

Hemam,  nom  d'unité  hemama,  pi- 
geons. 

Hemar,  pl.  hemir,  âne. 

Hamdouchi,  pl.  hamadcha,  membre 
de  la  secte  de  Sidi  Hamdouch. 

Hammam,  pl.  hammamat,  bain 
maure. 

Hanna,  henné. 

Haouch,  ferme. 

Haouli,  agneau. 

Haouz,  plaine;  région  de  Marra- 
kech. 
Harf,  bord,  lisière. 
Hassane,  Hassene,  bon. 
Hasi,  pl.  houasi  et  hasiane,  puits. 
Henchir,  ferme. 
Hend,  Inde. 
Hendi,  indien. 
Hofra,  trou. 

Hout,  nom  d'unité  houta,  poisson. 


I 

Iblis,  diable,  satan. 
Id,  pl.  iddine,  main. 
Ifri,     pl.    ifrane    (B),  précipice, 
goufire. 


XX 


INDEX  MAROCAIN-FRANÇAIS. 


Ighil,  pl.  ifjhaUene  (B),  bras,  colline. 

Ighzer,  pl.  ighezrane  (B),  ravin, 
ruisseau. 

Ihoudi,  pl.  ihoud,  juif. 

Ikhf,  pl.  ikhfaouene  (B),  tête, 
sommet. 

Imam,  prêtre  musulman. 

Imi,  pl.  imiouene  (B),  porte,  ouver- 
ture; entre  souvent  en  composi- 
tion avec  d'autres  noms. 

Imine,  droite. 

Ineb,  raisin  vert. 

Inzer,  pl.  imzarene  (B),  nez. 

Issar,  gauche. 

J 

Pour  les  mots  commençant  par  la 
lettre  J,  se  reporter  à  DJ. 


K 

Kâa,  fond,  sol,  marché. 
Kadi,  V.  Cadi. 
Kahla,  V.  Akhal. 
Kaïd,  y.  Caïd. 

Ealâa,  forteresse.  On  dit  encore 

kelàa,  guelàa. 
Eantra,  pl.  knater,  linteau,  pont; 

dim.  knitra,  ponceau. 
Karia,  village;  koria,  petit  village, 

pl.  koriat.  Koréat,  nom  propre. 
Kasba,        ksabi,  citadelle,  place 

forte. 

Kbaïli,  pl.  kbaïl,  homme  de  tribu. 
Kbenr,  pl.  kbour,  tombe. 
Kbila,  pl.  kbaïl,  tribu,  famille. 
Kebir,  pl.  kebar^  grand. 
Kechla,  caserne. 
Kedem,  talon. 

Kedim,  pl.  kedam,  vieux,  ancien. 

Kef,  pl.  kifane,  rocher,  falaise. 

Kelb,  fém.  kclba,  pl.  klab,  chien. 
.Kendil,  pl.  knadel,  chandelier;  Bon 
Knadel,  nom  propre. 

Eerd,  pl.  kroud,  singe. 

Kerkour,  pl.  kraker,  tas  de  pierres. 

EermoUs,  figue. 

Kern,  pl.  kroun,  corne,  pic. 

Kerrouch,  chêne  vert. 

Khabia,  pl.  khouabi,  jarre,  cuve. 

Khad,  pl.  klœdoud,  joue. 

Khadem,  pl.  khedem,  négresse,  es- 
clave. 

Khadra,  V.  Akhdar. 

Khaïma,  pl.  khiam,  tente  arabe. 


Khalifa,    pl.    khlaïf^  lieutenant, 

adjoint. 
Khalbua,  retraite,  ermitage. 
Khamsa,  dim.  khmisa,  cinq,  main; 

Khemisset,  nom  propre. 
Rhanga,  pl.  kheneg  et  kheng,  défilé. 
Khalem,  pl.  khonalem,  bague,  sceau. 
Khelkhal,  pl.  khlakheb,  anneau  do 

pied. 

Kheir,  khir,  vertueux,  bien. 
Khemis,  jeudi. 

Kheudek,  pl.  khnadek,  fossé,  tran- 
chée. 

Khenzir,  pl.  khnazir,  porc. 
Khezana,  armoire. 
Khiiat,  pl.  khiiatine,  tailleur  d'ha- 
bits. 
Khil,  chevaux. 

Khobz,  nom  d'unité  khobza,  pain. 
Khoukha,  pêcher,  pêche,  guichet 

de  porte. 
Knitra,  petit  pont. 
Koheul,  sulfure  d'antimoine. 
Koubba,    pl.     kebeb,  sanctuaire. 

chambre,  toit  pyramidal. 
Koudia,  pl.  koudiat,  mamelon. 
Koumia,  poignard  marocain. 
Krim,  généreux. 

Ksar,   pl.   ksow\   village   du  Sud 

entouré  do  murs. 
Ksiba,  V.  Kasba. 
Ksob,  roseau. 
Ktef,  pl.  ktaf,  épaule. 


L 

Lakhdar,  vert;  n.  pr. 
Lalla,  sainte;  madame. 
Lebene,  petit-lait. 
Ledjam,  brilie. 
Leham,  viande. 
Louha,  planche. 
Lsane,  langue. 
Ltam,  voile  de  visage. 


M 

Ma,  eau. 

Madani,    originaire    de    Médine  ; 
n.  pr. 

Mâdene,  minerai  ;  mine. 
Maghreb,  terre  de  l'Ouest. 
Mahrès,  mortier,  pilon. 
Makam,  lieu  do  séjour. 
Makhzen,    entourage    du  sultan, 

gouverncmont. 
Mal,  biens,  richesses. 


INDEX  MA 

Malah,  salé. 
Mansour,  victorieux. 
Marsa,  pl.  mrdsi,  port. 
Matmoura,  pl.  mtâmer,  silo. 
Mâza,  pl.  mdiiT,  chèvre. 
Mbarek,  béni  ;  n.  pr. 
Mbekhra,  pl.  mbâkher,  brûle-par- 
fums. 
Mebrouk,  béni. 

Mechmach,  nom  d'unité  mec/imacha, 

abricot,  abricotier. 
Mechra,  gué. 

Mechta,  ferme  d'hivernage. 
Medersa,  pl.  mdareSj  collège  isla- 
mique. 
Meddad,  cèdre. 

Medina,  pl.  medoun,  ville  arabe. 
Medjez  et  Meguez,  gué. 
Medjless,  assemblée,  conseil. 
Medjmar,   pl.    mdjâmer,  brasero, 
réchaud. 

Mehalla,   armée,   colonue  expédi- 
tionnaire. 
Mekebra,  pl.  mkdber,  cimetière. 
Meknassi,  originaire  de  Meknès. 
Mellah,  quartier  juif. 
Melh,  sel. 

Mengoub,  percé,  troué. 
Menzeh,     observatoire,  pavillon 

surélevé;   chambre   des  étages 

supérieurs. 
Menzel,  pL.mnâsel,  halte,  bivouac. 
Merdja,  pl.  mroudj,  marais. 
Mers,  groupe  de  silos. 
Mesjed,  chapelle,  mosquée. 
Minbar,  chaire  à  prêcher. 
Moghreb,  heure    du   coucher  du 
■  soleil. 

Mokaddem,  pl.  mokaddemine ,  chef 

de  quartier,  de  confrérie. 
Mongar,  pic. 
Mosbah,  lampe. 

Moul,  moula,  maître,  possesseur; 

Moulana,  notre  maître,  Dieu. 
Moulay,  titre  de  noblesse  qui  se 

place  devant  le  nom  d'un  sultan, 

d'un  chérif. 
Moumene,  pl.  moumenine ,  croyant. 
Moussa,  Moïse. 
Mra,  pl.  nsrt,  fcmm'e. 
Msalla,  lieu  de  prières  publiques 

marqué  par  un  seul  mur. 


N 

Nâama,  pl.  ndâm,  autruche. 
Nader.  pl.  nouâder,  meule  de  paille. 


::ain-français.  xxi 

Nâdja,  brebis. 
Nador,  observatoire. 
Naga,  cliamcllc. 
Naïb,  adjoint,  suppléant. 
Kakhla,  '  coll.   nkhel,   dim.  nkhila, 

palmier. 
Namous,  moustique. 
Nânâ,  menthe. 
Nâoura,  noria,  roue. 
Nar,  feu. 

Nemel,  n.  d'un,  nemla,  fourmi. 
Nesrani,  pl.  nsara,  chrétien. 
Nichane,  cible,  décoration. 
Nokra,  argent  (métal). 
Nouala,  pl.  nouaïl^  hutte. 
Nsa,  femmes. 
Nsara,  chrétiens. 
Nzala,  gîte. 

O 

Ogla,  oglat,  groupe  de  puits. 
Ou,  -pl.  ait  (B),  tils. 
Ouali,  saint. 
Oudi  (B),  beurre. 

Oued,  pl.  ouïdane,  fleuve,  rivière. 
Oufella  (B),  d'en  haut. 
Ouerd,  dim.  ourida,  rose. 
Ouest,  milieu. 

Ouestani,  qui  occupe  le  milieu. 
Ouesti,  de  l'ouest,  algérien. 
Oukid,  n,  d'un,  oukida,  allumette. 
Oukil,  mandataire. 
Ouled,    enfant  de...;   est  souvent 
suivi  d'un  nom  propre  pour  dési- 
gner une  tribu. 
Ould,  fils,  enfant. 

Ouldja,  portion  de  terrain  entourée 

par  la  boucle  d'une  rivière. 
Oum,  mère. 
Outa,  plaine. 

R 

Rahba,  rahhat,  place,  marclié. 
Ras,  pl.  vous,  risane,  tête,  sommet, 
cap. 

Rbab,  rebec,  violon  à  deux  cordes. 
Rbiâ,  printemps,  verdure. 
Regba,  cou,  mamelon. 
Regragui,  originaire  du  Bou  Rogreg. 
Reba,  pl.  r]ii,  moulin. 
Rekham,  marbre. 
Rekkas,  courrier  à  pied. 
Riad,  jardin  dépendant d'nnemaison. 
Ribat,  couv(3nt. 

Ribat  El  Fath,  couvent  de  la  vic- 
toire, Rabat. 


XXII 


INDEX  MAROCAIN-FRANÇAIS. 


àlch,  n.  d'un,  tricha,  plume. 

Rih,  p.  riah,  vent. 

Rmel,  sable,  terre  sablonneuse. 

Rokba,  genou. 

Roua,  étable,  écurie. 

Rouda,  cimetière. 

Roumi,fém.  roumia^  pl.  nsara,  euro- 
péen. 

Rsif,  affleurement  de  roches. 


S 

Safsaf,  dim.  Sfisifa,  peuplier. 
Saheb,  pl.  ashah,  camarade,  domes- 
tique de  confiance. 
Sahel,  littoral. 
Sahra,  désert. 

Sahraoui,  habitant  du  désert. 
Sahrij,  citerne,  bassin. 
Sania,  jardin,  noria. 
Sarouts,  pl.  souarets,  clef. 
Sebbat,  soulier. 
Sebkha,  lac  salé. 
Sebt,  samedi. 
Sebta,  Ceuta; 

Sebti,  originaire  de  Ceuta. 
Sedra,  Sedret,  jujubier  sauvage. 
Seffar,  pl.  seffarine,  chaudronnier^ 

dinandier,  relieur. 
Seflani,  qui  est  en  dessous. 
Seguia,  pl.  souagui,  canal. 
Sekka,  soc,  monnaie. 
Sekkaïa,  fontaine  monumentale. 
Sekkine,  couteau,  sabre. 
Selham,  pl.  slahem,  burnous. 
Selk,  fil  de  fer. 
Selsla,  chaîne. 
Seffa,  six. 
Sfa,  pur. 

Sghir,  f.  sfihh'a.  pl.  sr/har,  petit. 

Si,  équivalent  do  :  monsieur;  s'em- 
ploie devant  le  nom  d'un  lettré. 

Sidi,  équivalent  do  :  maître;  s'em- 
ploie devant  le  nom  d'un  noble, 
d'un  saint. 

Sif.  sabre,  dune. 

Sinia,  pl.  souani,  plateau  de  cuivre. 
Skhira,   pl.    skhirat,  petite  mape 

rocheuse. 
Skhour,  mapes  rocheuses. 
Slasui,  originaire  de  Salé. 
Smar.  n.  d'un,  smara,  joncs. 
Smid,  semoule. 
Sokhra,  mape  rocheuse. 
Soltane,  pl.  slntine,  sultan. 
Souf,  laine. 

Souïra,  petit  rempart,  Mogador. 


Souk,  pl.  asouak,  marché. 
Soumâa,  minaret. 
Sour,  rempart. 

T 

Taddert  (B),  village,  maison. 

Tadjlne,  pl.  touadjene,  plat,  ragoût. 

Tadla  (B),  gerbe. 

Taga,  genévrier. 

Taghat  (B),  chèvre. 

Taghzout  (B),  course  de  chevaux. 

Taht,  bas,  infériaur. 

Tahti,  tahtani,  d'en  bas. 

Takaout  (B),  tamarix. 

Taksebt,  citadelle. 

Tala  (B),  source. 

Taleb,  pl.  tolba,  étudiant. 

Talâ,  montée. 

Tameslouht,  la  parfaite. 

Tamda  (B),  lac,  étang. 

Tamgout  (B),  sommet,  pic. 

Tanout  (B),  puits. 

Tanzert  (B),  nez. 

Taourirt  (B),  petit  piton. 

Tarboueh,  pl.  trabech,  calotte, 
chéchia. 

Tarfa,  tamarix. 

Târidja,  tambourin. 

Tazart,  pl.  tazarine  (B),  figues  sè- 
ches. 

Tebene,  paille. 

Teffah,  n.  d'un.  seffaJia,  pommier. 

Tellis,  pl.  tlales,  sac  double. 

Temer,  n.  d'un,  temra,  dattes. 

Ténia,  teniet,  défilé. 

Terfas,  pl.  trafes^  trulfe. 

Tertib,  arrangement,  impôt. 

Timezguida  (B),  mosquée. 

Tir,  pl.  tiour,  oiseau. 

Tirs,  terre  noire,  profonde,  très 

fertile. 
Tisra,  sumac. 

Tit,  pl.    titaouine,   tetaouene  (B), 

source;  Tétouan. 
Tizgui  (B),  forêt. 
Tizi  (B),  col. 
TIeta,  trois. 
Tnine,  deux. 

Tolba,  pl.  de  <a7e6,  étudiant. 
Touba,  coll.  toub,  motte  de  terre 

séchée. 
Touil,  pl.  touab,  long. 
Tour,  pl.  tirane,  taureau. 
Trahies,  Tripoli. 
Trabelsi,  tripolitain. 
Trik.  chemin. 

Tsouira,  dessin,  photographie. 


INDEX  MAROCAIN-FRANÇAIS.  XXIII 


z 

Zâfrane,  safran. 

Zaouïa,  pl.  zouaoui,  siège  d  une 
confrérie  religieuse. 

Zebboudj,  nom  d'un,  zebboudja,  oli- 
vier sauvage. 

Zenka,  pl.  znak,  dim.  znika,  rue. 


Zerb,  pl.  zroiib,  dim.  zriba,  zribet, 
haie. 

Zerbia,  pl.  zrabi,  tapis  à  laine  peu 

haute. 
Zerka,  fem.  do  azreg. 
Zif,  pl.  zioufa,  mouchoir. 
Zine,  joli. 

Zitoun,  nom  d'un,  zitouna^  olives, 

oliviers. 
Zrâ,  dim.  zriâ,  grains,  orge. 


Nota.  —  On  trouvera  des  renseignements  plus  complets  que  ceux  qui 
précèdent  en  consultant  les  Règles  de  transcription  des  noms  indigènes 
suivies  de  vocabulaires  arabe  et  berbère,  établies  par  M.  le  commandant 
Perret,  chef  du  Service  topographique  du  Maroc  (Casablanca,  1917, 
3  fr.). 


ABRÉVIATIONS 


,  altitude. 

.  ascenseur. 

aujourd'hui. 

.  avenue. 

bd  

.  boulevard. 

.  bifurcation. 

centimes. 

ch  

.  chambre. 

chautfage  central. 

ch.-l  

chef-lieu. 

ch.  de  fer... 

chemin  de  fer. 

cheval. 

cl  

classe. 

correspondance. 

département. 

depuis. 

.  dimanche. 

dîner. 

dr  

droite. 

Est. 

ethniq  ue. 

environ. 

espagnol. 

franc. 

ë  

.  gauche. 

garage  d'autos. 

.  heure. 

hab  

.  habitants. 

hauteur. 

.  hectares. 

.  hôtel. 

j  

jour. 

k   kilomètres. 

kilog   kilogrammes. 

m   mètres. 

min   minutes. 

N   Nord. 

O   Ouest. 

omn   omnibus. 

P   page. 

pens   pension. 

pers   personne. 

pes   peseta  espagnole. 

pl   place. 

PI   plan. 

pron   prononcez. 

r   rue. 

rep   repas. 

ret   retour. 

s   siècle. 

S  t  Sud. 

sem   semaine. 

serv    service. 

St   saint. 

Ste   sainte. 

suppl   supplément. 

t.  1.  j   tous  les  jours. 

V.  c   vin  compris. 

V.  n.  c   vin  non  compris. 

V.   voir. 

vap   vapeur. 

voit   voiture. 

vol   volumes. 

f   mort. 


APERÇU  GÉOGRAPHIQUE 
ÉCONOMIQUE  ET  ADMINISTRATIF 


Situation.  —  Le  Maroc  termine  à  l'O.  le  pays  si  diversement  appelé 
par  les  auteurs  :  Berbérie,  Maghreb,  Afrique  mineure,  Nord-Africain.  Il 
constitue  le  Maghreb  El  Aqça  des  Arabes,  la  «  terre  du  couchant  la 
plus  occidentale  ». 

Il  est  compris  entre  le  36*^  et  le  29"  parallèle  de  lat.  N.  d'une  part, 
le  i3"  et  le  -S"  parallèle  de  long.  O.  de  Greenwich  d'autre  part.  Nette- 
ment borné  au  N.  et  à  1"0.  par  les  Irontières  naturelles  de  la  Médi- 
terranée et  de  l'océan  Atlantique,  qui  communiquent  entre  eux  par 
le  détroit  de  Gibraltar,  puis  au  N.-E.  par  une  frontière  politique 
tracée  par  les  traités  et  s'étendant  de  l'embouchure  de  l'oued  Kiss 
au  Téniet  Es  Sassi,  ses  limites  deviennent  moins  précises  du  côté 
de  l'Algérie,  dont  il  est  séparé  par  une  zone  frontière  ou  confins 
algéro-marocains  ;  il  en  est  de  même  vers  le  S.,  où  les  régions  déser- 
tiques du  Dra  et  du  Tafilalet  aboutissent  au  Sahara. 

Le  Maroc  a  une  superficie  approximative  de  5oo  à  55o,ooo  k.  carrés, 
sensiblement  égale  à  celle  de  la  France;  420,000  k.  carrés  sont 
soumis  à  l'influence  française. 

Orographie.  —  Les  massifs  montagneux  du  Maroc  sont  plus 
élevés  que  ceux  de  l'Algérie-Tunisie,  dont  ils  sont  pourtant  le  pro- 
longement. Bien  que  des  précisions  manquent  encore  pour  certains 
d'entre  eux,  les  grandes  lignes  du  relief  apparaissent  assez  nettement 
pour  qu'on  puisse  v  distinguer  deux  chaînes  principales  :  l'Atlas  et 
le  Rif. 

L'Atlas  marocain  ou  chaîne  intérieure  fait  partie  de  cette  suite  de 
reliefs  qui  s'échelonnent  de  l'E.  à  l'O.  de  la  Berbérie.  Il  comprend  : 
le  Haut  Atlas,  qui  court  sur  une  distance  d'environ  1,000  k.,  du  Haut 
Guir  jusqu'au  cap  Ghir,  dans  une  direction  E.-N.-E.— O.-S.-O.  et 
forme  la  partie  la  plus  saillante  du  système  orographique  marocain 
dont  les  sommets  les  plus  élevés,  tels  le  Tamjout,  le  Likoumt  et 
l'Ari  Ayâchi  atteignent  des  hauteurs  variant  entre  4^000  et  4i5oo  m.; 
VAnti-Atlas,  rameau  qui  se  détache  de  la  chaîne  principale  au  Djebel 
Siroua  (3,3oo  m.  environ)  aux  deux  tiers  de  sa  longueur  en  partant 
de  l'E.  et  va,  s'abaissant,  en  direction  N.-E.--^.-0.,  jusque  vers 
l'Atlantiquedansle  Tazeroualt;  le  Moyen  Allas,  second  rameau  faisant 
en  quelque  sorte  suite  au  précédent  en  direction  S. -O.— N.-E.,  et 
qui  se  développe  jusque  dans  la  région  de  Taza  après  s'être  élevé, 
au  Djebel  Bou  Iblal,  à  4,000  m.  , 

Le  Bif,  chaîne  indépendante  et  littorale,  décrit  ur>  ard  de  cërcle 

MAROC»  '  i 


APERÇU  GÉOGRAPHIQUE. 


dont  la  concavité,  regardant  la  mer,  s'étend  de  la  presqu'île  de 
Giielaïa  (Melilla)  au  Djebel  Moussa,  deuxième  colonne  d'Hercule,  qui 
domine  Ceuta.  Ses  points  les  plus  élevés  paraissent  se  trouver  dans 
rO.  chez  les  Djebala,  au  Djebel  Tiziren  (2,5oo  m.). 

La  dépression  comprise  entre  le  Rif  et  les  contreforts  septentrio- 
naux du  Moyen  Atlas  forme  un  couloir  qui  a  son  minimum  de 
largeur  dans  les  environs  de  Taza.  Sur  ce  point,  où  elle  porle  le 
nom  de  trouée  de  Taza,  elle  va  s'élargissant  :  vers  l'E.  dans  la  vallée 
de  la  Moulouya  et  la  plaine  des  Angad;  vers  l'O.  pour  former  les 
plaines  du  Gharb.  Elle  livre  ainsi  passage  aux  voies  de  Tlemcen  à 
Fès  et  à  l'Atlantique  par  Oudjda  et  Taza,  par  où  sont  passés  autre- 
fois les  invasions  et  le  commeice.  Les  marocains  l'appellent  trik 
es  soltane,  la  route  impériale. 

La  contrée  située  entre  le  Haut  Atlas  et  l'Océan,  assez  basse, 
appelée  par  les  géographes  la  meseta  marocaine,  à  cause  de  son 
analogie  avec  le  plateau  central  espagnol,  la  meseta  ibérique,  com- 
prend le  pays  des  Chaouïa,  des  Zàer,  des  Doukkala,  des  Abda  et  du 
Haouz  de  Marrakecli,  c'est-à-dire  le  grand  triangle  compris  entre 
l'Océan,  de  Rabat  au  cap  Ghir  et  l'Atlas.  —  D'autre  part,  le  pays 
compris  plus  au  N.  dans  le  triangle  Tanger-Rabat-Kès  est  le  Gharb 
dont  le  principal  fleuve  est  le  Sebou.  ^ 

Le  Sous  est  enserré  entre  le  Haut  Atlas  occidental  et  l'Anti-Atlas. 
C'est  une  vallée  aux  eaux  abondantes,  de  200  k.  env.  de  long  sur 
40  k.  de  large. 

Vers  le  S.,  la  chaîne  de  l'Atlas  domine  une  région  de  plateaux  et 
de  plaines,  où  seuls,  dans  le  Dra  et  le  Tafilalet,  émergent  quelques 
lambeaux  de  chaînes  anciennes  (gour). 

A  l'E.  enfin,  les  confins  algériens  comprennent,  encadrée  dans  les 
ramifications  du  Haut  et  du  Moyen  Atlas,  une  région  de  plateaux 
igada)  oude  plaines  alluvionnaires  couvertes  de  lacs  (c/iofO  siu  nombre 
desquels  se  trouvent  le  Chott  Gharbi. 

Climat.  —  Méditerranéen  dans  le  N.,  atlantique  dans  l'O.,  saharien 
au  S.,  continental  à  l'intérieur  des  terres,  le  climat  du  Maroc  est 
varié  à  l'extrême.  Aux  abords  du  détroit  de  Gibraltar,  il  se  ressent 
des  échanges  atmosphériques  qui  s'effectuent  entre  la  Méditerranée 
et  l'Océan.  Dans  les  régions  méridionales,  il  n  est  pas  à  l'abri  (h > 
influences  sahariennes  car  le  Haut  Atlas  n'oppose  pas  une  barrièir 
infranchissable  à  l'atmosphère  du  grand  désert. 

En  hiver,  les  vents  dominants  sont  ceux  d'O.  et  S.-O.  En  été,  le 
vent  dominant  vient  du.N.-E.  Dans  le  couloir  de  Gibraltar,  les  vents 
sont  violents  et  variables  par  suite  des  grandes  différences  de 
pression  et  de  température  entre  les  deux  mers.  Le  siroco  est  plus 
rare  qu'en  Algérie:  par  contre  un  vent  d'E. ,1e  c/zer^/wi,  d'origine  conti- 
nentale, en  a  parfois  tous  les  caractères.  La  brise  de  mer,  qui  se  fait 
sentir  en  été  sur  les  côtes,  abaisse  la  température  des  heures  chaudes 
du  jour  sur  tout  le  littoral  et  se  fait  sentirassez  avantdans  l'intérieur. 

Comme  la  côte  méditerranéenne,  la  côte  atlantique  est  caractérisée 
par  une  humidité  assez  grande  qui  se  traduit  par  des  brouillards  et 
des  rosées  abondantes.  Elle  reçoit  des  pluies  périodiques  amenées 


4 


APERÇU  GÉOGRAPHIQUE. 


par  des  vents  d'O.  et  du  S.-O.,  tombant  par  intermittences  d'octobre 
à  avril  et  donnant  leur  minimum  au  S.  et  leur  maximum  au  N.  : 
227  mm.  au  cap  Juby,  35o  mm.  à  Mogador,  764  mm.  au  cap  Spartel, 
887  mm.  à  Tanger.  —  A  l'intérieur,  la  saison  des  pluies  s'étend  sur 
une  durée  plus  ou  moins  longue;  la  hauteur  moyenne  varie  entre 
3oo  et  900  mm.  :  les  précipitations  se  font,  au-dessus  de  1,000  m.,  sous 
la  forme  de  neiges;  celles-ci  persistent  parfois  très  longtemps  sur 
les  hauts  sommets;  il  n'est  pas  certain  cependant  qu'il  en  existe 
de  permanentes.  La  zone  des  steppes  située  au  S.  et  à  l'O.  d'Oudjda 
ne  reçoit  que  3  ou  4oo  mm.  d'eau;  plus  au  S.  c'est  le  climat  déser- 
tique. En  résumé,  l'année  se  divise  en  deux  saisons  :  l'une  fraîche, 
des  pluies,  de  novembre  à  avril;  l'autre,  sèche,  des  chaleurs,  de 
mai  à  octobre. 

La  température  est  douce  et  égale  sur  le  littoral  méditerranéen  ou 
atlantique,  et  plus  égale  à  mesure  qu'on  s'avance  vers  le  S.  Les 
moyennes  des  mois  les  plus  chauds  et  les  plus  froids  sont  18^,4  et  i4*',3 
à  Mogador,  22^,2  et  12°, 7  à  Rabat,  24 et  ii*',7  à  Tanger.  A  l'intérieur  du 
pays,  les  variations  thermiques  journalières  sont  très  accusées  et 
les  différences  plus  grandes  entre  les  températures  d'hiver  et  celles 
d'été.  En  s'éloignant  des  côtes,  la  chaleur  augmente  rapidement  en 
été  et  diminue  considérablement  en  hiver,  surtout  la  nuit.  Les  nuits 
sont  généralement  fraîches.  Les  températures  au-dessous  de  zéro, 
constatées  dans  les  plaines  et  sur  les  plateaux  de  l'intérieur  en 
janvier  ou  février,  sont  assez  rares  et  ne  sont  que  momentanées. 

HYdrographie.  —  Le  réseau  hydrographique  du  Maroc  contraste 
avec  celui  de  la  Berbérie  centrale  et  orientale.  Le  relief  plus  accentué 
du  sol,  le  régime  des  eaux  plus  abondant,  l'existence  des  neiges  dans 
les  régions  élevées  de  l'Atlas  donnent  naissance  à  des  fleuves  d'un 
débit  plus  constant  qui  portent  leurs  eaux  à  l'Atlantique,  à  la  Médi- 
terranée et  vers  les  dépressions  sahariennes. 

Des  fleuves  qui  se  jettent  dans  l'Océan,  les  moindres  sont  le  Loukkos 
et  le  Boa  Regreg,  qui  ont  leurs  embouchures  respectives  à  Larachc 
et  à  Rabat-Salé. 

Le  Sebou,  très  important,  peut  être  comparé  à  la  Loire.  11  prend  sa 
source  à  120  k.  au  S.-E.  de  Fès  et  passe  près  de  cette  ville.  Grossi 
de  nombreux  aflluents,  il  a  3oo  m.  de  largeur  dans  son  cours  inférieur. 
Il  serait  navigable  sur  une  grande  partie  de  son  parcours;  le  récent 
port  de  Knitra,  à  11  k.  en  amont  de  son  embouchure,  est  établi  sur 
l'une  de  ses  rives.  —  L'Oum  Er  Bebia  coule  dans  des  méandres 
encaissés  avec  une  pente  très  forte;  il  débouche  dans  l'Océan  à 
Azemmour.  —  L'oued  Tensift  passe  non  loin  de  Marrakech  et  a  son 
embouchure  entre  Safi  et  Mogador.  —  L'oued  Sous,  qui  arrose 
Taroudant,  se  jette  dans  l'Océan  près  d'Agadir.  Ces  deux  derniers 
fleuves  irriguent  les  vallées  et  les  plaines  qu'ils  traversent.  —  Formé 
de  deux  principaux  affluents,  les  oueds  Iriri  et  Dadès,  l'oued  D/vi 
conduit  ses  eaux,  de  plus  en  plus  rares  à  mesure  qu'il  s'en  rapproche, 
dans  l'Océan  au  voisinage  du  cap  Noun.  —  D'autres  cours  d'eau 
d'importance  moindre  coulent  entre  ceux-là.  Ils  sont  surtout  nombreux 
à  la  hauteur  du  Gharb  et  de  la  Meseta  marocaine. 


APERÇU  GEOGRAPHIQUE. 


Dans  les  grands  bassins  fermés  des  régions  sahariennes  abou- 
tissent les  oueds  Ghris,  Ziz,  Guiv  et  Zousfana.  Ces  deux  derniers  ne 
coulent  qu'au  moment  des  grandes  crues. 

Sur  le  versant  méditerranéen,  la  Moulouya  parvient,  non  sans 
s'être  épuisée  avant  d'arriver  à  la  mer  par  l'évaporation  dans  les 
steppes,  à  porter  une  partie  des  eaux  de  l'Atlas  vers  la  Méditerranée . 
Du  Rif  et  des  Djebala  enfin,  descendent  rapidement  à  la  mer  de 
nombreuses  rivières. 

Côtes.  —  La  côte  méditerranéenne  se  développe  de  l'E.  à  l'O.  sur 
une  longueur  de  près  de  5oo  k.  en  faisant  face  aux  rivages  de 
l'Espagne.  Très  abrupte,  elle  est  entaillée  de  belles  baies  en  arc  de 
cercle  comme  toutes  les  baies  méditerranéennes,  mais  presque 
toujours  insuffisamment  abritées  et  communiquant  difficilement  avec 
l'intérieur.  Le  détroit  de  Gibraltar  en  est  le  point  vital  :  là  s'ouvrent 
les  relations  entre  TAtlantique  et  la  Méditerranée  et  la  valeur  s'en 
est  encore  accrue  depuis  le  percement  du  canal  de  vSuez.  Sur  le 
détroit  sont  Tanger  et  Ceuta.  Plus  à  l'E.  se  creusent  successivement 
les  baies  Oe  Badès,  Alhucemas  et  Melilla  à  l'abri  du  cap  des  Trois- 
Fourches.  Non  loin  de  la  frontière  oranaise  s'avance  le  cap  de  l'Eau 
que  prolongent  les  îles  Zaffarines. 

La  côte  atlantique  s'étend,  à  partir  du  cap  Spartel,  en  direction 
N.-N.-E.— S.-S.-O.  sur  plus  de  1,000  k.  de  longueur.  Monotone,  elle 
manque  d'abris  naturels;  elle  forme  en  général,  au  bord  de  la  mer, 
une  berge  assez  basse  constamment  battue  par  les  vagues.  Par 
endroits  même,  elle  est  constituée  par  des  sables  en  arrière  desquels 
se  trouvent  des  marécages.  Très  espacés  les  uns  des  autres,  saillent 
quelques  caps  :  le  cap  Blanc  au  S.  de  Mazagan,  le  cap  Cantin  au  N. 
de  Safi,  le  cap  Ghir  au  N.  d'Agadir. 

L'embouchure  des  fleuves  y  est  caractéristique  :  la  rive  droite  est 
basse  et  sableuse,  la  live  gauche  élevée  et  taillée  dans  la  falaise; 
de  plus,  la  rencontre  du  courant  fluvial  et  des  eaux  marines  donne 
naissance  au  phénomène  de  la  5a/  re  qui  rend  souvent  difficile  l'accès 
des  fleuves.  La  science  des  ingénieurs  a  entrepris  de  suppléer  aux 
défectuosités  physiques  des  côtes  par  la  construction  et  l'aménage- 
ment de  ports  dont  celui  de  Casablanca,  le  plus  important,  a  permis 
d'accéder  au  pays. 

Sol.  —  Les  massifs  montagneux,  ravinés  par  le  ruissellement  des 
eaux,  ont  peu  ou  pas  de  terre  végétale,  tandis  que  les  plaines  et  les 
vallées  sont  au  contraire  recouvertes  de  terre  végétale  ou  d'alluvions 
de  natures  diverses,  quelquefois  très  profondes.  Les  terres  noires, 
fortes,  qui  se  fendillent  en  se  desséchant,  appelées  tirs,  s'étendent  par 
taches  elliptiques  plus  ou  moins  grandes  entre  les  oueds  Bou  Regreg 
et  Tensift  sur  une  longueur  de  plus  de  ooo  k.  et  une  largeur  de 
60  à  100  k.;  elles  forment  les  régions  Zaër,  Chaouïa,  Abda  et  Douk- 
kala.  Leur  fertilité  exceptionnelle,  qui  en  fait  de  magnifiques  terres 
à  céréales,  est  due  à  leur  composition,  à  leur  profondeur  et  à  la 
propriété  qu  elles  ont  de  retenir  l'eau.  Aux  tirs  s'opposent  les  hamri, 
terres  rouges,  légères,  sablonneuses,  souvent  liches  en  chaux  et  en 


6 


APERÇU  ÉCONOMIQUE. 


acide  phosphoriqiie,  mais  se  desséchant  rapidement,  et  les  rme/,  tout 
à  fait  sablonneux.  Sans  être  d'une  aussi  grande  fertilité  que  les 
premières,  celles-ci  sont  très  aptes  à  la  culture  pourvu  que  les  pluies 
soient  assez  abondantes. 

Flore  et  faune.  — .  La  flore  du  Maroc  contient  surtout  des  espèces 
méditerranéennes:  elle  varie  avec  l'altitude,  le  relief  et  la  nature  du 
sol,  et  principalement  le  degré  d'humidité;  quelques  centimètres  de 
pluie  de  plus  ou  de  moins,  et  c'est  la  forêt,  ou  la  steppe  herbeuse, 
ou  le  désert. 

Sur  le  littoral  et  dans  l'Atlas,  qui  reçoivent  plus  de  600  mm.  de 
pluie,  croissent  les  loréts  de  chêne-liège  et  de  chêne-vert.  Dans 
l'intérieur  et  sur  les  points  qui  reçoivent  moins  de  600  mm.,  ce  sont 
les  conifères  qui  l'emportent  :  pin  d'Alep,  génévrier  et  thuya  d'où 
l'on  extrait  la  gomme  sandaraque.  Le  cèdre  se  maintient  dans  les 
régions  d'altitude  du  Rif  et  du  Moyen  Atlas.  Au  bord  des  cours 
d  eaux  croissent  les  lauriers-roses,  les  tamaris,  les  saules,  les  cléma- 
tite;»;: sur  les  pentes  du  Haut  Atlas,  quekjues  saxifrages  et  un  beau 
chrysanthème;  sur  les  sommets,  des  plantes  odorantes  :  lavande, 
menthe,  thym,  sauge. 

Par  (legiés  insensi])les,  la  forêt  passe  à  la  friche  par  l'intermé- 
diaire du  maquis  où  dominent  l'olivier  et  le  lentisque  parmi  le  chêne- 
kermès,  l  arbousier,  la  bruyère,  les  myrthes,  le  genêt,  le  cytise,  le 
romarin  et  l'armoise.  Sur  les  terrains  peu  propres  à  la  végétation 
arboi'escente  ou  recevant  peu  de  pluie,  le  sol  se  couvre  de  plantes 
bulbeuses  (asphodèle,  colchique,  scille)  et  de  graminées  auxquelles  se 
mêlent  soit  le  palmier  nain,  soit  le  jujubier  sauvage.  —  Les  steppes 
de  l'intérieur  où  les  pluies  ne  parviennent  qu'en  faible  quantité  sont 
de  l'iches  pâturages  où  nomadisent  pasteurs  et  troupeaux  :  ce  sont 
les  régions  de  l'alfa,  de  l'armoise  et  du  sparte;  sur  les  points  où  se 
forment  des  dunes  croissent  le  drinn  ou  le  rtem  ;  les  dépression» 
fraîches  et  profondes  sont  marquées  par  des  pistachiers-térébinthes, 
betoum.  —  Au  S.-O.  du  Maroc  croit  l'arganier,  ordinairement  confiné 
dans  les  régions  tropicales,  et  qui  constitue  une  remarquable  excep- 
tion bolanique.  —  Les  régions  sahariennes  sont  pres([ue  entièrement 
dépourvues  de  végétation.  Les  oasis  de  palmier  dattier  sont  de 
minces  rubans  de  verdure  occupant  des  étendues  réduites. 

La  faune  a  aussi  un  caractère  nettement  méditerranéen.  Il  en  sera 
parlé  à  propos  de  l'élevage  et  de  la  chasse. 

Productions  forestières  et  agricoles.  —  Le  chêne-liège  couvre 
25o,(XX>  hectares  de  superficie  dans  les  territoires  Zemmour,  Zaër, 
Zaïane  et  Mamora.  La  forêt  de  Mamora,  la  plus  importante,  occupe 
i3o,ooo  hect.  et  équivaut  à  elle  seule  au  double  des  boisements  tuni- 
siens, à  la  moitié  des  boisements  domaniaux  algériens  de  même 
essence;  120,000  arbres  y  ont  été  démasclés  en  igiS.  Il  existe  de  très 
belles  forêts  de  cèdres  au  S.  de  Meknès  et  de  Fès,  notamment  sur 
les  hauteurs  du  Tigrigra  ut  du  Guigo.  On  en  a  commencé  l'exploita- 
tion sur  les  points  où  la  situation  politique  de  l'Atlas  l'a  permis. 

La  superficie  cultivable  du  Maroc  atteindrait  i5o,ooo  k.  carrés, 


APERÇU  ÉCONOMIQUE. 


7 


cest-à-dire  près  de  3o  o/o  du  territoire  de  la  France  continentale. 
Les  régions  les  plus  favorables  à  ragriculture  sont  le  Gharb  et  la 
vallée  du  Sebou  aux  portes  de  Knitra  et  Rabat-Salé  ;  la  Chaouïa  en 
face  de  Casablanca  et  Fedala  ;  les  Doukkala  à  côté  de  Mazagan  et 
d'Azemmour  ;  les  Abda,  près  de  Sali.  Les  environs  de  Meknès,  Fès, 
Oudjda  ont  également  beaucoup  d'avenir. 

Actuellement,  les  céréales,  avec  900,000  hect.  pour  l'orge,  600,000 hect. 
pour  le  blé,  1^0,000  hect.  pour  le  maïs,  forment  la  base  de  l'exploita- 
tion agricole. 

Les  graines  d'exportation,  telles  que  le  cumin  (1,600  hect.),  les  pois 
chiclies  (21,000  hect.),  les  fèves  (87,000  hect.),  les  lentilles  (700  hect.), 
le  fenugrec  (1,100  hect.),  le  lin  (3, 200  hect.),  le  coriandre  (1,000  hect.), 
l'alpiste,  font  l'objet  de  cultures  régionales  qui  se  développent  chaque 
année.  —  Des  plantations  de  vigne  et  de  pomme  de  terre  ont  donné 
de  très  bons  résultats.  —  Les  cultures  maraîchères  sont  entreprises 
avec  succès  dans  la  banlieue  des  villes,  mais  il  reste  beaucoup  à 
faire  pour  approvisionner  de  légumes  en  quantités  suffisantes  lesi 
populations  citadines. —  Au  Maroc  oriental,  l'exploitation  du  géranium 
s'est  faite  avec  succès.  —  Les  cultures  tropicales,  telles  que  celle  de 
la  canne  à  sucre,  qui  demande  un  climat  à  humidité  constante  et 
égale,  ne  paraissent  pas  promettre  de  très  gros  rendements  :  le  coton 
toutefois  fait  naître  quelques  espérances  dans  la  vallée  du  Sebou.  — 
Presque  tous  les  arbres  à  fruits  du  midi  et  du  centre  de  l'Europe  se 
rencontrent  au  Maroc.  Ceux  qui  peuvent  prendre  une  réelle  impor- 
tance économique  dès  que  des  soins  ou  plus  d'extension  leur  auront 
été  donnés  sont  l'olivier  qui  peuple  les  grandes  oliveraies  de  Meknès, 
du  Zerhoun  et  de  Marrakech  (1,875,000  pieds),  l'oranger  et  le  citron- 
nier (ii5,ooo),  le  figuier  (1,625,000),  l'amandier  (5,5oo),  le  noyer,  l'abri- 
cotier, le  poirier,  le  pommier,  le  grenadier.  Les  dattes  produites  dans 
les  oasis  de  Marrakech  et  des  environs  sont  en  général  de  qualité 
médiocre.  Les  plus  renommées,  celles  du  Tafilalet,  sont  plus  grosses, 
mais  moins  fines,  que  celles  du  Sud  algérien  et  tunisien. 

La  sériciculture  a  été  autrefois  pratiquée  à  Fès  et  à  Marrakech. 
Délaissée  il  y  a  environ  cinquante  ans,  elle  vient  d'être  l'objet,  à 
Fès,  d'expériences  dont  les  résultats  sont  des  plus  encourageants. 
Le  mûrier  réussit  fort  bien  dans  le  pays  et  il  en  existe  d'importantes 
plantations. 

Au  point  de  vue  de  l'élevage,  le  Maroc  est  un  pays  privilégié.  Le 
Gharb  et  le  territoire  Zaïane  sont  particulièrement  riches  en  bovins 
dont  la  race  se  caractérise  par  un  faible  volume  de  squelette,  une 
tête  et  des  extrémités  fines,  une  grande  ampleur  de  poitrine;  une 
sélection  judicieuse  paraît  suffire  à  sa  transformation  en  une  race 
parfaite,  précoce  et  de  grande  finesse.  Les  pâturages  des  plateaux 
conviennent  mieux  aux  ovins,  caprins  et  camélins.  Les  chevaux,  ânes 
et  mulets  se  rencontrent  partout.  Le  porc  se  multiplie  facilement 
dans  la  plaine.  —  L'évaluation  du  cheptel  n'a  encore  pu  être  faite 
complètement;  on  a  relevé  toutefois  les  chiffres  suivants,  en  1916, 
au  Maroc  occidental  seulement  :  96,000  chevaux,  42,000  mulets, 
25o,ooo  ânes,  877,000  bovins,  4*700,000  ovins,  i,5oo,ooo  caprins,  84,000 
camélins,  3o,ooo  porcins. 


8 


APERÇU  ÉCONOMIQUE. 


La  mer  olTi'e  aussi  son  contingent  de  ressources.  Les  côtes  soni 
très  poissonneuses  et  les  qualités  bonnes  et  variées.  Dorade,  pageot, 
merlan,  maquereau,  raie,  sole,  congre,  bonite,  thon,  alose,  sardine, 
attirent  déjà  des  pécheurs  ayant  leurs  ports  d'attache  en  France  et 
en  Espagne,  mais  le  rendement  actuel  est  encore  très  faible.  Les 
mollusques  sont  rares.  Les  crustacés,  langouste  et  homard,  existent 
en  grandes  quantités  au  large  de  Mogador  et  d'Agadir. 

Les  pêches  maritimes  se  sont  jusqu'ici  effectuées  librement.  Quant 
à  la  pêche  lluviale.  (jui  donne  de  beaux  revenus,  elle  est  donnée  en 
fermage  par  le  Mnkhzcn. 

Mines  et  industries.  —  Les  recherches  des  prospecteurs  n'ayant 
pas  été  jusqu'à  ce  jour  très  étendues  et  très  complètes,  on  com- 
prendra que  les  richesses  minérales  du  Maroc  soient  encore  impar- 
faitement connues.  L'Anti-Atlas  (Sous)  renferme  du  cuivre  exploité 
par  les  indigènes;  le  minerai  est  assez  riche,  mais  n'existe  pas, 
semble-t-il,  en  grandes  quantités.  On  signale  des  gisements  de  plomb 
argentifère  dans  le  Uif,  de  plomb  et  de  zinc  sous  forme  de  calamine 
dans  les  Beni  Snassene.  Le  Maroc  oriental  (Djebel  Narguechoum  et 
Djebel  Masseur)  possède  du  minerai  de  manganèse.  El  Boroudj  va 
devenir  le  centre  d'une  importante  exploitation  de  phosphates.  Des 
schistes  à  empreintes  charbonneuses  ont  été  trouvés  dans  l'Andjera 
et  aux  environs  de  Tétonan  ;  des  schistes  bitumineux  ont  été  trouvés 
dans  le  Gharl),  dans  les  argiles  de  Fès  et  de  Meknès,  dans  le  couloir 
de  Taza,  mais  ne  renfei  inent  guère  que  3o  o/o  d'hydrocarbures.  Des 
indices  révèlent  la  présence  du  pétrole  dans  le  Gharb,  vers  Arbaoua, 
sur  les  rives  du  Sebou  et  de  l'Ouergha,  au  Zerhoun  et  dans  la  vallée 
de  rinnaouene  vers  Taza.  Il  est  possible  qu'on  découvre  du  charl)on 
dans  le  S.  du  Maroc  oi-iental.  Le  gypse  est  fréquent,  et  parfois 
remarquablement  pur.  La  chaux  abonde  en  certaines  régions.  L'ar- 
doise est  signalée  en  plusieui's  points  du  Moyen  Atlas  au  S.  de 
Meknès;  l'exploitation  va  en  être  commencée.  Le  sel  abonde  sous 
la  forme  de  sources  salées,  de  lacs  salés,  de  rochers  de  sel  (Tissa 
et  Ouda'ia,  respectivement  à  TE.  et  à  l'O.  de  Fès).  Des  marais  salants 
existent  en  outre  à  Salé.  Les  indigènes  utilisent  les  eaux  minérales, 
notamment  les  sources  chaudes  de  Moulay  Yakoub  (sulfureuse)  et 
de  Sidi  Harazem  (gaz  carl)oniquej  des  environs  de  Fès. 

Les  exploitations  europénnes  sont  localisées  dans  la  région  des 
Beni  Ifrour,  près  de  Melilla  ;  Tune  exploite  les  mines  de  plomb  d<' 
Tlaschaouene,  l'autre  les  mines  de  fer  de  Youskene.  On  extrait  un  peu 
de  minerai  de  fer  et  de  calamine  du  massif  des  Beni  Snassene.  un 
peu  de  plomb  près  de  Figuig.  —  (^est  maintenant  seulcmcut  que  vont 
commencer  la  recherche  et  le  classement  méthodiques  des  gîtes 
miniers.  Un  dahir  du  19  janvier  lyi/j  léglemente  la  recherche  et 
l'exploitation  des  mines  du  Maioc. 

L'industrie  européenne  s'est  installées  tout  d'abord  sur  les  côtes, 
mais  elle  est  encore  de  fondation  trop  récente  pour  être  en  mesure 
d'exporter  ses  produits.  Elle  s'applique  surtout  à  la  production 
d'électricité,  de  glace  et  d'eaux  gazeuses,  à  la  minoterie,  aux  pâtes 
alimentaires,  à  l'imprimerie,  la  menuiserie  mécanique,  la  construction 


APERÇU  ÉCONOMIQUE. 


9 


métailique,  la  préparation  des  chaux  et  ciments,  la  fabrication  de 
briques,  tuiles  et  carreaux,  la  fonderie,  l'extraction  de  l'huile,,  la 
fabrication  du  crin  végétal.  Elle  paraît  devoir  se  développer  rapide- 
ment. 

En  dehors  des  industries  ayant  un  caractère  artistique,  et  dont  il 
sera  parlé  d'autre  part,  l'industrie  indigène  n'est  pas  dénuée  d'intérêt. 
Le  filage,  la  teinture  et  le  tissage  de  la  laine  et  de  la  soie,  le  tannage 
du  cuir  ifilali  et  maroquin),  la  ferronnerie,  la  minoterie,  la  vannerie, 
la  briqueterie  et  la  poterie  occupent  dans  toutes  les  villes,  à  degrés 
divers,  de  noml)reux  ouvriers.  Néanmoins,  l'outillage  et  les  procédés 
de  travail,  restés  primitifs  et  rudimentaires,  donnent  peu  de  rende- 
ment. La  collaboration  de  l'initiative  européenne  et  de  la  main- 
d'œuvre  marocaine  est  susceptible,  à  ce  point  de  vue,  de  donner 
d'intéressants  résultats. 

Propriété  immobilière.  —  Au  regard  de  leur  statut  juridique,  les 
biens  immobiliers  du  Maroc  se  divisent  en  biens  d'Etat  (makhzen),  en 
biens  de  mainmorte  (liabous)  et  en  biens  de  particuliers  (melk). 

La  régularisation  des  titres  de  propriété  et  des  droits  qui  en  décou- 
lent n'est  pas  toujours  facile.  Pour  les  biens  makhzen  et  les  biens 
habous,  on  a  déjà  appliqué  des  méthodes  qui  facilitent  cette  régu- 
larisation. En  ce  qui  concerne  les  biens  melk,  on  a  songé  à  donner 
aux  possesseurs  des  titres  authentiques  et  facilement  applicables  sur 
le  terrain  pour  la  sécurité  et  la  rapidité  des  transactions.  On  a  eu 
recours,  à  cet  effet,  au  système  de  l'immatriculation,  dit  «  Torrens 
Act  »,  déjà  expérimenté  ailleurs.  L'immatriculation  des  terres  est 
commencée  et,  grâce  à  elle,  on  arrivera  à  donner  satisfaction  aux 
acheteurs  sans  formalités  compliquées  et  sans  dépenses  considéra- 
bles. La  mise  en  valeur  du  pays  par  la  colonisation  se  fera  ainsi  plus 
promptement. 

Commerce.  —  Le  commerce  marocain,  considérablement  accru  au 
cours  de  ces  dernières  années,  a  déjà  dépassé  ooo  millions.  Il 
emprunte  cinq  voies  :  la  zone  saharienne,  les  conflns  algéro-maro- 
cains,  la  zone  espagnole,  Tanger  et  surtout  les  ports  français  de 
l'Atlantique.  Par  cette  dernière  voie,  il  s'est  élevé,  en  igiS,  à  170  mil- 
lions dont  143  à  l'importation,  27  à  l'exportation  et,  en  1916,  à 
245  millions  dont  177  à  l'importation  et  68  à  l'exportation.  En  1917,  il 
a  atteint,  par  la  seule  voie  maritime,  820  millions. 

Les  importations  intéressent  la  consommation  européenne  (bois- 
sons, conserves),  la  consommation  indigène  et  européenne  (sucre, 
thé,  café,  cotonnades,  soieries,  bougies),  et  la  mise  en  valeur  du  pays 
par  l'outillage  moderne  (carrosserie,  automobiles,  machines,  bois  et 
matériaux  de  construction,  produits  métallurgiques).  Le  Maroc 
exporte  des  céréales  (orge,  blé,  maïs),  des  IkjcuIs,  laines,  peaux, 
œufs,  l)abouches,  tissus,  tapis,  etc.  La  France  est  le  premier  fournis- 
seur du  Maroc,  l'Angleterre  vient  au  deuxième  rang.  Dans  la  naviga- 
tion, la  prépondérance  de  la  France  s'est  affirmée  en  1914  par  plus 
de  1,000  navires  et  i,25o,ooo  tonnes  contre  700  navires  et  5oo,ooo  tonnes 
à  l'Angleterre. 


10 


APERÇU  ADMINISTRATIF. 


Populations.  --  Certaines  régions  n'ayant  jamais  été  visitées  par- 
les Européens,  d'autres  n'ayant  pas  encore  été  recensées,  il  est 
(lilTicile  d'évaluer  avec  précision  la  population  marocaine.  Le  chilTre 
de  5  à  6  millions  d'individus  paraît  le  plus  probable,  dont  près  de 
5  millions  et  demi  pour  la  zone  française.  Il  laut  y  ajouter  i5o,ooo  Israé- 
lites et  5o,ooo  européens. 

La  population  est  inégalement  répartie.  Dans  le  Gharb  et  le  llaouz 
de  Marrakech,  zones  les  plus  peuplées,  elle  varie  de  quelques  habi- 
tants à  au  k.  carré,  pour  montera  25o  aux  environs  de  Marrakech, 
redevenir  très  faible  immédiatement  au  S.  de  la  ville  et  ne  remonter 
sérieusement  que  dans  les  villages  du  pied  de  l'Atlas.  Excepté  dans 
le  Rif  occidental  qui,  bien  arrosé,  compte  quelques  tribus  populeuses 
(Andjei'a,  Tétouan,  Ouezzane),  la  densité  des  régions  montagneuses 
du  littoral  est  faible,  contrairement  à  ce  qui  se  produit  en  Kabylic 
d'Algérie.  Basse  aussi  sans  doute  est  la  densité  de  la  population 
dans  les  territoires  du  Moyen  et  du  Haut  Atlas.  Quant  à  celle  des 
réglons  sahariennes,  elle  est  évidemment  minime. 

Les  indigènes  sont  berbères,  arabes  ou  juifs.  Si  ces  derniers  se  dis- 
tinguent facilement,  grâce  à  leur  costume  spécial  et  à  leurs  faciès, 
les  autres  ne  forment  pas  entre  eux  un  contraste  absolu;  le  sang 
berbère  y  prédomine  cependant.  On  observe  par  contre  des  diffé- 
rences fort  grandes  dues  au  genre  de  vie,  qui  a  créé  les  ruraux  et 
les  citadins.  Quand  ils  sont  sédentaires,  les  ruraux  vivent  dans  des 
maisons,  des  gourbis  ou  «  nouAlas  »,  groupés  en  villages  plus  ou 
moins  populeux.  Quand  ils  sont  nomades,  ils  vivent  sous  là  tente  et 
suivent  leurs  troupeaux;  leurs  déplacements,  de  peu  d'amplitude  au 
Maroc  occidental,  se  développent  sur  de  plus  grands  espaces  dans 
les  steppes  du  Maroc  oriental  et  du  Sahara.  Les  citadins  vivent 
dans  des  villes  d'importance  variable;  leur  nombre  atteint,  en  igiG, 
près  de  5oo,ooo  Ames  dont  plus  de  ^o.ooo  européens  habitant  généi-a- 
lement  les  quartiers  neufs,  et  71,000  juifs  groupés  dans  les  mollahs. 

Arabes  et  Berbères  sont  musulmans  01  Ihodoxes  du  rite  malékite. 
Leur  culte  reste  pourtant  mêlé  de  survivances  étrangement  persis- 
tantes de  paganisme,  de  magie,  de  judaïsme,  voire  même  de  christia- 
nisme; le  culte  des  saints  est  très  développé;  les  marabouts  et  les 
chérifs  (nobles,  descendants  du  Prophète),  détenteurs  de  baraka  ou 
bénédiction  divine,  sont  très  vénérés.  —  Le  clei'gé  officiel  a  un  rôle 
très  effacé.  La  principahj  inlluence  est  celle  des  confi'éries  reli- 
gieuses musulmanes  dont  les  plus  répandues  sont  celles  des  Ta'ibiya 
ou  Touhama  (Ouezzane),  des  ïidjaniya  (Aïn  Madhi),  des  Kadrîya, 
des  Ziâniya  (Kenadsa),  des  DerkAoua,  des  vVissàoua  (jongleurs),  des 
Hamadclia,  etc.  L'autorité  de  certains  «  cheikhs  »  ou  chefs  de  con- 
frérie se  répand  parfois  très  loin. 

Administration.  —  Aux  termes  de  la  convention  de  Fès,  du 
3o  mars  1912,  le  Protectorat  français  est  organisé  dans  l'Empire 
chérifien  et  fait  du  commissaire  résident  général  de  la  République 
française  le  seul  intermédiaire  du  sultan  auprès  des  puissances 
étrangères.  Le  sultan  reste  considéré  non  seulement  comme  le  chel 
temporel,  mais  comme  le  «  Commandeur  des  Croyants  »,  c'est-à-dire 


APERÇU  ADMINISTRATIF. 


11 


le  chef  de  la  communaulé  musulmane.  L'ancienne  oriji'an libation  admi- 
nistrative et  l'ancien  gouvernement,  autrement  dit  le  rnakhzen,  sub- 
sistent, quittes  à  être  Tobjel,  avec  le  temps,  de  réformes  progressives. 
Trois  vizirs  on  minislies  mtisulmans  se  partagent  les  affaires;  ce 
sont  :  le  grand  vizir,  premier  ministre  et  ministre  de  l'Intérieur,  qui 
présente  les  dahir  ou  lois  marocaines  à  la  signature  du  sultan,  le 
ministre  de  la  Justice  et  le  ministre  des  Hahous  (biens  de  main- 
morte), qui  prennent  contact  avec  la  Résidence  générale  par 
l'intermédiaire  de  la  Dii-ection  des  aflaires  indigènes.  Des  con- 
seils, présidés  par  le  sultan,  se  tiennent  toutes  les  semaines  au 
Dar  el  Maklizen.  —  Quant  au  Résident  généial  fixé  à  Rabat,  il  est 
assisté  d'un  secrétaire  général  du  Protectoiat,  d'un  délégué  à  la 
Résidence  générale  et  d'un  conseil  (\v  gouvernement  composé  des 
chefs  des  différents  services  administralils  du  Pi-otectorat. 

La  zone  française  du  Maroc  occidental  comprend  six  régions  ou 
subdivisions  :  Fcs,  Mcknès,  Rabat,  Casablanca,  Marrakech,  Taza, 
ayant  à  leur  tête  un  officier  général  ou  un  colonel  réunissant  les 
pouvoirs  civils  et  militaires.  Chaque.'  subdivision  est  ellc-inême  par- 
tagée en  un  certain  nombre  de  districts  administrés  par  «les  officiers 
du  Service  des  Renseignements  ou  par  des  contrôleurs  civils, 
comme  en  Chaouïa,dans  la  banlieue  de  Puibat,  dès  que  la  situation 
politique  le  permet. 

Dans  les  villes,  le  chef  des  services  municipaux,  d'abord  militaire, 
puis  civil  quand  la  substitution  devient  oppoi  tune.  est  chargé  de  la 
surveillance  des  autorités  indigènes;  il  a,  en  outre,  la  direction  de 
tous  les  services  techniques  nécessaires  à  la  vie  municipale.  Le 
pacha,  ou  chef  indigène  de  la  ville  représentant  du  Makhzen,  est 
assisté  d'un  ou  de  plusieurs  «  khalifa  »  adjoints,  d'un  «  mohtaseb  », 
sorte  de  prévôt  des  marchands  et  des  artisans,  de  1'  «  amin  el  mos- 
tafad  »  chargé  de  gérer  les  biens  du  Makhzen,  d'un  «  nadir  »  des 
Habous  ou  directeur  des  biens  de  mainmorte.  Le  pacha  et  le  chef 
des  services  municipaux  sont  eux-mêmes  assistés  par  une  commis- 
sion municipale  comprenant  des  Français  et  des  Marocains  ayant 
des  pouvoirs  égaux.  —  Les  communautés  juives,  représentées  par 
le  «  cheikh  el  Ihoud  »,  sont  contrôlées,  comme  les  groupements 
musulmans,  par  le  chef  des  services  municipaux. 

Le  Maroc  oriental  est  administré  par  un  haut  commissaire  civil 
français  sous  les  ordres  du  Résident  général  et  du  ministre  des 
Affaires  étrangères,  et  du  haut  commissaire  chériflen,  représentant 
le  sultan.  Tous  deux  résident  à  Oudjda. 

En  matière  de  statut  personnel,  l'européen  habitant  dans  la  zone 
française  du  Maroc  est  astreint  aux  dahirs  promulgués  par  les  ser- 
vices de  la  Résidence  générale  à  Rabat  et  appliqués  par  les  tribu- 
naux français.  Pour  l'acquisition  et  la  possession  de  la  propriété,  il 
est  régi  par  les  lois  coraniques  appliquées  par  les  cadis  suivant  une 
réglementation  imposée  par  les  autorités  françaises. 

Par  suite  d'accords  internationaux,  la  majeure  partie  du  Maroc 
qui  se  trouve  en  bordure  de  la  Méditerranée  ainsi  que  l'enclave 
d'ifni  au  S.,  sont  soumis  à  l'influence  espagnole  à  peu  près  dans 
les  mômes  conditions  que  l'autre  zone  à  l'influence  française. 


12 


APERÇU  ADMINISTRATIF. 


Quant  à  la  ville  de  Tanger,  qui  reste  une  cité  marocaine  au  point 
de  vue  économique,  diplomatique,  administratif  et  financier,  elle 
doit  être  soumise  à  un  régime  spécial  qui  n'est  pas  encore  déterminé. 

Le  caractère  principal  de  l'administration  française  au  Maroc, 
c  est  la  protection.  «  C'est  ce  qui  fait  qu'en  dépit  des  progrès  rapides 
de  l'occupation  et  de  la  colonisation,  une  vie  musulmane  subsiste  à 
peu  près  intacte  avec  toute  sa  poésie,  toute  son  originalité,  tout  ce 
qu  elle  comporte  de  séduction.  » 


APERÇU  HISTORIQUE 


La  préhistoire.  —  L'iiabilaiii  de  l'Afrique  du  Nord  a  certainement 
vécu  à  répoque  des  grands  mammifères  quaternaires  aujourd  hui 
disparus.  Il  se  servait  alors  d'armes  en  pierre  et  d'instruments  en 
silex  qu'on  trouve  un  peu  partout  et  dont  les  collections  s'enrichiront 
encore  au  cours  de  recherches  ultérieures.  Le  Maroc  possède  de 
nombreuses  grottes,  creusées  dans  le  rocher  et  difficilement  accessi- 
bles, qui  ont  servi  d'abris  à  l'homme  préhistorique;  il  connaît  aussi 
des  gravures  rupestres  représentant  des  chasseurs  coiffés  de  plumes 
d'autruches,  armés  d'arcs  et  de  casse-tète,  figurant  encore  des 
chiens,  des  éléphants,  des  bœufs,  des  lions,  des  panthèi-es,  des 
autruches.  Il  est  difficile  de  se  prononcer  sur  la  date  de  ces  images 
et  de  ces  grottes,  comme  il  est  impossible  de  déterminer  l'âge  des 
monuments  mégalithiques  :  dolmens,  tumulus,  cromlechs  qui  existent 
également  au  Maroc.  De  vagues  indices  tendraient  à  établir  un  lien 
entre  les  blonds  et  les  dolmens,  les  nègres  et  les  gravures  rupestres, 
les  Ethiopiens  et  les  silex  et  poteries,  mais  rien  de  précis  ne  saurait 
être  formulé  sur  ces  époques  obscures. 

Les  Berbères  primitifs.  —  On  est  encore  peu  renseigné  sur 
l'origine  et  l'histoire  des  Berbères,  anciens  habitants  de  l'Afrique 
du  Nord,  qui  constituent  presque  partout  le  fond  de  la  population,  et 
dont  la  race  s'est  maintenue  très  pure  dans  les  groupes  compacts  de 
régions  difficilement  accessibles,  telles  l'Aurès  et  la  Kabylie  du 
Djurjura  en  Algérie,  le  Rif  et  les  pentes  de  l'Atlas  au  Maroc.  Ces 
Berbères  parlaient,  et  parlent  encore,  une  langue  apparentée  à 
celles  de  l'Egypte  et  de  l'Abyssinie;  ils  avaient  sinon  créé,  au 
moins  adopté,  un  alphabet  particulier  resté  en  usage  chez  les 
Touareg  sahariens;  ils  entretenaient  des  relations  avec  les  autres 
peuples  méditerranéens  et  faillirent  aux  xiv*^  et  xiii®  s.  av.  J.-C. 
conquérir  l'Egypte  qui  les  désignait  sous  le  nom  de  Lybiens.  Ils 
connurent  un  certain  degré  de  civilisation,  attesté  par  des  monuments 
funéraires,  des  dessins  gravés  sur  les  roches,  des  objets  mobiliers. 
D'autre  part,  leur  type  ethnique  n'est  pas  bien  déterminé  ;  beaucoup 
d'entre  eux,  aux  épaules  larges  et  aux  hanches  étroites,  rappellent 
les  indigènes  de  la  vallée  du  Nil;  mais  un  grand  nombre  des  indi- 
vidus qui  forment  les  tribus  où  l'élément  arabe  n'a  pas  pénétré 
ressemblent  aux  habitants  de  l'Espagne,  de  l'Italie,  de  la  France 
méridionale  et  appartiennent  à  la  même  race  brune,  d'ordinaire 
petite,  énergique  et  nerveuse;  enfin,  on  trouve  aussi  beaucoup  de 
blonds,  d'un  type  plus  ou  moins  pur.  En  somme  «  les  Berbères  sont 
une  famille  linguistique,  non  une  famille  ethnique      C'est  de  Ber- 


14 


APERÇU  HISTORIQUE, 


bères  qu'il  s'agit  dans  les  textes  latins  lorsqu'il  est  question  de 
Numides,  de  Gétules,  de  Maures. 

Epoque  punique.  —  Dès  le  xii''  s.  av.  .l.-C,  les  Phéniciens  ion- 
dèient  des  établissements  sur  les  côtes  africaines.  Celui  qui  eut  la 
plus  brillante  fortune  fut  Carthage,  qui  devint  un  puissant  Etat  dont 
l'éciasement  coûta  aux  Romains  les  longues  et  pénibles  luttes  dites 
guerres  puniques.  Vers  le  milieu  du  v<^  s.,  Carthage  envoya,  sous  la 
conduite  de  Hannon,  des  colonies  sur  la  côte  marocaine.  Comme  le 
reste  de  la  Berbérie,  le  Maroc  fut  alors  entouré  d'une  ceinture  de 
comptoirs  commerciaux  carthaginois  :  Rusaddir  (Melilla),  Tanger, 
Lixus  (près  de  Larache),  Sla  (Salé),  Anfa  (Casablanca)  sont  les  plus 
connus.  Des  fouilles  méthodiques  nous  en  révéleront  l'importance. 

Epoque  romaine.  —  Rome,  qui  succéda  à  Carthage  abattue  à 
partir  du  ii*^  s.  av.  J.-C,  suivit  longtemps  la  même  politique  indigène 
qui  laissait  aux  autochtones  leurs  chefs  naturels  et  n'intervenait 
point  dans  leurs  affaires  pourvu  que  fussent  sauvegardés  les  intérêts 
de  la  métropole,  de  ses  citoyens  et  de  ses  protégés.  L'annexion  ne 
fut  complète  que  sous  Claude  (42  ap.  ,I.-C.).  Aux  deux  premières 
pi'ovinces  romaines  d'Afrique  (Tunisie)  et  de  Namidie  (parties  orien- 
tale et  centrale  du  département  de  Constantine)  se  joignirent  la 
Maurétanie  Césarienne  (reste  de  l'Algérie)  et  la  Maurétanie  Tinyilane 
(Maroc). 

Les  comptoirs  pris  aux  Phéniciens' continuèrent  à  être  florissants. 
Tingis  et  Lixus  s'élevèrent  même  au  rang  de  colonies  impériales.  11 
ne  semble  pas  pourtant  que  la  domination  romaine  s'avançât  fort 
loin  vers  le  S.  et  dans  l'intérieur.  Sala  (Salé)  et  Volubilis  (près  de 
Meknès)  ne  furent  probablement  guère  dépassés.  Il  est  indubitable 
que  les  Romains  ne  s'établirent  pas  sur  les  grands  massifs  monta- 
gneux de  l'Atlas  et  sur  les  régions  voisines  du  Sahara.  D'ailleurs,  la 
Maurétanie  Tingitane  fut  plutôt  considérée  comme  une  zone  de 
défense  établie  entre  l'Espagne  et  les  populations  insoumises  du 
Maroc  septentrional.  En  Gy,  elle  fut  placée  sous  la  juridiction  des 
gouverneurs  de  la  Béti(iue  et  le  personnel  y  fut  toujours  réduit. 

Pour  tenir  en  respect  les  ennemis  du  dehors,  les  nomades  Gétules, 
et  ceux  du  dedans,  les  Maures,  Rome  n'utilisa  pas  précisément  ses 
légions,  mais  organisa  une  armée  de  troupes  auxiliaires  de  9,000  guer- 
riers analogues  à  nos  goumiers  actuels,  et  constitua  une  ligne  de 
défense  qui  s'étendait  de  Sala  à  Volubilis.  La  tête  du  réseau  rouliei- 
marocain  fut  Tanger  d'où  partaient  deux  voies  :  la  première  sur 
Sala,  longue  de  174  milles  et  longeant  le  littoral  atlantique;  la 
seconde  aboutissant  par  Volubilis  à  Tocolosida,  à  i5  k.  au  N.  de 
Meknès.  Il  n'est  pas  encore  établi  que  le  couloir  de  Taza  servit 
alors  de  passage  par  terre  entre  la  Maurétanie  Tingitane  et  la  Maii 
rétanie  Césarienne,  mais  on  vient  d'y  trouver  des  vestiges  qui 
tendraient  à  soutenir  cette  thèse. 

Rome  exigeait  de  ses  sujets  marocains  des  soldats  et  de  l'argent 
sous  forme  d'impôts.  Les  cavaliers  africains  occupèrent  une  place 
exceptionnelle  dans  l'armée  impéi'iale  sur  le  iUiin,  le  Danube  et 
l'Euplirate.  Rôme  demandait  en  outre  à  la  Tingitane  toutes  sortes 


APERÇU  HISTORIQUE. 


15 


de  produits  marocains  ou  saiiariens  :  blé,  liuile,  ivoire,  esclaves  dont 
le  commerce  se  faisait  presque  tout  entier  par  l'entremise  des  ports 
espagnols.  En  résumé,  Rome  se  borna  à  l'organisation  administra- 
tive et  à  l'exploitation  économique  du  Maroc.  Moins  encore  qu'en 
Algérie-Tunisie,  sa  civilisation  et  sa  langue  y  laissèrent  de  traces. 

Invasion  vandale.  —  Dans  le  second  quart  du  v«  s.,  le  Maroc, 
comme  le  reste  de  la  Berbérie,  fut  occupé  sans  résistance  par  les 
Vandales.  Ces  conquérants,  Germains  comme  les  Goths  et  les  Francs, 
étaient  peu  nombreux;  leurs  rois  se  suljstiluèrent  simplement  aux 
empereurs,  sans  rien  modifier  à  l'organisation  intérieure  du  pays; 
après  une  assez  courte  période  de  gi'andeur,  que  signala  le  sac  de 
Rome  par  Genséric,  le  royaume  vandale  tomba  en  décadence.  Bientôt 
les  successeurs  de  Genséric  furent  incapables  de  réprimer  les  insur- 
rections indigènes. 

Epoque  byzantine.  —  Les  Byzantins  noccupèrent  qu'une  faible 
partie  du  Maroc  :  Tanger  et  Ceuta.  Et  cet  établissement  fut  encore 
bien  précaire,  car  à  l'époque  de  l'invasion  musulmane,  il  ne  restait 
plus,  de  la  province  tingitane,  que  Ceuta,  où  le  comte  Julien  s'était 
rendu  indépendant.  Le  reste  du  pays  avait  été  repris  par  les 
indigènes. 

Le  christianisme  fit  de  rapides  progrès  en  Tingitane,  mais  l'ortho- 
doxie y  fut  bientôt  abandonnée  pour  d'autres  hérésies  et  de  nouveaux 
schismes.  Au  vii*=  s.,  la  civilisation  antique,  déjà  frappée  par  sa 
propre  décadence,  par  les  révoltes  indigènes,  par  les  agitations 
îionatistes,  périt  sous  les  coups  de  la  conquête  arabe. 

Conquête  arabe.  —  Lorsque  dans  les  premières  années  du  viii**  s. 
le  conquérant  arabe,  Okba  ben  Nafi,  se  présenta  devant  Ceuta, 
seule  ville  du  Maroc  demeurée  au  pouvoir  des  Byzantins,  aucune 
résistance  ne  lui  fut  opposée  par  le  comte  Julien  qui  fit  simplement 
confirmer  son  autorité  par  le  vainqueur.  Okba  alla  ensuite  jusqu'au 
Sous.  Ayant  atteint  les  rives  de  l'Océan,  il  poussa  son  cheval  dans 
les  flots  et  dit  :  «  Seigneur,  si  cette  mer  ne  m'en  empêchait,  j'irais 
dans  des  contrées  plus  lointaines  encore  en  combattant  pour  ta 
religion  et  en  tuant  tous  ceux  qui  ne  croient  pas  en  ton  existence  et 
qui  adorent  d'autres  dieux  que  Toi  ».  Après  lui.  Moussa  ben  Noceir 
parut  fyoS)  avec  de  nouvelles  troupes.  Mais  ces  premières  expéditions 
ne  laissèrent  pas  après  elles  de  domination  effective  :  les  Arabes, 
peu  nombreux,  se  contentant  de  créer  quelques  garnisons  occupées 
par  des  missionnaires.  S'ils  parvinrent  à  gagner  les  Berbères  et  à 
venir  à  bout  de  leur  résistance,  c'est,  semble-t-il,  parce  qu'ils  eurent 
la  chance,  ou  l'adresse,  de  détourner  leur  ardeur  guerrière  en  les 
entraînant  à  la  conquête  de  l'Espagne.  Les  Arabes  convertirent  les 
Berbères,  mais  ce  fut  sans  anéantir  leur  nationalité.  Tout  au  con- 
traire, 1  accession  des  Berbères  à  la  foi  musulmane  eut  comme 
résultat  de  surexciter  leur  esprit  d'indépendance  et  de  donner,  dans 
une  certaine  mesure,  à  leurs  collectivités  la  cohésion  qui  leur  man- 
quait. Sous  le  couvert  et  le  prétexte  de  doctrines  religieuses  hété- 


d6 


APERÇU  HISTORIQUE. 


rodoxes,  de  j^i-aiuls  étals  purement  berbères  se  constituèrent  et 
tinrent  en  écbec  l'islamisme  arabe  et  orthodoxe  des  califes. 

Premiers  royaumes  berbères.  —  C'est  ainsi  que,  dès  le  viii»  s., 
le  schisme  puritain  du  ouahbisme,  dont  la  rude  doctrine  a  plus  d'un 
rapport  avec  celle  des  donatistes,  rallia  sous  le  nom  de  kharedjisme 
kharedjite  signiiie  séparé)  l'Afrique  presque  entière.  Un  royaume 
(kharedjite  dont  le  chef  prétendait  à  l'imamat,  c'est-à-dire  à  la  juri- 
diction universelle  sur  les  croyants,  fut  constitué  avec  Tiaret  (prov. 
d'Oran)  pour  capitale;  un  autre  s'établit  au  Tafilalet,  à  Sidjilmassa. 
Dès  cette  époque  l'Occident  échappe  au  califat.  A  la  vérité,  les 
kharedjites  ne  paraissent  pas  avoir  dominé  à  l'O.  du  Maroc,  mais 
les  hérésies  issues  de  l'islamisme  s'y  font  jour. 

Les  Idrissides.  —  Un  descendant  d'Ali,  gendre  du  prophète, 
nommé  Idris,  traqué  en  Orient  par  les  califes,  se  réfugie  au  Maroc, 
gagne  Oulili  (Volubilis)  et,  bien  accueilli  par  les  Berl)ères,  y  établit 
son  autorité  qui  s'étend  bientôt  sur  tout  le  Maghreb  septentrional, 
de  Tlemcen  à  l'Océan.  Empoisonné  par  un  émissaire  de  Ilaroun,  il 
est  enterré  au  Djebel  Zerhoun  (Moulay  Idris  du  Zerhoun  actuel)  et 
est  devenu  depuis  le  saint  national  du  Maroc.  Son  fils  posthume, 
Idris  II,  qui  lui  succéda  (en  8o4)  grâce  aux  soins  d'un  affranchi  fidèle, 
Rached,  fonde  Fès,  dont  il  est  le  grand  patron.  Bientôt  après,  ses 
successeurs  s'épuisent  les  uns  contre  les  autres,  puis  voient  leur 
royaume  disputé  par  les  Fatimides  et  les  Omniades.  Le  pays  entre 
alors  dans  une  période  extrêmement  confuse. 

Nouvelles  dynasties  Berbères.  —  L'empire  idrisside,  que  se  dis- 
putent les  Meknassa,  se  désagrège.  Au  x®  s.,  c'est  le  chiisme,  autre 
doctrine  schismatique,  qui  séduit  les  Berbères  et  les  conduit  à  la 
conquête  de  l'Egypte,  dont  les  Fatimides  font  le  siège  d'un  califat 
dissident  (978)  qui  s'étend  jusqu'à  la  Moulouya  et  menace  Fès.  A 
cette  époque,  le  califat  omniade  de  Cordoue  est  à  l'apogée  de  sa 
puissance  et  cherche  aussi  à  annexer  le  Maroc.  Il  parvient  à  détruire 
les  Idrissides  qu'il  poursuit  jusque  dans  le  Rif.  Cependant,  c'est  une 
autre  tribu,  les  Maghraoua,  conduite  par  Ziri  Ben  Atia,  qui  s'emparô 
de  Fès  et  forme  une  dynastie  bientôt  en  butte  aux  dissensions  et 
aux  luttes  de  celles  qui  l'avaient  précédées. 

Seconde  invasion  arabe.  —  La  grande  invasion  hilalienne  du 
xi*^  s.,  qui  amena  au  Maghreb  uti  fort  contingent  d'Arabes  nomade- 
et  pillards,  eut  une  répercussion  plus  faible  au  Maroc  qu'en  Algérics 
Tunisie.  Le  Rif,  le  Haut  et  le  Moyen  Atlas  furent  à  peu  prè 
indemnes  de  leur  infiltration  ;  par  contre,  les  plaines  subirent  l'invas 
sion  et  furent  quelque  peu  bouleversées.  A  la  limite  des  territoires 
occupés  par  les  tribus  berbères  et  arabes,  il  se  constitua  des  tribus 
nouvelles  qui  subirent  une  forte  influence  arabe  en  ce  sens  qu'elle  y 
apporta  des  éléments  d'islamisation  et  modifia  le  genre  de  vie  ber- 
bère en  empêchant  le  commerce  et  en  ruinant  l'agriculture.  Les 
nouveaux  immigrants  furent  toutefois  dans  l'incapacité  de  s'emparer 
du  pouvoir.  Ils  devinrent  au  contraire  pour  les  dynasties  berbères 
un  instrument  souvent  employé  contre  leurs  rivales* 


APERÇU  HISTORIQUE. 


17 


Les  Almopavides.  —  Au  moment  môme  où  les  Arabes  venus  de 
rOient  se  répandent  dans  le  Nord  de  l'Afrique,  un  puissant  empire 
prend  naissance  dans  une  trilju  berbère  du  Sénégal,  touchée  par 
IMslam  depuis  le  ix«  s.,  c'est  l'empire  almoravide.  Cette  dynastie  de 
guerriers  religieux,  sorte  de  Templiers  et  de  chevaliers  de  St  Jean 
musulmans,  atteint  bientôt  le  pays  du  Drâ,  Sidjilmassa,'le  Sous  et 
enfin  le  Tadla.  Le  saharien  et  dévôt  Youssef  ben  Tachfine  établit  sa 
capitale  à  Marrakech  (1062),  puis  assiège  et  prend  Fès  l'année  sui- 
vante. De  là,  il  gagne  la  Moulouya  et  le  pays  des  Ilaouara  ;  il  s'em- 
pare aussi  de  Tanger,  du  Rif,  de  la  côte  méditerranéenne,  pénètre 
enfin  en  Espagne  où  il  bat  Alphonse  YI,  roi  de  Castille  et  Léon. 
Après  Youssef  Ben  Tachfine,  l'empire  se  désagrège  vite,  la  poussée 
des  hordes  barbares  venant  de  l'Arabie  devient  irrésistible  sans  être 
à  môme  cependant  d'édifier  quelque  chose  de  durable.  D'ailleurs  aux 
berbères  du  Sahara  vont  succéder  d'autres  berbères  :  les  Almohades, 
surgis  de  Tinmal,  ville  de  l'Atlas. 

Les  Almohades.  —  Après  avoir  fait  des  études  en  Espagne,  en 
Egypte  et  en  Syrie,  Ibn  Toumert,  de  la  tribu  des  Masmouda,  se  pose 
en  réformateur  des  mœurs,  et  fonde  la  nouvelle  dynastie.  Abd  El 
Moumene,  son  lieutenant  et  successeur  (1  i3o),  conquiert  l'Atlas  maro- 
cain, vainc  les  troupes  almoravides  employées  contre  lui,  parcourt 
le  Maroc  en  tous  sens  (ii4o-ii47)^  conquiert  les  principales  villes 
d'Andalousie,  celles  d'Algérie  et  de  Tunisie,  et  fonde  le  plus  grand 
empire  musulman  d'occident  qui  ait  existé.  Abd  El  Moumene  apparaît 
ainsi  comme  un  homme  de  génie,  comme  le  politique  le  plus  remar- 
quable qu'ait  fourni  la  race  berbère.  «  On  ne  saurait  le  comparer  qu'à 
Charlemagne,  dit  E.  Masqueray.  Comme  lui  justicier,  il  ne  s'empare 
de  l'Afrique  septentrionale  entière  que  pour  y  faire  régner  l'ordre.  Tl 
renouvelle  les  opérations  cadastrales  de  l'Empire  romain.  Il  crée 
une  flotte,  organise  l'administration  la  plus  libérale  qu'on  ait  encore 
vue.  Ami  des  lettres,  il  fonde  des  universités.  » 

Les  fils  et  petit-fils  d'Abd  El  Moumene  sont  aussi  de  grands  souve- 
rains, tels  Abou  Yakoub  Youssef  (ii63-ii84)  et  Abou  Youssef  Yakoub 
El  Mansour  (1184-1199).  Abou  Yakoub  Youssef  appelle  les  philosophes 
à  sa  cour,  inaugure  une  ère  d'entreprises  artistiques  en  faisant  con- 
struire la  Giralda  de  Séville.  Abou  Youssef  Yakoub  El  Mansour 
réprime  des  dissidences  à  l'E.  de  son  empire,  puis  en  Espagne  où 
il  défait  les  Castillans  à  Alarcos  (1195);  il  poursuit  les  travaux  com- 
mencés par  son  père  et  c'est  sous  son  règne  que  s'édifient  la  Kou- 
toubia  de  Marrakech,  la  Tour  Ilassane  de  Rabat  et  Ribât  El  Fath,  le 
camp  de  la  victoire. 

Mais  Mohammed  En  Nacir,  fils  d'Abou  Youssef,  voit  s'élever  de 
nouvelles  difficultés  autour  de  lui  :  il  est  battu  par  Alphonse  VIII 
de  Castille  à  Las  Navas  (1212),  et,  dès  le  xiii®  s.,  l'empire  almohade 
s'écroule.  La  Tunisie  s'affranchit  la  première  avec  les  Hafsides,  le 
royaume  de  Tlemcen  devient  la  proie  de  Abd  El  Ouad  et  les  Beni 
Merine  s'installent  à  Fès  en  1248.  Ces  trois  royaumes  vont  s'épuiser 
en  luttes  incessantes. 

Les  Nérinides.  —  Le*  Mérinides  sont  des  nomades  zénètes  venus 


MAROC. 


2 


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APERÇU  HISTORIQUE. 


du  Sahara  et  auxquels  ont  l'ait  appel  les  Almoliades  épuisés  par  les 
guerres.  Profitant  de  la  faiblesse  de  leurs  souverains,  ils  se  retour- 
nent contre  eux.  Conduits  par  Abou  Yahia,  ils  conquièrent  le  Maroc 
(1248-1258K  Avec  Abou  Yakoub  (1259-1286)  ils  commandent  en  maîtres 
depuis  le  Sous  jusqu'à  Oudjda,  y  compris  Sidjilmassa,  le  Dra  et 
Tanger;  Ceuta  l(Hir  paie  un  tribut  annuel  et,  après  une  guerre  contre 
les  princes  chrétiens,  ils  entrent  en  possession  de  plusieurs  villes 
d'Espagne;  pendant  ce  temps  ils  bâtissent  Fès  Djedid  (1276  ,  luttent 
contre  Yaghmorasen,  fondateur  du  royaume  de  Tlemcen.  Sous  Abou 
Youssef  (1286-1307),  ils  mettent  le  siège  devant  Tlemcen  (1299),  con- 
struisent Mansoura,  soumettent  l'Algérie  centrale.  Au  début  du 
xiV  s.,  leur  autorité  est  prépondérante  en  Berbéric,  ils  oi'<>anisent 
une  flotte  puissante,  se  font  corsaires  et  terrorisent  les  habitants  des 
côtes  des  royaumes  chrétiens.  Chez  eux,  ils  embellissent  leurs  villes. 
Sous  Abou  Massene  (]33i-i349)  et  7Vl)ou  Inane  (i348-i358),  souverains 
puissants  et  aclits,  rAfriciuc  septentrionale  entière  est  encore  sou- 
mise à  rauloi'ilé  des  jMérinidcs.  ni>rcs  eux,  l'empire,  miné  par 
l'anarchie  nra])e,  qui  a  fait  de  grands  pi'ogrès  depuis  les  débuts  de 
l'invasion  hilalienne,  se  désagrège  aussitôt.  A  la  lin  du  x'iv'^  s.,  la 
dynastie  est  en  pleine  décadence:  celle  des  Beni  Ouallas,  qui  lui 
succède,  en  se  liant  aux  chrétiens  par  des  traités  humiliants,  perd 
la  conflance  de  ses  sujets  et  finit  par  disparaître  à  son  tour  (i548). 
—  Le  nom  dos  Mérinidcs  a  été  popularisé  en  Europe  par  la  race  de 
moutons  à  laine  fine  dite  «  mérinos  ». 

Les  dynasties  chérifiennes.  —  Aux  xv*^  et  xvi*  s.,  la  doctrine  isla- 
mique a  travaillé  plus  profondément  les  masses,  le  mysticisme  fer- 
mente et  s'exaspère  au  contact  des  chrétiens  jusqu'au  jour  oiî  il 
réagit  par  la  révolution  chérifienne  qui  amène  l'avènement  des 
chérifs  saadienti.  Venus  du  Dra,  ceux-ci  soumettent .  le  Sous  (i5io)I 
s'établissent  à  Marrakech  (i523\  puis  à  Fès  (i548),  et  entreprennent 
la  guerre  sainte  contre  les  Portugais  chassés  définitivement  du  Maroc 
en  1578.  Au  cours  de  son  l'ègne,  le  sultan  saadicn  Ahmed  El  Man- 
sour  h')-^ ><-]{]{):>)  l'ivalise  conti'e  les  Turcs  et  s'empare  des  oasis  du 
Tonal  et  du  Gourara  (i.j8i)  puis  organise  une  expédition  sur  Toni- 
bouclou  (juiest  couronnée  d'un  plein  succès  (1591);  il  en  rapporte  (!<' 
grandes  richesses,  orne  sa  capitale,  Marrakech,  de  magnifiques  cou 
structions,  fonde  le  makhzen  marocain  à  l'exemple  dos  Turcs  qui 
organisent  alors  leur  récent  établissement  en  Algérie  en  s'appuya  ni 
sui-  des  colonies  militaires  indigènes,  tribus  makhzen  exemptée- 
d'impôts  en  échange  du  service  militaire. 

Au  milieu  du  xvii^  s.,  les  chérifs  hassaniens  (on  dit  encore  filaliens^ 
alaouiles),  remplacent  les  Saadiens  comme  les  Almohades  ont  rt;ni 
placé  les  Almoravides.  Originaires  de  Sidjilmassa  (Tafilalet),  ils 
mènent  une  vie  pauvre,  méditative,  vertueuse,  pendant  que  les  sou- 
verains régnants  s'épuisent  dans  le  luxe  et  la  mollesse.  L'un  des 
premiers  et  des  plus  puissants  chefs  de  cette  dynastie,  Moulay  Ismaïl, 
très  actif  et  doué  d'un  réel  esprit  organisateur,  parvient,  à  la  suite 
d'un  long  règne  de  55  ans  (1672-1727),  à  pacifier  et  à  soumettre  le 
Maroc  comme  il  ne  l'a  jamais  été  rlepuis.  Grâce  à  la  constitution 


APERÇU  HISTORIQUE. 


19 


d'une  forte  armée  de  i5,ooo  nègres  ou  bouâkher  (serviteurs  du  livre 
d'El  Bokhari),  à  des  expéditions  incessantes  sur  tous  les  points  de 
son  empire,  et  à  la  construction  de  kasbas  à  proximité  des  tribus  les 
plus  turbulentes,  il  étend  très  loin  son  autorité  sur  les  Berbères,  et 
peut  lutter  avec  succès  contre  les  Turcs  en  Algérie,  les  Chrétiens  au 
Maroc.  Moulay  Ismaïl  aime  Meknès  et  travaille  avec  passion  à  son 
embellissement.  Il  édifie  des  monuments  considérables  qui  ont  valu 
à  sa  capitale  le  surnom  de  «  Versailles  marocain  ».  Après  lui,  le 
pays  retourne  à  Tanarchie.  —  Sidi  Mohammed  (37^7-1789),  son  petit- 
fils,  parvient  cependant  à  grouper  4,000  cavaliers,  à  rétaljlir  un  peu 
l'ordre,  à  chasser  définitivement  les  Portugais  de  Mazagan  (1769),  à 
fonder  Mogador  (Souïra,  1764),  à  enfermer  les  Espagnols  dans  leurs 
présides  de  la  Méditerranée. 

Au  XIX®  s.,  le  pays  n'évolue  plus  et  ne  s'oi'ganise  pas.  Les  influences 
européennes  se  faisant  de  plus  en  plus  envahissantes,  le  pouvoir 
lutte  contre  elles  en  ajournant  les  réponses  à  leurs  demandes  et  en 
les  opposant  habilement  les  unes  aux  autres.  La  prise  d'Alger  a  un 
grand  retentissement  au  Maroc.  Moulay  AIkI  Er  Rahmanc  (1822-1859) 
essaie  de  s'emparer  de  Tlemcen,  noue  des  iulrigues  contre  l'autorité 
française  en  Algérie,  puis  se  laisse  entraîner  par  x\bd  El  Kader  dans 
une  guerre  contre  la  France.  Les  principaux  événements  en  sont  la 
bataille  d'isiy  livrée  par  le  maréchal  Bugeaud  aux  troupes  cliéri- 
fiennes  le  i4  août  i844  et  le  bombardement  de  Tanger  et  de  Mogador 
par  le  prince  de  Joinville.  Par  le  traité  de  Tanger  et  la  convention 
de  Lalla  Marnia,  du  18  mars  i845,  le  sultan  du  Maroc  s'engage  à 
chasser  notre  adversaire  de  son  territoire.  Une  fois  sa  promesse 
mise  à  exécution,  l'émir  Abd  El  Kader  est  réduit  à  faire  sa  soumis- 
sion à  Lamoricière  (1847). 

Aux  difficultés  avec  la  France  succèdent  des  difficultés  avec 
l'Espagne  contre  laquelle  Sidi  Mohammed  (1859-1873)  soutient  une 
guerre  qui  se  termine  par  la  paix  de  Tétouan  (1802). 

.Jusqu'à  la  fin  du  second  Empire,  la  France  et  le  Maroc  vivent  en 
assez  bons  termes.  A  plusieurs  reprises,  nos  troupes  ont  à  inter- 
venir dans  les  confins  algéro-marocains,  mais  les  expéditions  de 
1859  et  de  1870,  qui  semblaient  être  le  prélude  d'opérations  plus 
étendues,  sont  arrêtées,  la  première  par  le  ciioléra,  la  seconde  par 
la  guerre  franco-allemande. 

A  la  fin  du  xix®  s.,  le  Maroc  connaît  encore  un  sultan  énergique, 
Moulay  El  Hassane  (1878-1894).  Celui-ci  confie  la  réorganisation  de  son 
artillerie  à  une  mission  française,  consolide  son  autorité  dans  les 
régions  les  plus  facilement  accessibles  du  royaume  en  instituant 
quatre  tribus  makhzen  :  les  Bokhari,  ou  soldais  nègres,  les  Oudaïa 
d'origine  arabe,  les  Cheraga  venus  d'Algérie  lors  de  la  conquête 
turque,  et  les  Cherarda.  Il  peut  ainsi  assurer  son  influence  sur  les 
Berbères  et  essaie  de  l'étendre  jusqu'au  Sahara.  Mais  autour  de  son 
fils  Moiday  Abd  El  Aziz  (1894-1909)  se  nouent  une  foule  d'intrigues  qui 
rendent  l'administration  difficile.  Les  appétits  européens  et  la  résis- 
tance musulmane  se  font  de  plus  en  plus  sentir.  Pour  assurer  la  sécu- 
rité de  la  frontière  orano-marocaine,  nos  troupes,  commandées  par 
le  général  Lyautey,  OGcupentC(5lomb-Béchar(i9o3)  et  Berguent  (1904). 


20 


APERÇU  HISTORIQUE. 


La  conférence  internationale  d'Algésiras,  tenue  du  16  janvier  au 
7  avril  1906,  élabore  tout  un  plan  de  réformes  dont  les  plus  impor- 
tantes sont  l'établissement  du  principe  de  l'égalité  économique  et 
de  la  porte  ouverte,  puis  l'organisation,  dans  les  ports  fréquentés  par 
les  services  réguliers  de  navigation,  de  corps  de  police  mis  sous  les 
ordres  d'officiers  et  de  sous-officiers  français  ou  espagnols. 

L'anarchie  ne  cesse  pourtant  de  s'accentuer.  L'autorité  d'Abd  El 
Aziz  devient  de  plus  en  plus  précaire.  A  Marrakech,  son  frère  Hafid 
guette  l'instant  propice  à  ses  ambitions.  La  rébellion  se  manifeste 
de  toutes  parts  :  autour  de  Tanger  avec  le  chérif  Raisouli,  devant 
Mogador  avec  le  caïd  An  lions,  dans  le  Sous  avec  le  mahdi  Ma  El 
A'inine.  L'assassinat  du  D""  Mauchamp  à  Marrakech  détermine  la 
France  à  occuper  Oudjda  et  à  soumettre  les  Beni  Snassene  (1907).  Le 
massacre  d'Européens  à  Casablanca  (3o  juillet  1907)  provoque  ensuite 
le  débarquement  de  troupes  françaises  dans  cette  ville  et  le  commen- 
cement, en  Gha'ioua,  d'opérations  qui  se  terminent  parla  pacification 
et  l'organisation  militaire  et  administrative  de  cette  province.  Les 
troupes  françaises  progressent  en  même  temps  dans  le  Sud  oranais, 
sur  le  Haut  Guir  et  vers  Bou  Denib  (1908)  et  Ain  Chair  (1909);  en  1910, 
elles  occupent  Taourirt.  Abd  El  Aziz,  accusé  d'avoir  vendu  son  pays 
aux  chrétiens,  est  remplacé  par  son  frère,  Moulay  Hafîd,  d'abord 
proclamé  sultan  par  les  tribus  du  sud,  puis  reconnu  pour  tout  le  Maroc 
à  Fès.  Le  prestige  du  Makhzen  ne  parvient  pourtant  pas  à  se  relever. 
Les  tribus  berbères  se  révoltent  et  assiègent  Fès.  La  capitale  est 
investie.  C'est  alors  que  Moulay  Hafld  réclame  et  obtient  l'appui  des 
troupes  françaises  (1911).  Celles-ci,  conduites  parle  général  Moinier, 
entrent  dans  la  ville  sainte  le  2  mars  et  vont,  toujours  sur  la  demande 
du  sultan,  occuper  Meknès. 

Le  protectorat  français.  —  Jalouse  des  succès  de  la  France, 
l'Allemagne  envoie  un  navire  de  guerre  à  Agadir.  Des  conversations 
difficiles  s'engagent  alors  entre  la  France  et  sa  rivale,  à  la  suite 
desquelles  M.  Regnault,  ministre  de  France  à  Tanger,  signe  avec 
Moulay  Hafid  la  convention  de  Fès,  du  3o  mars  1912,  qui  reconnaît 
le  Protectorat  de  la  France  sur  le  Maroc  et  fait  du  Résident  général 
de  la  République  française  le  seul  intermédiaire  du  sultan  auprès 
des  puissances  étrangères.  —  Après  une  intervention  à  El  Ksar, 
parallèle  à  l'intervention  de  la  France  à  Fès,  l'Espagne  réalise  de 
son  côté  dans  la  zone  qui  lui  est  reconnue  par  les  traités. 

Mais  il  s'en  faut  que  les  puissances  protectrices  soient  maîtres  du 
Maroc,  qu'il  reste  à  pacifier.  Au  lendemain  de  la  signature  de  la 
convention  de  Fès,  à  la  suite  d'une  rébellion  des  soldats  du  tabor 
(17  avril  1912),  éclate  dans  la  grande  capitale  marocaine  une  san- 
glante émeute  qui  dure  trois  jours,  entraîne  le  massacre  de  68  euro- 
péens et  dont  la  répression  coûte  plus  de  3oo  morts  et  blessés. 
Le  28  avril,  le  général  Lyautey  est  nommé  Résident  général  de 
France  au  Maroc  ;  il  arrive  le  24  mai  à  Fès,  A  ce  moment  précis,  les 
Berbères  attaquent  la  ville;  ils  sont  rejetés  hors  des  murs  le  28  mai 
et  battus  le  i®»^  juin  à  Hadjra  El  Kahla  par  le  colonel  Gouraud.  En 
même  temps,  le  général  Alix,  partent  du  Maroc  oriental,  franchit 


APERÇU  HISTORIQUE. 


21 


la  Moulouya  et  prépare  la  marclie  vers  Taza.  Le  12  août  1912,  Moulay 
Hafîd  signe  son  abdication  et  dès  le  lendemain,  son  frère  Moulay 
Youssef  est  proclamé.  En  septembre  suivant,  les  troupes  françaises, 
après  avoir  écrasé  les  bandes  d  El  Hiba,  entrent  à  Marrakech.  Elles 
ne  cessent  d'ailleurs,  sous  la  direction  du  Résident  général  Lyautey, 
d'étendre  leur  action  dans  tous  les  sens  et  sur  tous  les  points  du 
Maroc.  Le  17  mai  1914  s'effectue  à  Taza  la  jonction  des  troupes  du 
Maroc  oriental  et  du  Maroc  occidental. 

La  guerre  européenne  qui  se  déclaie  en  1914  n'arrête  pas  les  pro- 
grès de  la  pacification.  Les  grands  ciiefs  rebelles  viennent  peu  à 
peu  à  nous.  Un  immense  essor  économique  est  donné  au  pays.  Les 
ports,  les  routes,  les  chemins  de  fer  se  construisent.  La  colonisation 
s'étend.  L'Exposition  franco-marocaine  de  Casablanca  en  igiS,  et 
les  Foires  de  Fès  (1916)  et  de  Rabat  (1917)  remportent  un  réel  succès. 
Les  troupes  marocaines  prennent  elles-mêmes  part  à  la  guerre.  — 
Avec  le  général  Gouraud,  appelé  à  la  Résidence  générale  de 
décembre  1916  à  mai  1917,  l'œuvre  française  se  poursuit.  Le  général 
de  Lamothe  peut  traverser  l'Atlas  en  février,  se  rendre  à  Agadir  et 
à  Tiznit,  livrer  bataille  à  Oujjane  aux  partisans  d'El  Hiba,  assurer 
enfin  l'autorité  du  sultan  sur  toute  la  province  du  Sous.  Après  un 
séjour  de  quelques  mois  au  ministère,  le  général  Lyautey  revient 
au  Maroc  en  juin  1917.  Son  retour  est  marqué  par  de  nouvelles 
jonctions  des  troupes  françaises  de  Meknès,  de  Debdou  et  de  Bou 
Denib  dans  la  haute  vallée  de  la  Moulouya  et  l'application  de 
mesures  propres  à  assurer,  sur  la  plus  grande  échelle  possible,  la 
mise  en  valeur  des  ressources  du  pays  pacifié. 

Enfin,  par  le  traité  de  Versailles  de  1919,  l'Allemagne  renonce  à 
tous  les  droits,  titres  ou  privilèges  que  lui  reconnaissait  l'Acte 
d'Algésiras;  tous  les  traités  passés  par  elle  avec  l'empire  Chérifien 
sont  abrogés;  elle  reconnaît  le  protectorat  de  la  France  au  Maroc, 
et  y  renonce  au  régime  des  capitulations. 


APERÇU 
ARTISTIQUE   ET  LITTÉRAIRE 

Architecture.  —  Quels  que  soient  leur  nombre  et  leur  diversité,  les 
monuments  arabes  de  Tunisie,  d'Algérie  et  d'Espagne  ne  donnent 
l)as  une  idée  tout  à  lait  complète  de  l  école  maghrébine  d'art  musul- 
man. Il  appartenait  à  ceux  du  Maroc  de  combler  cette  lacune  et  de 
révéler  quelques  phases  insufnsamment  connues  d'une  esthétique 
humaine  intéressante  entre  toutes. 

Certes  le  Maroc  ne  peut  se  vanter  d'avoir  vu  sortir  de  son  sol  des 
édifices  du  premier  âge  musulman  ayant  l'envergure  et  le  style  des 
immenses  et  grandioses  mosquées  de  Kairouan  et  de  Cordoue.  Au 
point  de  vue  islamique,  il  est  en  effet  plus  jeune  que  l'IlVikia  et 
ribérie.  A  l'époque  où  la  religion  nouvelle  s'implante  sur  ces  deux 
vastes  territoires,  avec  Sidi  Okba  et  les  Omniades,  il  n'est  peuplé 
que  de  tribus  sans  cohésion,  à  peu  près  panthéistes,  et  de  quelques 
groupements  monothéistes,  chrétiens  ou  juifs;  en  réalité  il  est  encore 
dans  l'enfance  et  ne  reçoit  que  de  vagues  lumières  de  l'Orient. 

I(h  is,  qui  arrive  au  Maroc  en  788,  ne  provoque  pas  tout  d  abord  de 
grands  changements  dans  le  pays.  Lui  et  ses  successeurs  ont  fort  à 
laiie  pour  gagner  des  adeptes  à  la  foi  nouvelle.  Un  siècle  s'écoule  à 
peine  que  les  Meknassa  autochtones  disputent  le  pouvoir  aux  Idris- 
sides  et  pai  vionnent  à  s'en  emparer  (988)  pour  le  partager  aussitôt 
avec  une  autre  dynastie  berbère,  les  Maghraoua,  jusqu'au  commen- 
cement du  XI"  s."  Jusque-là,  l'architecture  musulmane  ne  paraît  pas 
avoir  laissé  de  monuments  particulièrement  remarquables.  Les  mos- 
quées El  Karouiine  et  El  Andalous,  construites  à  Fès  au  ix°  s.,  ne 
sont  à  proprement  parler  que  des  oratoires  de  très  petites  dimensions. 
Leurs  minarets,  conçus  suivant  une  formule  mathématique  et  rigide 
qui  voulait  que  la  hauteui'  fût  égale  à  quatre  fois  le  côté  de  base, 
manquent  d'élégance  et  de  majesté;  ils  sont  en  outre  dépourvus  de 
décor. 

Ce  n'est  qu  avec  Youssef  Ben  Tachfine  (45o  de  l'Hégire,  2"  moitié 
du  xi^  s.)  que  la  salle  de  prière  de  la  mosquée  El  Karouiine  revêt 
ses  dimensions  actuelles.  Les  proportions  en  sont  lourdes  et  les  embel 
iissements  et  agrandissements  ultérieurs,  qui  respectent  les  pre- 
mières données  de  l'édifice,  ne  parviennent  pas  à  en  faire  un  des 
plus  importants  temples  de  l'Islam. 

Avec  les  Almohades  (2*  moitié  du  xii«  s.),  l'architecture  marocaine 
prend  tout  son  essor,  et  quel  essor!  En  moins  de  vingt-cinq  ans,  les 
nouveaux  maîtres  du  pays  renversent  leurs  prédéce'sseurs,  s'imposent 
eiicore  à  Tlemcen,  en  Algérie,  en  Tunisie,  en  Tripolitaine,  puis  en 


APERÇU  ARTISTIQUE  ET  LITTÉRAIRE. 


23 


Andalousie  et  au  Portugal.  Héritier  d  une  telle  puissanc(?,  Yakoub 
El  Mansour  s'élève  à  la  hauteur  des  plus  grands  souverains  en 
l  illustrant  de  joyaux  d'art  d'une  vigoureuse  venue.  Il  dote  Rabat  El 
Fath,  qu'il  fonde,  de  la  Kasba  des  Oudaïa,  de  la  mosquée  et  de  la 
Tour  Hassane  et  d'une  enceinte  munie  de  portes  magnifiques.  II  édifie 
à  Marrakech  le  plus  grand  chef-d'œuvre  de  l'époque  :  la  mosquée  et 
le  minaret  de  la  Koutoubia,  ainsi  que  des  remparts  dont  la  porte 
Aguenaou  atteste  la  grandeia*.  Il  élève  encore  à  Séville  une  innnense 
mosquée  et  une  tour,  devenue  depuis  la  célèbre  Giralda.  Son  prédé- 
cesseur, Youssef  Ben  Abd  El  Moumeue,  avait  déjà  constiuit  sur 
l'oued  Tensift,  à  quelques  kilomètres  au  nord  de  Marrakech,  un  pont, 
encore  existant  aujourd'hui,  qui  repose  sur  27  arches  en  maçonnerie. 

Militaires,  religieux  ou  d'utilité  publique,  ces  ouvrages  sont  d  une 
majesté  incomparable.  Leurs  proportions  immenses  (Giialda  :  70  m. 
de  hauteur,  i3  m.  60  de  côté  à  la  base,  sans  l'étage  et  le  dôme  con- 
struits depuis;  Tour  Ilassane  inachevée  :  G4  ni.  de  hauteur,  16  m.  20 
de  côté  à  la  base;  Koutoubia  :  67  m.  5o  de  hauteur,  12  m.  5o  de  côté 
à  la  base:  pont  sur  l'oued  Tensift  :  35o  m.  de  long  et  5  m.  de  large) 
les  rendent  imposants  sans  leur  donner  un  caractère  de  lourdeur.  Le 
grès  rouge  qui  les  constitue  caresse  agréablement  le  regard  et  seml>le 
faire  partie  du  sol  même  sur  lequel  ils  reposent.  Leur  décor  sculpté 
d'amples  arabesques  et  d'austèi-es  écritures  coufiques  est  à  la  fois 
sobre  et  riche.  Des  rehauts  de  faïence  vert  turcpioise  sertis  dans  les 
parties  les  plus  hautes  des  tours  prépareut  un  passage  logique  de 
couleur  dans  le  ciel  bleu.  Monuments  pleins  de  juajesté  et  do  splen- 
deur, ils  laissent  sur  le  sol .  maghrébin  la  marque  d  une  épcxpie 
robuste  de  foi  et  de  vastes  espérances,  équivalente  à  celle  qui  peupla 
rp]urope  occidentale. d'églises  et  de  cathédrales  romanes. 

Mais  les  successeurs  de  Yakoub  El  Mansour  s'affail)lissent  et  les 
Beni  Merine  venus  du  Sud  algérien  en  bandes  organisées  niel  tent 
cinquante  ans  seulement  à  ruiner  la  dynastie  almohade  d'Afrique, 
cependant  que  les  chrétiens  reprennent  l'Audalousie  et  qu'à  la  faveur 
de  ces  luttes  se  fonde  le  royaume  indépendant  de  Grenade.  En  1266, 
les  Almohades  disparaissent  déOnitivement  et  sont  remplacés  par 
les  Mérinides  vainqueurs.  Dix  ans  après,  l'un  d  eux,  Abuu  Youssef 
fonde,  à  côté  de  Fès  l'ancienne,  une  nouvelle  ville,  Fès  Djedid,  où  il 
installe  son  palais,  ses  troupes,  ses  fonctionnaires  et  où  il  construit 
deux  nouvelles  mosquées.  Après  des  incursions  en  Andalousie  et  au 
moment  où  ils  occupent  l'Algérie  et  la  Tunisie,  les  émirs  qui  se  suc- 
cèdent dans  la  première  partie  du  xiv*^  s.  édifient  des  monuments  de 
toutes  sortes.  Aucune  ville  importante  de  l'empire  n'est  négligée, 
même  Tlemcen.  A  la  fin  du  xiii«  s.,  Taza  avait  déjà  été  pourvue  d'une 
mosquée  et  d'une  médersa  du  nouveau  style.  Fès,  Meknès.  Salé, 
Marrakech,  Ceuta  sont  dotées  de  mosquées  et  surtout  de  ravissantes 
médersas  ou  collèges  qui  réunissent,  dans  des  locaux  groupés  autour 
d'une  salle  de  prière,  des  étudiants  venus  de  tous  les  points  du 
Maghreb  pour  suivre  les  cours  de  professeurs  réputés. 

Pour  la  réalisation  de  tels  travaux,  les  artisans  de  tous  ordres  sont 
comblés  de  richesses  et  de  faveurs.  La  légende  rapporte  que  les 
souverains  leur  réservent  de  coquets  logis,  leur  distribuent  de 


24 


APERÇU  ARTISTIQUE  ET  LITTÉRAIRE, 


somptueux  vêtements,  les  l'ont  distraire  au  travail  par  des  équipes  de 
musiciens  et  de  chanteurs,  leur  donnent  comme  salaire  un  poids  d'or 
ét^al  au  poids  des  particules  de  plâtre,  de  bois  et  de  bronze  qui 
tombent  de  leurs  ciselets!  On  ne  recule  alors  devant  aucun  sacrifice 
pécuniaire.  Lorsque  l'émii-  Abou  Inane  inaugure  la  médersa  de  Fès 
qui  porte  son  nom,  il  déclare  placidement,  au  moment  où  on  lui  fait 
connaître  le  montant  des  sommes  importantes  qu'il  a  fallu  débourser: 

Ce  qui  est  beau  n'est  cher,  tant  grande  en  soit  la  somme, 
Ni  trop  se'peut  payer  chose  qui  plaît  à  l'homme. 

Fontaines,  fondouks,  bains,  aqueducs,  ponts,  fortifications,  monu- 
ments funéiaires,  etc.,  sont  l'objet  des  mêmes  préoccupations.  Les 
ouvrages  les  plus  divers  sont  entrepris  avec  le  souci  constant  de 
faire  œuvre  belle  en  même  temps  qu'utile. 

Tout  de  souplesse,  l'art  mérinide  s'applique  aux  besoins  les  plus 
variés.  Son  domaine  est  donc  plus  étendu  que  celui  de  l'art  almohade 
exclusivement  consacré  à  la  guerre  et  à  la  religion.  Certes,  la  foi  est 
toujours  aussi  vive,  mais  plus  contenue,  et  la  jouissance  des  biens  de 
ce  monde  n'est  pas  dédaignée.  Du  même  coup,  l'architecture  cesse  de 
tendre  à  la  hautaine  majesté  et  à  la  sévère  élégance;  elle  s'applique 
à  des  ensembles  plus  modestes,  plus  humains,  plus  voluptueux,  plus 
raffinés.  Elle  devient  la  manifestation  d  une  vie  trop  prospère  et  trop 
douce  pour  ne  pas  déchoir  à  bref  délai.  Grisés  de  bien-être,  de 
musique  grenadine,  de  parfums  subtils,  les  artisans  conçoivent  dans 
leur  rêve  presque  extatique  des  ensembles  d'une  grande  harmonie, 
d'une  finesse  de  lignes  surprenante  sur  lesquels  brode,  avec  une  vervt; 
et  une  virtuosité  sans  pareilles,  leur  imagination  sensuelle,  leur  fan 
taisie  encore  équilibrée. 

Rebelles  aux  efforts  que  ne  dicte  pas  une  volonté  très  affermie,  la 
pierre  et  le  marbre  font  place  à  des  matériaux  plus  dociles.  Pisé, 
briques,  moellons  bruts  et  galets,  encore  que  de  bonne  qualité,  sont 
employés  dans  la  construction.  Pour  le  décor,  on  utilise  les  fa'iences 
qui  peuvent  aisément  se  découper  à  la  martelette,  le  bois  qui  se  grave 
sans  fatigue  quand  il  n"a  pas  à  être  présenté  avec  de  fortes  saillies, 
le  plâtre  que  l'on  entame  comme  de  l'argile  quand  il  n'est  pas  encore 
durci. 

Sur  de  tels  matériaux,  associés  d  ailleurs  avec  un  bonheur  rare, 
l'arabesque  se  développe  sans  contrainte.  Ses  variations,  constamment 
renouvelées  et  toujours  séduisantes,  se  modulent  sur  quelques  thèmes 
à  peu  près  fixes,  prenant  leur  origine  dans  une  polygonie  apparem- 
ment compliquée,  mais  simple  parce  que  géométrique,  une  flore 
irréelle  et  une  épigraphie  cursive  et  coufique. 

Si,  tenant  compte  des  milieux  et  des  différences  de  conception 
esthétique,  on  peut  comparer  l'art  almohade  à  l'art  roman,  il  est  pos- 
sible également  de  mettre  en  parallèle  l'art  mérinide  avec  le  gothique 
flamboyant  (}ui  tous  deux  fleurirent  à  peu  près  en  même  temps.  Pour 
les  époques  qui  suivent,  la  concordance  disparait.  Tandis  que  les  arts 
de  l'Europe  occidentale,  après  une  période  de  foi  ardente  et  austère, 
semblent  abandonner  sans  regret  des  formules  qui  furent  chères 


APERÇU  ARTISTIQUE,  ET  LITTÉRAIRE. 


2b 


pour  se  tourner  délibérément  vers  les  arts  de  la  Grèce,  créer  par  là 
même  le  beau  mouvement  de  la  Renaissance  et  le  renouveler  en  de 
riches  et  longues  périodes,  les  arts  marocains,  comme  la  religion,  se 
fixent  et  se  figent  dans  les  traditions  anciennes,  régressant  du  même 
fait,  puisqu'ils  ne  sont  plus  soumis  à  aucun  contact  extérieur.  C'est 
d'ailleurs  par  contrainte  que  le  Maroc  rentre  en  lui-même.  Les  der- 
niers Mérinides,  les  Beni  Ouattas,  ainsi  que  leurs  successeurs  les 
Chérifs  saadiens  (fin  du  xvi«  et  xvii''  s.),  ne  gouvernent  plus  que  sur 
uii  empire  diminué.  Les  points  principaux  des  côtes  méditerranéenne 
et  atlantique  leur  échappent,  disputés  qu  ils  leur  sont  par  les  Portu- 
gais, puis  par  les  Espagnols.  D'autre  part,  on  nourrit  une  haine 
réelle  contre  les  chrétiens  qui  ont  chassé  le  musulman  de  l'ibérie  et 
exercent  encore  quelque  autorité  sur  la  côte. 

Moulay  Ahmed  El  Mansour  cherche  une  diversion  d'un  autre  côté. 
11  se  tourne  vers  le  Soudan  et  s'empare  de  Tombouctou  (fin  xvi*^  s.). 
II  en  rapporte  de  grandes  richesses  qu'il  emploie  en  partie  à  l'embel- 
lissement de  sa  capitale,  Marrakech.  11  édifie  le  palais  d'El  Bedia,pour 
lequel  il  fait  venir  des  ouvriers  de  tous  les  pays,  même  d'Europe  ;  le  " 
marbre,  amené  d'Italie,  est  payé  poids  pour  jioids  en  sucre  provenant 
des  fabriques  de  la  région.  Aucune  trace  ne  reste  malheureusement  de 
ce  palais,  démoli  et  rasé  en  1707-1708  par  Moulay  Ismaïl.  C'est  peut- 
être  à  El  Mansour  que  l'on  doit  aussi  les  impiessionnants  tombeaux 
des  Chérifs  saadiens  qui,  après  la  Koiit(>nl)ia,  sont  la  merveille  de 
Marrakech.  Il  construit  également  à  Fès  trois  forts  :  Bordj  Nord, 
Bordj  Sud,  Bordj  Sidi  Bou  Nafa,  ouvrages  (ratta(ine  plutôt  ({ue  de 
défense,  exécutés  avec  une  main-d'œuvre  de  renégats  et  sans  carac- 
tère vraiment  arabe. 

Quand  ils  parviennent  à  faire  respecter  leur  autorité,  les  sultans 
alaouites,  qui  prennent  le  pouvoir  depuis  le  milieu  du  xvii*^  s.  jus(iu  à 
ce  jour,  font  également  élever  de  grands  travaux  d'art,  soit  pour 
l'exercice  du  culte,  soit  pour  la  défense  <les  villes,  soit  pour  faciliter 
les  relations,  soit  pour  leur  usage  propie. 

Moulay  Rechid,  le  premier  d'entre  eux,  construit  en  amont  de  Fès, 
sur  le  Sebou,  un  pont  de  8  arches  et  de  ])rès  de  i5o  m.  de  long.  Il 
dote  aussi  Fès  de  la  Kasba  des  Cherarda,  mais  son  œuvre  la  plus 
saillante  est  incontestablement  la  médersa  Cherratineoù  se  retrouvent 
sans  mélange  les  traditions  mérinides  appliquées  sur  un  plan  original 
et  nouveau. 

vSon  successeur  Moulay  Ismaïl  (fin  du  xvii«  et  début  du  xviii«  s.)  est 
le  plus  grand  bâtisseur  de  son  temps,  le  plus  grand  constructeur 
militaire  du  Maroc.  Il  jalonne  tout  le  périmètre  terrestre  de  son 
empire  d'une  série  d'ouvrages  fortifiés  ou  kasbas  où  s'abritent  ses 
garnisons  nègres  et  où  se  préparent  des  expéditions  sur  l'avant.  La 
plus  formidable  des  citadelles  est  celle  du  Tadfa,  située  sur  la  rive 
droite  de  l'Oum  Er  Rebia  aux  eaux  rouges  et  mugissantes,  et  sur 
lequel  le  célèbre  sultan  lance  un  pont  de  dix  arches  inégales  et  de 
100  m.  de  long.  Sa  capitale  préférée,  Meknès,  est  défendue  par 
^o  kilomètres  de  murailles;  elle  est  en  outre  pourvue  de  palais,  de 
casernes,  d'écuries  dont  il  ne  reste  malheureusement  que  des  témoins 
rares  et  déchus.  L'imposante  Bab  El  Mansour  El  Aleuj,  achevée  sous 


2G  APERÇU  ARTISTIQUE  ET  LITTÉRAIRE, 

Moiilay  Abd  Allah,  est  le  spécimen  le  plus  saisissant  de  cette 
époque  fameuse.  Ces  travaux  nuisent  toutefois  aux  ruines  romaines 
voisines.  Tocolosida  est  vidée  de  ses  matériaux  antiques  et  Volubilis 
pillée. 

Un  peu  plus  tard,  Sidi  Mohammed  Ben  Al)d  Allah  (fin  du  xviii«  s. 
assez  fort  pour  chasser  définitivement  les  Portugais  de  Mazagan, 
leur  dernière  station  au  Maroc,  et  enfermer  les  Espagnols  dans  leurs 
présides  de  la  Méditerranée,  consti  uit  une  ville  entière,  Mogador, 
mais  ce  n  est  là  qu'une  «  fantaisie  européenne  sur  un  thème  maro- 
cain ».  L'architecte  de  la  ville  est  en  elTet  un  français  d'Avignon, 
nommé  Cornut,  qui  donne  la  formule  des  skalas  ou  batteries  dont  on 
arme  ensuite  plusieurs  ports  de  la  cote  atlantique.  Avec  Sidi  Moham- 
med et  ses  successeurs  s'élèvent  dans  plusieurs  villes  de  l'empire  des 
mosquées,  des  médersas,  des  fontaines,  des  fondouks,.  des  sanctuaires 
qui  marcjuent  une  intéressante  étape  de  l'architecture  marocaine. 

Les  minarets  diffèrent  de  ceux  de  l'époque  mérinide.  Les  propor- 
tions veulent  en  être  plus  grandes,  mais  sont  moins  harmonieuses.  A 
Fès  et  à  Mekiiès,  leurs  faces  se  couvrent  ^de  grands  panneaux  de 
faïence  verte  et  crue.  Sur  la  côte  atlantique,  ils  sont  en  pierre  grise 
et  froide.  Plus  monumentaux  encore  à  Marrakech,  ils  conservent 
le  vieux  décoi-  d  eutrelacs  curviligne  de  Iniques,  mais  abâtardi. 

La  façade  des  médersas  et  des  sanctuaires  se  garnit  de  revête- 
ments de  faïence  multicolore  aux  tons  vifs  et  à  la  polygonie  frag- 
mentée à  l  exccs,  de  boiseries  et  d'auvents  peints  de  couleurs  vio- 
lentes. Le  décor  floral  subit  une  forte  influence  persane.  Les  maisons 
sont  conçues  dans  le  même  esprit.  Les  fondouks  ont  cependant  plus 
de  tenue. 

Avec  Moulay  El  Ilassane  et  Moulay  Abd  El  x\ziz(fin  du  xix"  et  début 
du  xx"  s.),  le  goût  des  couleurs  vives  s'accentue  encore.  Les  motifs 
décoratifs  s'entassent  sur  la  façade  intérieure  des  monuments  et  des 
maisons  particulières  qui  sont  prétentieuses.  La  construction  pèche 
dans  sou  essence  même.  Le  pisé  n'est  plus  guère  que  de^  la  simple 
terre  battue.  Le  plâtre,  de  mauvaise  qualité,  se  laisse  rapidement 
ronger  par  les  intempéries.  Les  belles  sculptures  florales  sur  bois, 
(jui  donnèrent  tant  de  charme  aux  monuments  mérinides,  sont  sub- 
mergées par  le  décor  géométi'ique  rigide,  monotone  et  froid,  ou  font 
place  à  la  peiiitine  aux  tons  ci'iards.  La  décadence  est  profonde  et 
les  œuvr(!s  en  général  peu  durable.-:.  Le  temps  aura  vite  fait  de  les 
auéantii'. 

Au  moment  de  notre  arrivée  au  Maroc,  nous  trouvons  donc  l'archi- 
tecture marocaine  au  bout  d'une  course  de  douze  siècles  en  complet 
état  d'avilissement.  Chose  pire,  nous  découvrons  les  anciens  trésors 
d'art  branlants  et  vétustés,  recouverts  d'immondices,  rongés  par  les 
intempéries,  se  dégradant  de  plus  en  plus,  sous  l'œil  indift'érent  des 
autochtones,  faute  de  i-e  staurations  sérieuses  et  intelligentes.  Néan- 
moins, les  travaux  d'un  certain  nombre  d'artisans  actuels,  conserva- 
teurs inconscients  des  traditions  ancestrales,  sont  encore  très  dignes 
d'intérêt.  Les  riches  maisons  et  les  palais  des  villes  de  l'intérieur 
sont  ornés  de  pavements  et  de  revêtements  de  mosa'iques  de  faïence 
zcllij,  disposés  suivant  des  figures  géométriques  d'une  complication 


APERÇU  ARTISTIQUE  ET  LITTÉRAIRE. 


21 


extrême.  Les  plâtres  des  sm  faces  murales  sont  creusés  de  décors 
floraux  rehaussés  de  peintures.  Les  frises,  les  corniches  et  les  char- 
pentes de  bois  de  cèdre  sont  recouvertes  de  sculptures  et  de  couleurs. 
Dans  quelques  villes  de  la  côte,  à  Rabat  par  exemple,  des  ijidii>ènes, 
tailleurs  et  sculpteurs  sur  pierre,  sont  capables  d'exécuter  de  remar- 
quables ouvrages  :  arcs  lobés,  dentelés  et  à  stalactites,  colonnes, 
chapiteaux,  etc.,  comme  on  en  voit  dans  les  monuments  anciens. 

Industries  d'art  indigène.  —  Assez  vai-iés,  les  ails  industriels 
citadins  consislent  dans  la  confection,  suivant  les  techniques  con- 
nues en  Europe  avant  rapparilioii  (\c  la  vapeur  et  de  l'électi-icité, 
d'armes,  de  tissus,  de  vètenienls,  de  i)i  ()(!eries  sur  étoffes  et  sur*  cuir, 
de  poteries,  de  bijoux  appropriés  aux  usages  du  pays.  Cliaque  ville  a 
une  ou  plusieurs  spécialités  où  elle  excelle  plus  particuliciement. 
Fès  connaît  les  tissus  de  soie  et  de  laine  les  plus  i-enommés,  et  dont 
la  plupart  s'exécutent  sur  le  métici*  à  la  «  .grande  tiie  »  que  perfec- 
tionna Jacquart,  les  caractéristiques  i)roderies  monochromes  de  soie 
et  d'or  sur  étoffes,  les  bois  sculptés,  toui-nés  et  peints,  la  leliure 
d'art,  la  poterie  émaillée,  curieuse  de  forine,  de  décoi-  et  de  coloris, 
quoique  usuelle.  Meknès  se  distingue  par  ses  broderies  polychromes, 
ses  bijoux  et  ses  bois  peints;  Rabat  par  d'autres  broderies  robustes 
et  des  tapis  à  fleurs  et  à  points  noués;  Salé  par  ses  broderies  plus 
mièvres,  ses  natles  de  jonc  brut  et  teint,  ses  couvei-tures  de  laine 
aux  dessins  géométriques;  Marrakech  par  ses  ai-mes  ciselées  et 
incrustées  d'or,  d'argent  et  d  ivoire,  ses  cuirs  écorchés  et  ses  selles 
somptueusement  décorées;  Sali  par  ses  poteries  à  émail  l)leu  ;  Moga- 
dor  enfin  par  ses  cuivies  et  ses  bijoux  délicatement  ciselés,  ses  petits 
meubles  en  bois  de  thuya  maïqueté  et  sculpté. 

Les  arts  rui-aux,  à  décoration  exclusivement  géométrique,  ont  un 
aspect  tout  différent,  plus  prijuitif  et  sauvage.  Ils  s'appliquent  à  des 
poteries  faites  sans  tour  ni  four,  noji  émaillées,  mais  peintes  en 
rouge  et  noir,  à  des  nattes  d'alfa  brut  ou  teint  (environs  de  Sefrou), 
ou  de  palmier  çordelé  et  de  laines  de  couleurs  (Maroc  septentrional), 
à  des  tapis  à  points  noués  à  très  haute  laine  (Tadia,  Zaïane,  Beni 
Mtir,  Beni  Mguild,  Guigo)  ou  à  poil  ras  (Glaoua),  à  des  tissus  plus 
sobrement  ornés,  parfois  très  intéressants,  toujours  cui  ieux,  utilisés 
comme  manteaux  par  les  femmes  bédouines. 

Par  des  encouragements  divers,  par  une  organisation  spéciale  et 
la  création  de  musées  à  Fès  et  à  Rabat,  les  pouvoirs  publics  s'ef- 
forcent d'assurer  la  conservation  des  arts  indigènes  et  le  i  clèvement 
de  certains  d'entre  eux.  On  trouve  des  spécimens  de  1  industrie  indi- 
gène courante  dans  les  souks  des  villes.  Les  travaux  rénovés  sont 
centralisés  par  l'Office  des  Industries  d'art  indigène  (Rabat  Rési- 
dence) et  par  les  Inspecteurs  des  arts  indigènes  de  Fès  et  de  Rabat. 

Musique.  —  Les  chants  andalous,  gharnàla  (de  Grenade),  sont  con- 
servés dans  les  principales  villes  de  l'enq^ire  chérifien  par  des 
équipes  de  musiciens  et  de  chanteurs.  L'orcliestre  se  compose  de 
l'ancien  rebec  à  deux  cordes,  du  luth  à  4  cordes,  du  violon  et  du 
Inmbourin.  Les  exécutants  chantent  à  l'unisson,  en  même  temps 


28  APERÇU  ARTISTIQUE  ET  LITTÉRAIRE. 


qu  ils  jouent.  Quelquefois,  un  chanteur  de  choix  se  joint  au  groupe 
et,  par  ses  chants  tendres  et  passionnés,  ses  évocations  lihres  ou 
rythmées,  ajoute  à  la  qualité  de  rensemi)le.  Les  orchestres  de  ce 
genre  sont  de  toutes  les  fêtes  privées  que  se  donnent  les  citadins.  Y 
participent  également,  mais  en  groupes  distincts,  les  cliikhdtes  ou 
chanteuses  s'accompagrmnt  du  tambourin,  et  quelquefois,  mais  plus 
rarement,  des  danseuses. 

Chez  les  ruraux,  on  connaît  une  musique  toute  différente,  d'origine 
plus  primitive  et  plus  ancienne.  Tambours,  tambourins,  clarinettes 
Ighaïla)  et  flûtes  y  jouent  un  rôle  variable  selon  les  régions.  Il  existe 
des  chants  berbères,  dits  (iliidous,  plus  ou  moins  improvisés,  oij  sont 
passés  en  revue  les  événements  principaux  de  la  tribu  et  des  tribus 
voisines.  Ce  sont  des  sortes  de  dialogues  chantés.  La  danse  est  plus 
en  honneur  que  dans  les  villes  :  certains  groupements  ont  acquis 
dans  cet  art  une  renommée  spéciale  :  on  vante  fort  les  danseuses  du 
Moyen  Atlas;  les  éphèbes  des  Djebala  et  de  Marrakech  jouissent 
d'une  réputation  marquée  dans  les  milieux  indigènes.  Les  touristes 
auront  l  occasion  de  juger  de  la  musique  rurale  en  assistant  aux 
moussenis  saisonniers  et  aux  fêtes  de  certaines  coi^fréries  religieuses. 

Le  sultan  possède  enfin  un  orchestre  plus  moderne  et  fort  original 
dont  les  instrimients  sont  de  provenance  européenne,  et  les  exécu- 
tants des  indigènes. 

Lettres  et  Sciences.  —  Le  Coran,  livre  sacré,  reste  au  Maroc, 
comme  partout  dans  le  nord  de  l'Afrique,  le  livre  par  excellence,  le 
premier  monument  littéi  aire  de  la  prose  arabe.  C'est  lui  que  les  jeunes 
musulmans  éliidieni  tout  d'abord,  par  cœur  et  sans  commentaires, 
dans  les  écoles  coiani(jues  (msid)  sous  la  direction  de  fqihs,  sortes 
d  institiileui  s  primaires.  Il  est  le  point  de  départ  de  toutes  les  sciences 
(|ui  sont  enseignées  dans  les  grandes  mosquées  par  les  professeurs, 
uléma,  aux  étudiants  ou  lolba.  Dans  les  grandes  villes,  ces  étudiants 
sont  logés  dans  des  mèdersas  ou  collèges. 

L'enseignement  supérieur*  des  mosquées  comporte  les  matières  sui- 
vantes :  grammaire,  liadils  ou  conversations  du  Prophète  dont  l'ensem- 
ble constitue  la  sonna,  théologie,  droit,  j urisprudence.  Histoii'e,  géo- 
graphie, matliémati(iues,  médecine,  astronomie,  astrologie,  reléguées 
au  second  plan,  ne  s'apprennent  que  dans  les  livres.  L'enseignement 
des  langues  étrangères  et  des  sciences  modei-nes  n'existe  pas.  Les 
études  littéraires  sont  donc  principalement  religieuses  et  juridiques. 

Le  3Iai-oc  a  connu  des  auteurs  dignes  d'intérêt.  Quoique  généra- 
lement dépourvus  de  sens  critique,  quelques-uns  de  ses  historiens 
ont  laissé  des  œuvres  remarquables.  La  poésie,  très  emphatique, 
mais  curieusement  imagée,  est  encore  cultivée  de  nos  jours;  elle 
pi'oduit  surtout  des  qaçidas,  ou  morceaux  de  vers  consacrés  à  la 
louange  de  personnages  marquants. 

Depuis  l'organisation  du  Protectorat,  l'administration  française  a 
créé  pour  les  indigènes  musulmans  des  écoles  primaires  franco-arabes 
un  peu  partout,  et,  dans  les  plus  imporlantes  villes  indigènes,  des 
collè(/es  musulmans  où  s'enseignent,  avec  le  français,  des  matières 
d'utilité  plus  moderne. 


APERÇU  ARTISTIQUE  ET  LITTÉRAIRE.  29 


BIBLIOGRAPHIE 


On  a  déjà  beaucoup  écrit  sur  le  Maroc.  Il  ne  saurait  donc  être 
question  de  donner  ici  une  bibliograpliie  môme  sommaire  des 
ouvrages  que  les  touristes  curieux  auraient  intérêt  à  consulter.  On 
signalera  simplement  ceux  dont  la  lecture  préalable  ou  conséquente 
est  capable  d'éclairer  le  voyageur,  de  lui  fournir  des  compléments 
d'informations  que  le  meilleur  des  guides  est  impuissant  à  donnei*. 


Africain  (Jean-Léon  1)  ;  Descrip- 
tion de  i Afrique  au  xvi«  s.  (Paris, 
1896,  3  vol.). 

Aubin  (E.)  :  Le  Maroc  d'aujour- 
dliai  (Paris,  1904,  A.  Colin,  1  vol. 
5  fr.). 

Bekri  (El)  :  Description  de  l Afri- 
que septentrionale,  traduction  de 
Slane  (Alger,  Jourdan,  1911). 

Bel  a.  :  Coup  d'œil  sur  l'Islam 
en  Berbérie  (Paris,  Leroux,  1917); 
—  Les  Industries  de  la  céramique 
à  Fès  (Paris-Alger,  1918,  Carbo- 
nel-Leroux,  1  vol.  20  fr.). 

Bernard  ( Aug.):  Le  Maroc,  excel- 
lente monographie  marocaine 
(Paris,  1918,  Alcan,  1  vol.  5  fr.  5o). 

Les  Confins  marocains  (Paris, 
Larose,  1911). 

Besnard  d'Aynard  :  VOEuvre 
française  au  Maroc  (Paris,  Ha- 
chette, 1912). 

BoissiÈRE  :  Annuaire  économique 
et  financier  (Casablanca,  Mercié 
et  C'%  1917). 

BouROTE  (M.)  :  Pour  coloniser  au 
A/aroc  (Paris,  Hachette,  1  vol.  2  fr.). 

Botte  (L.).  :  Au  cœur  du  Maroc 
(Paris,  Hachette,  1918,  4  fr.). 

Bureau  topographique  du  Ma- 
roc :  Carnets  des  itinéraires  princi- 
paux du  Maroc  (Casablanca,  1917, 
4  vol.  à  3  fr.  chacun). 

Cagnat  (R.)  :  L'armée  romaine 
d'Afrique  (Paris,  1918,  Leroux, 
2  vol.). 

Castonnet  :  Les  Portugais  au 
Maroc. 

Castries  (de)  :  Sources  inédites 
de  i/iistoire  du  Maroc  (ai:ch.  des 
bibl.  de  France  et  des  Pays-Bas) 
4  vol.  à  25  fr.  l'un. 

Chevrillon  :  Crépuscule  d'Islam 
(Paris, 1913,  Hachette,  1  vol. 3 fr.5o). 


DouTTÉ  (E.).  Très  importants  ou- 
vrages de  sociologie  musulmane. 
En  tribu  ;  —  Marrakech  ;  —  Magie 
et  Religion  dans  l'Afrique  du  Nord 
(Alger,  1908,  .lourdan,  11  fr.). 

Drouin  (A.)  :  Du  Sang  sur  la 
Mosquée,  poésies  (Paris,  1914,  Char- 
pentier, 1  vol.  3  fr.  5o). 

FoucAULD  (Ch.  de)  :  Reconnais- 
sance au  Maroc  (Paris,  1888,  1  vol. 
in  4^  60  fr.). 

GsELL  (St.)  :  Histoire  de  l'Afrique 
du  Nord  dans  l'Antiquité  (Paris, 
Hachette,  1914,  3  vol.  parus). 

Gaudefroy  Demombynes  et  Mer- 
cier :  Manuel  d'Arabe  marocain 
(Paris,  Guilmoto,  1  vol.  6  fr.  5o). 

Gentil  (L.)  :  Le  Maroc  physique 
(Paris,  1912,  Alcan,  1  vol.  3  Ir.  5o). 

Gaillard  (H.)  :  Une  ville  de  /'i.s-- 
lam  :  Fès.  Esquisse  historique  et 
sociale  (Paris,  1905,  André,  1  vol. 
3  fr.  5o). 

GuiFFREY  (J.)  :  Le  voyage  de  Eug. 
Delacroix  au  Maroc,  106  p.  d'aqua- 
relles, dessins,  croquis- -et  notes 
du  maître  (Paris,  1909,  1  vol. 
100  fr.). 

Huart  :  Histoire  des  Ai-abes, 
2  vol.  (Paris,  Geuthner,  1918). 

Larguer  (E.)  :  Les  codes  maro- 
cains (Paris,  Rivière,  10  fr.). 

Leclerc  (R.)  :  Le  Maroc  septen- 
trional, souvenirs  et  impressions 
(Paris,  1905). 

Loti  (P.)  :  Au  Maroc  (Paris,  Cal- 
mann-Lévy,  1  vol.  3  fr.  5o). 

Marçais  (W.)  :  Textes  arabes  de 
Tanger,  avec  traduction  française 
(12  fl-.). 

Massignon  :  Le  Maroc  dans  les 
premières  années  du  XVl^  siècle.  Ta- 
bleau géographique  d'après  Léon 
l'Africain  f  Paris,  1906, 1  V0I.7  fr.5o). 


30 


APERÇU  ARTISTIQUE  ET  LITTÉRAIRE. 


Mercikr  :  Histoire  de  V Afrique 
septentrionale  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  i83o,  avec 
cartes,  25  fr. 

Michelin  :  Guide  Michelin,  Maroc 
(Paris,  1918,  2  fr.). 

MouLiÉRAS  :  Le  Maroc  inconnu, 
exploration  du  Rif  et  du  Djebala 
(Oran,  2  vol.  82  fr.). 

PiouET  (V.)  :  Les  civilisations  de 
i Afrique  du  Nord  (Paris,  1909, 
Colin,  1  vol.  5  fi-.)  ;  —  Le  Maroc 
(Paris,  1917,  Colin,  1  vol.  6  fr.). 

QuEDENFELT  :  Division  et  réparti- 
tion de  la  ponalalion  berbère  au 
Maroc,  trad.  (le  l'allemand  par  le 
colonel  Simon  (2  fr.  5o). 

Ricard  (P.)  :  Les  Arts  et  indus- 
tries indigènes  du  Nord  de  l'Afrique, 
L  Arts  ruraux  (Fès,  1918):  —  Bro- 
deries marocaines  (Alger,  1919, 
.lourdan,  1  vol.  in-4^);  —  dynas- 
ties marocaines,  en  tableaux  (Casa- 
blanca, 1919). 

Segonzac  (M'"  de)  :  Voyage  au 
Maroc  en  1899-1901-1903.  (Paris, 
Colin;  1  vol.  et  l'Atlas,  20  fr.). 

Slouschz  :  Etude  sur  Vliisloire 
des  Juifs  au  Maroc  (Paris,  1905, 
1  vol.  7  fr.  50). 

TissoT  (Ch.)  :  Géographie  com- 
parée de  la  province  romaine  (Paris, 
Inip.  nationale,  1884-1888,  2  vol.). 

Weisgerbek  (D"";  :  Trois  mois  de 
campagne  au  Maroc {Vnrïs,  Leroux, 
1904,  1  vol.) 

Zeys  (M.)  :  Une  française  au 
Maroc  (Paris,  Hachette,  1912, 1  vol. 

4  tv.). 


11  se  publie  en  outre  une  série 
de  périodiques  à  portée  historique, 
géographique,  sociologique,  admi- 
nistrative, économique,  artistique 
et  littéraire  dont  les  plus  impor- 
tants sont  : 

Les  Archives  marocaines,  impor- 
tante publication  de  la  Mission 
scientifique  au  Maroc,  qui  com- 
prend 23  vol.  valant  12  fr.  l'un. 

Les  Archives  berbères,  publica- 
tion périodique  de  l'Ecole  supé- 
rieure de  Langue  arabe  et  de 
Dialectes  berbères  de  Rabat. 

UAfrique  française,  organe  du 
Comité  du  Maroc,  mensuel,  Paris, 
20  fr.  par  an. 

Le  Bulletin  officiel  du  Protectorat^ 
édition  française  et  arabe  hebdo- 
madaire, Rabat,  18  fr.  par  an. 

Le  Bulletin  économique  du  Pro- 
tectorat, bi-mensuel,  Rabat,  6  fr. 
par  an. 

France-Maroc,  revue  mensuelle 
illustrée,  Paris,  r.  Chauveau- 
Lagarde,  4;  22  fr.  par  an  ;  2  fr.  le 
numéro. 

La  Bévue  Marocaine,  revue  éco- 
nomique hel)domadaire,  Paris,  r. 
Auguste-Naquet,  6;  21  fr.  par  an. 

Le  Maroc  littéraire. 


Nous  signalons  enfin,  dans  le 
cours  du  Guide,  à  la  suite  des 
notices  historiques  relatives  aux 
villes  marocaines,  les  ouvrages 
qui  traitent  plus  spécialement  des 
cités  ou  des  régions  décrites. 


N.-B.  —  Les  prix  indiqués  ci-dessus  sont  donnés  sans  tenir 
compte  de  la  majoration  temporaire  adoptée  par  le  Syndicat 
des  Éditeurs. 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRAUX 


I.  —  DU  VOYAGE  AU  MAROC 


Un  voyage  au  Maroc  nécessitait,  il  y  a  peu  d'années  encore, 
de  longs  préparatifs,  un  entourage  de  domestiques,  de  guides, 
des  montures,  tout  un  matériel  de  campement,  il  demandait 
beaucoup  de  temps  et  occasionnait  par  là  même  de  fortes 
dépenses.  C'était  alors  un  luxe  que  seules  pouvaient  s'offrir  les 
personnes  très  riches  ou  chargées  de  missions  officielles.  Malgré 
les  soins  les  plus  attentifs,  le  confort,  en  voyage  ou  en  station, 
faisait  défaut  et  les  voyageurs  les  plus  expérimentés  s'expo- 
saient en  outre  à  des  aventures  parfois  fort  désagréables.  Cette 
situation  a  changé.  Aujourd'hui,  on  peut  circuler  non  seule- 
ment dans  les  villes  de  la  côte  atlantique  et  méditerranéenne, 
mais  encore  très  loin  à  l'intérieur  de  la  vaste  zone  française 
du  Maroc,  dans  une  absolue  sécurité. 

On  peut  même  traverser  le  pays  d'E.  en  0.  et  pénétrer  assez 
avant  dans  le  S.  avec  les  moyens  de  transport  les  plus 
modernes  :  chemins  de  fer  ou  automobiles. 

Par  son  aspect  africain  nettement  caractérisé,  par  ses  paysages 
parfois  rudes  et  sauvages,  par  la  variété  de  ses  climats,  le 
Maroc  est,  au  point  de  vue  simplement  touristique,  une  source 
d'impressions  neuves  très  différentes  de  celles  qu'on  rapporte 
dû  reste  de  l'Afrique  du  Nord.  La  vie  indigène  y  est  toute  spé- 
ciale. Le  grand  nomadisme  du  sud,  la  transhumance  moins 
étendue  du  N.  de  l'Atlas,  la  vie  sédentaire  rurale  et  surtout 
citadine,  les  mœurs  curieuses  et  très  vieilles  de  peuples  qui  ont 
vécu  jusqu'à  ce  jour  à  l'écart  de  la  civilisation  européenne  sont 
autant  de  sujets  d'observations  dont  quelques-uns  peuvent  être 
abordés  déjà  dans  toute  leur  ampleur.  Le  champ  est  dès  lors 
largement  ouvert  à  tous  ceux  que  ces  questions  intéressent. 
L'art  lui-même  est  magnifiquement  représenté.  Moins  qu'en 
Algérie-Tunisie,  on  rencontre  des  témoins  de  l'activité  antique, 
bien  que  d'importants  vestiges  soient  déjà  mis  au  jour.  Par 
contre,  l'art  musulman  de  toutes  les  époques  a  fleuri.  Ses 
monuments  font  partie  de  la  fameuse  école  maghrébine  dont 
les  manifestations  subsistent  en  Espagne;  n'ayant  jamais  été 
l'objet  de  restauration  sérieuse,  n'ayant  jamais  été  touchés  par 
des  mains  étrangères  ou  profanes,  ils  ont  conservé  un  attrait 
tout  spécial.  Archéologues,  architectes,  amateurs  d'art  et 
d'orientalisme  y  sentiront  mieux  qu'en  Espagne  et  Algérie-Tunisie 


32 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRAUX. 


la  pensée  artistique  des  Maures.  Les  arts  primitifs  des  ruraux, 
beaucoup  plus  anciens  encore  que  ceux-là,  sont  une  autre 
branche  du  plus  haut  intérêt.  A  l'heure  actuelle,  une  admi- 
nistration nouvelle,  prévoyante  et  sage,  consolide  les  restes  du 
passé  et  fait  l'inventaire  de  tout  ce  qui  mérite  de  passer  à  la 
postérité. 

Les  colons,  agriculteurs,  industriels,  commerçants  sont  enfin 
assurés  de  trouver  au  Maroc  un  terrain  nouveau  et  propice  à 
l'utilisation  de  l'activité  la  plus  débordante  et  des  initiatives 
les  plus  hardies  :  des  entreprises  variées  ont  déjà  obtenu  les 
plus  encourageants  résultats. 

Du  choix  d'un  itinéraire.  —  Un  voyage  au  Maroc  peut 
faire  partie  du  grand  circuit  nord-africain  qui  permet  de  par- 
courir d'Est  en  Ouest,  ou  réciproquement,  toutes  les  possessions 
françaises  de  la  Berbérie.  Ainsi  peuvent  être  visitées  les  grandes 
villes  de  Tunis,  Gonstantine,  Alger,  Oran,  Fès,  Rabat,  Casa- 
blanca, servant  elles-mêmes  de  points  de  départ  à  de  nouvelles 
grandes  excursions.  Les  voyageurs  craignant  la  mer  et  ne 
regardant  pas  à  la  dépense  pourront  réduire  le  temps  des  tra- 
versées à  un  minimum  de  quelques  heures  seulement,  en  pas- 
sant, d'un  côté,  par  l'Italie  et  la  Sicile,  de  l'autre  en  franchis- 
sant le  détroit  de  Gibraltar.  Ge  grand  circuit,  pour  être  effectué 
d'une  façon  à  peu  près  complète  et  sans  fatigues  excessives, 
demande  toute  une  saison,  c'est-à-dire  de  deux  à  trois  mois.  Il 
ne  saurait  être  recommandé  aux  touristes  disposant  d'un  laps 
de  temps  trop  limité;  d'ailleurs,  le  Maroc  suffit  à  lui  seul  à 
un  très  beau  voyage  de  plus  courte  durée  et,  eu  égard  à  l'état 
actuel  des  routes  et  des  pistes,  on  peut  déjà  conseiller  aux  pro- 
priétaires d'automobiles  de  voyager  sur  leurs  voitures. 

La  tournée  du  Maroc  occidental,  la  plus  intéressante,  comporte  : 
Casablanca  et  les  excursions  qui  s'y  rattachent  :  au  S.,  Marrçi- 
kech;  au  S.-O.,  la  côte  atlantique  avec  Azemmour,  Mazagan, 
Safi,  Mogador  et  le  Sous;  au  N.  et  N.-E.,  Rabat-Salé  d'où  l'on  se 
rendra,  par  les  Beni  Hasscne  ou  par  les  Zemmour,  à  Meknès, 
Volubilis,  Moulay  Idrisdu  Zerhoun  et  Fès.  Par  beau  temps,  cette 
tournée  peut  s'effectuer  en  quinze  jours. 

La  tournée  du  Maroc  oriental  comporte  la  visite  d'Oudjda  et 
des  confins  algéro-marocains,  puis  Taourirt  et  Taza.  Elle  ne 
demande  que  six  à  sept  jours  et  peut  compléter  avantageu- 
sement la  tournée  occidentale  de  l'Algérie,  surtout  si  l'on 
ajoute  à  l'itinéraire  les  oasis  sahariennes  du  Figuig,  de  Golomb 
Béchar  qui  demandent  huit  nouveaux  jours.  On  peut  aussi 
combiner  la  tournée  du  Maroc  occidental  avec  celle  du  Maroc 
oriental,  qui  permet  au  touriste  de  traverser  tout  le  pays  sans 
que  la  durée  du  voyage  en  soit  sensiblement  augmentée. 

La  tournée  du  Nord  est,  après  Tanger  qu'on  peut  voir  au  cours 
d'une  escale  en  effectuant  la  tournée  du  Maroc  occidental, 
celle  de  la  zone  espagnole.  Avec  Geuta,  Tétouan,  Meliila, 
Larache,  et  leur  arrière-pays,  elle  montre  le  Maroc  sous  un 


DU  VOYAGE  AU  MAROC, 


33 


nouvel  aspect.  La  pacification  n'est  pas  telle  qu'on  puisse 
songer  à  faire  des  excursions  en  toute  sécurité  dans  les  mas- 
sifs très  montagneux  et  très  peuplés  des  Djebala  et  du  Pxif.  De 
ce  coté,  il  faut  se  borner  à  voir  quelques  points  du  rivage  et 
par  le  moyen  de  bateaux  assez  espacés  et  peu  confortables. 

La  tournée  du  Sud  saharien  peut  actuellement  comprendre  les 
régions  du  Figuig,  du  Haut  Guir.  du  Ziz  et  du  Tafilalet.  Les 
voyages  dans  le  Dra  ne  pourront  être  entrepris  que  plus  tard. 

Aux  itinéraires  que  nous  recommandons  ici,  les  touristes 
adjoindront  les  compléments  que  leur  inspireront  leurs  préfé- 
rences. Pour  fixer  celles-ci,  rien  ne  vaudra  la  lecture  attentive 
du  Guide  complétée,  le  cas  échéant,  par  celle  de  quelques 
ouvrages  bien  choisis  sur  la  région.  Aux  amateurs  d'orienta- 
lisme et  de  vie  indigène  intense,  nous  recommandons  les  grandes 
capitales  :  Rabat-Salé,  Fès,  Meknès,  Marrakech. 

Ceux  qui  préfèrent  le  spectacle  de  la  vie  plus  moderne  le 
trouveront  dans  les  villes  de  la  cùte,  dans  les  ports  ouverts  au 
commerce,  tels  Casablanca,  Rabat,  Tanger,  qui,  bien  qu'envahis 
déjà  par  l'élément  européen,  ont  chacun  leur  caractère  et  leur 
fonction  propres  dans  l'organisme  marocain. 

Les  sites  forestiers  réservent  aux  voyageurs  des  impressions 
variées,  mais  beaucoup  sont  encore  en  zone  militaire.  Si  l'on 
peut  parcourir  aisément  la  foret  d'arganiers  des  environs  de 
Mogador,  les  forets  de  chêne-liège  des  Zaër  et  de  Mamora,  il 
est  plus  difficile  d'atteindre  les  magnifiques  boisements  de 
cèdres  du  Moyen  et  du  Grand  Atlas;  la  voie  s'ouvre  pourtant  à 
de  belles  excursions,  au  S.  de  Meknès  et  de  Fès,  dans  de  superbes 
forêts  de  cèdres  et  de  chênes  situées  dans  des  sites  alpestres 
grandioses  et  sauvages. 

L'archéologie  antique  n'est  guère  représentée  qu'à  Tanger 
et  surtout  Volubilis  où  les  fouilles  sont  activement  poussées; 
quelques  vestiges  de  la  civilisation  romaine  sont  signalés  sur 
d'autres  points  encore,  mais  n'ont  pas  fait  l'objet  de  recherches 
suffisantes.  Pour  l'archéologie  musulmane  du  moyen  âge,  Rabat, 
Fès  et  Marrakech  feront  connaître  l'essentiel.  Le  premier 
fonds  des  musées  de  Fès  et  de  Rabat  commence  à  donner  des 
précisions  sur  les  arts  industriels  anciens  et  contemporains. 

La  Société  de  Géographie  du  Maroc  (siégea  Casablanca)  a  commencé 
à  organiser  et  à  faciliter  des  excursions  à  l'intérieur  du  pays.  L" Automo- 
bile-Club du  Maroc  (Casablanca)  est  aussi  à  même  de  fournir  d'utiles 
indications  pour  la  préparation  d'excursions  individuelles  et  collectives. 
L'Office  de  Tourisme  (Résidence  générale.  Rabat)  et  l'Office  chéri fien 
du  Protectorat  (rue  des  Pyramides,  21.  Paris)  fournissent  tous  rensei- 
gnements se  rapportant  au  tourisme  marocain.  Il  est  à  noter  enfin  que 
les  Offices  et  Bureaux  économiques  des  grandes  villes  marocaines,  ainsi 
que  les  Services  municipaux  des  centres  moins  importants  sont  chargés 
d'étudier,  dans  leurs  régions  propres,  les  questions  touristiques. 

De  l'époque  du  voyage  et  de  l'hygiène  à  suivre.  —  Zones 
cotières  méditerranéenne  et -atlantique  mises  à  part,  l'été  est 
très  chaud  dans  l'intérieur  du   pays  actuellement  soumis, 


MAROC. 


34 


RENSEIGh^EMENTS  GÉNÉRAUX. 


surtout  lorsque  souffle  le  chergui,  vent  chaud  d'E.  analogue  au 
siroco.  Il  est  probable  que  dans  les  massifs  montagneux  du 
Rif  et  de  l'Atlas  se  trouvent  d'intéressants  points  d'estivage, 
mais  on  ne  peut  songer  à  en  jouir  maintenant.  D'une  manière 
générale,  il  sera  donc  préférable  de  s'abstenir  de  voyager  au 
Maroc  de  juillet  à  septembre.  D'autre  part,  la  saison  d'hiver 
se  fait  surtout  sentir  pendant  les  mois  de  février  et  de  mars, 
très  pluvieux.  En  conséquence,  c'est  l'automne  et  le  printemps 
qui  s'indiquent  comme  devant  être  les  saisons  préférées  pour 
les  voyages.  Des  contretemps  sont  possibles  à  ces  deux  époques 
de  l'année,  mais  rarement  très  fâcheux.  La  température  étant 
très  variable  on  se  munira,  quelle  que  soit  la  saison,  de  vête- 
ments chauds  et  de  couvertures  pour  la  nuit.  L'usage  de  la 
ceinture  de  ilanelle  est  très  recommandé.  Le  large  chapeau  de 
liège  à  bords  plats  est  également  à  préconiser,  il  est  préférable 
au  casque  colonial  qui  protège  imparfaitement  le  visage.  On 
se  munira  aussi  d'un  chèche  ou  écharpe  légère  de  cotonnade 
qu'on  pourra  se  procurer  sur  place,  et  d'un  parasol  préservant 
de  la  pluie  comme  du  soleil.  Les  lunettes  à  verres  fumés  ou 
mieux  jaunis  évitent  aux  yeux  la  fatigue  causée  par  une 
lumière  trop  intense,  la  réverbération  et  le  vent  chargé  de 
poussière.  Une  moustiquaire  est  utile. 

L'hygiène  de  l'alimjButation  n'appelle  pas  d'observation  par- 
ticulière. L'eau  de  boisson  occasionne  parfois  des  coliques  qui 
disparaissent  le  plus  souvent  après  absorption  d'une  cuillerée 
d'élixir  parégorique  dans  un  peu  d'eau.  En  cas  de  persistance, 
de  dérangements  intestinaux,  les  boissons  chaudes,  même  aux 
repas,  sont  conseillées. 

Pour  des  tournées  en  pays  écarté  des  villes,  il  sera  bon 
d'avoir  une  trousse  garnie  de  dragées  de  quinine  à  prendre  à 
titre  préventif  et  curatif  contre  la  lièvre,  de  la  teinture  d'iode  ou 
de  l'alcali  pour  les  pi({ùres  des  insectes;  on  y  pourra  joindre 
des  insecticides  qui  permettront  d'accepter  avec  moins  d'appré- 
hension l'hospitalité  indigène,  le  cas  échéant.  Pour  des  séjours 
très  prolongés,  les  médecins  préconisent  la  vaccination  contre 
la  fièvre  typhoïde. 

Budget  de  voyage  et  pourboires.  —  Les  dépenses  occa- 
sionnées par  un  voyage  au  Maroc  ne  sauraient  être  fixées  que 
très  approximativement.  Abstraction  faite  du  prix  de  transport 
jusqu'au  port  d'arrivée,  on  peut  estimer  la  dépense  journalière 
d'un  touriste  moyen  de  40  à  60  fr.  tout  compris.  Cette  dépense 
s'élèvera  dans  des  proportions  assez  importantes  si  l'on  fait 
seul  de  grandes  courses  en  automobiles  particulières. 

Le  pourboire,  qui  est  connu  au  Maroc  depuis  longtemps, 
porte  le  nom  de  fahor.  Il  est  souvent  demandé  par  les  indi- 
gènes en  sus  des  prix  convenus.  Cette  pratique,  toutefois,  tend 
à  disparaître  et  il  n'y  a  pas  lieu  d'en  faire  revivre  l'usage.  Les 
Marocains  se  considèrent  comme*  largement  rémunérés  quand 
les  gratifications  qu'on  leur  octroie  sont  égales  à  celles  de  France. 


DU  VOYAGE  AU  MAROC. 


35 


Les  mendiants,  assez  nombreux,  se  contentent  d'aumônes  légères 
de  quelques  centimes  dont  on  fera  bien  de  se  munir.  A  l'inté- 
rieur et  aux  abords  du  «  horm  »  de  Moulay  Idris,  à  Fès,  des 
mendiants  offrent  quelquefois  aux  voyageurs,  avec  la  bénédic- 
tion du  saint,  quelques  dattes,  une  gorgée  de  lait  ou  d'eau  dans 
un  bol;  on  les  écartera  facilement  en  leur  glissant  dans  la 
main  une  pièce  de  10  ou  de  25  c.  Aux  gardiens  des  édifices 
religieux,  il  est  préférable  de  n'offrir  que  des  pièces  blanches, 
si  minimes  soient-elles. 

Agences  de  voyage.  —  VOffice  de  tourisme  des  Guides  Bleus 
bd  Saint-Germain,  79,  Paris,  donne  gratuitement  aux  touristes 
tous  les  renseignements  de  voyage  et  délivre  tous  les  billets  de 
chemin  de  fer  et  des  G*^'  de  Navigation.  Plusieurs  agences  orga- 
nisent en  outre  des  voyages  et  des  excursions  en  groupes,  accom- 
pagnés par  des  guides.  Les  principales  agences  de  Paris  sont  : 
Agence  Lubin,  bd  Hau  ssm ann ,  36  ;  Agence  ]\ationale  de  Voyages,  bd  des 
Gapucines,  12  ;  Voyages  modernes,  av.  de  l'Opéra,  4;  Voyages  univer- 
selSy  bd  Poissonnière,  25  et  r.  Auber,  10;  Voyages  Ducliemin,  r.  de 
Grammont,  20;  Voyages  pratiques,  r.  do  Rome,  5;  Grands  voyages 
(Lebourgeois  et  G*^),  bd  des  Italiens,  38;  Cook,  pl.  de  l'Opéra,' 1. 

Ges  agences  établissent  des  billets  circulaires  à  itinéraires 
fixes  ou  facultatifs,  individuels,  collectifs  ou  de  famille,  aux 
mêmes  conditions  que  les  G'*'  de  chemins  de  fer  {V,  ci-dessous, 
Moyens  de  transport,  p.  41);  moyennant  des  prix  à  forfait  cal- 
culés sur  demande,  elles  assurent  enfin  le  transport  des  groupes 
en  V  ou  2"  classe,  la  nourriture,  le  logement,  les  omnibus, 
automobiles,  voitures,  le  service  des  guides,  les  entrées,  les 
pourboires,  etc. 

Passeport  et  douane.  —  Le  passeport  est  obligatoire  au 
Maroc. 

A  leur  entrée  dans  les  huit  ports  de  l'Atlantique  ouverts  au 
commerce,  Knitra,  Rabat-Salé,  Fédala,  Gasablanca,  Mazagan, 
Safl,  Mogador,  la  douane  marocaine  frappe  la  presque  totalité 
des  articles  d'un  droit  d'importation  de  12,50  0/0  ad  valorem. 
Par  la  frontière  algéro-marocaine,  les  droits,  variables  avec 
les  produits,  correspondent  en  général  à  5  0/0  de  leur  valeur. 
Melilla  est  port  franc  à  l'importation. 

11  existe  en  outre  des  droits  d'exportation  perçus  dans  les 
ports  marocains  et  à  la  frontière  algéro-marocaine  ;  ils  sont  de 
5  0/0  ad  valorem  pour  la  plupart  des  produits  et  en  particu- 
lier pour  les  tapis  et  les  objets  en  cuivre  embouti  et  ciselé. 
A  leur  entrée  en  Algérie,  les  produits  marocains  ne  paient 
que  des  droits  statistiques  insignifiants;  à  leur  arrivée  en 
France,  ils  sont  atteints  par  le  tarif  minimum. 

Au  retour,  en  France,  les  voyageurs  sont  tenus  de  présenter 
leurs  bagages  à  la  douane  française.  Ils  doivent,  sous  peine 
de  confiscation,  faire  la  déclaration  de  tous  les  objets  —  autres 
que  vêtements  et  linge  de  corps  usagés  —  qui  y  sont  con- 
tenus, notamment  des  tabacs,  cigares  et  cigarettes,  denrées 


36 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRAUX. 


de  consominaLion,  linge  neuf,  essences  de  parfumerie.  Par 
mesure  de  tolérance/ les  menues  quantités  de  produits  consti- 
tuant des  restants  de  provisions  de  route  que  les  voyageurs 
portent  dans  leurs  bagages  à  main  sont  admises  en  franchise  à 
condition  d'avoir  été  exactement  déclarées.  En  ce  qui  concerne 
les  tabacs,  cigares  et  cigarettes,  la  tolérance  ne  peut  s'étendre 
qu'à  10  cigares,  ou  20  cigarettes,  ou  40  gr.  de  tabac  sans  cumul; 
les  femmes  et  les  enfants  ne  peuvent  bénéficier  de  cette  tolé- 
rance. 

Crédit  :  banques,  mandats-poste  et  monnaie.  —  De 

nombreuses  banques  permettent  l'usage  des  lettres  de  crédit. 
Voici  la  liste  de  celles  qui  sont  les  mieux  représentées  au 
Maroc  :  Banque  d'Etat  du  Maroc,  créée  par  l'acte  d'Algésiras 
(Casablanca,  El  Ksar  El  Kebir,  Larache,  Marrakech,  Mazagan, 
Mogador,  Oudjda,  Rabat,  Safi,  Tanger,  Tétouan);  Banque  algéro- 
tunisienne  (Casablanca,  Fès,  Meknès,  Oudjda,  Safi,  Tanger); 
Banque  commerciale  du  Maroc  (Casablanca,  Tanger);  Banque  lyon- 
naise (Casablanca,  Rabat)  ;  Compagnie  algérienne  (Casablanca, 
Oudjda,  Rabat,  Safi,  Tanger);  Crédit  agricole,  commercial  et 
industriel  algérien  (Oudjda);  Crédit  foncier  d'Algérie  et  de  Tunisie 
(Casablanca,  Fès,  Marrakech,  Mazagan,  Mogador,  Oudjda, 
Rabat,  Safi,  Tanger);  Crédit  marocain  (Casablanca,  Marrakech, 
Rabat,  Tanger)  ;  Société  générale  (Casablanca,  Tanger).  A  cette 
liste,  il  convient  d'ajouter  la  banque  anglaise  Bank  of  british 
West  Africa  et  la  Banque  d'Espagne,  représentées  à  Tanger  et 
dans  quelques  autres  villes  du  Maroc. 

Le  service  des  envois  d'argent  à  l'intérieur  par  la  poste  est 
fait  moyennant  un  droit  de  10  c.  jusqu'à  5  fr.  ;  de  15  c.  pour 
10  fr.  ;  20  c.  pour  15  fr.  ;  25  c.  pour  20  fr.  ;  de  35  c.  pour  20  à 
50  fr.;  de  60  c.  pour  50  à  100  fr.  ;  de  85  c.  pour  100  à  300  fr.  ; 
de  1  fr.  10  pour  300  à  500  fr.  ;  de  1  fr.  45  pour  500  à  1,000  fr. 
Le  montant  des  mandats  est  illimité.  Il  peut  être  échangé, 
entre  les  bureaux  du  Maroc,  des  mandats  payables  en  argent 
français  et  en  pesetas  hassani.  Tous  les  bureaux  télégraphiques 
du  Maroc  sont  à  présent  ouverts  aux  mandats  télégraphiques. 

Monnaies.  —  En  principe,  toutes  les  monnaies  de  billon  sont 
admises  au  iVlaroc. 

Au  Maroc  oriental,  la  monnaie  française  est  presque  uni- 
quement en  cours.  Au  Maroc  occidental,  les  monnaies  françaises 
et  marocaines  sont  les  plus  courantes.  En  zone  espagnole,  ce 
sont  les  monnaies  espagnoles  et  marocaines.  A  Tanger,  en  plus 
des  précédentes,  on  échange  la  monnaie  anglaise.  A  Tanger 
et  dans  toute  la  zone  française,  circulent  les  billets  de  la  Ranque 
de  France  et  ceux  de  la  Ranque  de  l'Algérie  en  coupures  de  5, 
10,  20,  50,  100,  500  et  1,000  fr.  Ces  derniers  circulent  au  pair  au 
Maroc.  Avant  le  retour  en  France,  la  Ranque  d'Etat  les  négocie 
sans  frais,  sur  simple  présentation  du  billet  de  passage. 

Le  Maroc  a  une  monnaie  spéciale,  dite  hassani  (du  nom  de 
Moulay  El  Hassane).  L'unité  fictive  en  est  la  peseta.  Il  n'y  a  pâîâ 


DU  VOYAGE  AU  MAROC. 


37 


de  monnaies  d'or  en  circulation.  Les  pièces  d'argent  sont  le 
rial  ou  douro  de  5  pesetas  hassani,  le  noss  rial  ou  noss  douro  de 
2  p.  h.  50,  le  roubo  de  1  p.  h.  25,  le  hassani  de  0  p.  h.  50,  le 
beliouii  ou  giierch  de  0  p.  h.  25.  Les  Marocains  comptent  prin- 
cipalement par  riais  ou  douros  et  par  beliouns.  Ils  disent  par 
exemple  :  5  riais  et  14  beliouns  pour  désigner  une  somme  de 
28  pesetas  hassani  50  (le  rial  vaut  20  beliouns). 

Il  existe  des  pièces  de  bronze  de  0  p.  h.  10  et  de  0  p.  h.  05  cor- 
respondant à  nos  pièces  de  10  et  de  5  c,  puis  d'autres  de  1  c. 
environ  dites  fels  flous),  dont  le  multiple,  ouqia  (pl.  aouâq) 
ou  dirhem  (pl.  drâhem),  valant  3  flous,  est  compris  7  fois  dans 
un  guerch  ou  25  c.  h.  Cette  monnaie  est  lourde  et  encombrante  : 
il  n'est  pas  utile  d'en  échanger,  si  ce  n'est  pour  faire  de 
menues  aumônes.  —  La  Banque  d'Etat  du  Maroc  émet  enfin 
des  billets  de  20  riais  ôu  100  p.  h.  et  de  4  riais  ou  20  p.  h.  qui 
ne  sont  guère  échangés  que  dans  les  villes  marocaines. 

Depuis  1917,  la  monnaie  hassani  est  au  pair  :  le  rial  ou 
douro  de  5  p.  h.  vaut  5  fr.  ;  le  noss  rial,  2  fr.  50;  le  roubo, 
i  fr.  25;  le  hassani,  0  fr.  50  ;  le  belioun  ou  guerch,  0  fr.  25.  Les 
indigènes  citadins  sont  habitués  aujourd'hui  aux  paiements  en 
monnaie  française.  A  l'intérieur,  on  aura  cependant  avantage  à 
se  procurer  quelque  peu  de  monnaie  hassani  pour  les  pourboires. 

Visite  des  villes  et  des  monuments.  Villes.  —  L'expé- 
rience acquise  en  Algérie-Tunisie  a  fait  adopter  par  le  général 
Lyautey,  premier  Résident  général  de  France  au  Maroc,  un 
principe  excellent  en  vue  de  la  conservation  des  anciennes 
villes  marocaines  de  la  zone  française.  Les  villes  nouvelles  se 
construisent,  autant  que  faire  se  peut,  à  quelque  distance  des 
anciennes.  Cette  méthode  s'est  appliquée  aussi  à  la  conserva- 
tion des  édifices  anciens  de  tous  ordres  dont  les  plus  remar- 
quables ont  été  classés  comme  monuments  historiques  et  sont 
l'objet  de  soins  tout  particuliers.  Partout,  le  service  des  Beaux- 
Arts  du  Protectorat  restaure,  ou  plutôt  consolide,  avec  la  volonté 
ferme  de  perpétuer  les  souvenirs  du  passé. 

Dans  la  visite  des  cités  marocaines,  on  aura  donc  à  voir, 
d'une  façon  générale  :  la  medina  ou  cité  musulmane  avec  son 
mellah  ou  quartier  juif  (ghetto)  et  les  monuments  enfermés  dans 
une  ou  plusieurs  enceintes  de  hauts  murs  crénelés,  puis  les  villes 
nouvelles  européennes,  tracées  sur  des  plans  modernes  large- 
ment conçus. 

«  Il  y  a  au  Maroc  trois  villes  dites  hadria,  c'est-à-dire  à  popu- 
lation civilisée,  urbaine;  ce  sont  Fès,  Habat  et  Tétouan,  les 
seules  qu'un  savant,  un  lettré  (àlem)  qui  se  respecte  puisse 
consentir  à  habiter.  Il  y  a  quatre  villes  dites  mokhaznia,  c'est- 
à-dire  impériales,  où  le  sultan  réside  habituellement;  ce  sont  : 
Fès,  Rabat,  Meknès  et  Marrakech.  »  (Aug.  Bernard.)  Celles-ci 
renferment  un  dar  el  makhzen  ou  palais  du  sultan  et  des  agdal  ou 
jardins  parfois  très  étendus.  La  visite  des  palais  impériaux  est 
malheureusement  peu  possible  :  il  faut  une  autorisation  spéciale. 


38 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRA  UX. 


Monuments.  —  L'accès  des  mosquées,  djama,  et  de  la  plupart 
des  marabouts,  siid,  est  interdit.  On  ne  peut  donc  se  faire  une 
idée  de  ces  édifices  que  par  ce  qu'on  en  voit  de  l'extérieur.  11 
existe  cependant  un  peu  partout  des  médersas,  sortes  de  col- 
lèges-mosquées abritant  les  étudiants,  tolba  (sing.  taleb),  étran- 
gers aux  villes  qu'ils  habitent  et  dans  lesquelles  on  peut 
pénétrer  avec  l'assentiment  des  autorités  locales.  Les  médersas, 
en  majeure  partie  construites  par  les  Mérinides  dans  la  pre- 


mière moitié  du  xiv*  s.,  sont  d'une  architecture  et  d'une 
décoration  remarquables.  Il  est  interdit  d'en  photographier  les 
détails. 

La  visite  des  maisons  et  palais  privés  ne  peut  se  faire  que 
par  la  voie  de  relations  ou  de  connaissances  locales.  Les  ser- 
vices municipaux  des  villes  pourront  toutefois  fournir  aux 
touristes  des  indications  et  des  facilités  précieuses.  Pour  éviter 
des  pertes  de  temps,  on  fera  bien  de  se  faire  conduire  par  de 
jeunes  guides  indigènes  moyennant  de  très  légères  rétributions. 

Fêtes  indigènes.  —  Les  fêtes  indigènes  sont  d'un  intérê 
très  vif.  Le  calendrier  musulman  ne  correspondant  pas  avec 
le  calendrier  chrétien  (l'année  de  l'hégire  ne  compte  qu 
355  j.)  il  n'est  pas  possible  de  donner  ici  les  dates  précises  d 
ces  fêtes.  Les  principales  sont  :  VAïd  Es  Seghir  (la  petite  fête 
qui  clôture  le  jeûne  du  mois  de  ramadhan;  VAïd  El  Kebir  (la 
grande  fête)  ou  fête  du  mouton,  qui  correspond  aux  grande 


DU  VOYAGE  AU  MAROC. 


39 


cérémonies  du  pèlerinage  de  la  Mekke;  VAchoura;  le  Mouloud, 
anniversaire  de  la  naissance  du  prophète  Mohammed.  Chacune 
de  ces  fêtes  donne  lieu  à  une  hedia,  manifestation  au  cours 
de  laquelle  les  envoyés  des  villes  et  des  tribus  du  pays  makh- 
zen  offrent  au  souverain  les  présents  traditionnels;  la  céré- 
monie dure  trois  jours;  des  salves  d'artillerie  marquent  la  fin 
de  la  solennité  et  pendant  que  les  cavaliers  se  livrent  à  la 
fantasia,  le  sultan  rentre  dans  son  palais.  A  l'occasion  de  l'Aïd 
El  Kebir,  celui-ci  va  prier  au  milieu  de  son  peuple,  à  la  msalla, 
p,'énéralement  située  en  plein  champ.  Après  la  prière  et  le  prône, 
il  égorge  lui-même  deux  moutons  qui  sont  immédiatement, 
portés  devant  le  cadi,  ou  ils  arrivent  avant  d'avoir  expiré,  car 
la  tradition  veut  qu'à  celte  condition  seulement  l'année  qui  va 
s'écouler  sera  bonne  pour  tous.  Le  sultan,  entouré  d'une  escorte 
de  la  garde  noire,  reçoit  ensuite  la  prestation  d'hommage  des 
villes  et  des  tribus,  dont  les  délégués  s'inclinent  par  trois  fois 
sur  le  col  de  leurs  chevaux  en  prononçant  la  formule  :  «  Que 
Dieu  bénisse  le  règne  de  notre  souverain!  ».  ^ 

Il  existe  en  outre,  sur  de  nombreux  'points  du  Maroc,  dans 
les  villes  et  les  campagnes,  des  réjouissances  publiques  à  carac- 
tère religieux,  dites  moussem,  qui  perpétuent  le  souvenir  de 
saints  plus  ou  moins  renommés. 

Les  déplacements  du  sultan,  lorsqu'il  se  rend  à  la  prière  du 
vendredi  ou  se  transporte  d'une  capitale  à  l'autre,  se  font  en 
grande  pompe  et  avec  un  concours  de  population  considérable. 
Pour  toutes  ces  manifestations ,  on  s'informera  sur  place. 

En  avril  de  chaque  année  a  lieu,  à  Fès,  la  fête  du  Sultan  des 
Tolha;  à  cette  occasion,  les  étudiants  et  les  gens  aisés  de  la 
ville  vont  camper,  pendant  deux  semaines,  sous  des  tentes,  à 
l'ouest  de  la  capitale  et  certains  jours  sont  marqués  par  de 
très  curieux  spectacles. 

Les  fêtes  juives  ne  sont  pas  moins  dignes  de  remarque.  La 
plus  importante  peut-être  est  celle  de  rVom  Kippour,  appelée 
aussi  «  fête  des  roseaux,  fête  des  cabanes  »  parce  qu'à  cette 
occasion  les  israélites  construisent  des  cabanes  en  roseaux  sur 
le  haut  de  leurs  terrasses. 

Chasse.  —  On  peut  faire  de  très  belles  chasses  au  Maroc.  La 
perdrix  rouge  y  abonde.  Le  lièvre,  l'outarde,  la  cannepetière 
et  le  sanglier  sont  fréquents.  Le  gibier  d'eau  (bécasse,  bécas- 
sine, courlis,  sarcelle,  canard  sauvage)  est  très  répandu.  Indé- 
pendamment des  chasses  au  lièvre  et  à  la  perdrix,  on  peut 
poursuivre,  dans  la  région  du  Figuig,  le  mouflon  et  la  gazelle 
de  montagne. 

La  panthère  est  connue  dans  les  massifs  montagneux.  Il  y 
aurait  du  lion  dans  certaines  régions  de  l'Atlas.  La  poursuite 
de  ces  grands  animaux  ne  peut  toutefois  être  entreprise  avant 
la  soumission  complète  du  pays. 

Les  règlements  administratifs  en  matière  de  chasse  sont  à 
peu  près  semblables  à  ceux  de  France.  La  chasse  est  normale- 


40 


RE\SEIG\EMEXTS  GÉNÉRA UX, 


ment  ouverte  d'août  à  février  et  de  mars  à  avril  pour  les  oiseaux 
de  passage.  On  ne  peut  chasser  qu'avec  un  permis. 

Grand  tourisme  et  excursions  en  pays  indigène.  — 

L'heure  des  grandes  randonnées  dans  les  pays  montagneux 
et  le  Sahara  n'est  pas  encore  venue.  Lorsque  de  grands  voyages 
pourront  être  organisés  dans  ces  régions,  les  amateurs  de 
camping  connaîtront  de  beaux  jours;  le  Maroc  réserve  à  ce 
sujet  d'heureuses  surprises. 


II.  —  HOTELS  ET  RESTAURANTS 

Hôtels.  —  D'une  manière  générale,  les  hôtels  de  grand  luxe 
sont  encore  à  édifier  au  Maroc.  Tanger,  Casablanca  et  Rabat 
sont  les  seuls  centres  actuellement  dotés  d'établissements 
bien  tenus,  où  les  voyageurs  pourront  faire  des  séjours  pro- 
longés à  des  prix  minimum  de  20  à  30  fr.  Les  hôtels  de  second 
ordre,  existant  dans  ces  villes  et  sur  les  autres  points  du  Maroc, 
sont  presque  aussi  chers  et  offrent  peu  de  confort.  L'industrie 
hôtelière  a  donc  beaucoup  de  progrès  à  réaliser  pour  être  en 
mesure  de  retenir,  aussi  longtemps  qu'il  conviendrait,  les  tou- 
ristes et  les  voyageurs.  Mais  la  question  est  à  l'ordre  du  jour  et 
il  est  probable  qu'avant  peu  les  importantes  villes  de  l'intérieur 
seront  ellos-nièmes  pourvues  d'établissements  irréprochables. 

En.  raison  des  circonstances  actuelles,  les  lecteurs  sont  prévenu.^ 
que  les  prix  cV hôtellerie,  mentionnés  dans  le  cours  du  guide,  sont 
sujets  à  variations. 

La  responsabilité  dks  hôteliers.  —  Les  avis  que  les  hôteliers  affi- 
chent dans  les  chambres  et  par  lesquels  ils  déclinent  toute  responsa- 
bilité relative  aux  objets  qui  ne  leur  sont  pas  directement  confiés  n'ont 
pas  do  valeur  légale  et  ils  ne  suffisent  aucunement  à  atténuer  la  res- 
ponsabilité que  les  hôteliers  assument  vis-à-vis  de  ceux  qu'ils  logent. 

La  responsabilité  des  hôteliers  est  définie  par  les  art.  1952  et  1953  du 
code  civil  :  «  Los  hôteliers  sont  responsables,  comme  dépositaires  des 
objets  apportés  par  le  voyageur  qui  loge  chez  eux;  ils  sont  responsables 
du  vol  ou  da  dommage  des  elfets  du  voyageur,  soit  que  le  vol  ait  été 
fait,  ou  que  le  dommage  ait  été  causé  par  les  domesti([ues  et  préposés 
de  rhôtellerie,  ou  par  des  étrangers  allant  et  venant  dans  l'hôtel- 
lerie ».  Les  lois  du  18  avril  1889  et  du  8  avril  1911  limitent  toutefois 
cette  responsabilité  à  1,000  fr. 

Restaurants.  —  Il  existe  des  restaurants  distincts  de  ceux 
des  hôtels  à  Tanger,  Casablanca  et  Rabat.  Ces  restaurants  sont 
à  la  carte  ou  à  prix  fixe.  Il  est  utile  de  se  rappeler  que  certains 
hôtels  majorent  le  prix  des  chambres  aux  voyageurs  qui  n'y 
prennent  pas  leurs  repas. 

La  cuisine  européenne  des  hôtels  et  restaurants  de  la  zone 
française  du  Maroc  n'offre  rien  de  particulier.  Elle  est  la  môme 
qu  en  France  avec  cette  différence  que  les  viandes  sont  géné- 
ralement moins  variées  et  moins  succulentes.  Dans  les  hôtels 


HÔTELS.  — 


MOYEXS  DE  TRANSPORT. 


41 


de  la  zone  espagnole,  elle  rappelle  évidemment  celle  du  pays 
d'origine  des  propriétaires  de  ces  établissements. 

L'eau  est  généralement  bonne.  Le  Maroc  produira  certaine- 
ment d'excellents  crus,  mais  jusqu'à  présent,  c'est  la  France, 
l'Algérie,  l'Espagne  et  l'Italie  qui  l'approvisionnent  en  vins 
fins  et  ordinaires. 

La  cuisine  marocaine  est  excellente.  Le  menu  des  grands 
repas  citadins  ne  manque  pas  d'originalité.  Pendant  que  les 
invités  prennent  le  thé  parfumé  à  la  menthe,  les  serviteurs 
apportent  et  alignent  devant  eux  de  nombreux  plats  surmontés 
de  couvercles  coniques  en  sparterie.  Puis  on  se  lave  les  mains 
au-dessus  d'une  bassine  en  cuivre  ciselé,  tas,  et  l'on  se  groupe 
assis  sur  des  matelas,  autour  d'une  table  ronde  et  basse,  teifor, 
sur  laquelle  passent  successivement  :  la  bestilla,  gâteau  de 
pâte  feuilletée  de  hachis  de  pigeon  fourré  et  saupoudré  de 
sucre  et  de  cannelle:  un  plat  de  mouton  rùti  au  four,  choua: 
des  plats  ou  tadjine  nombreux  et  variés  de  poulets  et  pigeons 
préparés  au  beurre  ou  à  l'huile,  entiers  ou  en  ragoût,  relevés 
déclives,  d'amandes,  de  citrons,  de  fèves,  de  pommes,  d'arti- 
chauts, de  carottes  selon  les  saisons;  des  gâteaux  au  miel, 
haloua:  le  couscous,  seksoa,  à  la  viande  ou  au  lait;  un  dessert, 
habituellement  une  mcJuinnecha,  gâteau  boudiné  roulé  en  ser- 
pentin et  composé  d'un  feuilleté  rempli  de  pâte  d'amandes. 
Des  salades  au  vinaigre  de  laitues  ou  de  radis  coupés  en  menus 
morceaux  sont  souvent  servies  en  même  temps  que  les  plats. 
On  mange  avec  les  doigts  de  la  main  droite.  La  boisson  est 
l'eau  parfumée  d'eau  de  fleurs  d'oranger,  de  l'orangeade  ou  du 
lait  d'amandes.  Le  repas  terminé,  on  se  lave  les  mains  et  les 
dents  avec  du  savon.  On  prend  ensuite  une  tasse  de  café,  puis 
plusieurs  tasses  de  thé  avec  de  petits  gâteaux  de  pâte  d'amandes. 
kâb  et  gliezal,  ou  de  semoule,  ghribia.  Ce  menu  est  celui  des 
grandes  dilï'as  des  villes.  Dans  les  tribus,  il  consiste  en  bro- 
cîiettes  de  mouton  et  de  crépine,  seffoud,  en  mouton  rùti, 
méchoui  et  en  couscous,  seksou. 


III.    -  MOYENS  DE  TRANSPORT 


Les  indicateurs  généraux  des  chemins  de  fer,  des  services  maritimes, 
des  voitures  publiques  et  autres  renseignements  prati(iues  sont  :  Livret 
Chaix,  paraissant  tous  les  mois.  Paris,  Chaix,  r.  Bergère.  20,  50  c.  ; 
Indicateur  des  chemins  de  fer  du  Maroc  et  Casablanca  en  poche,  édités 
par  la  Société  d'édition  et  de  publicité  marocaine,  Casablanca,  av.  du 
Général-d'Amade,  23;  Indicateur  officiel  des  chemins  de  fer  du  Maroc, 
gros  ouvrage  in-4°,  renfermant  de  nombreux  renseignements  écono- 
miques (Rabat.  1918;. 

On  aura  souvept  à  consulter  avec  profit  (à  l'hôtel  ou  au  café; 
V Annuaire  (général  du  Maroc  par  Guigues  (Casablanca,  Société  dédition 
et  de  publicité  marocaine,  av.  du  Général-d'Amade,  23,  7  fr.  50),  pour 
la  zone  française  du  Maroc,  et  VAnuario  espanol  de  Marruecos  (Madrid, 


42 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRA  UX. 


calle  de  Claudis  Cuello,  33,  10  p.  esp.),  en  langue  espagnole,  pour  le 
Maroc  entier. 

Enregistrement  direct  des  bagages  de  et  pour  Casablanca  :  — 
l''  Khange-Maroc.  a)  par  Marseille.  —  Les  bagages  des  voyageurs  présen- 
tant en  même  temps  un  titre  de  transport  à  destination  soit  de  Marseille, 
soit  de  Tanger,  soit  de  Casablanca  et  un  avis  quelconque  de  la  C'^  de 
Navigation  Paquet,  lettre  ou  dépêche,  constatant  que  le  voyageur  a 
bien  sa  place  retenue  sur  le  paquebot,  peuvent  être  enregistrés  directo- 
ment  pour  Casablanca  par  les  gares  de  :  Aix-les-Bains,  Annecy.  Bel- 
fort,  Bellcgarde,  Besançon-Viotte,  Cette,  Charabéry.  Chamonix.  Châtel- 
Guyon.  Clermont-Ferrand,  Dijon-Ville,  Evian-les-Bains,  Gencve-Cor- 
navin,  Grenoble.  Le  Creuset,  Lyon-Brolteaux,  Lyon-Perrache,  Modane, 
Nîmes,  Paris.  Pontarlier,  Saint-Etienne,  Tbonon-les-Bains,  Toulon,  Vals- 
les-Bains-la-B6gude,  Vichy,  Vintiniille.  —  Les  voyageurs  qui  font 
enregistrer  leurs  bagages  directement  de  ces  gares  à  Casablanca  sont  : 
délivrés  do  tout  souci  en  cours  de  route  et  n'ont  qu'à  se  présenter  au 
-Magasin  de  Douane  de  Casablanca  pour  retirer  leurs  colis,  après 
dédouanement. 

6)  par  Bordeaux.  —  Les  bagages  de  cale  sont  enregistrés  directement 
de  Paris-Quai-d'Orsay,  Orléans,  Tours,  Limoges  et  Gannat  pour  Casa- 
blanca-Magasin ;  moyennant  une  taxe  spéciale  par  colis  fr.  60  au- 
dessous  de"60  kilog.,  1  fr.  25  de  50  à  100  kilog.,  2  fr.  au-dessus  de  100  kilog.  i 
à  ajouter  au  prix  d'enregistrement,  ils  sont  transportés  à  leur  débar- 
quement par  les  soins  de  la  C*  générale  transatlantique  dans  un  local 
spécial  de  celle-ci  où  a  lieu  le  dédouanement. 

2»  Maroc-France,  a)  par  Marseille.  —  L'agence  de  Casablanca  de  la 
C'«  de  Navigation  Paquet  enregistre  directement,  à  destination  des 
gares  P.-L.-M.  ci-après  les  bagages  deç  voyageurs  porteurs  de  billets 
de  place  utiles  :  Annecy.  Belfort,  BcUegarde,  Cette,  Lyon-Perrache. 
Modane,  Pontarlier,  Paris.  Vintimille.  —  Les  voyageurs  n'ont  qu'à  se 
présenter  aux  magasins  de  douane,  dans  ces  gares,  pour  retirer  les 
colis  après  dédouanement.  —  La  C»®  P.-L.-M.  possède  une  agence  à 
Casablanca,  bd  de  l'Horloge,  où  sont  délivrés  les  billets  de  chemins  de 
fer  qui  peuvent  être  nécessaires  pour  l'embarquement  direct  des  bagages. 

6)  par  Bordeaux.  —  En  raison  de  la  nécessité  d'un  dédouanement  à 
Bordeaux,  les  bagages  sont  enregistrés  seulement  pour  ce  dernier  port, 
le  transport  entre  le  port  de  Casablanca  et  le  paque.bot  stationné  en 
rade  étant  d'autre  part  assuré  par  la  générale  transatlantique 
moyennant  les  taxes  mentionnées  pour  le  sens  inverse.  —  A  Bordeaux, 
la  C'«  générale  transatlantique  assure,  après  le  dédouanement,  l'enre- 
gistrement des  bagages  pour  Paris-Quai-d'Orsay,  Orléans,  Tours, 
Limoges  et  Gannat.  Elle  se  charge  aussi  du  transport  des  colis  des 
quais  à  la  gare  moyennant  une  taxe  spéciale. 

Bateaux  à  vapeur.  —  On  trouvera  plus  loin  les  renseigne- 
ments sur  les  prix  et  les  départs  des  lignes  de  navigation  qui 
relient  le  Maroc  à  la  France,  à  l'Espagne,  à  l'Algérie-Tunisie 
(V.  le  chapitre.  Voies  d'accès,  p.  55).  —  Prix  et  départs  étant 
sujets  à  des  remaniements,  on  fera  bien  de  consulter  les  plus 
récents  livrets  ou  indicateurs  des  compagnies  que  celles-ci  distri- 
buent fort  libéralement,  en  les  demandant  aux  adresses  sui- 
vantes :  G'®  de  Navigation  Paquet,  faubourg  Montmartre,  54,  à 
Paris,  et  place  Sadi-Garnot^  4,  à  Marseille  ;  générale  transat-  \ 
lantique,  r.  Auber,  0,  à  Paris,  quai  Louis-XVIIl  à  Bordeaux,  et  ' 
quai  de  la  Joliette,  0,  à  Marseille  ;  C"'  de  Navigation  mixte 
(Touache),  r.  Edouard-VII,  5,  à  Paris,  et  r.  Cannchière,  54,  à 
Marseille  ;  Société  générale  des  Transports  maritimes  à  vapeur^  r. 


MOYENS  DE  T  H  AN  SPORT, 


43 


Ménars,  8,  à  Paris,  et  r.  de  la  République,  70,  à  Marseille; 
Orano-marocaine  (Mazella),  à  Oran. 

Les  prix  fixés  comprennent  généralement  la  nourriture,  sauf 
pour  la  4^  classe.  Il  est  cependant  des  exceptions  qui  seront 
signalées  plus  loin. 

Au  prix  des  billets  s'ajoutent  les  droits  de  port  à  Bordeaux 
(5  fr.,  3  fr.,  2  fr.  selon  les  classes)  et  les  droits  d'embarquement 
et  de  débarquement  perçus  dans  les  ports  marocains  :  2  fr.  50 
à  Casablanca,  0  fr.  50  à  Tanger,  2  fr.  50  à  Mazagan,  2  fr.  à 
Safi,  2  fr.  à  Mogador.  Le  débarquement  et  l'embarquement 
est  en  outre  de  0  fr.  25  pour  les  colis  à  la  main,  de  0  fr.  50 
pour  les  colis  de  moins  de  50  kilog.,  de  1  fr.  pour  les  colis  de 
50  à  100  kilog.,  de  2  fr.  pour  les  colis  de  plus  de  100  kilog. 

Les  franchises  de  bagages  sont  de  100  kilog.  en  1'*  classe, 
GO  kilog.  en  2®  cl.,  45  kilog.  en  3®  cl.,  30  kilog.  sur  le  pont. 
Les  cycles  sont  soumis  à  une  taxe  de  12  fr.  50  et  les  chiens  à 
une  taxe  de  30  fr. 

Chemins  de  fer.  —  La  première  ligne  à  voie  large  qui  sera 
construite  au  Maroc  réunira  Tanger  à  Fès  (310  k.;  dont  204  en 
zone  française);  deux  lots  sont  adjugés;  les  études  se  poursui- 
vent sur  les  lots  restants.  Le  réseau  à  voie  normale  qui  doit 
exister  ultérieurement,  et  dont  la  construction  est  d'ailleurs 
prochaine,  réunira  Casablanca  à  Marrakech  et  Casablanca  à  la 
frontière  algérienne  par  Rabat,  Meknès  et  Fès.  Le  réseau  ferré 
présentement  en  service  est  encore  celui  de  la  conquête.  Dans 
la  zone  française,  il  compte  environ  800  k.  à  voie  étroite  de 
GO  cm.;  seul  le  tronçon  qui  relie  Oudjda  à  la  frontière  algé- 
rienne est  à  voie  large. 

Deux  tronçons  d'importance  inégale  allant  l'un  vers  l'autre, 
mais  non  encore  réunis,  sont  construits  :  le  1^',  au  Maroc 
oriental,  va  de  la  frontière  algéro-marocaine  à  15  k.  à  l'O.  de 
Taza;  le  2%  au  Maroc  occidental,  va  de  Salé  à  Fès  par  Knitra 
et  Meknès,  puis  de  Rabat  à  Ber  Rechid  par  Casablanca  avec 
embranchements  sur  Ben  Guérir  (direction  de  Marrakech)  et  sur 
Oued  Zem  (direction  de  Kasba  Tadla). 

Le  trafic,  exclusivement  réservé  au  débuta  l'autorité  militaire, 
s'ouvre  de  plus  en  plus  à  l'élément  civil  dans  des  conditions 
déjà  satisfaisantes.  Les  voyageurs  de  3®  cl.  n'étant  admis  que 
sur  d'inconfortables  plateformes,  la  1'**  cl.,  et  à  la  rigueur  la 
2°  cl.,  sont  seules  recommandées.  Les  trajets  s'effectuent  pen- 
dant le  jour;  il  n'y  a  pas  de  trains  de  nuit.  Les  billets  de  ch. 
de  fer  sont  délivrés  dans  les  gares  sans  formalités  préalables. 

En  dehors  des  trains  quotidiens  dans  toutes  les  directions, 
il  existe  un  service  d'automotrices,  également  journalier  et  beau- 
coup plus  rapide,  pour  les  parcours  de  Oudjda-Taza,  Salé-Fès, 
Salé-Meknès,  Knitra-Salé-Rabat,  Casablanca-Ben  Guérir,  Rabat- 
Casablanca-Oued  Zem  et  inversement.  Les  billets  sont  délivrés 
sans  formalité  préalable;  on  fera  bien  toutefois  de  se  faire 
inscrire  24  heures  à  l'avance,  soit  verbalement,  soit  par  lettre, 


44 


RENSEIGNEMEXTS  GÉNÉRA  U\. 


soit  par  télégramme  ou  message  téléphoné,  afin  de  permettre 
au  service  de  prendre  toutes  dispositions  pour  la  mise  en 
marche  d'une  automotrice  supplémentaire,  le  cas  échéant.  La 
demande  d'une  automotrice  spéciale  est  admise.  Le  prix  des 
billets  est  celui  des  billets  de  première  classe  du  chemin  de 
fer,  c'est-à-dire  calculé  sur  le  taux  de  30  c.  le  kilomètre. 

•  Bagages.  —  La  franchise  de  bagages  sur  les  ch.  de  fer  est  de  30  kilog. 
Les  suppléments  de  ])oids  sont  acceptés  au  titre  de  bagages  accom- 
pagnés, moyennant  rétribution. 

La  franchise  de  bagages  est  la  môme  pour  les  voyageurs  munis  de 
billets  d'automotrices,  mais  les  colis  sont  adressés  par  les  trains  ordi- 
naires, les  automotrices  n'effectuant  aucun  transport  de  bagages. 
Néanmoins,  chaque  voyageur  est  autorisé  à  prendre  avec  lui  un  sac  à 
main  ou  un  colis  de  volume  égal,  d'un  poids  maximum  de  10  kilog. 

Dans  la  zone  espagnole,  la  C*®  espaûola  de  Minas  de  Riff  et  la 
C'^  del  Norte-Africano  assurent  respectivement  trois  services 
quotidiens,  par  Nador,  entre  Melilla  et  San  Juan  de  las  Minas 
d'une  part,  entre  Melilla  et  Afra  Minas  d'autre  part.  Enfin, 
Geuta  est  réuni  à  Tétouan  par  un  ch.  de  fer  à  voie  large  et  llio- 
Martine  à  Tétouan  par  un  ch.  de  fer  à  voie  étroite. 

Heure.  —  L'heure  marocaine  officielle  est  exactement  en 
retard  de  1  h.  sur  l'heure  de  Paris. 

Billets  directs.  —  Les  types  des  billets  circulaires  permet- 
tant de  visiter  l'Algérie-Tunisie  en  tout  ou  en  partie  n'ont  pas 
encore  leurs  correspondants  pour  le  Maroc.  Toutefois,  des  billets 
directs  individuels  sont  délivrés  au  départ  de  Paris  et  de  quel- 
ques villes  de  France  pour  les  ports  de  Tanger  et  Casablanca. 

\°  Pour  Casablanca,  via  Bordeaux  (C®  d'Orléans)  et  C'^  Géné- 
rale Transatlantique,  conformément  au  tableau  ci-après  : 


DES   GARES  CI-APRKS 
A  CASABLANCA 

r.II.M'.TS  SIMI 

l'DurtH'  (If  va 
jours 

m;  s 
lidité 

lill.LETS  ALLER  ET  RETOUR 

(Duice  (le  validité 
3  mois). 

OU     VICE  VERSA 

^2"  cl. 

Ire  ol. 

-2«  cl. 

3c  cl. 

Paris-Quai  d'Orsay  .... 
Limoges-Bénédictins  .  .  . 

IV. 
361  90 
342  80 
325  15 
306  10 
310  95 

tv. 

•262 
249  15 
237  25 
224  35 
247  90 

fl-. 
170  45 
162  05 
154  25 
145  90 
161  20 

IV. 

623  80 
595  20 
568  75 
540  15 
592  40 

îv. 
459  25 
438  65 
419  55 
399 

436  60 

Ir. 

298  70 
285  25 
272  85 
259  40 
283  95 

Les  billets  d'aller  et  retour  donnent  une  faculté  de  prolon- 
gation d'un  mois,  à  deux  reprises,  moyennant  supplément. 

N.  B.  —  Aux  prix  ci-dessus  il  faut  ajouter  les  frais  de  confection  des 
billets  (0  fr.  50),  le  coût  des  timbres  de  dimension  (1  fr.)  et  de  quittance, 
la  taxe  sanitaire  au  Maroc  (1"  cl.  1  fr.,  2''  et  3'-  cl.  0  fr.  75  par  billet 
simple  et  double  par  billet  d'aller  et  retour)  et  les  frais  d'embarque- 
ment ou  de  débarquement  à  Casablanca  (2  fr.  50  par  pcrs.  et  pour  chaque 


MOYENS  DE  TRANSPORT. 


45 


opération).  En  outre,  les  voyageurs  ont  à  pourvoir  à  leurs  frais  au  trans- 
port de  leur  personne  et  des  bagages  qu'ils  conservent  avec  eux  de  la 
gare  de  Bordeaux-Saint-Jean  au  quai  d'embarquement  et  vice  versa. 

Les  billets  peuvent  être  demandés  à  Paris  :  à  la  gare  du 
quai  d'Orsay,  à  l'Agence  de  la  C**"  d'Orléans,  bd  des  Capucines,  12, 
à  la  G""  Transatlantique,  r.  Auber,  6,  —  au  Maroc,  à  l'Agence 
de  Casablanca  de  la  C*"  Transatlantique. 

La  C'^  d'Orléans  délivre  également  à  Paris  des  billets  directs 
pour  Algésiras  {via  Madrid),  émis  en  sens  inverse  au  départ 
d'Algésiras  pour  Paris  par  les  chemins  de  fer  Espagnols. 


(1)  BILLKTS  SIMPLES 

(1)  BILLETS 
ALLER  ET  UETOUU 

iro  cl. 

2c  cl. 

3c  cl. 

Irc  cl. 

2c  cl. 

3e  cl. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

128  60 

86  80 

56  60 

192  ^;o 

130  20 

84  90 

pcs. 
198  40 

pcs. 

150  75 

]>CS. 

91  40 

pcs. 
261  75 

pcs. 
198  80 

pcs. 
120  40 

De  Paris-Quai  d'Orsay  à  Irun 
et  d'Hendaye  à  Paris-Quai 
d'Orsay  


D'Irun  à  Algésiras  et  inver- 
sement jusqu'à  Hendaye  . 


(1)  Prix  total  in(livisil)le  et  exigible  en  monnaie  du  i)ays  où  se  fait  le  payement, 
en  tenant  compte  du  cours  du  cliange. 


Les  billets  comportent  l'enregistrement  direct  des  bagages  de 
Paris  à  Algésiras  ou  vice  versa  et  la  faculté  d'arrêt,  tant  en 
France  qu'en  Espagne,  sur  tous  les  points  du  parcours.  Les  billets 
d'^aller  et  ret.  valables  43  jours  ne  donnent  pas  lieu  à  prolon- 
gation. La  traversée  entre  Algésiras  et  Tanger  se  fait  en 
3  heures       cl.  15  pes.;  2^  cl.  10  pes.) 

2''  Paris- Tanger  et  Lyon-Tanger,  via  Marseille  (C*^  P,-L.-M.) 
et  C*"  de  Navigation  Paquet. 

Prix  des  billets  simples  : 

Paris-Tanger  :  ï'"  cl.,  309  fr.  30;  2«  cl.,  219  fr.  05;  3"  cl.  ch.  de 
fer  et  2^  cl.  entrepont,  144  fr.  05. 
Lyon-Tanger  :  l"'  cl.,  248  fr.  70;  2«  cl.,  178  fr.  05. 
Il  n'existe  pas  de  billets  aller  et  retour. 

Pour  les  relations  avec  Casablanca,  la  C'*"  Paquet  délivre  aux 
porteurs  de  billets  directs  de  Paris  et  de  Lyon  à  Tanger  ou 
vice  versa,  des  coupons  supplémentaires  valables. entre  Tanger 
et  Casablanca,  qui  font  ressortir  pour  l'ensemble  du  parcours 
Paris-Casablanca  les  prix  suivants  : 

cl.,  363  fr.  50;  2°  cl.,  263  fr.  60;  3«  cl.,  172  fr.  05. 

Les  billets  peuvent  être  demandés  à  Paris  à  la  gare  de 
Lyon,  à  l'Agence  de  la  C'"  P.-L.-M.,  r.  Saint-Lazare,  88,  et  à  la 
C'^  Paquet,  faub.  Montmartre,  54;  au  Maroc,  aux  agences  de  la 
C"^  Paquet  et  à  l'Agence  de  la  C"^  P.-L.-M.  h  Casablanca. 


46 


RENSEIGXEMENTS  GÉNÉRAUX. 


Tramways.  —  A  rexception  de  Rabat,  les  villes  du  Maroc  ne 
sont  pas  encore  dotées  de  réseaux  de  tramways.  Des  services 
hippomobiles  et  automobiles  ont  été  créés  à  Casablanca,  Rabat, 
Salé,  Fès,  et  à  Marrakech.  On  pourra  y  recourir  utilement,  étant 
donné  les  distances  qui  séparent  les  villes  marocaines  des 
villes  nouvelles  construites  dans  leur  voisinage. 

Routes,  pistes  et  autocYclisme.  —  Dès  les  premiers  temps 
de  l'occupation  française,  les  services  militaires  ont  aménagé, 
dans  toutes  les  directions,  des  pistea,  autrement  dit  des  routes 
non  empierrées  qui  ont  permis  aux  troupes  d'occupation  de 
s'enfoncer  toujours  plus  avant,  de  se  ravitailler  et  d'ouvrir  le 
pays  aux  premiers  travaux  de  colonisation.  Par  temps  sec,  c'est- 
à-dire  pendant  plus  de  six  mois  de  l'année,  l'automobile  les 
parcourt  avec  facilité  et  l'on  peut  dire  qu'elle  a  puissamment 
aidé  à  la  conquête. 

A  l'heure  actuelle,  le  Protectorat  français  poursuit  l'exécu- 
tion d'un  important  réseau  de  routes  empierrées  qui  se  complète 
de  jour  en  jour.  Concurremment  avec  les  pistes,  ces  routes 
permettent  de  se  rendre  rapidement  en  automobile  sur  tous  les 
points  du  Maroc  soumis. 

Les  automobiles  destinées  à  voyager  au  Maroc  doivent  être 
solidement  construites  et  moyennement  hautes  sur  roues.  11 
est  avantageux  que  leur  radiateur  soit  à  grande  surface,  que 
leur  ventilateur  soit  puissant,  et  qu'il  existe  une  légère  démul- 
tiplication sur  la  transmission  des  roues  arrière.  On  en  trouve 
en  location  dans  toutes  les  grandes  villes  au  prix  moyen  de 
1  fr.  25  à  1  fr.  50  le  kilomètre,  la  distance  étant  comptée  sur 
l'aller  et  le  retour.  Pour  les  grands  trajets,  il  sera  préférable 
de  traiter  à  forfait.  Si  certains  services  d'autobus  fonctionnant 
sur  les  routes  du  littoral  atlantique  ne  peuvent  être  recom- 
mandés aux  touristes,  il  existe  par  contre  des  services  automo- 
biles, très  confortables,  auxquels  on  recourra  avantageusement  : 
les  prix  en  sont  modérés. 

En  dehors  des  villes  et  de  leurs  environs  immédiats,  le 
cyclisme,  à  bicyclette  ou  à  motocyclette,  ne  saurait  être  préco- 
nisé, non  que  la  sécurité  des  routes  ne  soit  assurée,  mais  parce 
que  le  climat  et  l'espacement  très  grand  des  agglomérations 
imposeraient  de  dures  fatigues. 

Voitures  publiques  et  particulières.  —  L'extension  de 
l'automobile  a  réduit  l'emploi  des  voitures  aux  villes  et  à  leurs 
alentours.  A  ce  point  de  vue,  il  ne  faudra  pas  s'étonner  de 
trouver  au  Maroc  des  véhicules  quelque  peu  démodés.  11  semble 
qu'au  début  de  l'occupation  la  nouvelle  colonie  soit  devenue 
le  refuge  des  modèles  mis  hors  d'usage  dans  les  ports  français 
de  la  Méditerranée.  A  Casablanca  et  à  Rabat,  ils  ont  laissé  la 
place  à  des  spécimens  tout  à  fait  confortables  qui  n'ont  plus 
rien  à  envier  à  ceux  de  la  Métropole.  Le  prix  de  location 
oscille  autour  de  2  fr.  50  la  course,  4  fr.  l'heure,  12  à  15  fr.  la 


POSTES  ET  TÉLÉGRAPHES, 


47 


demi-journée,  20  à  30  fr.  la  journée.  Casablanca  et  Rabat  sont 
dotés  d'auto-taxis  des  plus  récents  modèles. 

Montures  :  chevaux,  mulets,  ânes.  —  11  est  préférable 
d'excursionner  à  pied  dans  l'intérieur  des  villes  musulmanes, 
cela  en  raison  de  l'étroitesse  des  rues  et  de  la  circulation 
intense  de  certains  quartiers.  Une  monture  peut  rendre  d'utiles 
services  pour  la  visite  des  quartiers  moins  courus  et  des 
environs  immédiats.  Mieux  que  la  voiture  ou  une  automobile, 
elle  perrnet  de  se  porter  facilement  sur  les  points  d'où  la  vue 
est  particulièrement  belle.  Elle  peut  ainsi  éviter  de  trop  longues 
marches  aux  travers  de  chemins  accidentés  et  médiocrement 
entretenus.-  Le  cheval  et  surtout  le  mulet  conviennent  à  ce 
genre  d'excursion.  Le  mulet  et  la  mule  se  recommandent  par 
leur  docilité.  Pour  les  conduire,  il  n'est  pas  nécessaire  d'avoir 
suivi  de  cours  spéciaux  d'équitation.  Ils  sont  généralement 
sellés  de  serijas  marocaines  à  couvertures  rouges  qui  ne  man- 
quent pas  de  cachet. 

A  Tanger,  on  trouvera  des  ânes  avec  selles  fermières  dont 
l'usage  n'est  pas  encore  très  répandu  dans  les  autres  villes  du 
Maroc  et  qu'on  peut  conseiller  aux  dames  peu  habituées  aux 
sports  équestres.  Le  prix  de  location  d'un  cheval  ou  d'une 
mule  est  approximativement  de  5  fr.  pour  une  demi-journée, 
de  8  à  10  fr.  pour  une  journée  entière.  Pour  s'en  procurer, 
s'informer  dans  les  hôtels. 


IV.  —  POSTES  ET  TÉLÉGRAPHES 

C'est  l'Office  chérifien  qui  assure  le  service  des  postes  et 
des  télégraphes  dans  le  Protectorat  français;  la  zone  espa- 
gnole est  desservie  par  les  postes  espagnoles;  Tanger  possède 
des  bureaux  chérifiens,  français,  anglais,  espagnols,  considérés 
chacun  comme  bureaux  ressortissants  de  leurs  métropoles  res- 
pectives avec  tarifs  de  l'Union  postale  universelle. 

Le  tarif  intérieur  est  à  peu  près  le  môme  qu'en  France  : 
15  c.  pour  les  lettres,  10  c.  pour  les  cartes  postales  illustrées 
■»  ou  non  avec  5  mots  quelconques.  Les  timbres  de  l'Office  ché- 
rifien, qui  furent  d'abord  ceux  de  France  avec  surcharge  en 
arabe,  sont  ornés  de  vignettes  représentant  les  plus  célèbres 
monuments  du  pays  :  la  Tour  Hassane  de  Rabat  (1  c,  2  c.  et 
3  c),  Bab  Dekakene  de  Fès  (5  c,  10  c.  et  15  c).  Porte  de  Ghella 
à  Rabat  (20  c,  25  c.  et  30  c),  la  Koutoubia  de  Marrakech 
(35  c,  40  c.  et  45  c),  Bab  Mansour  de  Meknès  (50  c.  et  1  fr.), 
les  Ruines  de  Volubilis  (2  fr.,  5  fr.  et  10  fr.). 

Le  service  des  colis  postaux  est  assuré  entre  le  Maroc,  l'Al- 
gérie-Tunisie  et  la  France;  poids  maximum  :  10  kilog.  ;  les 
droits  de  douane,  proportionnels  à  la  valeur  des  envois,  sont 
perçus  à  l'arrivée. 


48 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRA  VX. 


A  l'intérieur,  le  tarif  télégraphique  est  de  10  c.  par  mot 
avec  un  minimum  de  5  mots,  de  20  c.  pour  la  France,  la  Corse 
et  Monaco  par  le  câble  français  via  Oran,  plus  25  c.  de  taxe 
chérifienne  par  dépêche.  Le  tarif  via  Espagne  est  de  35  c.  ;  pour 
l'Angleterre,  il  est  de  43  c.  ;  pour  les  Etats-Unis,  1  fr.  79. 

Les  radiotélégrammes  expédiés  d'un  navire  effectuant  un 
service  entre  la  France  et  le  Maroc  ou  adressés  à  son  bord  sont 
taxes  de  25  c.  par  mot  en  supplément  des  taxes  terrestres. 

Il  est  recommandé  de  se  munir  du  livret  postal  d'identité 
international,  délivré  (pour  50  c.)  par  tous  les  bureaux  de  poste, 
sur  le  vu  duquel  est  retiré  tout  envoi  postal  et  télégraphique. 

Des  réseaux  téléphoniques  urbains  existent  à  Casablanca,  à 
Rabat,  Knitra,  Mazagan.  Des  circuits  interurbains  fonctionnent 
entre  Rabat-Casablanca,  Rabat-Salé-Knitra. 


V.  —  LANGUE 

L'usage  de  la  langue  française  se  répand  avec  une  rapidité 
telle  que  dans  presque  toutes  les  villes  de  la  côte  atlantique 
on  peut  se  faire  comprendre  et  obtenir  tous  renseignements  1 
utiles  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  recourir  à  un  interprète^ 
spécial.  Dans  les  villes  de  l'intérieur,  on  trouvera  sans  peine 
des  indigènes,  surtout  parmi  les  jeunes  gens,  qui  sans  être 
très  experts,  sont  en  mesure  de  fournir  aux  touristes  toutes 
indications  indispensables.  On  les  trouvera  d'ailleurs  aux  portes  " 
des  hôtels  où  ils  offrent  leurs  services  moyennant  de  légères  ^ 
rétributions  (env.  1  fr.  la  demi-journée). 

Nous  donnons,  ci-dessous,  une  liste  de  termes  usuels  dont  la  , 
connaissance  peut  faciliter  les  relations  avec  les  indigènes. 
Pour  la  plupart,  ces  termes  appartiennent  à  la  langue  arabe,  que 
comprennent  du  reste  les  Berbères  habitant  ou  fréquentant  les 
villes.  Les  personnes  désireuses  d'entreprendre  de  petites  con-  ' 
versations  avec  les  indigènes  pourront  acheter  des  manuels 
élémentaires,  parmi  lesquels  se  recommande  le  Manuel  de  con^ 
versation  français-marocain,  par  Tedjini  (Paris,  Garnier,  1918).  -, 

La  transcription  des  mots  qui  suivent,  où  l'on  s'est  efforcé  de 
représenter  les  sons  arabes  en  gardant  aux  lettres  et  aux  syl-  • 
labes  la  valeur  qu'elles  ont  en  français,  diffère  en  plus  d'un 
cas  de  l'orthographe  usuelle,  spécialement  par  le  redoublement 
de  certaines  lettres  et  l'adjonction  d'e  muets  à  la  lin  des  mots. 
On  aura  ainsi  une  idée  plus  exacte  de  leur  prononciation. 

La  lettre  h  est  toujours  aspirée;  le  groupe  gh  représente  un  r 
grasseyé  à  la  parisienne;  le  groupe  Icli  une  consonne  analogue 
au  c/i  allemand  ou  à  la  jota  espagnole;  l'accent  (^)  isolé 
indique  une  consonne  produite  par  une  forte  contraction  du 
gosi(*r  qui  s'appuie  sur  la  voyelle  suivante;  l'accent  circonflexe 
(^)  désigne  une  voyelle  longue. 

Pour  interpeller  un  gamin,  on  dira  :  a  loueld,  a  lichir  (holà, 


LANGUE, 


49 


enfant);  un  homme  :  a  s-siyîd  (holà,  monsieur).  Pour  appeler, 
on  dira  :  aji,  pluriel,  ajiou  (viens,  venez)  et  congédier  :  sir,  pl. 
sirou  (va-t-en,  allez-vous-en).  —  On  demandera  une  chose,  en 
disant  :  jib,  p\.  jibou  (apporte,  apportez);  pour  la  renvoyer  : 
eddiy  pl.  eddiou  (emporte,  emportez).  —  Quand  on  s'adresse  à 
un  lettré,  on  fait  précéder  son  nom  de  la  particule  Si  ;  à  un 
chérif  ou  noble,  du  mot  Sidi  ou  Moulay.  —  Pour  se  faire  faire 
place  :  hâlek,  pl.  bâlkoum  (attention  !).  —  La  négation  la  plus 
rapide  est  makache  qu'on  fait  suivre  du  terme  qu'on  veut  dénier 
ou  refuser  :  makache  Jloasse  (il  n'y  a  pas  d'argent). 

Pour  s'informer  des  prix,  on  adresse  l'interrogation  ach-hâl 
(combien).  On  compte  en  rial  ou  douro  hassani  ou  fransîs  (écus), 
en  bsîta,  pl.  bsâsete  (pesetes),  en  guerche,  pl.  grouche  (pièces  de 
25  c.)  ou  bellioane. 


Un,  ouahade. 
Deux,  zoLije  ou  tnine. 
Trois,  tlâta. 
Quatre,  arb'a. 
Cinq,  khariisa. 


Six,  setta. 
Sept,  selya. 
Huit,  tmania. 
Neuf,  ts'-eàde. 
Dix,  '■achra. 


Les  nombres  de  11  à  19  sont  obtenus  par  l'addition,  aux  pré- 
cédents, du  suffixe  âche  ou  tâche  : 


Onze,  hadâche. 
Douze,  etnâche. 
Treize,  teltâche. 
Quatorze,  rb'atâche. 
Quinze,  khamstdche. 


Seize,  settâche. 
Dix-sept,  sb'atâche. 
Dix-huit,  tmentâche. 
Dix-neuf  .ts'atâche. 


Vingt  se  dit  ^achrîne  et  les  dizaines  suivantes  se  forment  sur 
les  unités  correspondantes  par  addition  du  suffixe  îne  : 


Trente,  tlatîne. 
Quarante,  rbaHne. 
Cinquante,  khamsîne. 
Soixante,  settîne. 


Soixante-dix.  sba'ine. 
Quatre-vingt,  tmanine. 
Quatre-vingt-dix,  tsa'-ine. 


Les  nombres  intermédiaires  s'expriment  en  énonçant  d'abord 
l'unité,  puis  la  copulative  ou  (et),  enfin  la  dizaine.  Ainsi, 
trente-sept  s'énonce  :  seb^a  ou  tlatîne;  quatre-vingt  deux  :  etnîne 
ou  tmanine. 

Cent  se  dit  miya;  deux  cents  :  mitine;  trois  cents  :  telt  miya; 
quatre  cents  :  arb^a  miya;  etc.  Mille  :  alef;  deux  mille  :  elfaïne; 
trois  mille  :  telt  alef;  quatre  mille  :  rb^a  alef;  etc.  Cent  mille  : 
miya  t  alef.  Un  million  :  mellioûn,  pl.  mlâyen. 

La  moitié  se  dit  noûsse  et  le  quart  rouboû  ou  robb.  Rial  ou 
rouboû'  =  un  réal  et  un  quart,  soit  6  pes.  25  ;  Rial  la  robb  =  un 
réal  moins  un  quart,  soit  3  p.  75.  Les  autres  termes  fraction- 
naires sont  aussi  dérivés  des  dix  premiers  nombres;  par  ex.  telt 
=  un  tiers;  khmousse  =  un  cinquième;  'achoûr  =  un  dixième. 

A  l'exception  du  vendredi,  el~jmà  (la  réunion),  les  jours  de  la 


MAROC. 


4 


50 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRA  UX. 


semaine  se  désignent  par  les  sept  premiers  nombres  que  Ton 
fait  précéder  du  mot  nhâr,  qui  signifie  jour  : 

Dimanche,  nhâr-el-had.  1  Mercredi,  nhâr  el-arb^a. 

Lundi,  nhâr  el-tnîne.  Jeudi,  nhâr  el-khemis. 

Mardi,  nhâr  et-tlata.  \  Samedi,  nhar  es-sebt. 

Les  Marocains  sont  en  général  d'une  politesse  exquise.  11 
n'est  pas  inutile  de  retenir  les  locutions  suivantes  : 

Merci  se  dit  :  barak  allalioufîk;  bonjour  :  sebah  el-kheir;  bon- 
soir :  msa  el-kJieir;  bonne  nuit;  iîla  mebroûka;  au  revoir  :  bes- 
slâma;  soyez  le  bienvenu  :  ahlène  ou  merhabène. 

Les  personnes  désireuses  d'étudier  la  langue  arabe  avec 
quelque  détail,  trouveront  au  Maroc  de  petits  manuels  bien 
conçus  qui  les  mettront  vite  au  courant  de  la  conjugaison  du 
verbe,  de  la  déclinaison  des  noms  et  des  prépositions,  de  la 
construction  des  phrases.  Nous  nous  bornons  ici  à  donner  une 
série  de  mots  très  usuels. 


Administration,  gouvernement, 

makhzeii. 
Ag-neau,  haouli. 
Algérie,  blède  el-ouesta. 
Algérien,  ouesii. 
Allumette,  ouqide. 
Ami,  mouhib. 
Ane,  be/iime,  pl.  behâïme. 
Antimoine,  koheul. 
Arabe  (langue),  l-^arblya. 
Arabes  (habitants  de  la  campagne), 

'■aroûbia. 
Arbre,  sejra,  pl.  .yoiir. 
Architecte,  ingénieur,  mouhendesse. 
Argent  (monnaie),  flousse. 
Argent  (métal),  noqra. 
Assez,  barka.  ikfi. 
Assiette,  tobsi,  pl.,  tbàsa. 
Aujourd'hui,  el-yoûme. 
Automobile,  tomobile. 
Bagages,  houdïje^  qechch. 
Bain,  hammâme. 
Barque,  flouka. 
Bas  (en),  tnen  taht. 
Bas-fond,  daya. 
Bât,  hlas,  berd'a. 
Bateau  à  vapeur,  babor. 
Beaucoup,  ktir,  bezzèfe. 
Bénédiction,  baraka. 
Berbère,  chleuh,  pl.  chlouh. 
Beurre  do  conserve,  smen. 
Beurre  frais,  zebda. 
Bien,  beau,  joli,  meziâne. 
Biens  (richesses),  mal. 
Blanc,  ebiode,  fém.  bida. 
Bleu,  ezreq,  fém.  zp.rqa. 
Bœuf,  begri,  pl.  bguer. 


Bon,  meziâne. 

Bouche  (embouchure),  foume. 
Boue,  ghîs. 
Bougie,  chem'a. 
Bouilloire,  moqrej. 
Bracelets,  debàlèj." 
Bracelets  de  pieds,  khelâkhel. 
Bras,  coudée,  dr'-a. 
Brebis,  n'aja,  pl.  n'âj. 
Bride,  Ijâme. 
Café,  qorhoua,  pl.  qhâoui. 
Calotte,  tarbouche^  pl.  trâbech. 
Canal  d'irrigation,  saguia,  pl.  souâ- 
gui. 

Cap,  promontoire,  râsse. 
Carrière,  mine,  m'aden. 
Cavalier   d'escorte,    employé  du 

makhzen,  mokhazni,  pl.  mokliaz- 

nia. 

Ceci,  celui-ci,  hâda. 
Cèdre,  erze,  berd'a. 
Cela,  celui-là,  hadâk,  dâk. 
Chacal,  dibe,  pl.  dièbe. 
Chaire,  minbar. 
Chaise,  clielia,  pl.  cheli. 
Chaleur,  sehde,  skhâna. 
Chambre,  bite,  pl.  bioâte,  mesriya. 
Chameau,  jmel,  pl.  jmâl. 
Chapeau,  iaraza,  pl.  touârez. 
Chaudronnier,  seffàr,  pl.  seffàrine. 
Chef  adjoint,  khalifa. 
Chef  indigène  (de  tribu),  qâid,  pl. 
qiàd. 

Chef  indigène  (d'une  ville),  bâcha. 
Chef  de  quartier,  de  zaouïa,  moqad* 
dem. 

Chemin,  trîq^  pl.  torqâne. 


LANGUE. 


M 


Chemin  de  fer,  sekka. 
Chêne,  belloùte. 

Cheval,  'aoude,  fém.  'aouda,  pl. 
kheil. 

Chèvre,  m'usa,  pl.  ma'-âz. 
Chevreau,  ./(h,  pl.  jdiâne. 
Chien,  kelb,  fém.  kelba,  pl.  kldbe. 
Chrétien,  nesrâni,    et   roûmi,  pl. 
nsd?''a. 

Cimetière,  mqebra,  pl.  mgâber. 

Citadin,  mdini,  pl.  ahel  el-mdmn. 

Citerne,  bassin,  sahrij. 

Col,  ànq,  ténia  et  teniet,  faîdja,  tizi. 

Clef,  saroutse,  pl.  soudrets. 

Collège,  mdersa,  pl.  mddrisse. 

Colonne  expéditionnaire,  77iehalla. 

Court,  qsù\ 

Couscouss,  seksoiL. 

Coussin,  mkhedda;  dim.  khedidia, 

pl.  khedàdi. 
Couteau,  meusse^  pl.  moudsse. 
Coutume,  habitude,  qa'ïda,  pl.qaoua- 

ide. 

Couvent  (siège  d'une  confrérie  reli- 
gieuse), zaouïa,  pl.  zouàoui. 

Couverture  de  lit,  f'evsdda. 

Couverture  de  selle,  gottàya. 

Crieur  public,  delldl,  pl.  delldla. 

Croissant,  hlal. 

Cuiller,  m'allqa. 

Cultivateur,  felldh,  pl.  fellàha. 

Dame,  lalla^  madanie. 

Datte,  tmar. 

Défilé,  ch'aba. 

Déjeuner  (de  midi),  ghda. 

Déjeuner  (du  matin),  ftoar. 

Demain,  g/iedoua,  ghedda. 

Après-demain,  bàd  ghedoua,  bàd 
ghedda 

Dessin,  tsouïra,  pl.  tsâon.er. 

Dessous  (en  bas),  mentahte. 

Dessus  (en  haut),  men  foûque. 

Dieu,  allah. 

Dîner,  'eùcha. 

Dom.aine  rural,  '•azibe. 

Domestique,  sâheb,  pl.  shâb. 

Doux,  hlou,  fém.  hloua. 

Droite  (à),  limine. 

Eau,  ma. 

Ecole  coranique,  msid. 

Ecole  européenne,  skouéla. 

Ecole  supérieure  (collège),  îndersa, 

pl.  mdâris. 
Ecurie,  roua,  fondaq. 
Elève  :  tebnid,  pl.  tlàmîd. 
Enclos,  zeriba. 
Encre,  mdade. 
Encrier,  mejm'-a,  douâya. 


Enfant,  derri,  pl.  drâri. 
Ensemble,  m'a  b'ade. 
Entrepôt,  fondaq,  pl.  fnâdeq. 
Jilpicier,  attdr,  pl.  'aLtarine. 
Eperon,  chabir,  pl.  cheboùr. 
Est,  chergue. 
Est  (de  1'),  chergui. 
Etranger,  berràni,  pl.  berrània. 
Etrier,  rkàbe. 

Europcîen,  robaoui,  pl.  robaouiîne. 
Fer  (métal),  hadide. 
Eer  (à  cheval),  sfiha. 
F'erme,  'azIbe. 
Fête,  'aide,  pl.  ^aïdde. 
Fou,  ndr  ou  inieux  uifia. 
Fièvre,  skhdna. 
Figue  mâle,  bakonr. 
Figue  femelle,  karmousse. 
Figue  de  Barbarie,  karmousse  en- 
nsdra. 

Fillo,  beat,  pl.  bnàte,  dimin.  bnita. 
Fils,  ben,  pl.  béni;  en  berbère,  ait. 
Fontaine,  seqqdya. 
Fort,  forteresse,  citadelle,  qasba, 

pl.  qsdbi. 
Forôt,  ghdba. 
Frère,  khoa. 

F'riandise,  Italoua,  pl.  halouâte. 

Froid  (nom),  berde. 

Froid  (adj.),  bdrede. 

Fumigations,  bkhoûr. 

i^'usil,  mkalila,  pl.  mkâhel. 

Garde,  'assa. 

Gardien,  'assàs,  pl.  'aasa. 

Gauche  (à),  leclimàl. 

Gazelle,  ghezdla,  pl.  ghezàl. 

Gens,  aliel. 

Ghetto,  melldh. 

Grotte,  ghàr,  pl.  ghirâne. 

Gris,  achheb. 

Grêle,  iebrouri. 

Gué,  mechra,  mdezz. 

Habitude,  qa'ïda. 

Haut  (en),  mel-foùque. 

Herbe,  hachîche. 

Heure,  sa' a. 

Heure  (demi-),  nousse  sa'a. 
Heure  (quart  d'),  rbou'  sa'a. 
Heure  (tiers  d'h.),  20  min.  toulout, 

fraction   de  5    min.,    qesm,  pl. 

qsdme;  duel,  qesmàïne. 
Hier  (dans  la  journée),  el-barah. 
Hier  (dans  la  soirée),  ydmesse. 
Horloge,  montre,  magàna. 
Hôpital  (de  fous),  moristâne. 
Huile,  zîte. 

Hyène,  deba',  pl.  deboua'. 
Ici,  hena. 


52 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRAUX. 


Ile,  jzira,  pl.  jzirâte. 

Instituteur,  fqih. 

Interprète,  torjmâne. 

Jardin  (grand),  agdal. 

Jardin  (verger),  'arsa. 

Jardin  (attenant    à   une  maison, 

riydde. 
Jaune,  asfâr. 

Jour  (opposé  à  la  nuit),  nhâr. 

Jour  (de  la  semaine).  yoûm<;. 

Juif,  ihoûdi,  pl.  ihoûde. 

Jujubier  sauvage,  sedra. 

Ju^^-e,  qàdi. 

Jument,  aoûda. 

Là,  el-liik,  temma. 

Lac,  chott. 

Lait  frais,  helibe. 

Lait  aigre,  Ibene. 

Lait  caillé,  raïb. 

Lapin,  gonia. 

Lettre,  6m,  briya,  pl.  braouàte. 
Lièvre,  arnebe. 
Lit,  frdche. 

Livre,  ktàbe,  pl.  ktoube. 

Locomotive,  borma. 

Loi,   rescrit  impérial,    dahb\  pl. 

douàher. 
Loin,  ba'ide. 
Long,  touïl. 
Lune,  gmâre. 

Maître  de  Coran,  instituteur,  fqîh. 
Maison,  dâr,  pl.  dioûr  et  did7\ 
Maisonnette,  douïra. 
Malle,  caisse,  sendouq,  pl.  snâdeq. 
Manteau,    burnous,   selhdme,  pl. 

slâhem;  jelldba,  pl.  jld/eb. 
Marabout  (tombeau),  qoubba^  siyid. 
Marais,  merja,  pl.  mràje. 
Mare,  guelta. 

Marché,  souq,  pl.  soudq,  dim.  souïqa. 
Maroc,  gharb,  Maghrib  el-Aqsa. 
Marocain,  magharbi,  pl.  mgharba. 
Matin,  sbah. 
Mauvais,  douni. 
Menthe,  n'an'a. 
Mer,  bhdr. 

Mets  (non  rôti),  tadjine^  pl.  toua- 
djine. 

Midi  (l'heure),  L-etnâche. 

Miel,  '■asel. 

Milice,  goum. 

Minaret,  soum'-a. 

Ministre,  ouzir,  pl.  ouzàra. 

Mois,  c/iechdre,  pl.  chechoùre. 

Monsieur,  si  (à  un  lettré),  sidi  (à  un 

noble  ou  chërif). 
Montagne,  djbel,  pl.  djbâl. 
Montagnard,  djebli,  pl.  djbâla. 


Mosquée,  djama'. 
Montée,  'aqba. 
Montre,  viagâna. 
Monture,  zdïla,  pl.  zoudïl. 
Moulin,  rha,  pl. 
Moustique,  nartiousse. 
Moustiquaire,  hayyàti. 
Mouton,  kebche,  pl.  kebache  ;  coll. 
ghlem. 

Mulet,  bghel,  fém.  baghla,  pl.  bghâl. 
Musulman,   meslem,  pl.  mselnune, 

fém,  vïselma,  pl.  mselmàt. 
Natte,  hasiva. 
Neige,  telje. 
Nomade,  ràhel,  pl.  rhil. 
Ne  pas,  il  n'y  a  pas,  ma  kdnche. 
Neuf  {V.  Nouveau). 
Non,  la. 

Noir,  akhdl^  fém.  kahla. 
Nombreux,  ktir. 
Nouveau,  jdide,  pl.  jdâde. 
Nuit,        une  nuit,  /t/a. 
Œuf,  bida,  pl.  6«c?à/f,  coll.  bid. 
Olivier  grctfé,  zitouna,  coll.  zitoun. 
Olivier   sauvage,   zebbouja;  coll. 

zebbouje. 
Or,  deheb. 

Orange,  tchîna,  coll.  tchine. 
Orge,  che'ir. 

Oriental,  chergui,  pl.  cheraga. 
Ouest,  gharb;  do  l'ouest,  gharbi. 
Pain,  kliobze;  un  pain  :  khobza. 
Paix,  feu,  'd/ïa. 

Palmier  dattier,  nakhla,  coll.  nkhel. 
Palmier  nain,  douma.,  coll.  doume. 
Pantalon,  seroudl,  pl.  srdouel. 
Panthère,  nmere,  pl.  nmoûra. 
Pantoufle,  bolgha,  pl.  blàghi. 
Papier,  kaghete. 
Parc,  verger,  aguedal. 
Parchemin,  reqq. 
Pauvre,  meskine,  pl.  msdkenc. 
Pays,  campagne,  blède;  —  du  pays, 
beldL 

Paysan,  indigène,  'aroubi,  pl.  'urou- 
biya. 

Pèlerin  de  la  Mekke,  hdje. 
Père,  baba;  en  composition,  bou. 
Perdrix,  hajla;  coll.  hajcL 
Petit,  seghlr. 
Peu,  clioaïa. 

Peu  à  peu,  cJiouïa  bech-chouïa. 
Pic,  rasse. 

Pierre,  hajra.  coll.  hajev. 
Piment,  felfel. 

Pigeon,  hmdma;  coll.  hmdme. 
Pistolet,  ferdi. 
Plaine,  outa. 


LANGUE. 


53 


Plomb,  khefife. 

Pluie,  chetsa,  matar. 

Plume  à  écrire,  qleme,  pl.  qloûma. 

Plume  d'oiseau,  richa,  coll.  riche. 

Poignard,  koiimia. 

Poisson,  hoiita,  coll.  /toute. 

Poivre  (en  grains),  ibzâre. 

Vont,  qantra,  p\.  qnâter,  àim.  qnUi^a 

(knitra). 
Porc,  halloûfe. 
Port,  marsa,  pl.  mrâsi. 
Porte,  bàbe,  pl.  bihâne. 
Portefaix,  zerz.àï,  pl.  zerzaïa. 
Porteur  d'eau,  guerrâbe,  pl.  guer- 
,  râba. 

Portier,  concierge,  bououdbe. 
Pou,  guemiil. 

Poudre  (à  canon),  baroûde. 
Poule,  djàja,  coll.  djàj. 
Près,  proche,  qrib. 
Prêtre,  imâme. 
Professeur,  iDoudarresse. 
Puits,  blr,  pl.  biâr. 
Quartier,  hoiuiia,  pl.  hoûme. 
Raisins  frais,  'ineb. 
Raisins  socs,  zblb. 
Ravin,  ch'aba. 
Religion,  dîne. 
.  Relieur,  sp/fdr,  pl.  seffarlne. 
Remise,  fondaq.  pl.  fnàdeq. 
Rivage,  sa/iel,  chette. 
Roi,  soltane,  pl.  sldtine. 
Rocher,  kèfe,  pl.  kifdne. 
Rouge,  aJimar,  fém.  hamra,  pl.  hou- 
mere. 

Route,  triq.  pl.  iorqàne. 

Ruine,  kherba,  pl.  kherb. 

Rue,  derbe.  zenqa. 

iSable,  miel. 

Sac,  sacoche,  chekàra. 

Salut,  Es-sàlam  ;  que  le  salut  soit 

sur  vous  :  es-sàlam  ^alikoâme. 
Sang,  demme. 

Sanglier,  hallovfe  el-ghâba. 
Sanctuaire,  siylde. 
Sauterelle,  jràde. 
Scorpion,  'aqrebe. 
Sel,  melha. 

Selle  de  cheval,  seurje. 
—  •  de  mulet,  srlja. 
Semblable,  hàl  behâl,  kifeklfe. 
Sentier,  msireb. 
Serrure,  qfel. 

Serviteur  (à  gages),  salieb. 


Serviteur  (nègre),  ^abde,  pl.  'abîde 

Soir,  'achîya. 

Soldat,  'askri. 

Soleil,  chemche  et  chemse. 

Source,  '■aine,  pl.  'ayoûne. 

Sucre,  sokkâr. 

Sucré,  hlou. 

Sud,  du  sud,  guebli. 

Tabac  à  fumer,  cha''ra. 

—  à  priser,  ienfîha. 

Tapis  à  haute  laine  (grand),  guetifa^ 

pl.  guetâïf. 
Tapis  à  laine  rase,  hanbel. 
Tapis  (petit),  zerbiya,  pl.  zerhiyâte 

et  z?'âbi. 

Tente  de  nomade,  khaïma,  pl.  khi- 
ydme. 

Tente  marocaine  makhzen,  khzàna, 
pl.  khzàîne.  ■ 

Tente  européenne,  guitoûne  ^  pl. 
guidtene. 

Tenture  murale,  hâïti. 

Terre,  arde. 

Tête,  cap,  râsse. 

Thé  (feuilles),  iqâma. 

Thé  (infusion),  latâï. 

Tombe,  gobor. 

Tombeau  d'un  saint,  qoubba. 

Tremble  (peuplier),  sefsàfa. 

Tribu,  le  nom  de  chacune  des  col- 
lectivités indigènes  est  précédé 
du  mot  arabe  beni,  ou  berbère  ait 
(fils  de). 

Trop,  bezzdïde. 

Tunisie,  blède  Tounesse. 

Tunisien,  tounsi. 

Vache,  bagra. 

Veilleur  de  nuit,  gardien,  'assâs. 
Vent,  ri  h. 

Vert,    akhdar,    fém.   khadra,  pl. 

khouder. 
Viande,  lehàme. 
Vieux,  chibani. 

Village  de  tentes,  doiiâr,  pl.  douâ- 
ouir. 

Village  non  fortifié,  qaria. 

Village  fortifié,  qasba. 

Ville  arabe,  mdina,  pl.  mdoûne. 

Ville  juive,  mellah. 

Vin.  cherdbe. 

Vipère,  lef'a. 

Voiture,  kaliche. 

Wagon,  fago^  pl.  fagoyàie. 


Au  sujet  de  l'orthographe  usuelle,  les  différentes  administra- 
tions du  Protectorat  ne  se  sont  pas  encore  mises  d'accord.  Dans 
ce  Guide,  nous  avons  adopté  le  système  de  transcription  établi 


54 


RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRAUX, 


par  le  Bureau  topographique  du  Maroc,  et  dont  les  règles  ont 
été  approuvées  par  lettres  résidentielles  du  3  décembre  1916 
et  du  5  mars  1917. 


VI.  —  CARTOGRAPHIE 

Le  Service  iopographique  des  Troupes  d'occupation  .du  Maroc, 
installé  à  Casablanca,  a  entrepris  l'établissement  et  la  publi- 
cation de  cartes  à  échelles  diverses  qui  forment  déjà  une  impor- 
tante et  remarquable  collection.  Les  suivantes  peuvent  plus 
particulièrement  intéresser  les  touristes  : 

Carte  administrative  et  militaire  avec  les  circonscriptions  civiles, 
les  postes  militaires,  au  1,500,000"  en  couleurs,  en  1  feuille, 
1  fr.  50;  —  Carte  générale  au  1,500,000'  en  7  couleurs,  en 
1  feuille,  2  fr.  50:  —  Carte  générale  des  étapes,  au  1,500,000®, 
1  fr.  25  ;  —  Les  étapes  de  V  occupation  française,  au  31  décembre  1917, 
au  1,500,000°,  1  fr.  50  ;  —  Carte  des  routes  et  des  chemins  de  fer 
au  1"  janvier  1918,  au  1,500,000%  1  fr.  25;  —  Carte  générale 
au  l,000-,000'',  en  4  feuilles  ne  pouvant  être  vendues  séparé- 
ment, 10  fr.  ;  —  Carte  des  tribus,  au  500,000''  en  couleurs,  en 
9  feuilles  à  0  fr.  80  l'une:  —  Carte  des  étapes,  en  0  feuilles, 
au  500,000°,  en  plusieurs  couleurs  à  1  fr.  l'une;  —  Carte  de 
reconnaissance,  au  200,000°,  représentant  le  Maroc  septentrional 
et  occidental,  non  compris  Tanger  et  une  partie  de  la  zone 
espagnole,  en  65  demi-feuilles,  à  0  fr.  50  l'une;  —  Carte  au 
100,000°,  édition  provisoire  en  noir,  publiée  par  quarts  de 
feuilles,  20  quarts  à  0  fr.  50  l'un;  —  Carte  au  100,000°,  édition 
provisoire  en  couleurs,  25  quarts  de  feuilles  à  0  fr.  85  l'un. 
Plans  des  villes  de  Fès  au  5,000°  en  bleu  et  noir,  en  2  feuilles, 

3  fr.,  et  au  10,000°  en  deux  couleurs,  1  feuille,  2  fr.;  de 
Marrakech  au  10,000°  en  4  couleurs,  en  4  feuilles,  6  fr.  ;  de  Casa- 
blanca au  5,000°  en  noir,  en  4  feuilles,  6  fr.,  et  au  10,000°,  en 
1  feuille,  2  fr.;  de  Rabat  au  10,000°  en  5  couleurs,  en  1  feuille, 
1  fr.  50;  de  Salé  au  10,000°,  en  5  couleurs,  en  1  feuille,  1  fr.  50; 
de  Boujad  au  5,000°  en  2  couleurs,  en  1  feuille,  1  fr.  50:  de 
Safi,  au  5,000°  en  6  couleurs,  en  2  feuilles  ne  pouvant  ètrc^ 
vendues  séparément,  3  fr.  50;  de  Mogador,  en  5  couleurs,  en 
1  feuille,  2  fr.  ;  de  Mazagan  et  environs  eu  3  couleurs,  au  10,000°, 
en  1  feuille,  0  fr.  85:  de  Boa  Denib  et  environs,  en  4  couleurs, 
au  20,000°,  1  fr.  50;  d'Agadir  Jrir,  au  40,000°,  1  fr.  50. 

Petits  plans  des  villes  de  Casablanca,  Fès,  Knitra,  Marrakech, 
Mazagan,  Mechra  Bel  Ksiri,  Meknès,  Peiitjean,  en  noir,  0  fr.  20  l'un. 

Gomme  cartes  d'ensemble,  on  signalera  celle  qu'a  publiée 
M.  de  Flotte  de  Roquevaire,  au  100,000°  (Paris,  Barrère,  1904, 

4  feuilles  et  notice,  15  fr.)  et  celle  de  V Atlas  universel  au 
2,500,000*^  (Paris,  Hachette,  1910,  2  fr.);  puis,  comme  cartes  de 
détail,  celles  du  commandant  Larras,  au  250,000°,  embrassant 
les  régions  pratiquement  accessibles  au  début  de  la  conquête, 
7  feuilles  à  2  fr.  50  l'une. 


VOIES  D'ACCÈS 


Avis  très  important.  —  Les  horaires  et  les  prix  des  services 
maritimes  étant  fort  sujets  à  variations,  nous  ne  donnons  ci-apres  les 
renseignements  qui  les  concernent  qu'a  titre  d'indication  et  sans 
garantie  de  notre  part.  Le  voyageur  devra  toujours  les  contrôler  sur 
les  publications  officielles  les  plus  récentes  des  diverses  compagnies. 

Cet  avis,  justifié  en  tout  temps,  l'est  encore  bien  davantage  à  la 
date  ou  parait  cette  édition.  Bien  qu'établis  avec  la  documentation  la 
plus  récente,  les  renseignements  fournis  ici  sont  exposés  à  être  Fobjet 
de  sérieuses  modifications,  notamment  quant  aux  prix. 


1.  —  DE  PARIS  A  CASABLANCA 

A.  —  Par  Bordeaux. 

Chemin  de  fer  :  P.-O.,  588  k.  de  Paris  à  Bordeaux  en  6  h.  54 
par  le  Sud-Express,  en  7  h.  20  par  rapide,  en  8  h.  30  à  9  h.  par 
express;  92  fr.,  62  fr.  10,  40  fr.  55.  —  Par  la  ligne  de  l'Etat 
615  k.  en  10  à  12  h.  par  express;  87  fr.  55,  64  fr.  95,  42  fr.  40. 

Bateau  :  de  Bordeaux  à  Casablanca.  —  Générale  Transa- 
tlantique, 4  serv.  rapides  mensuels  en  3  j.,  sans  escale,  par 
paquebots  pourvus  de  la  T.  S.  F.;  dép.  de  Bordeaux  tous  les 
samedis;  dans  l'après-midi  ou  dans  la  soirée  (suivant  la  marée); 
270  fr.,  200  fr.,  130  fr.,  nourriture  comprise;  billets  aller  et  ret. 
avec  réduction  de  10  0/0  valables  3  mois;  franchise  de  bagag'es  : 
100,  60  et  30kilog. 

B,  —  Par  Marseille. 

Chemin  de  fer  :  P.-L.-M.,  863  k.  de  Paris  à  Marseille  en  12 
à  18  h.  ;  134  fr.  85,  91  fr.  10,  59  fr.  45. 

Bateau  :  1,630  k.  ou  880  milles  marins  de  Marseille  à  Casa- 
blanca. —  de  Navigation  Paquet,  pl.  Sadi-Carnot  4,  Marseille: 
3  serv.  rapides  mensuels,  avec  escale  à  Tanger,  par  paquebots 
pourvus  de  la  T.  S.  F.;  dép.  de  Marseille  les  5,  15  et  25  de 
chaque  mois  vers  14  h.;  traversée  en  70  h.  environ;  270  fr., 
200  fr.,  130  fr.,  55  fr.  ;  billets  aller  et  ret.  avec  réduction  de 
10  p.  100,  valalDles  trois  mois;  franchise  de  bagages  :  100,  60, 
30  kilog.  —  La  même  G'^  assure  en  outre  2  serv.  mensuels  de 
cargos  mixtes  faisant  escale  à  Tanger,  et  dont  le  parcours  se 
prolonge  sur  Mazagan,  Sali  et  Mogador  (s'informer  deà  dates 
de  départ  et  des  prix). 


56 


VOIES  D'ACCÈS. 


G.  - 


Par  Nantes. 


Chemin  de  fer  :  de  Paris  à  Nantes,  396  k.  par  Ghartres-Le- 
Mans-Angcrs  (réseau  Etat);  431  k.  par  Orléans-Tours-Angers 
ou  par  Vendôme-Tours-Angers  (P.-O);  services  directs  par  les 
deux  voies  en  5  h.  30  à  8  h.  par  rapides  ou  express;  mêmes 
prix,  61  fr.  85,  41  fr.  80,  27  fr.  20. 

Bateau  :  de  Nantes  à  Casablanca.  —  G'*  Générale  Transatlan- 
tique :  serv.  mixte  mensuel  ;  avec  prolongation  de  trajet  sur 
Mazagan,  Sali  et  Mogador  (s'informer  des  dates  de  départ  et  des 
prix).  Ce  service  est  surtout  commercial.  Voie  peu  pratique.  Il 
n'existe  que  des  2^  et  3®  cl.  et  seulement  sur  certains  bateaux. 


Chemin  de  fer  :  P.-L.-M.,  863  k.  de  Paris  à  Marseille,  comme 
ci-dessus,  1,5. 

Bateau  :  1,250  k.  ou  700  milles  marins  de  Marseille  à  Tanger. — 
de  Navigation  Paquet,  3  serv.  rapides  mensuels  par  paquebots 
pourvus  de  la  T.  S.  F.  continuant  leur  trajet  sur  Casablanca  : 
dép.  de  Marseille  les  5,  15  et  25  de  chaque  mois  vers  14  h.; 
traversée  en  60  h.  environ;  220  fr.,  160  fr.,  100  fr.,  nourriture 
comprise;  40  fr.,  4^  cl.,  place  de  pont  sans  nourriture. 


Chemin  de  fer  :  P.-L.-M.,  863  k.  jusqu'à  Marseille  comme 
ci-dessus,  1,  B. 

Bateau  :  1,100  k.  ou  595  milles  marins  de  Marseille  à  Oran.  — - 
G'*'  Générale  Transatlantique  :  2  serv.  rapides  par  semaine;  dép." 
de  Marseille  les  jeudis  et  sam.  ;  dép.  d'Oran  les  lundis  et  mercr.  ; 
traversée  en  40  à  42  h.;  grands  rapides,  100  fr.,  115  fr.,  60  fr. 
avec  nourriture,  pont  30  fr.  sans  nourriture;  rapides,  144  fr., 
104  fr.,  55  fr.  avec  nourriture,  pont  30  fr.  sans  nourriture.  — i 
Société  de  Transports  maritimes  :  1  serv.  rapide  hebdomadaire;, 
dép.  de  Marseille  les  mardis;  dép.  d'Oran  les  sam.:  traversée" 
en  32  à  34  h.;  95  fr.,  70  fr.,  36  fr.  et  15  fr.  —  C"-  de  Navigation 
mixte  {Touache);  1  serv,  hebdomadaire;  dép.  de  Marseille  les 
mercr.,  d'Oran  les  sam.;  traversée  en  54  h.;  rapides,  144  fr., 
104  fr.,  55  fr.  avec  nourriture,  pont  28  fr.  sans  nourriture;  non 
rapides,  125  fr.,  85  fr.,  45  fr.  avec  nourriture,  ponl  25  fr.  sans 
nourriture.  —  Les  services  des  deux  dernières  compagnies 
ne  sont  pas  encore  rétablis;  s'informer. 

480  k.  ou  260  milles  marins  d'Oran  à  Tanger.  —  G'®  de  Navi- 
gation Paquet,  serv.  2  fois  par  mois;  100  fr.,  70  fr.,  50  fr.,  nour- 
riture et  vin  compris;  25  fr.  pont,  sans  nourriture. 


2. 


DE  PARIS  A  TANGER 


A.  —  Par  Marseille  direct. 


B.  —  Par  Marseille-Oran. 


VOIES  D'ACCÈS. 


57 


C.  —  Par  l'Espagne. 

Chemin  de  fer  :  2,199  k.  par  ch.  de  fer  français  et  espagnols, 
Yia  Bordeaux  et  Madrid,  de  Paris  quai  d'Orsay  à  Algésiras  (port); 


12,S  fr.  60  et  198  p.  40;  86  fr.  80  et  15U  p.  75;  56  fr.  60  et 
i)l  p.  40. 

Bateau  :  53  k.  ou  33  milles  marins  d'Algésiras  à  Tanger,  — 
V  ,  C  Transmediterranea;  serv.  quotidien  en  3  h.;  15  p.,  12  p.,  5  p. 


58 


VOIES  D'ACCÈS. 


D.  —  Par  le  Portugal. 

Chemin  de  fer  :  1,894  k.  par  chemins  de  fer  français,  espa- 
gnols et  portugais  de  Paris  à  Lisbonne:  trains  rapides  et  trains 
de  luxe  quotidiens;  32  h.  par  le  Sud-Express,  49  h.  par  les 
trains  ordinaires  les  plus  rapides.  Prix  approximatifs  :  212  fr. 
en      cl.,  154  fr.  en  2*^  cl. 

Bateau  :  de  Lisbonne  à  Tanger.  —  Rotterdam  Lloyd,  Neder- 
land  Lloya  (lignes  des  Indes);  traversée  en  22  h.;  se  renseigner 
auprès  des  G""'  intéressées  pour  les  prix,  les  jours  et  heures  de 
passage  aux  escales. 


3   —  DE  PARIS  A  KNITRA 

Par  Marseille. 

Chemin  de  fer  :  P.-L.-M.,  863  k.  de  Paris  à  Marseille  comme 
ci-dessus,  1,  B. 

Bateau  :  de  Marseille  à  Knitra.  —  C'*  de  Navigation  Paquet; 
serv.  commercial  à  dates  variables  en  5  à  6  j.;  se  renseigner. 


4.  —  DE  PARIS  A  OUDJDA 

A.  —  Par  Marseille-Oran. 

Chemin  de  fer  :  P.-L.-M.,  863  k.  de  Paris  à  Marseille,  comme 
ci-dessus,  1,  B. 

Bateau  :  1,100  k.  ou  595  milles  marins  de  Marseille  à  Oran.  — 
C'"  Générale  Transatlantique;  Transports  maritimes;  C'*'  de  Naviga- 
tion mixte  (Touache);  C'"  de  Navigation  Paquet^  comme  ci-dessus, 
2,  B. 

Chemin  de  fer  :  O.-A.,  253  k.  d'Oran  à  Oudjda  en  7  h.  ;  25  fr., 
17  fr.  95,  13  fr.  10. 

B.  —  Par  Marseille-Nemours. 

La  C  de  Navigation  mixte  (Touache)  met  en  relations  Marseille 
et  Nemours  par  un  service  hebdomadaire,  actuellement  non 
encore  rétabli. 

De  Nemours  à  Oudjda,  serv.  quotidien  d'autobus,  en  3  h.;  8  fr. 

C.  —  Par  Port-Vendres-Oran. 

Chemin  de  fer  :  P.-O.  ou  P.-L.  M.  et  Midi  :  de  Paris  à  Pori- 
Vendres,  964  k.  par  Orléans,  Toulouse  et  Narbonne  (quai  d'Orsav 
ou  Austerlitz);  112  fr.  05,  95  fr.  20,  20  fr.  85;  —  1,063  k.  par 
Lvon,  Tarascon,  Cette,  Narbonne  (dép.  de  Paris,  gare  de  Lyon): 
109  fr.  65,  114  fr.  00,  74  fr.  80. 


VOIES  D'ACCÈS. 


59 


Bateau  :  960  k.  ou  530  milles  marins  de  Port-Vendres  à  Oran. 
—  C'^  de  Navigation  mixte  {Toiiache);  1  serv.  hebdomadaire,  dép. 
de  Port-Vendres  les  vendr.  à  13  h.  30  et  d'Oran  les  lundis  à 
12  h.;  traversée  en  28  à  30  h.;  120  ir.,  92  fr.,  46  fr.  et  34  fr. 
Le  paquebot  qui  assure  ce  service  part  de  Cette  les  jeudis  à 
12  h.  et  y  retournejes  mercredis  (mêmes  prix). 

Chemin  de  fer  :  O.-A.,  253  k.  d'Oran  à  Oudjda,  comme  ci- 
de3sus,  4»  A. 


5.   —  RELATIONS   DU  MAROC 
AVEC  L'ALGÉRÏE-TUNISIE 

A.  —  Par  terre. 

Le  trajet  de  Casahianca  à  Oran  demande  un  minimum  de  4  j. 
et  demi  :  229  fr.,  132  fr.  50,  91  fr.  95.  Il  se  décompose  comme 
suit  :  —  Casablanca-Rabat- Fis  en  ch.  de  fer  (2  j.  et  demi)  ou  en 
automotrice  (1  j.  et  demi);  —  Fès-Taza,  sur  bonne  route  par 
auto  ou  camion  automobile,  parcours  en  4  h.  par  beau  temps; 
un  chemin  de  fer  à  voie  étroite,  dont  les  travaux  sont  déjà 
très  avancés,  permettra  d'elfectuer  le  trajet  sous  peu  dans  des 
conditions  plus  économiques  sinon  plus  rapides.  —  Taza-Oudjda, 
ch.  de  fer  à  voie  étroite,  en  2  j.  par  les  trains  ordinaires,  en 
1  j.  par  l'automotrice;  —  Oudjda-Oran,  par  ch.  de  fer  à  voie 
normale  en  7  h. 

Le  trajet  d'Oran  à  Tunis  par  Alger  et  Constantine,  qui  compte 
au  total  1,350  k.,  demande  un  minimum  de  35  à  36  h.  compres 
nant  deux  journées  pleines  et  la  nuit  intercalée.  Wag-ons-lit- 
aux  trains  de  nuit  d'Oran  à  Alger  (supplément  12  fr.);  et 
d'Alger  à  Constantine  (supplément  15  fr.);  wagon-restaurant 
aux  trains  de  jour. 

Pour  joindre  les  deux  capitales  extrêmes  du  nord  de  l'Afri- 
que, Rabat  et  Tunis,  il  faut  donc  un  temps  minimum  d'environ 
6  j.  dans  les  meilleures  conditions  de  transport  et  de  corres- 
pondance. 


B.  —  Par  mer. 

Ces  relations  sont  assurées  par  les  services  suivants  : 
l"G"^de  Navigation  Paquet  {r.  de  l'Horloge,  Casablanca),  2  serv. 
mensuels  de  Casablanca  à  Oran  par  paquebots  mixtes  faisant 
escale  à  Tanger  et  se  rendant  ensuite  d'Oran  à  Marseille.  De 
Casablanca  à  Oran  :  140  fr.,  100  fr.,  50  fr.  ;  de  Tanger  à  Oran  : 
100  fr.,  70  fr.,  50  fr.,  nourriture  comprise. 

2"  C"'  Orano-Marocaine  de  Navigation  {Mazella  et  C),  serv. 
régulier  entre  Knitra  et  Oran  seulement;  s'informer  pour  les 
I)rix  et  les  dates  de  départ  au  siège  de  la  C  soit  à  Knitra, 
soit  à  Oran. 


60 


VOIES  D  ACCÈS. 


3''  Niederland  Line,  serv.  entre  Tanger  et  Alger  seulement; 
tous  les  15  jours  environ  ;  87  fr.,  G2  fr.,  45  fr.  et  21  fr.  ;  s'adresser 
à  M.  Bergeret,  bd  Garnot,  5,  Alger. 

Avant  la  guerre,  la  G'"  Transatlantique  avait  également  un 
service  hebdomadaire  Tunis- Alger-Oran-Tanger-Gasablanca, 
qui  sera  rétabli  dès  que  les  circonstances  le  permettront. 


6.  —  RELATIONS  DU  MAROC  AVEC  L'ÉTRANGER 

Avec  l'Espagne  :  —  La  C'"*  Transmediterranea  assure  :  un  serv. 
de  Tanger  à  Algésiras^  en  3  h.,  15  p.  esp.  50,  12  p.  25,  5  p.  10; 

2  serv.  par  mois,  le  13  et  le  26,  de  Casablanca  à  Malaga  avec 
escales  à  Larache  et  Tanger,  80  p.  esp.,  64  p.,  40  p.,  nour- 
riture non  comprise;  —  Vapores  de  la  C'*  Transmediterranea^ 

3  serv.  par  semaine  de  Tanger  à  Cadix,  les  lundis,  mercredis  et 
vendredis,  28  p.  50,  21  p.  75,  10  p.  40;  4  serv.  par  semaine  de 
Melilla  à  Malaga;  1  serv.  par  semaine  de  Melilla  à  Almeria; 
2  serv.  mensuels  de  Melilla  à  Barcelone,  dép.  de  Melilla  les 
1*"^  et  16  de  chaque  mois.  —  Bland  Line,  3  serv.  par  semaine, 
les  mercr.,  vendr.  et  lundis,  de  Tanger  à  Gibraltar. 

Avec  le  Portugal  :  —  La  Rotterdam  Lloyd,  la  Niederland  Lloyd 
assurent,  2  fois  par  mois,  les  relations  entre  Tanger  et  Lisbonne. 
Se  renseigner  auprès  des  agents  des  compagnies  intéressées 
pour  les  prix  et  les  jours  de  départ. 

Avec  l'Angleterre  :  —  Les  bateaux  de  la  Royal  Mail  steam 
Packet  Cv,  après  leur  passage  dans  le  port  de  Mazagan,  Safi  et 
Mogador,  font  voile  directement  sur  Londres.  —  S'informer 
auprès  des  agents  des  compagnies,  à  Gasablanca. 

7.  —  RELATIONS  MARITIMES 
INTER-MAROCAINES  (COTE  ATLANTIQUE) 

Ges  relations  sont  assurées  par  les  compagnies  suivantes  : 
1"  C'"'  Générale  Transatlantique  :  plusieurs  services  par  mois< 
au  départ  de  Casablanca  pour  Mazagan,  30  fr.,  22  fr.,  15  fr.  avec 
nourriture;  pour  Safi,  70  fr.,  50  fr.,  30  fr.  ;  pour  Mogador,  100  fr., 
75  fr.,  50  fr. 

2°  C'°  Paquet.  Effectue  des  services  dans  des  conditions  ana- 
logues à  celles  de  la  G'^  Transatlantique. 

3"  Vapores  correos  de  Africa  :  2  serv.  mensuels,  départs  de 
Casablanca  vers  le  13  et  le  26  de  chaque  mois,  pour  Mazagan, 
20  p.,  16  p.,  10  p.  sans  nourriture  ;  pour  Safi,  30  p.,  25  p.,  15  p.; 
pour  Mogador,  40  p.,  33  p.,  20  p.  ;  pour  Rabat,  20  p.,  16  p.,  10  p.  ; 
pour  Larache,  30  p.,  25  p.,  15  p.;  pour  Tanger,  30  p.,  25  p.,  15  p. 

i°  Royal  Mail  Steam  Packet  Cv  :  1  serv.  mensuel  de  Casablanca 
à  Magazan,  Safi  et  Mogador  pour  l'aller  seulement. 


! 


PJ{EMJÈ7iE  SECTWJS 
MAROC  OCCIDENTAL  MÉRIDIONAL 

CASABLANCA,  MARRAKECH, 
MXZAGAN,  SAFl.  MOGADOR. 


Le  Maroc  occidental  actuellement  soumis  à  Tinfluence  fran- 
çaise a  pour  limites  :  à  l'O.  l'océan  Atlantique,  au  N.  les  contre- 
forts méridionaux  des  Djebala,  à  TE.  la  Moulouya  et  le  Haut- 
Atlas,  au  S.  l'Anti-Atlas.  Ses  dimensions  extrêmes  du  N.  au  S. 
et  de  l'E.  à  l'O.  sont  de  500  à  600  k.  11  se  divise  en  plusieurs 
régions  :  Casablanca,  Marrakech,  Rabat-Salé,  Meknès  et  Fès. 

Les  grandes  routes  qui  le  desservent  partent  de  Casablanca 
en  deux  sens  opposés,  les  unes  au  S.  et  les  autres  au  N.  Nous 
distinguerons  par  conséquent  le  Maroc  méridional  du  Maroc 
septentrional. 

Le  circuit  Sud  du  Maroc  méridional  peut  être  parcouru  à  peu 
près  entièrement  en  6  à  7  jours  d'automobile  (1,000  à  1,200  fr.). 
Casablanca  étant  le  point  de  départ  et  d'arrivée,  il  comporte  la 
visite  de  Marrakech,  Mogador,  Sali  et  Mazagan  ou  vice-versa. 


1.  —  CASABLANCA 

Pour  les  relations  avec  la  France,  V.  Voies  d'accès,  p.  55. 

Embarquement  et  débarquement.  —  Les  paquebots  ancrent  au  large 
de  Casablanca,  à  environ  1,000  m.  des  quais.  L'embarquement  et  le 
débarquement  se  font  le  jour  seulement  :  —  1**  par  les  vedettes  automo- 
biles de  la  Celtique  maritime  et  de  l'Agence  Arnaud  et  C'«  qui  font  la 
navette  entre  l'extrémité  de  la  jetée  El  Kairouani  et  les  paquebots  au 

Erix  de  fr.  50  par  personne  par  beau  temps,  et  à  tarif  double  lorsque 
1  Direction  du  port  hisse,  par  mauvais  temps,  le  pavillon  bleu  à  croix 
blanche.  Demi-tarif  pour  les  enfants  au-dessus  de  3  ans.  Gratuité  pour 
les  plus  jeunes  ;  —  2**  par  des  embarcations  à  rames  non  remorquées, 
1  fr.  75  la  place.  —  Les  bagages  enregistrais  sont  transportés  du  bateau 
au  port  et  vice-versa  par  le  soin  des  C^®^  intéressées.  Les  bagages  non 
enregistrés  sont  soumis  au  tarif  suivant  pour  leur  transport  sur  les 
embarcations  :  colis  à  la  main,  0  fr.  30;  colis  de  moins  de  50  kilog., 
0  fr.  60;  de  50  à  100  kilog.,  1  fr.  Q5.  Le  transport  des  colis  de  l'extrémité 
du  quai  d'embarquement  à  la  salle  des  visites  de  la  douane  par  portefaix 
est  enfin  soumis  au  tarif  ci-après  :  colis  à  la  main,  0  fr.  05  ;  de  5  kilog., 
0  fr.  50;  de  50  à  100  kilog.,  0  fr.  25;  au-dessus  de  100  kilog.,  prix  à 
débattre.  —  A  leur  débarquement,  les  voyageurs  doivent  se  présenter  au 


62  -  [1 ■ 


CASABLANCA. 


Service  de  V Innnig ration,  établi  sur  le  quai  pour  y  décliner  leurs  noms  et 
qualités. 

Principales  curiosités.  —  Seuls  les  quartiers  indigènes  présentent 
quelque  intérêt.  La  ville  nouvelle  n'a  aucune  originalité.  Son  dévelop- 
pement rapide  et  inattendu,  comme  celui  de  son  port  (p.  79),  méritent 
cependant  Tattention  du  visiteur  qui  peut  ainsi  assister  à  i'éclosion  d'une 
grande  cité  moderne. 

Emploi  du  temps.  —  Le  touriste  quà  débarque  le  matin  à  Casablanca 
peut  visiter  la  ville  dans  la  même  journée.  Les  quelques  heures  de  la 
matinée  étant  consacrées  aux  quartiers  indigènes  (p.  66),  l'après-midi 
sera  employée  à  une  promenade  circulaire,  soit  à  pied  dans  la  ville  nou- 
velle (p.  71),  ou  mieux  en  voiture,  en  partant  de  Isl  place  de  /Vance  (p.  66), 
pour  aller  vers  les  Roches  Noires  (p.  70)  et  revenir  par  le  palais  du  sul- 
tan (p.  71),  El  Hank  (p.  72)  et  le  port  {p.  70). 

Comme  promenades  extérieures,  il  n'y  a  guère  à  signaler  que  la  visite 
d'An  fa  (p.  7-2),  2  h.  30  aller  et  ret.,  et  celle  de  Sidi  Abd  Er  Rahmane 
(p.  7-ij,  5  h.  aller  et  ret.  eu  voiture. 

CASABLANCA,  ville  de  82,500  hab.  (37,000  européens  dont 
20,000  français,  8,000  espagnols  et  8,000  italiens;  36,000  mu- 
sulmans, 8,000  Israélites),  ch.-l.  de  région  militaire  et  de  la 
circonscription  civile  de  la  Ghaouia,  de  12,500  k.  carrés  de 
superficie  et  peuplée  de  260,000  hab.,  est  située  au  fond  d'une 
anse  comprise  entre  les  deux  promontoires  d'Oukacha  à  l'E., 
d'El  Hank  à  l'O.,  sur  la  côte  atlantique,  à  l'embouchure  du 
petit  oued  Bou  Skoura,  à  mi-chemin  de  Tanger  et  de  Mogador. 

La  ville  s'étend  presque  à  plat,  sur  un  sol  légèrement 
incliné  vers  la  mer  d'une  altitude  de  10  à  25  m.  L'ancienne 
cité  marocaine  a  la  forme  d'un  quadrilatère  allongé  dont  les 
bases,  sensiblement  parallèles  au  rivage,  ont  1  k.  environ  de 
longueur;  les  deux  autres  cotés  sont  perpendiculaires  à  la 
mer.  Limitée  par  une  enceinte  encore  intacte,  elle  est  cloi- 
sonnée par  un  dédale  de  rues  étroites,  où  la  circulation  créée 
par  l'immigration  et  le  trafic  européens  est  devenue  rapidement 
des  plus  difficiles,  en  dépit  des  travaux  qui  y  ont  été  entrepris 
depuis  le  débarquement  des  troupes  françaises. 

L'établissement,  dès  1907,  des  camps  au  S.-E.  de  la  ville 
arabe  et  l'organisalion  des  convois  sur  Rabat  et  Marrakech, 
portèrent  le  mouvement  de  ce  coté  et  des  constructions  de 
tous  genres,  en  bois  et  en  matériaux  plus  solides,  ne  tardèrent 
pas  à  s^élever.  La  croissance  des  bâtisses,  extrêmement  rapide, 
se  fit  jusqu'en  1914  au  hasard  des  besoins  et  des  spéculations. 
L'élaboration  du  plan  Prost  vint  heureusement  la  régulariser 
et  l'ordonner  à  partir  de  1915. 

La  Casablanca  moderne  s'est  moulée  sur  Tancienne  ville  et 
sur  le  port  qu'elle  enserre  à  l'E.  et  à  l'O.  Son  point  central 
actuel  est  la  place  de  France  d'où  partent,  dans  toutes  les  direc- 
tions, de  larges  voies,  et  à  proximité  de  laquelle  se  groupeiU 
les  grands  magasins,  les  banques,  les  services  de  transport 
en  automobile,  etc.  Un  immense  boulevard  circulaire  de  6  k. 
de  développement  recoupe  les  voies  issues  en  éventail  de  la 
place  de  France.  La  gare  des  chemins  de  fer  militaires,  située 


CASABLANCA. 


[1]  -  63 


à  l'E.  et  à  2  k.  5  de  cette  dernière  place,  est  le  noyau  d'un  quar- 
tier important,  le  quartier  de  Lorraine,  au  delà  duquel  s'élève, 
dans  la  direction  de  Rabat,  l'agglomération  des  Roches-Noires. 

Dans  son  ensemble,  la  ville  apparaît  comme  un  des  plus 
beaux  exemples  de  la  colonisation  française  à  l'époque  con- 
temporaine. En  raison  de  sa  situation  spéciale,  au  passage 
du  courant  de  navigation  entre  l'Europe  et  l'Afrique  occiden- 
taies,  et  en  face  de  l'Amérique,  elle  paraît  appelée  à  un  grand 
avenir.  Si  elle  n'a  pas,  comme  les  autres  villes  du  Maroc,  de 
monuments  anciens,  elle  jouit  d'un  climat  agréable.  Sa  tem- 
pérature, douce  en  hiver  (moyenne  :  13  à  14"),  supportable  en 
été  (moyenne  :  22  à  24°),  la  désigne  comme  devant  être,  grâce 
aussi  à  ses  distractions,  une  bonne  station  d'hivernage  et  le 
point  de  départ  de  magnifiques  excursions  à  l'intérieur  du  pays. 


Gare  :  —  à  l'E.  do  la  ville,  desser- 
vant les  lignes  de  chemins  de  fer 
militaires  de  Rabat,  d'Oued  Zem 
et  de  Ben  Guérir.  —  Le  bureau  de 
la  P.-L.-M.,  r.  de  l'Horloge, 

délivre  des  billets  d'automotrices 
pour  toutes  les  directions  du  réseau 
militaire,  au  prix  de  la  1*''  classe. 

Compagnies  de  navigation  :  — 
Les  bureaux  de  la  6''"  Générale 
Transatlantique  sont  r.  du  Com- 
mandant-Provost  ;  ceux  de  la  C'®  de 
Navigation  Paquet,  bd  de  l'Horloge 
et  r,  El-Hadjema;  ceux  des  Correos 
de  Africa,  r.  de  Mogador,  20;  ceux 
de  la  Bland  Line  (Lamb  Brothers), 
r.  de  la  Douane. 

Omnibus  des  hôtels,  à  la  gare  et 
au  port. 

Hôtels  :  —  A'xce^sior  (G.  Vautier  ; 
Pl.  ftCf),  pl.  de  France,  150  ch.  de 
8  à  12  fr.  pour  une  personne,  de  12 
à  15  fr.  pour  deux  personnes;  déj. 
5  fr.,  dîn.  6  fr.  50,  v.  n.  c.  ;  pens.  de 
séjour  (ch.  et  3  repas)  19  fr.  ;  électr., 
téléph.,  bains,  douches,  salons, 
billard,  gar.);  Central  (Hugony; 
Pl.  6B3),  r.  du  Port,  3  et  r.  d'Anfa, 
2  (55  ch.  de  5  à  10;  rep.  4,  4.50, 
v.  c.  ;  pens.  12  à  14  ;  électr.,  téléph., 
bains,  terrasse,  gar.);  Select-Hôtel 
(Taya),  bd  d'Anfa  (20  ch.  de  5  à 
10  ;  rep.  3.50  ;  pens.  dep.  10  ;  jardin)  ; 
Savoy-Hôtel,  r.  de  Madrid  ;  Moderne 
(Pl. 'cB2),  pl.  de  Belgique;  de 
France  (Pl.  d  BC3),  r.  du  Comman- 
dant-Provost  ;  Palace-Hôtel,  r.  Ll 
Àrsa,  en  face  du  jardin  public; 
St-Georges,  r.  de  l'Horloge. 

Brasseries  :  —  Alhambra,  pl.  de 
l'Horloge,  avec  restaurant;  Glacier, 


pl.  de  France;  Boi  de  la  Bière,  pl. 
de  France,  avec  rest. 

Cafés  (outre  les  brasseries  ci- 
dessus)  :  —  Taverne  de  France 
(Eldorado);  de  la  Poste,  r.  du  Com- 
mandant-Provost  ;  du  Commerce,  pl. 
du  Commerce. 

Bains  :  —  Bains  douches  munici- 
paux, bd  de  la  Liberté;  bains  du 
Skating,  av.  du  Général-Drude  ; 
bains  maures  des  Habous,  près  du 
Dar  el-Makhzen  (entrée  générale  : 

0  fr.  40;  cabine  sans  linge  1  fr.  ; 
cabine  avec  serviettes   et  savon 

1  fr.  50;  accessible  aux  hommes  de 
minuit  à  15  h.,  aux  femmes  de  15  h. 
à  10  h.  ;  bains  maures,  r.  de  Madrid 
et  r.  du  Capitaine-Hervé;  —  Bains 
DE  MKR  :  l.'uhau  (plage)  et  Casino 
des  Boches-Noires  (Lécuyer),  aux 
Roches  Noires. 

Postes  et  télégraphes  :  —  Bureau 
central  français,  r.  du  Commandant- 
Provost  et  bureau  annexe  près  de  la 
Douane,  Bab  el  Marsa;  Bureau 
'  télégraphique  et  téléphonique,  à 
l'entrée  de  la  r.  de  l'Horloge  (im- 
meuble hôt.  Excelsior):  Poste  an- 
glaise, r.  du  Consulat-d'Angleterre. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc,  pl. 
de  l'Horloge;  Algéro-Tunisienne, 
av.  du  Général-Drude,  9  et  11; 
Compagnie  algérienne,  entrée  de  la 
r.  de  l'Horloge  ;  Crédit  foncier 
d'Algérie  et  de  Tunisie,  av.  du 
Général-Drude,  5;  Société  Géné- 
rale; Crédit  marocain,  av.  du 
Général-Drude,  3;  Commerciale  du 
Maroc;  Lyonnaise,  av.  du  Général- 
Drude,  6;  British  West  Africa,  av. 
du  Général-Drude,  3. 


64  -  [Ij 


CASABLANCA. 


Voitures  de  place  :  —  pour  les 
trajets  ne  dépassant  pas  le  bd  cir- 
culaire et  la  gare,  -2  fr.  la  course 
simple,  3  fr.  la  course  double  ;  pour 
les  trajets  dépassant  le  bd  circu- 
laire et  la  gare,  3  fr.  la  course 
simple,  4  fr.  la  course  double  ; 
l'heure  dans  le  premier  cas  3  fr.  50 
et  dans  le  2<=  cas  4  fr.  50.  Prix 
majorés  la  nuit,  sauf  pour  la 
1"  zone. 

Âuto-taxis  :  —  pour  1  ou  2  pers., 
1  fr.  par  900  m.  avec  majoration 
de  0  fr.  20  par  fraction  supplémen- 
taire de  300  m.  ;  pour  plus  de  2  pers., 

1  fr.  jusqu'à  750  m.  et  0  fr.  20  par 
fraction  supplémentaire  de  200  m.; 
la  nuit,  1  fr.  jusqu'à  500  m.  etO  fr.  20 
par  fraction  supplémentaire  de  200 
m.  avec  majoration  de  1  fr.  pour 
le  service  de  nuit. 

Tramways  à  chevaux  :  —  des  serv. 
de  tramways  à  chevaux  .  fonction- 
nent de  la  place  de  THorloge  aux 
Roches  Noires  et  de  la  porte  de 
Marrakech  sur  la  route  deMédiouna, 
toutes  les  30  min.  ;  pou  recomman- 
dables. 

Services  d'automobiles  et  d'au- 
tobus pour  l'intérieur  du  Maroc  :  — 

ces  services  ont  leurs  bureaux 
réunis  pl.  de  France.  Ils  sont  as- 
surés par  les  Messageries  autobus 
du  Maroc  (Pisanelli),  la  Société 
française  de  transports  automobiles 
(Goyon  et  C*®),  la  Société  des  2'axi- 
Auto  marocains,  Gabriel  Blat  et 
Auto-Accessoires  (Mme  Zakar)  qui 
se  chargent  aussi  de  transporter 
les  voyageurs  dans  toutes  les  direc- 
tions, à  raison  de  1  fr.  à  1  fr.  50  le 
k.  selon  l'état  des  routes,  les  dis- 
tances étant  calculées  sur  l'aller 
et  le  ret.  Ils  desservent  :  —  Babat, 
25  fr.  la  pl.  en  automobile,  et  10  fr, 
la  pl.  en  autobus,  2  dép.  par  j.  à 
8  h.  et  à  13  h.  30,  trajet  en  2  et 
3  h.  ;  —  Der  Rechid  et  Settat,  serv. 
quotidien  en  1  h.  et  2  h.,  12  et  15  fr. 
la  pl.,  dép.  à  7  h.; —  Marrakech, 
serv.  quotidien  en  0  h.,  60  fr.  la  pl., 
dép.  à  7  h.;  —  Azemmour  ci  Mazaqan, 

2  serv.  par  j.  en  3  h.,  20  et  25  fr. 
la  pl.,  dép.  à  8  h.  et  à  13  h.  30;  — 
Tanqer,  2  serv.  par  sem.  et  par 
beau  temps,  225  à  150  fr.  la  pl.;  — 
Oued  Zem  (70  fr.),  Boujad  (80  fr.), 
Kasba  Tadla  (100  ir.),  Boucheron 


.80  fr.),  Boulhaut  (100  fr.),  serv.  irré- 
guliers (s'informer). 

N.  B.  :  les  voyageurs  sont  auto- 
risés à  prendre  10  kilog.  de  bagages 
avec  eux;  ils  paient  0  fr.  30  par 
kilog.  de  supplément. 

Garages  :  —  Auto-Hall  (D^  Veyre), 
171,  av.  du  Général-Drude  (Ford. 
Berliet,  Hudson,  Jetfery,  Saxon)  ;  — 
Agence  industrielle  et  automobile,  r. 
Bou  Skoura  (Panhard  et  Levassor)  ; 
Auto- Accessoires,  pl.  de  France , 
Gabriel  Blat,  r.  Bou-Skoura,  1  ei 
r.  Ledru-Rollin;  Excelsior  (Charlet), 
bd  du  2«-Tirailleurs;  Amie,  bd  de 
la  Liberté;  (Rochet,  Schneider, 
Overland)  ;  Fleury,  av.  de  la  Gare  ; 
de  V Horloge,  derrière  l'Alhambra; 
des  Taxi-autos  marocains,  route  de 
Médiouna;  Goyon  et  C'",  pl.  de 
France  (Chenard  et  Walcker)  ;  Auto- 
Office,  15,  av.  du  Général-d'Amade 
(Renault,  Unie);  Porge  et  C'«,  r. 
de  Médiouna,  19  (Maxuel,  Dodge). 

Les  frais  de  garage  sont  calculés 
sur  la  base  de  2  fr.  par  jour  ou  de 
30  fr.  par  mois. 

Librairies  :  —  Franco-marocaine 
(Farairre),  r.  du  Commandant-Pro- 
vost,  40  et  42;  Arnoye,  r.  du , Com- 
mandant ~  Provost,  47;  Magasins 
modernes,  pl.  de  France;  Avidis, 
pl.  de  France,  et  r.  du  Général- 
d'Amade,  23. 

Papeteries  :  — 'Vigie  marocaine,!. 
du  Commandant-Provost,  35;  Gré- 
bert,  r.  du  Commandant-Provost; 
Magasins  modernes,  pl.  de  France. 

Journaux  :  —  La  Presse  maro- 
caine, quot.  du  matin,  10  c.  ;  La 
Vigie  marocaine,  quot.  du  soir, 
10  c.  ;  L'Information  marocaine^ 
hebdomadaire.  30  c. 

Photographie  :  —  Galeries  photo- 
graphiques (M.  Demeure),  av.  du 
Général-d'Amade,  23;  Photo-Flan- 
drin,  r.  de  la  Liberté. 

Tabacs  et  cigares  :  —  on  trouvera, 
dans  toute  la  ville,  des  bureaux  de 
vente  s'anrionçant  par  une  pancarte 
bleue  fixée  à  la  devanture.  Princi- 
paux bureaux  :  Mme  Berthaud,  pl. 
de  l'Horloge  (immeuble  Alhambra); 
Farairre.  rue  du  Commandant- 
Provost,  42  ;  Delorme,  av.  du  Géné-] 
ral  Drude,  207. 

Cartes  postales  :  —  principaux 
magasins  de  vente  à  proximité  de 


CASABLANCA.  [1]  —  65 


la  place  de  France  et  de  la  porte 
de  l'Horloge. 

Articles  orientaux  :  —  Pohoomull, 
Chellaram,  Bulchand,  Kemchand, 
Chanraï,  r.  du  Commandant-Pro- 
vost,  à  proximité  de  la  tour  de 
rHorloge{peu  d'articles  marocains). 

Spectacles  :  —  Scala,  av.  du  Gé- 
néral -  Drude  ;  Eldorado  -  théâtre  , 
r.  du  Général-Moinier  ;  Cirque 
Nava,  pl.  Bar  Er  Rha;  Grand 
Cinéma,  r.  du  Marché  et  pl.  de 
France  ;  Royal  Cinéma  Pathé,  r.  des 
Ouled  Harris,  123;  Skating  Palace 
Cinéma,  bd  de  la  Gare  ;  Roi  de  la 
Bière  Cinéma,  pl.  de  France. 

Sociétés  diverses  :  —  Automobile 
Club  marocain,  dont  le  cercle  est 
sis  pl.  de  France,  au-dessus  de 


l  Alhambra  ;  Société  de  Géographie 
du  Maroc  ;  Office  commercial  (ren- 
seignements économiques),  r.  du 
Marabout. 

Consulats  :  —  France,  r.  du  Con- 
sulat-de-France et  pl.  de  l'Univers, 
de  9  à  12  et  de  14  à  16  h.;  Angle- 
terre, rue  du  Consulat-d'Angleterre, 
de  10  à  12  et  de  14  à  16  h.  ;  Belgique, 
de  10  h.  30  à  13  h.  ;  Danemark,  av. 
du  Général-Drude,  41,  de  10  à  12  et 
de  14  à  16  h.;  Espagne,  r.  du  Con- 
sulat-d'Espagne, de  9  à  13  h.  ;  Italie 
r.  du  Général-Moinier,  de  9  à  12  h. 

Spécialités  :  —  tapis  à  haute  laine 
et  à  points  noués,  grossièrement 
faits,  teints  aux  couleurs  à  Faniline, 
généralement  sans  intérêt  artis- 
tique mais  en  voie  de  rénovation. 


Histoire.  —  Des  documents  de  l'âge  préhistorique  ont  été  trouvés  en 
assez  grande  abondance  aux  environs  de  Casablanca,  notamment  aux 
abords  de  la  source  de  Tit  Mellil.  —  On  ne  sait  pas  encore  si  la  fonda- 
tion de  la  cité  d'A?i/"a  doit  être  attribuée  aux  Berbères,  aux  Phéniciens 
ou  aux  Romains  ;  on  n'a  pas  non  plus  de  données  précises  sur  l'impor- 
tance qu'elle  eut  dans  l'antiquité  et  aux  premiers  temps  de  l'époque 
arabe.  Les  chroniqueurs  musulmans  signalent  que  le  souverain  mérinide 
Abou  YoQssef  s'en  empara  en  658  de  THégire  (xiii«  s.),  mais  qu'elle  se 
rendit  indépendante  lorsque  s'affaiblit  sa  dynastie  et  forma  une  petite 
république  de  pirates.  "Elle  devint  alors  florissante  et  échangea  d'activés 
relations  commerciales  avec  Fès,  l'Angleterre  et  le  Portugal.  Mais  les 
corsaires,  se  montrant  trop  audacieux  sur  les  côtes  européennes  de 
l'Atlantique,  notamment  à  l'embouchure  du  Tage,  attirèrent  sur  eux  le 
châtiment  de  Don  Ferdinand,  infant  du  Portugal,  qui  arma  une  flotte 
de  50  navires  et  de  10,000  hommes,  mit  la  ville  d'Anfa  à  sac  et  l'aban- 
donna après  l'avoir  démolie  de  fond  en  comble  (1465).  Les  Portugais 
réoccupèrent  Anfa  en  1515,  la  reconstruisirent  en  lui  donnant  le  nom  de 
Casa  Branca;  mais  les  incursions  incessamment  renouvelées  par  les 
tribus  voisines  et  les  dommages  causés  par  un  tremblement  de  terre 
déterminèrent  leur  évacuation  définitive  vers  le  milieu  du  xviii*  s. 

La  ville  reprit  quelque  essor  avec  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah 
(l'757-1790),  qui  la  peupla  de  chleuhsdes  Halia  et  de  bouakher  de  Meknès 
en  la  dotant  d'une  mosquée,  d'une  médersa,  d'un  établissement  de  bains 
et  d  une  batterie.  Elle  porta  alors  le  nom  de  Dar  El  Beïda,  la  Maison 
Blanche,  d'où  les  Espagnols  ont  fait  Casablanca. 

En  1794,  elle  devint  le  chef-lieu  de  la  résidence  du  gouverneur  de  la 
province  des  Chaouïa,  qui  lutta  un  moment  contre  Moulay  Slimane. 

A  la  fin  du  xyiii^  s.,  des  compagnies  espagnoles  obtinrent  des  sultans 
le  privilège  du  commerce  du  port,  qu'elles  conservèrent  jusqu'en  1830, 
époque  à  laquelle  Moulay  Abd  Er  Rahmane  le  rouvrit  au  commerce 
européen.  Les  transactions  portaient  alors  principalement  sur  les  laines 
en  toison,  l'huile  d'olive  et  les  amandes. 

Sous  Moulay  El  Hassane  (fin  du  xix«  s.)  la  ville  acquit  un  réel  déve- 
loppement commercial  et  revêtit  les  proportions  comprises  dans 
l'enceinte  encore  visible. 

L'assassinat,  le  30  juillet  1907,  de  neuf  Européens  aux  travaux  du  port, 
par  une  bande  de  Chaouïa  fanatiques,  attentat  suivi  de  l'investissement 
du  consulat  de  France,  détermina  le  débarquement^  le  5  août  suivant, 
de  marins  français  du  Galilée,  commandés  par  l'enseigne  de  vaisseau 


MAHOC. 


66  -  [1] 


CASABLANCA. 


Ballande,  qui  devaient  protéger  le  consulat.  Mais  la  ville,  attaquée  et 
pillée  par  les  tribus  berbères  du  voisinage,  ne  fut  dégagée  que  le  7  août 
par  le  corps  de  débarquement  de  3,000  hommes  du  général  Drude.  La 
descente  à  terre  se  lit  sur  la  plage  de  Sidi  Belyout  et  le  bivouac 
s'établit  sur  l'emplacement  actuel  de  la  Subdivision  et  des  Magasins 
modernes.  Casablanca  devint  alors  le  point  de  ravitaillement  des  troupes 
du  Maroc  occidental  et  le  centre  des  actions  qui  s'engagèrent  dans 
l'arrière-pays,  notamment  en  Chaïoua  dont  la  pacification  fut  obtenue 
par  le  général  d'Amade  le  16  mars  1908. 

Bibliographie  :  Casablanca  et  les  Chaouïa  {Villes  et  tribus  du  Maroc)^ 
par  la  Mission  scientifique  du  Maroc,  Paris,  Leroux,  1915,  2  vol.  in-8  ; 
—  Casablanca,  La  Chaouïa,  Paris,  Larose,  1918,  1  vol. 

7.  —  Place  de  Trance  ou  place  de  l'Horloge, 

C'est  de  la  place  de  France,  où  stationnent  voitures  et  autos,  que  par- 
tiront les  itinéraires  qui  suivent. 

Située  à  la  sortie  de  la  ville  indigène,  au  pied  de  la  tour  et 
de  la  porte  de  VHorloge  et  le  long-  des  remparts  E.,  à  l'entrée 
du  quartier  européen  le  plus  important,  la  place  de  France 
a  la  forme  d'un  rectangle  à  peu  près  régulier  de  200  m. 
de  long  sur  40  m.  de  large,  qui  fut  l'emplacement  d'un  marché 
installé  aux  abords  d'un  cloaque  pestilentiel  jusqu'en  1913.  C'est 
autour  d'elle  que  se  sont  groupés  les  organes  vitaux  de  la  cité 
nouvelle,  à  savoir,  en  commençant  par  le  N.  :  la  Banque  d'Etat 
du  Maroc,  de  style  néo-marocain,  inaugurée  en  1915;  VAlhambra, 
brasserie-restaurant,  à  la  terrasse  de  laquelle  se  donnent  rendez- 
vous  voyageurs,  commerçants  et  touristes,  et  qu'avoisinent  :  VAu- 
tomobile  Club  du  Maroc  et  la  Banque  algérienne;  un  bureau  des  télé^ 
graphes  et  téléphones;  VLôtel  Excelsior,  immense  bâtisse  en  ciment 
armé,  terminé  en  1918;  les  bureaux  des  diverses  sociétés  de 
transports  automobiles  ;  les  grandes  brasseries  du  Roi  de  la 
Bière  et  du  café  Glacier,  le  Crédit  foncier  d^ Algérie  et  de  Tunisie; 
le  marché,  très  actif  et  bien  approvisionné,  et  enfin,  au  S.,  fer- 
mant la  place,  les  Magasins  modernes,  édifiés  en  1913. 

Au  S.  de  la  place,  s'ouvre  Vavenue  du  Général-d' Amade,  par  laquelle 
on  gagne  le  quartier  des  bâtiments  provisoires  de  l'administration  mili- 
taire :  à  g.,  bureaux  de  la  subdivision,  dans  un  jardin  avec  kiosque  de 
musique  (concert  jeudi  et  dim.),  bureaux  de  la  Place,  etc.  ;  à  dr.,  nouvel 
hôtel  des  Postes  (en  construction),  pos^e  aux  Armées,  cercle  militaire,  etc. 

Zï.  —  La  ville  indigène. 

Trajet  de  1  h.  à  parcourir  de  préférence  à  pied  ;  peut  s'effectuer  aussi  en 
voiture.  Les  constructions  de  l'ancienne  Casablanca  ont  peu  de  carac- 
tère. Quelques  vieilles  portes  de  maisons  d'habitation,  en  pierre  taillée 
et  sculptée,  ont  cependant  quelque  attrait. 

De  la  place  de  France,  on  gagne,  par  la  porte  de  l'Horloge, 
la  RUE  DU  Gommandant-Provost,  artère  principale  de  la  Medina. 
Une  petite  place  en  occupe  l'entrée  et  un  petit  souk  s'étend  à  dr. 
Plus  loin,  elle  est  bordée  de  magasins  indigènes  et  européens. 


68  -  [1] 


CASABLANCA. 


A  dr.  de  la  Salle  des  Dépêches  de  la  Vigie  marocaine  se  détache 
la  courte  rue  du  Dar  El  Makhzen,  dans  laquelle  se  trouvent  : 
le  Mont  de  Piété,  Vancien  Dar  El  Makhzen,  où  sont  actuellement 
réunis  les  services  de  la  police  locale,  un  établissement  de 
bains  maures  construits  en  1910  par  l'administration  . des  Habous 
du  Protectorat,  la  grande  Mosquée  construite  dans  la  seconde 
moitié  du  xtiii"  s.  sur  l'ordre  du  sultan  Sidi  Mohammed  Ben 
Abd  Allah;  des  boutiques  d'adouls  ou  notaires  musulmans; 
une  ancienne  fontaine  publique  aménagée  sous  une  arcade  ;  un 
square  créé  en  1917  devant  le  tombeau  de  Sidi  Bou  Smara;  les 
consulats  de  France  et  d'Italie;  la  prison  civile.  Cette  rue  est 
en  communication  avec  le  port  par  Bab  El  Kedim. 

Revenant  à  la  rue  du  Commandant-Provost,  on  rencontre  le 
bureau  central  des  Postes  et  les  sièges  respectifs  de  la  G'®  Géné- 
rale Transatlantique,  de  la  Banque  Commerciale  et  de  la 
Société  Générale. 

Plus  loin  s'ouvre  la  place  du  Commerce  communiquant  avec  le 
port  par  Bab  El  Marsa.  L'artère  se  prolonge  par  la  rue  de  Bel- 
gique et  la  RUE  DE  LA  Marine  qui  desservent  le  palais  de  la 
Résidence  générale,  la  mosquée  Ould  El  Hamra  dont  une  porte  date 
de  1204  (fin  du  xviii*"  s.),  la  maison  du  Pacha,  construction  mau- 
resque de  style  moderne  et  conduisant  place  Sidi  El  Kairouani  où 
se  trouvent  le  sanctuaire  du  marabout  du  môme  nom,  un 
marché  et  une  fontaine  publique  moderne. 

Le  sanctuaire  de  Sidi  El  Kairouani,  construit  au  commencement 
du  xix®  s.,  est  dédié  à  Sidi  Allai  El  Kairouani,  premier  patron  de  la 
cité.  Ce  saint  personnage  serait  venu  de  Kairouan  vers  l'an  1350,  lors 
de  la  reprise  d'Anfa  par  le  sultan  mérinide  Abou  El  Hassane  Ali,  enterré 
à  Chella,  près  de  Rabat. 

La  RUE  SouR  El  Djedid  (du  rempart  neuf),  qui  fait  suite  à  la 
rue  de  la  Marine,  aboutit  au  jardin  public  créé  par  les  Français 
en  1913. 

On  reviendra  vers  la  place  de  France  par  la  rue  de  Mazagan, 
où  s'élèvent  la  mosquée  J^c/i  Chleuh,  la  médersa  ou  école  franco^ 
arabe,  la  poste  anglaise  et  les  télégraphes  chérijîens,  puis  par  la 
rue  du  Gapitaine-Ihler,  que  bordent  Djama  Es  Souk  et  de 
nombreuses  échoppes  de  marchands  marocains.  Le  mellah  ou 
quartier  juif  s'ouvre  à  dr.  de  cette  dernière  artère;  on  pourra 
le  visiter  totalement  ou  en  partie  en  s'engageant  dans  les 
rues  latérales. 

777.  —  Le  tour  des  remparts  et  le  port. 

Itinéraire  intéressant  au  point  de  vue  indigène  dans  la  première  partie 
du  trajet,  surtout  dans  l'après-midi.  —  1  h.  30  à  pied;  1  h.  en  voit. 

Une  enceinte  bastionnée,  construite  eu  pierre  et  de  8  à  10  m. 
de  haut,  fait  le  tour  de  la  ville  indigène. 

Elle  est  percée  de  huit  portes,  dont  trois  sur  le  front  de  mer  :  Bab 
El  Marsa,  en  face  du  port,  Bab  El  Kedim,  plus  à  TE.,  élevée  en  1201  àir 


CASABLANCA. 


[1]  -  69 


l'Hégire  (fin  du  xviii*  s.)  et  Bab  El  Arsa,  cette  dernière  ouverte  en  1909 
vers  l'extrémité  O.  de  la  ville;  deux  sur  le  front  E.  :  Bab  El  Djedid  et 
Bab  Es  Souk,  appelée  aussi  porte  de  l'Horloge,  double  depuis  1908;  deux 
sur  le  front  S.  :  Bab  Marrakech,  élargie  au  début  de  l'occupation,  et  Bab 
El  Afia,  ouverte  en  1911  ;  une  sur  le  front  O.  :  Bab  Es  Sour  El  Djedid. 

Au  N.-O.,  une  autre  enceinte  fortifiée,  plus  récente,  dite  Sour  El 
Djedid,  entoure  un  terrain  d'environ  400  m.  de  long  sur  300  de  large, 
qui  devait  primitivement  recevoir  des  installations  européennes. 

Par  suite  du  développement  considérable  de  Casablanca  moderne, 
on  sera  dans  l'obligation  d'abattre  quelques  pans  de  remparts  du  côté  E. 
et  du  côté  S. 

Prendre,  au  S.-O.  de  la  place  de  France,  le  boulevard  pu 
2®-TmAiLLEURS.  Au  n**  43,  à  g.,  se  tient,  dans  le  fondouk  Baschfco, 
les  lundis  et  vendredis  matins,  le  «  marché  aux  puces  »  ;  il  s'y 
vend  aussi,  chaque  jour,  par  l'intermédiaire  de  crieurs  publics 
indigènes,  des  bijoux  et  toutes  sortes  de  produits  marocains. 

Plus  loin,  une  porte,  Bab  Marrakech,  s'ouvre  dans  les 
remparts  en  face  de  la  place  de  même  nom,  toujours  très 
animée.  Là  se  réunissent,  chaque  jour,  au  milieu  de  cercles 
populeux,  des  conteurs,  des  acrobates,  des  musiciens,  des  dan- 
seurs qu'avoisinent  des  écrivains  publics,  des  marchands  de 
gâteaux  et  de  plantes  aromatiques.  Le  côté  S.  de  la  place  donne 
accès  à  un  souk  où  les  indigènes  s'approvisionnent  en  viande, 
légumes,  fruits,  épices,  étoiles,  vêtements,  tapis.  Sur  le  côté  0., 
un  fondouk  ou  remise  reçoit,  dans  un  curieux  désordre,  cha- 
meaux, chevaux,  ânes,  mulets  auprès  desquels  travaillent  des 
savetiers  et  quelquefois  des  tondeurs  de  tapis  à  points  noués 
de  Casablanca.  Enfin,  au  N.-O.  de  la  place  s'élèvent  le  minaret 
et  la  mosquée  El  Hadj  Boa  Azza,  du  nom  de  son  bienfaiteur,  qui 
l'a  construite  à  ses  frais  en  1916.  Les  rues  avoisinantes  sont 
peuplées  de  gens  de  to-us  métiers  et  de  toutes  races  dont  l'en- 
semble forme  un  mélange  curieux  et  inattendu. 

La  rue  Krantz  mène  au  cimetière  Israélite,  124,  à  dr.,  où  s'accumu- 
lent, par  endroits,  des  quantités  de  tombes  plates  en  pierre  rougeâtre 
couvertes  d'inscriptions  hébraïques  et  parfois  teintes  en  bleu  ou  en 
blanc;  à  l'angle  N.-O.,  quelques  tombes  de  saints  juifs,  fréquemment 
visitées.  Au  delà,  mosquée  El  Hadj  Bou  Chaïb,  puis  écoles  de  la  Ferme- 
Blanche,  construites  dans  un  style  néo-marocain. 

En  suivant  les  remparts,  on  atteint  bientôt  Vhôpital  civil, 
puis  Vhôpital  militaire,  qu'on  laisse  à  g.,  on  longe  le  jardin 
public  à  dr.,  pour  aboutir  au  boulevard  front  de  mer  et  revenir 
le  long  du  port  {V.  ci-dessous).  On  aperçoit  successivement,  à 
g,  :  l"*  les  chantiers  de  Ventreprise  où  se  confectionnent  des  blocs 
artificiels  de  90,  45  et  23  tonnes,  que  mettent  en  place,  sur  la 
grande  jetée,  deux  titans  de  110  tonnes;  2^*  le  terre-plein  0.  et 
la  darse  0.  ;  3'*  le  petit  port  intérieur  où  abordent  les  embar- 
cations. A  dr.  se  dresse  la  ligne  des  remparts  interrompue  par 
un  bastion  montrant  encore  des  traces  du  bombardement  d'août 
1907,  puis  par  Bab  El  Marsa  (p.  68)  portant  une  plaque  commé- 
morative  de  la  défense  des  consulats  du  5  au  7  août  1907. 


70  -  [1] 


CASABLANCA. 


Sur  le  terre-plein  E.  s'élèvent  les  bâtimentede  la  Manutention 
marocaine,  de  la  Base  de  Bavitaillement  des  troupes  du  Maroc 
occidental,  et  plus  loin,  la  Douane,  de  style  néo-marocain  avec 
son  entrée  sous  auvent,  son  hall  au  décor  de  mosaïque,  de 
plâtre  sculpté  et  de  bois  tourné  et  peints. 

Le  port  de  Casablanca  était  inexistant  avant  l'occupation  française. 
On  y  travaille  depuis  1907,  mais  c'est  depuis  1914  seulement  que  l'entre- 
prise poursuit  un  programme  bien  défini,  auquel  50  millions  sont  con- 
sacrés. 

Le  grand  port  comprendra  :  1°  une  grande  jetée  de  couverture  de 
1,900  m.  en  prolongement  de  celle  déjà  amorcée  en  1908  à  Sour  El  Djedid, 
d'abord  perpendiculaire,  puis  parallèle  à  la  côte.  Elle  est  aujourd'hui 
réalisée  sur  les  deux  tiers  de  sa  longueur,  les  travaux  actuels  se  poursui- 
vant sur  des  fonds  de  10  m.;  —  2"  une  jetée  transversale  de  1,400  m. 
qui  rejoindra  la  première,  à  300  m.  de  son  extrémité,  après  une  solution 
de  continuité  de  250  m.  réservée  pour  la  passe  principale;  elle  est 
aujourd'hui  exécutée  sur  200  m.  de  long  ;  le  mouillage  ainsi  délimité 
aura  une  superficie  de  140  hect.,  où  les  grands  navires  de  tout  tonnage 
pourront  ancrer  en  toute  sécurité;  —  3**  à  l'intérieur,  un  petit  port 
enserré  par  deux  jetées  de  moindres  dimensions  et  comportant,  d'un 
côté,  une  darse  actuellement  terminée,  destinée  à  abriter  les  petites 
embarcations,  de  l'autre,  un  mouillage  accessible  aux  navires  de  petite 
calaison  ;  —  4°  un  pourtour  de  quais  et  de  terre-pleins  munis  de  l'outillage 
moderne.  Le  grand  terre-plein  de  l'O.  est  en  construction. 

Le  port  de  Casablanca  paraît  appelé  à  un  grand  avenir.  Son  com- 
merce total  fut,  en  1915,  de  75  millions  se  répartissant  sur  un  mouvement 
de  160,000  tonnes  et  passa,  en  1916,  à  106  millions  sur  200,000  tonnes 
et,  en  1917,  à  144  millions  sur  230,000  tonnes. 

De  la  Douane,  on  peut  rentrer  dans  la  ville  indigène  par 
Bab  El  Kedim  et  la  rue  du  Dar  El  Makhzen  (p.  68),  mais  il  sera 
préférable  d'achever  de  faire  le  tour  des  remparts  en  continuant 
vers  l'E.  pour  prendre  le  boulevard  du  4'-Zouaves  qui  laisse  à 
g.  le  sanctuaire  de  Sidi  Belyout,  à  l'angle  de  la  route  de  Rabat. 

Sidi  Belyout  est  devenu  le  patron  de  Casablanca  depuis  le  dernier 
siècle  seulement,  remplaçant  ainsi  Sidi  El  Kairouani  (p.  68).  La  koubba 
actuelle  a  été  construite  vers  1881.  La  légende  rapporte  que  Sidi 
Belyout  avait  un  pouvoir  de  fascination  sur  les  animaux  sauvages,  qu'il 
se  promenait  en  compagnie  de  lions,  et  qu'il  avait  le  don  d'ubiquité. 
L'eau  qui  tombe  dans  sa  koubba  aurait,  disent  les  fidèles,  la  propriété 
merveilleuse  de  faire  fatalement  revenir  à  Casablanca  ceux  qui  en 
ont  bu. 

Au  delà  de  Sidi  Belyout  s'élève,  à  dr.,  Bab  Er  Rha,  édifiée 
vers  1902,  mais  reportée  à  quelques  mètres  en  retrait  en  1917^ 
On  atteint  ainsi  la  place  de  France. 

JK.  —  Le  boulevard  Front  de  mer. 
Les  J^oches  T^oires, 

Route  4  k.  E.  Tramways  à  chev.  (peu  recommandables)  toutes  les 
30  min.  ;  dép.  place  de  France;  0  fr.  20  la  pl.  —  1  h.  en  voit,  de  place 
aller  et  ret. 


On  sort  de  la  place  de  France  par  le  boulevard  du  4«-Zouaves  o 


Se  3 1  e   of  Ya  rd  s 


CASABLANCA. 


[1]  -  71 


pour  laisser,  à  g.,  le  marabout  de  Sidi  Belyout  (p.  70)  et  aller 
vers  TE.  en  longeant  la  plage. 

0  k.  6.  Cimetière  de  Sidi  Belyout,  emplacement  sur  lequel 
débarquèrent  en  1907  les  troupes  françaises  conduites  par  le 
général  Drude.  —  0  k.  8.  Cimetière  où  furent  enterrés  les  sol- 
dats français  tués  aux  premiers  jours  de  l'occupation.  —  0  k.  9. 
Marabout  de  Sidi  Tahar  et  abattoirs.  La  route  suit  parallèlement 
le  riva^-e.  —  1  k.  5.  A  dr.,  gare  des  chemins  de  fer  militaires. 

2  k.  6.  Casino  (café-rest.),  au  milieu  de  la  plage. 

4  k.  Les  Roches  Noires,  quartier  créé  en  1913  par  MM.  Lendra 
et  Dor.  Au  delà,  fabrique  de  chaux  et  ciments  Andrieux. 

Y.  —  Le  four  de  ville. 

Route  10  k.,  1  h.  30  en  voit,  parmi  les  quartiers  extérieurs  européens 
en  voie  d'aménagement. 

Utiliser  l'itinéraire  précédent  jusqu'en  deçà  de  la  gare  du  ch. 
de  fer  militaire,  puis  tourner  franchement  à  dr.,  pour  prendre 
le  BOULEVARD  CIRCULAIRE.  Cette  artère  coupe  successivement 
toutes  les  voies  qui  partent  en  éventail  de  la  place  do  France  : 
la  route  de  Boulhaut,  à  la  naissance  de  laquelle  le  ch.  de  fer  suit 
le  boulevard  circulaire  sur  environ  1  k.  ;  la  route  de  Mediouna, 
qui  passe  à  proximité  du  lotissement  de  la  Gironde,  du  palais  du 
Sultan  et  du  fort  Provost;  Vavenue  Mers-Sultan,  après  le  fort 
Ihler;  la  nouvelle  route  de  Mazagan;  Vavenue  du  Général-Moinier^ 
le  boulevard  d'Anfa.  On  aboutit  au  quartier  d'Aïn  Bouzia,  d'où  l'on 
peut  revenir  à  la  place  de  France  par  la  ville  indigène  (itiné- 
raire II,  p.  68)  ou  par  le  port  (fin  de  l'itinéraire  III,  p.  70). 


ENVIRONS  DE  CASABLANCA 

Les  environs  immédiats  de  Casablanca  sont  à  peu  près  dépourvus 
d'intérêt  pittoresque.  En  dehors  de  la  ville,  c'est  la  plaine  de  Chaouïa 
qui  s'ouvre  de  toutes  parts,  à  peine  accidentée  et  monotone.  Les  deux 
promenades  suivantes,  qui  peuvent  n'en  faire  qu'une,  sont  cependant  très 
recommandées  :  elles  éclairent  le  voyageur  sur  la  constitution  de  la 
côte  atlantique  alternativement  rocheuse  et  sableuse,  toujours  basse  et 
sans  cesse  battue  par  les  liots. 

1°  El  Hank  et  Anfa  supérieur  (route  5  k.  0.,  2  h.  à  pied 
aller  et  ret.  ;  1  h.  30  en  voit,  de  place).  Le  trajet  peut  s'effectuer  : 
1**  soit  en  utilisant  la  fin  de  l'itin.  III  en  sens  inverse  jusqu'au 
jardin  public;  2''  soit  en  suivant  l'itin.  III  jusqu'au  jardin 
public;  3°  soit  en  suivant  le  même  itinéraire  jusqu'à  Bab 
Marrakech  pour  regagner  la  route  d'EI  Hank  par  le  boulevard 
circulaire  au  delà  de  la  Ferme-Blanche. 

1  k.  Jardin  public.  La  route  s'engage  entre  l'hôpital  militaire 
à  dr.,  l'hôpital  civil  et  le  parc  d'artillerie  à  g.,  laisse  à  dr.  la 
T.  S.  F.  et  traverse  le  quartier  d'Ain  Bouzia. 

2  k.  8.  Cimetière  européen. 


72  —  [2] 


LA  CHAOUÏA. 


4  k.  Phare  d'El  Hank,  sur  la  presqu'île  rocheuse  du  môme 
nom. 

L'ouvrage  est  constitué  par  une  tour  de  maçonnerie  de  43  m.  de 
hauteur  au-dessus  du  sol  arasé  à  la  cote  de  19  m.,  ce  qui  porte  à  62  m. 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer  le  feu  tournant  du  phare  dont  la  portée 
est  de  60  k. 

Sur  le  promontoire  est  installé  le  lazaret.  ^; 

5  k.  Anfa  (café-rest.)  sur  un  tertre  occupé  par  une  maison  de  ■ 
convalescence  pour  les  officiers  du  Maroc.  L'établissement  est 
entouré  de  jardins  anglais  créés  au  début  de  l'occupation  fran-  v 
çaise.  De  ce  point,  on  jouit  d'une  vue  étendue  sur  la  côte,  la 
ville  de  Casablanca  et  la  Ghaouïa. 

Le  retour  peut  s'effectuer  directement  par  le  boulevard  d'Anfa. 

2^  Sidi  Abd  Er  Rahmane  (route  13  k.  0.,  4  h.  aller  et  ret. 
en  voit.  Cette  promenade  peut  prolonger  la  précédente). 

Après  Anfa,  le  chemin,  en  bon  état,  se  poursuit  le  long  de  la 
côte.  A  une  ligne  de  récifs  succède  une  longue  et  belle  plage 
de  sable  fin  dont  la  vue  est  masquée  par  une  série  de  dunes 
parallèles  à  la  mer. 

13  k.  Sidi  Abd  Er  Rahmane,  sanctuaire  juché  sur  un  récif 
noirâtre  accessible  à  pied  seulement  et  à  marée  basse.  Le 
rocher,  constamment  battu  par  la  vague,  est  considéré  comme 
sacré.  Des  chiffons,  des  touffes  de  cheveux  et  ex-voto  divers  sont 
passés  et  noués  dans  les  trous  de  la  pierre  spongieuse.  Quelques 
tombes  entourent  le  sanctuaire  :  elles  recouvrent  la  dépouille 
de  pèlerins  morts  au  cours  de  leur  visite  pieuse. 

Au  -delà  de  Sidi  Abd  Er  Rahmane,  le  chemin  décrit  une 
courbe  à  l'intérieur  des  terres  pour  passer  à  proximité  d'une 
ancienne  kasba  en  ruines  et  rejoindre  la  route  de  Mazagan, 
qui  ramène  à  Casablanca. 

De  Casablanca  a  Marrakech,  p.  84;  —  a  Mazagan,  p.  105;  —  a 
Kasba  Tadla,  p.  140;  —  a  Rabat,  p.  149;  —  a  Tanger,  p.  298. 


2.  —  LA  CHAOUIA 

Aperçu  général.  —  Le  terme  Chaouïa  ne  désignait  pas  primitivemciu 
un  territoire;  il  s'appliquait  à  un  groupement  de  tribus  occupant  la 
région  anciennement  appelée  Tamosna,  d'une  superlicie  d'environ  12,000  k, 
carrés;  elle  est  comprise  dans  un  quadrilatère  dont  les  sommets  étaient 
approximativement  :  au  N.,  l'embouchure  de  l'oued  Bou  Znika;  à  l'O., 
l'embouchure  de  l'oued  Oum  Er  Rebia;  au  S.,  Mechra  Ben  Abbou  ;  à 
l'E.,  le  marabout  de  Sidi  Madani. 

Ce  pays  constitue  la  meseta  marocaine,  dont  un  «  substratum  de  ter- 
rains primaires  très  plissés  et  rcleVés  supporte  des  couches  horizon- 
tales appartenant  à  diverses  époques  récentes.  Ces  dépôts  horizontaux, 
usés  par  Teau  et  par  le  vent,  laissent  apparaître,  en  certains  endroits, 
les  roches  anciennes  sous-jacentes  »  (Weisgerber). 

Battue  par  les  grandes  vagues  de  l'Atlantique,  la  côte  est  assez 


La  chaouïa. 


[2]  -  73 


inhospitalière.  Les  baies  de  Casablanca  et  de  Fedala  sont  les  deux  seuls 
points  accessibles  quand  le  vent  régnant  n'amène  pas  trop  de  houle. 

Le  pays  comprend  plusieurs  zones  successives  de  plaines  et  de  pla- 
teaux s'étageant  jusqu'aux  derniers  contreforts  de  l'Atlas  :  —  le  Sahel^ 
qui  longe  l'Atlantique  sur  une  largeur  moyenne  de  20  k.  et  où  se  trouvent 
beaucoup  de  terres  rmeZ,  sableuses,  mais  riches  en  phosphate  de  chaux; 
—  VOuta,  plaine  littorale  parallèle  à  la  précédente,  de  30  k.  env.  de 
large,  où  se  localisent  les  tirs,  terrains  argileux  d'une  grande  fertilité 
renfermant  de  l'azote  et  de  la  potasse  en  abondance,  analogues  aux 
terres  noires  de  Russie,  et  les  haviri,  terres  sablonneuses  rougies  par  la 
présence  d'un  oxyde  de  fer,  riches  en  chaux  et  en  phosphore;  —  le 
plateau  moyen,  élevé  de  300  à  600  m.  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
s'étendant  entre  l'Oum  Er  Rebia  et  l'arrière  pays;  —  l'A^ow,  haut  pla- 
teau plus  accentué  que  le  précédent,  avec  des  sommets  de  8  à  900  m. 

Les  cours  d'eau  descendant  vers  l'Océan  sont  nombreux.  Ce  sont, 
du  N.  au  S.  :  Toued  Ykem  et  l'oued  Cherrat  aux  embouchures  lagu- 
naires,  l'oued  Bou  Znika  et  l'oued  Mansouria,  qui  ravinent  la  côte  ; 
l'oued  Nefifikh  et  l'oued  Malah  sont  les  plus  importants  ;  l'oued  Bou 
Skoura  et  l'oued  Merzag  roulent  un  plus  faible  volume  d'eau. 

Par  les  années  exemptes  de  sécheresse,  la  région  donne  de  gros 
rendements.  De  grandes  fermes  ont  déjà  été  créées  par  les  Européens 
pour  la  culture  des  céréales  ;  des  associations  agricoles  pour  l'élevage 
et  la  culture  se  sont  en  outre  formées.  Aussi  le  trafic  des  marchés  très 
nombreux  de  la  Chaouïa  est-il  extrêmement  important.  Il  le  deviendra 
davantage  encore  lorsque  la  totalité  du  territoire,  1,244,600  hect.,  sera 
mise  en  valeur. 

Histoire.  —  Le  pays  de  Tamesna,  autrefois  habité  par  les  Berghouata, 
avait  Fedala  comme  port  et  Anfa  comme  capitale.  Sa  population,  belli- 
queuse, s'étant  attaquée  à  Youssef  Ben  Tachfine,  fut  dispersée  ou 
détruite.  La  région  resta  pendant  près  de  deux  siècles  presque  inhabitée. 
Yakoub  El  Mansour  y  installa  quelques  tribus  arabes  de  Tunis  qui  la 
possédèrent  pendant  la  période  almohade.  Les  Mérinides  chassèrent  ces 
tribus  pour  établir  à  leur  place  des  Zenata  et  des  Haouara,  tribus  de 

Fasteurs  désignées  sous  le  nom  générique  de  Chaouïa  et  nomadisant  à 
arabe.  La  province  de  Tamesna,  placée  comme  un  Etat  tampon  entre 
le  royaume  de  Fès  où  s'éteignait  la  dynastie  des  Beni  Merine,  le 
royaume  de  Marrakech,  dont  les  chérifs  saadiens  venaient  de  s'emparer, 
et  les  possessions  portugaises,  fut  pendant  le  commencement  du  xvi®  s. 
en  guerre  continuelle.  Malgré  leur  amour  de  l'indépendance,  les  Chaouïa 
n'échappaient  à  un  joug  que  pour  retomber  sous  un  autre  (d'après  de 
Castries). 

La  conquête  de  la  Chaouïa,  esquissée  par  le  général  Drude  le  jan- 
vier 1908,  fut  entreprise  par  le  général  d'Amade  qui  prit  successivement 
possession  de  Fedaià  et  de  Bou  Znika,  de  Boucheron,  Settat,  Ben  Ahmed 
et  Sidi  Ben  Sliraane.  Le  pays  était  complètement  pacifié  le  30  juin  1908. 

Itinéraires  dans  la  région.  —  D  un  relief  peu  accentué,  la  Chaouïa 
manque  de  pittoresque.  Toutefois,  la  grande  étendue  des  plaines,  la 
beauté  des  ciels  immenses,  le  mystère  des  solennels  silences  ont  un 
charme  puissant  qu'on  n'oubliera  guère.  Quant  aux  voyageurs  s'intéres- 
sant  aux  questions  agricoles,  ils  peuvent  être  assurés  d'y  faire  d'ins- 
tructifs déplacements. 

De  Casablanca,  on  rayonne  facilement  dans  toutes  les  directions,  soit 
par  d'excellentes  routes,  soit,  en  bonne  saison,  par  de  très  bonnes 
pistes.  Fedala,  Boulhaut,  Boucheron.  Ben  Ahmed,  Ber  Rechid,  Settat, 
Mechra  Ben  Abbou^  Bou  Laouane,  Sidi  Ali,  distants  de  Casablanca  de 
30  à  120  k.,  sont  les  points  extrêmes  des  itinéraires  qui  suivent.  — 
L'automobile  est  le  seul  moyen  de  transport  pratique  et  permet  de 


74  -  [2] 


LA  CHAOUIA. 


rentrer  chaque  jour  à  Casablanca.  Le  chemin  de  fer  militaire  dessert 
Fedâla  et  Bou  Znika,  Ber  Rechid,  Ben  Ahmed  et  Bou  Laouane. 

i*"  De  Casablanca  à  Fedala. 

A.  —  Par  le  chemin  de  fer. 

•23  k.;  réseau  militaire  ;  trajet  en  1  h.;  6  fr.  90  et  3  fr.  45. 

Peu  après  la  sortie  de  la  gare,  la  ligne  de  ch.  de  fer  traverse 
la  route  de  Rabat  et  s'engage  parallèlement  à  la  côte  dans 
une  plaine  parsemée  de  fermes. 

10  k.  2.  Zenattas,  station.  Monotone  et  sans  arbres,  la  plaine 
de  la  Ghaouïa  s'étend  à  dr. 

23  k.  Fedala,  gare  près  d'une  ancienne  kasba  (hôt.  Martinez, 
bonne  cuisine  bourgeoise)  au  milieu  de  terrains  bien  cultivés 
du  territoire  des  Zenattas  et  à  1,800  m.  du  village  et  du  port. 

Histoire.  —  Aux  xiv^  et  xv«  s.,  les  marchands  chrétiens  de  la  Médi- 
terranée, génois  et  vénitiens,  visitaient  le  port  de  Fedala,  où  ils  ache- 
taient du  blé,  de  l'orge  et  des  fruits  secs.  Il  fut  occupé  par  les  Européens 
aux  xv*'  et  xvi«  s.  Au  xvii«,  il  arma  un  moment  pour  la  course.  En  IITS, 
Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah  y  fit  édifier  une  mosquée  et  de  vastes 
magasins  pour  les  marchands  chrétiens;  mais  l'activité  commerciale  de 
Fedala  fut  de  courte  durée  et  tomba  bientôt  en  déchéance. 

Pour  maintenir  ses  relations  entre  Rabat  et  Casablanca,  le  général 
d'Amade  y  plaça  une  garnison  en  1908,  date  du  début  de  l'occupation 
française. 

La  kasba,  d'une  superficie  de  4  à  5  hect.,  abrite  une  agglo- 
mération indigène  de  600  hab.  groupés  autour  d'une  mosquée. 
Elle  renferme  également  un  vieux  château  portugais,  ancien  palais 
de  gouverneurs  sans  doute,  orné  d'une  belle  corniche  et  de 
balcons.  Une  grande  porte,  flanquée  de  piliers  à  chapiteaux, 
apparaît  au  milieu  de  la  façade;  elle  est  surmontée  d'un  décor 
où  figurent  une  fleur  de  lis  et  de  petits  vases.  A  g.,  de  vastes 
constructions  semblent  avoir  servi  de  magasins  et  de  greniers. 

Le  village  européen,  construit  sur  l'Atlantique,  au  fond  de  la 
baie  de  Fedala  et  à  l'embouchure  de  l'oued  Malah,  est  peuplé 
de  325  Européens. 

Concédé  à  une  compagnie  privée  et  sans  subvention,  le  port  est  destiné 
à  devenir  une  annexe  du  plus  grand  port  de  Casablanca.  Il  est  protégé 
du  large  par  deux  îlots  rocheux  de  10  et  15  m.  d'altitude  que  relient 
deux  digues  s'opposant  aux  vents  régnants  des  directions  S.-O.  et  N.-O. 
Une  grande  jetée,  aujourd'hui  longue  de  150  m.,  s'enracine  sur  l'îlot  N.;  î: 
elle  atteindra  435  m.  après  l'achèvement  des  travaux.  Un  épi  en  enro- 
chements, de  395  m.,  protège  un  bassin  servant  d'abri  pour  barcasses. 
Les  terre-pleins  ont  actuellement  3  hect.  de  superficie;  les  matériaux  | 
qui  servent  à  les  établir  proviennent  de  dragages  faits  à  l'intérieur  du  j 
port.  Le  port  est  encore  doté  d'un  appontement  avec  installation  spéciale  | 
pour  le  chargement  des  céréales,  et  d'un  warf  de  80  m.  avec  grues  à  j 
vapeur.  Un  système  de  voie  ferrée  relie  enfin  ces  ouvrages  au  chemin  } 
de  fer  de  Casablanca-Rabat.  j 

Le  port  de  Fedala  est  l'un  des  abris  les  plus  sûrs  de  la  côte  atlantique,  j 
Son  mouvement  commercial  a  atteint  un  demi-million  en  1916  se  répar-j 
tissant  sur  près  de  3,000  tonnes.  A  l'heure  présente,  il  a  surtout  une  ) 


PEDALA.  —  BOULHAUT.  [2]  —  75 


grande  valeur  comme  port  de  pêche,  les  côtes  avoisinantes  étant  très 
poissonneuses.  La  Société  d'armements  et  de  pêcheries  maritimes  a 
procédé  à  l'installation  nécessaire  aux  travaux  et  manipulations  qu'exige 
le  séchage  du  poisson. 

Au  N.  du  village  européen  se  développe  une  belle  plage,  que 
sa  proximité  de  Casablanca  désigne  sans  doute  comme  devant 
devenir  une  station  d'estivage  assez  fréquentée. 

Par  les  deux  vallées  parallèles  de  l'oued  Nefifikh  et  de  l'oued 
Malah,  Fedala  commande  enfin  un  intéressant  arrière-pays 
agricole  et  minier. 

A  10  k.  S.-E.  Cascades  duMizah,  sur  l'oued  El  Hassar,  situées  dans  une 
région  boisée,  très  pittoresque.  On  y  accède  par  un  chemin  carrossable. 

De  Fedala  a  Boulhaut  (33  k.  S.-E.).  —  Gagner  la  route  de  Rabat  à 
Casablanca  jusqu'au  k.  33  et  pour  le  reste  du  parcours,  V.  ci-dessous,  2°. 

B.  —  Par  la  piste. 

25  k.  Route  autocyclable,  empierrée  sur  4  k.  jusqu'aux  Roches  Noires, 
puis  piste  sablonneuse  sur  le  reste  du  parcours. 

La  piste  suit  de  près  la  voie  du*  chemin  de  fer.  —  6  k. 
Marabout  de  Sidi  Abd  El  Hadj.  —  17  k.  Sidi  Ahmed  Bon  Lanouar, 
marabout  et  fermes  au  milieu  de  cultures.  —  22  k.  Pont  de 
pierres  sur  Poued  Malah.  —  25  k.  Fedala  {V.  ci-dessus,  A), 

2"  De  Casablanca  à  Boulhaut. 

A,  —  Par  la  route  de  Rabat. 

63  k.  dont  33  sur  route  principale  n"  1  de  Casablanca  à  Rabat,  et 
30  k.  sur  route  secondaire  n"  101  à  profil  plat  jusqu'à  Boulhaut. 

De  Casablanca  au  k.  33  de  la  route  de  Rabat  (p.  150).  La  piste 
traverse  successivement  les  territoires  des  tribus  Zenattas,  Arab 
et  Ziaidia. 

43  k.  Ferme  Cotte.  —  46  k.  Ferme  Bennet,  ancienne  pro- 
priété Mannessmann,  entourée  de  murs.  —  49  k.  Porcherie  de 
la  forêt  des  Ouled  Taleb.  —  50  k.  Dar  Kdid  Ahmed  et  Aïn  Soliane. 

63  k.  Boulhaut  (hùt.  modeste),  ch.-l.  d'un  contrôle  civil 
d'une  superficie  de  100,000  hect.,  au  centre  d'une  rég-ion  très 
riche  en  orge  et  en  maïs,  sur  la  colline  de  Sidi  Ben  Slimane, 
à  300  m.  d'alt.  Les  bâtiments  administratifs  se  cachent  dans 
les  rochers  de  Sokhrat  Iza.  L'importante  forêt  de  chênes-liège 
des  Zaër  est  toute  proche. 

Aux  environs  de  Boulhaut,  on  a  relevé  la  présence  d'un  bon 
minerai  de  fer,  en  filons  de  1  à  2  m.  d'épaisseur  courant  du  N.  au  S. 

B,  —  Par  Sidi  Hadjaj. 

53  k.  dont  20  sur  route  empierrée  et  le  reste  sur  bonne  piste; 
route  en  construction. 

10  k.  A  2  k.  à  dr.  source  de  Tit  Mellil,  captée  pour  l'alimen- 
tation en  eau  de  la  ville  de  Casablanca.  Des  silex  de  la  période 
néolithique  ont  été  trouvés  aux  abords. 


76  —  [2]  LA  CHAOUIA, 


20  k.  Sidi  Hadjaj,  sur  l'oued  El  Hassane,  affluent  de  l'oued 
Malah,  qu'on  traverse  G  k.  plus  loin. 

32  k.  Souk  El  Djema,  marché  du  vendredi. 

42  k.  Ferme  Privât,  et,  un  peu  plus  loin,  traversée  de  l'oued 
Nefifikh. 

53  k.  Boulhaut  (F.  ci-dessus,  .4). 

DE  BOULHAUT  A  MARCHAND  (58  k.  ;  piste  muletière  en  terrain  acci- 
denté et  parfois  difficile,  longeant  sur  les  30  premiers  k.  la  forêt  de 
chêne-liège  des  Zaër).  —  12  k.  Aïn  Kseub,  source  abondante.  —  15  k. 
Mechra  Kerassi,  ancienne  redoute  dans  la  tribu  des  Beni  Oura  (à 
3  k.  S.,  ferme  Bessibsa).  —  17  k.  Gué  de  l'oued  Chorrat.  —  22  k.  Aïn 
El  Haouimed,  dans  la  forêt,  3  k.  N.  de  la  piste.  —  28  k.  Sidi  Bettach, 
cimetière  indigène.  —  32  k.  La  piste  traverse  la  route  makhzen  de 
Rabat  à  Marrakech.  —  40  k.  Traversée  difficile  de  l'oued  Korifla.  — 
42  k.  Fort  Méaux,  petit  ouvrage  défensif  sur  le  territoire  de  Khalifa, 
du  nom  du  lieutenant  Méaux,  assassiné  par  les  Zaër  en  janvier  1910. 
A  8  k.  se  trouve  l'importante  Kasba  Merchouche.  —  50  k.  Cimetière 
Abd  El  Kader  Bou  Ktab.  —  58  k.  Alarchand  (p.  162). 

De  Boulhaut  a  Médiouna,  p.  78;  —  a  Boucheron,  F.  ci-dessous. 

S*"  De  Casablanca  à  Boucheron. 

Autocyclisme  :  54  k.  S.-E.  —  Route  secondaire  n°  102;  serv.  irrégulier 
d'autos  80  fr.  (s'informer  place  de  France)'.  De  Casablanca,  la  location 
d'une  auto  aller  et  ret.  coûterait  125  fr. 

19  k.  de  Casablanca  à  Médiouna  (F.  ci-après,  4°).  —  La 
piste  se  déroule  ensuite  à  profil  plat  sur  un  sol  de  tirs  cultivé, 
praticable  seulement  en  bonne  saison.  —  28  k.  Dar  Sidi  Allai,  à 
1  k.  à  dr.  —  31  k.  Marabout  de  Sidi  Abd  Es  Salam, 

41  k.  Dar  Miloudi,  bordj  de  50  m.  de  coté,  propriété  du  cheikh 
Miloudi  ben  Thami,  de  la  tribu  des  Mdakra,  dans  une  belle 
région  agricole.  Marché  le  dimanche.  —  42  k.  Bifurcation  avec 
poteau  indicateur.  —  43  k.  Douar  à  dr.  de  la  piste.  —  44  k. 
Dar  Moulay  Tala,  deux  bordj  s. 

46  k.  Dar  Abd  El  Kader  Ben  Fardjia,  caïd  des  Ouled  Sebbah 
et  Ouled  Ali,  comprenant  un  groupe  important  de  construc- 
tions qu'entourent  de  nombreux  douars  et  figueraies.  —  47  k.  5. 
Dar  El  Hadj  Bel  Hadj,  auprès  de  jardins  et  de  vergers.  —48  k.  3. 
Piste  à  dr.  conduisant  à  Ben  Ahmed  (p.  141). 

54  k.  Boucheron,  ch.-l.  d'un  contrôle  civil  de  100,000  hect. 
et  de  35,000  indigènes,  situé  sur  l'oued  Bou  Aceila,  au  fond 
d'une  plaine  de  tirs,  à  360  m.  d'alt.  Le  camp  et  les  maisons 
européennes  se  trouvent  sur  la  rive  g.  du  cours  d'eau,  tandis  que 
sur  la  rive  dr.,  au  sommet  d'une  gara  ou  piton  circulaire,  s'élèvent 
les  bâtiments  administratifs  et  une  caserne  de  soldats  du  Tabor. 

DE  BOUCHERON  A  BOULHAUT.  —  1«  Par  Souk  Et  Tnink  des  Ouled  Ali 
(43,  k.  N.  ;  bonne  piste)  :  6  k.  Kasba  Maggous,  grandes  enceintes  avec 
douar  à  l'intérieur;  9  k.  8.  Aïn  Mkoun  des  Sidi  Hafid;  10  k.  Mkoun, 
nombreux  douars  au  sommet  du  mamelon  ;  16  k.  Gué  de  l'oued  Mellah 
et  Souk  Et  Tnihe  des  Oulod  Ali,  marché  le  lundi  à  proximité  de  l'oued 
Mollah;  n  k.  2.  Kasba  Sidi  Bou  Azza;  24  k.  Dar  Mohammed  Ben 


BOUCHERON. 


[2]  ~  77 


Khammes;  32  k.  Gué  de  l'oued  Nefifikh;  32  k.  5.  Palmiers  Mgerga;  33  k. 
Montée  très  dure,  sur  2  k.  jusqu'au  plateau;  43  k.  Boulhaut  (p.  75).  — 
2°  Par  Gûrgens  (45  k.  N.  ;  piste)  :6  k.  Kasba  Maggous;  10  k.  Oued 
Daïa,  généralement  à  sec;  13  k.  5.  Descente  sur  loued  Mellah,  qu'on 
traverse  plus  loin  sur  un  pont;  18  k.  Gnrgens,  fort  abandonné  et  maison 
forestière;  marchés  avoisinants  le  lundi  et  le  jeudi;  26  k.  Ain  Fendrel; 
28  k.  Sidi  Begragui;  29  k.  5.  Descente  dans  la  vallée  de  l'oacd  Dir  dont 
on  suit  la  rive  g.  ;  33  k.  Passage  à  gué  de  l'oued  Nefifikh  ;  38  k.  Sidi 
Moumene;  39  k.  Aïn  El  Kerma  :  41  k.  5.  La  piste  rejoint  celle  de  Casa- 
blanca à  Boulhaut  par  Sidi  Hadjaj  ;  45  k.  Boulhaut  (p.  75). 

DE  BOUCHERON  A  CHRISTIAN  (83  k.  E.  ;  piste  muletière).  —  La  piste  passe 
entre  le  fort  Rhumeau  et  le  fort  de  Gara.  —  11  k.  Gué  de  l'oued  Bou 
Zemrane.  Cet  oued  sert  de  démarcation  entre  une  région  fertile  et  peu 
accidentée  et  une  région  presque  dépourvue  de  cultures,  relativement 
peu  boisée  et  peu  habitée.  —  13  k.  Monument  commémoratif  des  morts  au 
combat  du  11  mai  1908.  —  14  k.  Marabout  de  Sidi  Kamel.  —  15  k.  Tra- 
versée de  l'oued  Ateuch,  généralement  à  sec  —  20  k.  Berfiirit,  redoute 
naturelle  formée  par  des  rochers  couronnant  un  mamelon.  Nœud  orogra- 
phique et  hydrographique  dominant  toute  la  région  où  viennent 
hiverner  de  nombreux  troupeaux  de  moutons  des  Mdakra. 

La  piste  suit  bientôt  la  vallée  encaissée  de  l'oued  Dalia  qu'on  traverse 
plusieurs  fois  à  gué.  Les  terrains  à  pentes  douces  et  les  fonds  de  vallées 
sont  cultivés  en  céréales  par  les  Zaër.  Les  sommets  et  les  pentes  sont 
peuplés  de  chênes-liège,  de  thuyas  et  d'oliviers  sauvages.  —  41  k. 
Herhirat,  près  du  marabout  de  Sidi  Douimi.  Le  pays  est  accidenté,  peu 
habité  et  boisé.  Gués  de  l'oued  Keskes  (47  k.)  et  dé  l'oued  Drader  (51  k.), 
très  encaissés.  —  58  k.  Sidi  Mokhfi.,  dominant  le  plateau  de  Rouached, 
et  où  se  tient  un  marché  le  mardi.  —  La  piste,  à  profil  accidenté,  en 
terrain  caillouteux  et  sablonneux,  traverse  plusieurs  oueds.  —  83  k. 
Christian  (p.  162). 

De  Boucheron  a  Ben  Ahmed,  p.  141  ;  — a  Sidi  El  Aïdi,  p.  141. 


4*"  De  Casablanca  à  Ber  Reehid,  Settat  et 
Meehra  Ben  Abbou. 

Autocyclisme  :  117  k.  —  Bonne  route  principale  n^  7  à  profil  largement 
ondulé:  2  serv.  automobiles  réguliers  quotidiens  jusqu'à  Ber  Rechid 
en  1  h.  (12  fr.)  et  Settat  en  2  h.  (15  fr.). 

€hemin  de  fer  militaire  :  44  k.  jusqu'à  Ber  Rechid,  en  1  h.  30  par 
l'automotrice,  en  3  h.  par  les  trains  ordinaires;  13  fr.  20,  6  fr.  60. 
Cet  itinéraire  se  confond  avec  celui  de  Casablanca-Marrakech  (p.  84, 

dont  il  est  la  première  partie,  la  moitié  environ. 

Sortie  de  Casablanca  par  la  rue  du  Général-Drude  et  la  route 
de  Médiouna,  puis  traversée  du  marché  arabe  et  de  la  ligne  du 
ch.  de  fer  militaire. 

2  k.  Palais  du  Sultan,  à  200  m.  et  à  dr.  de  la  route. 

2  k.  5.  A  g.,  pépinière  de  la  société  d'horticulture.  La  route 
est  bordée,^  sur  plusieurs  k.,  par  de  nombreux  fondouks. 

4  k.  3.  Grande  daïa,  à  g.  Le  terrain  est  à  sous-sol  rocheux 
et  très  apparent.  —  8  k.  Bifurcation  d'une  piste  s'écartant  à  dr. 
et  conduisant  à  la  hauteur  de  Merchich,  ancien  poste  optique 
visible  de  très  loin. 

H  k.  5.  Dar  Sidi  Bou  Chaïb, 


78  ~  [2] 


LA  CHAOUÏA, 


13  k.  Maison  cantonnière  d'Aïn  Hallouf.  Au  sommet  d'une 
ondulation  on  découvre  l'immense  plaine  de  la  Ghaouia. 

18  k.  8.  A  dr.,  monument  du  spahi  Djelloul,  tué  au  combat  du 
janvier  1908.  Poste  de  T.  S.  F. 

19  k.  Médiouna  (auberges),  petit  village  de  maisons  euro- 
péennes et  de  baraques  indigènes  auprès  d'un  douar.  La  colo- 
nisation est  exercée  par  50  Européens  s'occupant  d'élevage  et 
de  quelques  cultures  maraîchères.  Marché  le  jeudi  à  l'E.  de  la 
kasba. 

La  kasba,  construite  au  xviii®  s.  par  le  caïd  de  la  tribu  des 
Médiouna,  fut  mise  au  pillage,  en  1797,  par  les  troupes  de 
Moulay  Slimane  qui  y  trouvèrent  un  important  butin.  Seule, 
l'enceinte  crénelée  ainsi  qu'une  muraille,  qui  la  partage  inté- 
rieurement en  deux  parties  égales,  subsistent.  Une  grande 
porte  sur  la  face  E.  permet  de  pénétrer  à  l'intérieur  où  se 
trouve  l'habitation  du  caïd. 

Un  marabout,  dédié  à  Sidi  Ahmed  Ben  Lahsene,  avoisine  la 
kasba.  Dans  son  jardin  est  installée  l'infirmerie  indigène. 

De  Médiouna  a  Boulhaut  (47  k.  N.-E.),  piste  autocyclable  par  (14  k.) 
Sidi  Hadjaj  et  la  route  de  ce  dernier  point  à  Boulhaut  (p.  76). 
De  Médiouna  a  Boucheron,  p.  76. 

La  route  s'incline  directement  au  S.,  traversant  un  pays 
fertile,  découvert  et  sans  arbres,  grand  producteur  de  céréales. 
La  vue  s'étend  au  loin. 

22  k.  Limite  entre  les  Médiouna  et  Ouled  Ziane.  —  26  k.  5. 
Belle  ferme  française  à  2  k.  sur  la  dr.  —  29  k.  5.  Douars  à 
proximité  de  jardins,  de  figueraies  et  de  puits.  —  30  k.  La 
route  passe  du  territoire  des  Ouled  Ziane  dans  celui  des  Ouled 
Hariz.  —  34  k.  Groupe  d'habitations,  de  tentes  et  de  jardins.  — 
40  k.  Marabout  à  la  jonction  de  la  piste  venant  de  Casablanca 
par  Bou  Skoura,  puis  passage  à  niveau  de  la  voie  ferrée. 

41  k.  Ber  Rechid  (buiïet  à  la  gare,  12  ch.  de  3  fr.  50  à  5  fr.; 
rep.  4  fr.  50;  plusieurs  hôt.  modestes),  ch.-l.  d'un  contrôle  civil 
de  120,000  hect.  situé  sur  le  territoire  des  Ouled  Hariz,  à  233  m. 
d'alt.,  au  milieu  d'une  importante  région  céréalifère.  Ce  centre 
doit  son  nom  à  la  famille  des  Ber  Rechid,  qui  a  fourni  pendant 
tout  le  xix'^  s.  des  caïds  héréditaires.  11  compte  aujourd'hui 
200  Européens,  exploitant  des  terres  distribuées  par  un  lotisse- 
ment communal  fait  en  février  1912;  il  possède  un  jardin  d'essai. 

Sa  kasba  datait,  ainsi  que  la  mosquée  et  les  autres  construc- 
tions intérieures,  du  siècle  dernier.  Elle  fut  détruite  en  partie 
pendant  les  troubles  qui  précédèrent  l'arrivée  des  Français,  le 
13  janvier  1908.  Depuis,  elle  a  été  relevée  et  aménagée  pour 
recevoir  des  troupes. 

Un  grand  moussem  se  tient  tous  les  ans,  au  moment  de  VXi^ 
El  Kebir,  à  l'O.  de  la  route.  C'est  le  moussem  de  Sidi  AmeuJ 
Ben  Lahsene,  dont  on  voit  le  marabout  à  côté  de  deux  autres,  Ê 
l'E.  de  la  gare. 

De  Ber  Rechid  a  Ben  Ahmed,  p.  Ml  ;  —  a  Bou  Laouane,  p.  83. 


BER  RECHID,  —  SETTAT,  [2]  —  79 


DE  BER  RECHID  A  BOUCHERON  (34  k.  E.;  bonne  piste  à  profil  plat  sur 
tirs  dans  une  région  très  peuplée).  —  3  k.  6.  Bar  Kaddour  Bon  Mekki,  à 
g.  —  6  k.  3.  Fokra  Noualine,  importante  agglomération.  —  17  k.  5.  Oued 
Aïada,  généralement  à  sec.  —  11  k.  8.  Propriété  Wentgen.  —  14  k.  5. 
Aasba  Bon  Azza.  —  21  k.  Dar  Miloudi  (p.  76).  —  34  k.  Boucheron  (p.  76). 

DE  BER  RECHID  A  SIDI  MOHAMMED  EL  KEBIR  (13  k.  N.-O.  ;  bonne  route 
empierrée).  3  k.  2.  Dar  Ould  Abid,  à  g.  —  7  k.  1.  Zaouïa  Ben  Driss,  à 
dr.  —  13  k.  Sidi  Mohammed  El  Kebir,  auprès  du  Dar  Ben  Taïbi. 

DE  BER  RECHID  A  SIDI  ALI  (72  k.  O.  ;  bonne  piste).  —  4  k.  2.  Dar  El  Hadj 
Hammou,  à  dr.  —  9  k.  3.  Ferme  arabe  et  petit  douar.  —  13  k.  4.  Koubba 
de  Sidi  El  Hattab,  au  pied  d'une  éminence;  la  piste  longe  une  série  de 
daïas.  —  19  k.  2.  Dar  El  Hadj  Maizi.  —  27  k.  Zaouïa  de  Sidi  Kassem 
Zemlal,  après  laquelle,  la  piste  quitte  le  territoire  du  Mzamza  pour 
entrer  sur  celui  des  Chiadma.  —  35  k.  Btr  Khereïs,  puits.  —  44  k.  5.  Sidi 
Mohammed  El  Abiod,  SiU^rès  de  puits.  —  51  k.  7.  Puits  et  jardins  de  Sidi 
Abd  Er  Bahmane.  —  53  k.  Sidi  Saïd  Bou  Othjiiane,  auprès  de  jardins 
et  de  figuiers.  —  54  k.  9.  La  piste  passe  entre  Sidi  Bou  Bouïne  à  dr.  et 
Dar  Saïd  Ben  Bekia,  à  g.  —  57  k.  3.  Dar  Sidi  Mohammed  ben  Maati, 
caïd  des  Chtouka.  —  62  k.  Koubba  de  Sidi  Mansour.  —  70k.  On  rejoint 
la  route  de  Casablanca  à  Mazagan.  —  72  k.  Sidi  Ali  (p.  106). 

On  peut  se  rendre  à  Sidi  Ali  par  (13  k.)  Sidi  Mohammed  El  Kebir  (F. 
ci-dessus)  puis  (32  k.)  Sidi  Makhlouf  d'où  Ton  regagne  (38  k.)  la  maison 
cantonnière  du  k.  50  de  la  route  de  Casablanca  à  Mazagan  (p.  105). 

Au  sortir  de  Ber  Rechid,  la  route  traverse  une  région  de 
nombreuses  exploitations  agricoles.  Les  Européens  sont  installés 
dans  des  fermes  tandis  que  les  indigènes  sont  groupés  par 
douars  de  noualas  entourés  de  murs  ou  de  haies  artificielles. 
Des  puits,  profonds  de  16  à  50  m.,  alimentent  la  population  en 
eau.  —  56  k.  7.  Maison  cantonnière  et  jonction,  à  g.,  de  la  piste  de 
Boucheron  à  Settat. 

71  k.  Settat  (hôt.  modestes:  de  France,  Pl.  a  Al,  gar.,  abri;  de 
la  Paix,  P1.6B2;  Moderne,  Pl.cB2),  ch.-l.  du  contrôle  civil  de 
Chaouïa  S.,  de  200,000  hect.  de  superficie,  situé  à  370  m.  d'alt. 
sur  le  territoire  des  Mzamza,  dans  une  vallée  au  confluent  de 
trois  ruisseaux  :  Ain  Beida,  Ain  Nezagh  et  Ain  Ali  Moumene 
qui,  avec  la  source  de  Settat,  forment  l'oued  Bou  Moussa.  Ce 
dernier  arrose  60  hect.  de  jardins  et  de  cultures  maraîchères, 
situés  au  N.  de  la  ville  à  laquelle  ils  donnent  l'aspect  d'une  oasis. 

La  population,  de  près  de  4,000  hab.,  comprend  200  européens 
et  625  israélites. 

Histoire.  —  Les  caravanes  s'arrêtaient  autrefois  aux  sources  qui 
alimentent  la  ville  actuelle  en  payant  un  tribut  pour  leur  stationnement. 
Seize  voyageurs  insuffisamment  escortés  se  refusèrent  un  jour,  dit  la 
légende,  à  acquitter  ce  droit.  Ils  furent  décapités  et  leurs  seize  tètes 
[settachen  ras)  restèrent  longtemps  exposées  auprès  des  sources;  d'où, 
dit-on,  l'origine  du  terme  Settat. 

La  fondation  de  la  ville  arabe  ne  remonte  qu'à  Moulay  Ismaïl  qui 
construisit  la  kasba  destinée  à  abriter  le  harem  du  Sultan  pendant 
ses  voyages  de  Fès  à  Marrakech.  Sous  Moulay  Slimane,  Settat  com- 
mença à  devenir  une  agglomération  de  quelque  importance  (fin  du 
XTiii«  s.).  L'enceinte  date  de  cette  époque.  Le  mellah  est  du  xix®  s.  — 
Settat  fut  occupé  en  janvier  1908  par  le  général  d'Amade. 

Le  centre  de  la  ville  est  marqué  par  la  place  de  France,  où 


80  -  [2] 


LA  CHAOUÏA. 


s'élève  une  colonne  commémorative  d'un  combat  du  8  avril  1908. 
La  source  de  Settat  sort  de  terre,  à  quelques  pas  de  là. 

La  kasba  et  les  jardins  sont  au  N.-O.  de  la  place,  le  jardin 
public  au  S.,  les  services  administratifs  (service  des  renseigne- 
ments, école,  poste  et  télégraphe,  casernes)  au  S.-O.  et  le  souk 
à  rO.  Les  nombreuses  agglomérations  de  noualas  indigènes 
sont  dispersées  sur  la  •  périphérie. 

Settat  est  le  centre  d'une  région  agricole  très  importante  et 
le  siège  d'un  marché  hebdomadaire  (samedi  et  dimanche)  où 
se  font  des  transactions  considérables  portant  sur  les  produits 
agricoles  et  l'élevage. 

DE  SETTAT  A  OULED  SAID  (19  k.  O.)  ET  BOU  LAOUANE  (44  k.  S.-O.  ;  route 
secondaire  n°  105  à  profil  peu  accidenté  ;  recommandé).  —  8  k.  Bir  Bou 
Hammadi  et  douar.  —  10  k.  Ouled  Moumene,  gotta  importante.  —  Sidi 
Bou  Tlane,  un  peu  au  S.  de  la  piste.  —  19  k.  Ouled  Saïd,  poste  militaire 
et  ch.-l.  d'un  contrôle  civil  de  200,000  hect.,  à  320  m.  d'alt.  La  kasba^ 
dite  kasba  El  Aïachi,  détruite  en  1903,  eut  autrefois  quelque  splendeur. 
Il  y  subsiste  encore  un  patio  à  colonnes  de  marbre  blanc,  une  koubba, 
des  silos,  une  tour  d'observation.  Elle  fut  édifiée  en  1870,  sous  le  règne 
de  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Er  Rahmane.  Les  environs  de  la  kasba, 
plats  et  nus,  sont  occupés  par  250  tentes  indigènes  au  milieu  desquelles 
se  trouvent  les  maisons  du  caïd  des  Ouled  Arif  et  du  cadi  des  Ouled  Saïd. 

22  k.  Dar  Amor  ben  Ghali,  grand  douar  avec  un  bois  d'oliviers.  — 
25  k.  6.  Bar  El  Hadi  Mohammed,  sur  la  g.  La  piste  se  poursuit  en 
tribu  Guedana.  —  44  k.  Mechra  Bou  Laouane  (p.  83). 

DE  SETTAT  A  GUISSER  ET  A  EL  BOROUDJ  (76  k.  ;  route  secondaire  n^  104 
construite  jusqu'à  Guisser,  piste  délimitée  et  carrossable  sur  le  reste 
du  parcours).  —  2  k.  5.  Séguia  aboutissant  au  jardin  public  de  Settat. 
Au  S.,  douars  des  Djeddour.  — 4  k.  Douar  Mohammed  Ben  Bou  Chaïb.  — 

5  k.  Ferme  Amhlard^  figuiers  et  cimetière  arabe.  —  6  k.  5.  Kasba  en 
ruine  et  jardins.  —  13  k.  5.  Marabout  de  Sidi  Hammou.  On  quitte  la 
tribu  des  Mzamza  pour  entrer  dans  la  tribu  des  Ouled  Sidi  Ben  Daoud. 
—  17  k.  Bar  El  Eadj  Salali,  marché  le  lundi. 

29  k.  Guisser,  ancien  poste  militaire  à  proximité  de  ruines  impor- 
tantes auxquelles  les  indigènes  attribuent  une  origine  portugaise.  Palme- 
raies et  figueraies,  marché  le  vendredi.  Au  delà,  le  pays  est  d'une 
fertilité  médiocre. 

52  k.  Ouled  Attou,  caravansérail  qu'avoisinent  une  dizaine  de  puits, 
sur  le  territoire  des  Ouled  Ali,  fraction  des  Ouled  Attou.  —  56  k.  Rampe 
en  lacets,  pente  de  8  0/0  sur  1  k.  en  descendant  sur  Aïn  Bou  Libina. 

76  È.  El  Boroudj  (rest.),  poste  militaire,  créé  le  27  octobre  1912,  et 
ch.-l.  du  contrôle  civil  des  Boni  Meskine,  à  400  m.  d'alt.,  dans 
une  région  déshéritée,  mais  pourvue  de  pâturages  qui  nourrissent 
200,000  ovins.  D'anciennes  kasbas  (dites  :  rouge,  blanche,  grise)  ont  été 
aménagées  pour  les  troupes  et  services  ;  marché  le  dimanche. 

Tout  près  d'El  Boroudj,  court  une  chaîne  de  collines  dont  le  sommet 
est  ceint  d'un  diadème  rocheux  en  saillie  :  ce  sont  des  collines  à  phos- 
phate, qui  renfermeraient,  dit-on,  des  réserves  inépuisables  de  ce  pré- 
cieux minerai.  Entre  El  Boroudj  et  Guisser,  on  a  relevé  la  présence  de 

6  couches  de  0  m.  40  à  8  m.  d'épaisseur,  séparées  par  des  bancs  de 
calcaires,  d'argiles  et  de  marnes,  effleurant  dans  les  pentes.  Les  travaux 
de  repérage  confirment  ces  remarquables  perspectives. 

D'El  Boroudj  à  Ben  Amhed,  p.  141:  —  à  Oued  Zem,  p.  142. 
DE  SETTAT  A  BEN  AHMED  (42  k.  N.-E.  ;  piste  aménagée,  en  pays  vallonné).  | 
4  k.  Ferme  Bernard,  —  7  k.  Dar  Amor,  kasba  ruinée»  —  24  k»  Ras  El  \ 


MAROC. 


6 


82  —  [2] 


LA  CHAOUIA. 


Ain,  près  d  un  gros  douar  de  la  tribu  des  Beni  Brahim  et  Ouled  Che- 
baaa;  marché  important  le  vendredi.  —  29  k.  Terrain  rocheux,  puis 
plusieurs  traversées  d  oueds.  —  42  k.  Ben  Ahmed  (p.  141). 

DE  SETTAT  A  MELGOU  (53  k.  E.  ;  piste).  —  21  k.  de  Settat  à  Ras  El  Ain 
(  V.  ci-dessus).  La  piste  se  confond  avec  la  ligne  du  thalweg  pendant 
environ  4  k.,  puis  remonte  à  flanc  de  coteau.  —  33  k.  Kasba  Raid  Bahloul^ 
région  rocheuse.  —  38  k.  Sidi  Badjadj  ;  à  2  k.  S.,  marché  le  jeudi,  très 
important.  —  51  k.  Sidi  El  Bassane,  sources.  La  piste  rejoint  celle  de 
Casablanca  à  Tadla.  —  53  k.  Melgou  (p.  141). 

DE  SETTAT  A  EL  KELAA  (110  k.  S.  ;  piste).  —  29  k.  de  Settat  à  Guisser 
(p.  80).  —  39  k.  La  ligne  de  crête  indique  la  limite  entre  les  Chaouïa 
et  les  Beni  Meskine.  —  54  k.  Dar  Chafaï,  principal  centre  des  Beni 
Aleskine,  entouré  d'une  enceinte  avec  une  kasba  démantelée  et  un 
minaret  recouvert  de  briques  vernissées.  —  66  k.  Mechra  Ben  K/ialloUy 
gros  douar  des  Khelafna,  près  de  TOum  Er  Rebia,  qu'on  traverse  à  gué. 
A  cet  endroit,  l'oued  est  large  de  90  m.  et  profond  de  1  m.  à  1*  m.  50. 
—  88  k.  Douar  Ouled  C/ierki.  —  110  k.  El  Kelaa  (p.  99). 

Une  autre  piste  peut  également  être  suivie  à  partir  de  (54  k.)  Dar 
Chafaï  par  (66  k.)  Mechra  Bel  ffabti,  (91  k.)  Maïat,  (121  k.)  El  Kelaa. 

DE  SETTAT  A  SIDI  ALI  (79  k.  N.-O.  ;  piste  facile  en  belle  saison).  — 
Prendre  la  piste  des  Ouled  Saïd  (  V.  ci-dessus)  jusqu'à  1  k.  —  8  k.  5. 
Sidi  Embarek.  —  24  k.  Ain  Bridia.  —  33  k.  Aïn  Bjemaa,  source  au  S.-O. 
de  la  piste,  dans  la  vallée  de  l'oued  Cheguiga,  et,  plus  au  S.,  propriété 
Jaquitti,  de  la  Société  commerciale  du  Maroc. 

37  k.  5.  Formes  Martinet  et  de  la  Société  d'Etudes.  ~  60  k.  Sidi  Saïd 
Bou  Othmane{^.l^).  La  piste  se  confond  ensuite  avec  celle  de  BerRechid 
à  Sidi  Ali  (p.  79).  —  ^79  k.  Sidi  Ali  (p.  106). 

De  Settat  a  Sidi  El  Aidi,  p.  141, 

Au  sortir  de  Settat,  on  laisse  à  g.  la  route  de  Guisser  pour 
escalader  un  plateau  légèrement  surélevé.  —  75  k.  A  g.,  piste 
conduisant  au  pénitencier  d'Ali  Moumene. 

81  k.  Sidi  Barka,  douar.  La  maison  cantonnière  est  sise 
quelques  k.  plus  loin. 

94  k.  Khemisset  (cantine),  puits  auprès  de  bosquets  d'oliviers^ 
de  noualas  indigènes  des  Ouled  Bou  Ziri. 

Une  piste  conduit  à  (17  k.  N.)  Ouled  Saïd  (p.  80)^ 

100  k.  6.  Maison  cantonnière  de  Sidi  Mohammed  Rahal.  Ea. 
avant,  le  regard  découvre  un  rideau  de  montagnes,  puis  h 
route  descend  dans  des  terrains  rougeàtres  et  incultes. 

117  k.  Mechra  ben  Abbou  (hot.  modestes  :  Petit,  6  ch.  à  4  fr^ 
rep.  4  fr.,  gar.  ;  du  Progrès,  14  lits  à  3  fr.,  rep.  3  fr.  50),  post 
militaire  et  petit  centre  européen  groupé  autour  d'un  bureau  d 
poste  et  télégraphe  et  de  T. S. F.  enfermés  dans  une  redoute! 
région  d^élevage. 

Le  village  est  situé  sur  la  rive  dr.  de  l'Oum  Er  Rebie 
encaissé  dans  des  coteaux  gypseux  et  bordé  de  tamarins.  L 
fleuve  a  toujours  de  l'eau  ;  sa  plus  grande  hauteur  au-dessi( 
de  l'étiage  est  de  6  m.  ;  la  vitesse  du  courant  varie  de  1  m..  S 
à  3  m.  50.  Un  pont  suspendu  de  90  m.  à  péage  (10  c.  par  pe: 
sonne,  1  fr.  par  vôiture),  lancé  en  1913,  réunit  les  deux  rive^ 

Di;  Mechra  Ben  Abbou  a  Marrakech,  p.  84.  'i 


MECIÎRA  BEN  AËBOU.  —  BOU  LAOUANJE.    [2]  —  83 


S""  De  Casablanca  à  Bou  Laouane. 

124  k.  Chemin  de  fer  militaire,  automotrices  et  trains  ord.,  o7  fr.  20  et 
18  fr.  60.  —  Le  point  le  plus  intéressant  du  trajet  est  le  site  de  Bou 
Laouane  qui  n'a  malheureusement  pas  d'hôtel,  et  où.  les  automotrices 
et  les  trains  ne  s'arrêtent  pas  un  temps  suffisant  pour  la  visite.  On 
fera  mieux  de  se  rendre  à  Bou  Laouane  en  automobile,  par  Settat 
(p.  80). 

La  li^ne  de  ch.  fer  passe  (3  k.  5)  devant  les  camps  et  (9  k.) 
le  terrain  d^iviation  pour  s'enfoncer  dans  la  plaine  en  s'élevant 
léfi;èrement.  —  Il  k.  2.  Oiiled  Haddou. 

21  k.  2.  Bou  Skoura,  emplacement  d'un  ancien  poste  à  134  m. 
d'alt.,  sur  les  bords  de  l'oued  du  même  nom,  ({ui  forme  à  cet 
endroit  une  mare  de  3  à  4  m.  de  profondeur.  Les  quelques 
fermes  avoisinantes  se  livrent  aux  cultures  maraîchères  et  à 
l'élevage.  —  32  k.  1.  Nouasser,  marché  le  jeudi. 

43  k.  2.  Ber  Rechid  (p.  78).  —  Après  une  courte  descente, 
la  ligne  continue  de  monter  en  rampe  très  douce.  —  r33  k.  4. 
El  Mekki.  —  63  k.  El  Fatima. 

73  k.  6.  Sidi  Mohammed,  à  233  m.  d'alt.  Dès  lors  le  terrain 
est  un  peu  plus  accidenté  et  la  voie  descend  peu  à  peu  dans 
la  vallée  de  l'Oum  Er  Rebia. 

83  k.  6.  Sidi  Ali  (buffet).  —  93  k.  3.  Sidi  Abd  Allah.  —  103  k.  5. 
Oued  Bers,  —  113  k.  7.  El  Abid. 

122  k.  2.  Bou  Laouane,  rive  dr.  de  l'Oum  Er  Rebia.  La  ligne 
traverse  le  fleuve. 

124  k.  Bou  Laouane,  rive  g.,  à  109  m.  d'alt.,  dans  un  pays 
découvert  et  inculte. 

Une  KASBA  pittoresques  ancien  gîte  impérial  d'étapes,  cou- 
ronne un  rocher  à  pic  au  point 'le  plus  étroit  d'une  boucle 
de  l'oued  Oum  Er  Rebia,  dans  un  silo  sauvage.  V enceinte, 
rectangulaire  et  flanquée  de  sept  bastions,  a  sa  l'arec  principale 
orientée  au  S.-S.-O.  Ventrée  monumentale,  en  pierre  de  taille, 
porte  au  fronton  une  inscription  rappcdant  que  la  kasl)a  a  été 
édifiée  par  Moulay  Ismail  en  1122  de  rilégire  (1704).  A  l'inté- 
rieur, on  remarque  Vancienne  demeure  en  ruines  du  célèbre  sou- 
verain ;  à  dr.,  s't*lève  une  grande  tour  carrée  de  10  à  12  m. 
de  haut;  à  g.,  une  mosquée  dont  les  nefs  sont  soutenues  par 
18  colonnes,  avec  la  koubba  et  le  tombeau  de  Sidi  Mansara. 

L'éperon  rocheux,  sur  lequel  a  été  construite  la  kasba,  est 
creusé  de  deux  profonds  souterrains  voûtés  qui  servaient  autre- 
fois de  silos. 

DE  BOU  LAOUANE  A  EL  GUENTRA  (25  k.  S.-E.  en  amont).  Ruines  d'un 
vieux  pont  réputé  d'origine  portugaise,  reliant  les  rives  à  pic  de  l'Oum 
Er  Rebia.  L  arche  de  la  rive  g.  et  trois  piles  sont  encore  debout.  Un 
bac  marocain  assure  maintenant  le  passage. 

De  Bou  Laouane  a  Mazagan,  p.  113;  —  a  Sidi  Ben  Nour,  p.  114. 


84  —  [3]    DE  CASABLANCA  A  MARRAKECH. 


3.  —  DE  CASABLANCA  A  MARRAKECH 


A.  —  Par  la  route. 

Autocyclisme  :  238  k.  —  Bonne  route  principale  n°  7  à  profil  peu  acci- 
denté. Service  automobile  quotidien;  départ  à  7  h.;  60  fr.  ;  s'informer 
place  de  France. 

117  k.  de  Casablanca  à  Mechra  Ben  Abbou  (p.  77  à  82).  La  route 
franchit  aussitôt  l'oued  Oum  Er  Rebia  sur  un  pont  suspendu 
et  à  péage  (p.  82),  puis  gravit  une  pente  pour  se  dérouler  dans 
la  région  peu  cultivée  des  Rehamna.  —  129  k.  5.  Sidi  Abd  Allah. 

—  141  k.  Souk  El  Arba  des  Skhour,  gîte  d'étapes  dominé  par  le 
massif  des  Skhour.  Nombreux  douars  aux  environs;  quelques 
palmiers  émergent  d'un  vallon  voisin.  Une  bonne  route  de  35  k. 
relie  El  Arba  des  Skhour  à  Caïd  Tounsi  (p.  85). 

La  montée  continue  sur  le  plateau,  d'une  ait.  de  500  m.  — 
151  k.  Marabout  de  Sidi  Omar  Bel  Haj,  dominant  toute  la  région. 

—  157  k.  Sidi  El  Maati^  douars  importants  des  Ouled  Assoun. 
169  k.  5.  Ben  Guérir  (cafés),  terminus  actuel  du  ch.  de  fer 

militaire,  réduit  fortifié  et  petit  centre  ne  comptant  que  peu 
d'Européens.  A  1  k.  à  g.  apparaissent  cinq  koubbas  blanches. 

DE  BEN  GUERIR  A  EL  KELAA  (62  k.  S.-E.  ;  piste  aménagée  autocyclable). 

—  La  piste  se  développe  d'abord  en  pays  peu  cultivé.  —  7  k.  Moulay 
Kerbour.  —  31  k.  Souk  Et  Tnine  Mharra^  dans  le  territoire  des  Brabich . 
marché  le  lundi.  —  49  k.  Dar  Brahim  Ben  Salah.  —  62  k.  El  Kelaa  (p.  99)[ 

De  Ben  Guérir  a  Sidi  Ben  Nour,  p.  115. 

La  route  se  poursuit,  à  profil  plat,  dans  une  région  pier- 
reuse avec  îlots  cultivés.  —  185  k.  5.  Nzalet  El  Aden,  à  proximité 
d'un  puits  de  80  m.  de  profondeur  et  du  douar  El  Marghine. 

207  k.  5.  Sidi  Bou  Othmane,  koubbas,  blockhaus  et  quelques 
baraquements  parmi  de  vieux  jujubiers  sauvages. 

De  Sidi  Bou  Othmane  a  Mazagan,  p.  116. 

Les  Djebilet,  «  montagnettes  »,  s'élèvent  au  S.  On  les 
gravit  par  un  col  entre  des  sommets  complètement  dénudés. 

—  220  k.  Sidi  Ahmed  Bel  Khoud.  Au  cours  de  la  descente,  on 
découvre  la  large  plaine  du  llaouz,  au  fond  de  laquelle  appa- 
raissent la  palmeraie  et  les  remparts  de  Marrakech  que 
domine  la  Koutoubia.  Au  fond,  rideau  élevé  de  l'Atlas. 

232  k.  5.  Pont  sur  l'oued  Tensift.  Cet  ouvrage  de  350  m.  de 
long,  de  5  m.  de  large  et  assis  sur  27  arches,  fut  construit  en 
grosse  maçonnerie,  vers  1170,  sous  le  règne  de  l'almohade 
Youssef  Ben  Abd  El  Moumene,  avec  une  main-d'œuvre  de  rené- 
gats espagnols. 

La  route  pénètre  ensuite  dans  la  palmeraie,  laissant  à  dr.  le 
mont  Gueliz  (p.  96),  au  pied  duquel  est  bâtie  la  ville  nouvelle. 

238  k.  Marrakech  (p.  85). 


MARRAKECH. 


[4]  -  85 


B.  —  Par  le  chemin  de  fer  et  la  route. 

Chemin  de  fer  :  210  k.  Réseau  militaire  jusqu'à  Ben  Guérir.  8  h.  en 
automotrice,  16  h,  par  le  train;  62  fr.  70  et  31  fr.  35. 

Route  :  68  k.  Bonne  route  de  Ben  Guérir  à  Marrakech.  Les  moyens 
de  transport  faisant  défaut  à  Ben  Guérir,  il  est  plus  commode  d'effec- 
tuer le  trajet  en  automobile,  par  l'itinéraire  précédent. 

124  k.  de  Casablanca  à  Bou  Laouane  (p.  83).  —  La  voie 
ferrée  gravit  les  pentes  N.  de  la  vallée  en  s'élevant  de  140  m. 
sur  un  parcours  de  11  k.  seulement.  —  131  k.  6.  Dar  Kaddour. 

136  k.  Caïd  Moussa,  à  248  m.  d'alt.  La  voie  se  développe  en 
palier.  —  136  k.  Dar  Fkih. 

153  k.  Caïd  Tounsi  (buffet-hôtel),  à  254  m.  d'alt.,  au  milieu 
d'une  région  riche  en  gomme,  en  olives  et  amandes.  —  A  4  k. 
de  la  gare,  Dar  Caïd  Tounsi,  agglomération  de  maisons  vétustés 
parmi  des  koubbas  blanches  et  des  oliviers.  L'une  des  maisons 
possède  un  grand  patio  ouvert,  entouré  de  hautes  colonnes, 
qui  supportent  des  frises  en  bois  sculpté. 

DE  CAID  TOUNSI  A  SIDI  BEN  NOUR  (35  k.  O.  ;  piste  ;  p.  114).  —  On  tra- 
verse une  partie  des  Aounate,  couverte  de  jardins  et  de  vignes. 

DE  CAID  TOUNSI  AU  DJEBEL  LAKHDAR  (1  h.  30  par  un  sentier  muletier 
qui  suit  une  combe  profonde).  —  Du  sommet  rocheux  de  la  montagne, 
on  jouit,  par  temps  clair,  d'une  belle  vue  sur  les  Rehamna  et  l'Atlas  à 
l'E.,  sur  les  cultures  variées  des  Doukkala  à  l'O. 

178  k.  Oulèd  Mansour. 

210  k.  Ben  Guérir  (p.  84).  Au  chemin  de  fer  succède  la  route 
de  Casablanca  à  Marrakech  (V.  ci-dessus,  A). 


4.  —  MARRAKECH 

Emploi  du  temps.  —  1°  d'une  journée  :  Djemaa  El  Fna,  Koutoubia  et 
Souks  dans  la  matinée;  palais  de  la  Bahia  et  Aguedal  dans  l'après- 
midi;  —  2°  de  deux  jours  (il  faut  au  minimum  ce  laps  de  temps  pour  bien 
voir  Marrakech)  :  Djemaa  El  Fna,  musée  des  Services  municipaux  et 
Koutoubia  dans  la  matinée  du  l»""  jour  et  dans  la  soirée  :  le  tour  des 
mosquées,  sanctuaires  et  fontaines,  souks.  Palais  de  la  Bahia,  Kasba, 
Mellah,  dans  la  matinée  du  second  jour  et  dans  la  soirée  :  Aguedal  et 
Menara;  —  S*»  de  trois  jours  :  itinéraire  semblablje  au  précédent  pour 
les  2  premiers  jours  avec,  pour  le  troisième,  une  excursion  à  la  Menara 
ou  au  Gueliz  et  une  promenade  en  auto  à  Tameslouht,  où  l'on  est  cor- 
dialement reçu  par  le  chérif  de  la  Zaouïa. 

Quelle  que  soit  la  durée  du  séjour  qu'on  se  propose  de  faire  à  Mar- 
rakech, il  faut  voir  la  magnifique  medersa  Ben  Youssef  (p.  95)  et  tenter 
la  visite  des  admirables  tombeaux  des  Chérifs  Saadiens  (p.  91;  se  ren- 
seigner sur  cette  possibilité  aux  Services  municipaux,  pl.  Djemaa 
El  Fna). 

MARRAKECH,  ville  makhzenia,  c'est-à-dire  impériale, 
dénommée  aussi  capitale  du  Sud,  est  située  à  465  m.  d'alt.  au 
pied  du  versant  septentrional  du  Grand  Atlas,  à  60  k.  env.,  et 


86  -  [4] 


MARRAKECH. 


à  4  k.  au  S.  de  la  rive  g.  de  l'oued  Tensift.  C'est  le  ch.-l.  de  hi 
région  de  Marrakech,  la  résidence  d'un  khalifa  du  sultan  et 
le  centre  d'action  des  grands  caïds  du  Sud  :  le  Glaoui,  le 
Mtouggui  et  le  Goundafi.  Elle  s'étend  dans  la  vaste  plaine  du 
Haouz,  abondamment  irriguée. 

Sa  population,  de  100,000  hab.,  en  fait  la  deuxième  ville  de 
l'Empire  chérifien.  Les  indigènes  musulmans,  au  nombre  de 
plus  de  80,000,  sont  un  mélange  de  Rehamna,  de  Ghleuh  et  de 
Draoua.  On  compte  environ  15,000  indigènes  israélites.  La 
colonie  européenne  est  passée  de  30  hab.  en  1912  à  1,500  hab. 
en  1917,  dont  plus  de  1,000  français. 

La  ville  est  immense.  Ses  innombrables  maisons  en  terre 
battue,  ses  rues  enchevêtrées,  ses  carrefours  populeux,  ses 
monuments  de  proportions  considérables,  son  enceinte  gigan- 
tesque qu'encadrent  une  vaste  palmeraie  et  de  grands  jardins,, 
lui  donnent  l'aspect  d'une  grandiose  cité  saharienne  sur 
laquelle  veille  l'élégant  et  monumental  minaret  de  la  Koutoubia. 

La  ville  européenne,  largement  conçue,  est  située  à  3  k.  N.-O. 
de  l'agglomération  indigène,  au  pied  de  l'îlot  rocheux  du 
Gueliz,  sur  l'emplacement  de  l'ancien  camp  français;  elle  vit 
sa  première  maison  s'édifier  en  1913. 

Le  climat  de  Marrakech  est  agréable,  excepté  l'été,  où  la 
température  est  particulièrement  élevée  pendant  le  jour  :  le 
maximum  atteint  49°  à  l'ombre. 


Hôtels  :  —  Victoria  (  Allart  ; 
PI  a  A2)  ,  près  de  Bab  Doukkala 
(23  ch.  de  6  à  8  fr.  ;  rep.  4  fr.,  v.  n.  c; 
gar.)  ;  de  C haïupagne  {Gahriel),  quar- 
tier d'Arsa  Moulay  Moussa  ;  du  Café 
Glacier  (Pl.  b  B3),  pl.  Djemaa  El 
Fna;  Sultan,  au  Gueliz. 

Postes  et  télégraphes  :  —  pl. 
Djemaa  El  Fna  et  au  Gueliz. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc  ; 
Algéro-Tunisienne  ;  Compagnie  algé- 
rienne', Commerciale  du  Maroc; 
Crédit  foncier  d'Algérie  et  de  Tu- 
nisie ;  Crédit  marocain. 

Voitures  de  place  :  —  station  pl. 
Djemaa  El  Fna;  2  fr.  la  course; 
4  fr.  l'h.  ;  prix  à  débattre  pour  les 
trajets  de  plusieurs  k'.,  sur  la  base 
de  4  à  5  fr.  l'h. 

Services  automobiles  :  —  Société 


blanca,  dép.  à  1  h..  60  iv.;  Porge 
et  C'",  serv.  rég.  1. 1.  j.  impairs  pour 
Mogador,  50  fr.  ;  serv.  irrég.  pour 
Safi  (s'informer);  tous  pl.  Djemaa 
El  Fna. 

Garages  :  —  de  France,  pl.  Dje- 
maa El  Fna:  Brown  et  Richard. 

Librairie-Papeterie  :  —  Pol  Lévy, 
à  la  Medina  ;  Hébréard,  au  Gueliz. 

Journaux  :  —  L'Echo  des  Deux- 
Yilles,  bi-hebdomadaire.. 

Photographie  :  —  Félix,  à  la 
Medina;  Villemse,  au  Gueliz. 

Consulats  :  —  d'Angleterre,  d'Es- 
pagne, de  Hollande,  de  Portugal. 

Spécialités  :  —  sacs  brodés  de 
soie  ;  coussiiis  en  cuir  excisé  ; 
braseros  et  bouilloires  en  cuivre  et 
en  fer  battu  et  ciselé;  couvertures 
et  tapis  de  laine  ;  poignai^ds  de 
cuivre  et  d'arcfent. 


de  transpjorts  automobiles  (Goyon 
et  C")  ;  serv.  quotidien  pour  Casa- 
Histoire.  —  La  Marrakech  musulmane  fut  créée,  en  1062  de  notre 
ère,  par  Youssef  Ben  Tachfine,  fondateur  de  la  dynastie  des  Almora- 
vides  venus  du  Sahara.  Avec  Ali,  fils  de  Youssef,  s'élèvent  au  xi®  s. 
des  remparts,  dont  quelques  vestiges  durent  encore  ainsi  que  la  mos- 
quée Sidi  Ben  Youssef,  transformée  plus  tard  en  médersa.  C'est  à 
Marrakech  qu'Ibn  Toumert,  chef  des  partisans  almohades,  dénonce  le 
luxe  do  la  cour  almoravido  et  qu'Abd  el  Moumene,  premier  émir  de  la 


MARRAKECH. 


[4]  -  87 


nouvelle  dynastie,  organise  la  série  de  ses  exploits  dans  toute  l'Afrique 
du  Nord  et  fixe  sa  capitale  après  l'avoir  conquise  (1147).  En  1175,  la 
peste  y  fait  de  grands  ravages.  De  1184  à  1198,  le  célèbre  sultan  Yakoub 
El  Mansour  y  élève  la  mosquée  et  la  tour  de  la  Koutoubia,  en  même 
temps  qu'il  fait  construire,  à  Séville,  la  Giralda  et,  à  Rabat,  la  mosquée 
de  la  Tour  Hassane,  les  monuments  les  plus  fameux  de  l'époque 
almohade  et  peut-être  les  mieux  construits  du  Maghreb.  La  ville  est 
alors  très  prospère  et  très  peuplée. 

Le  mérinide  Abou  Youssef  Yakoub  entre  à  Marrakech  en  1260,  mais 
est  obligé  d'y  revenir  plusieurs  fois  en  force.  Après  un  premier  insuccès 
en  1261,  il  s'en  empare  en  1268  et  y  établit  son  centre  d'opérations 
contre  le  Sous  et  Sidjilmassa. 

Après  sa  conquête  de  Tombouctou,  d'où  il  rapporte  de  grandes 
richesses  et  ramène  le  célèbre  légiste  noir  Ahmed  Baba,  le  Saadien 
Abou  El  Abbas  El  Mansour,  surnommé  Ed  Dehbi,  «  le  doré  »,  Marrakech 
redevient  pour  quelque  temps  la  principale  capitale  marocaine.  Elle 
s'enrichit  alors  de  magnifiques  constructions  décorées  de  marbre  de 
Carrare,  payé,  dit-on,  au  poids  du  sucre  (il  s'agit  du  palais  de  la  Badi, 
détruit  plus  tard  par  Moulay  Ismaïl,  et  des  tombeaux  saadiens). 

Sous  les  Filaliens  ou  Alaouites,  dynastie  actuellement  régnante,  le 
siège  du  gouvernement  est  transféré  à  Fès  et  à  Meknès.  De  temps  à 
autre,  quelques  sultans  font  toutefois  des  séjours  plus  ou  moins  pro- 
longés à  Marrakech,  et  marquent  leur  passage  en  y  faisant  exécuter 
d'importants  travaux.  Sidi  Mohammed  restaure  le  mausolée  et  la 
médersa  du  cheikh  Bel  Abbas,  ainsi  que  les  sanctuaires  d'El  Tebbâ, 
d'El  Jezouani,  de  Moulay  Ali  Ech  Chérif,  de  Mimoun  Es  Sahraoui,  les 
mosquées  des  sultans  et  celles  de  Berrima,  d'El  Mansour,  de  Bab 
Doukkala,  d'Er  Rahba.  Les  six  médersas  de  la  kasba  sont  également 
reconstruites. 

Moulay  El  Hassane  (1873-1894)  est  proclamé  sultan  à  Marrakech,  mais 
n'y  réside  qu'une  année.  Son  fils  Moulay  Abd  El  Aziz  y  séjourne  de 
1895  à  1902.  La  Bahia,  résidence  actuelle,  y  est  édifiée  sous  son  règne. 

Moulay  Hafid  est  acclamé  sultan  à  Marrakech  avant  d'être  reconnu 
à  Fès,  Après  son  départ,  El  Hiba,  le  grand  agitateur  du  Sud,  s'y  fixe, 
puis  en  est  chassé  par  le  colonel  Mangin  le  7  septembre  1912,  date  de 
l'entrée  de  nos  troupes  dans  la  ville. 

Les  relations  de  cette  capitale  avec  l'Europe  chrétienne  remontent  à 
une  époque  assez  reculée.  Cinq  pères  franciscains  y  arrivèrent  en  1219, 
dans  le  but  de  créer  un  centre  d'évangélisation.  Ils  furent  d'abord 
accueillis  avec  indifférence,  mais  comme  ils  s'étaient  enhardis  à 
attaquer  publiquement  Mahomet,  le  sultan  almohade  Youssef  El  Mos- 
tanser  donna  l'ordre  de  les  diriger  sur  Ceuta  pour  les  renvoyer  en 
Espagne.  Trompant  la  vigilance  de  leurs  gardiens,  ils  revinrent  à 
Marrakech  où  ils  trouvèrent  le  martyre  (1220).  Cependant,  la  tolérance 
fut  telle  à  un  certain  moment  que  le  pape  Grégoire  IX  put  créer  un 
évêché  à  Marrakech  vers  1233,  Le  premier  titulaire  épiscopal  fut  le 
frère  Agnelo.  Au  début,  l'évêché  n'eut  d'autres  biens  que  les  aumônes 
des  fidèles  ;  mais  en  1257,  peu  après  la  prise  de  Séville,  le  roi  Ferdinand 
et  ses  fils  firent  don  à  l'évêché  de  grands  territoires  situés  à  l'embou- 
chure du  Guadalquivir  et  du  domaine  de  Torre  Blanca.  En  récompense 
de  cette  libéralité,  le  pape  concéda  aux  rois  d'Espagne  le  droit  de  pré- 
sentation pour  l'évêché  du  Maroc.  Mais  si  le  traité  de  1270,  qui  suivit 
la  croisade  de  St  Louis,  assura  aux  chrétiens  le  libre  exercice  de  leur 
culte,  il  ne  leur  accorda  pas  la  faculté  de  prêcher  publiquement  l'évan- 
gile. Après  la  reconguista,  le  retour  en  Afrique  des  familles  musul- 
manes d'Espagne  occasionna  un  sentiment  de  rancune  et  de  vengeance 
contre  les  chrétiens  et  l'évêché  de  Marrakech  cessa  d'exister  (xvi«  s.). 
Le  dernier  titulaire  fut  Don  Francisco  de  Faria,  nommé  par  Urbain  VIII 


88  -  [4] 


MARRAKECH. 


en  1639.  L'église  marocaiDe  n'avait  guère  vécu  que  trois  siècles.  La 
tentative  d'une  mission  franciscaine  française  au  commencement  du 
XVII®  s.  n'eut  aucun  succès. 

Au  commencement  du  xvi*  s.,  les  Portugais,  installés  dans  les  ports 
de  la  côte  atlantique,  font  des  expéditions  dans  le  Haouz  mais  ne 
parviennent  pas  à  entrer  dans  Marrakech.  Leur  influence  faiblit  vite  et 
le  chérif  de  la  capitale  épouse  Dona  Mencia,  fille  du  dernier  gouverneur 
portugais  d'Agadir. 

Bibliographie  :  —  Marrakech,  par  A.  Chevhillon,  «  Revue  de 
Paris  »,  1918. 

Tous  nos  itinéraires  partent  de  place  Djemaa  El  Fna,  que 
nous  décrirons  tout  d'abord,  et  au  S.  de  laquelle  stationnent 
les  voitures  de  louage. 

J.  —  Place  Djemaa  E/  Tna. 

Saisissant  spectacle  de  la  foule  se  pressant  autour  de  boutiques  en 
plein  air  ou  se  livrant  à  ses  récréations  favorites  et  quotidiennes. 
A  voir  surtout  vers  la  fin  du  jour. 

De  150  m.  de  long  sur  une  largeur  variant  de  50  à  100  m., 
la  place  Djemaa  El  Fna,  située  en  plein  cœur  de  Marrakech, 
réunit  chaque  jour  une  foule  intense.  La  matinée  y  est  con- 
sacrée au  petit  commerce  :  les  marchands  de  légumes,  de  fruits, 
de  bonbons,  de  remèdes,  de  vannerie,  etc.,  y  vendent  leurs 
produits;  les  barbiers  y  opèrent  en  plein  air.  A  partir  de  4  h. 
de  l'après-midi,  la  place  appartient  surtout  aux  baladins  et 
amuseurs  de  foules  :  conteurs,  bouffons,  lutteurs,  acrobates, 
charmeurs  de  serpents,  danseurs  chleuhs  couverts  de  bijoux,  etc., 
se  livrent  à  leurs  exercices  au  milieu  de  grands  cercles  de 
spectateurs  jamais  lassés. 

Djemaa  El  Fna,  «  la  réunion  des  trépassés  »,  est  un  nom  dû  aux 
impitoyables  exécutions  par  lesquelles  un  khalifa  du  sultan  punissait, 
autrefois,  les  intrigues  ourdies  contre  lui.  C'est  là  qu'étaient  naguère 
exposées  les  têtes  de  rebelles  mis  à  mort. 

Le  bureau  des  postes  et  télégraphes  limite  la  place  vers  le  S., 
et  les  Services  municipaux  s'élèvent  sur  le  côté  E.  Dans  ces  der- 
niers est  installé  un  petit  musée  d'art  indigène  (on  peut  visiter; 
demander  l'autorisation  au  chef  des  Services  municipaux). 

Ce  musée  comprend  une  salle  où  sont  réunis  des  spécimens  de  tra- 
vaux de  la  ville  et  de  la  région  :  tapis  à  laine  rase  des  Glaoua  ;  tapis  à 
haute  laine,  à.  points  noués  et  à  couleurs  vives  des  Souktana  (fraction 
de  tribu  du  Pacha  actuel);  poignards  de  modèles  variés,  en  argent  et 
en  cuivre  ciselés;  cornes  et  poires  à  pondre  rehaussées  d'argent;  armes 
du  Sous,  incrustées  d'ivoire  et  frottées  d'argent  niellé  ;  mejmars  (bra- 
seros et  bouilloires)  en  fer  et  en  cuivre  gravé;  coussi7is  en  cuir  excisé; 
babouches  brodées  de  soie  et  d'or,  etc.  Ces  objets  sont  accompagnés 
de  prix  renseignant  les  visiteurs  sur  les  cours  pratiqués  à  Marrakech^ 
à  l'heure  actuelle. 

De  la  terrasse  des  Services  municipaux  (accès  entièrement 
libre),  on  jouit,  surtout  avant  le  coucher  du  soleil,  d'une  *vue 


MARRAKECH, 


[4]  —  89 


magnifique  sur  la  place  Djemaa  E^l  Fna,  sur  la  Koutoubia,  la 
ville  et  ses  jardins,  le  Gueliz,  les  Djebilet,  la  palmeraie  et 
l'Atlas  aux  cimes  neigeuses  et  découpées. 

77.  —  La  \ouhubia, 

.500  m.  S.-O.  de  la  place  Djemaa  El  Fna,  d'où  l'on  voit  l'imposant 
minaret. 

On  passe  devant  le  bureau  de  poste  et  les  bureaux  de  VEtat- 
Major,  après  lesquels  on  tourne,  à  dr.,  par  un  large  chemin 
qui  passe  au  pied  du  minaret  de  la  Koutoubia  et  d'où  l'on 
a  une  vue  d'ensemble  sur  le  grandiose  monument. 

La*mosquée  delà  Koutoubia  (entrée  interdite),  «  mosquée 
des  libraires  >>  parce  qu'autrefois  des  marchands  de  manuscrits 
étaient  installés  au  pied,  a  une  magnifique  allure  architectu- 
rale. Sa  face  S.  se  divise  en  9  pavillons  couronnés  de  toits  alter- 
nativement triangulaires  et  trapézoïdaux.  A  en  juger  par  la 
naissance  d'arcs  encore  visibles  au  N.,  la  partie  opposée  a  dû 
être  démolie  :  la  salle  de  prière  et  ses  dépendances  revêtaient 
donc  des  proportions  gigantesques. 

Une  *io«r,  la  plus  belle,  la  plus  monumentale  et  la  plus 
complète  des  œuvres  de  ce  genre,  domine  la  mosquée  et  toute 
la  ville.  D'après  Léon  l'Africain,  c'est  Abd.  El  Moumene  qui 
aurait  donné  l'ordre  de  la  construire.  Selon  d'autres  auteurs, 
elle  aurait  été  élevée,  vers  1184,  par  l'almohade  Yakoub  El 
Mansour  en  même  temps  que  la  Giralda  de  Séville  et  la  tour 
Hassane  de  Rabat.  De  12  m.  50  de  côté  et  de  67  m.  50  de  haut, 
elle  est  entièrement  construite  en  pierres  de  taille.  Le  magni- 
fique décor  de  ses  faces  est  limité,  dans  la  partie  supérieure, 
par  une  ceinture  de  mosaïque  de  faïence  émaillée  d'un  ravis- 
sant bleu  turquoise.  Sept  étages  se  superposent  dans  la  tour  : 
le  2®  est  couvert  d'une  coupole  à  trompes  dans  les  angles,  le 
3®  a  sa  coupole  supportée  par  des  colonnes  à  chapiteaux,  le 
5*  a  un  plafond  pyramidal  tronqué  à  huit  faces;  le  6«  est  traité 
comme  le  3^;  le  7%  plus  haut  que  les  précédents,  est  à  huit 
pans  dont  quatre  à  stalactites.  Le  campanile  est  également  à 
coupole. 

777.  —  Palais  de  la  Bahia. 

800  m.  S.-E.  Quelques  minutes  à  pied.  Très  recommandé.  Demander 
une  autorisation  au  chef  des  Services  municipaux,  pl.  Djemaa  El  Fna. 

Le  plus  court  chemin  est  celui  qui  prend  au  N.-E.  de  Djemaa 
El  Fna,  au-dessus  des  Services  municipaux,  et  passe  devant 
Vécole  franco-arabe,  ancienne  maison  du  Hiba  (on  peut  entrer), 
le  bureau  des  Renseignements,  le  jardin  Bou  Achrine^  de  150  m.  sur 
50,  aménage  en  jardin  public,  et  le  consulat  de  France. 

Le  "^palais  de  la  Bahia  (présenter  l'autorisation  au  concierge 
qui  accompagne  les  visiteurs)  est  dû  à  Ba  Ahmed  Ben  Moussa, 


90  —  [4] 


MARRAKECH. 


l'un  des  vizirs  de  Moulay  Abd  El  Aziz,  celui  qui  pendant 
plusieurs  jours  tint  secrète  la  mort  de  Moulay  El  Hassane  pour 
faire  désigner  son  successeur.  Il  mit  sept  ans  à  construire  le 
palais  dans  le  luxe  habituel  des  riches  maisons  marocaines 
(fin  XIX®  s.).  On  sait  qu'il  passe  pour  avoir  été  cruel  et  volup- 
tueux. La  distribution  des  locaux  et  des  cours  parait  être 
établie  sans  plan  d'ensemble  préalablement  étudié;  elle  répond 
cependant  aux  besoins  spéciaux  de  la  vie  indigène  et  reste,  par- 
là  même,  fort  curieuse  et  inattendue. 

On  entre  d'abord  dans  une  cour  rectangulaire,  sans  décor, 
mais  pavée  en  marbre  entourée  sur  trois  côtés  d'une  galerie 
que  soutiennent  des  piliers  simples  et  robustes.  Un  grand  jardin 
mauresque,  comptante  de  cyprès,  de  bananiers,  d'orangers  et  de 
jasmins,  y  fait  suite;  quelques  belles  salles  sont  disposées  de 
part  et  d'autre  de  ce  jardin,  notamment  un  grand  salon  de 
réception  et  une  salle  à  manger  que  décorent  des  zellijs  de 
faïence,  des  plâtres  sculptés,  des  plafonds  peints.  Plus  loin,  une 
cour  d'honneur  de  50  m.  de  long  et  de  30  m.  de  large,  pavée  de 
marbre  et  de  zellijs,  avec  galerie  vitrée  et  colonnes  cannelées 
en  bois  sur  le  pourtour,  donne  accès  à  une  immense  salle  de 
conseil,  de  20  m.  sur  8,  magnifiquement  décorée,  à  un  hammam, 
ou  bain  maure,  comprenant  une  salle  froide,  une  salle  chaude 
et  une  pièce  de  repos,  et  enfin  un  patio,  autour  duquel  sont 
systématiquement  disposées  quatre  pièces  dont  l'une  entière- 
ment garnie  de  glaces.  Des  appartements  richement  ornementés 
et  d'un  caractère  intime,  se  groupent  autour  d'un  second  patio 
garni  d'arbres  et  de  fleurs.  Les  appartements  de  la  favorite  com- 
plètent la  série  de  ces  locaux  où  les  artisans  marocains  ont 
réuni  toutes  les  ressources  de  leur  art.  De  la  terrasse  on  jouit 
d'une  vue  magnifique  sur  la  ville,  la  palmeraie,  le  Gueliz,  les 
Djebilet  et  l'Atlas.  La  Bahia  sert  aujourd'hui  de  Résidence. 

Attenant  à  TE.  du  palais,  s'étend  le  jardin  de  la  Bahia,  immense 
trapèze  de  iOO  m.  de  côté,  irrigué  par  les  eaux  d'un  bassin 
carré  de  80  m.  sur  80,  et  planté  des  essences  les  plus  variées. 

JV.  —  La  \asba. 

Entrée  à  900  m.  au  S.  de  la  place  Djemaa  El  Fna. 

On  laisse  à  g.  le  bureau  de  poste,  puis,  à  dr.,  les  burea 
de  l'Etat-Major  pour  continuer  tout  droit  et  atteindre,  pa 
l'angle  N.-O.,  l'enceinte  de  la  Kasba,  peinte  en  ocre  rouge  et 
flanquée  de  bastions.  L'entrée  de  la  citadelle  est  à  100  m.  plus 
au  S.  :  c'est  *Bab  Aguenaou. 

Cette  porte  monumentale  est  en  grès  rouge  taillé  et  sculpté. 
Avec  son  plein  cintre  outrepassé  et  bordé  d'une  double  ligne 
de  voussoirs  enserrant  un  arc  richement  festonné,  ses  écoinçons 
ornés  d'un  large  décor  floral,  son  superbe  cadre  d'inscriptions 
coufiques,  sa  frise  supérieure  rongée  parle  temps,  elle  constitue 
l'un  des  spécimens  les  plus  intéressants  de  l'art  almohade  de 


MARRAKECH. 


[4]  —  91 


Marrakech.  La  légende  dit  que  les  fragments  en  furent  rapportés 
'  d'Andalousie  par  des  Maures  chassés  d'Espagne. 

A  quelques  pas  à  dr.,  une  porte  s'ouvre  sur  la  campagne  : 
c'est  Bab  Roob,  de  peu  d'intérêt. 

Après  avoir  franchi  Bab  Aguenaou,  on  voit,  immédiatement 
à  g.,  une  autre  porte  de  petites  dimensions,  avec  décor  de 
plâtre;  pénétrant  plus  avant,  on  découvre,  au  détour  d'une  rue 
coudée,  la  mosquée  de  la  Kasba,  dite  encore  Djama  Moulay 
Yazid  El  Mansouri. 

Cet  édifice,  de  proportions  considérables,  a  une  façade  cou- 
ronnée d'une  longue  ligne  de  corbeaux  et  de  merlons  dentelés 
qui  accuse  12  larges  nefs  et  environ  10  travées.  Les  toits,  très 
hauts,  reposent  sur  des  arcs  dentelés  ou  en  ogive  et  des  piliers 
énormes.  L'ornementation  murale  intérieure  est  sobre,  mais 
robuste.  Les  plafonds  sont  en  bois  peint;  les  portes  bardées  de 
bronze.  Un  important  minaret  en  briques,  aux  faces  garnies  d'un 
décor  curviligne  s'enievant  sur  un  émail  vert  turquoise,  domine 
fièrement  la  mosquée  de  toute  sa  hauteur. 

A  proximité  (se  renseigner)  se  trouvent  les  ^tombeaux  des 
Chérifs  Saadiens,  admirables  monuments  en  marbre  blanc 
décoré,  où  sont  inhumés  les  souverains  de  Pavant-dernière 
dynastie  marocaine  (xvi^  et  xvn*"  s.). 

La  visite  de  ces  monuments  a  été  formellement  interdite  aux  Euro- 
péens jusqu'en  1918,  mais  les  autorisations  d'entrée  paraissent  dès 
maintenant  plus  faciles  à  obtenir  (s'adresser  aux  Services  municipaux, 
pl.  Djemaa  El  Fna). 

La  promenade  peut  s'arrêter  à  la  mosquée  de  la  Kasba,  d'où 
Ton  entreprendra,  si -l'on  veut,  la  visite  de  l'Aguedal  (F.  ci- 
après). 

La  rue  qui  longe  la  mosquée  de  la  Kasba  est  l'artère  princi- 
pale de  ce  quartier,  dont  l'jntérêt  est  surtout  concentré  dans  le 
Dar  El  Makhzen  ou  palais  du  sultan  (entrée  interdite). 

Construit  par  les  Almohades,  puis  agrandi  par  les  Saadiens,  le  Dar 
El  Makhzen  fut,  un  temps,  Tune  des  plus  belles  habitations  de  Marrakech. 
D'immenses  bassins  occupaient  les  cours  intérieures  dont  l'un  avait,  dit 
la  légende,  500  coudées  de  côté.  Des  colonnes  de  marbre  blanc  et  de 
riches  peintures  en  rehaussaient  l'éclat.  D'immenses  cours  ou  mechouars 
bordent  le  palais  du  côté  S.  Un  grand  jardin  fait  partie  des  dépendances 
de  cette  habitation  des  sultans. 


Y.  —  L'Aguedal. 

Entrée  2  k.  S.  Route  et  chemin  carrossable.  Promenade  classique  des 
jardins  marocains,  pouvant  prolonger  la  visite  de  la  Kasba. 

Suivre  l'itinéraire  IV  jusqu'à  Bab  Aguenaou  pour  :  1°  en 
sortir  par  Bab  Roob  (F.  ci-dessus),  longer  le  mur  0.  de  la 
Kasba,  dépasser  Bab  Ksiba,  gagner  l'extrémité  de  V avenue  du 
Dar  El  Beida  et  entrer  dans  le  jardin  de  l'hôpital  militaire; 
2^  ou  franchir  Bab  Aguenaou  (p.  90),  traverser  la  Kasba,  aboutir 


92  —  [4] 


MARRAKECH. 


au  Mechouar  ou  cour  d'honneur  du  Dar  El  Makhzen  {V.  ci- 
dessus),  et  entrer  dans  le  jardin  de  l'hôpital  militaire. 

Uhôpital  militaire  est  installé  dans  le  Dar  El  Beida,  «  la  mai- 
son blanche  »  (on  peut  visiter),  vaste  maison  arabe  d'un 
réel  intérêt,  avec  ses  cours  spacieuses,  ses  locaux  nombreux 
et  sa  décoration  de  mosaïques,  de  bois  peints  et  de  frises 
colorées. 

Plus  au  S.,  derrière  un  mur  d'enceinte,  s'étend  le  fameux 
jardin  de  l'^Aguedal  (entrée  permise). 

De  3  k.  de  long  sur  12  à  1  500  m.  de  large,  l'Aguedal  est 
entouré  de  hauts  murs  percés  de  rares  portes  et  fortifiés  de 
bastions.  Gomplanté  avec  ordre  d'arbres  fruitiers  de  toutes 
sortes  :  orangers,  citronniers,  mandariniers,  oliviers,  figuiers, 
grenadiers,  abricotiers,  pruniers,  poiriers,  pommiers,  vignes; 
arrosé  par  deux  grandes  séguias  alimentant  un  bassin  carré  de 
180  m.  de  côté  et  dont  les  eaux  se  répartissent  dans  un  système 
de  canalisation  bien  compris,  il  constitue  l'une  des  plus  inté- 
ressantes attractions  de  Marrakech. 

Une  allée  centrale,  orientée  du  N.  au  S.,  partage  le  jardin 
dans  toute  sa  longueur  en  deux  parties  à  peu  près  égales,  subdi- 
visées elles-mêmes  en  lots  plus  petits  se  faisant  face.  C'est 
d'abord  Djenane  Bel  Hadj,  à  l'E.  et  Ez  Zahra,  à  l'O.  ;  puis  El  Rharsa 
(avec  bassin  spécial)  et  Es  Salha,  séparés  par  un  immense 
bassin  de  200  m.  de  côté  dans  lequel  se  mire  le  vieux  Dar  El 
Heni  (ancienne  poudrière)  vers  l'angle  N.-O.;  le  Kessemt  Bel 
Fgih  et  le  Kessemt  Hadj  Harlsem  après  les  Magasins  des  subsis- 
tances militaires;  et  enfin,  après  Bab  Naceur,  un  dernier  lot, 
partiellement  complanté  de  vignes  et. d'arbres  fruitiers,  où 
s'élèvent  :  El  Barram,  ancienne  cartoucherie,  une  ancienne 
poudrière,  et,  dans  l'angle  S.-O.,  la  Ma/cma,  ou  ancienne 
sucrerie.  j 

Yl.  —  Le  Mellah.  | 

Entrée  à  1  k.  S.-E.  de  la  place  Djcmaa  El  Fna.  On  peut  s'y  rendre 
en  voiture. 

La  rue  qui  part  du  S.-E.  de  Djemaa  El  Fna  s'y  rend  directe- 
ment. 

Aux  abords  de  Bab  Berrima,  située  à  l'angle  N.-E.  du  Dar 
El  Makhzen,  se  trouve  le  souk  du  Mellah,  de  construction  récente 
et  sans  originalité.  On  sera  pourtant  intéressé  par  les  types 
juifs  qui  le  peuplent  :  ferblantiers,  bijoutiers,  cuivreurs,  save- 
tiers, etc.,  en  général  plus  curieux  par  leur,  physionomie  que 
par  leurs  travaux. 

Le  quartier  des  habitations  contigu  au  souk  mérite  une 
visite.  11  n'y  a  aucun  inconvénient  à  se  faire  montrer  quelques 
synagogues  et  quelques  écoles  rabbiniques  oîi  de  petits  enfants 
étudient  la  Bible  en  hébreu. 


MARRAKECH. 


[4]  -  93 


Vn.  —  Les  Souks. 

Les  principaux  souks  de  Marrakech,  très  étendus,  sont  réunis  aux 
abords  immédiats  de  Djemaa  El  Fna,  au  N.  On  s'y  rond  en  quelques 
minutes.  Chacun  y  errera  au  gré  de  ses  loisirs. 

Gomme  partout  au  Maroc,  les  marchands,  ouvriers  et  artisans, 
sont  groupés  par  corps  de  métiers.  Les  échoppes  de  marchands 
de  légumes  secs,  de  légumes  verts  et  de  primeurs,  d'épices  et 
de  farines,  de  tapis  et  de  couvertures  de  laine,  de  cotonnades 
et  de  soieries,  de  poterie  et  de  vannerie,  les  menuisiers,' forge- 
rons, ciseleurs,  damasquineurs,  les  fabricants  de  poignards,  de 
fusils,  de  sacs  brodés,  de  cuirs  excisés,  de  harnachements 
arabes,  de  babouches  ornées,  etc.,  se  succèdent  à  l'infini  sous 
l'aspect  le  plus  pittoresque. 

Dans  la  Kisaria  El  Baroudiine,  couverte  d'un  toit  de  charpente 
régulièrement  établi,  on  vend  surtout  des  produits  d'importa- 
tion européenne.  Le  milieu  d'une  des  faces  de  ce  souk  est 
marqué  par  une  jolie  fontaine. 

Un  autre  marché  digne  de  remarque  est  le  souk  El  Mjadlia, 
souk  des  passementiers  (p.  94). 

VHI.  —  Le  four  des  mosquées,  des  sanctuaires 
et  des  fontaines. 

Circuit  d'env.  6  k.  dans  la  partie  N.  de  la  ville  ;  à  faire  à  pied  ou  à 
monture.  Très  recommandé,  bien  que  l'entrée  des  édifices  religieux 
soit  interdite. 

Du  marché  aux  bois,  qui  se  tient  à  TO.  de  Djemaa  El  Fna, 
gagner  rue  El  Kseur,  pour  passer  au  pied  de  {'oratoire  Bah 
Fetouh,  joli  minaret  mérinide  de  proportion  fort  élégante  dont 
l'entrelacs  curviligne  naît  au-dessus  de  minuscules  colonnettes 
et  chapiteaux  de  marbre,  et  se  développe  en  brique  ocre  sur 
un  fond  d'émail  vert. 

De  là,  se  diriger  vers  la  grande  mosquée  (entrée  interdite) 
dont  on  fera  partiellement  le  tour. 

Djama  El  Moaasine,  en  plein  cœur  de  la  ville,  a  sa  grande 
cour  intérieure  encadrée  d'une  salle  de  prière  richement  orne- 
mentée. L'une  de  ses  portes  est  recouverte  de  feuilles  de 
cuivre  fixées  sur  les  vantaux  au  moyen  de  clous  de  bronze. 

La  ^fontaine  El  Mouasine,  attenante  à  la  mosquée,  est 
remarquable  par  son  genre,  inconnu  ailleurs  au  Maroc,  et  ses 
proportions  monumentales.  Le  bassin  de  dr.  est  surmonté  d'un 
portique  avec  ornements  de  plâtre  sculpté,  corbeaux  et  lin- 
teaux de  bois  ouvragé,  frise  et  auvent  de  bois  peint;  c'est  là 
que  viennent  s'approvisionner  les  gens  du  quartier.  Trois 
autres  grands  bassins,  à  g.,  de  4  à  5  m.  de  côté  et  abrités  par 
des  voûtes,  servent  d'abreuvoir  pour  les  animaux. 


94  —  [4] 


MARRAKECH. 


Plus  loin,  en  plein  souk,  on  apercevra,  au  fond  d^une  ruelle^ 
le  sanctuaire  de  Sidi  Abd  El  Aziz.  Ce  marabout  s'annonce  par 
une  porte  à  soubassements  de  mosaïques,  à  revêtements  de 
plâtre  sculpté  et  peint  et  par  un  bel  auvent  en  bois  ouvragé 
et  coloré.  Une  date  (1190  H.)  se  lit  dans  les  inscriptions  arabes. 

Un  peu  plus  à  l'E.,  sur  l'artère  conduisant  à  Bab  Doukkala, 
on  verra,  à  g.,  la  maison  du  Pacha,  de  construction  récente, 
spécimen  de  l'architecture  moderne;  les  touristes  de  marque 
peuvent  être  admis  à  la  visiter;  consulter  le  chef  des  Services 
municipaux. 

Cette  maison  est  habitée  par  El  Hadj  Tsohami  El  Glaoui,  pacha  de 
Marrakech,  frère  de  Si  El  Madani,  ex-caïd  du  pays  des  Glaoua,  mort 
en  1918,  et  dont  le  siège  du  commandement  est  à  Kasba  Telouet  (p.  101), 
prodigieux  édifice  seigneurial,  reconstruit,  au  cours  du  siècle  dernier, 
sur  le  versant  occidental  du  Col  de  Telouet,  à  2,000  m.  d'alt.,  sur  la  route 
des  caravanes  joignant  Marrakech  au  Tafilalet.  L'autorité  de  ces  grands 
chefs,  tout  dévoués  à  la  France,  est  grande.  La  famille  des  Glaoui  a 
fourni  à  toutes  les  dynasties  du  Maroc  des  illustres  hommes  d'Etat. 

Plus  loin,  s'élève  la  monumentale  ^fontaine  Sidi  El  Hassane 
ou  Ali.  L'abreuvoir,  de  15  m.  de  long  sur  5  m.  de  large,  est 
abrité  par  3  koubbas;  le  bassin  est  à  g.  alors  qu'à  El  Mouasine 
(p.  93)  il  est  à  dr. 

Derrière  la  fontaine  se  dresse  Djama  Bab  Doukkala. 

La  salle  de  prière  de  cette  mosquée  est  divisée  en  plusieurs  nefs  à 
lourds  piliers  supportant  des  arcs  monumentaux  à  festons  et  stalactites. 
A  remarquer  notamment  les  chapiteaux  des  colonnes  engagées  sur  les 
piliers.  Un  minai^et,  en  briques  et  à  campanile,  s'élève  au-dessus  de  la 
construction  en  pisé;  un  élégant  décor  en  orne  les  quatre  faces.  L'édi- 
fice aurait  été  construit  en  995  de  l'Hégire  (xvi»  s.),  sur  l'ordre  de  Sida 
Messaouda,  ancêtre  célèbre  de  la  famille  du  Glaoui,  mère  du  sultan 
saadien  Abou  El  Abbas  Ahmed  El  jVIansour. 

Revenant  sur  ses  pas  sur  une  diste^nce  d'env.  300  m.,,  on  se 
rendra,  à  travers  la  ville  arabe,  au  quartier  Smi  Ben  Sllmam:, 
centre  d'un  tombeau  célèbre. 

Le  sanctuaire  de  Sidi  Ben  Slimanê  El  Djazouli  forme  un  groupe 
complet  comprenant  d'abord  un  passage  sous  un  arc  à  décor  de  mosaïque^ 
conduisant,  après  un  coude,  à  une  jolie  fontaine  à  revêtement  de  faïence 
(quelques  carreaux  de  Delft)  et  à  plafond  et  auvent  de  bois  sculpté  ci 
peint,  puis  à  la  porte  du  sanctuaire,  précédée  d'une  galerie  que  sui» 
portent  3  colonnes  surmontées  de  curieux  chapiteaux  en  marbre  sculpté. 
Sidi  Ben  îSlimane  El  Djazouli  est  l'auteur  du  célèbre  livre  de  prières  dir 
Dalaïl  El  Kheïrat,  que  portent  et  lisent  tous  ses  adeptes  et  dont  il 
existe  de  jolies  copies  soigneusement  enluminées. 

A  100  m.  plus  au  N.,  on  trouvera  le  souk  des  Mjadlia,  des  pas- 
sementierS)  où  se  vendent  des  cordonnets  et  des  cordelières 
aux  tons  très  vifs.  Ce  marché,  très  curieux,  est  aménagé  dans 
tjn  passage  couvert  à  galeries  latérales  soutenues  chacune  par 
12  piliers  dont  les  arcs  et  la  frise  sont  peints  en  deux  couleurs  : 
ocre  et  marron.  Des  portes  monumentales  en  plâtre  et  bois 
sculptés  ferment  l'entrée  et  la  sortie  du  souk. 


MARRAKECH. 


[4]  —  95 


La  mosquée  et  le  sanctuaire  de  Sidi  Bel  AbbaSy  du  grand  patron 
de  Marrakech  et  des  agriculteurs  marocains,  sont  contigus  au 
précédent  souk. 

Une  légende,  qui  avait  cours  au  Maroc  au  xyiii®  s.,  surtout  parmi  les 
chrétiens,  assimilait  St  Augustin  à  Sidi  Bel  Abbas  Es  Sebti;  elle  semble 
avoir  pour  origine  la  ressemblance  entre  le  nom  de  Tagaste,  ville  où 
naquit  St  Augustin  et  celui  de  Tagaost  (Sous)  où,  d'après  la  même 
légende,  serait  enterré  et  vénéré  St  Augustin. 

De  là,  on  pourra  joindre  à  400  m.  à  l'E.,  Bab  El  KkemiSy  porte 
à  baïonnette  percée  dans  l'enceinte  de  la  ville. 

De  l'extérieur  de  la  porte,  on  a  une  vue  sur  un  cimetière  musulman  et 
sur  le  marché  du  jeudi,  souk  El  Khemis. 

Se  dirigeant  ensuite  directement  vers  le  centre  de  la  cité,  on 
rencontre,  à  800  m.  plus  au  S.,  la  troisième  fontaine  monu- 
mentale de  xMarrakech.  La  Sekkaîa  Echrob  ou  Chouf  («  bois 
et  admire  »)  ne  se  compose  que  d'un  bassin  réservoir  enfoncé 
dans  une  encoignure.  La  façade  en  bois  sculpté  d'inscriptions 
cursives  et  couflques,  avec  auvent  à  stalactites,  est  d'une  admi- 
rable tonalité  vert  bronze. 

A  proximité  se  trouve  la  médersa  Ben  Youssef  ou  collège 
islamique  de  Marrakech. 

La  médersa  Ben  Youssef  (demander  l'autorisation  de  visite  aux 
Services  municipaux)  fut  d'abord  une  mosquée  qu'embellit  l'almohade 
Ali  III  au  commencement  du  xii^  s.  ;  son  affectation  actuelle  est  due  au 
sultan,  saadien  Abd  Allah  (1570).  Un  sombre  et  long  couloir  d'entrée, 
richement  orné,  conduit  à  la  cour  de  la  médersa,  toute  baignée  do 
lumière.  Un  grand  bassin  en  marbre,  de  forme  rectangulaire,  orne  le 
milieu  de  la  cour.  Mosaïques,  plâtres,  marbres  et  bois  sculptés  sont  d'un 
très  beau  style  et  d'une  Ijelle  couleur  générale  rose;  ils  font  de  cet 
édifice,  logiquement  construit,  un  des  monuments  les  plus  intéressants 
de  Marrakech.  Marrakech  possède  une  autre  médersa  fondée  par  le 
sultan  alaouite  Moulay  Er  Rechid  (xvii*^  s.).  C'est  dans  cette  médersa 
qu'est  lue  la  lettre  annonçant  officiellement  l'avènement  du  sultan 
au  ti'ône. 

On  est  dès  lors  près  des  souks  et  l'on  peut  regagner  Djemaa 
El  Fna  en  quelques  minutes. 

IX.  —  Le  tour  de  ville. 

15  k.  env.,  partie  sur  route,  partie  sur  très  bonne  piste:  2  h.  à  2  h.  et 
demie  en  voiture  ;  une  demi-heure  en  auto. 

On  sortira  par  Bab  Djedid,  faisant  face  à  la  Koutoubia  à  l'O. 
De  là,  on  se  dirigera  vers  le  N.,  en  longeant  les  murs. 

Marrakech  est  protégée,  sur  tout  son  périmètre,  par  une 
ligne  ininterrompue  de  12  k.  de  remparts  en  pisé,  hauts  de 
5  m.  et  épais  de  2,  flanqués  de  bastions  de  7  m.,  percés  de 
portes  monumentales.  On  passe  ainsi  à  l'O.  à  la  portée  de  Bab 
Doukkala,  d'un  beau  caractère;  au  N.  de  Bab  El  Khemis  (F.  ci-des- 
sus); cà  l'E.  de  Bab  Debbagh,  de  Bab  Aïlen,  de  Bab  Ghmât,  coudée 


96  —  [4]  MARRAKECH. 

et  couronnée  d'une  ligne  de  merlons  denletés,  de  Bab  Ahmar, 
droite  et  à  3  arcades,  dont  celle  du  milieu  seulement  est  ouverte, 
à  piliers  massifs,  décorée  de  motifs  peints  en  rouge,  surmontée 
de  3  toits  à  tuiles  vertes.  Les  autres  portes,  au  S.,  Bab  Ksiba 
et  Bab  Roob,  ont  été  vues  au  cours  des  itinéraires  précédents. 

\u  N.  de  Bab  Doukkala,  on  longe  des  espaces  plantes  de 
palmiers,  puis  tournant  à  dr.,  on  passe  successivement  devant 
le  souk  el  Khemis,  marché  du  jeudi  et  du  vendredi  matin,  très 
curieux  par  les  types  et  produits  indigènes  de  la  région,  et  une 
corne  de  la  palmeraie  au  N.  :  des  cimetières  à  1  E  un  douar 
de  noualas  et  de  maisons,  la  zaouia  de  Sidi  Youssef.  De  ce  cote, 
on  remarquera  de  nombreuses  lignes  de  puits. et  de  canalisa- 
tions :  ce  sont  les  gottara. 

L'oued  Tensift  fournit  une  bonne  partie  de  leau  nécessaire  à  l'irriga- 
tion de  la  palmeraie  et  des  parties  cultivées  qu  elle  renferme.  Quant 
aux  jardins  situés  à  l'E.  de  la  ville,  assez  éloignes  du  fleuve,  ils  reçoi- 
vent leur  eau  de  canalisations  spéciales,  très  curieuses,  dites  f/o^/am, 
venant  des  points  les  plus  élevés  de  la  plaine  et  distants  de  4  a  5  k  de 
Marrakech  Ces  multiples  canalisations  appartiennent  a  des  particuliers 
Analogues  aux  fogg'ara  .Xn  Figuig,  du  Touat  f^;>,"''|^f^^^ 
apportent  la  fertilité  dans  les  environs  immédiats  de  la  cité,  i^ljes  sont 
créées  et  entretenues  par  une  corporation  d  ouvriers  originaires  du  bous. 

On  pourra  rentrer  en  ville  par  Bab  Ahmar,  Bab  Ksiba  et  Bab 
Roob.  Il  n'y  a  pas  d'intérêt  nouveau  à  faire  le  tour  complet  de 
TAguedal. 

X,  —  La  ville  nouvelle  et  le  Gueliz, 

2  k  5  et  5  k.  N.-O.  Bonne  route  jusqu'au  pied  de  la  montagne.  Cet 
itinérair§.  à  parcourir  de  préférence  à  la  fin  du  jour,  peut-être  greffé 
sur  le  tour  de  ville  [V.  ci-dessus). 

On  sort  de  Marrakech,  soit  par  Bab  Djedid,  soit  par  Bab  Douk- 
kala, d'où  l'on  gagne  (2  k.  5)  la  place  du  7.Septembre  De  ce 
point,  partent  en  éventail  les  artères  principales  de  la  ville 
nouvelle,  toutes  très  larges  et  bordées  de  rangées  d  arbres  : 
aucnac  du  Haouz,  que  prolonge  la  route  de  Mogador,  avenue  des 
Ouled  Delim,  qui  se  rend  à  la  prison  et  a  la  gendarmerie, 
avenue  du  Guetiz,  qui  conduit  au  camp  et  au  Cercle  militaire. 
La  construction  de  cet  immense  quartier  européen  a  ete  inau- 

^^G'Tst^Vvenue  du  Gueliz  que  l'on  suivra  pour  gagner  le  pied 
de  la  montagne.  Un  chemin,  passant  sur  la  permet  1  ascen- 
sion facile  (on  laisse  les  nouvelles  casernes  a  500  m.  a  10.). 

Le  Gueliz\  527  m.  d'alt.  Ses  deux  plus  hauts  sommets  sont 
armés  chacun  d'une  batterie  commandant,  1  une  l  h-,  a  e  la 
plaine,  l'autre  l'O.  Une  enceinte  en  maçonnerie,  de  2  k  de  pou^^^ 
-  tour,  a  transformé  la  position  en  réduit  defensif.  De  la  l^atterie 
E.,  on  a  une  ^vue  magnifique  sur  Marrakech  son  cad^^^^^^ 
jardins  et  de  palmeraies,  sur  la  vallée  du  Tensift  et  sur  l  Atlas 
iux  cimes  neigeuses.  De  la  batterie  0.  qu'avoisine  le  marabout 


MARRAKECH. 


[5]  -  97 


de  Sidi  Bel  Abbas,  autre  jolie  '^'vue  sur  les  monts  dentelés  des 
Djebilet,  qui  arrêtent  l'horizon  au  N.,  et  sur  la  plaine  du  Haouz. 

XJ.  —  Les  jardins  de  la  Menara, 

Entrée  3  k.  E.  ;  route  plate  carrossable. 

Au  sortir  de  Bab  Djedid,  Vavenue  de  la  Koutoubia  y  conduit 
directement. 

La  Menara  (entrée  permise),  propriété  des  sultans,  enclose 
dans  une  enceinte  en  pisé,  a  1,200  m.  de  long  sur  800  m.  de 
large.  Elle  est  surtout  plantée  d'oliviers  de  belle  taille.  Ses 
canalisations,  méthodiquement  établies,  prennent  naissance 
dans  un  bassin  de  200  m.  de  long  sur  150  m.  de  large,  entouré 
d'un  chenal  à  parapets  de  4  m.  de  largeur.  Un  agréable 
pavillon,  à  galeries  au  rez-de-chaussée  et  au  premier  étage,  se 
mire  dans  l'eau  tranquille  du  bassin.  La  pièce  d'eau  et  son 
cadre  de  verdure  constituent  un  site  très  fréquenté. 

XJJ,  —  La  palmeraie. 

Une  piste  est  en  voie  d'aménagement  dans  la  palmeraie,  qui  constitue 
un  intéressant  but  de  promenade  de  3  h.  en  voiture,  de  1  h.  en  auto. 

La  palmeraie  s'étend  au  N.  de  Marrakech  jusqu'à  l'oued 
Tensilt,  qu'elle  borde  sur  près  de  20  k.  Elle  est  limitée,  à  i'K.  et 
sur  15  k.,  par  la  piste  d'El  Kelaa,  et  à  i'O.,  sur  10  k.  env.,  par 
la  piste  de  Safi.  Elle  occupe  ainsi  un  vaste  triangle  d'au  moins 
13,000  hect.  de  superficie,  où  des  bosquets  de  palmiers  plus  ou 
moins  clairsemés  alternent  avec  des  vergers  et  des  cultures  de 
légumes.  Les  100,000  palmiers  de  cette  immense  forêt  ne  pro- 
duisent malheureusement  que  des  dattes  de  qualité  médiocre. 

La  tradition  rapporte  que  la  création  de  la  palmeraie  est  due  aux 
Filaliens  qui,  au  xvii®  s.,  vinrent  assiéger  Marrakech.  Comme  ils  se 
nourrissaient  exclusivement  de  dattes,  les  noyaux  rejetés  par  eux 
donnèrent  naissance  aux  palmiers  que  nous  voyons  aujourd'hui. 

De  Marrakech  a  Casablanca,  p.  84;  —  a  Mogador,  p.  102;  —  a 
Agadir,  p.  104;  —  a  Safi,  p.  126. 


5.  —  ENVIRONS  DE  MARRAKECH 

La  région  méridionale  et  montagneuse  de  Marrakech  est 
particulièrement  remarquable  par  la  grandeur  et  l'étrangeté 
de  ses  paysages,  par  la  majesté  et  l'architecture  de  ses  kasbas^ 
d'un  style  tout  à  fait  différent  du  style  marocain  du  Nord. 

Pour  les  excursions  à  grande  distance,  demander  aux  Ser- 
vices des  Renseignements  un  permis  de  circulation  qui  est 
volontiers  délivré  dès  que  la  situation  politique  le  permet. 


MAROC. 


98  -  [5] 


ENVIRONS  DE  MARRAKECH. 


1°  Tameslouht. 

19  k.  S.  —  Bonne  piste,  auto^yclable,  à  profil  peu  accidenté;  recom- 
mandé. 

Le  trajet  s'accomplit  dans  une  région  riche  et  cultivée,  par- 
mi de  nombreuses  plantations  d'arbres  fruitiers  et  de  palmiers, 
qu'irriguent  de  petits  oueds  et  des  séguias.  —  13  k.  On  laisse 
à  g.  la  piste  d'Aguergour. 

19  k.  Tameslouht,  centre  religieux  d'environ  2,000  feux, 
résidence  du  Ghérif  Moulay  El  Hadj  El  Meslouhi,  à  qui  on 
peut  rendre  visite.  Le  village,  qu'encadrent  des  olivettes  et  des 
orangeries,  compte  deux  importantes  zaouias  dont  la  fonda- 
tion est  due  au  chérif  Abd  Allah  Ben  Houssine  El  Hassani  et 
remonte  à  environ  500  ans.  Marché  le  vendredi. 

2"*  Amizmiz. 

53  k.  S.  —  Bonne  piste  autocyclable;  emporter  son  repas. 

La  première  partie  du  trajet  s'effectue  à  travers  un  pays 
riche  et  bien  cultivé.  —  16  k.  Agadir  Mta  Ech  Ckérif,  d'où  se 
détache  une  piste  allant  à  (2  k.)  Tameslouht  (F.  ci-dessus,  1°). 
—  20  k.  Bifurc.  sur  Oumenart.  —  25  k.  Bifurc.  sur  Agadir  Ech 
Ghems.  —  33  k.  Oued  Nfis,  pont  de  20  m.  et  de  2  arches.  — 
35  k.  Zaouia  de  Takerkoust.  —  39  k.  A  dr.,  village  de  Ouaouis- 
selt  et  de  Marfamane.  —  47  k.  Iggoudert,  village. 

53  k.  Amizmiz,  gros  douar  indigène  qui  se  trouve  sous  le 
commandement  du  caid  Goundafi  et  centre  de  culture  très  riche 
au  débouché  de  l'Atlas.  Il  compte  en  outre  une  zaouia  de  Sidi 
El  Hossein  ben  Messaoud  et  un  mellah.  Ses  poteries,  curieuse- 
ment décorées,  ont  quelque  renommée.  Marché  le  mardi. 

3'  El  Kelaa. 

91  k.  N.-E.  —  Bonne  piste  aménagée  autocyclable. 

G  k.  5.  La  piste  se  détache  de  la  route  de  Casablanca  à  1  k. 
au  delà  du  pont  de  l'oued  Tensift.  —  15  k.  et  16  k.  Passages 
assez  difficiles  dans  des  ravins  à  berges  escarpées. 

29  k.  Ouled  Oueslam,  gros  douar  de  la  tribu  des  Slama.  — 
36  k.  Douar  Rhoualem.  —  46  k.  Passage  d'un  petit  col.  —  51  k. 
Dar  Sidi  El  Bachir, 

59  k.  Tamlalet  El  Djedid,  à  côté  de  l'emplacement  du  marché 
du  mardi  des  Srarhna;  gros  douar  entouré  de  jardins  qu'ali- 
mente une  séguia  venant  de  l'oued  Tessaout.  Ses  kasbas  saha- 
riennes et  leur  cadre  de  verdure  en  font  un  coin  charmant. 
Tamlalet  El  Guedim  est  situé  à  5  k.  au  N.  —  La  piste  longe 
ensuite  les  contreforts  S.-E.  des  Djebilet. 

67  k.  Douar  JoualLa,  —  82  k.  Passage  de  l'oued  Rbib.  — 
85  k.  Jonction  avec  la  piste  venant  de  Demnat.  —  88  k.  Kasba 


EL  KELAA.  -  DEMNAT.  [5]  —  99 


El  Araoui.  —  90  k.  Pont  sur  l'oued  Gaino,  suivi  de  plusieurs 
ponceaux  jetés  sur  les  séguias. 

91  k.  El  Kelaa,  importante  cité  rurale,  enfermée  dans  une 
enceinte  en  ruines  percée  de  nombreuses  portes  et  brèches.  La 
population  juive  est  cantonnée  dans  trois  mellahs.  Les  envi- 
rons, bien  irrigués  par  des  dérivations  de  l'oued  Gaino,  sont 
couverts  de  jardins  et  de  vergers,  dont  une  oliveraie  du  sultan. 
A  côté  de  la  ville  indigène  il  en  existe  une  autre,  El  Kelaa  Er 
Rachia,  plus  ancienne  et  complètement  ruinée. 

D  EL  KELAA  A  DAR  OULD  ZIDOUH  (73  k.  N.-B.  ;  piste  carrossable).  — 
16  k.  Pont  sur  l'oued  Tessaout,  large  de  40  m.,  affluent  de  l'Oum  Er 
Rebia.  —  22  k.  Souk  El  Arba  des  Oaled  Bou  Ali.  —  37  k.  Dechra,  dans 
une  région  d'élevage  :  maison  et  jardins  du  caïd  Djilali  Chobi  ;  mellah. 
juif.  —  Plus  loin,  Bou  Akba,  qui  fut  le  théâtre  d'un  violent  combat 
entre  les  troupes  de  Moulay  Ismaïl  et  de  son  neveu,  prétendant  au 
trône.  —  On  franchit  sur  un  pont  l'oued  El  Abid,  fortement  encaissé, 
affluent  de  TOiim  Er  Rebia.  —  57  k.  Bar  Kaïd  Émbarek. 

73  k,  Dar  Ould  Zidonh,  poste  militaire  coquettement  aménagé  sur  la 
rive  g.  de  l'Oum  Er  Rebia.  Le  jardin  de  la  garnison  est  irrigué  par 
l'eau  d'une  canalisation  venant  de  (40  k.)  Beni  Mellal  (p.  146)  et  récem- 
ment creusée  par  la  tribu.  C'est  à  Dar  Ould  Zidouh  que  mourut  Moulay 
El  Hassane,  au  cours  de  l'un  de  ses  déplacements  (7  juin  1894). 

De  Dar  Ould  Zidouh  à  Oued  Zem  (p.  142),  à  Boujad  (p.  142),  à  Kasba 
Tadla  (p.  145). 

D'EL  KELAA  A  DEMNAT  (75  k.  S.-E.  ;  piste  carrossable).  —  Suivrff  la 
piste  de  Marrakech  jusqu'au  k.  6,  prendre  à  g.  et  rejoindre  la  pisté  de 
Marrakech  à  Demnat  qu'on  atteint  au  k.  34  pour  passer  à  (40  k.) 
Mechra  Abd  Allah  {V.  ci-dessous,  4°)  et  gagner  (75  k.)  Demnat  {V,  ci- 
après,  4*>). 

D'El  Kelaa  a  Settat,  p.  82;  —  a  Ben  Guérir,  p.  84. 

4''  Demnat. 

A.  —  Par  Tamlalet  El  Djedid. 

120  k.  E. —  Bonne  piste  aménagée  autocyclable.  Environs  recommandés. 

59  k.  de  Marrakech  à  Tamlalet  El  Djedid,  par  la  piste  d'El 
Kelaa  (F.  ci-dessus).  Après  Tamlalet,  la  région  est  riche  et  peu- 
plée. —  74  k.  5.  Souk  El  Khemis,  d'où  une  piste  s'embranche 
sur  El  Kelaa.  —  85  k.  Mechra  Abd  Allah,  douar  et  jardins  d'oli- 
viers des  Ouled  Sidi  Aïssa,  de  la  tribu  des  Senhadja.  —  87  k. 
Pont  sur  l'oued  Ourghi.  —  89  k.  Fetnassa.  —  117  k.  Pont  sur 
l'oued  Mahsseur. 

120  k.  Demnat,  centre  de  4,000  hab.,  dont  2,500  musulmans, 
appartenant  surtout  aux  Ahel  Demnat,  fraction  des  Oultana,  et 
1,500  Israélites  groupés  dans  un  mellah,  au  N.-O.  de  la  ville. 
Celle-ci  s'élève  sur  un  monticule  (961  m.  d'alt.)  dominant 
l'étroite  et  très  fertile  vallée  qui  s'ouvre  en  aval  sur  la  plaine 
des  Srarhna.  Ses  maisons  en  terre  battue  s'étagent  en  gradins 
au-dessus  d'oliviers  et  de  jardins  qu'arrosent  de-  nombreux 
canaux.  Son  enceinte,  rectangulaire,  crénelée  et  bastionnée,  est 
munie  d'une  banquette  courant  iG  long  des  créneaux.  La  kasba, 


100  —  [5]      ENVIRONS  DE  MARRAKECH. 


située  à  l'E.,  a  son  enceinte  particulière  bordée  de  fossés  de  4 
à  5  m.  de  profondeur  remplis  d'eau.  Les  rues,  étroites  et  tor- 
tueuses, s'ouvrent  de  temps  à  autre  sur  quelques  places  où  se 
tiennent  les  souks.  Le  marché  du  dimanche  est  actif;  il  s'y 
fait  un  important  commerce  d'huile  d'olives,  de  cuirs  tannés, 
de  bétail,  de  laine  et  de  raisins.  —  La  ville  est  commandée 
par  Sidi  Abd  El  Malek,  fils  du  caïd  El  Madani  El  Glaoui. 

La  grotte  (Virai  N  If  ri  (ait.  1,080  m.),  à  l'E.  de  la  ville 
(45  min.  à  cheval),  est  à  visiter.  «  Formée  au-dessus  de  Toued 
Mahsseur  par  des  dépôts  calcaires  constitués  par  l'action  des 
eaux,  avec  ses  stalactites  grisâtres  qui  descendent  de  la 
voûte  )),  on  dirait  plutôt  un  pont  naturel  (Bouin).  En  aval  de 
la  grotte  est  une  source  sur  le  bord  de  laquelle  musulmans  et 
juifs  viennent  égorger  des  victimes.  Une  curieuse  légende  est 
rapportée  sur  cette  grotte  et  dont  le  thème  est 'celui  de  Persée 
et  d'Andromède,  de  St  Georges  et  du  dragon,  de  St  Romain  et 
de  la  gargouille  rouennaise  (E.  Doutté,  En  Tribu). 

B.  —  Par  Zaouia  Sidi  Rehal. 

116  k.  —  Piste  muletière  plus  difficile  que  la  précédente. 

La  région  est  d'abord  couverte  de  jardins  et  de  riches 
cultures.  —  12  k.  Douar  El  Bogarra.  —  16  k.  Oued  Djidji  et  i^idi 
Embareh.  —  18  k.  Oued  Mellah.  —  32  k.  Oued  Iminzat. 

33  k.  Souk  Et  Tleta  des  Mesjioua,  marché  du  mardi,  sur  la  rive 
dr.  de  l'oued  Iminzat,  dont  l'eau  est  légèrement  salée.  A 
1  k.  E.,  Dar  Kdid  El  Madani. 

41  k.  Azib  Tikrizrit.  —  42  k.  2.  La  piste  rejoint  une  grande 
piste  venant  de  Marrakech.  —  44  k.  Citerne.  —  45  k.  5.  Oued 
Iminoufou,  généralement  à  sec.  —  48  k.  Citerne  à  Ja  limite 
des  territoires  Rehamna,  Touggana  et  Zemrane.  —  51  k.  6.  Gué 
de  Toued  Massine.  —  54  k.  îs^ombreuses  maisons  de  Haraoua. 
—  56  k.  Oued  Rdat. 

58  k.  Sidi  Rehal,  groupe  de  trois  agglomérations  comprenant 
la  zaouïa  de  Sidi  Rehal  flanquée  de  gourbis  et  de  huttes 
cylindro-coniques,  la  kasba  du  kaid  et  un  mellah. 

Sidi  Rehal  aurait  vécu  au  commencement  du  xvi*'  s.  La  légende 
rapporte  que  la  légèreté  de  mœurs  des  femmes  de  la  zaouïa  serait  due 
à  un  vœu  exaucé  du  saint,  mais  qui,  par  suite  d'un  «  lapsus  »,  avait  été 
mal  formulé.  (E.  Doutté,  dans  son  ouvrage  En  Tribu,  a  signalé  les  nom- 
breusos  et  curieuses  légendes  racontées  par  les  indigènes  à  ce  sujet). 

La  région  qui  suit  est  moins  riche. 

65  k.  Tazert,  jolie  kasba  au  débouché  de  la  vallée  conduisant 
chez  les  Glaoua,  «  petit  château  fort,  à  peu  près  carré,  flanqué 
de  quatre  tours  avec  des  murs  très  découpés,  très  ornementés, 
percés  de  meurtrières  aux  formes  originales  »  (Bouin). 

DE  TAZERT  A  TELOUET  (51  k.  eiiv.  S.;  piste  muletière  ardue).  —  On 
pénètre  dans  l'Atlas.  «  La  piste  court  tantôt  à  flanc  de  coteau,  dominant 
des  ravins  très  profonds,  tantôt  au  fond  des  vallonnements      le  plus 


TAZERT.  —  AGHMAT.  [5|  —  101 

souvent  sur  uq  sol  rocailleux  ou  pavé  de  dalles.  —  10  k.  Enzel,  lourde 
kasba  en  terre  rouge,  à  860  m.  d'alt.  —  15  k.  Gantra  El  Abid,  restes 
d'un  vieux  pont,  dont  il  ne  subsiste  que  quatre  arches. 

23  k.  Aghhalou,  kasba  à  huit  tourelles  dominant  la  vallée,  à  la  sortie 
des  gorges  de  l'oued  Rdat.  —  '27  k.  Zerektene,  à  1,200  m.  d'alt.,  au  con- 
fluent des  oueds  Rdat  et  Tfradene.  —  Tamesmout,  sur  l'oued  Tafaa.  — 
Tiloula,  à  1,860  d'alt.  Le  chêne-vert,  essence  d'abord  dominante,  se  fait 
plus  rare.  Le  pays  devient  plus  aride.  —  47  k.  Col  de  Telouet,  au  voisi- 
nage duquel  le  ciste  constitué  presqu'à  lui  seul  la  végétation. 

51  k.  Telouet,  situé  sur  le  versant  S.  de  l'Atlas,  à  1,960  m.  d'alt..  au 
fond  d'une  large  dépression  caillouteuse  où  coule  l'oued  Imarene,  sur  la 
route  du  Haouz  au  Sahara. 

La  kasha  de  Telouet,  grandiose  par  sa  structure  et  imposante  par  sa 
masse,  paraît  composée  de  plusieurs  kasbas  ;  elle  abrite  seigneurs  et 
clients  au  même  titre  que  le  faisaient  nos  châteaux  forts  du  moyen  âge. 
Elle  est  la  capitale  de  l'important  territoire  des  Glaoua,  résidence 
seigneuriale  des  chefs  de  la  région,  dont  la  famille,  actuellement  établie 
à  Marrakech,  collabore  activement  à  l'extension  de  notre  influence  dans 
le  Haut  Atlas  (p.  94). 

66  k.  L'Oued  Tazert,  à  berges  à  forte  pente,  est  encaissé  de 
10  m.  environ.  —  68  k.  5.  Un  monticule  de  pierre  «  kerkour  », 
marque  la  limite  du  territoire  Glaoua  et  Zemrane.  —  72  k. 
Oued  Massine.  —  74  k.  Seguia  Soltana  irriguant  tout  le  pays  et 
allant  jusqu'à  Tamlalet  (p.  98),  très  abondante,  alimentée  par 
l'oued  Tessaout.  —  77  k.  Douar  et  azib  de  la  zaouia  Taglaout. 

—  79  k.  A  400  m.  S.,  mellah  dépendant  des  Zemrane.  —  83  k. 
Oued  Tessaout,  très  encaissé,  véritable  torrent  au  moment  de 
la  fonte  des  neiges. 

8b  k.  Zaouia  Taglaout,  abritant  des  adeptes  de  la  secte  des 
Narsira  et  fondée  depuis  un  siècle  et  demi.  La  rive  dr.  de 
l'oued  Tessaout,  sur  laquelle  est  établie  la  zaouia  fut,  en  1908, 
le  théâtre  de  la  lutte  entre  les  mehallas  des  sultans  Abd  El 
Aziz  et  Moulay  Hafid. 

93  k.  Tidili,  agglomération  sur  l'oued  de  même  nom  avec 
jardins  et  vergers  bien  irrigués.  —  98  k.  Marché  du  mercredi 
des  Hamadou,  au  voisinage  d'une  source  abondante  et  d'oli- 
veraies. —  104  k.  Au  N.,  grande  oliveraie  des  Ouled  Khallouf. 

—  106  k.  Dar  El  Khalloujî.  —  108  k.  Oued  El  Mhasseur,  aux 
berges  rocheuses.  —  112  k.  Marabout  de  Sidi  Abd  El  Kader.  — 
L'accès  de  Demnat  devient  difficile  par  la  piste  directe;  il  est 
préférable  de  rejoindre  alors  l'itinéraire  précédent. 

116  k.  Demnat  (p.  99). 

5°  Aghmat,  Tinma!. 

Aghmat  et  Tinmal  sont  les  capitales  anciennes  du  S.  qui  ont  existé 
avant  la  fondation  de  Marrakech.  On  se  renseignera  à  Marrakech  sur 
les  itinéraires.  E.  Doutté,  dans  son  ouvrage  E7i  Tribu,  donne  des  détails 
très  complets  sur  ces  deux  vieilles  cités. 

Aghmat  servit  de  résidence  aux  grands  chefs  Masmoudas 
avant  l'époque  almoravide.  Elle  était  encore  florissante  sous 
les  Almohades.  Il  n'en  reste  qu'une  médersa,  fréquentée  par 


102 


—  [5]      ENVIRONS  DE  MARRAKECH. 


une  trentaine  d'étudiants,  un  pont  en  pierre,  un  hammam,  un 
cimetière,  où  seraient  enterrés  de  nombreux  saints  des  âges 
passés,  et  un  village. 

*Tinmal,  dans  les  p;orges  sauvages  de  l'oued  Nfis,  fut  au 
XII*  s.  le  berceau  de  la  dynastie  almohade,  le  centre  d'action 
du  célèbre  mahdi  Ibn  Toumert.  11  n'en  subsiste  plus  qu'un 
immense  cimetière,  des  débris  de  remparts  et  les  vestiges  d'une 
importante  mosquée,  du  plus  beau  style  almohade.  L'édifice 
avait  environ  45  m.  sur  40  m.;  il  était  soutenu  par  de  nom- 
breux piliers,  flanqués  aux  angles  de  jolis  colonnes  et  chapi- 
teaux; il  possédait  un  intéressant  mihrab,  encore  visible.  Les 
piliers  étaient  réunis  dans  les  parties  hautes  par  des  arcs  à 
pendentifs.  L'ornementation  générale,  en  plâtre  sculpté,  était 
sobre  et  distinguée.  Le  minaret  s'élevait  sur  une  base  rectan- 
gulaire. 


De  Marrakech  à  Mogador. 

A.  —  Par  la  route. 

AuTOGYCLiSME  :  184  k.  5.  —  Route  principale  10,  en  voie  d'achèvement, 
en  terrain  plat  ou  peu  accidenté,  sauf  dans  la  dernière  partie  du 
trajet,  d'ailleurs  facile;  serv.  automobile  tous  1.  j.  impairs  en  4  li.,  50  fr. 

On  sort  par  Bab  Doukkala,  on  suit  l'avenue  de  la  Medina, 
qui  conduit  au  Gueliz,  place  du  4-Septembre,  et  à  l'avenue  du 
Haouz.  La  route,  en  palier,  s'engage  dans  la  plaine  du  Haouz, 
nue,  immense,  inculte  et  pourtant  irrigable,  laissant  à  dr.  la 
montagne  du  Gueliz,  puis  les  Djebilet,  et,  à  g.,  la  ligne  de 
l'Atlas.  —  25  k.  Pont  sur  l'oued  NÎ'is,  affluent  du  Tensift.  Maison  ' 
cantonnière  et  village  indigène  construit  en  terre.  Plusieurs 
terrasses  de  ce  village  sont  surmontées  de  ruches  en  forme 
d'amphores. 

28  k.  Sidi  Atmane,  à  proximité  d'un  douar  de  la  tribu  des 
Oulad  Besseba,  renommée  dans  la  région  par  ses  tapis  à 
haute  laine  et  à  points  noués,  aux  tons  très  vifs.  La  plaine  est 
ensuite  couverte  de  buissons  de  guettaf,  puis  de  jujubier 
sauvage.  La  route  est  bordée  de  chaque  côté  par  des  canali- 
sations destinées  à  drainer  Feau  qui  peut  s'écouler  grâce  à  de 
nombreux  aqueducs. 

53  k.  Mzoudia,  ancienne  nzala  avec  tour  d'observatiou  en 
terre,  dominée  au  N.  par  les  collines  d'El  Ardous.  —  La  plaine 
devient  légèrement  ondulée.  —  56  k.  Pont  sur  l'oued  dit  Asif 
El  Melh.  Plus  loin,  sur  un  plateau  rocheux,  apparaît  une 
première  zone  d'arganiers  rabougris.  Piste  à  dr.  allant  vers  le 
lac  Zima  (p.  124).  La  plaine  se  rétrécit.  —  75  k.  Douar  Hassar^ 
habité  par  environ  50  juifs. 

77  k.  Chichaoua,  auprès  d^un  pont  sur  l'oued,  très  poissonneux, 
de  même  nom.  La  rivière  est  bordée  de  grands  tamarins  :  sa 
vallée,   verdoyante,  est  couverte  de  bosquets  d'oliviers  et 


TINMAL.  —  SIDI  MOKTAR.        [5]  —  10  3 


d'autres  arbres  fruitiers.  —  88  k.  5.  Col  en  terrain  pierreux 
entre  deux  sommets  ressemblant  à  des  meules  indigènes  à 
moudre  le  grain,  d'où  leur  nom  :  Rlii.  —  98  k.  5.  Citerne  d'Ank 
El  Djemel  «  le  cou  du  chameau  »,  remplie  par  des  conduites 
venant  de  la  montagne. 

105  k.  Sidi  Mokhtar,  marabout  et  zaouia  reconstruits  par  Ma 
El  Ainine,  père  d'El  Hiba,  prétendant  actuellement  réfugié  dans 
le  S.  du  Sous.  C'est  sur  ce  point  que  le  dissident  célèbre  réu- 
nissait ses  troupeaux  de  chameaux  blancs;  marché.  — Au  S. 
s'élèvent  les  montagnes  du  pays  Mtouggui.  La  route  est  bordée, 
de  temps  à  autre,  de  fermes  et  de  douars.  —  129  k.  Mosquée 
de  Mohammed  Ben  Abd  Allah.  La  brousse  réapparaît;  d'abord  de 
jujubiers  sauvages,  elle  fait  bientôt  place  à  un  mélange  de  pal- 
miers nains  et  de  genêts  blancs. 

129  k.  Aïn  Taftecht,  fondouk. 

D'AiN  Tafteght  a  Safi,  p.  1-26,  A. 

L'arganier  devient  la  seule  essence  du  pays.  Après  Dar 
Mokaddem  Messaoud,  il  forme  de  vrais  peuplements  et  se  pré- 
sente sous  divers  aspects  :  tantôt  sans  branches  et  comme 
couvert  de  mousse  quand  ses  rameaux  sont  dévorés  par  les 
chèvres,  tantôt  en  arbres  beaux  et  sains  grands  comme  des 
oliviers.  Le  terrain  est  alors  plus  mouvementé.  Au  loin,  à  dr., 
s'élève  le  Djebel  Hadid  (p.  127,  B), 

148  k.  Souk  Et  Tleta  des  Hanchene,  dans  la  tribu  des  Chiadma, 
village  indigène  et  mosquée  dédiée  à  Sidi  Abd  Allah  Ben 
Ouasmine,  qu'avoisine,  à  l'O.,  un  souk  enfermé  dans  un  vaste 
enclos.  Au  delà,  la  forêt  d'arganiers  devient  plus  dense.  — 
158  k.  Zaouïa  de  Sidi  Ahmed  El  Amri.  —  160  k.  Sidi  Tlaa.  — 
L'arganier  fait  place  à  l'olivier  qui  forme  de  véritables  bosquets 
au  milieu  desquels  percent  des  villages  indigènes. 

167  k.  Dar  Harabida,  près  du  fondouk  de  Bir  Mzouri.  Non 
loin  de  là,  tour  d'Adamna. 

De  Dar  Harabida  a  Safi,  p.  127,  B  ;  —  a  Marrakech  par  la  piste, 
V.  ci-après,  B. 

La  région  un  moment  fertile  et  fort  giboyeuse  redevient 
bientôt  caillouteuse.  On  franchit  un  pont  sur  l'oued  Ksob  et  la 
route  pénètre  de  nouveau  dans  les  arganiers  en  montant  légè- 
rement et  en  décrivant  de  larges  courbes.  Au  point  le  plus 
élevé  de  la  colline,  on  découvre  au  N.-O.  la  côte  basse  et 
sablonneuse  de  TOcéan,  puis  File  et  la  ville  blanche  de  Mogador, 
et,  au  N.,  les  grandes  dunes.  La  route  redescend. 

180  k.  Diabat,  petit  village  indigène  situé  sur  la  rive  g.  de 
l'oued  Ksob,  qu'on  traverse  sur  un  pont  achevé  en  1918  (p.  132). 
—  Au  delà,  la  chaussée,  solidement  établie  sur  les  sables, 
longe  une  canalisation  ancienne  et  conduit  à  la  porte  de 
Marrakech. 

184  k.  5.  Mogador  (p.  128). 


104  —  [5]      ENVIRONS  DE  MARRAKECH. 


B.  —  Par  Dar  Kaid  Mtouggui. 

214  k.  env.  —  Piste  aménagée  et  autocyclable  sur  la  première  et  la  der- 
nière partie  de  son  parcours,  muletière  seulement  dans  la  partie 
moyenne,  qui  est  fort  pittoresque. 

La  piste  traverse  d'abord  une  région  bien  arrosée,  cultivée 
et  habitée,  couverte  de  jardins  et  de  plantations  d'oliviers.  — 
23  k.  Pont  sur  l'oued  Nfis.  —  25  k.  Dar  El  Annaïa.  —  34  k. 
Nzala  des  Ouled  Yala,  d'où  une  piste  conduit  vers  le  S.  à 
Amizmiz  (p.  98).  —  36  k.  Sidi  Mohammed  Ben  Slimane.  —  48  k. 
Guemassa,  f^TOupe  de  maisons  au  milieu  d'oliveraies  dans  la 
tribu  des  Frouga.  Marché  du  mercredi  à  800  m.  à  l'E.,  au  bord 
d'un  oued.  —  La  piste  est  coupée  de  petits  ravins.  —  62  k. 
Marché  du  dimanche  des  Mjat,  sur  la  rive  g.  de  l'Asif  El  Melh. 

71  k.  Sidi  Soltane,  à  proximité  de  jardins  appartenant  à  la 
tribu  des  Mzouda,  du  commandement  du  caïd  Mtouggui.  Le  sol 
est  caillouteux  et  raviné.  —  79  k.  Village  des  Ait  Yakoud  et,  à 
1  k.  S.,  zaouia  de  Sidi  Rehal  (p.  100).  —  82  k.  Dechra  des  AU  Nefi. 

93  k.  Souk  El  Arba  des  Douirane,  marché  du  mercredi,  sur 
l'oued  Kaïra,  parmi  de  beaux  jardins  qu'irrigue  une  séguia. 

D'El  Arba  des  Douirane  a  Agadir  {V.  ci-après). 

La  piste  descend  en  pente  rapide  vers  l'oued  Kaïra  qu'elle 
traverse,  puis  se  développe  en  terrain  très  accidenté,  sur  le  sol 
rocailleux  et  coupé  de  vallonnements  encaissés.  —  94  k.  Sidi 
Moummc.  —  100  k.  Traversée  de  l'oued  Imi  N  Tanout.  —  107  k. 
Villages  après  lesquels  le  pays  est  aride  et  désolé. 

114  k.  Immerjane,  au  voisinage  de  jardins,  dans  la  tribu  des 
Entifa.  La  région  est  complètement  déserte.  Quelques  villages 
s'aperçoivent  sur  les  pentes  de  la  montagne,  au  de  la  piste. 
Pas  de  végétation,  sauf  dans  les  vallons. 

140  k.  Dar  Kaïd  Mtoaggai,  kasba  du  caïd  Sidi  Abd  El  Malek 
Mtouggui,  grand  chef  berlDère. —  166  k.  Dar  Kaïd  Khoubane,  kasba 
où  la  cojonne  Brulard  campa  en  janvier  1913.  — Le  pays  est 
dès  lors  alternativement  boisé  et  cultivé.  —  168  k.  Souk  El 
Khemis  des  Maskala,  —  174  k.  Agdal,  vergers  et  cultures.  — 
179  k.  Sidi  Jadi  Ayad,  village  après  lequel  la  piste  traverse  le 
territoire  accidenté  des  Ait  Bou  Amrane. 

194  k.  Dar  Harabida  (p.  103),  où  la  piste  rejoint  la  route  de 
Marrakech  à  Mogador. 

214  k.  Mogador  (p.  128). 

De  Marrakech  à  Agadir. 

243  k.  env,  —  Piste  muletière.  Cette  route  a  été  entièrement  parcourue 
la  première  fois  en  février  1917  par  les  troupes  françaises  sous  la 
conduite  du  général  de  Lamothe. 

93  k.  de  Marrakech  à  Souk  El  Arba  des  Douirane  {V.  ci-des- 
sus, B). 

100  k.  Imi  N  Tanout,  agglomération  d'environ  500  feux,  avec 


DAR  KAÏD  MfOUGGUI.  —  TIZI  MAACHOU.    [6]  —  105 


un  mellah  d'une  centaine  de  feux.  Marché  très  important  le 
lundi.  —  Le  pays  est  très  montagneux.  Des  sources  abondantes 
arrosent  des  bosquets  d'oliviers  et  de  noyers.  —  124  k.  Demsira, 
village  de  25  à  30  feux  et  marché  du  dimanche.  —  La  piste 
remonte  la  vallée  de  l'oued  Asserara. 

123  k.  Tizi  '  Maachou,  col  impraticable  aux  voitures,  après 
lequel  on  descend  la  vallée  de  l'oued  Moussi.  L'arganier  et  le 
chêne  sont  les  essences  principales  du  pays.  On  passe  dans 
une  suite  de  petits  villages  :  Zaouïa  Dial  fagoureït  (30  feux), 
Tassenloiit  (15  feux),  Talati  Iratene  (15  feux)  et,  après  une  tra- 
versée malaisée,  au  confluent  des  oueds  Ait  Moussi  et  Teskamt, 
Timzidouine  et  Zaouïa  Irri  (40  feux). 

168  k.  Nzala  Argana,  petit  azib  occupé  par  un  gardien.  Le 
trajet  est  relativement  facile  jusqu'à  Zaouia  Sidi  Abd  Allah  Ou 
Omar,  mais  devient  très  difficile  jusqu'à  Foum  Ameskhoud.  — 
184  k.  Tassadmet,  village  de  50  feux  des  Ida  Ou  Ziki  avec  un 
petit  mellah  ;  marché  le  jeudi.  La  piste  a  quitté  la  vallée  de 
l'Ait  Moussi  et  traverse  le  territoire  des  Ida  Ou  Tanane  en 
passant  dans  un  défilé  facile.  L'arganier  apparaît.  On  arrive  à 
Zaouïa  Sidi  Abd  Allah  Ou  Omar,  village  de  50  feux,  dont  le 
chérif  est  riche  et  hospitalier. 

208  k.  Foum  Ameskhoud,  gîte  parmi  les  arganiers.  Tantôt 
sablonneuse,  tantôt  rocailleuse,  la  piste  traverse  le  territoire 
des  Imsegguinene.  —  216  k.  Tirouane,  village  de  50  feux.  — 
220  k.  Tamaït,  marché  du  mardi  des  Imsegguinene.  —  228  k. 
Irilane,  petit  centre  des  Kisma.  —  La  piste  se  développe  dans 
une  région  sablonneuse,  peu  accidentée,  pauvre  et  peu 
peuplée,  en  suivant  le  pied  du  versant  méridional  du  massif 
montagneux  des  Ida  ou  Tanane. 

243  k.  Agadir  (p.  135). 


6.  —  DE  CASABLANCA  A  MA2AGAN 

AuTOCYGLiSME  :  96  k.  —  Route  principale  n»  8,  entièrement  achevée; 
2  services  automobiles  quotidiens  en  2  h.  ;  25  fr.  ;  s'informer  pl.  de 
France. 

A.  —  Par  LA  ROUTE. 

On  sort  de  la  ville  par  l'avenue  du  Général-Moinier  et  le 
boulevard  d'Anfa,  pour  entrer  dans  une  région  monotone, 
d'abord  plate,  puis  légèrement  ondulée,  d'une  fertilité  moyenne, 
dont  la  culture  principale  est  celle  du  mais. 

5  k.  Ferme  Amieux,  à  g.  —  6  k.  Camp  d'aviation,  à  dr.,  entouré 
de  quelques  constructions.  —  16  k.  Maison  cantonnière  de  Sidi 
Bou  Ziane. 

43  k.  Marabout  de  Sidi  Aïssa.  —  50  k.  Maison  cantonnière  et 
pépinière  dans  un  bas  fond,  à  g.  —  63  k.  Marabout  de  Sidi 
Kennoun,  —  69  k.  Ruines  à  dr,  et  marabout. 


106  —  [6j     DE  CASABLANCA  A  MAZAGAN. 


78  k.  Sidi  Ali  (rest.  Blanc),  à  1  k.  de  la  rive  dr.  de  l'Oum  Er 
Rebia,  annexe  d'Azemmour,  comprend  plusieurs  aggloméra- 
tions :  à  TE.  de  la  route,  les  services  administratifs  des  tribus 
Ghtouka,  Ghiadma  et  Haouzia,  le  camp  d'instruction  des  cadres 
indigènes  des  troupes  marocaines;  à  TO.,  la  Kechla  El  Aîachi, 
près  du  marabout  de  Sidi  Hamida  et  le  Dar  Ben  Mira  entouré 
d'un  massif  de  verdure. 

La  *vue  est  très  belle  sur  Azemmour,  dont  la  ligne  septentrio- 
nale de  remparts  se  mire  dans  les  eaux  rougeâtres  de  l'Ouin 
Er  Rebia. 

De  Sidi  Ali  a  Ber  Rechid,  p.  79;  —  a  Ouled  Saïd,  p.  79  et  80. 

79  k.  Passage  sur  bac  de  l'Oum  Er  Rebia  (tarif  des  péages  : 
piétons  0  fr.  05;  chevaux  et  mulets  montés  0  fr.  25;  autos 
légères  2  fr.  50;  voitures  attelées  3  fr.),  après  lequel  la  route 
longe  la  douane  et  gravit  une  assez  forte  pente  pour  entrer 
dans  Azemmour. 

80  k.  Azemmour,  important  centre  indigène  de  pittoresque 
aspect,  peuplé  de  11,000  hab.,  dont  1,000  Israélites,  est  situé 
sur  la  rive  g.  de  l'Oum  Er  Rebia  et  à  2  k.  de  son  embouchure, 
mais  sans  moyens  de  communication  avec  l'Océan  à  cause  de 
la  barre;  marchés  le  vendredi  et  le  mardi. 

La  ville,  qu'on  peut  visiter  en  1  h.,  est  bordée  du  côté  de 
l'Océan  par  de  beaux  jardins  bien  irrigués  et  des  vergers  de 
grenadiers  et  de  henné.  En  raison  d'une  brise  constante,  son 
climat  est  très  doux  :  la  température  ne  dépasse  guère  en  été  25" 
et  la  température  moyenne  d'hiver  est  de  18  à  20°.  Il  n'y  gèle 
jamais. 

A  peu  près  vierge  de  tout  contact  européen,  Azemmour  a 
conservé  son  originalité  et  son  caractère  de  ville  essentielle- 
ment musulmane  et  rurale.  Elle  continue  à  sommeiller  dans 
le  magnifique  cadre  de  ses  murailles,  de  ses  jardins,  de  l'oued 
et  de  la  mer. 


Hôtel  :  —  Français  (Prévôt) 
r.  de  Mazagan  (6  ch.  à  4  fr.  ;  rep. 
3.50;  téléphone). 

Voitures  publiques  :  —  2  serv. 
automobiles  quotidiens  sur  Maza- 
gan (5  fr.)  et  sur  Casablanca  (20  fr.)  ; 
10  serv.  hippomobiles  quotidiens 


sur  Mazagan  en  I  h.  30,  2  fr.  la 
place. 

Spécialités  :  —  l'oued  est  très 
poissonneux;  on  y  pêche  des  quan- 
tités d'aloses  à  la  saison.  La  sole 
d'Azemmour  est  particulièrement 
.  line. 


Histoire.  —  L'antique  Azama  fut  un  comptoir  très  fréquenté  par  les 
Carthaginois.  On  y  a  découvert  des  fûts  de  colonnes  en  marbre  qui 
semblent  appartenir  à  l'époque  punique.  On  y  a  trouvé  aussi  des  pièces 
de  monnaies  romaines.  8a  dénomination  arabe  est  El  Medina  «  la  ville 
musulmane,  l'ancienne  »  par  opposition  avec  El  Djedida  »(  la  nouvelle  », 
c'est-à-dire  Mazagan,  sa  voisine. 

Prise  en  1513  par  les  Portugais  commandés  par  le  duc  de  Bragance, 
neveu  du  roi  de  Portugal,  ceux-ci  l'évacuèrent  en  1511.  Longtemps,  elle 
fut  la  capitale  des  Doukkala;  elle  n'est  plus  aujourd'hui  que  le  satellite 
de  Mazagan. 

Le  centre  d'Azemmour  est  la  place  du  Marché,  Les  divers 


AZEMMOUR. 


[6]  —  107 


quartiers  de  la  ville  sont:  au  N.,  la  Kasba  et  la  Medina,  le  long 
du  fleuve;  au  S.,  Zaouïa  et  El  Hafra,  du  côté  de  Mazagan. 

On  entre  dans  la  Medina  en  passant  sous  les  voûtes  de  Bab 
Es  Souk  qui  donnent  accès  à  la  Kisaria  bordée  de  quelques 
boutiques  et  au  bas  de  laquelle  s'élève  le  sanctuaire  de  Moulay 
Abd  Allah  Ben  Ahmed.  Un  passage  à  g.  conduit  à  la  Kasba, 
servant  aujourd'hui  de  mellah  et  où  se  trouve  l'ancien  Dar  El 
Baroud,  «  maison  de  la  poudre  »,  établissement  en  ruines 
(restes  d'une  fenêtre  de  style  gothique)  dominé  par  une  tour 
d'où  l'on  a  une  très  belle  vue  sur  les  quartiers  longeant  l'oued. 

Du  haut  des  remparts  bastionnés  et  crénelés  qui  forment  un 
quadrilatère  d'env.  200  m.  de  côté,  par  endroits  entourés  de 
fossés,  large  panorama  au  N.  sur  Sidi  Ali,  Kechla  El  Aiachi, 
Sidi  Hamida,  Dar  Ben  Mira  (F.  ci-dessus;  p.  106),  l'embouchure 
de  l'Oum  Er  Rebia  et  l'Océan.  Deux  curieuses  portes,  l'une  du 
mellah,  Bab  Djiaf,  l'autre  de  la  medina,  Bab  El  Oued,  s'ouvrent 
sur  le  fleuve. 

Les  quartiers  situés  au  S.  de  la  place  du  Marché  :  Zaouïa 
Tahtania,  «  d'en  bas  »  Zaouïa  Foukania,  «  d'en  haut  »,  Zaouïa 
Djediduy  «  la  nouvelle  »  et  d'El  Hafra  sont  moins  curieux.  On 
jouit  toutefois,  de  la  terrasse  de  l'hôtel  Français,  d'un  joli 
coup  d'œil  sur  l'ensemble  de  l'agglomération,  que  domine  au 
S.-E.  la  grande  mosquée  de  Moulay  Bou  Chaib,  dédiée  au  patron 
de  la  ville  (entrée  interdite). 

Environs.  —  Une  promenade  recommandée  aux  automobilistes  est  la 
suivante  :  Mhioula  (17  k.  en  amont  d'Azemmonr  ;  piste  autocyclable), 
vastes  orangeries  complantées  de  citronniers  et  de  grenadiers  qui  appro- 
visionnent Mazagan  et  Casablanca. 

Au  sortir  d'Azemmour,  la  route  passe  entre  de  grands  jardins 
et  des  vergers  entourés  de  haies  de  cactus,  puis  traverse  une 
région  de  cultures  en  terrains  ondulés.  Le  phare  de  Sidi  Msba 
(p.  112)  apparaît  à  g.  —  Vers  l'Océan,  duquel  on  se  rapproche 
peu  à  peu,  court  un  cordon  de  dunes.  —  94  k.  Dépôt  de  remonte 
des  haras  marocains,  après  lequel  on  aperçoit,  à  g.,  en  arrière 
de  jardins  maraîchers,  la  koubba  blanche  de  Sidi  Moussa  (p.  112). 
—  On  longe  la  plage  de  Mazagan,  puis  le  port,  et  l'on  rejoint 
la  route  venant  de  Marrakech  pour  entrer  en  ville. 

96  k.  Mazagan  (p.  108). 

B.  —  Par  LA  PISTE  CÔTIÈRE. 

91  k.  —  Piste  praticable  aux  automobiles,  quoique  assez  difficile  en  cer- 
tains points  sablonneux. 

On  sort  de  la  ville  par  le  boulevard  d'Anfa  et  l'on  s'engage 
dans  la  plaine  moyennement  cultivée  et  habitée.  —  7  k.  Ferme 
européenne,  et,  à  i  k.  à  dr.,  marabout  de  Sidi  Abd  Er  Rahmane 
(p.  72).  —  19  k.  Ravin  de  l'oued  Merzeg  que  l'on  franchit  aisé- 
ment à  gué.  —  29  k.  Dar  Ould  Aïcha,  caravansérail. 

30  k.  Dar  Ben  Abid^  denrieure  du  cheikh  de§  Soualem,  fracr 


108  -  [7] 


MAZAGAN. 


tion  des  Ouled  Ziane,  entre  la  route  et  la  mer.  A  proximité  : 
carrière  Pierrotti.  —  35  k.  Sidi  Tami,  à  g.  —  41  k.  Bir  Reima, 
poste  de  douane  à  la  limite  des  Soualem  et  des  Ghiadma.  — 
46  k.  Traversée  de  Toued  Haouïra,  assez  difficile.  —  47  k. 
Marabout  de  Sidi  Abd  El  Aziz,  dans  un  bois  d'oliviers,  à  g. 

51  k.  Dar  Ould  Et  Hadj  Kasem,  demeure  de  l'ancien  caid, 
aménagée  en  caravansérail.  —  56  k.  5.  Sidi  Ghanem,  à  g.  — 
62  k.  Zaouïa  des  Maachet,  à  la  limite  des  tribus  Ghiadma  et  des 
Ghtouka.  —  65  k.  A  dr.,  habitation  de  la  maison  du  caïd  des 
Ghtouka.  —  70  k.  Marabout  de  Sidi  Bou  Baker,  ancien  camp 
militaire  aujourd'hui  abandonné. 

76  k.  Sidi  Ali  {V.  ci-dessus,  A),  où  la  piste  rejoint  la  route  de 
Gasablanca  à  Mazagan  et  se  confond  avec  elle. 

94  k.  Mazagan  {V.  ci-dessous). 

G.  —  Par  la  mer. 

Pour  les  relations  avec  la  France  et  l'Espagne,  V.  Voies  d'accès, 
p.  55  à  60. 

La  côte,  généralement  basse,  est  tantôt  sablonneuse,  tantôt 
rocheuse.  On  aperçoit  successivement  :  le  promontoire  ô'El  Hank 
(p.  72),  la  pointe"  rocheuse  sur  laquelle  est  bâtie  le  marabout  de 
Sidi  Abd  Er  Rahmane  (p.  72)  puis,  plus  loin,  Azemmour  (p.  106)  à 
l'embouchure  de  l'Oum  Er  Rebia  et  le  phare  de  SidiMsba  (p.  112) 
dominant  un  blanc  cordon  de  dunes.  On  entre  enfin  dans  la 
baie  pour  toucher  le  port  de  Mazagan. 


7.  —  MAZAGAN 

Pour  les  relations  avec  la  France,  K  Voies  daccès,  p.  55  à  60. 

Emploi  du  temps.  —  Quelques  heures  suffisent  pour  la  visite  de 
Mazagan  dont  l'intérêt  se  concentre  dans  l'ancienne  citadelle.  Les  courts 
itinéraires  qu'on  trouvera  plus  loin  partent  de  la  place  du  Marché.  Les 
touristes  qui  voudront  y  consacrer  plus  de  temps  feront,  en  automobile 
ou  en  voiture,  les  excursions  des  environs  immédiats  signalées 
ci-après  (p.  112). 

MAZAGAN  (en  arabe  El  Djedida),  ville  de  21,700  hab.,  dont 
830  français,  750  autres  européens,  17,000  musulmans, 
3,100  israélites,  ch.-L  du  Cercle  des  Doukkala,  est  située  par 
12''5  de  longitude  E.  et  36''95  de  latitude  N.,  sur  l'océan  Atlan- 
tique, au  fond  d'une  magnifique  baie,  rocheuse  aux  extrémités, 
sablonneuse  au  centre,  et  à  peu  de  distance  au  S.  de  l'embou- 
chure de  rOum  Er  Bebia. 

«  Les  murailles,  les  portes  surmontées  des  écusspns  des 
rois  du  Portugal,  le  vieux  château  fort,  le  petit  port  de 
débarquement  et  l'immense  citerne  sur  laquelle  la  plus  grande 
partie  de  la  ville  est  construite,  tout  rappelle  l'origine  portu- 
gaise de  Mazagan.  »  En  attendant  la  création  d'un  centre 
européen,  la  ville  indigène     été  l'objet  de  modifications  qui 


MAZAGAN. 


[71  —  109 


permettent  aux  immigrants  de  s'installer  aussi  confortablement 
que  possible.  Un  plan  nouveau,  de  2  k.  5  de  rayon,  bien  étudié 
et  largement  conçu,  fera  rayonner  l'activité,  cantonnée  dans 
des  quartiers  spéciaux,  autour  du  point  central  situé  à  proximité 
du  port,  où  se  trouvent  réunis  tous  les  services  publics  et  privés. 

L'industrie  européenne  est  déjà  représentée  par  quelques 
usines  :  fabrique  de  crin  végétal,  scierie  mécanique,  fabrique  de 
glace,  ouvrages  en  ciment,  etc..  Le  commerce,  déjà  important, 
consiste  dans  l'échange  des  produits  agricoles  fournis  par  la 
région  des  Doukkala,  entre  autres  l'exportation  des  œufs. 

Mazagan  possède  une  école  de  pêche  et  de  navigation.  Celle-ci 
compte  une  soixantaine  de  barcassiers  et  de  dockers  qui  se 
destinent  à  la  marine  chérifienne.  L'école  de  pêche  enseigne 
la  pratique  de  nouveaux  engins;  elle  dispose  de  la  lagune  de 
Sidi  Moussa  où  l'on  fera  la  culture  et  l'élevage  des  langoustes, 
huîtres  et  autres  coquillages. 

La  plage  de  sable  lin  est  très  belle.  Le  climat  de  Mazagan  est 
doux  :  la  température  oscille  en  effet  entre  28''  et  30°  en  été, 
16°  à  18°  en  hiver.  Mazagan  est  susceptible  de  devenir  une 
station  estivale  et  hivernale  très  fréquentée. 


C'««  de  Navigation  :  —  de 

Navigation  Paquet  (Mortéo),  r.  du 
Capiiaine-Héric-Spinney  ;  C'^-  Gé- 
nérale Transatlantique  (C'*^  maro- 
caine), route  d'Azemmour;  Va- 
pores  Correos  de  Africa;  Bland  Line 
(Pons),  route  de  Marrakech;  Royal 
Mail  (Pitto),  derrière  le  Crédit  Fon- 
cier; Power  et  Lloijd  (Netto  et 
Sons),  route  de  Marrakech. 

Hôtels  :  —  de  France  (Lescoul), 
r.  de  la  Poste  (pens.  10  à  15";  pens. 
mensuelle  150  à  200);  Grand-Hôtel 
(Mme  Ledru-Hamet,  Pl.  a  B-2),  pl. 
Galli.éni  (40  ch.  de  4  à  10  ;  rep.  1, 
3.50,  4,  V.  c.  ;  pens.  dep.  12;  salon, 
téléph.,  bains,  jardin,  gar.  2  fr.); 
Grand-Hôtel  Mazagan  (ch.  dep. 
3  fr.;  pension  mensuelle  160  fr., 
V.  c). 

Brasserie-restaurant  :  —  Paris- 
Cinéma  (Nègre),  av.  de  Marrakech, 
près  de  la  poste  (rep.  4  fr.  v.  c). 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc,  r. 
de  Marrakech;  Algérienne,  r. 
de  la  Poste;  Crédit  Foncier  d'Al- 
gérie et  de  Tunisie,  route  de  Mar- 
rakech ;  West  Africa,  route  de  Mar- 
rakech. 

Voitures  de  place  :  —  Station  : 


pl.  de  la  Douane  ;  —  En  ville  : 
course  simple,  0  fr.  75;  course 
double  (avec  arrêt),  1  fr.  25;  —  hors 
ville  :  la  demi-heure,  1  fr.  50; 
l'heure, 3  fr.  —  Mazagan-Azemmour 
ou  vice-versa,  2  fr.  la  pl.  ;  autres 
excursions  (voit,  de  4  à  6  pl.)  :  la 
demi-journée,  parcours  maximum 
20  k.,  aller  et  ret.  12  fr.  ;  la  jour- 
née, parcours  maximum  do  35  k. 
aller  et  ret.  25  fr. 

Montures  de  louage  (chev.  et  mu- 
lets) :  —  5*et  10  fr.  par  jour  (s'adres- 
ser aux  hôtels). 

Services  automobiles  :  —  pl.  de 
la  Poste  ;  —  2  serv.  quotidiens  sur 
Azemmour  en  30  min.,  5  fr.,  et  sur 
Casablanca  en  2  h.,  25  fr.  la  place  ; 
serv.  irrégulier  sur  Safi  en  6  h., 
50  fr.  la  pl.,  et  sur  Marrakech 
(prix  à  débattre). 

Librairie-papeterie  :  —  Vve  Petit, 
r.  du  Commandant-Bolelli. 

Photographie  :  —  Clark,  cité 
Ben  Driss  ;  Coutier. 

Consulats  :  —  d'Angleterre,  r.  du 
Capitaine-Héric-Spinney  ;  de  Bel- 
(jique  ;  d'Espagne  (Mellah);  de  Hol- 
lande; d'Italie;  de  Norvège  ;  de  Poi-- 
tugal. 


Histoire.  —  Mazagan  est  construit  sur  remplacement  do  Portus 
Rutulis,  que  Polybe  situé  à  7  milles  au  S.  de  l'Anatis  antique,  l'oued 
Oum  Er  Rebia  actuel.  La  première  installation  portugaise  date  dé  1502 
et  consista  en  un  fortin  neuf  :  El  Bridja  El  Djedida  (|ue  les  indigènes 


110  —  [7] 


MAZAGAN. 


désignèrent  ensuite,  par  abréviation,  El  Djedida.  Les  Portugais  cons- 
truisirent en  1506  une  ville  européenne,  qu'ils  mirent  36  ans  à  fortifier, 
et  qu'ils  appelèrent  Mazagan.  Elle  devint  le  centre  de  leurs  établisse- 
ments sur  la  côte  atlantique  et  fut  leur  dernier  point  d'attache  au  Maroc. 
En  1561,  Moulay  Mohammed,  fils  du  sultan  saadien  Moulay  Abd  Allah, 
assiégea  la  ville  avec  une  importante  armée,  mais  la  garnison,  qui  se 
composait  de  2,600  Portugais  seulement,  repoussa  victorieusement 
l'assaut  (1562).  Sous  la  pression  de  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah,  ils 
évacuèrent  la  place  en  1769.  Voici  comment  les  chroniqueurs  musulmans 
relatent  leur  départ  :  «  Au  début  de  ramadan  1182  de  THégire,  les 
Portugais,  fatigués  d'être  assiégés,  demandèrent  à  leur  roi  la  permis- 
sion de  quitter  la  ville.  Celui-ci  la  leur  accorda,  mais  le  gultan  n'y  con- 
sentit qu'à  la  condition  qu'ils  n'emporteraient  que  leurs  vêtements.  Les 
Portugais  mirent  le  feu  à  leurs  meubles,  tuèrent  leurs  chevaux  et  creu- 
sèrent une  mine  souterraine.  Un  forgeron  fut  laissé  pour  y  mettre  le  feu 
et  ils  s'embarquèrent  pour  Lisbonne.  Le  roi  les  envoya  par  la  suite  en 
Amérique  (vers  l'embouchure  de  l'Amazone)  où  il  leur  fit  bâtir  une  autre 
Mazagan.  »  (Kitab  el  Istiqça).  Le  récit  n'est  pas  entièrement  conforme 
à  la  vérité,  car  la  colonie  portugaise  ne  voulait  pas  quitter  la  ville  ; 
elle  reçut,  au  contraire,  de  son  roi  l'ordre  de  l'évacuer.  —  Moulay  Abd 
Er  Rahmane  reconstruisit  la  ville  vers  1815  et  lui  donna  le  nom  à.'El 
Djedida,  «  la  nouvelle  ».  Il  la  peupla  de  gens  des  Doukkala  et  d'un  con- 
tingent d'Israélites  d'Azemmour,  qui  s'installèrent  dans  les  anciennes 
constructions.  Le  développement  de  la  cité  indigène  moderne  ne  remonte 
toutefois  guère  qu'à  1890,  époque  à  laquelle  on  construisit  de  nouveaux 
remparts.  L'essor  de  la  ville  va  croissant  depuis  l'établissement  du  Pro- 
tectorat français  (1912). 

Bibliographie  :  —  La  Place  de  Mazagan  sous  la  domination  portugaise 
(1502-1769),  par  J.  Goulven,  Paris,  Laroze,  1917,  in-12. 


On  entre  dans  l'ancienne  ville  portugaise,  qui  sert  aujour- 
d'hui de  mellah,  par  une  porte  s'ouvrant  à  TE.  de  la  place  du 
Marché  et  donnant  immédiatement  accès  au  commissariat  de 
police^  vieille  construction  aménagée  où  l'on  demande  l'autori- 
sation de  visiter  la  citerne.  A  dr.,  s'élève  Véglise  de  VAssomption, 
ancienne  église  paroissiale  de  la  place  chrétienne  de  Mazagan, 
dont  il  ne  reste  plus  que  la  façade  (assez  bon  état  de  conserva- 
tion), flanquée,  à  g.,  de  l'amorce  d'un  clocher  démoli  ;  les  côtés 
sont  masqués  par  des  boutiques. 

Sous  le  porche  (franchir  la  grille)  sont  conservés  :  deux  inscriptions 
sur  pierre,  se  référant  à  Louis  de  Loureiro,  qui  édifia  la  place  de  Maza- 
gan par  ordre  du  roi  Don  Juan  III,  en  1541,  alors  qu'il  était  capitaine- 
major;  une  stèle;  des  photographies  représentant  les  vestiges  de  la 
citadelle,  de  divers  monuments  portugais,  un  plan  de  la  citerne  et  des 
vues  de  remparts  de  l'ancienne  place  de  Mazagan.  En  face  de  l'église 
se  trouvaient  les  anciennes  forges. 

Après  avoir  tourné  à  g.,  rue  William-Redman,  après  la 
voûte  n°  50,  on  trouve  la  ^citerne,  dénommée  à  tort  salle 
(TarmeSy  immense  construction  souterraine  de  34  m.  sur  33  m., 
aux  voûtes  soutenues  par  5  rangées  de  5  piliers  trapus  en 
pierre  de  taille.  Le  pavement  est  en  briques  et  la  salle  reçoit 


7.  — 


L'ancienne 


MAZAGAN. 


[7]  —  111 


son  éclairage  par  une  ouverture  circulaire  de  3  m.  50  de  dia- 
mètre surplombant  un  bassin  aux  parois  de  pierres  taillées. 
Edifiée  au  début  du  xvi®  s.,  elle  servit  de  citerne  après  l'achè- 
vement des  remparts  (1541). 

La  citerne  était  comprise  dans  la  vieille  citadelle  d'El  Bridja,  qui 
mesurait  58  m.  sur  47  et  comprenait  en  outre  une  chapelle,  un  hôpital, 
une  prison,  le  palais  des  gouverneurs  et  des  intendants  portugais.  La 
tour  de  Rebât,  encore  visible,  dominait  l'ensemble  ;  de  son  sommet,  l'on 
découvrait  le  pays  à  5  lieues  à  la  ronde  et  les  guetteurs  avertissaient 
la  troupe,  au  son  de  cloche,  des  mouvements  de  l'ennemi. 

A  rextrémité  de  la  rue  William-Redman,  une  fenêtre  percée 
dans  le  rempart,  à  l'emplacement  de  l'ancienne  porte  de  la 
mer,  permet  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur  le  port  {V.  ci-dessous) 
et  sur  la  baie.  On  tourne  ensuite  à  g.  pour  sortir  par  Bah 
Djedid,  rentrer  par  la  porte  suivante  et  monter,  par  un  plan 
incliné,  sur  le  bastion  Saint- Antoine  encore  muni  de  vieux 
canons  rouillés,  d'où  l'on  a  une  vue  sur  le  quartier  du  Marchan, 
le  cimetière  juif  aux  tombes  plates,  et  la  mer.  Un  chemin  de 
ronde  ramène  au  bastion  N.  et  à  l'ancienne  église  Saint-Sébastien^ 
dite  palais  de  l'Inquisition,  couronnée  d'un  fronton  semi-circu- 
laire orné  de  volutes. 

'  Poursuivant  la  promenade  des  remparts  vers  le  S.,  on  atteint 
Vancien  port  portugais,  dont  on  fait  le  tour,  pour  rejoindre  le 
bastion  de  VAnge,  d'où  l'on  domine,  au  S.-E.,  le  port  actuel,  la 
plage,  le  jardin  de  Sidi  Moussa,  et,  à  PO.,  la  Medina  sur  laquelle 
veillent  le  minaret  de  la  mosquée  El  Khaldounia  et  le  phare 
de  Sidi  Bon  Asfl  (p.  112). 

En  continuant  vers  l'E.,  on  arrive  au  bastion  du  Saint-Esprit, 
pour  redescendre  et  revenir  à  la  place  du  Marché. 

77.  —  Le  port. 

De  la  place  du  Marché,  se  diriger  vers  l'avenue  de  Marrakech 
et  prendre  la  première  rue  à  g. 

Le  popt  (en  construction)  sera  fermé  par  deux  jetées  allant  à  la  ren- 
contre l'une  de  l'autre,  ha.  jetée  Nord,  à  peu  près  achevée,  aura  400  m.; 
la  jetée  Sud,  très  avancée,  aura  600  m.  ;  la  passe  ménagée  entre  elles 
mesurera  40  m.  Ainsi  sera  constitué  un  avant-port  de  7  hect.  avec  terre- 
pleins  de  4  hect.  Sur  cet  avant-port  s'ouvriront  la  darse  ancienne  et  un 
abri  pour  barcasses  ;  ce  dernier,  long  de  200  m.  et  large  de  60,  entouré 
de  quais  verticaux.  Les  travaux  de  construction  et  d'aménagement 
s'élèveront  à  4  millions  et  demi.  En  attendant,  un  épi  rocheux  protège 
le  petit  port  actuel  contre  la  houle  d'O.  Les  navires  ancrent  à  5  ou 
600  m.  du  rivage  par  des  fonds  de  12  m. 

Le  mouvement  général  du  port  de  Mazagan,  qui  atteignit  25  millions 
en  1915,  est  passé  en  1917  à  45  millions  se  répartissant  sur  60,000  tonnes. 
Il  est  principalement  dû  à  l'exportation  des  produits  agricoles  des 
Doukkala  et  de  la  région  de  Marrakech  :  orge,  blé  dur,  maïs,  fèves, 
pois  chiches,  alpiste,  cumin,  œufs  (20,000  quintaux),  laines,  peaux,  etc. 


112  —  [7] 


MAZAGAN. 


UJ,  —  La  plage. 

Pour  s'y  rendre,  on  s'engagera  dans  l'avenue  de  Marrakech 
jusqu'aux  bureaux  de  la  Place,  d'où  l'on  prendra,  à  g.,  la  route 
d'Azemmour,  qui  longe  la  plage  dès  la  sortie  de  la  ville. 

Cette  *plage  magnifique,  de  1,800  m.  de  long,  s'étend  du  port 
jusqu'à  une  ligne  de  rochers  qui  l'arrête  à  l'E.  Tapissée  de 
sable  fin,  elle  est  bordée,  du  côté  de  la  terre,  par  une  ligne  de 
dunes  qu'arrêtent  les  jardins  avoisinants. 

7 y*.  —  La  ville  moderne, 

La  ville  moderne  n'a  aucun  caractère  particulier.  Son  marché 
aux  légumes,  situé  à  l'O.  de  la  place  du  Marché,  présente 
quelque  intérêt  dans  la  matinée.  En  poursuivant  la  promenade 
sur  la  route  de  Safi,  on  laisse  (0  k.  7),  à  quelques  centaines  de 
mètres  à  g.,  Vhôpital  indigène^  le  cimetière  musulman,  la  villa  Abd 
Er  Rahmane,  et  l'un  atteint,  dans  la  campagne  (1  k.  3),  le  mara- 
bout de  Sidi  Bou  Asfi,  au  milieu  d'un  verdoyant  bosquet,  et  le 
PHARE  de  même  nom.  La  tour,  en  maçonnerie,  a  43  m.  de 
hauteur  au-dessus  du  sol  arasé  à  la  cote  20.  La  lanterne  est 
ainsi  à  63  m.  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

A  800  m.  et  à  1,200  m.  du  centre  de  la  ville,  vers  le  S.-O., 
sont  installés  deux  camps  bien  aménagés  :  le  camp  Requiston  et 
le  camp  des  unités  auxiliaires  marocaines. 

Si,  de  la  place  du  Marché,  on  se  dirige  vers  le  N.-O.,  on 
trouve  successivement  :  0  k.  2  la  place  du  Marôhan  ou  place  Gal- 
liéni,  dotée  d'un  square  orné  d'amples  vasques  venant  d'Europe, 
commandées  par  Moulay  Abd  El  Aziz  pour  la  résidence  de  Mar- 
rakech, et  qu'on  ne  put,  faute  de  moyens  de  transport  suffisants, 
faire  parvenir  à  leur  destination  ;  0  k.  4  Vécole  de  Valliance 
Israélite;  0  k.  7  les  bureaux  du  Service  des  Renseignements;  1  k. 
le  rivage  rocheux  qui  marque  l'extrême  pointe  N.  de  la  banlieue 
de  Mazagan.  A  300  m.  à  g.  se  trouvent  les  abattoirs,  de  3,000  m. 
carrés  de  superficie,  qu'avoisine  une  porcherie. 

Environs.  —  i''  Marabout  de  Sidi  Moussa  (3  k.  S.-E.  ;  chemin  car- 
rossable; 1  h.  de  voit,  aller  et  ret.,  4  fr.).  —  On  quitte  l'avenue  de 
Marrakech  à  la  hauteur  des  bureaux  de  la  Place,  pour  laisser  à  g.  la 
route  d'Azemmour  et  s'engager  sur  la  piste  de  Sidi  Moussa.  —  1  k.  8. 
Douar  Bayel,  en  bordure  de  grands  jardins,  qu'on  traverse  ensuite.  — 
2  k.  5.  Figueraics  de  part  et  d'autre  de  la  piste.  —  3  k.  A  dr.  marabout 
de  Sidi  Moussa,  le  patron  de  Mazagan,  au  S.  duquel  s'étend  un  cimetière 
musulman. 

On  peut  encore  se  rendre  sur  ce  point  par  la  route  de  Marrakech 
qui  passe  devant  (1  k.)  le  douar  Hadj  Assous,  (1  k.  2)  des  ruines, 
(1  k.  6)  le  douar  Abd  Allah  Ben  Ahmed,  et  quitte  à  cet  endroit  la  route 
de  Marrakech  pour  rejoindre  la  piste  de  Sidi  Moussa. 

Ces  deux  trajets  peuvent  être  parcourus  l'un  à  l'aller,  l'autre  au  retour 

2**  Phare  de  Sidi  Msba  (7  k.  S.-E.).  —  On  suit  quelque  temps  la 
route  de  Mazagan  à  Azemmour  (p.  107)  pour  prendre  une  piste  à  dr.  qui 
conduit  directement  au  phare.  L'ouvrage  est  constitué  par  une  tour 
carrée  en  maçonnerie  de  13  m.  40  au-dessus  du  sol  nivelé  à  la  cote 


LES  DOUKKALA. 


[S]  ^  113 


36  m.  90.  La  plate-forme,  qui  supporte  la  lanterne,  est  ainsi  à  la  cote 
50  m.  30.  Le  feu,  de  second  ordre,  est  un  feu  de  direction  à  secteurs 
colorés  à  occultations.  Il  couvre,  d'une  part,  les  fonds  rocheux  du  récif 
sous-marin  qui  s'avance  au  N.-O.  de  la  rade  de  Mazagan  et,  d'autre 
part,  le  plateau  de  sable  qui  forme  l'épi  de  l'Oum  Er  Rebia  à  Azemmour. 

3»  Moulay  Abdallah  et  Ruines  de  Tit(7k.  S.  ;  recommandé).  —  Vil- 
lage aux  maisons  grises,  parmi  lesquelles  se  détache  la  blanche  mosquée 
de  Moulay  Abdallah,  santon  fort  réputé  qui  aurait  vécu  vers  le  xii«  s. 
Le  village  est  construit  sur  l'emplacement  d'une  cité  romaine  (?)  Tit, 
dont  on  ne  voit  plus  que  l'enceinte  et  le  port  ruinés. 

Plus  loin,  à  l'E.  de  la  piste  qui  conduit  à  Safi,  s'élève  Z>ar  Ed  Dou, 
avec  maisons  d'habitation,  échoppes,  hammam,  construits  à  la  fin  du 
xix^  s.  par  le  caïd  Ed  Dou.  Inquiet  de  la  puissance  de  ce  chef,  Moulay 
El  Hassane  le  fit  emprisonner  et  le  dépouilla  de  ses  biens. 

40  Cap  Blanc  (15  k.  S.-O.).  —  On  s'y  rend  parla  piste  de  Safi.  Avec  sa 
source,  ses  ruines  et  sa  station  de  pêche  à  la  langouste,  le  site  ne  manque 
pas  d'attrait. 

De  Mazagan  a  Bou  Laouane,  V.  ci-dessous,  1°;  —  a  Ben  Guérir,  p.  114 
et  115;  —  A  Marrakech,  p.  115;  —  a  Safi,  p.  116. 


8.  —  LES  DOUKKALA 

Aperçu  général.  —  L'arricre-pays  de  Mazagan  porte  le  nom  de 
Doukkala.  Cette  «  région  bénie  »,  disent  les  indigènes,  comprend  : 
1°  ÏOuldja,  bande  étroite  de  1  k.  5  à  3  le.  5  de  largeur,  longeant  la  mer 
à  l  abri  d'un  rideau  de  dunes.  L'eau,  qui  y  est  profonde,  sert  à  l'irriga- 
tion de  cultures  indigènes  :  henné,  légumes,  menthe  et  quelques  arbres 
fruitiers  et  céréales;  2°  la  Plaine,  où  abondent  les  terrains  «  tirs  »  et 
«  hamri  »  particulièrement  propres  à  la  culture  des  céréales;  3°  le 
Sahel,  zone  côtière  et  montagneuse,  où  se  fait  l'élevage,  et  où  l'on  trouve 
plus  de  2,000  hect.  de  vignobles  indigènes. 

La  région  est  peuplée  de  185,000  hab.  ;  ses  700,000  hect.  de  superficie 
sont  couverts  de  300,000  hect.  de  cultures,  où  le  blé  dur,  l'orge  et  le  maïs 
entrent  pour  les  neuf  dixièmes.  Les  vignes,  le  lin,  l'alpiste,  les  pois 
chiches,  se  partagent  le  reste. 

Le  cheptel,  important,  compte  3,000  chevaux  et  mulets,  15,000  ânes, 
5,000  chameaux,  40,000  bovins,  140,000  moutons  et  chèvres,  25,000  porcs. 
Le  pays  est  également  riche  en  volailles,  les  chapons  des  Doukkala  sont 
renommés  dans  tout  le  Maroc  et  le  commerce  des  œufs  est  considérable. 
Quelques  fermes  européennes  se  sont  récemment  créées  dans  le  pays. 

La  province  de  Doukkala  fut  longtemps  vassale  et  tributaire  de  la 
couronne  de  Portugal. 

Itinéraires.  —  Parmi  les  excursions  ci-dessous  décrites,  seules  celles 
de  Bou  Laouane  et  d'Oualidia  présentent  un  réel  intérêt  touristique. 
L'excursion  de  Sidi  Ben  Nour  a  surtout  un  intérêt  agricole.  On  trouvera 
des  automobiles  de  louage  à  Mazagan  au  prix  de  1  fr.  à  1  fr,  50  le  k.; 
s'informer  aux  bureaux  d'autos  avoisinant  la  poste. 

l""  Bou  Laouane. 

68  k.  S.-E.  —  Bonne  piste  à  profil  très  peu  accidenté,  autocyclable  par 
beau  temps. 

La  piste  se  développe  d'abord  à  travers  une  région  peu 
cultivée. 


MAROC. 


114  —  [8J 


LES  DOUKKALA. 


26  k.  Sidi  Embarek,  ancien  gîte  d'étapes  makhzen,  au  milieu 
d'un  pays  aride  occupé  par  les  Ouled  Bou  Aziz  et  Haouzia.  A 
3  k.  5  au  N.-O.,  maison  du  caïd  Bou  Ghaib  El  Kebir. 

45  k.  Dar  Mohammed  Ben  Abd  EL  Kader,  caravansérail  auprès 
de  puits  abondants  de  25  m.  de  profondeur.  A  2  k.  E.,  marché 
du  dimanche  des  Ouled  Fredj.  A  5  k.  N.-O.,  maison  du  caid 
Bou  Ali.  —  Au  delà,  le  pays,  très  riche  et  très  habité,  compte 
beaucoup  de  peuplements  de  vignes;  la  piste  longe  de  nom- 
breux douars,  en  particulier  le  marché  du  jeudi  des  Ouled 
Fredj.  J 

68  k.  Bou  Laouane  (p.  83).  m 

2°  Sidi  Ben  Nour.  1 

AuTOGYCLiSME  :  71  k.  s.  —  Bonne  route  principale  n°  9  à  profil  poiil 
accidenté. 

On  sort  de  Mazagan  par  l'avenue  et  la  route  de  Marrakech  ■ 
qui  se  dirige  vers  le  S.  et  traverse  un  pays  riche.  —  7  k.  Dar 
Ben  Abbas  EL  Hammadi, 

25  k.  Sidi  Brahim,  marabout  sur  le  territoire  des  Ouled  Ben 
Aziz.  A  1  k.  5  0.,  maison  du  caïd  El  Haouari.  —  La  région, 
légèrement  ondulée,  est  rocailleuse  et  peu  fertile.  Plusieurs' 
maisons  s'élèvent  le  long  de  la  route. 

49  k.  Sidi  Smaïne,  ch.-l.  du  contrôle  civil  et  siège  d'une  zaouïa, 
qu'avoisinent  les  bâtiments  du  mokaddem  et  quelques  koubbas. 
Tribu  des  Kouassem.  Sidi  Smaïne  possède  une  écoLe  d^ agricuLLure, 
installée  sur  une  propriété  de  7  hect.,  où  une  vingtaine  d'indi-J 
gènes  s'initient  aux  divers  travaux  agricoles  :  jardinage,  culJf 
ture  de  la  vigne,  arboriculture,  élevage  du  bétail  et  des  animaux 
de  basse-cour. 

De  Sidi  Smaïne  a  Souk  el  Arba  des  Reguibat  et  a  Safi,  p.  116. 

Les  terres  sont  riches  et  cultivées.  —  55  k.  Dar  Ali  Bou  Chaib. 

—  62  k.  Dar  Raid  Brahim  Bou  Chaïb,  à  l'E.  de  la  route. 

71  k.  Sidi  Ben  Nour,  sur  le  territoire  des  Ouled  Bou  Zer- 
rara,  ch.-l.  de  la  circonscription  des  Doukkala  S.,  centre 
d'annexé  de  contrôle  civil,  siège  d'une  exploitation  agricole 
européenne  (ferme  Munoz),  marché  important  le  mardi.  Zaouïa 
réputée.  —  A  2  k.  0.  douar  du  caïd  El  Hammadi. 

DE  SIDI  BEN  NOUR  AD  DJEBEL  LAKHDAR  (23  k.  S.-E.  ;  piste  muletière  . 

—  On  gagne  d'abord  le  douar  de  Sidi  Mohammed  Chorkaoui,  d'où  com- 
mence l'ascension  du  Djebel  (l  h.  30)  en  empruntant  un  petit  sentier 
qui  suit  une  combe  profonde.  Du  sommet  rocheux,  ou  du  signal  géodé- 
sique  situé  plus  haut  (693  m.  d'alt.)  on  domine,  à  l'E.,  le  pays  des 
Rehamna  bordé  par  l'Atlas,  et,  à  10.,  les  Doukkala  limités  par  l'Océan. 

DE  SIDI  BEN  NOUR  A  BOU  LAOUANE  (46  k.  N.-E.  ;  bonne  piste).  —  Le 
trajet  s'effectue  presque  entièrement  en  pays  riche  et  bien  cultivé.  — 
3  k.  Sidi  Mohammed  El  Aouni.  —  13  et  17  k.  Sources  des  Ouled  Bou 
Ziano,  dans  des  dépressions  nettement  marquées  et  orientées  du  N.  au 
S.  —  23  k.  Douar  des  Oïded  Youssef.  —  25  k.  Souk  Khemis  El  Aouanat, 
marché  du  jeudi  avec  douar  et  nombreuses  habitations  dans  un  rayon 


SIDI  BEN  NOUR.  —  OUALIDIA.     [S]  ~  115 


de  3  à  4  k.  —  31  k.  i9ar  Abbou.  La  piste  traverse  ensuite  une  région  de 
pâturages.  —  46  k.  Bou  Laouane  (p.  83). 

DE  SIDI  BEN  NOUR  A  BEN  GUÉRIR  (68  k.  S.-E.  ;  piste  muletière,  impra- 
ticable aux  voitures  dans  la  partie  centrale  du  parcours  où  elle  n'est 
qu'un  mauvais  sentier  rocailleux  entre  le  Djebel  Touaf  et  le  signal  de 
la  Merdja),  par  :  19  k.  Sidi  Ben  Brorh;  40  k.  Kasba  Cheikh  Ben  Salah] 
54  k.  Souk  Es  Sebt  des  Chiadma.  —  68  k.  Ben  Guérir  (p.  84). 

De  Sidi  Ben  Nour  a  Caïd  Tounsi,  p.  85;  — a  Marrakech,  p.  115;  — 
A  Safi,  p.  116. 

3*^  Oualidia. 

84  k.  S.-O.  —  Piste  côtière  à  profil  peu  accidenté,  empierrée  sur  la  pre- 
mière moitié  de  son  parcours;  autocyclable. 

7  k.  Zaouïa  Moulay  Abd  Allah  et  (10  k.)  Dar  Ed  Dou  à  l'O.  de 
la  piste  (p.  113,  S'').  —  30  k.  Biar  El  Asara,  point  après  lequel  la 
piste  est  bordée,  à  l'E.,  par  une  falaise  de  50  m.  de  hauteur 
franchissable  en  quelques  points  seulement.  Entre  la  piste  et 
les  dunes  de  la  côte,  le  terrain,  marécageux,  est  parfois  d'un 
parcours  dangereux. 

45.  k.  Dar  Touimi,  maison  du  caïd  des  Ouled  Aissa.  —  50  k. 
Douar  Aoiiamra.  —  53  k.  5.  Zaouïa  Sidi  Brahim  Ould  Allah.  — 
65  k.  A  1  k.  5  à  l'E.,  zaouïa  Sidi  Ahmed  Embarek.  —  75  k. 
Zaouïa  Sidi  Touza.  —  78  k.  Sidi  Moussa. 

84  k.  Oualidia,  port  naturel  actuellement  ensablé,  situé  au 
fond  d'une  lagune  étroite,  et  village  de  noualas  d'un  millier 
d'habitants.  Une  ancienne  kasba,  construite  sur  la  falaise  voi- 
sine, commande  la  position.  Cet  édifice  rectangulaire,  de  96  m. 
sur  60,  est  flanqué  de  bastions  sur  lesquels  reposent  quelques 
vieilles  pièces  d'artillerie.  Des  citernes  étaient  aménagées  à 
l'intérieur.  La  kasba  fut  édifiée  sur  l'ordre  du  sultan  saadien 
El  Oualid  (1634),  qui  créa  le  petit  port,  aujourd'hui  inutilisable, 
en  améliorant  la  lagune  d'Aïer  et  son  chenal. 

D'OUALIDIA  AUX  RUINES  DE  MEDINET  EL  GHARBIA  (20  k.  S.-E.  ;  piste).— 
Les  ruines  d'El  Gharbia,  situées  dans  la  plaine  fertile  des  Ouled  Amor, 
se  composent  de  remparts  en  pisé,  à  moitié  écroulés  aujourd'hui,  qui 
enserraient  deux  quartiers  très  étendus  munis  de  puits  et  de  silos.  Les 
indigènes  attribuent  à  cette  ville  une  fondation  plus  ancienne  que  celle 
de  Slarrakech  et  prétendent  qu'elle  fut  évacuée  en  1521  après  une 
disette  qui  ravagea  les  Doukkala. 

D'OuALiDiA  A  Safi,  p.  117,  B. 


De  Nazagan  à  Marrakech. 

AuTocYCLi^E  :  209  k.  S.  —  Bonne  route  principale  n°  9. 

71  k.  de  Mazagan  à  Sidi  Ben  Noar,  p.  114.  —  La  piste  se  pour- 
suit dans  un  pays  de  riches  cultures,  de  vignes  et  de  vergers. 

91  k.  .Sidi  Rhal  MtaU  koubba  de  Sidi  Rhal  Mtal,  station  de 
monte  et  fondouk  tenu  par  un  colon  français.  Marché  peu  impor- 
tant, le  vendredi,  des  Ou)ed  Zerrara.  Sur  ce  point,  se  trouvent 
les  ruines  abandonnées  d'un  bordj  et  d'une  kasba  aux  tours 


116  —  [9] 


DE  MAZAGAN  A  SAFI. 


carrées.  —  Plus  loin,  le  pays  est  montueux  et  moins  riche  en 
cultures.  —  96  k.  Sidi  Ahmed  El  Aouaïy  à  l'O.  de  la  piste. 

100  k.  5.  Guerando,  fortifications  et  ruines  anciennes,  proba- 
blement d'origine  berbère,  au  sommet  du  piton  de  même  nom, 
à  412  m.  d'alt.  Elles  dominent,  à  l'O.,  la  plaine  des  Ouled 
Amrana,  et,  au  S.,  le  plateau  des  Rehamna.  Une  canalisation, 
dont  les  restes  subsistent  encore,  amenait  l'eau  d'une  hauteur 
voisine.  Guerando  passe  pour  avoir  été  jadis  le  poste  le  plus 
avancé  des  Portugais  en  Doukkala. 

114  k.  Souk  Et  Tnine  des  Ouled  Amrane,  marché  du  lundi. 
A  1,200  m.  au  S.-O.,  lit  de  Toued  Bou  Ghane. 

On  peut  se  rendre  d'Et  Tnine  à  Ben  Guérir  (38  k.  E.)  par  deux  pistes 
aménagées  :  1°  ('24  k.)  par  Souk  Es  Sebt  des  Ghiadma,  où  la  piste  rejoint 
celle  de  Sidi  Ben  Nour  à  Ben  Guérir  (p.  115);  2^  en  suivant  le  pied  des 
Ganiour  Sghir  et  l'oued  Bou  Chane.  ' 

La  région  qui  suit  est  moins  habitée  et  moins  cultivée. 
126  k.  Source  de  Smaira.  —  130  k.  Puits  d'Atatsa.  —  142  k. 
Nzala  Chmeïda. 

153  k.  Souk  El  Had  El  Menehhi,  marché  du  dimanche.  —  La 
piste,  peu  accidentée,  longe  le  pied  des  contreforts  N.  des 
Djebilet,  et  passe  à  (167  k.)  Sidi  Ahmed  El  Fedil. 

Une  autre  bonne  piste,  aménagée  sur  sol  sablonneux  et  autocyclable 
passe  par  Dar  El  Maouïa,  raccourcissant  le  trajet  de  4  k. 

178  k.  Sidi  Bou  Othmane,  où  la  piste  rejoint  la  route  principale 
n°  7  de  Gasablanca  à  Marrakech  (p.  84). 
209  k.  Marrakech  (p.  85). 


9.  —  DE  MAZAGAN  A  SAFI 

On  peut  se  rendre  de  Mazagan  à  SaPi  par  la  voie  de  terre  et 
par  la  voie  de  mer.  La  première  est  plus  rapide,  surtout  si  l'on 
utilise  la  route  et  l'automobile. 

A.  —  Par  la  route. 

165  k.  S.-O.  —  Bonne  piste  à  profil  presque  plat,  autocyclable  par  temps 
sec.  Routes  principales  n»*  9,  11  et  12,  construites  pu  en  construction. 

72  k.  de  Mazagan  a  Sidi  Ben  Nour,  p.  114.  —  La  piste 
aménagée  traverse  des  «  tirs  »  et  quelques  zones  sablonneuses. 

104  k.  Dar  El  Hafdi,  en  tribu  Doukkala.  Le  pays  est  riche  et 
très  peuplé.  Les  villages  de  noualas,  entourés  de  haies  de 
cactus,  sont  nombreux.  La  plaine  s'étend  de  tous  côtés  à  perte 
de  vue. 

116  k.  Souk  El  Arba  des  Reguibat,  grand  marché  du  mercredi. 

139  k.  Dar  Sidi  Aïssa,  grand  village  enclos  de  murs  et  kasba 
bastionnée,  en  tribu  Abda,  dans  une  remarquable  région  de 
terres  noires. 

165  k.  Safi  {V.  ci-après). 


SAFL 


[10]  117 


Variante  :  Le  trajet  peut  être  abrégé  de  14  k.  en  prenant  à  (50  k.) 
Sidi  Smaïne  (p.  114),  la  piste,  très  bonne  en  été,  qui  passe  à  (80  k.)  Souk 
El  Khemis  des  Zemamra.  marché  très  actif  des  Ouled  Amor,  et  rejoint, 
à  (102  k.)  Souk  El  Arba  des  Reguibat,  la  piste  de  Sidi  Ben  Nour  à  Sati. 

B.  —  Par  la  piste  côtière. 

143  k.  S. -O. —  Piste  aménagée,  autocyclable,  mais  plus  dure  que  la  route. 

84  k.  de  Mazagan  à  Oualidia,  p.  115.  Après  Oualidia,  la  piste 
s'écarte  du  rivage  pour  ne  le  retrouver  qu'à  Safî.  Au  début, 
passages  tantôt  pierreux,  tantôt  en  terrains  «  tirs  ». 

116  k.  5.  Rhelimine,  où  sont  réunies  plusieurs  koubbas. 

143  k.  Safl  (F.  ci-après). 

Variante  :  D'Oualidia,  une  piste  mauvaise,  rocheuse  et  impraticable 
aux  autos,  conduit  à  Sali  en  longeant  la  côte  jusqu'à  Sidi  Radi  et  Sidi 
Seksiou,  puis  en  s'en  écartant  un  peu,  elle  passe  à  Sidi  Talha,  Sidi  Sri 
et  rejoint  la  précédente  à  .7  k.  avant  d'arriver  à  Safi. 

C.  —  Pau  la  mer. 

140  k.  ou  86  milles  marins  :  —  de  Navigation  Paquet,  serv.  com- 
mercial bimensuel  ;  Générale  Transatlantique,  service  mensuel 
mixte  :  Vapores  Correos  de  Africa,  2  serv.  mensuels  réguliers;  Royal 
Mail  Stcam  Packet  et  O",  serv.  mensuel;  s'informer  des  dates  des 
départs  et  des  prix  aux  bureaux  des  compagnies. 

Après  avoir  contourné  la  pointe  rocheuse  qui  limite  Mazagan 
au  N.,  on  se  dirige  vers  le  S.-O.  pour  doubler  (20  k.)  le  cap 
Blanc.  — 85  k.  On  devine,  sur  la  côte,  la  kasba  d'Oualidia  (p.  115), 
et  l'on  fait  voile  vers  le  S.  pour  passer  devant  le  cap  Cantin 
(p.  124)  et  le  cap  Safi  (p.  123).  Safl  se  découvre  bientôt  :  «  L'aspect 
de  la  ville  est  très  pittoresque.  Au-dessus  d'une  plage  de  sable, 
qu'encadrent  à  dr.  et  à  g.  de  hautes  falaises  de  roches  grises, 
la  ville  dresse  ses  murailles  crénelées,  son  fouillis  de  terrasses 
blanches  dominé  par  les  tourelles  et  les  remparts  altiers  d'un 
château  fort  en  ruines  datant  des  Portugais  »  (A. -H.  Dyé). 


10.  —  SAFI 


Emploi  du  temps.  —  Il  suffit  de  2  à3  h.  pour  visiter  entièrement^afi, 
même  à  pied.  Un  tour  complet  partant  de  la  place  du  Rabat  et  y  rame- 
nant fera  voir  successivement  la  Medina  et  le  ravin  du  Chaaba,  la 
Kechla  et  la  mosquée  avoisinante,  le  Camp,  le  quartier  du  Rabat  où  l'on 
terminera  le  tour  par  Dar  El  Bahar.  —  La  promenade  de  Sidi  Bou  Zid 
peut  se  faire  en  1  h.  aller  et  ret. 

SAFI  (en  arabe  :  Asfi-,  ethnique  :  Sfioui),  ville  de  21,000  hab. 
environ,  dont  370  français  et  380  autres  européens,  17,000  musul- 
mans et  3,380  israélites,  est  assise  sur  le  versant  d^un  éperon 
du  plateau  d'Abda  qui  dévale  en  descente  rapide  vers  l'Océan 
et  passe,  sur  une  distance  do  500  m.,  de  50  à  60  m.  d'alt.  au 


118  —  [10] 


SAFL 


niveau  de  la  mer;  le  port  ouvert  au  commerce  est  situé  au  fond 
d'une  crique  aux  arêtes  rocheuses.  Safi  est  le  ch.-l.  du  cercle  des 
Abda,  de  350,000  hect.  de  superficie  et  peuplé  de  150,000  hab. 

La  ville  ancienne,  bâtie  sur  la  pente  d'un  plateau  qui 
s'infléchit  très  rapidement  vers  la  mer,  et  entourée  d'une 
enceinte  crénelée  comprend  :  l'*  la  Medina  et  le  Mellah,  que 
surveille  la  Kechla  juchée  sur  la  hauteur  la  plus  proche;  2°  le 
Rabat,  autre  agglomération  indigène  au  S.  de  la  première,  et 
qui  renferme  en  outre  les  entrepôts  des  négociants  européens 
et  le  sanctuaire  du  patron  de  la  cité;  il  est  dominé  à  l'E.  par 
le  Camp  (baraquements)  qui  abrite  la  garnison;  3"  la  colline 
El  Biadha,  quartier  mi-européen,  mi-indigène,  de  plus  de 
3,000  hab.,  qui  s'élève  au  N.  et  à  1,500  m.  de  la  Medina;  4°  le 
plateau  El  Aouïna,  également  au  N.,  où  s'élèvent  surtout  des 
constructions  neuves  abritant  des  familles  européennes.  —  La 
ville  nouvelle,  jalonnée  par  quelques  villas,  s'élèvera  sur  le 
plateau  situé  en  arrière  du  camp. 

Safi  est  le  port  le  plus  rapproché  de  la  capitale  du  S.  (115  k.). 
Cette  situation  privilégiée  constitue  l'une  de  ses  plus  grandes 
chances  d'avenir,  car  il  peut  drainer  les  produits  des  Abda, 
des  Ahmeur  et  en  partie  de  la  région  de  Marrakech.  L'atterris- 
sage des  bateaux  est  toutefois  impossible  par  les  vents  d'O. 

Le  climat  de  Safi  est  sain  et  tempéré. 


Hôtels  :  —  Safi- Hôtel  (Mme  Ray- 
mond ;  Pl.  a  A3)  r.  des  Marchés, 
près  du  Port  (10  ch.  de  5  à  12;  rep. 
3.50,  4  ;  pension  mensuelle  160  fr. 
sans  ch.,  200  fr.  avec  la  ch.,  v.  c.  ; 
gar.)  ;  de  France  [Yvoment  ;  Pl.  b  C2), 
quartier  de  Dar  El  Baroud,  sur  le 
plateau  (12  ch.  de  6  à  10;  rep.  1, 
4,  4.50,  V.  c;  jardin;  garage). 

Cafés  :  —  Central  (Llamas),  rue 
des  Marchés;  Safi-Club  (cercle). 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc, 
Algérienne  et  Crédit  Foncier 
d'Algérie  et  Tunisie,  toutes  trois 
pl.  du  Rabat;  Algéro-Tunisiennc. 

Services  automobiles  :  —  bureau 
de  location  (Gaston  Cohen),  r.  des 
Marches.  ' 


Garages  :  —  Canut  et  Grand, 
Murdoch  Butler,  Gaston  Cohen  y  r. 
Bab  Ahmar,  près  de  la  justice 
de    paix;  Pujol ,  près  du  Camp. 

C'«s  de  Navigation  :  —  de 
Navigation  Paquet  (Legrand);  C'= 
Générale  Transatlantique  (André)  ; 
Bland  Line  (Lamb  Brothers); 
Power  Line  et  lioyal  Mail  (Fernau 
et  Hurrot)  ;  Vapores  Correos  de 
Africa  (Landuburru). 

Consulats  :  —  d'Ajig  le  terre;  de 
Danemark  ;  Espagne  ;  d'Italie  ;  de 
Hollande  ;  de  PoriugaL 

Spécialités  :  —  -poteries  émaillées; 
ouvrages  en  cuir  :  babouches,  cein- 
tures, sacoches. 


Histoire.  —  On  est  encore  peu  renseigné  sur  le  passé  d'Asfi  dont  les 
historiens  arabes  ne  parlent  qu'à  partir  du  wi"^  s.  Le  roi  de  Portugal, 
Don  Manuel,  profitant  de  la  discorde  qui  régnait  entre  deux  de  ses  habi- 
tants, Ali  et  Yahia  Ben  Tatouf,  donna  l'ordre  au  Gouverneur  de  Mazagan 
et  à  l'amiral  Don  Garcia  de  McUo  de  s'emparer  de  Safi,  ce  qui  fut  fait 
en  1508.  En  1511,  les  sultans  essaient  de  la  reprendre,  mais  sans  succès. 
Les  Portugais  la  dotent  d'une  enceinte  fortifiée  ;  de  là,  ils  rayonnent 
dans  le  Haouz  jusqu'aux  abords  de  Marrakech.  Mais  la  ville,  grandie 
et  prospère,  porte  ombrage  aux  sultans  (jui  prêchent  contre  elle  la  guerre 
sainte.  Les  Marocains  serrent  de  près  la  ville,  et  les  revenus  ne  com- 
pensant pas  les  dépenses,  elle  est  évacuée  par  les  Portugais  en  1541, 
après  embarquement  de  l'artillerie  et  destruction  des  fortifications. 


120  —  [10] 


SAFI. 


Safi  devient,  pendant  quelques  années,  la  résidence  du  consul  de 
France  au  Maroc;  le  marseillais  Guillaume  Bérard  y  est  envoyé  le 
premier  vers  1580.  C'est  là  que  sont  signés,  par  le  sultan  du  Maroc  et  le 
chevalier  de  Razilly,  accrédité  par  Louis  XIII,  les  traités  de  1631  et 
1635  qui  ouvrent,  entre  la  France  et  l'Empire  chérifien,  une  ère  de 
relations  cordiales. 

Au  commencement  du  xvn«  s.,  Safi  est  le  port  le  plus  important  du 
'Maroc.  Un  négociant  de  Rouen,  Thomas  Legendre,  vient  s'y  installer. 
—  En  1767,  le  consul  Ghénier,  père  du  poète  et  du  conventionnel,  y 
réside  pendant  quelque  temps. 

C'est  à  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah  (xviii*'  s.)  que  Safi  doit  sa 
mosquée  et  sa  médersa. 

Bibliographie  :  Safi  et  sa  région^  par  Aimel  (Casablanca,  Mercié,  1915). 

Les  itinéraires  suivants,  assez  courts,  partent  du  point  d'inter- 
section de  la  route  de  Marrakech  et  de  la  place  du  Rabat  au 
point  de  contact  des  deux  principaux  quartiers  de  la  ville.  Ils 
peuvent  être  parcourus  à  pied. 

7.  ^ —  Le  porh 

En  se  dirif^eant  vers  le  N.,  laissant  à  dr.  le  commissariat  de 
police  et  Saji-Hôtel,  on  tourne  à  g.,  près  de  la  douane  pour 
atteindre  le  port,  tout  proche. 

La  rade  de  Safi  est  abritée  des  tempêtes  du  N.  par  le  cap  qui  la 
domine,  mais  reste  ouverte  aux  violentes  tempêtes  de  l'O.  Les  brisants 
y  sont  dangereux.  En  1908-1909,  le  makhzen  avait  d'abord  établi,  dans 
des  conditions  très  précaires,  un  loar/"  métallique  qui  a  depuis  beaucoup 
souffert.  Le  Protectorat  a  décidé  de  construire  un  petit  port  protégé 
par  deux  jetées  convergentes  s'avançant  jusqu'aux  fonds  de  6  în.,  c'est- 
à-dire  au  delà  des  brisants.  Un  avant-port  de  460  ares  sera  aussi  amé- 
nagé, pour  la  flottaison  des  remorqueurs,  ainsi  qu'une  darse  de  160  ares, 
pour  les  barcasses,  bordée  de  quais  et  de  terre-pleins  de  8  hect.  Des 
magasins  pour  la  douane  figurent  également  au  projet.  Une  dépense  de 
9  millions  et  demi  est  prévue  à  cet  effet. 

Le  commerce  total  du  port  s'est  élevé  à  36  millions  en  1917,  repré- 
sentant un  mouvement  général  de  92,000  tonnes.  Les  opérations  de 
débarquement  s'effectuent  dans  des  conditions  très  satisfaisantes  de  mai 
à  octobre. 

77.  —  La  MeJina. 

A  quelques  pas  au  N.  de  Safi-Hôtel,  Tartère  principale  de  la 
Medina  fait  un  coude  brusque  vers  la  dr.,  séparant  le  mellah, 
à  g.,  de  la  ville  arabe,  à  dr.;  c'est  la  rue  des  Marchés,  où  se  con- 
centre le  commerce  indigène,  musulman  et  israélite.  Des 
échoppes  la  bordent  de  chaque  côté,  et  les  ruelles  adjacentes 
conduisent  à  de  petites  places  où  se  groupent  des  catégories 
diverses  de  marchands  :  épiciers,  bijoutiers,  fabricants  de  lan- 
ternes, de  babouches,  marchands  d'étoffes,  de  poteries  de 
Safl,  etc.... 

Cette  rue,  qui  laisse  à  g.  le  marabout  de  Sidi  Bou  Dehab,  et, 
à  dr.,  la  grande  mosquée  du  Cheikh  Mhammed  Salah  et  la  chapelle 


SAFL 


110]  —  121 


catholique^  aboutit  au  mur  d'enceinte  N.  qu'on  franchit  à  Bab 
Chaaba^  «  la  porte  du  vallon  ».  Un  ravin  s'ouvre  en  effet  immé- 
diatement à  l'extérieur,  occupé  à  g.  par  une  place  où  se  tiennent 
un  marché  le  matin  et  des  conteurs  le  soir.  La  porte  à  arcades 
qui  la  limite  à  l'O.  est  Bab  El  Kouass.  Les  potiers  et  les  forge- 
rons sont  installés  de  ce  côté.  Un  peu  plus  au  N.  sur  un  tertre 
mamelonné,  s'élève,  aux  pieds  de  quelques  palmiers,  le  groupe 
pittoresque  des  sanctuaires  de  Sidi  Abd  Er  Rahmane  et  de  Moulay 
El  Ouafi,  En  amont,  dans  le  Chaaba  proprement  dit,  plus 
encaissé,  a  été  aménagé,  au  delà  du  cimetière  européen,  le 
jardin  public,  que  prolongent  des  jardins  et  des  vergers  privés. 
Sur  le  plateau,  à  500  m.  à  l'O.  et  au  N.  du  Chaaba,  existent 
deux  quartiers  déjà  habités  par  de  nombreux  européens,  El 
Aouïna  (p.  123)  et  Biadha.  C'est  près  de  ce  dernier  que  se  trouve 
Vhôpital  civil. 

Revenant  rue  des  Marchés,  à  la  hauteur  de  la  chapelle  catho- 
lique, on  gravit  la  rue  du  Consulat-de-France  qui  fait  passer 
dans  le  quartier  des  Zaouïas  et  devant  les  Services  municipaux. 

Ces  zaouïas  sont  des  édifices  religieux  sans  prétention,  où  se  tiennent 
les  réunions  des  diverses  confréries  musulmanes  :  Aïssaoua,  Hamadcha, 
Tidjania,  Taïbia,  etc.  ;  la  porte  de  la  mosquée  de  cette  dernière  secte 
est  ornée  d'un  auvent  en  bois  sculpté  et  peint. 

En  poursuivant  la  montée  de  la  rue  du  Consulat-de-France, 
on  atteint  un  plateau  que  bordent  au  N.,  une  mosquée,  et, 
à  l'E.,  la  Kechla. 

La  mosquée,  aujourd'hui  désaffectée,  tombe  en  ruines.  La 
cour  intérieure,  entièrement  délabrée,  était  établie  sur  une 
citerne.  Dans  la  salle  de  prières,  on  n'a  plus  à  remarquer  que 
quelques  menuiseries  dans  les  angles  et  des  restes  de  revête- 
ments en  plâtre  sculpté  autour  du  mihrab. 

La  *Kechla  est  Tédifice  le  plus  intéressant  de  Safi.  On  y 
accède  (entrée  permise)  soit  par  l'escalier  0.,  soit  par  une  porte 
monumentale  à  l'E.  Sise  à  52  m.  d'altitude,  sur  le  rebord  du 
plateau  incliné  qui  domine  la  ville,  elle  comprend  une  enceinte 
de  murs  munis  de  curieuses  échauguettes,  flanqués  de  tours 
crénelées  dont  le  côté  Ë.  porte  encore,  en  saillie,  de  vieux 
emblèmes  portugais  :  écussons  et  mappemondes.  Elle  fut 
d'ailleurs  construite  par  les  Portugais  au  commencement  du 

XVI*  s. 

L'enceinte  abrite  à  l'intérieur  une  grande  place  ou  mechouar, 
au  milieu  de  laquelle  s'élève  une  petite  mosquée  dont  deux 
faces  opposées  s'ouvrent  sur  deux  péristyles  d'agréables  pro- 
portions. Dans  l'angle  N.  de  la  Kechla  étaient  aménagés  le  Dar 
El  Makhzen,  ensemble  d'appartements  disposés,  autour  d'un 
patio  central  dont  les  portes  et  plafonds  sculptés  et  peints 
paraissent  appartenir  au  xviii''  s.  —  De  la  plate-forme  0.,  où 
aboutit  l'escalier  dont  il  a  été  parlé  plus  haut,  très  beau  *pano- 
rama  sur  la  ville  indigène,  plus  caractéristique  encore  du  haut 
de  la  forteresse.  «  On  voit  à  ses  pieds  une  étroite  cascade  de 


122  —  [10] 


SAFI. 


maisons  blanches  à  toits  plats,  dévalant  jusqu'au  port  entre 
deux  murailles  parallèles;  des  tours  crénelées  flanquent  les 
murs,  et  sur  le  rivage,  un  grand  château  complète  le  système 
de  fortifications...  Au  milieu  de  toute  cette  blancheur  surgit  la 
masse  carrée  d'un  minaret.  Vers  la  droite,  un  ravin  profond, 
contenant  pêle-mêle  de  pauvres  chaumières  et  quelques 
koubbas,  au  milieu  de  la  verdure.  A  gauche,  le  faubourg  du 
Rabat,  qui  renferme  les  entrepôts  des  négociants  et  une  grande 
zaouia  élevée  sur  le  tombeau  du  marabout  patron  de  la  ville  >» 
(Eugène  Aubin). 

Les  bureaux  du  commandant  du  Cercle  des  Abda  et  du  Ser- 
vice des  Renseignements  sont  installés  dans  la  Kechla. 

A  100  m.  à  l'E.  est  situé  le  quartier  de  Dar  El  Baroud,  où 
se  trouve  rhôtel  de  France,  et,  plus  au  N.,  le  cimetière  israélite. 

Pour  gagner  du  temps,  on  pourra,  de  la  Kechla,  joindre  le 
quartier  du  Rabat  sans  redescendre  dans  la  Medina;  on  suivra 
dès  lors  la  corniche  qui  passe  devant  le  camp  et  longe  le  cime- 
tière musulman  dans  sa  partie  haute.  Vue  sur  différents  points 
de  ce  trajet,  Safi  se  présente  sous  de  très  intéressants  aspects. 

777.  —  Le  T{abaL 

Le  Rabat  est  le  quartier  où  vivaient  les  guerriers  religieux, 
défenseurs  de  la  foi  musulmane.  Il  n'est  pas  protégé  par  une 
enceinte.  Seule  son  extrémité  N.  est  défendùe  en  bordure  de 
l'Océan,  par  le  Dar  El  Bahar  (entrée  permise,  à  proximité  dii 
commissariat  de  police). 

Le  Dar  El  Bahar.  «  la  maison  de  la  mer  »,  est  en  réalité 
une  forteresse  construite  comme  lal^echla  (p.  121)  par  les  Portu- 
gais, au  début  du  xvi^  s.  Sa  façade  N.  porte  encore,  au-dessus 
de  la  porte  d'entrée,  des  emblèmes  qui  ne  laissent  aucun  doute 
sur  son  origine.  A  l'intérieur  (en  face  de  locaux  aménagés  pour 
recevoir  un  dispensaire),  un  plan  incliné  conduit  sur  une  plate- 
forme surélevée,  la  Skala,  qui  surveille  l'horizon.  De  vieux, 
canons,  fondus  en  Espagne,  à  Rotterdam,  à  la  Hague,  etc.,  au 
commencement  du  xvii^  s.,  sont  encore  en  batterie.  A'  l'extrémité 
S.,  s'élève  un  donjon  également  armé  et  muni  d'un  sémaphore, 
d'où  l'on  a  une  très  belle  vue  sur  la  falaise  de  rochers  noirs 
qui  longe  le  quartier  du  Rabat. 

Après  la  visite  du  Dar  El  Bahar,  on  s'engage  sur  la  place  d 
Rabat,  orientée  du  N.  au  S.,  longue  de  près  de  200  m.  et  lar 
de  40,  où  se  groupent  les  organes  vitaux  du  commerce  oui* 
péen  :  banques,  compagnies  de  navigation,  bureau  de  pos 
fondouks.  Plus  loin,  l'artère  se  rétrécit  et  une  ruelle,  à  dr.,  co 
duit  à  la  mosquée  du  Rabat  que  domine  un  minaret.  Une  gran 
zaouia  édifiée  sur  le  tombeau  de  Si  Mhamed  Ben  Moumen 
patron  de  la  ville,  en  dépend. 

La  rue  principale  se  poursuit  directement  au  S.,  dessert 
justice  de  paix  et  Vhôpital  civil,  puis  conduit  dans  la  campag 
par  Bab  Rabat.  A  l  k.  environ  en  dehors,  sur  le  plate 


LES  ABDA. 


[11]  —  123 


cultivé,  se  trouve  Lalla  Zebouja,  «  gigaulcsque  olivier  sauvage 
dont  le  tronc  est  divisé  en  un  très  grand  nombre  de  branches. 
Celles-ci  s'élancent  presque  au  ras  du  sol  et  étendent  de  tous 
côtés  leurs  ramifications  immenses;  l'ensemble  apparaît  comme 
un  réseau  compliqué,  comme  un  véritable  bosquet  de  124  m. 
de  tour.  Le  tronc  renferme  des  lampes  et,  aux  branches,  sont 
attachés  des  chiffons  »  (Ed.  Doutté). 

Environs.  —  Les  environs  de  Safi  offrent  quelques  buts  d'excursions 
faciles  qu'on  pourra  faire  soit  à  pied,  soit  à  mulet  ou  à  cheval.  Pas  de 
voiture  de  louage. 

1*'  Sidi  Bou  Zid  (2  k.  N.;  piste;  promenade  recommandée).  —  Sortie 
par  Bab  Chaaba  et  Bab  Kouass'(p.  121)  d'où  l'on  aperçoit,  à  g.,  le  bordj 
Stoukia,  dans  l'angle  rentrant  des  remparts  extérieurs.  On  marche 
parallèlement  à  la  mer  entre  des  cimetières  musulmans.  A  la  hauteur  du 
marabout  de  Sidi  Bou  Zekri,  la  piste  monte  en  assez  forte  pente, 
s'incline  vers  le  N.-O.  et  atteint,  en  face  du  quartier  européen  à'Él 
Aouina,  la  côte  97.  —  2  k.  Marabout,  de  Sidi  Bou  Zid,  dont  le  sanc- 
tuaire et  les  sources  se  trouvent  au  sommet  de  la  falaise  qui  surplombe 
le  rivage  de  près  d'une  centaine  de  mètres.  La  *vue  est  très  belle  sur  la 
ville  et  le  port  de  Safi. 

2">  Cap  Safi  (6  k.  N.;  piste  jusqu'à  Sidi  Bou  Zid,  puis  sentier  longeant 
la  côte).  —  Le  cap  est  d'un  accès  difficile.  Il  est  commandé  par  le  bordj 
Nador,  ancien  poste-vigie  portugais  à  150  m.  d'alt.  La  vue  s'étend 
jusqu'au  (20  k.)  cap  Cantin,  au  S.  sur  le  (60  k.)  Djebel  Hadid,  à  l'E. 
et  au  S.-E.  sur  le  pays  des  Abda. 

8°  Sidi  Ouassel  (3  k.  S.;  piste),  village  et  zaouïa  d'une  famille  de, 
chérifs. 

4"  Rocher  du  Juif:  Djopf  El  Ihoudi  (13  k..  S.).  —  Trajet  pittoresque 
le  long  de  l'Océan,  marqué  à  mi-chemin  par  le  marabout  de  Sidi  Er 
Bazi.  Région  très  giboyeuse. 


11.  —  LES  ABDA 

Aperçu  général.  —  Limitée  à  l'O.  par  l'Océan,  au  N.  par  la  plaine 
des  Doukkala,  à  TE.  par  la  plaine  de  Marrakech,  au  S.  par  l'oued 
Tensift,  la  région  des  Abda  a  une  superficie  d'environ  350,000  hect. 
comprenant:  le  Sahel,  bande  côtiôre,  de  20  à  30  k.  de  large  et  de 
90  k.  de  long,  surplombant  parfois  l'Océan  de  50  à  60  m.,  n'otfrant  que 
de  rares  abris  à  la  navigation,  et  assez  mamelonnée  à  l'intérieur; 
2°  une  plaine  de  75,000  hect.,  derrière  un  rideau  de  coteaux  de  100  à 
120  m.  d'alt.  et  dont  les  pentes  sont  cultivées,  très  riche  en  «  tirs  »  ou 
terres  noires  comparables  aux  sols  désignés  sous  le  nom  de  «  tcherno- 
zomes  »  en  Russie  méridionale;  plus  profonds  et  moins  argileux  que 
ceux  de  la  Chaouïa,  ces  «  tirs  »  constituent  la  terre  à  blé  par  excellence; 
3*^  Une  zone  de  collines  très  accidentées  s'élevant  à  une  ait.  de  600  m. 
limite  la  région  à  l'E.  et  tombe  à  pic  sur  le  bled  Ahmar,  «  le  pays  rouge  ». 
Les  habitants  s'y  livrent  à  l'élevage  du  cheval  dont  la  race  est  réputée, 
du  mulet  et  de  l'âne,  du  bœuf,  du  mouton,  de  la  chèvre  et  du  porc.  — 
Au  nombre  de  150.000,  les  indigènes  des  Abda,  de  race  et  de  langue 
arabes,  sont  travailleurs  et  commerçants.  Sédentaires,  ils  vivent  dans 
des  douars  et  des  «  azib  »  ou  fermes  disséminées  dans  la  région,  et 


124  —  [11] 


LES  ABDA. 


collaborent  volontiers  à  la  colonisation  européenne,  qu'elle  s'exerce 
directement  ou  par  la  voie  d'associations  agricoles. 

Itinéraires.  —  De  Safi,  il  est  possible  de  parcourir  le  pays  Abda  par 
les  cinq  routes  qui  y  rayonnent  comme  les  branches  d'un  éventail. 
Dans  cette  petite  région  plate,  où  les  sites  sont  très  éloignés  les  uns 
des  autres,  les  automobiles  sont  le  meilleur  mode  de  transport,  mais 
les  voitures  disponibles  à  Safi  sont  peu  nombreuses.  Il  n'existe  pas  de 
service  régulier  pour  des  points  autres  que  Mazagan,  Marrakech  et 
Mogador. 

En  dehors  de  Oualidia  et  de  Sidi  Aïssa,  précédemment  décrits  et 
qu'on  peut  comprendre  dans  la  zone  de  Safi,  nous  noterons  les  excur- 
sions suivantes  :  cap  Cantin,  lac  Zima  et  Tensift. 

1°  Cap  Cantin. 

30  k.  N.  —  Piste  muletière. 

Important  point  de  repère  pour  les  navigateurs.  Un  phare  à 
longue  portée  y  est  construit.  Non  loin  de  là,  abri  naturel  de 
Bedoussa. 

2°  Lac  Zima. 

69  k.  5.  S.-E.  —  Très  bonne  piste  aménagée,  autocyclablo  ;  route  en  cons- 
truction. Cette  «xcursion  traverse  les  Abda  de  l'O.  à  l'E.  et  permet 
d'en  saisir  toutes  les  caractéristiques. 

Le  parcours  s'effectue  en  entier  sur  la  route  de  Marrakech, 
sur  profil  accidenté,  avec  quelques  passages  pierreux  au  début. 

26  k.  Souk  Et  Tleta  Sidi  Embarek,  marché  du  mardi  et  station 
'de  monte.  Le  profil  de  la  route  est  ensuite  plus  plat. 

41  k.  Sidi  Mohammed  Tiji,  koubba  et  douar  à  proximité,  dans 
de  riches  cultures.  —  La  région  est  mamelonnée. 

63  k.  5.  Douar  Chiadmi,  puits. 

69  k.  5.  Souk  El  Khemis  du  Zima,  marché  du  jeudi,  en  pays 
Ahmar,  où  le  paysage  est  moins  sévère.  Le  lac  Zima,  au  S. 
de  la  route,  est  salé;  sa  profondeur  et  son  étendue  varient 
selon  la  saison.  Les  indigènes  des  environs  s'y  approvisionnent 
en  sel.  C'est  l'une  des  plus  importantes  salines  du  Maroc. 

De  Zima  a  Marrakech,  p.  126.  jj 

3"  L'oued  Tensift.  M 

61  k.  S.  —  Assez  bonne  piste,  accidentée  à  la  fin  du  trajet  ;  autocyclabïB 

Après  Safi,  la  route  prend  la  direction  S.-E.  et  traverse  la^ 
plaine  d'abord  sablonneuse,   puis  rocailleuse,  fréquemment 
bordée  d'enclos  de  pierres,  puis  entre  dans  la  région  des  «  tirs  " 
fertiles. 

28  k.  Souk  Es  Sebt  Guezzoula,  marché  du  samedi  et  agglomé- 
ration de  fermes  prospères  exploitées  par  la  voie  d'associations 
agricoles,  pour  l'élevage  et  la  production  des  céréales.  —  Le  pays 
qui  suit  est  admirablement  fertile  et  cultivé.  Sur  les  hauteurs, 
fermes  entourées  d'oliviers  et  de  figuiers.  Les  terrains  sont 
rouges  :  ce  sont  des  «  hamri  «». 


LAC  ZIMA,  — 


SOUIRA  GUEDÏMA,   £11]  —  125 


/  41  k.  Souk  Et  Tnine  des  Riat.  Sur  une  éminence,  emplacement 
^  d'un  marché  du  lundi, 

DE  SOUK  ET  TNINE- DES  RIAT  A  DAR  KAID  HADJI  (18  k.  S.-O.;  piste 
aménagée,  autocyclable),  par  Mkhalif  et  Souk  El  Had  Touabet.  A  3  k. 
de  Dar  Kaïd  Hadji,  se  trouve  la  vieille  kasba  Hamidouch,  très  intéres- 
sante (F.  ci-après,  4"^). 

Les  cultures  font  place  à  des  peuplements  de  palmiers  nains, 
puis  de  broussailles.  Après  le  passage  d'un  petit  col,  descente 
en  pente  d'abord  douce,  dans  un  chemin  encaissé,  puis  plus 
accentuée  dans  une  zone  d'arganiers.  La  route  dévale  ensuite 
vers  l'oued  Tensift  qu'on  traverse  à  gué. 

Uoued  Tensift,  qui  draine  les  eaux  du  Haouz  de  Marrakech, 
n'a  pas  plus  d'eau  à  cet  endroit  qu'il  n'en  a  dans  la  capitale, 
du  S.  :  il  a  été  précédemment  épuisé  par  les  irrigations.  La 
vallée  est  large  et  profonde. 

61  k.  Souk  El  Djemaa  des  Chiadma,  marché  du  vendredi,  sur 
la  rive  g.  de  l'oued  Tensift. 

De  Souk  el  Djemaa  a  Mogador,  p.  126,  A. 

4*"  Souîra  Guedima  et  le  Tensift  inférieur. 

31  k.  S.  —  Piste  aménagée,  autocyclable  ;  excursion  recommandée  pou- 
vant se  combiner  avec  celle  d'Et  Tnine  des  Riat  (  V.  ci-dessus,  3°)  par 
Dar  Kaïd  Hadji. 

Au  sortir  du  quartier  S.  du  Rabat,  la  piste  tourne  à  dr.  pour 
longer  l'Océan.  —  8  k.  Sidi  Er  jRazi^  après  lequel  on  rencontre 
quelques  zones  sablonneuses.  —  On  longe  ensuite  le  Djebel  El 
Ihoudi.  —  16  k.  Sidi  Deniane.  —  17  k.  Bir  El  Malah,  auprès  de 
la  falaise.  —  24  k.  Djebel  Rhorraba. 

31  k.  Souîra  Guedima  «  ancienne  enceinte  >>,  sorte  d'ouvrage 
avancé  de  Safi,  a  un  caractère  nettement  européen;  elle  est 
sans  doute  due  aux  Portugais.  Bâtie  sur  l'enracinement  d'une 
pointe  rocheuse,  elle  est  aujourd'hui  complètement  envahie  par 
les  dunes.  Son  enceinte  rectangulaire,  d'environ  40  m.  sur  25, 
est  construite  en  pierres  de  taille  scellées  an  plomb.  Elle  est 
llanquée  de  tours  aux  deux  angles  S.-E.  et  N.-O.  La  légende 
dit  que  les  pierres  en  furent  apportées  du  Portugal  et  que  la 
citadelle  fut  édifiée  en  une  nuit. 

A  proximité  se  trouve  l'autre  forteresse,  également  impor- 
tante, de  Dar  Hamidouch,  comprenant  deux  enceintes.  L'enceinte 
intérieure,  à  peu  près  carrée,  de  70  m.  de  côté,  est  entourée  exté- 
rieurement d'un  fossé  de  5  m.  de  profondeur,  franchissable  du 
côté  S.  au  moyen  d'un  pont  défendu  par  deux  fortins.  En  face 
du  pont,  le  rempart  est  percé  d'une  porte  à  baïonnette.  Des 
bastions  s'insèrent  aux  angles  et  sur  les  axes  des  remparts.  A 
rintérieur,  s'élevaient  des  magasins  constitués  par  5  voûtes  en 
briques,  et,  sur  le  côté  S.,  des  logements  et  un  oratoire. 
L'enceinte  extérieure  bastionnée,  de  150  m.  de  côté,  enserre  la 
première  dans  l'un  de  ses  angles  et  abrite  une  mosquée,  un 
mellah  et  d'autres  bâtiments  indéterminés. 


126  —  i  l21         DE  SAFI  A  MOGADOH. 

A  2  k.  de  Souïra  Guedima,  estuaire  de  l'oued  Tensift,  de  500  m.  de 
large,  au  voisinage  de  sables  mouvants.  Traversée  impraticable  au 
moment  des  crues. 

De  Souïra  Guedima  a  Mogador,  p.  127,  C;  —  a  Dar  Kaid  IIad.ii, 
p.  124,  3°. 


De  Safi  à  Marrakech. 

Autocyclisme  :  155  k.  —  Bonne  route  principale  n°  12,  construite  sur 
les  101  premiers  k.,  et      9  sur  le  reste  du  parcours. 

69  k.  0.  de  Safi  au  Lac  Zima,  p.  124,  2°.  —  La  route  se  poursuit 
à  profil  plat.  —  71  k.  5.  Caravansérail.  —  74  k.  5.  Douar  Heddi. 

81  k.  Sidi  Brahim.  —  87  k.  Marabout  de  Sidi  Mohammed.  A 
1  k.  S.,  douar  El  Hadjra.  En  avant,  apparaît  le  joli  cordon' 
coloré  des  Djebilet,  «  montagnettes  ». 

109  k.  Souk  et  Tleta  des  Ouled  Delim,  puits;  marché  du  mardi. 
—  120  k.  Dar  Kerkoug.  On  franchit  la  chaîne  des  Djebilet,  d'où 
l'on  domine  toute  la  plaine  du  Haouz  de  Marrakech. 

133  k.  Bir  Draoui,  puits;  douar  au  N. 

147  k.  5.  Gué  de  l'oued  Tensift.  En  cas  de  crue,  gagner  plus 
à  l'E.  la  route  de  Casablanca. 

155  k.  Marrakech  (p.  85).  ë 


12.  —  DE  SAPI  A  MOGADOR  | 

On  peut  se  rendre  de  Safi  à  Mogador  soit  par  la  voie  de  mer 
(V.  Voies  d'accès,  p.  60),  soit  par  la  voie  de  terre.  Celle-ci  est  la 
plus  rapide,  surtout  en  automobile.  La  route  de  l'intérieur 
est  très  pittoresque  sur  la  2^  moitié  du  parcours  (oued  Mramer 
et  forêt  d'arganiers). 

A,  —  Par  la  route. 

Autocyclisme.  160  k.  —  Bonne  piste  aménagée.  Route  principale  n"  11 
en  construction  sur  plusieurs  points  du  parcours. 

61  k.  de  Safi  à  Souk  El  Djemaa  des  Chiadma,  p.  124,  3"*.  —  Après 
le  passage  à  gué  du  Tensift  et  Souk  El  Djemaa,  la  route 
remonte  le  flanc  de  la  vallée  en  suivant  un  vallon  aux  pentes 
broussailleuses  et  boisées  d'arganiers. 

78  k.  Zaouïa  Mzilet.  Le  pays  reste  légèrement  accidenté.  — 
85  k.  On  atteint  la  vallée  très  pittoresque  de  l'oued  Mramer. 

86  k.  Sidi  Abd  Allah  Moul  el  Rhirane,  importante  agglomé- 
ration indigène  en  face  d'un  autre  gros  village,  Halouma,  bâti 
sur  le  flanc  droit.  Le  fond  de  la  vallée  est  garni  de  jardins  et 
de  vergers  luxuriants.  La  route  descend  en  corniche  sur  un 
parcours  de  plus  d'un  kilomètre,  au  pied  de  villages  pittores- 
quement  situés. 

88  k.  Sidi  Ali  Mzid,  marché  le  dimanche.  Après  une  légère 
montée^  le  pays  redevient  plat  et  couvert  de  brousse. 


DJEBEL  HADID. 


[12]  —  127 


97  k,  Aïn  Taftecht,  où  la  piste  rejoint  la  route  de  Marrakech 
à  Mogador.  (Pour  le  reste  du  parcours,  p.  103). 
160  k.  Mogador  (p.  128). 

B.  —  Par  la  piste  de  dar  kaïd  hadji. 

160  k.  —  Piste  aménagée,  autocyclable,  mais  assez  dure  sur  certains  ' 
points  du  parcours. 

41  k.  de  Safi  à  Souk  Et  Tnine  des  Riat,  p.  124,  3°;  de  ce  point 
à  (59  k.)  Dar  Kaïd  Hadji,  p.  125. 

84  k.  Souk  Et  Tleta  Kourati,  au  bord  d'un  oued  qui  n'a  d'eau 
qu'en  hiver,  ^alines  ainsi  qu'à  Sidi  Ali  Ben  Bouali.  La  piste 
longe  le  Djebel  Hadid  au  N.-O.  La  région,  d'abord  rocailleuse 
et  accidentée,  comporte  des  cotes  à  pente  très  raide.  Le  pays 
devient  ensuite  sablonneux. 

Le  Djehet  Hadid,  «  la  montagne  de  fer  »,  est  un  vaste  plateau 
incliné  aux  arêtes  rocheuses  et  durement.rectilignes  ne  dépas- 
sant pas  600  m.  d'alt=  Ses  flancs  sont  couverts  de  brousse,  de 
thuyas  et  d'arganiers  de  couleur  sombre  où  pullulent  sangliers, 
renards  et  chacals.  Médiocrement  riche,  il  est  raviné  par  des 
sources  fertilisantes  :  VOum  Et  Aïoun,  «  la  mère  des  sources  », 
(p.  128,  C)  et  VAïn  EL  Hadjar,  «  la  source  des  pierres  »,  qui  irriguent 
des  cultures  maraîchères  et  des  vergers  d'oliviers  et  de  gre- 
nadiers. La  population  se  compose  de  Ghiadma,  berbères  ara- 
bisés, vivant  dans  des  maisons  en  pierre  ou  des  noualas. 

100  k.  5.  Zaouïa  Mkermoud,  après  laquelle  le  terrain  est  plat 
avec  quelques  passages  sablonneux.  On  s'éloigne  peu  à  peu  du 
Djebel  Hadid. 

113  k.  5.  Dar  Cheikh  Ben  Haoud.  Le  pays  est  boisé  dans 
l'ensemble;  de  temps  à  autre,  quelques  taches  de  terrains 
cultivés. 

129  k.  Bir  Koaach,  puits  de  40  m. 

De  Bir  Kouach  à  Mogador  (14  k.  O.),  raccourci  par  une  piste  muletière. 

135  k.  Dar  Harabida,  où  la  piste  rejoint  la  route  de  Marra- 
kech à  Mogador.  Pour  le  reste  du  parcours,  p.  103. 
160  k.  Mogador  (p.  128). 

C.  —  Par  la  piste  côtière. 

107  k.     Piste  muletière  longeant  la  mer  sur  presque  tout  le  trajet;  pas- 
sage impraticable  de  l'oued  Tensift  au  moment  des  crues. 

31  k.  de  Safi  à  Souïra  Guedima,  p.  125, 4*".  —  Après  l'oued  Tensift, 
la  piste  continue  de  longer  le  rivage. 

41  k.  Arrimât  Et  Guemah,  dans  un  cirque  formé  par  les 
dunes  qui  sont  couvertes  d'arbustes.  —  51  k.  Koubha  de  Sidi 
Issçhak,  —  60  k.  Sidi  Abd  Atlah  Betiache. 

65  k.  Sidi  Salah,  —  69  k.  Sidi  Meftak,  sur  une  bande  de 
terre.  Au  S.-E.  s'élève  le  Djebel  Hadid  (F.  ci-dessus,  B).  La  piste 


128  —  [13] 


MOGADOR, 


suit  de  très  près  l'Océan  qu'elle  longe,  soit  sur  la  falaise  de 
10  m.'  de  hauteur,  soit  sur  la  plage. 

87  k.  Oam  El  Aïoun,  dans  un  vallon  (p.  127,  B).  —  89  k.  Zaouïa 
Zrektoum,  —  95  k.  Nzala  Chicht,  où  la  piste  descend  une 
falaise  rocheuse.  On  atteint  la  plage  sablonneuse,  bonne  à 
marée  basse,  et  on  entre  à  Mogador  par  Bab  Doukkala. 

107  k.  Mogador  {V.  ci-dessous). 


13.  —  MOGADOR 

Emploi  du  temps.  —  1  h.  30  à  2  h.  suffisent  pour  visiter  l'intérieur 
de  la  ville.  La  promenade  de  Diabat  ne  demandera  que  'i  h.  aller  et 
ret.  ;  si  l'on  veut  voir  en  même  temps  la  forêt  d'arganiers,  il  suffira  de 
prolonger  cette  deuxième  excursion  de  10  à  11  k.  dans  la  direction  de  ' 
Marrakech. 

MOGADOR  (en  arabe  :  Soaïra,  signifiant  «  la  petite  enceinte  »»  ; 
ethnique  :  Souïri),  port  de  mer  sur  l'Atlantique,  ouvert  au  com- 
merce, situé  par  35**  de  latitude  N.  et  13*^40'  de  longitude  0. 
du  méridien  de  Paris,  ch.-l.  du  Cercle  des  Haha  Ghiadma,  est 
peuplé  de  19,000  hab.  dont  500  Français  et  300  autres  européens, 
de  8,000  musulmans  et  10,000  israélites.  C'est,  avec  Debdou, 
l'une  des  cités  marocaines  où  le  chiffre  de  la  colonie  juive 
dépasse  de  beaucoup  celui  des  habitants  de  religion  différente. 

La  ville  est  construite  sur  une  basse  presqu'île  sableuse 
entourée  d'eau  de  presque  tous  les  côtés  pendant  les  fortes 
marées  d'hiver.  Ses  rues  sont  parfaitement  rectilignes.  «  Fan- 
taisie européenne  sur  un  thème  marocain  »  (Eugène  Aubin), 
son  architecte  fut  un  Français,  Cornut,  originaire  d'Avignon. 
Elle  est  fortifiée  «  à  la  Vauban  »  et  des  murailles  divisent 
intérieurement  la  ville  en  plusieurs  quartiers  dont  deux 
kasbas,  la  Médina  et  le  Mellah.  Elle  possède  un  réseau  complet 
d'égouts.  Son  eau  est  amenée  de  l'oued  Ksob  par  une  canali- 
sation de  4  k,  de  long. 

Les  jardins  se  trouvent  immédiatement  à  l'E.  de  la  ville  et 
d'autres  ont  été  créés  à  l'intérieur.  Au  N.  et  au  S.  existent  de 
grandes  plages,  mais  les  environs  sont  dénudés.  Un  long 
cordon  de  dunes  isole  complètement  Mogador  de  la  terre  fer- 
tile. Pour  établir  des  relations  faciles  avec  l'intérieur,  on  a  dû 
créer,  à  grands  frais,  une  route  dans  les  sables  et  sur  l'oued 
Ksob,  situé  à  6  k.  au  S.  —  A  1  k.  de  la  côte  se  trouve  l'île  de 
Mogador  qui  servait  autrefois  de  prison  d'Etat  du  Maroc. 

Le  climat  de  Mogador  est  égal  et  tempéré,  excellent  en  toute 
saison.  La  température  oscille,  hiver  comme  été,  entre  15  et 
25°,  elle  est  malheureusement  gâtée  par  les  vents  alizés 
chargés  du  sable  des  dunes  avoisinantes. 

Hôtels  :  —  Johnston  (Pl.  a  Bl),  salle  de  bains;  jolie  maison  mau- 

21  r.  de  l'Adjudant-Giraud  (12  ch.  resque)  ^rfeZa  Paîj;  (Biau;  Pl.  6  B -2), 

à  3.50  y  compris  le  pet.  déj.  ;  rep.  3,  r.  de  l'Adjudant-Giraud  (ch.  de  4  à  6, 

3.50,  v.  c,  pcns.  10  ;  chambre  noire,  rep.  0.75,  3). 


130  —  [13] 


MOGADOR, 


Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc^ 
près  du  Méchouar  ;  C'«  Algérienne  ; 
Crédit  Foncier  d'Algérie  et  de  Tuni- 
sie, près  du  Mecliouar. 

C'e''  de  Navigation  :  —  de 
Navigation  Paquet  (BouUe),  r.  de 
l'Adjudant- Giraud  ;  Générale 
Transatlantique  et  Dland  Line 
(Reutemann  et  fils);  Royal  Mail 
(Yuly  et  C^«). 

Voitures  de  louage  :  —  Mogador 
n'en  possède  pas. 

Garages  et  location  d'autos  :  — 
Boulle,  r.  Haddada;  Reutemann. 
La  location  se  compte  à  raison  de 
2  fr.  le  k.,  les  distances  étant  cal- 
culées sur  l'aller  et  le  ret.  Prix 
d'une  auto  particulière  pour  Mar- 
rakech, 500  à  600  fr.;  pour  Safi, 


400  à  500  fr.  ;  durée  du  trajet,  4  h. 

Bains  maures  :  —  établissement, 
r.  de  la  Médina,  1  fr. 

Tabacs  et  cigares  :  —  A  La  Ci- 
vette, av.  du  Chayla. 

Papeterie,  journaux,  cartes  pos- 
tales :  —  Mlle  Fouyssat,  av.  du 
C'nayla. 

Photographie  :  —  Jolmston,  r.  de 
l'Adjudant-Giraud  (travaux  pour 
touristes)  ;  Fouyssat,  av.  du  Chayla. 

Consulats  :  —  Angleterre  : 
à! Espagne  \  à' Italie  ;  de  Hollande  ; 
des  Etats-Unis;  de  Danemark  et  de 
Portugal. 

Spécialités  :  —  petits  meubles  en 
bois  d'arar  (thuya),  incrusté  de 
bois  de  citronnier,  de  noyer,  etc.  ; 
plateaux  en  cuivre  ciselé. 


Histoire.  —  Mogador  tire  son  nom  de  Sidi  Megdoul,  le  patron  actuel 
de  la  ville.  La  cité  fut  construite  sur  l'emplacement  de  l'antique  Tha- 
musiga  par  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah  en  1765.  Même  avant  sa 
fondation,  la  position  de  Mogador  avait  retenu  l'attention  de  la  France, 
qui  donna  au  chevalier  de  Razilly  la  mission  d'aller  occuper  ce  point  en 
1629,  dans  le  but  de  «  faire  le  commerce  des  peaux,  des  fers,  des  draps, 
de  la  poudre  d'or  et  des  plumes  d'autruche  ».  Mais  cette  expédition  ne 
réussit  pas.  Voici  dans  quelles  conditions  Sidi  Mohammed  fonda  la  ville  : 
Ce  souverain,  n'exerçant  qu'une  autorité  précaire  sur  les  ports  de 
Larache  et  de  Salé,  voulut  doter  ses  corsaires  d'un  port  d'attache  qu'il 
pût  toucher  en  toute  saison  et  d'où  il  pût  en  môme  temps  surveiller  la 
côte  S.  pour  empêcher  toute  exportation  clandestine.  A  cet  effet,  il  fit 
bâtir  la  Mogador  actuelle,  qu'il  dota  de  mosquées,  de  médersas  et  de 
fortifications.  Pour  attirer  des  commerçants  européens,  il  dispensa  les 
étrangers  de  toute  taxe  douanière.  Le  port  fut  ainsi  peuplé  en  peu  de 
temps. 

Après  la  bataille  d'Isly  (1844),  le  prince  de  Joinville  bombarda  la  ville, 
s'empara  de  l'îlot  situé  à  l'entrée  du  port  et  y  installa  une  garnison  de 
500  hommes  qui  s'y  fixa  jusqu'en  mars  1845,^  date  de  la  convention 
franco-marocaine  de  Lalla  Maghnia.  Le  souvenir  du  bombardement 
s'est  conservé  jusqu'à  nos  jours  :  un  chant  de  «  chikhat  »,  chanteuses 
indigènes,  le  perpétue.  —  En  raison  de  son  éloignement  de  la  capitale 
marocaine,  Mogador  a  été  un  moment  l'objet  des  convoitises  des  agi- 
tateurs du  S.  En  août  1906,  Anflous  entra  dans  la  ville,  commença  d'y 
exercer  son  autorité  en  prenant  en  mains  son  administration  et  en 
faisant  rentrer  tous  les  Juifs  dans  l'ancien  mellah.  Mais  il  s'enfuit  en 
septembre  à  l'apparition  du  vaisseau  français  Galilée.  En  octobre  1908, 
la  ville  fut  encore  le  théâtre  de  troubles  soulevés  entre  la  police  et  les 
troupes  hafidites;  depuis,  elle  a  recouvré  la  tranquillité. 

Départ  de  l'artère  principale,  avenue  du  Meghouar,  de  la 
porte  qui  la  sépare  de  la  rue  Haddada.  On  suit  cette  avenue, 
en  se  dirigeant  au  S.-O.  vers  le  port.  A  g.  grande  mosquée,  avec 
un  minaret  en  pierres  de  taille.  —  Plus  loin  à  g.,  une  rue, 
bordée  de  la  Banque  d'Etat  et  du  bureau  de  poste,  conduit  route 
de  Marrakech  par  Bab  Es  Seba. 

On  laisse  à  dr.  le  jardin  public,  limité  par  la  douane  que  l'on 
contourne  pour  atteindre  la  porte  de  la  Marine,  après  avoir 


MOGADOR.  [13]  —  131 

jeté  un  coup  d'œil  à  dr.  sur  un  ancien  bassin  à  barcasses  et  un 
bastion  armé  avec  une  tour  à  signaux. 

Cette  porte,  qui  ferme  jLentrée  du  port,  de  belles  proportions 
et  solidement  bâtie,  est  flanquée,  du  côté  de  la  mer,  de  deux 
colonnes  cannelées  et  engagées.  Au  fronto^,  une  inscription 
arabe  fait  remonter  la  date  de  la  construction  à  1184  de  l'Hégire 
(1760)  par  Sidi  Mohammed,  le  fondateur  de  la  ville. 

De  ce  point,  on  a  une  belle  vue  d'ensemble  sur  le  port 
{V.  ci-dessous),  sur  l'île  et  la  baie  de  Mogador  et  la  plage  S. 
plate  et  circulaire,  sur  l'ancienne  forteresse  (p.  132),  le  vieux 
palais  du  sultan  (p.  133)  et  le  village  de  Diabat  (p.  132)  qui 
s'estompent  dans  le  lointain. 

La  petite  baie  de  Mogador  est  protégée  à  l'O.  par  une  île  et  un 
groupe  d'îlots,  au  N.  par  le  prolongement  de  la  pointe  rocheuse  sur 
laquelle  est  assise  la  ville  ;  mais  elle  reste  ouverte  aux  vents  violents 
du  S.-O.  Un  port  s'imposant,  deux  jetées  sont  en  cours  d'exécution.  La 
jetée  O.  aura  295  m.  et  la  jetée  E.  285  m.  Deux  passes  de  40  et  de  20  m. 
donneront  accès  à  un  bassin  intérieur  d'une  superficie  de  4  hect.  dont 
les  fonds  seront  abaissés  à  1  m.  50.  Une  darse  de  180  m.  sur  60,  profonde 
de  1  m.,  sera  bordée  de  200  m.  de  quais.  Une  dépense  de  4  millions  est 
prévue  pour  le  port,  qui  servira  d'abri  aux  remorqueurs  et  aux  barcasses 
et  sera  muni  d'engins  de  manutention. 

Le  commerce  total,  qui  fut  de  20  millions  en  1915,  est  passé  en  191d  à 
25  millions  se  répartissant  sur  30,000  tonnes.  Aux  importations  s'ins- 
crivent :  tissus,  fers,  thés,  sucres,  matériaux  de  construction  ;  aux 
exportations  :  céréales,  amandés,  laines,  peaux,  alfa,  gommes. 

On  rentrera  en  ville  par  I'avenue  du  Ghayla,  au  fond  de 
laquelle  se  trouve  la  caserne  du  Chayla,  dont  l'entrée  s'orne 
d'un  curieux  décor  d'arabesques  géométriques  taillé  dans 
la  pierre. 

Tournant  immédiatement  à  g.  pour  passer  sous  les  voûtes 
d'une  rue  étroite,  on  se  rendra  aux  bureaux  de  la  Place  pour 
demander  au  commandant  d'armes  l'autorisation  de  visiter  la 
Skala,  ancienne  batterie  portugaise  d'un  réel  intérêt,  et  qu'on 
verra  aussitôt. 

La  "^Skala,  édifiée  en  face  de  l'île  de  Mogador,  est  une  plate- 
forme surélevée  de  près  de  200  m.  de  long,  bordée  du  côté  de 
l'Océan  de  créneaux  en  arrière  desquels  sont  encore  rangées 
de  nombreuses  pièces  d'artillerie  en  fer  et  en  bronze.  Parmi 
ces  dernières,  il  en  est  qui  furent  fondues  sous  Philippe  III, 
en  1595  et  en  1614;  d'autres  sont  de  1777  ou  postérieures  et 
sortent  des  ateliers  de  Séville  et  de  Barcelone.  L'extrémité  N. 
de  la  batterie  est  dominée  par  un  bastion  solidement  construit, 
armé  lui-même  de  canons.  A  l'étage  inférieur,  des  locaux 
nombreux  étaient  destinés  à  abriter  les  hommes  et  les  muni- 
tions et  à  recevoir  des  réserves  d'eau. 

De  la  Skala,  on,  se  rendra  rue  de  la  Medina,  d'abord  bordée 
de  boutiques  de  petits  marchands  (remarquer  quelques  cise- 
leurs de  plateaux  en  cuivre  jaune)  et  desservant  le  quartier 
des  Beni  Antar  et  le  mellah.  Après  avoir  vu,  de  la  terrasse  de  la 
minoterie  française,  un  peu  en  retrait  à  g.,  le  panorama  sur  la 


132  —  [13] 


MOGADOR, 


ville  et  sur  la  mer,  aller  jusqu'au  bout  du  quartier  Israélite, 
en  passant  devant  le  sanctuaire  de  Moulay  Ahd  El  Kader  El 
Mali  et  joindre  Bah  Doukkala,  au  N^de  la  ville,  d'où  part  la 
piste  cutière  de  Safi.  A  l'extérieur  .  quelques  jardins,  télé- 
graphie sans  fil,  tours  ruinées  qui  furent  probablement  d'anciens 
moulins  à  vent  et  plage  de  Safi. 

Revenir  en  ville  par  la  rue  du  Lieutenant-Gazes,  qui  traverse 
le  marché  à  son  point  de  croisement  avec  la  rue  du  Dar  El 
Makhzen  :  celle-ci  conduit,  au  S.-O.,  à  Bah  Marrakech, 

L'emplacement  du  n^arché  est  marqué,  à  dr.  par  un  souk 
dont  les  boutiques  s'alignent  derrière  une  galerie  soutenue  par 
des  colonnes  en  pierre,  à  g.  par  d'autres  souks  assez  curieux 
à  voir. 

Sur  le  côté  g.  de  la  rue  Haddada,  prolongeant  la  rue  du  Lieu- 
tenant-Gazes et  ramenant  au  Mechouar,  on  s'arrêtera  devant 
les  boutiques  des  éhénistes  indigènes. 

Mogador  possède  des  artisans  qui  se  sont  spécialisés  dans  la  confec- 
tion de  petits  meubles  en  bois  d'arar  (thuya)  :  tables,  cotfrets,  cadres,  etc., 
ornés  de  sculptures,  d'incrustation  de  bois  précieux  :  noyer,  citron- 
nier, ébène,  écaille,  etc..  ou  de  bois  très  finement  tournés  analogues 
aux  moucharabies  d'Egypte. 

Environs.  —  1®  Iles  de  Nogador  (800  m.  S.;  1  h.  aller  et  ret.  en 
barque  ou  en  canot  automobile  à  demander  à  l'une  des  C'*^*  de  navi- 
g:ation).  —  Cette  agréable  promenade,  à  faire  par  beau  temps,  permet 
de  voir  Mogador  sous  un  aspect  très  différent.  Dans  l'île  principale  se 
trouve  un  bassin  central  où  I  on  accède  par  deux  arches  creusées  par 
les  flots;  des  pigeons  y  vivent  en  grande  quantité.  Dans  l'autre  île, 
seule  habitée,  on  remarque  des  emplacements  de  batteries,  une  prison 
fermée  par  quatre  murs,  et  une  mosquée  en  bon  état. 

2"^  Diabat  (4  k.  S.;  très  bonne  route;  2  h.  aller  ec  ret.  Promenade 
recommandée  pouvant  se  faire  à  pied.  Les  touristes  désireux  de  faire 
l'excursion  à  cheval  ou  à  mulet  s'adresseront  d'avance  à  I  hôtel).  —  On 
sort  par  l'une  des  deux  portes,  Bab  Marrakech  ou  Bab  Es  Seba,  pour 
prendre  la  route  de  Marrakech  qui  longe  la  canalisation  amenant  les 
eaux  de  l'oued  Ksob  en  ville. 

1  k.  Phare  {en  construction)  constitué  par  une  tour  en  maçonnerie  qui 
recevra  un  feu  de  position  destiné  à  éclairer  la  baie  de  Mogador.  —  A 
100  m.  en  arrière,  sur  une  éminence  sableuse,  sanctuaire  de  Sidi  Meg- 
doul,  patron  de  la  ville  et  saint  très  vénéré.  Au  delà,  ligne  ininter- 
rompue de  dunes  dont  quelques-unes,  très  hautes,  donnent  à  ce  coin 
l'aspect  d'un  paysage  saharien. 

A  partir  de  ce  point,  l'établissement  de  la  route  a  nécessité  de  coû 
teux  travaux.  La  chaussée  est  retenue  par  une  double  ligne  de  murs  en 
maçonnerie  dont  l'intérieur  a  été  comblé  de  sable,  puis  a  reçu  un 
empierrement.  Cette  chaussée  se  poursuit  sur  un  pont  de  pierres  à  ■ 
18  arches,  construit  en  1917-1918  sur  l'oued  Ksob  et  dont  le  coût  a  atteint 
près  d  un  million. 

4  k.  Diabat,  village  indigène,  sans  intérêt,  de  quelques  masures  avec 
mosquée  et  minaret,  situé  sur  la  rive  g.  et  près  de  l'embouchure 
l'oued  Ksob.  De  là,  on  a  une  magnifique  vue  d'ensemble  sur  Mogador 
toute  blanche,  sa  baie  et  son  île. 

Près  de  Diabat,  du  côté  de  la  mer,  se  trouve  un  ancien  palais  du  Sul- 
tan aujourd'hui  complètement  ensablé.  La  construction  comprenait  une 
çnceinte  carrée  flanquée  à  chacun  de  ses  angles  intérieurs  d'un  pavillon 


DIABAT,  —  LA  FORÊT  D'ARGANIERS.    [13]  —  133 


à  un  étage  et  à  toit  pyramidal  recouvert  de  tuiles  vertes.  Les  parois 
des  salles  étaient  décorées  de  zellijs  multicolores,  de  plâtres  sculptés 
et  les  plafonds  étaient  peints.  Au  centre  de  la  cour,  restes  d'une  habita- 
tion avec  péristyle  soutenu  par  trois  arcs  et  des  colonnes  en  marbre  s 
sculpté  de  médiocre  style. 

Enfin,  à  quelques  centaines  de  mètres  de  ce  palais  et  sur  la  plage, 
s'élèvent  les  ruines  d'un  vieux  fort  qui,  par  sa  position  en  face  do  l'île 
de  Mogador,  commandait  l'entrée  de  la  baie.  Miné  sans  doute  par  la 
marée,  l'ouvrage  s'est  ouvert  en  deux.  Il  devait  avoir  environ  50  m.  de 
diamètre  et  s'élever  à  4  ou  5  m.  au-dessus  des  plus  hautes  eaux.  Sa 
plate-forme  supérieure,  circulaire,  était  destinée  à  recevoir  des  canons 
qu'abritait  une  imposante  barrière  percée  de  larges  embrasures.  Un 
chemin  de  ronde,  protégé  par  un  autre  mur  extérieur  crénelé,  faisait  le 
tour  de  la  forteresse.  A  Tintérieur  de  cette  masse  étaient  ménagées  des 
casemates  pour  recevoir  les  munitions.  Le  tout,  construit  en  un  très 
solide  béton,  serait  l'œuvre  de  renégats  européens.  Le  rôle  de  ce  fort, 
autrefois  occupé  par  une  douzaine  d'hommes,  était  de  surveiller,  jour  et 
nuit,  la  mer  et  l'arrivée  des  barcasses  qui  empruntaient  la  passe  S. 
alors  praticable. 

3**  Hôtel  Palmera  (10  k.  S.  ;  route,  puis  piste  autocyclable).  —  4  k. 
de  Mogador  à  Diabat  (  V.  ci-dessus,  '2°).  On  suit  encore  la  route  de 
Marrakech  pendant  3  k.  pour  prendre  une  piste  à  dr.  —  10  k.  Hôtel 
Palmera  (actuellement  fermé),  établi  par  des  Anglais,  en  pays  brous- 
sailleux et  boisé,  en  beau  terrain  de  chasse. 

4*^  La  forêt  d'arganiers  (15  k.  S.-E.  ;  à  faire  sur  la  route  autocyclable 
de  Marrakech.  Les  personnes  venant  de  la  capitale  du  Sud  ou  s'y  rer^- 
dant  traverseront  la  forêt  en  plusieurs  de  ses  points).  —  Mogador  est 
entourée  d'une  forêt  qui  s'étend  en  pays  Chiadma  au  N.,  Haha  au  S., 
parallèlement  à  l'Océan,  sur  une  profondeur  de  40  à  50  k.  et  une  lon- 
gueur d'env.  150.  Cette  forêt  est  peuplée  d'une  essence  spéciale,  ïarga- 
nier  (argania  sederoxylon)  avec  feuilles  persistantes  comme  celles  de 
l'olivier,  au  tronc  noueux  et  bas,  n'atteignant  pas  plus  de  5  à  6  m.  de 
hauteur.  Cet  arbre  croît  sur  tous  les  terrains  et  à  des  altitudes  variant 
de  quelques  mètres  à  mille  mètres,  sans  former  de  forêts  touffues.  Les 
plants  en  sont  très  espacés  et  apparaissent  au  loin  comme  autant  de 
taches  noires  sur  un  sol  nu.  Le  bois  est  dur  et  de  couleur  jaune  ;  on 
en  fait  un  excellent  charbon.  Les  feuilles  servent  à  l'alimentation  de 
la  chèvre  et  du  chameau.  Son  fruit,  Vargnn,  drupe  semblable  à  une 
grosse  olive,  est  avalé  par  les  bovidés  et  les  chameaux  au  pâturage; 
la  pulpe,  d'une  réelle  valeur  nutritive,  est  digérée.  Le  noyau,  rejeté, 
est  recueilli  par  les  indigènes  qui  de  l'amande  extraient  ïhuile  d'argan, 
d'une  couleur  brune,  d'une  saveur  peu  agréable  mais  néanmoins  recher- 
chée. Les  tourteaux  d'argan  servent  également  à  la  nourriture  des  cha- 
meaux et  des  bêtes  à  cornes. 

La  forêt  d'arganiers  se  prolonge  jusque  dans  la  vallée  du  Sous.  Sur 
certains  points,  elle  renferme  quelques  autres  essences,  notamment  le 
genévrier  de  Phénicie,  le  thuya  «  arar  >  fournissant  la  gomme  sanda- 
raque  utilisée  en  Europe  dans  la  fabrication  de  certains  vernis  et  de 
cires  à  cacheter. 

De  Mogador  a  Marrakech,  p.  102;  —  a  Safi,  p.  126;  ~  a  Agadir, 
V.  ci-dessous. 

Les  ILES  Canaries  et  Madère.  —  La  Roycf,l  Mail  Steam  C°  assure  un 
service  mensuel  de  la  côte  atlantique  marocaine  qu'elle  quitte  en  dernier 
lieu  à  Mogador  pour  les  îles  Canaries  et  Madère  en  touchant  Las  Pal- 
mas,  Ténériffe  et  Madère  avant  de  retourner  en  Angleterre. 

Prix  respectifs  pour  la  1«  cl.  :  4  £  15  s.  ;  5  £  15  s  ;  6  £  10  s. 


134  —  [14]      DE  MOGADOR  A  AGADIR. 


14.  —  DE  MOGADOR  A  AGADIR 

Cet  itinéraire  ne  peut  être  parcouru  qu^avec  l'autorisation 
de  l'autorité  militaire,  dont  la  recommandation  est  en  outre 
fort  utile  en  cours  de  route  pour  s'assurer  des  gîtes.  Deux  voies 
peuvent  être  indifféremment  suivies  :  celle  de  l'intérieur,  par 
Dar  El  Guellouli,  la  plus  pittoresque,  et  celle  du  littoral.  Nous 
les  décrirons  toutes  deux.  —  Les  amateurs  de  camping  pour- 
ront ici  se  livrer  à  leur  sport  favori. 

A.  —  Par  l'intérieur. 

Camping  :  154  k.  en  5  étapes  variant  de  24  à  37  k. 

10  k.  de  Mogador  à  Hôtel  Palmera,  p.  133,  3°.  —  16  k.  Bou  Tazert, 
village  en  ruines  d'où  émergent  des  sortes  de  donjons  portu- 
gais. —  La  piste  devient  caillouteuse  et  rocheuse.  —  18  k. 
Sidi  Mohammed  Salia.  —  28  k.  Tidourine,  à  l'O.  Passage  à  gué 
de  l'oued  Tidsi,  dont  la  vallée  est  très  accidentée. 

37  k.  Souk  El  Had  Smimou,  auprès  duquel  on  campe.  Marché 
le  dimanche.  Au  S.,  zaouia  de  Sidi  Bou  Zekri,  dans  la  tribu  des 
Ida  Ou  Issarene. 

A  proximité,  ruines  de  Z>ar  El  Kadi,  théâtre  de  deux  combats  engagés 
par  les  troupes  françaises  en  1912.  (Piste  à  dr.  de  10  k.  sur  Sidi  Rja  et 
Sidi  Embarek,  p.  135,  B.) 

Le  pays  est  rocailleux,  rocheux  et  très  accidenté.  —  42  k. 
Gol  favorable  aux  embuscades.  —  45  k.  Dar  Cheikh  Bou  Djema, 
marché  du  mercredi.  —  50  k.  Passage  de  l'Asif  Iguezoullene 
qui  coule  dans  une  vallée  tourmentée. 

61  k.  Dar  El  Guellouli,  grande  kasba  à  plusieurs  enceint<îs, 
résidence  du  caïd  Abd  Er  Rahmane  Ben  Mahjoub  El  Guellouli, 
abritant  des  habitations  et  des  jardins.  Un  menzeh  «  pavillon  » 
domine  tout  le  pays.  Marché  du  dimanche  des  Ida  ou  GuellouL 

—  La  région,  toujours  accidentée,  est  boisée  d'arganiers.  Par 
endroits,  dalles  glissantes.  —  66  k.  Zaouia  Sidi  Lahssene.  — 
69  k.  Marché  du  mercredi  des  Ida  Ou  Irouma.  —  74  k.  Lalla 
Meriem  Yahia  (Gheikh  Hadj  Ali  Ziane).  L'arganier  se  fait  plus 
rare.  —  86  k.  Agadir  Imoucha.  —  89  k.  Zaouia  Tagaïout,  occupée 
par  le  cheikh  ElHadj  Guellouli.  A  proximité,  source  d'Ain  Hofra. 

—  93  k.  Dar  El  Hadj  El  Housseïii.  —  La  piste  suit  le  fond  d'un 
ravin  et  n'a,  par  endroits,  qu'un  mètre  de  large.  Elle  s'élargit 
à  la  sortie  S.  et  devient  sablonneuse.  —  103  k.  Sidi  Bou  Zekriy 
où  se  trouve  une  médersa,  et  traversée  de  l'oued  Asif  Ait  Ameur, 
infranchissable  lors  des  crues. 

111  k.  Cap  Rhir,  pointe  occidentale  du  grand  Atlas.  Terrain 
accidenté.  —  113  k.  Sidi  Bou,  Addou.  —  123  k.  Nzala  Amesmas, 
La  piste  suit  désormais  le  bord  de  l'Océan,  d'abord  en  corniche 


AGADIR.  [14J  —  135 

jusqu'à  (131  k.)  i'Asif  Oua^uedal,  puis  sablonneuse  jusqu'à 
(143  k.)  Zaouîa  Tamerakt  (200  feux;  marché  du  jeudi  des  Ait  El 
Makhzen)  et  enfin  rocheuse  jusqu'à  l'arrivée. 
154  k.  Agadir  (p.  135). 

B.  —  Par  la  piste  gôtière. 

Camping  :  158  k.  env.  en  5  dures  étapes  variant  de  25  à  37  k. 

10  k.  de  Mogador  à  Hôtel  Palmera,  p.  133,  3°,  A  Palmera,  on 
prend  la  piste  à  dr.  —  16  k.  Renini,  agglomération  d'une 
dizaine  de  maisons. 

19  k.  Sidi  Kaouki,  zaouîa  et  marabout  au  bord  de  la  mer, 
auprès  d'un  bois  épais  et  dans  une  zone  de  grands  genêts.  — 
22  k.  Oued  Tizi.  On  foule  la  plage.  —  26  k.  Oued  Takarouiht, 
après  lequel  le  terrain  est  boisé  d'arganiers.  —  32  k.  Oued 
Arbalou  et  koiibba  de  Sidi  Embarek.  A  4  k.  S.-E.,  village 
d'Arbaloii,  auprès  d'une  source  captée  dans  un  bassin  en 
pierre  d'une  contenance  de  60  m.  cubes  et  dont  les  eaux 
irriguent  ha  vallée  par  le  moyen  de  deux  séguias. 

Du  marabout  de  Sidi  Rja,  situé  à  l'E.,  une  piste  conduit  à  (10  k.) 
Souk  El  Had  Smimou,  p.  134.  A. 

,  La  piste  traverse  une  région  difficile  et  boisée.  —  41  k. 
Citerne  de  Djama  Tamjiet.  —  44  k.  Citerne  Timesguida  El 
Ganat,  près  d'un  petit  bois.  On  atteint  le  plateau  de  Taguent 
par  un  col  étroit  d'où  l'on  découvre  la  vallée  de  l'Asif  Iguez- 
zoulene  et  les  montagnes  qui  le  dominent. 

54  k.  Asif  Iguezzoulene,  campement  sur  les  bords  de  l'oued 
qui  forme  un  vaste  cirque  dominé  par  des  falaises  rocheuses. 
L'eau  est  légèrement  salée.  —  60  k.  Bir  Assoufid,  à  la  sortie 
de  la  forêt  d'arganiers.  —  63  k.  Djemaa  Assoufid,  puits.  — 
73  k.  Dar  Imerditsene,  puits.  —  79  k.  Tillelt,  source  abondante 
à  quelques  minutes  de  Dar  Cheikh  Ouanir. 

93  k.  Zaouîa  Tagaïout,  où  la  piste  côtière  rejoint  la  piste  de 
l'intérieur.  Pour  le  reste  du  trajet,  V.  ci-dessus,  A,  p.  134. 

158  k.  Agadir  Irir  est  situé  sur  l'Atlantique,  à  quelque  dis- 
tance au  N.  de  l'embouchure  de  l'oued  Sous.  Sa  population, 
d^un  chiffre  peu  élevé,  se  groupe  :  1"  dans  une  citadelle  de 
250  m.  de  long  sur  40  à  50  m.  de  large,  véritable  nid  d'aigle 
assis  sur  une  hauteur  dominant  l'Océan  de  220  m.;  2°  dans  un 
village  de  pêcheurs,  Fountt  (en  ar.  Taftent),  construit  sur  le 
rivage.  Des  chemins  tortueux  et  malaisés  réunissent  ces  deux 
agglomérations  qui  abritent  chacune  environ  500  hab.  Les 
européens  se  portent  au  N.  et  au  S.  du  village  de  Founti, 
c'est-à-dire  aux  points  où  se  concentrent  les  travaux  du  port. 

Histoire.  —  Les  origines  d'Agadir  sont  encore  mal  connues.  Il  semble 
qu'un  aqueduc,  antérieur  aux  Almohades,  fut  construit  pour  amener 
l  eau  d'Aoulouz  à  Agadir.  —  Santa  Cruz  du  Cap  d'Aguer,  ainsi  nommé 
pour  le  distinguer  de  Santa  Cruz  de  Mar  Pequena,  fut  conquis  en  1505 
par  le  Portugais  Juan  Lopez  de  Segueira,  agissant  de  sa  propre  initia- 


136  —  [15] 


LE  SOUS. 


tive.  Le  roi  Emmanuel  (1495-1521)  informé  de  l'importance  de  cette 
position,  remboursa  Segucira  de  ses  frais  et  y  construisit  une  place 
forte.  La  ville  prit  alors  les  proportions  d'un  centre  commercial  assez 
actif  et  toute  la  contrée  avoisinante  se  soumit  au  tribut.  Les  relations 
commerciales  s'étendaient  môme  jusqu'à  Taroudant.  Mais  peu  après, 
les  Portugais  furent  chassés  de  ce  point  (1541)  par  Moulay  Mohammed 
El  Harrane,  fils  du  saadien  Moulay  Mohammed  Ech  Cheikh,  après  un 
long  siège  et  un  assaut  meurtrier.  «  Le  gouverneur  se  rendit  et  sa  fille, 
Dona  Mencia,  devint  la  femme  du  Chérif  de  Marrakech  »  (Aug.  Bernard). 
—  Le  port  fut  fermé  au  commerce  par  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah 
vers  1765,  époque  à  laquelle  il  créait  Mogador.  11  n'a  pas  été  réouvert 
depuis.  —  C'est  devant  Agadir  que  l'Allemagne  envoya,  en  juillet  1911, 
le  navire  de  guerre  Panther.  On  sait  que  cette  mesure,  prise  sous  le 
prétexte  que  la  région  avoisinant  le  port  était  troublée  et  que  les 
intérêts  allemands  étaient  menacés,  faillit  déchaîner  une  guerre  avec 
la  France.  —  La  place  prit  part  à  l'insurrection  hibiste  de  1912,  mais 
fut  reprise  par  les  troupes  chérifiennes  en  1913,  puis  occupée  par  des 
troupes  françaises.  Au  printemps  de  1917,  le  général  de  Lamothe  y 
entra  venant  de  Marrakech  avec  une  colonne  qui  effectua  alors  une 
tournée  de  police  dans  toute  la  contrée. 

Non  ouvert  au  commerce  international,  le  port  d'Agradir,  le 
plus  méridional  du  Maroc,  n'est  utilisé  que  pour  les  besoins 
militaires.  Peu  après  l'arrivée  des  troupes  françaises,  il  fut 
doté,  vers  le  S.,  d'une  jetée  de  30  m.  qui  sera  prolongée  de 
150  m.  Au  N.  on  a  commencé  la  construction  d'une  digue  de 
300  m.  se  dirigeant  vers  le  S.-S.-O.,  puis  vers  Je  S.,  et  qui 
abritera  des  fonds  de  7  m.  où  pourront  ancrer  les  navires  de 
quelque  tonnage.  En  raison  du  calme  relatif  de  la  mer  dans 
ces  parages,  de  la  configuration  favorable  de  la  côte  et  de  sa 
situation  à  proximité  du  Sous,  le  port  d'Agadir  est  appelé  à 
prendre  quelque  développement. 

D'Agadir  a  Marrakech,  p.  104;  —  a  Taroudant,  p.  137  ;  —  a  Tiznit. 
p.  138. 


15.  —  LE  SOUS 


Aperçu  général.  —  Cette  province  s'étend  sur  200  k.  de  longueur 
entre  l'Océan  et  le  Djebel  Siroua  (3,300  m.  d'alt.)  et  dans  l'angle  com- 
pris entre  le  Haut  Atlas  et  l'Anti  Atlas;  elle  est  arrosée  par  l'oued 
Sous  et  ses  affluents.  Sa  superficie  est  do  "20,000  k.  carrés.  La  popula- 
tion, de  près  de  400,000  hab.,  est  de  race  et  de  langue  berbère;  elle 
se  livre  à  l'émigration  temporaire  et  s'adapte  facilement  aux  travaux 
européens. 

Pays  de  transition  entre  la  zone  méditerranéenne  et  la  zone  tropi- 
cale, le  Sous  jouit  d'un  climat  torride  en  été. 

On  a  longtemps  cru  que  le  Sous  est  un  pays  excessivement  riche.  La 
réalité  serait  plus  modeste.  Toutefois,  l'abondance  des  eaux  permet 
l'irrigation  de  vastes  terrains  où  les  céréales  croissent  bien  dans  les 
parties  basses  de  la  vallée.  De  plus  le  coton  et  la  canne  à  sucre,  déjà 
introduits  dans  la  contrée  avant  l'arrivée  des  Français,  sont  susceptibles 
de  bons  rendements.  Enfin,  l'arganier  et  le  thuya,  qui  peuplent  les 
pentes  de  la  vallée,  peuvent  être  Tobjet  d'utilisations  intéressantes. 
Les  ressources  les  plus  appréciables  seraient  les  minerais  :  cuivre 


TAROUDANT. 


[15]  -  137 


déjà  exploité  par  les  indigènes,  plomb,  sel  gemme,  phosphate  de  chaux 
forment,  dit-on,  d'importants  gisements. 

Excursions.  —  L'heure  n'est  pas  encore  venue  des  excursions  libre- 
ment faites  dans  le  Sous.  Nous  donnons  néanmoins  quelques  renseigne- 
ments sur  le  parcours  d'Agadir  à  Taroudant  et  à  Tiznit  pour  le  jour  où 
elles  seront  possibles.  Pas  de  routes,  pistes  muletières. 

l**  D'Agadir  à  Taroudant. 

60  k.  env.  E.  —  Piste  muletière,  d'un  parcours  facile. 

La  piste  longe  la  plage  jusqu'à  Tanant  Er  Roumi  et  re- 
monte la  rive  dr.  de  l'oued  Sous,  riche  et  peuplée,  en  traver- 
sant un  assez  grand  nombre  de  petits  affluents  ravinés  et 
transformés  en  torrents  après  les  grandes  pluies.  Elle  passe 
successivement  à  Tikiouine  (50  feux),  Draga,  (20  feux),  Igouder 
(20  feux),  Tagadirt  (50  feux),  Tadaouart  (25  feux),  AU  Baha 
(30  feux),  Knibich  (50  feux).  Entre  Tikiouine  et  Knibich,  elle 
suit  la  lisière  méridionale  d'une  forêt  d'arganiers  et  de  thuyas. 

38  k.  Souk  Et  Tnine  des  Oiiled  Teïma,  zaouïa  et  marché  du 
lundi,  en  tribu  Haoura,  fréquentés  par  les  aborigènes,  les 
Ksima,  les  Mesguina  et  les  Ida  Ou  Zika. 

La  piste  traverse  longtemps  une  forêt  clairsemée  d'arganiers. 
Les  principaux  villages  rencontrés  sont  :  Adouz  (60  feux); 
Ouled  Seghir  (100  feux);  Ahel  Bahrir  (100  feux);  Oaled  Brahim 
(100  feux);  Ouled  Moumene  (100  feux),  où  cesse  la  forêt  d'arga- 
niers; zaouïa  Ansala,  dont  les  chefs  sont  de  gros  propriétaires 
fonciers;  Kchachda  (70  feux);  Tala  (60  feux).  On  pénètre  alors 
dans  des  jardins  plantés  d'oliviers. 

60  k.  Taroudant  (ethn.  :  Roudanï),  ville  indigène  située  dans 
un  étranglement  de  la  vallée  de  l'oued  Sous,  à  5  k.  de  la 
rive  g.  du  fleuve.  Ancienne  capitale  du  Sous,  elle  est  peuplée 
de  6,000  hab.,  dont  1,000  Israélites  enfermés  dans  un  mellah 
mal  entretenu. 

Histoire.  —  En  1030,  alors  qu'elle  était  occupée  par  les  Rafida,  secte 
chiite  constituée  par  Er  Rafdi,  qui  avait  été  chassé  d'Ifrikia  pour  son 
hérésie,  Taroudant  fut  assiégée  et  emportée  d'assaut  par  les  Almora- 
vides.  Taroudant  est  de  fondation  très  ancienne,  mais  encore  indéter- 
minée. Ayant  recouvré  un  moment  son  indépendance,  elle  fut  conquise 
par  les  Mérinides  qui  en  firent  la  capitale  du  Sous,  la  fortifièrent  et 
l'embellirent.  Mais  elle  parvint  encore  à  reprendre  sa  liberté  ;  elle  fut 
alors  gouvernée  par  quatre  principaux  notables,  dont  les  attributions 
duraient  six  mois.  Au  xvi^  s.  elle  entretint  avec  le  Soudan  d'impor- 
tantes relations  commerciales.  Elle  devint  un  centre  d'action  des  chérifs 
saadiens  et  fut  pendant  quelque  temps  leur  capitale.  La  plupart  des 
princes  de  cette  dynastie  y  firent  des  séjours  assez  prolongés.  La  créa- 
tion de  Mogador  et  la  fermeture  d'Agadir  au  commerce  maritime  par 
Sidi  Mohammed  (1760)  ruina  la  ville.  —  Après  la  mort  de  Moulay 
El  Hassane  qui  y  avait  installé  solidement  son  autorité,  la  ville  fut 
l'objet  de  nouvelles  convoitises  (1898);  les  caïds  Haïda  Ou  Mouïs 
Ei  Menebhi,  El  Hadj  Dris  El  Yahaoui,  Mohammed  Ould  Bou  Mehdi 
El  Houaraoui  essaient  de  s'en  emparer  et  d'en  chasser  la  garnison 
makhzen,  mais  sans  résultat,  grâce  à  l'énergique  attitude  du  caïd 


138  -  [15] 


riZMT. 


Ahmed  Ould  Kabba  Ecli  Chiadmi.  Mais  ce  dernier  est  bientôt  assassiné 
par  ses  ennemis  et  Ei  Hiba  fait  de  Taroudant  le  siège  de  sa  résistance. 
Il  s'y  maintient  jusqu'au  printemps  de  1913,  époque  à  laquelle  la  ville 
est  reprise  par  les  mehallas  cliérifiennes.  —  Le  général  de  Lamothe  y 
entra  le  5  mai  1917. 

Uenceinie  actuelle,  de  remparts  fauves  régulièrement  bas- 
tionnés  et  crénelés,  de  5  à  6  m.  de  hauteur  et  de  plusieurs  k. 
de  pourtour,  enserre  la  ville  et  d'immenses  jardins  et  vergers 
où  croissent  des  oliviers  centenaires  occupant  les  deux  tiers 
de  l'espace  encerclé.  Elle  serait  la  troisième  en  date,  et  contem- 
poraine de  Moulay  Ismail  (fin  xvn^  s.  ou  commencement  du 
xvni*"  s.).  Son  périmètre  enfin  serait  plus  réduit  que  celui  des 
enceintes  primitives. 

Les  maisons,  modestes,  sont  bâties  en  pisé  rougeâtre.  La  ville 
ne  compte  pas  de  palais.  Quelques  mosquées,  mal  entretenues, 
dressent  cependant  dans  le  ciel  leurs  charmants  minarets. 

L'industrie  indigène  de  Taroudant  est  représentée  par  des 
fabriques  de  babouches  et  sacs  de  cuir,  d'articles  de  chaudron- 
nerie et  de  cuivrerie,  d'armes  et  de  poignards,  quelques  poteries. 
Les  métaux  sont  aujourd'hui  importés  d'Europe;  les  indigènes 
sauraient  toutefois  les  extraire,  en  particulier  le  cuivre  prove- 
nant de  gisements  situés  au  N.  de  la  ville. 

Le  climat  de  Taroudant,  agréable  en  hiver,  est  torride  en  été. 

De  Taroudant  a  Tiznit,  p.  139. 


2°  D'Agadir  à  Tiznit. 

87  k.  S.  —  Piste  muletière  en  4  étapes. 

Le  départ  a  lieu  en  terrain  plat  et  broussailleux.  Les  autoch- 
tones «  chleuh  »  habitent  des  maisons  groupées  en  douars 
qu'entourent  des  massifs  de  figuiers  de  Barbarie.  Souvent  de 
hautes  tours  de  guet  s'élèvent  au-dessus  des  agglomérations. 
—  12  k.  Traversée  de  l'oued  Sous,  profond  dans  cet  endroit 
d'env.  0  m.  50  et  large  de  25  à  30  m.  auprès  du  souk  Et  Tleta 
d'Imsgane,  marché  du  mardi  des  Ksima,  très  fréquenté.  — 
13  k.  El  Mzar  (90  feux);  forêt  d'arganiers  à  l'E.  —  24  k.  Talmd 
(30  feux),  à  la  lisière  0.  d'une  grande  foret  d'arganiers.  —  36  k. 
Inchadem  (200  feux). 

40  k.  Dar  Kaïd  El  Houssine  Delimi,  grande  kasba  et  centre  d'un 
gros  village  de  200  feux,  tribu  Ghtouka.  —  41  k.  Sidi  Bon  Médiane 
(300  feux). 

La  piste  est  plate  et  sablonneuse.  —  62  k.  Tassila,  gros 
village  des  Ait  Massa,  de  300  feux,  avec  nombreux  jardins 
qu'arrosent  des  séguias  amenant  l'eau  de  l'oued  Massa.  — 
64  k.  Aguedal  (20  feux)  et  gué  de  l'oued  Massa,  large  de  20  m.  et 
profond  de  0  m.  50.  —  Douar  Sidi  Ali  (50  feux)  dans  les  Ait 
Mader. 

87  k.  Tiznit,  bourgade  située  à  20  k.  de  la  côte,  au  centre 
d'un  territoire  fertile,  au  pied  de  l'Anti  Atlas  et  au  débouché 


TIZNIT,  —  IFNL  [15]  —  139 


des  cols  de  la  montagne.  Peuplée  de  4,000  hah.  dont  200  juifs, 
la  ville  comprend  4  quartiers  correspondant  à  autant  de  tribus  : 
AU  Zkri  (250  feux),  AU  Mhammed  (500  feux),  AU  Tlah  (200  feux), 
AU  Oukfa  (300  feux).  Une  enceinte  de  6  k.,  percée  de  six  portes, 
protège  la  ville. 

De  grandes  places,  des  rues  très  larges,  des  cimetières,  des 
champs  d'orge,  des  jardins  irrigués  où  croissent  des  plantes 
méditerranéennes  et  sahariennes,  de  grands  terrains  vagues 
indiquent  que  la  cité  dût  être  très  peuplée.  Les  maisons  ont 
une  porte  qui  fait  songer  à  l'entrée  d'antiques  tombeaux. 

Histoire.  —  La  ville  a  été  fondée  par  Moulay  El  Hassane  (1882)  au 
cours  de  son  expédition  dans  le  Sous.  Ses  mosquées,  kasbas,  fondouks, 
mellah  dateraient  de  cette  époque.  Après  la  mort  du  souverain,  les 
sept  tabors,  qu'il  y  avait  envoyés  en  p:arnison,  se  dispersèrent.  — 
D'après  une  légende  locale,  Tiznit  serait  do  fondation  plus  ancienne  et 
dûe  à  une  femme  dévoyée,  Fatma  Tiznit,  qui  vivait  quelque  temps 
avant  la  naissance  du  Prophète.  Réfugiée  là  avec  son  amant,  elle  y 
découvrit  une  source  auprès  de  laquelle  vinrent  s'installer  plusieurs 
familles.  Plus  tard,  elle  se  repentit,  et  eut  une  conduite  telle  qu'on  la 
considéra  comme  une  sainte.  C'est  sur  sa  tombe  que  s'élève  la  mosquée 
Ida  Ouzfa. 

Au  souk  El  Khemis,  à  1  k.  N.  de  Tiznit,  marché  du  jeudi,  dont 
les  boutiques  sont  des  niches  construites  en  pierres  sèches. 
Spécialité  de  koumias  ou  poignards  de  cuivre  ou  d'argent  ciselé 
incrustés  de  cires  jaune  et  verte,  de  poires  à  poudre  en  corne 
avec  ornements  de  métal,  d'ouvrages  en  perles  de  verre  coloré. 

Environs.  —  l''  Oasis  de  Talaïnt  ('20  k.  S.-O.  ;  piste  arabe)  :  Talaïnt, 
village  de  1,200  hab.,  dont  250  juifs  vivant  dans  un  mollah,  comprend 
plusieurs  groupes  de  maisons  reliés  par  des  champs  et  des  jardins;  l'un 
de  ces  groupes,  formanc  pointe  vers  le  S.,  est  fortifié.  L'oasis  est 
fréquentée  par  les  Maures  qui  viennent  y  commercer. 

2°  Zaoula  de  Sidi  Ahmed  Ou  Moussa  (25  k.  S.-E.  ;  piste  muletière), 
on  pays  Tazeroualt,  siège  de  la  zaouïa  mère  des  Ouled  Ou  Moussa  dont 
les  adeptes,  qui  se  livrent  aux  jeux  acrobatiques  (sauteurs  arabes),  sont 
répandus  au  Maroc  et  connus  en  Europe  et  même  en  Amérique;  centre 
de  3  moussems  annuels  et  d'un  certain  mouvement  commercial. 

Le  Tazeroualt,  région  de  400  k.  carrés  env.,  a  une  histoire  qui  se 
confond  avec  celle  d'une  secte  religieuse,  les  Bmaï  on  M okahlia  «  francs- 
archers  »,  habiles  tireurs,  fondée,  d'après  la  légende,  par  un  archer 
très  habile.  La  secte  fut  amenée  au  Sous  au  moment  de  la  lutte  contre 
les  Portugais  (xvi«  s.).  Son  chef  était  le  chérif  idrisside  Sidi  Ahmed  Ou 
Moussa  qui  sut  acquérir  une  très  grande  notoriété  et  dont  le  tombeau  se 
trouve  dans  la  zaouïa.  Son  petit-lils,  rompant  avec  la  dynastie 
saadienne,  souleva  les  populations  du  Sous,  du  Dra  et  du  Tafilalet,  et 
devint  le  souverain  du  pays.  C'est  contre  lui  que  Moulay  El  Hassane 
organisa  l'expédition  de  1882,  qui  obtint  la  soumission  du  chérif  au 
Makhzen.  Au  moment  de  l'insurrection  hibiste,  des  membres  de  la 
famille  ayant  prêté  main-forte  à  El  Hiba,  fils  de  Ma  El  Aïnine,  la 
colonne  d'Agadir  se  rendit  au  Tazeroualt,  livra  le  combat  d'Oujjane,  du 
24  mars  1917,  à  la  suite  duquel  le  chérif  de  Tazeroualt  et  ses  deux  fils 
vinrent  faire  leur  soumission. 

DE  TIZNIT  A  IFNI  (50  k.  env.  S.-O.).  —  Ifni,  sur  la  côte  atlantique,  à 
l'embouchure  de  l'oued  Ifni,  est  le  centre  de  l'enclave  espagnole  du 


140  —  [16]        BOUJAD  ET  LE  TABLA. 


Maroc  méridional.  Les  bijoux  de  la  répfion  sont  d'un  type  spécial;  com- 
posés de  disques,  de  rectangles  ou  de  triangles  découpés  dans  les 
plaques  d'argent  et  gravés  d'ornements  que  rehaussent  des  applications 
d'émail  et  de  cire,  ils  sont  curieux  et  originaux. 

DE  TIZNIT  A  TAROUDANT  (130  k.  env.  N.-E.  ;  piste  arabe).  —  23  k.  de 
Tiznit  à  Aquedal  (  V.  en  sens  inverse  l'itinéraire  d'Agadir  à  Tiznit,  p.  138). 
—  La  région  tantôt  sableuse,  tantôt  rocheuse,  paraît  pauvre.  De  temps 
à  autre, autour  des  villages,  vergers  de  figuiers  et  grenadiers  entourés 
de  haiesde  cactus.  —  70  k.  Biougra,  centre  principal  du  pays  Chtouka. 
On  entre  ensuite  dans  la  forêt  d'Admis,  que  les  indigènes  disent  être 
peuplée  de  serpents  dangereux.  C'est  là  que  s'approvisionnent  les  char- 
meurs de  serpents  qui  donnent  des  représentations  sur  les  souks  et  les 
places  des  villes  marocaines.  —  112  k.  Dai^  Bel  Hamidi,  en  pays  Houara. 

130  k.  Taroudant  (p.  137). 


16.  —  BOUJAD  ET  LE  TADLA 

Aperçu  général.  —  Le  Tadla  comprend  la  vallée  haute  de  TOum  Er 
Rebia,  limitée  au  S.  par  le  Moyen  Atlas,  dont  les  hauts  sommets 
restent  couverts  de  neige  jusqu'en  mai,  au  N.  par  une  région  de  mon- 
tagnes moins  élevées.  Il  est  peuplé  de  tribus  distinctes  :  Ait  Roboa,  ' 
Beni  Amir,  Beni  Zemmour,  etc.,  de  langue  tantôt  arabe,  tantôt  berbère., 
qui  ont  vécu,  jusqu'en  1916,  sous  l'autorité  du  marabout  très  vénéré  de 
Boujad  (  V.  ci-après).  Il  compte  environ  375,000  hab.  répartis  sur  une 
superficie  de  10,600  k.  carrés  et  s'occupant  surtout  d'élevage.  Le  cheptel 
y  est  très  important.  On  y  a  recensé  13.750  chevaux,  10.700  chameaux, 
23,000  ânes,  1,600  mulets,  45,000  bœufs,  80,000  chèvres,  411,000  moutone. 
Les  abords  de  l'Oum  Er  Rebia,  très  fertiles,  sont  en  outre  susceptibles 
de  très  beaux  rendements.  Le  cours  de  l'oued,  dont  les  différences  de 
niveaux  sont  très  grandes  sur  de  faibles  parcours,  renferme  enfin  lui- 
même  d'importantes  réserves  d'énergie  électrique. 

Conseils  pratiques.  Cette  excursion  eu  plein  bled  marocain  de 
plaines  et  de  plateaux  est  recommandée.  Boujad  et  surtout  Kasba  Tadla 
sont  très  curieux.  A  I  heuro  actuelle  le  moyen  de  locomotion  le  plus 
rapide  est  l'automobile,  le  chemin  de  fer  n'atteignant  pas  encore  le 
point  terminus. 

De  Casablanca  à  Kasba  Tadla. 

A.  —  Par  LA  ROUTE. 

Autocyclisme  :  203  k.  S.-E.  —  Bonne  route  principale  n°  7  jusqu'à  Ber 
Rechid,  n«  13  sur  le  reste  du  trajet,  empierrée  sur  la  presque  totalité 
de  son  parcours  ;  par  ailleurs  piste  bien  aménagée.  Serv.  automobile  . 
irrégulier;  180  fr.  la  place  aller  et  ret.  ;  auto  part.  5  à  600  fr.  : 
s'informer  place  de  France.  —  Demander  à  l'autorité  militaire  de 
Casablanca  (subdivision)  un  permis  de  voyage  avant  le  départ.  A 
Oued  Zem  et  à  Boujad,  il  est  prudent  de  s'informer  auprès  du  com- 
mandant d'armes  ou  du  Service  des  Renseignements  si  les  routes 
sont  gardées. 

41  k.  de  Casablanca  à  Ber  Rechid,  p.  77,  4\  —  En  sortant  de 
Ber  Rechid,  on  suit  encore  pendant  1  k.  la  route  de  Marrakech  , 
pour  la  laisser  à  dr.  —  ïja  route  traverse  une  large  zone  de 


BEN  AHMED. 


[16]  —  141 


«  tirs  »'  bien  cultivée  et  habitée  par  les  fractions  de  la  tribu 
Mzab. 

63  k.  Sidi  El  Aïdi,  au  bord  de  l'aued  Ahmeur,  à  la  limite  des 
tribus  Hariz  et  Mzab.  Le  village  du  cheikh  et  la  zaouia  se 
trouvent  à  2  k.  5  de  la  station. 

DE  SIDI  EL  AIDI  A  SETTAT  (31  k.  S.-O.;  bonne  piste).  —  9  k.  Oued 
Mazer.  —  18  k.  Vallée  de  l'oued  Tamdrost.  —  25  k.  8.  On  regagne  la 
route  de  Casablanca  à  Marrakech.  —  31  k.  Settat  (p.  79). 

DE  SIDI  EL  AIDI  A  BOUCHERON  (20  k.  N.-E.  ;  piste).  —  2  k.  5.  Passage 
à  niveau.  —  6  k.  'b.  Kasba  des  Zeirir.  —  10  k.  Bifurcation  sur  le  bord 
de  TAïn  Djeboub.  —  15  k.  Dar  Mohammed  Ould  Djebli.  —  20  k.  Bou- 
cheron (p.  76). 

Oh  suit  la  vallée  de  l'oued  El  Ahmeur  en  longeant  la  ligne 
du  ch.  de  fer. 

82  k.  Ben  Ahmed  (buffet,  rep.  4.50,  5;  hôt.  de  France),  centre 
agricole  créé  en  avril  1908  et  dont  l'importance  augmente  tous 
les  jours.  Une  kasba  domine  le  village  au  N.  Marché  le  lundi. 

DE  BEN  AHMED  A  SIDI  MADANI  (36  k.  N.-E.  ;  piste  muletière  en  pays 
accidenté  et  pittoresque;  un  guide  est  nécessaire).  —  12  k.  Kasba 
Maarif\  en  ruines,  et  tête  de  la  vallée  de  l'oued  Aricha.  —  20  k.  Dar 
Kaïd  Clierki,  marché  le  vendredi.  Au  delà,  le  sentier  se  développe  en 
terrain  rocailleux  traversant  ravins  et  vallons.  —  28  k.  Oued  Zemrane, 
affluent  de  l'oued  Mellah.  —  32  k.  Sidi  Abd  Allah,  marché  le  vendredi. 
L'abondance  des  lauriers-roses  rend  pénible  la  traversée  de  (34  k.) 
l'oued  Ahmed.  —  36  k.  Sidi  Madani,  marabout. 

DE  BEN  AHMED  A  BOUCHERON  (24  k.  N.  ;  piste  délimitée  à  profil  acci- 
denté dans  les  premier  et  dernier  tiers  en  pays  bien  cultivé.  Les  piétons 
et  cavaliers  auront  intérêt  à  gagner,  avec  un  guide,  Bir  El  Khom, 
dans  la  vallée  de  l'oued  Dil  El  Aouda,  en  quittant  la  piste  carrossable  à 
Sidi  Abd  El  Krim.  On  longe  alors  la  riche  vallée  de  l'oued  Dil  jusqu'à 
Boucheron).  —  3  k.  5.  Sidi  Bou  Beker,  kasba  en  ruines  et  jardins.  — 
10  k.  Aïn  Bou  Maz-ane,  auprès  d'un  bosquet.  —  13  k.  Sidi  Abd  El  Krim 
—  24  k.  Boucheron  (p.  76). 

DE  BEN  AHMED  A  CHRISTIAN  (91  k.  N.-E.  ;  piste  muletière  à  profil  acci- 
denté et  difficile  sur  terrain  pierreux,  rocailleux  ou  rocheux).  —  45  k. 
Sokhrat  Bjaja,  «  roc  de  la  poule  »,  hauteur  couronnée  de  roches  domi- 
nant la  région  environnante.  —  69  k.  Sidi  Bou  Knadel,  dans  la  vallée 
pauvre  de  l'oued  Chbeïka.  —  91  k.  Christian  (p.  162). 

DE  BEN  AHMED  A  EL  BQROUDJ  (65  k.  S.  ;  piste  carrossable  à  profil  acci- 
^.enté  seulement  vers  la  fin).  —  16  k.  Sidi  Hadjaj,  zaouïa  au  croisement 
de  la  route  de  Settat  à  Melgou;  marché  le  lundi.  —  19  k.  Aïn  Er  Boumi, 
important  marché  de  bétail  et  de  bêtes  de  trait  le  jeudi.  —  34  k.  Dar 
Ould  Toiiïmi,  kasba  et  marché  du  mardi.  —  50  k.  La  piste  quitte  le  pla- 
teau et  suit  le  flanc  de  la  vallée  de  l'oued  Meskoula.  A  l'E,,  zone  de 
beaux  pâturages.  —  65  k.  El  Boroudj  (p.  80). 

DE  BEN  AHMED  A  GUISSER  (44  k.  S.-O.  ;  piste  carrossable  en  été).  — 
18  k.  Bas  El  Aïn.  Au  delà,  puits  nombreux.  —  41  k.  Guisser  (p.  80). 
De  Ben  Ahmed  a  Settat,  p.  80. 

Au  sortir  de  Ben  Ahmed,  vue  intéressante  au  N.-E.  sur  les 
collines  des  Zaër.  On  remarquera^  sur  le  plateau^  les  sokhrat  ou 


U2  —  [16]        BOUJAD  ET  LE  TADLA, 

mapes  rocheuses  dues  à  l'apparition  brusque  de  terrains  pri-  | 

mitifs  au  milieu  de  la  croûte  calcaire.  —  91       Kasba  Ould  \ 

Hadjaj.  Le  pays  est  inculte.  i 

103  k.  Melgou,  caravansérail  dans  les  ruines  d'une  kasba.  j 

Dr  Melgou  a  Settat,  p.  82.  { 

117  k.  Dar  Ould  Ahmed  El  Hamri.  —  119  k.  Sidi  Abd  el  Khalek.  1 
Terrain  ondulé.  | 

122  k.  Ouled  Abdoun,  groupe  de  villages  indigènes  entourés 
de  figuiers  de  barbarie,  à  dr.  de  la  route.  La  gare  est  à  g.  Le 
pays  devient  plus  fertile  et  plus  cultivé.  —  154  k.  2.  Dechra 
des  Beni  Smir,  près  du  marabout  d'Abd  El  Aziz.  On  domine 
toute  la  cuvette,  au  centre  de  laquelle  se  trouve  Oued  Zem  et 
dont  on  gagne  le  fond  par  un  large  lacet.  Par  temps  clair,  sauf 
en  été,  belle  vue  du  Grand  Atlas,  qui  borne  majestueusement 
riiorizon  au  S. 

158  k.  Oued  Zem  (hôt.  modestes),  poste  militaire  créé  en  1913, 
agglomération,  en  voie  de  développement,  de  450  hab.  dont 
400  musulmans  et  50  européens.  Le  souk  indigène  et  le  village 
européen  sont  à  l'O.  du  cours  d'eau,  alimenté  sur  ce  point  par 
des  sources  abondantes!  Le  poste  militaire  et  la  gare  sont  à  l'E. 
Un  barrage  sur  l'oued  retient,  en  formant  un  étang,  les  eaux 
qui  servent  à  l'irrigation  d'un  jardin  public  et  de  jardins 
potagers.  En  aval  du  village,  nombreuses  figueraies,  où  se 
trouvent  les  camps.  Marché  le  dimanche  et  le  mercredi. 

D  OUED  ZEM  A  EL  BOROUDJ  (81  k.  S.-O.  ;  piste  autocyclable  en  été  seule- 
ment). —  Le  terrain  est  plat  et  caillouteux  au  départ.  —  26  k.  Dechra 
des  Ouled  Fassi,  dans  fine  région  de  pâturages  et  de  cultures  d'orge  et 
bien  habitée,  qu'alimentent  un  groupe  de  10  puits  de  10  à  15  m.  de  pro-  j 
fondeur.  —  Le  terrain  est  raviné.  —  57  k.  Sidi  Mohammed  Chleuh, 
marabout  d'où  l'on  domine,  vers  le  S.,  des  terrains  de  pâturages  à  ! 
perte  de  vue.  —  La  piste  suit  une  série  de  vallons  encaissés.  —  81  k. 
El  Boroudj  (p.  80). 

D'OUED  ZEM  A  DAR  OULD  ZIDOUH  (85  k.  env.  S.-O..;  piste  autocyclable 
en  été).  —  La  piste  quitte  le  territoire  de  l'annexe  d'Oued  Zem  au  ksar  1 
Ouled  Bou  Azouz  et  traverse  un  terrain  accidenté  et  rocailleux.  —  50  k. 
Déchira  Abd  Allah  Ben  Djabeur,  agglomération  de  plusieurs  villages. 

—  75  k.  On  arrive  dans  une  région  plate,  sévère,  où  s'observe  très  fré- 
quemment le  phénomène  du  mirage.  —  84  k.  On  franchit  l'Oum  Er  Rebia 
sur  un  pont  de  bois.  —  85  k.  Dar  Ould  Zidouh  (p.  99). 

D'OUED  ZEM  A  CHRISTIAN  (62  k.  N.  ;  piste  autocyclable,  pittoresque). 

—  5  k.  5.  Montée,  par  une  rampe  assez  pénible,  sur  le  plateau  de  Torch. 

—  23  k.  Rocher  d'El  Kouch,  à  proximité  d'une  zaouïa;  marché  du  lundi. 

—  32  k.  Aïn  Maza,  douar  et  ligueraie  des  Beni  Khirane,  suivie  de  la 
gorge  d'Aïn  Maza,  entre  deux  rochers  à  pic.  —  57  k.  Défilé  de  Teniet  El 
Mtâmeur.  —  62  k.  Christian  (p.  162). 

D'OUED  ZEM  A  MOULAY  BOU  AZZA  (75  k.  O.  ;  piste  praticable  aux  autos 
en  belle  saison).  —  Départ  par  la  piste  de  Christian  (V.  ci-dessus)  que 
l'on  laisse  (7  k.)  à  g.  —  On  traverse  le  riche  territoire  des  Smala. 
20  k.  Dechra  Braksa,  où  on  rejoint  la  piste  venant  de  Boujad  (p.  144). 

—  75  k.  Moulay  Bou  Azza  (p.  162). 


144  —  [16]        BOUJAD  ET  LE  TADLA. 


La  route,  bien  établie,  traverse  un'  plateau  accidenté,  pier- 
reux et  désolé,  que  limite  à  l'horizon  S.  la  ligne  de  l'Atlas.  — 
165  k.  Traversée  de  l'oued  Tachraf  et  (171  k.  3)  de  l'oued  Bou 
Guerroun. 

178  k.  Boujad,  centre  religieux  important  et  petite  ville 
pittoresque  de  6,500  hab.,  dont  600  israélites,  seule  aggloméra- 
tion importante  du  Tadla.  Pour  la  visite,  demander  une  auto- 
risation et  un  guide  au  chef  du  Bureau  des  Renseignements. 

Histoire.  --  Boujad  fut  fondée  en  1008  de  l'Hégire  (fin  xvi«  s.)  par  un 
descendant  du  calife  Omar  Ben  El  Khattab,  Sidi  Mohammed  Ech  Chergui, 
dont  la  lignée  a  fourni  une  série  de  saints  hommes  qui  se  sont  hérédi- 
tairement transmis  la  «  baraka  »  du  fondateur.  La  famille  jouit  dans 
tout  le  Tadla  d'une  grande  autorité  morale  et  d'un  prestige  reconnus  à 
la  fois  par  le  sultan  et  les  tribus  voisines.  A  l'heure  actuelle,  le  siyed 
—  c'est  ainsi  qu'on  désigne  l'héritier  du  pouvoir  spirituel  de  Mohammed 
Ech  Chergui  —  est  le  personnage  vénéré  de  toute  la  région  ;  il  reçoit 
quotidiennement  de  nombreuses  offrandes  en  échange  de  sa  bénédiction. 
Aussi  sa  zaouïa  est-elle  très  riche.  Le  pays  est  de  pacification  récente 
(mai-juin  1913). 

A  500  m.  au  delà  du  hordj  du  Bureau  militaire  (bureau  de  la 
Place)  et  du  camp  établis  sur  une  éminence  auprès  des  tombeaux 
des  premiers  chefs  religieux  de  Boujad,  la  cité  sainte  s'étend 
toute  blanche  et  encadrée  de  jardins  luxuriants  au  N.  et  au  S. 
EJle  s'oflre  à  la  vue  du  visiteur  par  un  grand  souk  pittoresque 
aux  arcades  régulières,  fréquenté  surtout  le  mercredi  et  le  jeudi. 

La  Medina  s'étend  à  TE.  et  au  S.  du  souk  autour  de  deux 
mosquées,  Djama  Ech  Cheikh  avec  un  minaret  au  décor  peint, 
et  Djama  Moulay  Slimane,  d'une  medersa  sans  intérêt  et  de 
trois  sanctuaires  dédiés  à  Sidi  Salah  (auvent  en  bois),  à  Sidi  El 
Maâti  et  à  Sidi  El  Arbi.  Les  salles  des  deux  premiers  de  ces 
sanctuaires  sont  intérieurement  ornées  de  plâtres  sculptés  et 
colorés,  et  leurs  plafonds  pyramidaux  sont  en.  bois  ouvragé 
recouvert  de  draperies  marquant  l'emplacement  des  tombeaux. 

La  zaouïa  de  Boujad  est  à  l'O.  de  la  Medina.  C'est  un  impor- 
tant groupe  de  maisons  servant  de  demeure  au  siyed,  à  sa 
nombreuse  famille  et  à  ses  serviteurs.* 

De  grands  jardins  d'oliviers  et  de  cactus,  irrigués  par  un  oued 
passant  entre  la  medina  et  la  zaouïa,  bordent  Boujad  vers  le  S. 

DE  BOUJAD  A  MOULAY  BOU  AZZA  (79  k.  N.;  piste  autocyclable,  pitto- 
resque surtout  dans  son  dernier  tiers).  —  Après  une  montée  sur  un 
plateau  rocheux  on  descend  dans  la  vallée  de  l'oued  Bou  Guerroun, 
ravissante  au  printemps,  vrai  parterre  de  fleurs.  —  24  k.  Décloua 
Braksa.  Après  une  descente  difficile  du  plateau,  on  gagne  la  vallée 
de  l'oued  Tougourli,  puis  celle  de  l'oued  Mesguida  à  travers  des 
broussailles  et  des  bois.  —  43  k.  Mechra  Achrine  Zouj,  pont  sur  l'oued 
Grou,  construit  en  1918.  On  remonte  enfin  la  vallée  de  l'oued  Bourdine, 
entre  le  plateau  de  Fourhal  au  N.  et  la  montagne  de  Sidi  Embarek 
au  S.  —  55  k.  Tazetol,  d'où  l'on  peut  se  rendre  à  (32  k.  N.-E.)  à 
A(/uclnious  (ou  Guelmous),  poste  militaire  au  centre  d'une  région  rude 
(45  à  50'^  en  été,  —  13°  en  hiver),  dans  une  plaine  circulaire  de  5-  k.  do 
diamètre  bordée  de  crêtes  d'une  altitude  de  1,500  à  2,000  m.  —  65  k. 
Forêt  d'assez  grands  arbres  au  N.  —  79  k.  Moulay  Boa  Azza  (p.  162). 


KASBA  TADLA. 


[16]  -  145 


DE  BOUJAD  A  SIDI  LAMINE  (41  k.  N.-E.  ;  piste  aménagée,  autocyclable 
en  été).  —  On  traverse  des  terrains  de  cultures,  puis  une  zone  de  pâtu- 
rages et  de  broussailles.  —  18  k.  El  Graar,  large  dépression  humide 
occupée  par  les  Beni  Zemmour,  —  On  passe  ensuite  dans  une  région 
.mamelonnée,  au  pied  de  hauteurs  garnies  de  rochers  et  de  broussailles 
au  départ,  puis  de  quelques  grands  arbres  disséminés.  —  41  k.  Sidi 
Lamine,  poste  militaire  et  ancienne  kasba  de  la  tribu  belliqueuse  des 
Zaïane,  occupé  par  les  troupes  françaises  depuis  1914.  L'oued  Sidi 
Lamine,  affluent  du  Grou,  prend  sa  source  vers  le  Zrahina  et  coule 
entre  d^s  berges  broussailleuses.  —  De  Sidi  Lamine,  une  piste  aménagée 
conduit  à  (45  k.  env.  N.-E.)  Khenifra  (p.  162),  par  la  Roche  percée; 
parcours  pittoresque. 

DE  BOUJAD  ADAR  OULD  ZIDOUH  (85  k.  env.  S.-O.  ;  piste  carrossable).  — 
18  k.  Sidi  Mohammed  Nefati.  —  50  k.  Souk  El  Arba  du  Fkih  Ben  Salah, 
grosse  agglomération  indigène.  Marché  important  le  mercredi.  —  On 
parcourt  ensuite  une  région  d'élevage,  puis  on  rejoint  la  piste  venant 
.d'Oued  Zem  (p.  142).  —  85  k.  Ba?-  Ould  Zidouh  (p.  99). 

Au  sortir  de  Boujad,  une  piste  spéciale  pour  autos  légères 
conduit  à  Kasba  Tadla,  au  travers  de  terrains  d'abord  rocail- 
leux, puis  de  beaux  pâturages.  Au  loin,  l'horizon  est  borné  par 
le  mur  dentelé  de  l'Atlas.  On  franchit  successivement  (181  k.  5) 
l'oued  Takhasriet,  (191  k.  et  199  k.  4)  l'oued  Srirou  et  Toued 
Kaikat,  fortement  encaissés, 

203  k.  Kasba  Tadla  (hôt.-rest.  modeste),  centre  indigène  et 
important  poste  militaire  sur  la  rive  dr.  de  l'Oum  Er  Rebia; 
ch.-l.  du  commandement  du  territoire  Tadia-Zaiane.  La  popu- 
lation indigène,  qui  fut  autrefois  de  2  à  3,000  hab.  en  compte  à 
peine  500  aujourd'hui. 

Histoire.  —  La  Kasba  Tadla  {tadla  en  berbère  signifie  «  gerbe  de  blé  ») 
fut  fondée  à  la  fin  du  xvii®  s.  par  Moulay  Ismaïl  qui  y  installa  une  gar- 
nison de  3,000  nègres  destinés  à  tenir  le  pays.  Le  pont  dit  «  portugais  » 
est  de  la  même  époque  ;  il  assura  le  passage  des  25,000  fantassins  et 
des  cavaliers  avec  lesquels  le  célèbre  sultan  pacifia  la  vallée  de  l'oued 
El  Abid,  enserrée  entre  le  Haut  Atlas  et  le  Moyen  Atlas,  et  située  à 
50  k.  plus  au  S.  à  vol  d'oiseau.  L'occupation  française  de  ce  point 
remonte  à  mai  1913. 

En  abordant  la  ville,  on  laisse  à  g,  la  msalla  ou  lieu  public  de 
prière  pour  les  jours  de  grandes  fêtes  musulmanes,  puis  le 
camp  iV.,à  l'entrée  duquel  sont  installés  les  hôteliers  et  com- 
merçants européens,  et  enfin  une  grande  place  limitée  à  TE. 
par  les  Bureaux  des  Renseignements.  On  atteint  ainsi  la  *kasba, 
l'une  des  plus  belles  du  Maroc  par  la  sévérité  de  son  architec- 
ture, la  beauté  de  son  enceinte  aux  tons  ocreux,  la  grandeur 
de  son  site. 

Cette  citadelle,  décrite  pour  la  première  fois  par  de  Foucault, 
se  compose  :  1"  d'une  enceinte  extérieure  crénelée  et  flanquée  de 
bastions  très  rapprochés,  de  10  à  12  m.  de  haut  du  côté  du 
fleuve,  où  elle  se  dresse  sur  des  rochers  à  pic;  elle  est  munie, 
dans  sa  partie  supérieure,  d'une  banquette  qui  court  le  long 
des  créneaux;  2°  d'une  enceinte  intérieure^  non  crénelée,  séparée 
de  la  première  par  un  chemin  de  ronde  et  des  places  d'étendue 


MAROC. 


40 


146  —  [16]        BOUJAD  ET  LE  TABLA. 


variable.  Celte  muraille  abrite  à  l'E.  une  mosquée  à  minaret 
aux  parois  ornementées  d'un  décor  curviligne  ainsi  que  Vancien 
Dar  el  Makhzen  (actuellement  bureaux  de  l'Etat-Major  et  de 
l'Intendance)  comprenant  un  patio  central  rectangulaire  entouré 
de  galeries  et  de  locaux.  A  l'O.  s'élève  une  autre  mosquée 
(aujourd'hui  infirmerie)  plus  simple,  mais  dont  le  mihrab  est 
intéressant.  Plus  à  l'O.,  une  place  surélevée,  d'où  l'on  a  une 
très  belle  vue  sur  le  pont  {V.  ci-dessous)  recouvre  d'anciens 
gilos.  —  Un  redan  descendant  par  degrés  successifs  vers  le 
torrent  donne  à  la  kasba,  vue  du  pont,  une  silhouette  carac- 
téristique. 

En  amont  de  la  kasba  se  trouve  le  village  indigène  et,  en 
aval,  le  marabout  de  Sidi  Ahmed  Ben  Ali;  en  face,  ancien 
village  en  ruines  dont  une  partie  restaurée  est  occupée  par  des 
souks.  La  route,  qui  dessert  ces  dernières  agglomérations, 
conduit  à  un  grand  et  magnifique  '^'pont  en  pierre  de  150  m.  de 
long  et  de  10  arches  inégales,  jeté  sur  l'Oum  Er  Rebia,  qui  a 
à  cet  endroit  30  à  40  m.  de  large  et  dont  le  courant  est  très 
rapide.  La  différence  de  niveaux,  sur  ce  point,  est  de  3  m.  et 
le  débit  de  8  m.  cubes  à  la  seconde.  L'eau  est  rougeâtre,  comme 
les  terres  avoisinantes  et  les  murs  de  la  kasba  elle-même.  De 
l'extrémité  du  pont,  on  jouit  d'une  *vue  admirable  sur  la  cita- 
delle et  sur  l'oued. 

A  la  sortie  du  pont,  la  piste  de  dr.  est  celle  de  Beni  Mellal, 
celle  de  g.  Conduit  au  camp  S.,  établi  sur  la  hauteur  de  la  rive  • 
g.  dominant  le  fleuve  et  la  kasba. 

DE  KASBA  TADLA  A  BENI  MELLAL  (32  k.  S.  ;  piste  aménagée,  autocyclable 
par  beau  temps;  une  autorisation  spéciale  du  commandant  d'arines  de 
Tadla  est  indispensable).  —  Le  trajet  s'effectue  en  tribu  Aït  Roboa.  — 
14  k.  Ouled  Youssef,  village  à  800  m.  à  l'O.  de  la  piste.  —  18  k.  Gué  de. 
l'oued  Derna;  à  peu  de  distance  en  amont,  pont  en  ruines.  —  19  k.  Sidi 
Slimane.  —  22  k.  Tagranit,  kasba  en  ruines.  —  23  k.  Gué  de  l'oued 
Boukhari.  —  28  k.  Ponceau  sur  l'oued  Deï.  —  32  k.  Kasba  Beni  Mellal, 
aussi  appelée  Kasba  Bel  Kouch,  s'élève  au  pied  du  Djebel  Beni  Mellal, 
sur  une  côte  qui  joint  celui-ci  à  la  plaine.  Elle  est  entourée  d  une  agglo- 
mération d'environ  3,000  hab.,  dont  300  Israélites,  occupée  par  les 
troupes  françaises  depuis  1916;  actuellement  centre  du  commandement 
d  un  cercle.  Quoique  restaurée  par  Moulay  Slimane  au  xix«  s.,  la  kasba 
est  en  ruines.  Un  marché  hebdomadaire  se  tient  au  centre  du  bourg. 
—  De  superbes  jardins  et  des  vergers  peuplés  d'oliviers,  de  mûriers  et 
de  peupliers  s'étendent  jusqu'à  la  falaise  d'où  jaillissent  des  eaux  abon- 
dantes et  pures.  A  proximité,  zaouïa  de  Sidi  Mohammed  Bel  Kassem,  au 
milieu  de  vergers.  Au  S.,  vue  sur  l'Atlas  dont  les  premiers  sommets 
sont  couverts  de  broussailles,  pendant  que  les  hautes  cîmes  sont 
exemptes  de  végétation.  Un  grand  couloir  venant  de  la  montagne  est 
défendu  par  deux  blockhaus.  —  De  Foucault  passa  à  Beni  Mellal  avant 
de  franchir  les  montagnes  du  Moyen  Atlas. 

De  Beni  Mellal,  on  peut  aller  à  (23  k.  S.)  Ouaouizert,  par  (6  k.)  la 
source  de  Foum  Oudi  et  le  village  de  Timoulilt.  Ouaouizert  est  un  village 
des  Ait  Attad'Amalou,  de  1,100  habitants,  avec  mellah;  marché  le  vendredi. 

DE  KASBA  TADLA  A  DAR  OULD  ZIDOUH  (80  k.  env.  S.-O.;  piste  autocy- 
clablo  en  été).  —  La  piste  se  détache  à  dr.  avant  le  pont  sur  l'Oum  Er 


BËNI  M  EL  L  AL. 


[16]  —  147 


Rebia.  —  3  k.  Pont  sur  i  Oued  Kaïkat.  —  Trajet  dans  la  région  fertile 
des  Boni  Amir.  —  45  k.  Souk  El  Arba  du  Fki  Ben  Salah  (p.  145),  où  on 
rejoint  l'itinéraire  de  Boujad.  —  80  k.  Dar  Ould  Zidou/i  (p.  99). 

De  Kasba  Tadla,  on  peut  aller  à  (l'2  k.  E.  ;  pisie  autocyclable  en  été; 
autorisation  spéciale  du  commandant  d'armes  de  Tadla  indispensable) 
Ghorm  El  Alem,  poste  militaire  créé  en  1917,  couvrant  Kasba  Tadla  et 
surveillant  le  principal  débouché  de  la  montagne,  que  l'on  a  appelé  la 
«  coulée  de  Ksiba  ».  Ksiba,  à  20  k.  env.  N.-E.  sur  un  plateau  élevé, 
ressaut  du  Moyen  Atlas,  avec  un  souk  important,  est  l'une  des  rési- 
dences de  Moha  ou  Saïd,  l'un  des  chefs  influents  de  la  résistance  berbère. 


JB.  —  Par  le  chemin  de  fer  et  la  route. 

176  k.  5.  Ch.  de  fer  militaire  jusqu'à  Oued  Zem.  Trajet  en  8  h.  par  l'auto- 
motrice, 53  fr.  20;  en  l  jour  et  demi  par  le  train,  53  fr.  20  et  26  fr.  60. 
—  45  k.  Bonne  piste  pour  le  reste  du  parcours.  —  Les  moyens  com- 
modes de  locomotion  faisant  défaut  à  Oued  Zem,  il  est  préférable 
d'adopter  le  transport  en  auto  à  partir  de  Casablanca. 

43  k.  2.  de  Casablanca  à  Ber  Ftechid,  p.  77,  4°.  —  La  voie  prend 
la  direction  S.-E.  à  travers  la  plaine  très  fertile  et  bien  cultivée. 
—  48  k.  6.  Sidi  Mostefa,  —  59  k.  8.  Dar  Ben  Hadia, 

69  k.  Sidi  El  Aïdi  (p.  140).  La  ligne  remonte  Toued  El  Hamra 
en  décrivant  de  nombreux  lacets  dans  un  pays  accidenté.  — 
77  k.  8.  Aïn  El  Beïda.  —  83  k.  4.  Aïn  Fritis,  —  88  k.  6.  Kaid  Lahsene. 

91  k.  8.  Ben  Ahmed  (p.  141).  —  106  k.  4.  Sidi  Chmitti.  —  116  k.  7. 
Melgou  (p.  141),  à  proximité  d'an  caravansérail  installé  dans  les 
ruines  d'une  ancienne  kasba.  —  125  k.  4.  El  Moangar, 

136  k.  6.  Ouled  Abdoun  (p.  142).  —  150  k.  2.  Bir  Bettane. 

176  k.  5.  Oued  Zem  (p.  142). 

Le  reste  du  parcours  jusqu'à  Kasba  Tadla  doit  se  faire  par 
la  route  (p.  142  à  145). 


I 


DEUXIÈME  SECTWJS 


MAROC  OCCIDENTAL  SEPTENTRIONAL 

RABAT,  SALÉ,  KNITRA, 
MEKNÈS,    FÈS,  TAZA 


Les  grandes  villes  du  Maroc  septentrional  :  Rabat,  Salé, 
Meknès  et  F'ès  sont  d'un  captivant  intérêt.  Le  ch.  de  fer  les 
relie  toutes  en  un  jour.  Il  est  donc  possible  de  les  visiter  en  un 
laps  de  temps  très  réduit.  Le  voyage  de  Rabat  à  Fès  et  vice- 
versa  peut  ne  prendre  que  4  j.  en  consacrant  2  j.  à  Fès  et  une 
demi-journée  à  Meknès.  —  En  disposant  d'un  jour  de  plus 
pour  Volubilis  et  Moulay  Idris.du  Zerhoun,  le  voyage  sera 
complet. 

Le  trajet  gagnera  en  intérêt  si  l'on  utilise  l'automobile, 
auquel  cas  on  effectuera  le  circuit  Rabat-Salé,  Knitra,  Col  du 
Seggota,  Fès,  Meknès,  Volubilis,  Tiflet,  Rabat-Salé,  ce  qui 
demandera  4  j. 

Les  touristes  partant  de  Casablanca  compteront  deux  jours 
de  plus  dans  l'un  et  l'autre  mode  de  transport  pour  consacrer 
1  j.  et  demi  à  Rabat-Salé. 


17.  —  DE  CASABLANCA  A  RABAT 

A,  —  Par  le  chemin  de  fer. 

88  k.  N.  Chemin  de  fer  militaire;  %  fr.  40  et  13  fr.  20  ;  en  5  h.  par  le 
train  de  voyageurs;  en  3  h.  par  les  automotrices  (3  serv.  quotidiens). 

23  k.  de  Casablanca  à  Fedala,  p.  74,  l''.  —  Après  la  gare  de 
Fedala,  la  ligne  se  rapproche  de  la  côte,  franchit  le  pont  Blondin 
sur  l'oued  Neflfikh,  à  l'embouchure  duquel  se  produit  le  phé- 
nomène de  la  barre.  Aux  terres  cultivées  succède  une  zone  de 
pâturages  où  croissent  à  profusion  le  palmier  nain  et  l'aspho- 
dèle. De  temps  à  autre,  daias  ou  cuvettes  à  fond  humide. 

33  k.  5.  Mansouria,  halte.  La  kasba,  à  dr.  de  la  voie,  fut  fondée 
au  xip  s.  par  le  sultan  Yakoub  El  Mansour  pour  servir  d'asile 
aux  voyageurs  et  aux  pèlerins.  Elle  était  déjà  en  ruines  au 
xiv«  s.  Lorsque  les  Portugais  prirent  Anfa  (1465),  les  habitants 
de  Mansouria,  effrayés,  s'enfuirent  à  Rabat  et  n'y  revinrent 
plus.  Depuis,  elle  a  été  restaurée  pour  abriter  les  caravanes 
et  les  convois. 


150  —  [17]    DE  CASABLANCA  A  RABAT. 


Quelques  buissons  de  lentisque  apparaissent,  puis  font  place 
aux  cultures  de  céréales. 
45  k.  David,  halte. 

48  k.  8.  Bou  Znika,  gare  (buffet)  et  petit  centre  européen  à  g. 
de  la  ligne.  Marché  le  vendredi,  de  la  tribu  des  Arab.  A  dr.,  la 
kasba  El  Hmira  abrite  le  poste. 

52  k.  8.  Oued  Gherrat.  —  Un  peu  plus  loin,  on  aperçoit,  à  dr., 
un  pont  suspendu  commencé  en  1917  pour  le  passage  de  la 
route  de  Casablanca  à  Rabat. 

60  k.  Skrirat,  auprès  d'une  ancienne  kasba.  Nombreux  émer- 
gements  rocheux  après  lesquels  apparaissent  quelques  vergers 
de  figuiers. 

65  k.  Oued  Ykem  ;  la  voie  franchit  la  rivière  sur  un  pont  en 
bois.  En  aval,  estuaire  du  cours  d'eau  et  plage  sableuse.  La 
mer  se  voit  à  l'O. 

75  k.  Temara,  gare.  Le  village  s'aperçoit  à  2  k.  vers  l'O. 
dominé  par  son  minaret  (p.  151). 

82  k.  La  ligne  croise  un  ancien  aqueduc,  puis  se  rapproche 
de  la  grande  route  qu'elle  longe  ensuite.  On  aperçoit  en  avant 
la  tour  Hassane,  puis,  à  dr.,  le  palais  du  Sultan  et,  à  g.,  le 
camp  Garnier.  Après  une  descente,  on  traverse  des  jardins 
maraîchers  et  l'on  franchit  une  première  enceinte  pour  s'arrêter 
devant  la  seconde  ligne  de  remparts  qui  enserre  la  ville  arabe. 

88  k.  Rabat  (p.  151). 

B.  —  Par  la  route. 

Autocyclisme  :  95  k.  —  Bonne  route  principale  n°  1  entièrement  terminée 
et  peu  accidentée  ;  quelques  passages  d'oueds  sur  des  ponts  impor- 
tants; 2  serv.  automobiles  quotidiens  en  2  h.  30,  25  fr.  ;  serv.  quotidien 
d'autobus  en  3  h.,  10  fr.,  peu  confortable;  automobiles  particulières  à 
3  places,  100  fr.;  s'informer  place  de  France. 

La  route  passe  devant  le  quartier  des  Roches  Noires  (p.  71), 
laisse  à  g.  une  usine  de  chaux  et  de  ciment,  puis  s'enfonce 
dans  la  plaine  parsemée  de  fermes  et  de  vergers.  —  Au  delà, 
dans  une  zone  caillouteuse,  s'élève,  au  pied  d'un  arbre  sacré, 
la  koubba  de  Sidi  El  Bernoussi. 

18  k.  Aïn  Harouda,  maison  cantonnière  auprès  d'une  source 
et  de  l'emplacement  d'un  marché  du  lundi.  Fedala  (p.  74) 
s'aperçoit  à  g.  sur  le  bord  de  l'Océan. 

22  k.  Pont  de  trois  arches  sur  l'oued  Malah.  De  part  et  d'autre, 
tournants  accentués. 

Du  k.  30  se  détache,  à  g.,  une  piste  sur  (5  k.)  Fedala  (p.  74). 

31  k.  Après  un  tournant  dangereux,  passage  d'un  nouveau 
pont  sur  l'oued  Nefifikh. 

Du  k.  33  se  détache,  à  dr.,  une  piste  sur  (30  k.)  Doulhaut  (p.  75). 

La  route  se  développe  en  palier,  dans  une  région  de  palmiers 
nains,  puis  de  brousse.  —  39  k.  El  Gourmay  maison  cantonnière, 
auprès  d'un  oued  qu'on  franchit  sur  un  ponceau. 


TEMARA,  —  RABAT,  [18]  —  151 


Du  k.  50  se  détache  :  une  piste  à  g.  sur  Bou  Znika,  tout  proche 
(p.  150);  2"  une  piste  à  dr.  sur  (-22  k.)  Boulhaut  (p.  75)  par  (14  k.)  Aïn 
Aïtoli,  source,  et  la  forêt  des  Zaër. 

La  région  est  mieux  cultivée  et  plus  habitée. 

57  k.  Pont  suspendu  sur  l'oued  Gherrat,  puis  descente  en 
pente  douce  sur  plusieurs  k.  à  la  hauteur  de  la  kasba  de 
Skrirat  (p.  150). 

69  k.  Passage  de  l'oued  Ykem  (pont  en  construction).  Sur  ce 
point,  l'oued  est  profondément  creusé  dans  les  rochers.  — 
79  k.  Beaux  terrains  de  culture. 

80  k.  Temara  (auberge),  ancienne  kasba  bastionnée  et  cré- 
nelée, avec  mosquée  et  minaret  à  l'intérieur.  Une  partie  des 
constructions  abritées  dans  l'enceinte  a  été  aménagée  pour 
recevoir  le  Service  des  Remontes  et  Haras  chérifiens,  créé  pour  la 
première  fois  au  Maroc  en  1912.  La  kasba  est  entourée  de 
paddocks  où  paissent  des  étalons  syriens,  anglo-barbes,  pur 
sang  anglais  et  quelques  produits  de  la  Jumenterie  de  Tiaret 
(département  d'Oran). 

Au  delà,  la  route  rejoint  bientôt  la  ligne  du  ch.  de  fer  mili- 
taire et  ne  la  quitte  plus  jusqu'à  Rabat. 

95  k.  Rabat  (F.  ci-après). 

C,  —  Par  l'ancienne  piste. 

91  k.  N.-E.  —  Piste  un  peu  dure,  autocyclable. 

26  k.  5  de  Casablanca  à  Fedala,  p.  74,  1°.  —  29  k.  5.  Pont 
Blondin,  en  bois,  sur  l'oued  Nefifikh.  —  35  k.  5.  Kasba  Mansouria 
(p.  147).  —  49  k.  5.  Bou  Znika  (p.  150).  —  50  k.  5.  Traversée  de 
l'oued  Bou  Znika  et  plus  loin  (53  k,  5)  de  l'oued  Gherrat,  sur  le 
pont  du  ch.  de  fer  (p.  150).  —  60  k.  5.  Skrirat  (p.  150).  —  68  k. 
Pont  sur  l'oued  Ykem,  commun  avec  celui  du  ch.  de  fer.  — 
77  k.  Temara  {V.  ci-dessus,  B),  —  91  k.  Rabat  (F.  ci-après). 


18.  —  RABAT  , 

Pour  les  relations  avec  l'extérieur,  V.  Voies  d'accès,  p.  60,  7°. 

Emploi  du  temps.  —  Une  journée  suffit  pour  visiter  Rabat.  Partant 
du  boulevard  El  Alou,  on  visitera,  le  matin,  le  cimetière  El  Alou  (p.  154), 
la.  kasba  des  Oudaïa{^.  154),,  le  musée  de  la  Médersa  (p.  155),  les  souks  indi- 
gènes des  rues  des  Consuls  et  Souïka  (p.  156)  ;  le  soir,  on  verra,  au  cours 
d'une  promenade  en  voiture,  la  tour  Hassane  (p.  157),  Chella  (p.  158), 
le  quartier  des  Touarga  (p.  159),  les  remparts  almohades  et  le  quartier 
de  V Océan  (p.  161). 

RABAT  (en  arabe  :  Ribat  El  Fath;  ethn.  :  rbâti),  l'une  des 
trois  villes  fiadria,  c'est-à-dire  à  population  urbaine,  civilisée, 
et  l'une  des  quatre  villes  makhzenia,  c'est-à-dire  impériales, 
résidences  du  sultan,  est  située  à  l'embouchure  et  sur  la  rive  g. 
de  l'oued  Bou  Regreg.  en  face  de  Salé.  C'est  la  capitale  admi- 


152  —  [18]. 


RABAT. 


nistrative  du  Gouvernement  chérifien  et  du  Protectorat  français, 
le  siège  de  la  Résidence  générale  de  France  au  Maroc  et  le 
ch.-l.  delà  région  de  Rabat  et  du  Gharb  peuplée  de  230,000  hab. 

La  population  actuelle  de  Rabat  est  de  37,000  hab.,  dont 
22,500  musulmans  et  3,500  Israélites;  le  peuplement  européen, 
qui  était  de  300  personnes  au  début  de  1913,  est  passé  à  10,000 
en  1917,  dont  6,500  français. 

La  medina,  y  compris  le  mellah,  se  masse  dans  un  trapèze  de 
1,500  et  de  600  m.-  de  bases  et  de  700  m.  de  hauteur,  distant 
de  rOcéan  d'env.  500  m.  et  protégé  des  vents  du  large  par  une 
colline  peu  élevée  qu'occupent  des  cimetières.  Une  solide 
enceinte  en  fait  le  tour.  Elle  est  défendue  au  N.  par  la  kasba  des 
Oudaïa  construite,  à  30  m.  d'alt.,  sur  la  falaise  qui  se  dresse 
à  l'angle  de  l'estuaire  du  Bou  Regreg  et  du  littoral  atlantique. 

Les  premiers  établissements  européens  se  sont  d'abord 
installés  sur  les  voies  principales  de  la  medina  :  au  boulevard 
El  Alou  et  rues  El  Gza,  Sidi  Fatah,  des  Consuls,  mais  d'impor- 
tants quartiers  sont  en  voie  d'aménagement,  depuis  les  débuts 
de  l'occupation  française,  en  dehors  de  la  ville  arabe  :  au  S., 
dans  les  quartiers  de  la  Résidence  et  des  Touarga,  à  l'O.,  au 
quartier  de  l'Océan.  L'emplacement  de  la  Foire  de  1917  a  en 
outre  amorcé,  dans  le  terrain  du  grand  Aguedal,  un  nouveau 
quartier  S.-O.  admirablement  situé. 

La  kasba  des  Oudaia  et  ses  dépendances,  la  tour  Hassane, 
l'estuaire  du  Bou  Regreg,  l'ancienne  ville  du  Ghella  et  le 
panorama  de  Salé  donnent  à  Rabat  un  charme  puissant  qui, 
joint  à  un  climat  tempéré,  doux  en  hiver,  et  supportable  en 
été,  grâce  à  la  brise  du  N.-O.,  en  font  une  ville  d'agréable 
séjour,  surtout  pour  l'hivernage. 


Gare  :  —  Gare  de  Bab  El  H  ad, 
près  de  la  porte  du  même  nom. 

C'^'*  de  Navigation  :  —  de  Navi- 
gation Paquet  (Labeyrie),  tSouk  El 
Grhezel  ;  Générale  Transatlan- 
tique; Bland  Line  et  Royai  Mail 
(Elias  Bensaude). 

Omnibus  :  —  les  hôtels  n'ayant 
pas  encore  d'omnibus  particuliers, 
on  trouvera  des  voitures  de  loca- 
tion à  la  gare.  Les  voyageurs 
venant  de  Salé  feront  porter  leurs 
bagages  par  des  portefaix  sur  la 
rive  g.  du  Bou  Regreg,  où  ils  trou- 
Aeront  des  voitures  de  louage. 

Hôtels  :  —  de  la  Tour-Hassane 
(PLaD-2),  av.  du  Chella,  près  delà 
Résidence;  Maroc-Hôtel  (meublé; 
Pl.  6B2),  bd  El  Alou,  20;  Victoria 
(meublé;  Pl.  cBl),  bd  El  Alou,  7;  de 
France  (Pl.  dCl  ;30cli.  depuis  6  fr.), 
l)d  El  Alou;  de  Nice,  bd  El  Alou; 
Modem-Hôtel,  et  d'autres  encore 


situés  aux  abords  du  bd  El  Alou  ou  à 
proximité. 

Restaurants  :  —  Guillaume  Tell 
(V.  Hugo);  Coq  gaulois;  Deux 
Sœurs  Latines;  de  l'Univers,  tous 
situés  bd  El  Alou;  du  Palmarium, 
av.  Marie-Feuillet. 

Cafés-Brasseries  :  —  aux  restau- 
rants ci-dessus. 

Bains  :  —  Bains-douches  munici- 
jmux,  quartier  de  Bab  Tebene. 

Poste  et  télégraphe  :  —  Bureau 
Central,  bd  El  Alou  ;  succursales 
au  mellah,  au  pied  des  pilônes  de 
la  T. s. F.  et  à  la  Résidence. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc,  r. 
des  Consuls  ;  Algéro-Tunisienne,  r. 
El  Oubira;  C'«  Algérienne,  r.  des 
Consuls  ;  Crédit  Foncier  d'A  Igérie 
'et  de  Tunisie,  r.  des  Consuls,  22; 
Crédit  Marocain,  r.  El  Gza  ;  Lyon- 
naise, souk  El  Ghezel. 

Voitures  de  place  :  —  à  ctiev.. 


RABAT. 


tation  principale  bd  El  Alou,  on 
face  de  la  Subdivision  ;  autre  sta- 
tion à  la  Résidence  :  —  course 
dans  la  Medina  1  fr.  25;  à  la  Rési- 
dence 1  fr.  75  ;  aux  Touarga  2  fr.  ; 
l'heure  3  fr.  80. 

Chevaux  de  louage  :  -  -  C ardeur, 
V.  El  Oustia;  I<ournier,  bd  de  la 
Tour-Hassane. 

Services  automobiles  :  —  ces 
services  ont  leurs  bureaux  groupés 
à  l'entrée  O.  du  bd  El  Alou.  Ils 
son  t  assurés  par  la  Société  Française 
de  Transports  automobiles  (Goyon 
et  C'*^)  et  la  Société  des  Taxis-autos 
marocains  fPorge  et  C'*'),  qui  se 
chargent  en  outre  de  transporter 
les  voyageurs  dans  toutes  les  direc- 
tions. Ils  desservent  :  —  Knitra, 
10  fr.  la  place  en  automobile  ;  Casa- 
blanca, 25  fr.  la  place  en  automo- 
bile et  10  fr.  la  place  en  autobus  ; 
Tanger  {on  bonne  saison  seulement), 
150  fr.  la  place  en  automobile. 
Prix  à  débattre  pour  les  autres 
directions  sur  la  base  de  1  fr.  25  à 
1  fr.  50  le  k.,  les  distances  étant 
calculées  sur  l'aller  et  le  ret.  On 
demande  600  fr.  pour  la  location 
d'une  automobile  à  3  places  pour 
le  voyage  de  Rabat  à  Meknès 
et  Fès. 

Tramways  :  —  tête  de  ligne  à 
l'extérieur  de  Bab*  El  Alou  vers  : 
J*»  Kebibat,  quartier  de  l'Océan; 
2«  le  Grand  Aguedal  (s'informer  des 
horaires). 

Garages  :  —  Goyon  et  C'®,  bd  El 
Alou  ;  Rodière  et^Suisse,  av.  Marie- 
Feuillet. 


[18]  153 


Sazy^ 


Librairie-papeterie  : 

El  Gza,  156. 

Journaux  :  —  Echo  du  Maroc, 
quotidien  du  soir,  10  c.  et  Bulletin 
Officiel  du  Protectorat,  bd  El  Alou, 
tous  deux  en  langue  française;  Es 
Saada,  bd  El  Alou,  en  langue  arabe. 

Photographie  :  —  Schmitt  et  C®, 
r.  El  Gza,  153. 

Spectacles  :  —  Palmarium,  av. 
de  Casablanca;  Cinéma  Tur,  Galle- 
ron  et  Tanguy,  r.  Oukkasa,  67; 
Cinéma  des  Deux  Sœurs  Latines,  bd 
El  Alou;  Cinéma  Palace. 

Spécialités  marocaines  :  —  Cuirs 
tannés  ;  babouches  et  sacoches  bro- 
dées ;  tapis  de  Rabat  à  haute  laine 
et  à  points  noués  ;  broderies  sur 
étort'es  et  sur  filet;  bois  peints  ;  enlu- 
minures ;  cuivres  ciselés  ;  mosaïques 
de  faïence,  etc.  S'adresser  chez  les 
marchands  indigènes  de  la  r.  des 
Consuls  pour  les  obje-ts  de  fabrica- 
tion ancienne,  notamment  chez 
Palafrij  et,  pour  les  objets  de 
fabrication  moderne,  à  V école  d'arts 
indigènes  de  la  Médersa. 

Réjouissances  indigènes  — 
Cimetière  El  Alou,  très  animé  tous 
les  après-midi  du  vendredi;  Sorties 
du  sultan  pour  la  prière,  du  ven- 
dredi de  11  h.  30  à  12  h.  30  à  la 
mosquée  des  Touarga;  Fête  de 
VAcJioura,  1"  quinzaine  d'octobre, 
très  curieuse  ;  Aïd  El  Kebir,  en 
septembre;  Moussems  :  de  Sidi 
Yakoub,  organisé  par  les  porteurs 
d'eau  (guerrâbâ)  à  Chella,  en  mai, 
et  divers  au  cours  do  l'année  (s'in- 
former). 


Histoire.  —  Ribât  El  Fath,  «  le  Camp  de  la  victoire  »,  d'où  l'on  a  tiré 
le  nom  de  Rabat,  fut  ainsi  appelé  pour  perpétuer  le  souvenir  de  la  vic- 
toire des  musulmans  à  Alarcos  et  des  conquêtes  faites  sur  les  chrétiens, 
en  Andalousie.  Il  avait  été  conçu  et  entrepris  par  le  sultan  almohade 
Abd  El  Moumene  Ben  Ali  (1130-1163),  poursuivi  par  son  fils  Youssef 
(1163-1185),  et  fut  achevé  par  son  petit-rils  Yakoub  El  Mansour  (1185- 
1199).  C'était  le  lieu  de  concentration  des  contingents  et  des  approvi- 
sionnements qu'on  dirigeait  en  Espagne  pour  la  lutte  contre  les  chrétiens. 
Rabat  comprenait  alors  la  place  forte  des  Oudaïa,  vaste  enclos  de 
450  hect.,  limité  par  une  enceinte  qu'on  voit  encore  aujourd'hui,  de  beaux 
monuments  comme  la  médersa  et  la  mosquée  de  Hassane  avec  sa  tour. 
La  ville  tomba  rapidement  en  décadence.  Quand  elle  fut  en  possession 
des  mérinides,  ceux-ci  essayèrent  de  la  relever,  sans  grand  résultat, 
semble-t-il.  C'est  de  leur  époque  que  date  la  construction  de  la  grande 
mosquée  (xiii^  s.). 

Aux  xvii«  et  xviii«  s.,  le  sort  de  Rabat,  alors  appelé  Sala  El  Jedid, 
«  Sale  le  neuf  »,  est  intimement  lié  avec  celui  de  Sala  El  Kedimi,  «  Salé 
I  ancien  ».  En  1608,  sous  le  règne  du  sultan  saadien  Zidane,  elle  reçut 


154  -  [18] 


RABAJ. 


un  contingent  de  plusieurs  milliers  'd'Andalous  expulsés  d'Espagne,  qui 
bâtirent  la  medina  actuelle,  ouvrirent  dans  l'ancienne  médersa  une 
école  de  pilotage  et  organisèrent  ia  course,  qui  rendit  si  célèbres  les 
corsaires  dits  de  Salé  presque  aussi  redoutables  que  ceux  d'Alger. 

Rabat  se  transforma  en  une  sorte  de  république  à  peu  près  indépen- 
dante en  1627.  Dabord  rivale  de  Salé  (1630-1641),  elle  en  devint  une 
vassale  sous  El  Aïachi,  puis  passa  aux  mains  des  Dilaïtes  pour  retomber, 
en  1666,  sous  la  domination  des  sultans  alaouites. 

La  dynastie  nouvelle  la  dota  de  nombreux  monuments.  Sidi  Mohammed, 
en  particulier  (1757-1789),  y  fit  élever  7  mosquées,  des  forteresses,  deux 
skalas  ou  batteries,  et  aménager  un  aguedal.  Elle  ne  put,  malgré  cela, 
reprendre  sa  prospérité  ancienne  et  continua  de  s'épuiser  en  luttes 
stériles  avec  sa  voisine  Salé. 

Depuis  1912,  date  de  l'établissement  du  Protectorat  de  la  France  au 
Maroc,  elle  est  devenue  le  siège  de  la  Résidence  générale  et  s'est  déve- 
loppée dans  des  proportions  considérables. 

Bibliographie  :  —  Notes  sur  Rabat  et  Chella,  par  Mercier,  parues  dans 
les  tomes  V  à  VIII  des  Archives  marocaines;  —  Bayis  le  mystère  du 
Moghreb,  par  J.  et  J.  Tharaud,  dans  la  «  Revue  des  Deux  Mondes  » 
en  1917;  —  Rabat  ou  les  heures  marocaines,  par  J.  et  J.  Tharaud  (Paris, 
Emile-Paul,  1918). 

Les  itinéraires  suivants  partent  de  Bab  El  Alou,  centre  actuel 
de  la  vie  urbaine,  et  où  se  trouve  la  plus  importante  station  de 
voitures. 

7.  —  ha  Medina. 

De  Bab  El  Alou,  porte  monumentale,  flanquée  de  vieux 
canons  de  bronze,  on  pénètre  sur  le  boulevard  El  Alou,  en 
laissant,  à  g*.,  le  petit  quartier  A'El  Oiihira.  On  rencontre 
successivement,  à  g'.,  faisant  face  à  une  ligne  ininterrompue 
de  constructions  :  la  Subdivision,  un  kiosque  à  musique  dans 
un  riant  jardin,  la  Kechla,  ancienne  caserne  où  sont  aujourd'hui 
détenus  des  prisonniers  indigènes,  le  bureau  central  des  postes. 
En  arrière  de  ces  bâtiments  s'étend  jusqu'à  la  mer,  sur  une 
profondeur  de  500  m.,  le  cimetière  musulman^ ^  très  curieux, 
d'où  l'on  a  une  magnifique  vue  sur  l'Océan.  L'extrémité  E.  du 
boulevard  El  Alou  est  marquée  par  VOffice  Commercial  (ouvert 
aux  visiteurs;  au  rez-de-chaussée,  produits  marocains,  agricoles 
et  industriels;  au  1*»^  étage,  sallè  de  réunion  et  produits 
importés),  dont  le  mur  N.  est  orné  d'une  jolie  fontaine  avec 
revêtements  de  mosaïques  de  faïence. 

Au  fond  du  boulevard  se  dresse  l'imposant  groupe  des 
OuDAÏA,  enserré  dans  une  enceinte  crénelée  du  plus  pitto- 
resque aspect.  On  visitera  successivement  la  kasba  (entrée  en 
haut,  à  g.)  et  la  médersa  (entrée  en  face  du  boulevard,  sur  la 
place  El  Ghezel). 

La  "^kasba  des  Oudaîa  doit  son  nom  à  une  tribu  guich  qui 
y  tint  garnison  dès  la  fondation  de  Rabat  par  Yakoub  El  Man- 
sour  (xn®  s.).  Elle  se  composait  d'une  enceinte  de  hauts  murs 
protégeant  un  village  entier  groupé  autour  d'une  mosquée;* 
elle  abritait  en  outre  le  gouverneur,  les  fonctionnaires  et  la 
garnison.  C'est  une  réplique  de  ces  ribats  ou  citadelles  édifiées 


D  E 


J) 


"^'19        /rnp     Thffht'nunf     T\u'iS . 


RABAT. 


[18]  —  rô5 


au  moyen  âge  par  les  religieux  et  guerriers  combattant  pour  la 
foi  musulmane.  —  La  porte  d'entrée^  à  baïonnette,  s'élève  sur 
un  tertre  et  domine  la  ville.  En  pierre  de  taille  et  d'un  ton 
rouge  ocreux,  elle  est  de  proportions  majestueuses.  Le  décor 
sculpté  en  est  sobre  et  bien  équilibré.  Les  tympans  de  l'arc  sont 
encadrés  d'une  belle  inscription  coufique.  l)e  la  terrasse,  à 
laquelle  on  accède  par  un  escalier  s'insérant  sous  les  voûtes, 
belle  *vue  d'ensemble  sur  Rabat-Salé  et  le  Bou  Regreg. 

Du  château  intérieur,  il  ne  reste  que  les  souterrains.  L'empla- 
cement en  est  occupé  par  des  habitations  modestes  réparties 
de  chaque  côté  d'une  rue  que  jalonne  le  minaret  en  pierre 
d'une  mosquée  où  le  sultan  venait  autrefois  diriger  la  prière 
un  vendredi  sur  deux.  Cette  rue  aboutit  à  une  plate-forme 
surélevée  où  se  trouve  un  poste  sémapliorique  et  une  batterie 
d^artillerie.  La  *vue  est  très  belle. 

La  *médersa  des  Oudaîa  avoisine  la  kasba  au  S.  Elle 
servit  autrefois  d'école  de  pilotage,  elle  possède  une  tour  de 
beau  style  et  un  hammam.  Restaurée  en  1915,  elle  sert  aujour- 
d'hui de  musée  (F.  ci-dessous).  Son  musée,  son  jardin  avec 
pergolas,  son  café  maure  (*vue  magnifique  sur  le  Bou  Regreg  et 
Salé),  son  école  d'arts  indigènes  en  font  un  des  plus  charmants 
buts  de  promenade  de  Rabat. 

Le  musée  (ouvert  tous  les  jours  de  9  à  12  et  de  14  à  18  h.; 
entrée  gratuite)  est  installé  dans  des  salles  s'ouvrant  sur  un 
patio  central  entouré  d'une  galerie  soutenue  par  20  colonnes 
et  chapiteaux  de  pierre  taillée. 

Salle  dk  Rabat,  à  g.  —  Tapis  de  Rabat,  à  haute  laine  et  à  points 
noués;  nattes  en  jonc  de  Salé;  broderies  de  soie  au  point  plat  de  Rabat, 
au  point  croisé  de  Salé;  broderies  sur  filet  de  Salé;  boiseries  et  .éta- 
gères peintes  ;  collection  de  poires  à  pondre  du  Sous  ;  quelques  armes 
marocaines  :  fusils  et  poignards. 

Salle  de  Fès,  en  face  de  la  précédente,  soutenue  par  des  colonnes 
et  s'éclairant  sur  le  jardin  par  une  large  baie.  —  Poteries  anciennes  de 
Fès,  émaillées;  meubles  de  Fès  :  fauteuils,  coffres,  colfrets,  étagères 
sculptés  et  peints;  marbres  gravés;  bijoux  du  Sous  et  de  Meknès  ; 
nattes  de  Salé. 

Galeries.  —  La  galerie  de  dr.  renferme  de  vieux  canons,  d'anciennes 
chaînes  et  entraves  pour  prisonniers,  une  vieille  porte  de  prison  en  fer, 
des  dalles  de  terre  cuite  provenant  d'un  tombeau  antique  de  Salé.  —  La 
galerie  d'en  face  abrite  des  fragments  de  bois  et  de  plâtre  sculptés. 

Salon  de  coiffeur-,  dans  une  pièce  à  l'entresol,  en  face  de  l'entrée. 
—  Cette  pièce  a  été  reconstituée  avec  des  documents  originaires  de  Fès. 

Salle  des  antiquités,  à  l'entresol,  au-dessus  de  la  galerie  de  dr.  — 
Réductions  en  plâtre  de  la  Basilique,  d  un  pressoir  à  huile  et  de  Tare 
de  triomphe  de  Caracalla,  de  Volubilis  (p.  191);  plan  général  en  relief  de 
l'ancienne  ville  romaine. 

Une  salle,  à  l'étage  au-dessus,  renferme  des  poteries  berbères  du  Maroc, 
des  spécimens  anciens  de  travaux  au  crochet  et  de  broderie  sur  filet. 

L'ÉCOLE  d'arts  indigènes,  installée  à  l'intérieur  du  rempart  O.,  se 
propose  de  faire  revivre  les  techniques  marocaines  se  rapportant  à 
Venluniinure,  à  la  sculpture  et  à  la  peinture  du  bois,  à  la  ciselure  du 
cuicre,  à  la  teinturerie  des  laines  et  des  soies  destinées  à  la  confection 
des  tapis  à  points  noués  et  à  la  broderie. 


156  —  [18] 


RABAT. 


Sur  la  place  du  souk  El  Ghezel,  s'ouvre  à  angle  droit  la  rue 
des  Consuls  d'où  l'on  a,  à  l'entrée,  une  vue  sur  la  Douane,  le 
port,  le  Bou  Regreg  et  Salé.  Plus  loin,  la  rue  est  bordée  de 
boutiques  indigènes  dont  quelques  échoppes  de  marchands  de 
broderies  de  Rabat  et  de  Salé  (le  souk  des  tapis  est  voisin).  On 
aboutit  ainsi  à  l'entrée  du  inellah  et  de  la  rue  Souika. 

De  ce  point  on  pourra  faire  un  crochet  en  quelques  minutes 
vers  la  curieuse  place  des  Forgerons  et  la  rue  des  Teinturiers  qui 
conduit  au  port  par  Bab  El  Bahar,  puis  vers  le  mellah  ou  quar- 
tier juif. 

Sur  tout  son  parcours,  la  ime  Souïka  est  bordée  de  nombreux 
fondouks,  de  quelques  fontaines  et  d'une  suite  ininterrompue 
de  boutiques  indigènes.  Deux  mosquées  sont  desservies  par 
elle  :  la  grande  mosquée,  avec  une  porte  moderne  (1813)  et  dont 
une  dépendance,  le  Moristane  ou  ancien  hôpital,  est  occupé 
aujourd'hui  par  des  magasins  (la  rue  du  Chella,  à  g.  de  la  mos- 
quée, conduit  par  Bab  Chella,  percée  dans  la  muraille  des 
Andalous,  p.  157,  à  l'avenue  du  Ghella  qui  mène  à  la  Késidence 
générale);  la  mosquée  de  Moulay  Slimane,  fondée  par  le  sultan 
du  même  nom,  qui  régna  de  1791  à  1822. 

L'extrémité  de  la  rue  Souika  aboutit  au  marché  européen,  de 
construction  moderne  et  que  ferment,  au  S.,  Bab  Tebene  qui 
conduit  au  Dar  El  Makhzen  (p.  159)  et,  à  l'O.,  Bab  El  Had,  porte 
monumentale  donnant  accès  à  la  gare. 

Du  marché,  on  peut  rejoindre  le  boulevard  El  Alou  soit  par 
la  rue  El  Gza,  bordée  de  magasins  européens  et  indigènes, 
soit  par  la  rue  Sidi  Fatah,  plus  intéressante  avec  la  zaouia  des 
Aïssaoua,  la  mosquée  Moulay  El  Mekki,  précédée  d'un  plafond 
sculpté  et  peint,  les  Services  municipaux  installés  dans  une 
construction  de  style  néo-mauresque,  la  mosquée  Moulay  Er 
Rechid  et  le  marabout  de  Sidi  Fatah,  en  haut  de  la  rue. 

77.  —  Le  port. 

10  à  15  min.  —  Bonne  route.  Cet  itinéraire  peut  se  grelTer  sur  l'itiné- 
rairo  I  ou  former  la  première  partie  de  l'itinéraire  III. 

Du  boulevard  El  Alou  à  l'entrée  de  la  rue  des  Consuls, 
V.  l'itinéraire  précédent.  A  rentrée  de  la  rue  des  Consuls,  la 
route  du  port  s'amorce  à  g.,  tourne  devant  la  Douane,  longe  les 
quais  et  remonte  le  long  de  l'oued  Bou  Regreg  sur  les  bords 
duquel  est  aménagé  le  port. 

L'ancien  port  de  Rabat-Salé,  le  port  des  Devx-Rives  des  historiens 
arabes,  point  d'attache  des  anciens  corsaires  salétins,  a  été  récemment 
l'objet  d'importantes  modifications.  Au  moment  de  l'établissement  du 
Protectorat,  le  port  de  Rabat  consistait  en  une  petite  darse  à  bar- 
casses  encadrée  de  quais  longs  de  80  m.  à  peine  et  inaccessible  à 
demi-marée.  Le  quai  de  la  Douane,  mesurant  200  m.,  fut  construit 
en  1913.  11  offre  maintenant  une  longueur  de  110  m.  à  l'accostage  des 
embarcations  d'un  tirant  d'eau  de  3  m.  Les  terre-pleins  de  Bab  EL  Bahar 
et  de  Sidi  Makfdouf,  plus  en  amont,  et  respectivement  longs  de  135  m. 
et  de  125  m.,  sont  terminés  et  munis  de  grues,  de  magasins  et  de  bureaux 


RABAT, 


[18]  —  157 


Pour  assurer  le  trafic  de  Salé,  on  construit  sur  la  rive  dr.  du  Bou 
Regreg,  un  appontement  qui  mesurera  100  m.  de  long  et  sera  bordé 
par  un  terre-plein  de  1  hect.  Les  fonds  auront  3  m. 

Le  commerce  total  du  port  de  Rabat-Salé  a^té,  en  1915,  de  23  mil- 
lions ;  il  est  passé  en  1916  à  35  millions  et  en  1917  à  41  millions,  se 
répartissant  sur  41,000  tonnes.  En  raison  de  sa  situation  spéciale  au 
découché  des  régions  fertiles  des  Zaër,  des  Zemmour  et  des  Zaïane,  le 
port  de  Rabat  est  appelé  à  devenir  le  centre  d'un  assez  important  trafic. 

Les  relations  très  actives  qui  s'échangent  entre  Rabat  et  Salé 
sont  assurées  par  des  barcasses,  un  canot  automobile  et  un 
bac  qui  vont  et  viennent  tout  le  jour  d'une  rive  à  l'autre. 

Pour  rentrer  en  ville,  on  a  la  faculté  de  reprendre  le  chemin 
de  l'aller,  ou  mieux,  si  l'on  est  à  pied,  de  rejoindre  la  Medina 
par  Bab  El  Bahar,  la  rue  des  Teinturiers  et  la  rue  des  Consuls. 


7ÎZ.  —  Circuit  S.  —  Tour  Hassane;  Chella;  Touarga ; 
T^ésidence  générale. 

7  k.  5  S.  —  Bonne  route  autocyclable,  et  chemins  bien  aménagés  ; 
parcours  pittoresque;  1  h.  30  en  voit.  6  ft*.  ;  2  à  3  h.  à  pied.  Très  recom- 
mandé. —  On  peut  se  rendre  directement  à  Chella  en  remontant 
le  Bou  Regreg  en  canot  automobile  (serv.  régulier  dimanches  et  jours 
fériés  de  10  h.  à  18  h.  30,  1  fr.  ;  à  forfait  les  autres  jours).  Embarque- 
ment sur  le  quai  de  Sidi  Makhlouf  ;  auberge  au  débarcadère  :  Robinson 
du  Chella. 

Du  boulevard  El  Alou  au  port  (F.  itinéraire  II).  En  amont 
du  bac,  remonter  le  boulevard  Front  d'Oued,  qui,  après  avoir 
laissé  à  dr.  la  muraille  des  Andaloas  construite  au  commence- 
nient  du  xvii®  s.  et  le  quartier  européen  de  Sidi  Makhlouf,  longe 
la  tour  Hassane. 

La  *tour  Hassane,  minaret  qui  «  étonne  le  voyageur,  non 
par  ses  proportions  qui  sont  un  peu  lourdes,  mais  par  sa  gran- 
deur, sa  solidité,  par  la  beauté  nue  de  l'entrelacs  large  et 
simple  dont  il  est  décoré...,  symbole  de  la  puissance  de  cette 
dynastie  almohade  laissant  inachevée  comme  lui-même,  mais 
comme  lui  ineffaçable,  son  oeuvre  d'organisation  sociale  » 
(Ed.  Doutté),  est  à  base  carrée  de  16  m.  20  de  côté  et  a  44  m.  de 
haut;  elle  repose  sur  une  plate-forme  surélevée  de  6  m.  ;  ses  murs 
ont  2  m.  50  d'épaisseur  et  une  rampe  intérieure,  large  de  2  m., 
conduit  en  pente  douce  jusqu'au  sommet.  Ses  faces  sont  per- 
cées d'élégantes  ouvertures  qui  éclairent  l'escalier  récemment 
restauré;  elles  sont  en  outre  sculptées  d'ornements  variés  dont 
les  motifs  naissent  sur  des  arcs  que  supportent  des  colonnettes 
de  marbre  et  de  pierre.  L'architecte  fut  un  musulman  nommé 
Djouher.  Du  haut  de  la  tour,  on  a  une  *vue  magnifique  du 
côté  de  la  mer  sur  Rabat-Salé,  que  sépare  le  Bou  Regreg,  au 
N.-E.  sur  la  Merdja  de  Salé,  vaste  prairie  marécageuse  peuplée 
de  hauts  ajoncs,  et,  plus  loin,  sur  la  forêt  de  Mamora. 

Au  pied  de  la  tour,  du  côté  S.,  s'élevait  la  mosquée  dont  les 


158  —  [18] 


RABAT. 


ruines,  fouillées  eu  1U14-1915  sous  la  direction  de  M.  Dieulafoy, 
ont  mis  au  jour  l'infrastructure  d'un  imposant  édifice  religieux. 

La  mosquée  était  enclose  dans  un  immense  rectangle  de  186  m.  sur 
143,  percé  de  12  portes  et  comprenait  3  cours  intérieures  :  une  première 
sur  l'axe  longitudinal,  proche  du  minaret,  longue  de  68  m.  80,  large  de 
28  m.  50,  aujourd'hui  défoncée  (elle  recouvrait  sans  doute  une  citerne); 
deux  autres  cours  symétriques  de  78  m.  sur  -20  m.,  plus  rapprochées  du 
mihrab.  La  salle  de  prière^  soutenue  du  côté  S.  par  40  colonnes  de 
marbre  blanc  de  6  m.  40  de  hauteur,  et  ailleurs  par  170  colonnes  de 
3  m.  20,  s'étendait  entre  les  cours.  Le  mihrab,  de  3  m.  30  sur  3  m.  10  et 
placé  sur  l'axe  de  la  mosquée  et  de  la  tour,  est  encore  visible. 

Entreprise  sur  l'ordre  du  sultan  almohade  Yakoub  El  Mansour,  la 
mosquée  n'était  pas  terminée  à  la  mort  de  ce  souverain  (1198).  Quoique 
inachevée,  elle  fut  livrée  au  culte.  Parla  suite,  un  incendie  la  dévasta. 
Vers  le  milieu  du  xviii*  s.,  elle  fut  sans  doute  bouleversée  par  le  trem- 
blement de  terre  qui  ravagea  Lisbonne  et  qui  se  lit  sentir  sur  plusieurs 
points  du  Nord  de  l'Afrique.  Depuis,  le  temps  et  peut-être  aussi  les 
hommes,  ont  achevé  l'œuvre  de  destruction. 

Au  delà  de  la  tour  Hassane,  le  boulevard  Front  d'Oued  décrit 
de  gracieux  méandres  dominant  la  falaise,  il  s'écarte  peu  à  peu 
du  Bou  Regreg  et  domine  un  réseau  de  salines,  à  proximité 
duquel  s'aperçoivent  les  travaux  d'un  pont  sur  Foued  de  175  m. 
de  long  et  de  3  arches,  commencé  en  1917  pour  livrer  passage  à 
une  route  et  à  la  voie  ferrée.  Il  traverse  ensuite  Venceinte  exté- 
rieure de  la  ville. 

De  la  porte  des  Zaër  (62  m.  50  d'alt.)  un  petit  chemin  con- 
duit à  "^Chella  dont  on  aperçoit,  à  300  m.  à  g.  en  contre-bas, 
l'enceinte  aux  murs  rougeâtres. 

Histoire.  —  Chella  est  l'établissement  le  plus  ancien  de  l'embouchure 
du  Bou  Regreg.  Bien  qu'il  ne  soit  pas  signalé  dans  le  périple  de  Hannon, 
on  suppose  que  les  Phéniciens  ont  dû  y  établir  des  comptoirs.  La  pré- 
sence des  Romains  y  est  incontestable  :  Sala  Colonia  est  une  des 
étapes  de  la  colonisation  romaine  dans  le  N.  du  Maroc;  elle  est  alors 
directement  reliée  à  Tanger  par  une  route. 

Chella  semble  être  devenue  une  ville  importante  du  royaume  des 
Berghouata,  que  conquirent  successivement  Moulay  Idris  le  Grand 
(viii«  s.),  les  zénètes  Moussa  Ibn  Abou  El  Atia  El  Meknassi  (929),  Ziri 
Ben  Atia  (993)  et  les  Beni  Ifrene  qui,  plus  tard,  cédèrent  la  place  aux 
Almoravides  (1060).  Elle  fut  abandonnée  en  1154  pour  l'emplacement  de 
Salé.  Au  XIV*  s.,  elle  devint  une  nécropole  des  Mérinides  et  c'est  de 
cette  époque  que  datent  les  constructions  qu'on  y  voit  aujourd'hui. 

Uenceinte  a  la  forme  d'un  quadrilatère  irrégulier  de  300  m. 
env.  de  côté.  On  la  franchit  par  une  "^porte  richement  orne- 
mentée flanquée  de  deux  bastions  semi-octogonaux  dont  les 
angles  supérieurs  sont  couronnés  de  curieux  merlons  saillant 
sur  un  encorbellement  à  stalactites;  un  escalier  donne  accès 

la  plate-forme  supérieure;  à  l'intérieur,  à  g.,  se  trouvent 
d'anciens  postes  de  garde. 

Un  petit  chemin  conduit  le  voyageur  dans  la  partie  la  plus 
basse  de  l'enclos  marquée  par  une  source  qui  alimente  Rabat 
en  eau  potable.  Sur  la  g.  s'élèvent  :  1"  le  magnifique  *tombeau 
de  l'émir  mérinide  Abou  El  Hassane  Ali,  «  le  sultan  noir  »,  orné 


RABAT. 


[18]  —  159 


à  l'extérieur  d'un  auvent  à  stalactites;  la  façade  entière  est  en 
pierre  rouge  taillée  et  sculptée;  le  tombeau  abrite  des  stèles 
de  marbre  portant  les  épitaphes  d'Abou  El  Hassane  Ali  et  de 
sa  femme  Ghems  Ed  Donna,  européenne  convertie  à  l'Islam  ; 
2"  une  vieille  mosquée  en  ruines  dont  le  mihrab  est  entouré 
d'un  couloir  semi-circulaire;  la  légende  dit  que  le  Prophète 
pria  dans  cette  mosquée  et  qu'il  fut  un  temps  où  il  suffisait  de 
faire  sept  fois  le  tour  du  mihrab  pour  avoir  le  titre  de  <^  hadj  » 
donné  aux  pèlerins  ayant  fait  le  voyage  de  la  Mekke;  un 
minaret  mérinide,  surmonté  d'un  lanterneau  et  aux  parois  revêtues 
de  superbes  faïences  polychromes.  En  contre-bas,  le  long  des 
ruines,  s'étend  un  joli  jardin  d'orangers  et  de  bananiers  arrosé 
par  l'eau  d'une  source  voisine,  Aïn  Mdafa,  «  source  des  canons  ». 

A  dr.,  des  constructions  en  ruines  s'élèvent  à  flanc  de  coteau, 
ainsi  que  les  koubbas  pittoresques  de  Sidi  Yahia  Ben  Younes, 
de  Sidi  El  Hassane  El  Imane,  de  Sidi  Ameur  El  Mesnaoui,  et 
des  Regraga. 

Après  la  visite  de  Ghella,  on  reviendra  sur  ses  pas,  laissant 
à  g.  la  colline  de  Sidi  Mnina,  couverte  d'un  cimetière  ancien  où 
apparaissent  les  mausolées  de  Sidi  Bon  Mnina,  de  Sidi  Et  Taghi 
et  de  Sidi  Ben  Ghkaoui.  On  pénètre  dans  l'enceinte  almohade 
par  la  porte  des  Zasr. 

On  entre  ainsi  dans  le  quartier  des  Touarga,  où  campaient 
autrefois  les  troupes  des  souverains  du  Maroc.  L'enceinte  qui 
le  longe  à  l'O.  entoure  le  petit  Aguedal  où  s'élève  le  Dar  El 
Makhzen  ou  palais  du  sultan,^  résidence  actuelle  de  Moulay 
Youssef,  achevée  vers  1860  par  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Er 
Rahmane,  qui  y  amena  l'eau  à  grand  frais.  Le  point  le  plus 
élevé  de  ce  quartier  a  80  m.  d'alt.  La  vue  sur  Rabat  est  très 
large.  On  y  élève  actuellement  le  palais  où  s'installera  le  Rési- 
dent général,  construction  grandiose,  avec  de  grands  jardins. 
En  redescendant  vers  la  ville,  on  rencontre  les  bâtiments  néo- 
mauresques, édifiés  en  1916,  de  la  Direction  de  V  Enseignement  y 
avec  péristyle  sous  galerie  à  4  arcades;  de  la  Trésorerie  Géné- 
rale (entrée  permise)  dont  le  patio  intérieur,  entouré  de  guichets 
reliant  les  colonnes,  est  couvert  d'une  coupole  vitrée;  de  la 
Direction  dç  V Agriculture  (entrée  permise),  avec  cour  rectan- 
gulaire et  galerie  à  colonnes  et  chapiteaux  en  pierre  taillée  et 
sculptée.  Les  autres  services  de  la  Résidence  générale  se 
construiront  dans  ce  quartier  merveilleusement  situé. 

Après  la  caserne  des  spahis,  on  voit,  à  l'angle  N.-E.  de  l'Ague- 
dal,  la  mosquée  Es  Sounna  avec  minaret  carré  et  toiture  verte, 
où  le  sultan  vient  prier  tous  les  vendredis  en  grand  apparat, 
de  11  h.  30  à  12  h.  30.  L'édifice  fut  construit  par  Sidi 
Mohammed  Ben  Abd  Allah  (1757-1789)  et  réparé  par  Sidi 
Mohammed  Ben  Abd  Er  Rahmane  (1859-1873). 

L'avenue  du  Dar  El  Makhzen  ramène  directement  en  ville 
par  Bab  ïebene  (p.  156)  en  laissant  à  g.  les  jardins  Menebhia,  où 
se  trouve  une  orangerie  créée  par  El  Menebhi,  ancien  vizir 
d'Abd  El  Aziz,  et  Mamounia  et,  à  dr.,  le  quartier  provisoire  de  la 


160  —  [18] 


RABAT. 


Résidence  générale,  où  les  services  se  groupèrent  en  1912  dans 
des  pavillons  en  bois  autour  de  la  modeste  villa  du  Résident. 
Ce  quartier,  installé  en  hâte  aussitôt  après  l'établissement  dû 
Protectorat  et  aujourd'hui  agrémenté  de  jardins,  a  un  aspect 
pittoresque  et  inattendu.  On  en  parcourra  avec  intérêt  les 
artères  principales. 

TK.  —  Circuit  0,  —  J{emparts  almohades; 
grand  Aguedal;  jardins  d'Essais;  camps. 

6  k.  5.  —  Rues  et  routes  autocyclables  pouvant  être  parcourues  à  pied 
en  2  h.  et  en  voit.  1  h.,  4  fr. 

A  la  sortie  de  Bab  El  Alou,  on  suit  les  remparts  en  se  diri- 
geant directement  vers  le  S.  On  passe  ainsi  devant  (0  k,  5) 
Bab  El  Had  (p.  156)  en  face  de  la  gare  du  ch.  de  fer  militaire  et 
(1  k.  5)  Bab  Er  Rouah,  du  haut  de  laquelle  on  jouit  d'une  *vue 
magnifique  sur  Rabat  au  N.,  et  sur  le  Dar  El  Makhzen  au  S. 
(demander  l'autorisation  d'accès  au  gardien). 

Le  grand  rempart  bastionné,  construit  par  Yakoub  El 
Mansour,  protégeait  les  espaces  réservés  à  cette  époque  aux 
nègres  du  sultan.  Encore  debout,  il  commence  à  l'Océan,  à 
500  m.  au  N.  de  Bab  El  Alou,  et  s'étend  en  ligne  droite  sur 
une  longueur  de  3  k.  5  jusqu'au  delà  du  palais  du  sultan,  puis 
fait  un  angle  aigu  en  direction  N.-E.  sur  2  k.  pour  rejoindre 
la  falaise  du  Bou  Regreg.  Avec  le  fleuve  et  l'Océan,  il  protège 
une  superficie  de  450  hect. 

♦Bar  Er  Rouah,  <«  la  porte  des  vents  »,  rappelle  par  ses  pro- 
portions monumentales  celle  de  la  kasba  des  Oudaia  (p.  154). 
Flanquée  à  l'O.  de  deux  bastions,  elle  a  son  arc  orné  d'un 
entrelacs  festonné,  de  voussoirs  imbriqués  et  d'un  autre  rang  de 
festons;  ses  écoinçons  d'arabesques  florales  sont  marqués  sur 
l'axe  par  une  grande  écaille  en  relief;  une  bande  d'écriture 
couflque  encadre  l'arc  et,  dans  les  angles,  des  coionnettes  à 
jolis  chapiteaux  sculptés  soutiennent  des  corbeaux  lobés.  Le 
passage  intérieur,  en  baïonnette,  se  développe  sous  des  cou- 
poles dont  l'une,  côtelée,  repose  sur  pendentifs.  La  face  E.,  plus 
modestement  traitée,  est  également  digne  d'intérêt.. 

A  partir  de  Bar  Er  Rouah,  la  route  s'incline  vers  le  S.-O., 
monte  doucement  devant  la  caserne  de  la  Garde  noire  jusqu'à 
Vécole  supérieure  de  Langue  arabe  et  de  Dialectes  berbères. 

Ce  dernier  édifice  (entrée  permise)  a  été  construit  en  1916  dans  le 
style  néo-marocain.  Ses  galeries  donnent  accès  à  des  salles  de  cours, 
une  bibliothèque,  un  musée  ethnoQraphique  en  formation,  et  à  une  salle 
de  conférences. 

On  est  dès  lors  sur  le  terrain  du  Grand  Aguedal,  vaste 
surface  sableuse,  légèrement  en  pente  (43  m.  d'alt.),  où  fut 
installée  la  première  foire  de  Rabat  (1917).  Faisant  face  à  une 
esplanade  de  300  m.  de  long,  plantée  de  pins  et  munie  de  bassins 
et  de  vasques,  la  maison  des  Sports  s'élève  à  g. 


RABAT. 


[18]  —  161 


Après  le  mausolée  de  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah,  on  tour- 
nera à  dr.  pour  longer  les  jardins  d'essais  que  coupe  en  deux 
parties  d'inégales  surfaces  (8  hect.  et  3  hect.)  la  route  natio- 
nalede  Rabat  à  Casablanca.  A  400  m.  à  l'O.  apparaît  la  gare  de 
Bab  Temara. 

Bah  Temara,  qui  livre  passage  au  cl^^  de  fer  et  à  la  route,  est  une  porte 
de  ïenceinte  extérieure  que  fit  construire  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah 
(xviii*'  s.).  De  3  k.  de  long,  celle-ci  court  presque  parallèlement  au  grand 
rempart  almohade  d'O.,  de  l'Océan  au  grand  Aguedal.  Elle  a  été  démolie 
par  endroits. 

Après  avoir  longé  à  l'O.  l'enceinte  extérieure,  on  croise 
l'avenue  de  Casablanca  qui  dessert  (1  k.  S.-O.)  le  cimetière 
européen,  (800  m.  0.)  Vinjirmerie  indigène,  (300  m.  N.-O.)  le  camp 
de  Sartige  et  Kebibat.  Arrivé  au  bord  de  la  mer,  on  prend  la 
direction  de  Rabat  pour  passer  derrière  les  bâtiments  de 
Vhôpital  militaire  et  du  camp  Garnier,  longer  le  fort  Hervé 
(ancienne  batterie  Battenberg  armée  de  deux  grands  canons 
Krupp,  construite  sous  les  règnes  de  Moulay  El  Hassane  et 
d'Abd  El  Aziz)  et  le  quartier  de  l'Océan.  Une  fois  en  vue  de 
ïabattoir  et  du  bordj  Es  Sirat.,  qui  limitent  le  rempart  almohade 
au  N.,  on  tourne  à  dr.  pour  regagner  Bab  El  Alou. 

p]NviRONS.  —  1°  Temara  (15  k.  S.-O.).  —  Promenade  sur  la  route  de 
Rabat  à  Casablanca,  précédemment  décrite  en  sens  inverse  (p.  151). 

2"  L'Ouldja  (20  k.  S.-E.  ;  agréable  promenade  pouvant  s'effectuer  à 
cheval  ou  à  dos  de  mulet  en  4  h.,  en  canot  en  2  h.).  —  h'OuldJa,  plaine 
fertile  et  basse,  longe  le  Bou  Regreg  en  amont  de  l'estuaire.  Ou  y  dis- 
tingue les  canaux  d'irrigation  qui  arrosaient  d'anciennes  cotonneries 
encore  prospères  au  commencement  du  xix«  s.  ;  le  coton  était  mis  en 
œuvre  par  les  tisserands  de  Salé.  On  songe  à  utiliser  l'Ouldja  en  vue  de 
la  culture  maraîchère. 

Au  point  dit  le  Kef,  énorme  rocher  qui  s'élève  auprès  d'un  gué,  la 
falaise  à  pic  est  escaladée,  sur  la  rive  g.,  par  un  chemin  taillé  dans 
le  roc  et  au  haut  duquel  se  trouvent  les  ruines  d'une  tour  carrée  d'où 
Ton  pouvait  surveiller  le  coude  de  l'oued  et  les  vallées  adjacentes.  De 
cette  tour  part,  se  dirigeant  entre  Rabajt  et  Temara,  un  fossé  à  peu 
près  rectiligne,  jalonne  de  distance  en  distance  par  des  ruines  de  tours  : 
c'est  un  antique  «  limes  »  romain.  Sur  la  rive  opposée,  la  crête  est 
entaillée  comme  par  un  chemin  qui  partirait  du  gué.  La  tour  est  appelée 
par  les  indigènes  Dar  Dekious,  «  la  maison  de  Décius  »,  et  le  fossé  Seguia 
Faraoun,  «la  conduite  d'eau  de  Pharaon  »  (Brunot). 

2°  Forêts  des  Shoul  et  desZaêr  (40  k.  S.  ;  cette  excursion  peut  faire 
l'objet  d'un  circuit  automobile  de  180  k.  par  Nkheila,  Marchand  et 
Boulhaut). .—  Ces  forêts  sont  comprises  entre  les  cours  inférieurs  du 
Bou  Regreg  et  du  Nefifikh.  La  première,  peuplée  uniquement  de  chêne- 
liège,  a  30,000  hect.  de  superficie;  la  seconde,  où  le  chêne-liège  est 
mélangé  au  thuya,  «  arar  des  indigènes  »,  occupe  une  surface  de 
50,000  hect. 


DE  RABAT  A  CHRISTIAN  (101  k.  S.  ;  route  secondaire  n«  201,  en 
construction  jusqu'à,  42  k,  5,  Nkheila,  et  piste  autocyclable  sur  le  reste 
du  parcours).  —  Sortie  par  l'avenue  du  Dar  El  Makhzen  ei  la  porte  des 
Zaër.  D'abord  sablonneuse  sur  5  k.,  la  piste  descend  en  pente  rapide 


MAROC. 


11 


162  —  [18] 


RABAT. 


et  en  lacets  sur  l'oued  Akreuch.  —  24  k.  5.  Pont  en  bois  sur  l'oued 
Korifla. 

42  k.  5.  Nkheila,  «  la  p"ctite  palmeraie  »,  ch.-l.  du  cercle  des  Zaër,  au 
milieu  d'une  région  fertile,  sur  le  territoire  des  Ouled  Mimoun  et  Ktir. 
Marché  le  mardi.  Nkheila  fut  autrefois  une  ville  de  quelque  importance 
de  la  province  de  Tamesna  (p.  73).  De  Nkheila  à  Tiflet,  44  k.  N.-E.,  par 
(20  k.)  Moulay  Idris  Aghbal  (p.  IW,  C). 

La  piste  est  moins  accidentée.  —  45  k.  5.  Forêt  de  Bouïret  Ez  Ziar. 

—  57  k.  5.  Marabout  de  Sidi  El  Hadj  El  Kebir.  —  60  k.  Marabout  de 
Jebfou  Tebouda. 

73  k.  Marchand,  encadré  par  les  oueds  Kram  et  Touïza,  poste  militaire 
créé  en  1911,  du  nom  du  lieutenant  Marchand,  tué  à  l'ennemi  en  1910. 
Marché  le  mercredi  des  Ouled  Khalifa.  —  De  Marchand  à  Tiflet,  65  k. 
N.-E.  par  (18  k.)  Merzaga,  et  (36  k.)  Maaziz  (p.  179).  De  Marchand  à  Khe- 
misset,  83  k.  N.-E.,  par  (36  k.)  Maaziz  et  (56  k.)  Si  Larbi  (p.  180). 

La  piste,  à  pentes  raides  en  sortant  de  Marchand  jusqu'au  k.  77,  se 
développe  ensuite  à  profil  plat.  —  94  k.  A'in  Cheguiga.  —  95  k.  Badjrat 
Ben  Nasseur. 

101  k.  Christian,  poste  militaire  créé  en  1912,  à  la  limite  du  pays 
Zaër,  ainsi  nommé  à  cause  de  la  mort  du  capitaine  Ciiristian  tué  la 
même  année  à  El  Fedj.  Le  poste  est  situé  sur  un  plateau  limité  à  \  0. 
par  l'oued  Bridia.  La  source  d'Ain  Zaïliga,  toute  proche,  l'alimente 
en  eau. 

De  Christian  a  Moulay  Bou  Azza  (36  k.  E.  ;  piste  muletière  à  profi 
généralement  très  accidenté).  —  15  k.  Gué  sur  l'oued  Grou,  affluent  du 
Bou  Regreg;  une  barque  assure  la  communication  entre  les  deux  rives. 

—  19  k.  Col  de  Mitima,  où  Ton  arrive  par  des  pentes  boisées.  Le  pano- 
rama est  très  étendu;  on  découvre  Christian,  Oulmès,  Moulay  Bou 
Azza.  On  descend  ensuite  en  pente  douce  vers  l'oued  Oum  En  Nour. 
Gisement  de  fer  au  fond  de  la  vallée.  Le  terrain  est  quelque  peu  boisé.  — 
30  k.  Col  de  Naoura,  d'où  l'on  voit  les  plateaux  d'Oulmès,  de  Fourhal, 
de  Mserser.  La  piste  descend  vers  Sidi  Abid  dans  le  fond  d'une  vallée. 

36  k.  Moulay  Bou  Azza,  village  indigène  de  1,200  hab.,  ch.-l.  de  cercle 
et  poste  militaire  établi  sur  la  hauteur  qui  commande  la  bourgade. 
Celle-ci  s'est  développée  autour  du  saint  qui  lui  a  donné  son  nom  (mort 
en  1177).  C'est  un  lieu  de  pèlerinage  très  fréquenté.  La  mosquée  et  le 
tombeau  furent  achevés  en  1691  par  Moulay  Ismaïl.  La  porte  d'entrée, 
les  sculptures  sur  bois  et  les  céramiques  anciennes  sont  intéressantes. 

De  Moulay  Bou  Azza  à  Camp  Bataille,  p.  180. 

De  Moulay  Bou  Azza,  une  piste  conduit,  par  (41  X^.)  Agnelmous  [ç.  144), 
à  (84  k.  S.-É.)  Khenifra,  au  cœur  du  pays  dissident.  —  Khenifra  est  une 
bourgade  arabo-berbère,  sur  la  rive  dr.  de  l'Oum  Er  Rebia.  Elle  ne  fut 
longtemps  qu'un  modeste  enclos  abritant  en  hiver  une  fraction  Zaïane, 
les  Ait  Affi.  Elle  devint  un  poste  stratégique  important  lorsque  Moulay 
Ismaïl  fit  construire  la  kasba  d'Adersane  et  fit  jeter  un  pont  à  une  cen- 
taine de  mètres  de  l'enclos  ;  elle  était  alors  un  gîte  d'étapes  pour  les 
voyageurs  se  rendant  à  Adersane,  à  Kasba  Tadla  ou  à  Boujad.  Elle  prit 
une  importance  plus  grande  encore  avec  Molia  ou  Hammou  Ez  Zaïani, 
nommé  caïd  par  Moulay  El  Hassan  e,  et  qui  se  rendit  maître  de  toute 
la  région.  Moha  ou  Hammou  y  étal)lit  un  marché  très  fréquenté,  des 
bains,  une  mosquée,  des  fondouks,  restaura  le  pont  et  appela  des  arti- 
sans du  Sous,  des  commerçants  de  Fès,  Meknès  et  Boujad.  Il  fit  passer 
à  son  service  propre  les  askris  du  sultan,  enrôla  des  déserteurs  et 
organisa  des  djichs,  puis,  s'affranchissant  de  la  tutelle  royale  sous  Abd 
El  Aziz,  il  attaqua  les  caravanes  et  étendit  ses  déprédations  jusqu'à 
Meknès.  Il  adhéra  ensuite  au  mouvement  berbère  et  à  la  guerre  sainte, 
contre  les  Français  lorsque  ceux-ci  eurent  occupé  la  Chaouïa.  Pendant 
deux  ans,  Khenifra  fut  le  siège  de  la  joyeuse  vie  des  brigands.  Sous  la 


MOULAY-BOU-AZZA.  —  SALÉ.    [19]  —  163 


pression  des  clients  de  Moha  ou  Hammou,  les  habitants,  après  avoir 
incendié  la  kisaria  et  3  dechras  s'enfuirent  devant  les  troupes  de  la 
colonne  Claudel  qui  entrèrent  à  Khenifra  le  11  août  1914.  La  population 
était  de  1,200  habitants  environ  et  se  composait  de  commerçants,  de 
tanneurs,  de  savetiers,  de  maquignons,  d'ouvriers  et  de  réfugiés.  —  La 
ville,  construite  en  toubes  et  établie  sans  plan,  se  divise  en  dechras 
ou  quartiers  renfermant  les  habitations  du  kadi  ;  la  kechla  des  askris  ; 
le  souk  djedid,  grande  avenue  bordée  de  120  boutiques;  un  marché 
forain  du  jeudi  et  du  samedi  ;#a  kisaria,  les  zaouïas;  etc.  (Berger). 
De  Christian  à  Oued  Zem,  p.  142;  à  Ben  Ahmed,  p.  141. 


19.  ~  DE  RABAT  A  SALÉ 


1  k.  5  en  20  min.  à  pied,  y  compris  la  traversée  du  Bou  Regreg,  qui  est 
fort  intéressante  par  son  animation,  et  se  développe  dans  le  cadre 
charmant  de  l'estuaire  du  fleuve,  de  la  falaise  de  Rabat  et  de  la  plage 
de  Salé. 

Pour  gagner  le  quai  de  la  rive  g.  du  Bou  Regreg,  on  peut 
partir  :  1"  du  boulevard  El  Alou  en  suivant  la  route  du  port  (p.  136)  ; 
2"  de  la  rue  Souïka^  pour  descendre  la  rue  très  en  pente  qui  en 
est  le  prolongement  et  aboutit  à  Bab  El  Bahar;  ^è"  delà  Rési- 
dence, par  l'avenue  de  Chella,  le  boulevard  Joffre  et  l'amorce  du 
boulevard  Front  d'Oued. 

Le  passage  du  Bou  Regreg  est  assuré  pendant  tout  le  jour  en 
quelques  minutes  :  1°  par  des  barcasses  à  rames,  5  c.  ;  2"*  par  des 
chaloupes  automobiles,  partant  du  quai  de  Bab  El  Bahar;  S"  par 
le  bac  à  vapeur  partant  du  pied  de  Sidi  Makhlouf,  et  sur  lequel 
on  peut  s'engager  avec  des  montures,  des  voitures  et  des  auto- 
mobiles :  piétons  5  c.  ;  cavaliers  30  c.  ;  voitures  35  c. 

Sur  la  rive  dr.  du  Bou  Regreg,  deux  embarcadères  reçoivent 
les  voyageurs;  une  bonne  route  de  500  m.  conduit  à  la  porte 
de  Salé,  Bab  Bou  Haja  (serv.  automobile  en  2  min.  toutes  les 
4  min.;  20  c.). 

Emploi  du  temps.  —  Une  demi-journée  suffit  pour  voir  entièrement 
Salé  et  les  environs  immédiats.  Les  touristes  ne  disposant  que  de  très 
peu  de  temps  s'en  tiendront  aux  parties  de  l'itinéraire  qui  ne  compor- 
tent que  la  visite  intérieure  de  la  ville.  Promenade  de  5  à  6  k.  seule- 
ment si  l'on  s'en  tient  à  la  ville  et  aux  environs  très  immédiats  :  1  h.  à 

I  h.  30  à  pied  à  partir  du  débarcadère.  Les  touristes  qui  voudront  voir 
le  Sour  El  Kouass,  Sidi  Moussa  et  Kasba  Guenaoua  mettront  2  h.  de 
plus.  Ceux  qui  craignent  la  marche  s'assureront  d'une  voiture  à  Rabat. 

II  n'y  a  pas  à  Salé  de  voitures  de  louage  ;  la  plupart  des  rues  étant 
trop  étroites  pour  permettre  la  circulation,  on  ne  pourra  s'y  promener 
qu'à  pied  ou  à  monture.  Pour  les  excursions  dans  la  périphérie,  sillonnée 
de  très  bonnes  routes,  on  se  fera  conduire  par  des  véhicules  de  Rabat. 

SALE  (en  ar.  Sl'a;  ethn.  :  Slaoui),  ville  assise  sur  une  légère 
éminence  de  20  à  25  m.  d'alt.  en  face  de  Rabat,  à  l'embouchure 
et  sur  la  rive  dr.  du  Bou  Regreg,  peuplée  de  20,450  hab.,  dont 
2,000  Israélites  et  350  européens. 

Cette  proprette  cité  de  paisibles  bourgeois,  artisans  et  jardi- 


164  —  [19]  DE  RABAT  A  SALÉ. 


niers  indigènes,  a  conservé  toute  sa  couleur  locale;  ses  hauts 
remparts,  ses  souks  animés,  ses  quelques  monuments,  son 
coquet  mellah  sont  fort  curieux  et  pleins  d'intérêt. 

L'agglomération  européenne,  semi-civile,  semi-militaire,  s'est 
installée,  en  1913,  entre  les  remparts  de  Bab  Bou  Haja  et  l.i 
rive  dr.  de  l'oued,  à  proximité  de  la  gare.  Les  rues,  aujourd'hui 
bordées  d'arbres,  ont  été  tracées  dans  les  sables  de  la  partie 
haute  de  l'ancienne  plage.  « 


Gare  :  —  gare  du  chemin  de  fer 
militaire,  entre  la  ville  et  le  port. 

Hôtel  :  —  de  la  Plage  (Placidi; 
PL  a  B4;  modeste). 

Café  :  —  de  1' 6^nion  (Bordenave). 

Poste  :  —  bureau  à  la  Medina. 

Garages  :  —  Sultan-Garage  (Guil- 
laume). 

Spécialités  marocaines  :  —  cuirs 
tannés,  babouches,  ouvrages  en  bois 
marqueté  et  tourné,  nattes  de  jonc, 
broderies  de  soie  sur  étoffes,  tissus 


de  coton  (mlahem),  couvertures 
ornées  (hanbel),  tapis  à  haute  laine 
et  à  points  noués,  fers  forgés, 
sculpture  de  la  pierre,  du  plâtre  et 
du  bois;  mosaïques  de  faïence. 

Réjouissances  locales  :  —  fête  de 
V Achoura,  l*""  quinzaine  d'octobre  ; 
c'est  de  Salé  que  part,  à  cette 
époque,  le  bsate  ou  carnaval  du 
sultan;  fête  des  bougies  (s'informer 
de  la  date)  ;  moussem  de  Sidi Moussa, 
début  de  septembre. 


Histoire.  —  Sla  remonterait  au  xr  s.,  à  l'époque  de  l'Ifrenide  Temim 
Ben  Ziri,  roi  de  Chella  et  du  Tadla.  Au  milieu  du  xi^  s.,  elle  comptait 
trois  quartiers  vraisemblablement  situés  aux  abords  de  la  grande 
mosquée  actuelle.  L'almohade  Abd  El  Moumene  s'en  empara  en  1132. 
Yakoub  El  Mansour  y  fit  bâtir  une  mosquée  et  la  relia  à  Rabat  par  un 
pont  détruit  depuis.  C'est  à  cette  époque  que  remonte  la  construction 
d'un  arsenal  (restes  au  mellah). 

Au  moyen  âge,  Salé  fut  le  port  marchand  et  l'entrepôt  commercial 
le  plus  important  de  la  côte  occidentale.  Elle  devint  le  rendez-vous 
ordinaire  des  marchands  chrétiens  de  la  Méditerranée,  des  Flandres 
et  de  l'Angleterre.  Ses  habitants,  les  Salétins,  étaient  réputés  pour  leur 
courtoisie  et  leurs  aptitudes  commerciales;  ils  vendaient  des  peaux, 
des  laines,  des  tissus,  des  tapis,  de  l'ivoire,  de  la  cire  et  du  miel;  ils 
achetaient  des  draps  et  des  objets  manufacturés  aux  marchands  pisans, 
génois,  catalans  et  vénitiens.  Elle  devint  naturellement  l'objet  des 
convoitises  des  maîtres  successifs  du  pays. 

L'émir  mérinide  Abou  Yahia  Ben  Abd  PJl  Hakk  y  entra  en  1251  et 
Abou  Yakoub  dut  la  reprendre  lui-môme  en  1260  aux  Espagnols  qui 
s'en  étaient  emparés  par  surprise  :  un  jour  de  fête  d'Aïd  Es  Seghir,  le 
roi  de  Castille  Alphonse  X  avait  pu  débarquer  et  pénétrer  dans  la  ville 
qui  fut  mise  à  sac,  il  se  retira  avec  son  butin  et  la  laissa  fort  endom- 
magée. Pour  prévenir  de  nouvelles  incursions,  des  fortifications  furent 
élevées.  C'est  sans  doute  à  ce  moment  que  fut  construite  la  porte  du 
mellah,  Bab  El  Merisa.  La  médersa,  l'école  de  médecine,  l'aqueduc,  la 
mosquée  d'El  Merini,  la  zaouïa  de  Dar  Nousak  sont  également  dus  aux 
Mérinides. 

A  la  suite  d'une  révolution  (1627),  Salé  se  constitua  en  Etat  presque 
indépendant  et  devint  la  capitale  de  l'émir  El  Aïachi,  qui  étendit  son 
autorité  jusqu'à  Fès  et  l'Oum  Er  Rebia,  organisa  et  intensifia  la  course. 
De  concert  avec  les  ports  voisins  de  Fedala  et  de  Larache,  elle  écuma 
l'Atlantique,  rendant  tristement  célèbres  les  corsaires  salétins.  Elle  fut 
alors  assez  puissante  pour  s'emparer  de  Rabat,  dont  le  sort  fut  lié  au 
sien  pendant  quelque  temps.  Ainsi  se  créa  la  «  République  des  Deux- 
Rives  »>. 

Au  début,  la  course  ne  s'exerça  que  contre  les  Portugais  et  les  Espa- 
gnols; et  les  relations  commerciales  avec  la  Hollande,  l'Angleterre  et  j 


SALÉ. 


[19]  —  16b 


la  France  restèrent  assez  actives.  Par  la  suite,  les  corsaires  ne  faisant 
plus  de  distinction,  Richelieu  envoya,  à  titre  de  représailles,  le  chevalier 
de  Razilly  devant  Salé  avec  7  navires  pour  bloquer  la  ville  (1629); 
mais  le  mauvais  temps  fit  échouer  l'entreprise.  En  1635,  ce  sont  les 
Anglais  qui  cherchent  à  ramener  les  Salétins  à  la  raison.  En  1680,  sous 
le  règne  de  Moulay  Ismaïl,  Louis  XIV  charge  le  chevalier  de  Château- 
Renaud  d'une  nouvelle  expédition.  Celui-ci,  avec  6  vaisseaux,  parvient 
à  bloquer  Salé  et  à  détruire  plusieurs  corsaires  ;  il  provoque  ainsi  la 
conclusion  du  traité  de  paix  de  1682,  qui  accorde  certains  droits  à  la 
France  et  ouvre  avec  elle  une  èro  de  relations  cordiales.  Pour  un  temps, 
Salé  devient  une  intéressante  base  commerciale  française  du  Maroc. 

Vers  1700,  la  dynastie  alaouite  installe  une  milice  nègre  à  la  kasba 
des  Oudaïa  et  la  Ville  des  Deux-Rives  reconnaît  définitivement  l'auto- 
rité des  sultans  (1737).  Avec  la  liberté,  le  port  des  pirates  perd  son 
opulence  et  décline  rapidement.  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah  essaie, 
sans  grand  résultat,  d'y  réorganiser  la  course;  mais  les  puissances 
européennes  ne  laissent  plus  piller  impunément  leurs  navires  de 
commerce.  En  1765,  des  vaisseaux  français  commandés  par  du  Chaff'aut 
bombardent  Salé  pendant  deux  jours,  ce  qui  vaut  à  la  France  le 
nouveau  traité  de  1767,  plus  avantageux  encore  que  le  précédent.  Salé 
devient  le  siège  du  consulat  français  jusqu'en  1795.  J.  Chénier,  père 
d'A.  et  deJ.  Chénier,  est  notre  premier  consul  au  Maroc.  Les  autres 
puissances  européennes  usent  elles-mêmes  de  représailles  chaque  fois 
qu'elles  sont  lésées.  Le  commerce  du  port  périclite  à  tel  point  qu'en 
1818,  Moulay  vSlimane  renonce  définitivement  à  la  course.  Toute  activité 
est  dès  lors  éteinte.  A  la  suite  du  pillage  dans  le  port  de  deux  vaisseaux 
français  chargés  de  blé,  une  escadre  vient  encore  une  fois  bombarder 
la  ville  (1851).  Plus  tard,  Salé  et  Rabat  se  jalousent  et  sont  complète- 
ment déchues  à  l'arrivée  des  troupes  françaises  (1913). 

Du  débarcadère  de  la  rive  dr.,  on  voit  à  g.  la  belle  plage  de 
Salé  et  à  dr.  une  région  de  marais.  L'appontement  se  prolonge 
ensuite  sur  une  avenue  empierrée.  A  la  hauteur  du  jardin  public 
se  détache,  vers  l'E.,  la  rue  de  Knitra  qui  dessert  (100  m.)  la 
gare  de  Salé-Plage. 

L'avenue,  plantée  d'eucalyptus,  est  bordée  à  l'O.  par  une 
série  de  bâtiments  militaires  :  le  camp  Rigot,  les  subsistances 
militaires,  le  parc  d'artilleriey  qui  s'élèvent  en  face  de  quelques 
maisons  européennes  clairsemées. 

Franchie  l'enceinte  S.  par  Bab  Bou  Haja,  on  oblique  légère- 
ment à  g.  pour  se  rendre  au  souk  de  Sidl  Merzouk  où  travaillent 
des  bijoutiers  juifs,  des  brodeurs  et  des  dévideurs  de  soie.  Au 
delà,  sur  la  rue  du  souk  El  Ghezel,  s'élève  le  fondouk  Askour. 

Ce  fondouk  est  une  ancienne  faculté  de  médecine  et  un  ancien  hôpital 
construit  par  le  mérinide  Abou  Inane,  vers  le  milieu  du  xiv®  s.  C'est  un 
bâtiment  sans  prétention,  à  un  étage,  avec  galeries  sur  3  faces.  Le 
vertueux  Sidi  Moussa  (p.  166)  y  vécut  au  milieu  des  filles  publiques  qui 
l'habitèrent  un  temps.  Il  s'y  vend  actuellement  de  la  laine  et  de  l'huile. 

La  rue  fait  un  coude,  puis  franchit  Bab  El  Mellah  El  Kedim, 
porte  de  l'ancien  mellah.  Surmonté  d'arceaux  et  bordé  de 
vieilles  façades,  le  passage  conduit  directement  à  la  grande 
mosquée  et  à  la  médersa. 

La  grande  mosquée  (entrée  interdite)  est  de  fondation  déjà 
ancienne,  probablement  mérinide,  mais  a  subi  de  nombreux 


166  —  [19J  DE  RABAT  A  SALÉ. 


remaniements.  Son  imposant  minaret,  curieusement  sculpté 
et  orné,  est  de  date  relativement  récente. 

La  *médersa  (on  peut  visiter;  s'abstenir  de  pénétrer  dans 
la  salle  de  prière)  a  son  entrée  à  g.  et  en  contre-bas  de  celle 
de  la  grande  mosquée.  Une  fontaine  dont  l'eau  est  amenée 
par  canalisation  spéciale  l'avoisine.  Le  portail^  à  degrés,  et 
avec  façade  en  pierre  sculptée  surmontée  d'un  auvent  en  bois, 
ouvre  le  passage  sur  un  vestibule  bien  décoré,  he  patio  central^ 
carrelé  et  rectangulaire  (8  m.  sur  5),  est  entouré  d'une  galerie 
à  colonnes  cylindriques  revêtues  de  mosaïque  et  à  plafonds 
ornés  de  délicates  peintures;  ses  hautes  faces  en  plâtre  et  en 
bois  sont  couronnées  par  un  auvent  de  belle  proportion.  La 
salle  de  prière  est  dotée  d'un  mihrab  et  d'un  plafond  à  coupole 
centrale  travaillés  avec  art. 

Sortant  de  la  médersa,  et  passant  entre  cette  dernièr,e  et  la 
grande  mosquée,  on  longe  la  zaouïa  de  Sidi  Ahmed  El  Tidjani, 
dont  la  porte  est  rehaussée  d'un  décor  de  mosaïques  et  d'une 
frise  d'arcs  à  stalactites,  puis  la  galerie  du  marabout  de  Moulay 
Abd  Allah  Ben  Hassoun,  pour  pénétrer  plus  loin  dans  des 
jardins,  d'où  l'on  a  une  très  belle  vue  sur  l'estuaire  du  Bou 
Regreg  et  la  falaise  des  Oudaïa.  Franchissant  Bad  Mseddek  (fin 
du  XVIII®  s.),  on  atteint  le  cimetière  musulman,  situé  en  bordure 
de  l'Océan,  couvert  de  pierres  tombales,  et  gardé  par  le  petit 
marabout  de  Sidi  Abd  El  Kader  Ben  Moussa  et  le  sanctuaire-  de 
Sidi  Ahmed  ben  Achir,  ce  dernier  plus  important  et  mieux 
décoré.  Là  se  tient  chaque  année  un  important  moussem  à  la 
fête  du  Mouloud. 

On  traversera  le  cimetière  en  direction  E.  pour  atteindre  les 
remparts  (xiv°  s.)  par  le  jardin  public  et  Bab  Chaafa. 

A  l'extérieur,  on  voit,  à  g.,  une  autre  porte,  Bab  Sidi  Moussa, 
qui  permet  d'atteindre  le  bord  de  la  mer  et  de  suivre  le 
chemin  qui  conduit  au  marabout  de  (2  k.  5)  Sidi  Moussa  et  à 
(3  k.)  la  kasba  Guenaoua. 

Sidi  Moussa  Ed  Doukkali,  ascète  du  vi®  s.  de  l'Hégire,  habitait  de 
son  vivant  une  chambre  du  fondouk  Askour  (p.  1G5),  mais  sa  koubba  se 
trouve  au  bord  de  la  mer.  On  rapporte  que  ce  saint  avait  le  pouvoir  de 
transformer  les  tiges  vertes  d'asphodèle  en  un  mets  succulent  et  de 
rapprocher  les  distances.  —  Un  moussem  très  fréquenté  se  tient  en 
septembre  autour  de  son  tombeau. 

La  kasba  Guenaoua  fut  bâtie  par  Moulay  Ismaïl  (début  du  xvin®  s.) 
pour  abriter  les  soldats  du  Makhzen  destinés  à  assurer  la  sécurité  de 
la  route  de  Mehdia  et  à  préserver  Salé  contre  les  incursions  des  tribus 
avoisinantes.  Elle  contenait  une  mosquée. 

Continuant  à  longer  les  remparts  de  Salé,  vers  l'E.,  on 
arrive,  500  m.  plus  loin,  à  Bab  Sebta  :  du  haut  de  la  porte, 
magnifique  *vue  panoramique  sur  Rabat,  sur  Salé,  ses  forti- 
fications et  ses  jardins  d'orangers. 

A  800  m.  N.  de  Bab  Sebta,  la  route  de  Knitra  passe,  entre  les  jardins, 
sous  le  SouR  El  Kouass,  «  mur  des  arcades  »,  aqueduc  alimentant  la 
grande  mosquée  de  Salé  et  la  fontaine  avoisinante  (  V.  ci-dessus)  d'une 
eau  qui  provient  de  la  source  d'Ain  Barka. 


SALE. 


[19]  167 


De  Bab  Sebta,  on  rentre  en  ville  par  l'artère  qui  lui  est 
perpendiculaire  et  amène  à  la  Kisaria,  aux  petits  souks  des 
forgerons,  des  menuisiers,  des  coiffeurs,  puis  au  grand  souhj 
place  triangulaire  très  animée  que  domine,  à  la  pointe  E., 
la  mosquée  de  Sidi  Ahmed  Et  Hadji. 

La  rue  Souïka,  que  prolonge  le  souk,  va  directement  à  la 
porte  de  Fès, 

Partant  d'une  placette  de  la  rue  Souïka,  une  petite  rue  perpendicu- 
laire à  dr.  conduit,  par  la  mosquée  de  Lalla  Chahba^  au  bureau  de 
poste  ou  aux  Services  municipaux  d'où  l'on  aperçoit,  à  200  m.  au  S-, 
Bab  Bou  Haja,  porto  par  laquelle  on  a  pénétré  dans  la  medina  et  d'où 
l'on  peui  rejoindre  l'embarcadère  de  Salé. 

A  l'extérieur  de  la  porte  de  Fès  se  trouve  l'emplacement 
d'un  grand  marché,  à  l'È.  duquel  s'étend  un  vaste  cimetière  que 
traverse  la  route  de  Sajé  à  Fès  par  Tiflet. 

A  400  m.  à  g.  de  la  route  s'élève  la  maison  de  convalescence 
de  la  Société  de  secours  aux  blessés  militaires,  coquettement 
aménagée  dans  les  jardins.  A  côté  est  encore  debout,  parmi 
les  ruines,  une  admirable  *porte  ancienne,  au  décor  tout 
couvert  de  mousse. 

Cette  porte  appartenait  à  la  zaouia  de  Sidi  Bel  Abbas,  encore  appelée 
zaoïiïa  Nekkas,  bâtie  par  le  mérinide  Abou  El  Hassane  Ben  Abd  El 
Hakk  (début  du  xiv«  s.).  Cet  établissement  comprenait  une  mosquée, 
des  bains,  des  chambres  pour  les  pauvres  et  les  étrangers  sans  demeure. 
L  eau  y  arrivait  par  une  canalisation  doat  on  voit  encore  les  vestiges, 
—  La  gare  de  Salé-Plateau  (sans  intérêt)  est  à  1  k.  plus  à  l'E. 

Du  cimetière  de  Sidi  Bel  Abbas,  qu'on  longe  pour  regagner  par 
une  descente  douce  Bab  Mpisa  ou  porte  du  mellah,  large  vue 
sur  la  tour  Hassane  et  Rabat.  Bab  Mrisa,  «  la  porte  du  petit 
port  »,  est  de  construction  mérinide  (xiv°  s.).  De  8  m.  d'ouver- 
ture, son  ogive  monumentale  se  développe  hardiment  à  une 
grande  hauteur.  Ses  écoinçons  sculptés,  son  cadre  d'entrelacs 
curviligne  et  d'écriture  couflque  contrastent  avec  les  puissants 
bastions  qui  flanquent  l'ouvrage  sur  ses  côtés.  Actuellement 
ensablée,  cette  porte  avait  à  l'origine  un  seuil  placé  beaucoup 
plus  bas.  Elle  laissait  sans  doute  passer  un  canal  qui  mettait 
Salé  en  communication  avec  le  Bou  Regreg,  permettant  ainsi 
de  remiser  les  barcasses  dans  le  port  intérieur,  dont  l'emplace- 
ment est  occupé  aujourd'hui  par  le  mellah. 

De  Bab  Mrisa,  on  rejoindra  l'embarcadère  de  Salé  soit  direc- 
tement par  la  route  de  Knitra  qui  passe  devant  la  gare,  soit 
par  le  mellah. 

Le  mellah  de  Salé,  le  plus  propre  des  ghettos  marocains, 
presque  coquet,  ne  se  compose  que  d'une  seule  rue  de  400  m. 
allant  de  Bab  Mrisa  à  Bab  Bou  Haja.  Des  impasses  perpendicu- 
laires desservent  les  maisons  latérales.  Tout  près  de  Bab  Mrisa 
et  en  contre-bas,  four  banal  du  mellah,  installé  dans  les  locaux 
d'un  ancien  arsenal.  Le  premier  quartier  juif  était  autrefois  aux 
abords  des  souks  actuels  de  Salé.  C'est  Moulay  Slimane  qui 
assigna  auxisraélites  l'emplacement  qu'ils  occupentaujourd'hui. 


168  —  [20] 


DE  SALÉ  A  KNITRA. 


Environs.  —  Forêt  de  Namora  (N.-E.),  Cette  excursion  peut  être 
assez  courte  :  il  suffit  de  sortir  par  Bab  Fès  ou  par  Bab  Sebta  sur  une 
distance  de  6  k.  —  Si  l'on  veut  voir  la  forêt  sous  ses  différents  aspects, 
on  parcourra  en  automobile  le  circuit  (125  k.)  Rabat-Tiflet-Knitra- 
Rabat,  qui  la  traverse  sur  une  profondeur  de  plus  de  30  k.  Recom- 
mandé surtout  au  printemps. 

Longue  de  60  k.  et  profonde  de  30  à  40  k.,  la  forêt  de  Mamora  s'étend 
sur  un  plateau  sablonneux,  d'une  altitude  moyenne  de  200  m.,  compris 
entre  le  Bou  Regreg  et  le  Sebou.  Le  chêne-liège  et  le  poirier  sauvage 
y  forment  des  taillis  splendides.  Sa  superficie,  de  130,000  hect.,  en  fait 
une  forêt  10  fois  plus  grande  que  celle  de  Fontainebleau,  égale  à  deux 
fois  l'ensemble  tunisien,  et  à  la  moitié  de  l'ensemble  algérien.  Amé- 
nagée an  cours  de  ces  dernières  années,  elle  est  susceptible  de  fournir 
100,000  quintaux  de  liège  d'une  valeur  de  3  millions  et  demi.  L'exploita- 
tion du  tanin,  du  bois  et  du  charbon  peut  en  outre  donner  un  revenu 
de  4  millions.  Des  tranchées  de  30  m.  ont  été  percées  dans  la  forêt, 
qu'elles  traversent  du  N.  au  S.  Celle  de  Knitra  à  Tiflet  a  35  k.  de  long. 

De  Salé  a  Meknès,^  p.  177. 


20.  —  DE  SALE-PLAQE  A  KNITRA 

Chemin  de  fer  :  S5  k.  2,  en  1  h.  par  l'automotrice,  2  serv.  quotidiens 
10  fr.  80;  en  2  h.  par  les  trains  ordinaires,  10  fr.  80  et  5  fr.  40. 

Autocyclisme  :  36  k.  Bonne  route  principale  n®  2  qui  ne  s'écarte  guère 
de  la  voie  ferrée.  —  2  serv.  automobiles  quotidiens  partant  de  Rabat, 
Bab  El  Alou,  10  fr. 

A  400  m.  de  la  gare,  la  ligne  franchit  les  murs,  décrit  un 
coude  vers  la  rive  dr.  du  Bou  Regreg  et  part,  en  direction 
N.-E.,  en  remontant  le  joli  ravin  boisé  de  Ghabet  Hamdat. 

2  k.  2.  Salé-Plateau  (32  m.  d'alt.).  La  région  est  désormais 
plate  et  monotone.  —  10  k.  2.  Dar  Bel  Aroussi,  station  en  face 
d'un  chapelet  de  fîgueraies. 

14  k.  Sidi  Ben  Daoud.  Le  terrain,  sablonneux,  est  quelquefois 
couvert  de  bouquets  de  chêne-liège  appartenant  à  une  corne 
de  la  forêt  de  Mamora  (F.  plus  haut). 

24  k.  7.  Sidi  Taïbi,  au  milieu  du  chêne-liège.  Au  delà,  à  l'O., 
douars  et  troupeaux.  —  34  k.  La  ligne  croise  la  route. 

35  k.  2.  Knitra,  petite  ville  et  port  modernes  de  3,300  hab., 
dont  2,100  indigènes,  sur  la  rive  g.  du  Sebou  et  à  10  k.  à  vol 
d'oiseau  de  son  embouchure. 


Hôtels  :  —  Continental  (Dufeix), 
près  de  la  gare  (16  ch.  à  5  fr.  ;  rep. 
3.50;  terrasse,  téléphone,  électr.)  ; 
Grand-Hôtel  (Daniel  et  Lavergne), 
av.  Petitjean  (19  ch.  4  à  5  ;  rep.  3.50; 
garage,  téléphone,  électr.) 

Banques  :  —  Algérienne  ;  Cré- 
dit Foncier  d'Algérie  et  de  Tunisie. 

C"^*  de  Navigation  :  —  de  Navi- 
gation Paquet  (Payan);  Générale 
Transatlantique  (Granges);  Orano- 
Marocaine  MazeÛaihm^i)  ;  Franco- 


Mostaganémoise  (Tort);  Bland  Li 
(Coriat). 

Services  de  bateaux  :  —  sur 
Sebou  jusqu'à  Mechra  Bel  Ksiri;  p 
Omnium,  et  C^^  Lyonnaise,  1  dé 
par  sem.,  trajet  en  12  h.  (peu  pr 
tique). 

Services  automobiles  :  —  2  serv! 
quotidiens  pour  Rabat-Salé;  10  fr. 
3  serv.  hebdomadaires  pour  Tang^ 
dans  la  bonne  saison  (s'informer). 

Garages  d'autos  :  —  Goyon  et  C^* 


170 


[20] 


DE  SALE  A  KNITRA. 


La  location  d  une  voiture  complète 
est  calculée  à  raison  de  1  fr.  50 
le  k.,  la  distance  comprenant  l'aller 
et  le  ret. 

Réjouissances  indigènes  :  —  Mous- 
sem  de  Sidi  Bou  Babah,  au  com- 
mencement de  septembre,  à  7  k. 
env.  au  S.  de  Mehdia,  dans  un  beau 
site;  Moussem  de  Sidi  Mohammed 
EL    Mansour,   au  commencement 


d'août,  à  35  k.  au  N.  de  Knitra, 
au  milieu  de  la  merdja,  dans  une 
île  qu'on  aborde  au  moyen  d'em- 
barcations en  roseaux  (p.  172). 

Chasse  :  —  la  forôt  de  Mamora, 
toute  proche,  est  très  giboyeuse, 
notamment  en  sanglier.  Des  battues 
peuvent  y  être  organisées  avec 
lassentiment  du  commandant  de 
la  région  de  Rabat. 


Histoire.  —  Knitra,  «  le  petit  pont  »,  ne  comptait  en  avril  1911,  date 
de  l'arrivée  des  troupes  françaises,  qu'une  de  ces  kasbas  impériales 
placées  d'étape  en  étape  sur  le  territoire  marocain  pour  servir  d'abri 
aux  petites  garnisons  chargées  de  tenir  le  pays.  A  partir  de  1912, 
Knitra  a  servi  de  base  de  ravitaillement  aux  troupes  qui  opèrent  au 
Maroc  septentrional.  —  La  ville  et  le  port  datent  seulement  de  1913. 

L'édifice  le  plus  ancien  de  Knitra  est  la  kasba,  haute 
enceinte  crénelée  et  bastionnée  aux  angles,  dont  les  cellules 
intérieures  étaient  destinées  à  recevoir  les  troupes  et  les 
approvisionnements.  La  porte,  en  plein  cintre  et  en  pierre  de 
taille,  est  surmontée  d'une  inscription  relatant  la  date  de  sa 
construction  (1313  de  l'Hégire,  fin  du  xix®  s.)  et  le  nom  du  sultan 
Moulay  Abd  El  Aziz. 

Les  premières  habitations  s'étaient  d'abord  élevées  à  l'O.  de 
la  kasba  qui  abritait  les  services  administratifs  et  militaires, 
les  camps  étaient  au  S.,  les  souks  indigènes  à  l'E.  et  le  port 
sur  la  rive  g.  de  l'oued.  L'emplacement  était  sablonneux  à 
l'extrême  et  complètement  dénudé. 

Le  port  est  constitué  par  Foued  Sebou  dont  les  rives  sont  distantes 
de  250  m.  et  rectilignes  sur  une  longueur  do  1,200  m.  En  eau  profonde, 
les  fonds  sont  de  6  m.  Les  berges  ont  été  élevées  de  1  m.  au-dessus  des 
plus  hautes  eaux.  Un  premier  appontement  de  50  m.  a  été  exécuté 
dans  les  débuts.  Les  travaux  se  poursuivent  sur  une  longueur  de  300  m., 
de  manière  à  permettre  l'accostage  des  navires  de  1,400  tonnes  et  calant 
4  m.  Un  quai  en  béton  armé  est  également  en  construction,  ^^es  ser- 
vices do  batellerie  organisés  par  les  Sociétés  «  Omnium  »  et  «  Lyon- 
naise »  assurent  le  transport  des  marchandises  en  amont  de  Knitra 
jusqu'à  Mechra  Bel  Ksiri  enfoncé  à  170  k.  à  Tintérieur  des  terres. 

Le  mouvement  commercial  du  port,  qui  fut  en  1913  de  2  millions,  a 
été  de  15  millions  en  1916  se  répartissant  sur  22,500  tonnes  et  de  30  mil- 
lions en  1917.  Cet  accroissement  est  dû  à  la  situation  privilégiée  de 
Knitra  qui  draine  le  commerce  de  la  forôt  de  Mamora,  des  régions  agri- 
coles des  Beni  Hassene,  du  Gharb  et  des  provinces  plus  éloignées  de 
Meknès  et  de  Fès. 

Le  plan  d'aménagement  de  la  ville  en  formation  groupe  la 
cité  dans  un  hémicycle  de  plus  de  2  k.  de  diamètre  et  de 
1  k.  5  de  profondeur  appuyé  sur  la  rive  g.  du  ileuve.  La  route 
de  Fès  le  traverse  d'E.  en  0.  —  La  future  gare  du  ch.  de  fer 
de  Casablanca  à  Petitjean  sera  reportée  à  env.  1  k.  plus  au 
S.  die  la  gare  actuelle  sur  un  plateau  qui  domine  tout  le  pays. 
L'agglomération  européenne  est  séparée  du  village  indigène  par 
une  bande  de  terrains  militaires  occupant  une  zone  de  1,200  m. 


KNITRA.  —  MEHDIA.  [20]  —  171 


sur  500.  Le  quartier  européen  compte  déjà  d^importants  éta- 
blissements desservis  par  un  réseau  de  rues  dont  beaucoup 
sont  empierrées  et  bordées  d'arbres. 

Al  k.  en  amont  de  la  kasba,  un  bac,  assure  la  communica- 
tion entre  les  deux  rives  du  Sebou. 

Environs.  —  Si  la  petite  ville  de  Knitra  offre  peu  d'intérêt,  elle  est 
un  excellent  point  de  départ  pour  quelques  excursions  recommandées 
et  de  belles  parties  de  chasse  dans  la  forêt  et  dans  la  plaine. 

Mehdia  (7  k.  O.;  piste  autocyclable.  Pour  la  location  d'une  mon- 
ture s'adresser  au  contrôle  civil  à  la  kasba.  On  peut  encore  louer  un  canot 
automobile;  s'adresser  au  port;  prix  à  débattre),  petit  port  sur  l'Océan, 
sur  la  rive  g.  et  à  l'embouchure  de  Toued  Sebou,  et  village  indigène 
de  300  hab. 

Une  des  premières  colonies  fondées  sur  la  côte  atlantique  par 
Hannon  (v®  s.  avant  J.-C.)  fut  Thymiatherion,  qui  correspond  sans 
doute  à  la  Mehdia  actuelle.  Par  la  suite,  le  vieux  comptoir  carthaginois 
eut  probablement  le  sort  de  ceux  qui  avaient  été  créés  à  la  même 
époque.  On  croit  que  Mehdia  tire  son  nom  du  Mahdi  Ibn  Toumert,  chef 
de  la  secte  almohade,  et  qu'elle  fut  édifiée  par  Yacoub  El  Mansour 
(1184-1189)  pour  défendre  l'embouchure  de  l'oued  Sebou.  Elle  fut  détruite 
par  le  roi  mérinide  Saïd  El  Ouattasi  (1470-1500).  Elle  portait  alors  le 
nom  de  Mamora.  La  ville  sut  admirablement  se  défendre  contre  les 
Portugais  au  xvi«  s.;  ceux-ci  avaient  pu  l'occuper  en  1515  et  y  élever 
une  forteresse,  mais  ils  en  furent  rejetés  presque  aussitôt  après. 
Devenue  plus  tard  un  nid  de  pirates,  les  Espagnols  cherchèrent  à  s'en 
emparer.  Un  premier  essai. d'embouteillage  n'ayant  pas  réussi  par  le 
coulage  de  8  navires  à  l'entrée  du  port  (1611),  ils  revinrent  à  la  charge 
en  1614  avec  une  flotte  de  100  vaisseaux  au  moment  où  les  Hollandais 
se  proposaient  de  l'occuper.  Leur  tentative  fut  couronnée  d'un  plein 
succès.  Ils  en  furent  chassés  ensuite  par  Moulay  Ismaïl  en  1681.  Le 
port  arma  encore  quelque  temps  pour  la  course  puis  tomba  en  déca- 
dence. Il  était  complètement  en  ruines  à  l'arrivée  des  troupes  fran- 
çaises (1911),  qui  en  firent  une  base  de  ravitaillement  jusqu'à  la  création 
de  Knitra  (1913).  Le  manque  d'emplacement  commode  pour  le  dépôt  des 
marchandises  et  les  violents  ras  de  marée  d'hiver  ont  causé  l'abandon 
définitif  de  Mehdia. 

L'ancienne  enceinte  du  ksar  est  à  peu  près  entière.  La  porfe,  flan- 
quée de  deux  bastions,  est  très  intéressante;  elle  est  entourée  d'une 
inscription  difficile  à  lire.  A  l'intérieur,  un  ancien  palais  délabré  et, 
plus  bas,  un  vieux  fort,  sont  les  seules  constructions  dignes  d'être 
remarquées. 

Un  phare  éclaire  l'entrée  du  Sebou.  La  Direction  du  port  de  Mehdia 
renseigne  les  navires  sur  la  profondeur  de  la  passe  ;  le  mouvement  de 
la  navigation  jusqu'à  Knitra  est  réglé  sur  ses  indications. 

2«  Forêt  de  Mamora.  —  La  forêt  de  chênes-liège  (p.  168),  se  trou- 
vant à  1  k.  à  peine  de  Knitra,  une  courte  promenade  à  pied  suffira 
our  s'en  faire  une  idée.  Les  voyageurs  en  automobile  feront  une  très 
elle  excursion    en  traversant  la  forêt  dans  toute  sa  largeur  pour 
atteindre  Tiflet,  entre  Salé  et  Meknès  (p.  168-179).  Recommandé  surtout 
au  printemps. 

3«  Ruines  de  Thamusida  (15  k.  N.).  —  On  suit  la  route  de  Knitra  à 
Arbaoua  jusqu'à  (10  k.)  Sidi  Aïech,  d'où  Ton  gagne  le  marabout  de  Sidi 
Ben  Ahmed,  situé  auprès  des  ruines,  en  traversant  la  Merdja  des  Beni 
Hassene.  «  L'enceinte,  dit  Tissot,  subsiste  seule  aujourd'hui.  Bien  que 
fort  mutilée  au  N.  et  à  l'E.,  elle  est  assez  roconnaissable  cependant 


172  —  [20]  DE  SALÉ  A  KNITRA. 


pour  qu'on  puisse  la  suivre  dans  tout  son  périmètre.  Elle  présente  la 
forme  d'un  parallélogramme  modifié  par  un  pan  coupé  à  l'angle  S.-E. 
et  flanqué,  à  l'angle  S.-O.,  d'un  castrum  rectangulaire  d'une  centaine 
de  mètres,  comprenant  la  partie  la  plus  élevée  du  plateau  ».  Enceinte 
de  1,500  à  1,600  m.  Traces  d'un  pont  sur  le  Sebou. 

4«  Le  Sebou  (168  k.  de  Knitra  à  Mechra  Bel  Ksiri,  par  l'un  des 
bateaux  des  sociétés  Omnium  ou  Lyonnaise  en  12  h.;  1  serv.  hebdoma- 
daire; s'informer  du  prix  au  port).  —  Subur  Ammis  magnificûs  et  navi- 
gabilis  de  Pline,  le  Sebou  est  le  plus  grand  fleuve  du  Maroc.  Né  dans 
le  Moyen  Atlas,  il  atteint  le  Gharb  (p.  173)  après  avoir  reçu  d'importants 
affluents  :  l'innaouene  venant  de  la  région  de  Taza,  l'Ouergha  du 
versant  méridional  du  Rif,  et  l'oued  Beht  qui  draine  les  eaux  du  massif 
des  Zemmour.  D'une  largeur  de  300  m.  dans  son  cours  inférieur,  et 
coulant  entre  des  berges  hautes  de  10  m.,  son  débit  moyen  est,  à 
Mechra  Bel  Ksiri,  de  300  à  400  m.  cubes;  il  roule  2,000  m.  cul)es  au 
moment  des  crues,  parfois  hautes  de  8  m.  au-dessus  de  l'étiage;  il 
inonde  alors  la  région  environnante  en  la  fertilisant  et  sans  causer  de 
préjudice  sérieux  aux  installations  bien  conçues.  Des  essais  de  naviga- 
tion entrepris  en  1910  ont  permis  de  remonter  le  cours  du  fleuve;  non 
sans  difficultés  il  est  vrai,  à  90  k.  de  l'embouchure  avec  des  canots 
calant  1  m.  10  et  jusqu'au  pont  du  Sebou,  en  amont  de  Fcs,  avec  un 
canot  calant  0  m.  80. 

5<>  MoulaY  Bou  Selham  et  la  Nerdja  (89  k.  N.  ;  bonne  piste  autocy- 
clable jusqu'à  Sidi  Mohammed  Bel  Kheir,  muletière  sur  le  reste  du 
parcours).  —  La  piste  traverse  d'abord  un  terrain  plat  et  fertile.  —  11  k. 
Passage  du  ravin  de  Sidi  Mohammed  Bel  Kheir  (suivre  exactement  le 
gué  pour  ne  pas  s'enfoncer  dans  la  vase  épaisse  de  part  et  d'autre).  — 
20  et  23  k.  La  piste  longe  deux  boucles  successives  du  Sebou. 

27  k.  Sidi  Mohammed  El  Mleh,  groupe  de  3  douars,  comprenant 
90  tentes,  centre  de  l'industrie  de  la  pêche  dans  le  Sebou  pour  la 
production  du  poisson  séché  vendu  à  Fès,  Mekncs  et  Ouezzane.  La 
région  est  toujours  fertile,  mais  fiévreuse.  — 35  k.  Douar  de  110  tentes 
des  Ouled  Hammou,  le  plus  important  des  Menasra.  A  TE.,  à  2  k.,  Sidi 
Mohammed  El  Mansour,  tombeau  très  visité  au  moment  du  moussem 
d'août.  —  41  k.  Douar  de  60  tentes  des  Ouled  Riah.  —  Plus  loin,  grands 
pâturages  de  la  famille  Remiki.  —  46  k.  Sidi  El  Hachemi,  au  milieu  do 
la  Merdja  Ras  Daoura.  Au  S.  du  marabout,  mamelon  où  se  trouvent  les 
seules  carrières  de  pierre  de  la  région. 

51  k.  Dar  Mohammed  El  Mansour.  Le  cheikh  Mansour,  riche  et  rallié 
à  la  France,  étend  son  autorité  sur  les  5  douars  avoisinants  des 
Meknassa .  (125  tentes);  jardins,  vergers  d'orangers  et  de  figuiers, 
vignes.  —  Le  pays,  toujours  riche,  est  très  fiévreux. 

70  k.  Aïoun  Felfel,  marché  du  lundi  des  Ouled  Issef  (65  tentes),  auprès 
de  sources  claires  et  de  beaux  jardins.  —  71  k.  Traversée  de  la  forêt  de 
Koraize,  aujourd'hui  dévastée.  —  79  k.  Douar  Delelha  (100  tentes),  auprès 
de  beaux  vergers.  —  80  k.  Mechra  El  Hader,  résidence  du  caïd  Bou 
Guern  des  Sefiane.  Ce  point  fut  occupé  militairement  en  1911  et  19L?. 
Une  piste  de  40  k.  mène  à  Larache  par  (24  k.)  Ouled  Zaër. 

89  k.  Moulay  Bou  Selham,  lieu  des  plus  vénérés.  25,000  pèlerins  s'y 
rassemblent  tous  les  ans  au  mois  de  mai,  pendant  une  semaine.  Pour 
les  curieuses  légendes  que  rapporte  la  tradition  sur  Moulay  Bou  Selham, 
consulter  un  article  de  G.  Salmon  paru  dans  les  Archives  marocaines, 
tome  II,  ainsi  que  le  Maroc  d'aujourd'hui,  d'Eug.  Aubin. 

Variant?:.  —  De  (11  k.)  Sidi  Mohammed  Bel  Kheir,  une  autre  piste, 
très  sablonneuse,  longe  la  Merdja  Ras  Ed  Daoura  à  l'O.,  puis  la  Merdja 
Ez  Zerga  et  atteint  Moulay  Bou  Selham,  à  l'embouchure  de  l'oued 
Drader.  —  Cet  itinéraire  permet  de  longer  la  Merdja,  immense  chaîne 


LE  SEBOU.  —  LE  GHARB.      [21]  —  473 


lagunaire  de  60  k.  de  long  et  de  4  à  6  k.  do  large,  parallèle  à  l'Océan. 
La  Merdja  Ras  Ed  Daoura  qui  s'étend  au  S.  est  profonde  de  6  à  7  m. 
aux  abords  de  Sidi  El  Hachemi  ;  en  été,  elle  se  dessèche  vers  le  N.  et 
vers  le  S.,  en  formant  des  mares  isolées. —  La  Merdja  Ez  Zerga,  plus 
au  N.,  est  très  poissonneuse  et  produit  du  jonc.  On  en  a  étudié  l'utili- 
sation comme  port.  Tous  les  deux  ou  trois  ans,  la  mer  en  obstrue  le 
chenal  par  un  apport  de  sable  de  200  m.  de  largeur  et  de  1  m.  de  hau- 
teur. Les  indigènes  rétablissent  la  communication  à  la  saison  des  pluies. 

De  Moulay  Bou  Selham  a  Larache  (40  k.  N.  ;  piste  accessible  aux 
voitures  légères).  —  24  k.  Douar  des  Ouled  Zaër  et  jonction  de  la  piste 
venant  de  Mechra  El  Hader.  —  40  k.  Larache  (p.  304). 

De  Knitra  a  Petitjean,  p.  177,  A;  —  a  Meknès,  p.  177;  —  a  Fiss, 
y.  ci-dessous,  et  p.  177  et  p.  198. 


De  Knitra  à  Fès  par  le  col  de  Seggota. 

Autocyclisme  :  165  k.  —  Bonne  route  principale  n"  3,  construite  sur  une 
grande  partie  du  trajet. 

62  k.  de  Knitra  à  Sidi  Slimane,  p.  178,  B.  — 68  k.  Bifurcation 
de  la  route  n''  4  Knitra-Meknès.  Prendre  à  g. 

80  k.  Sidi  Mohammed  Ben  Ahmed.  —  85  k.  Jonction  de  la 
route  Tanger-Fès.  Une  bonne  piste  conduit  à  Petitjean,  p.  177. 

85  k.  Défilé  de  Bab  Tiouka.  —  On  traverse  un  oued,  dont  on 
remonte  ensuite  la  vallée.  Territoire  des  Gherarda.  —  93  k. 
Sidi  Embarek. 

105  k.  Cot  de  Seggoia.  —  108  k.  Seggota,  caravansérail.  On 
longe  au  N.  le  massif  du  Zerhoun  à  travers  une  région  peu 
cultivée  et  ravinée.  —  108  k.  Oued  Segotta.  —  116  k.  Oued 
Bou  Gachouch.  —  119  k.  Au  S.  important  village  des  Beni 
Amar,  entouré  d'oliviers.  —  123  k.  Oued  Ben  Halima.  —  126  k. 
Vieux  pont  sur  l'oued  Mikkès,  affluent  du  Sebou. 

127  k.  Nzala  Oudaïa,  caravansérail  dans  la  tribu  des  Ghomara. 
—  136  k.  Nzala  Jeboub.  —  159  k.  Nzala  El  Hamiane,  Le  pays 
redevient  plat  et  fertile.  —  140  k.  La  route  rejoint  celle  de  Fès 
à  Meknès  (p.  198). 

164  k.  Fès  (p.  199). 


21.  -  DE  KNITRA  A  ARBAOUA;  LE  GHARB 

Aperçu  général.  —  Le  trajet  de  Knitra  à  Arbaoua  se  développe  dans 
la  région  basse  du  Gharb,  ensemble  de  plaines  alluviales,  d'une  grande 
fertilité,  situées  sur  la  rive  dr.  de  Foued  Sebou  (p.  172)  et  qu'encadre 
au  N.  une  ligne  de  collines  et  de  plateaux.  De  4,000  k.  carrés  de  super- 
ficie, ce  territoire  s'étend  sur  l'emplacement  d'un  ancien  golfe  comblé 
par  les  alluvions  du  fleuve.  Plus  loin,  peu  boisé  mais  couvert  d'une 
brous.se  de  lentisque  et  de  palmier  nain,  il  est  très  apte  à  la  culture  des 
arbres  fruitiers,  notamment  de  l'olivier  et  de  la  vigne.  La  culture  des 
céréales,  et  principalement  l'élevage  du  bétail,  y  occupent  une  grande 
place.  Plusieurs  colons  y  ont  déjà  établi  de  grandes  exploitations 
agricoles. 


174  —  [21]    DE  KNITRA  A  ARBAOUA;  LE  GHARB. 


Itinéraires.  —  Deux  itinéraires  permettent  de  parcourir  le  pays  :  le 
1^^'',  de  Knitra  à  Arbaoua,  par  Souk  El  Arba  du  Gharb  ;  le  2^,  de  ce  dernier 
point  à  Petitjean.  L'un  et  l'autre,  décrits  ci-dessous,  se  trouvent  sur  le 
trajet  de  Salé  à  Tanger  et  de  Tanger  à  Fès. 

Autocyclisme  :  101  k.  —  Bonne  route  principale  n°  2,  empierrée  sur  50  k.  ; 
en  construction  sur  une  partie  du  parcours  ;  excellente  piste  par  beau 
temps  sur  le  reste  du  trajet,  jalonnée  de  poteaux  en  bois. 

On  quitte  Knitra  en  allant  vers  le  N.-E.  parallèlement  à  la 
direction  générale  du  Sebou,  qu'on  laisse  longtemps  à  g.  Le 
pays  est  plat;  c'est  la  riche  région  des  «  tirs  ». 

1  k.  5.  Passage  à  niveau.  —  3  k.  Pont  sur  l'oued  Fouarat. 
A  1  k.  5.  Marabout  de  Sidi  Bouchta. 

8  k.  5.  Bifurcation  à  dr.  de  la  route  Knitra-Fès  (p.  173);  poteau 
indicateur.  —  10  k.  Croisement  de  la  route  Mehdia-Lalla  Ito.  De 
maigres  bosquets  de  chêne-liège  apparaissent  au  voisinage  de 
Sidi  Aiech.  —  14  k.  Marabout  et  village  de  -Sidi  Aïech.  Les 
ruines  romaines  de  TJiamusida  sont  proches  (p.  171,  3°). 

24  k.  Pont  sur  l'oued  Beht,  affluent  du  Sebou,  et  un  peu  en 
a\a\,  ferme  Legr and  (3  chambres  d'hôte  ;  atelier  de  réparations). 
—  On  avance  entre  les  oueds  Beht  et  Sebou  creusés  comme 
deux  larges  et  profonds  sillons  dans  la  plaine  du  Gharb  qu'ils 
fertilisent  au  moment  de  leurs  crues  de  janvier  à  avril.. 

38  k.  SoukEl  i/ad, vaste  emplacement  d'un  marché  du  dimanche. 

39  k.  Sidi  Allai  Et  Tazi,  où  se  fait  la  traversée  de  l'oued  Sebou 
sur  bac  manœuvré  à  mains  (péage,  4  fr.  par  automobile).  A  cet 
endroit  le  fleuve  coule  entre  deux  rives  hautes  de  7  à  8  m.  et 
distantes  de  100  m.;  il  est  très  poissonneux  :  l'anguille,  l'alose, 
le  barbeau  et  le  loup  y  abondent. 

De  Sidi  Allai  Et  Tazi,  on  peut  gagner  Mechra  Bel  Ksiri  (p.  176)  soit 
par  la  rive  dr.  du  Sebou  par  Souk  Et  Tléta  (38  k.),  soit  par  la  rive  g. 
et  les  Beni  Hassene  (41  k.). 

La  piste  sur  la  rive  dr.  du  Sebou  reste  très  plate. 
50  k.  A  g.,  ferme  Ifrah;  à  dr.,  Sidi  Aïssa,  —  55  k.  Souk  Et  Tléta 
des  Beni  Malek. 
62  k.  Bifurcation,  à  dr.  sur  Mechra  Bel  Ksiri  (p.  176). 

75  k.  Souk  el  Arba  de  Sidi  Aîssa  ou  du  Gharb  (hùt. 
modeste,  10  lits;  atelier  de  réparations),  centre  de  colonisation 
avec  bureau  des  Renseignements  (visite  des  passeports).  Marché 
du  mercredi,  le  plus  important  de  la  région.  Nombreuses  exploi- 
tations agricoles  d'européens  dans  les  environs. 

DE  SOUK  EL  ARBA  A  LALLA  MIMOUNA  ET  A  LARACHE  (20  k.  et  65  k. 
N.-O.).  —  Bonne  piste  par  temps  sec  par  (2  k.)  le  gué  de  l'oued  Mda, 
(17  k.)  Sidi  Allai.  Lalla  Mimouna  (aub.),  village  indigène  do  600  hab., 
aux  ruelles  tortueuses  et  étroites,  situé  au  flanc  d'un  coteau  planté  de 
jardins.  Marché  le  vendredi.  Grandes  exploitations  européennes.  —  La 
route  se  poursuit  au  N.-E.  jusqu'à  Larache  (p.  304). 

De  Souk  el  Auba  a  Fès,  p.  175. 

76  k.  Emplacement  du  marché  de  Souk  El  Arba.  —  La  piste 
traverse  une  région  plus  mouvementée  drainée  par  l'oued  Mda 


SOUK  ËL  ARBA.  —  ARBAOUA,    [21]  —  175' 


_qui  va  se  perdre  dans  les  Merdjas  Marktane  et  Ras  Ed  Daoura 
"(p.  173)  et  qu'on  traverse  plusieurs  fois  à  gué  en  remontant  la 
vallée.  —  96  k.  Pont  en  bois  à  proximité  d'un  village  indigène 
situé  à  g.  de  la  route. 

101  k.  Arbaoua  (hôt.  modeste,  10  lits),  poste  fortifié  à  138  m. 
d'alt.  sur  un  plateau  dominant  la  route  de  Rabat  à  Tanger, 
occupé  depuis  avril  1912.  Bureau  des  Renseignements  (visite  des 
passeports).  Un  souk  et  une  nzala  sont  aménagés  à  l'intérieur. 

Excursions.  —  Arbaoua  ne  présente  aucun  intérêt  par  lui-môme. 
C'est  un  carrefour  de  chemins  qui  vont  du  N.  au  S.  et  de  l'E.  à  l'O.  et 
desservant  d'importantes  régions. 

1^  El  Ksar  El  Kebi)'  (10  k.  N.:  bonne  piste).  —  La  route  descend  en 
lacets  dans  la  vallée  de  l'oued  El  Ma  Bared,  bordé  de  jardins  et  de  ver- 
gers. —  3  k.  Poste  de  douane,  à  g.,  au  pied  d'un  village  couronnant  un 
mamelon.  —  9  k.  Traversée  à  gué  du  Loukkos  (la  descente  dans  le  lit  de 
l'oued  demande  quelques  précautions).  —  10  k.  El  Ksar  El  Kebir  (p.  300). 

2°  Laracke  (45  k.  N.-O.;  bonne  piste,  suivant,  en  été,  la  vallée  du 
Loukkos  et,  en  hiver,  les  flancs  sablonneux  des  collines  situées  au  S. 
du  Loukkos)  :  Pour  Larache,  p.  304. 

S''  Lalla  Mimouna  et  Sidi  Moulay  Bon  Selham  (17  k.  et  40  k.  O.).  —  La 
piste  est  d'abord  accidentée.  —  10  k.  Ain  Bsal,  source  assez  abondante. 
—  17  k.  Lalla  Mimouna  (p.  174).  —  21  k.  Gué  de  l'oued  Drader.  La  piste 
contourne  Merdja  Ez  Zerga  (p.  173)  par  le  N.  —  25  k.  Aïn  Borma.  — 
27  k.  Pont  sur  l'oued  Bou  Harira.  —  31  k.  Mechra  El  Hader,  d'où  l'on 
regagne  l'itinéraire  de  Knitra  à  Sidi  Moulay  Bou  Selham  (p.  172). 

4®  Ouezzane  (38  k.  E.  ;  piste  muletière  peu  accidentée  au  début,  monta- 
gneuse à  la  tin).  —  10  k.  Douar  Ouled  Saïd,  de  la  tribu  des  Sefiane.  — 
Ï4  k.  5.  La  piste  atteint  la  vallée  de  Foued  Mda.  —  15  k.  Mlloiidat,  gros 
douar.  —  21  k.  Sur  la  g.,  ligne  de  hauteurs  portant  les  dchar  Masmouda 
de  Mzoufroun,  Zrahna  et  El  Hareth.  —  23  k.  Dchar  El  Haït,  résidence  du 
cheikh  des  Masmouda.  Dans  le  voisinage,  cascade  de  Chrichira.  —  25  k. 
Dchar  Remet.  —  27  k.  Descente  dans  la  vallée  de  l'oued  Zès  par  un 
défilé  encaissé  entre  des  hauteurs  difficilement  accessibles  et  couvertes 
de  brousse.  —  38  k.  Ouezzane,  petite  ville  indigène  de  16,000  hab.,  dont 
1,300  israélites,  à  20  k.  de  la  zone  espagnole,  sur  l'un  des  contreforts  du 
massif  des  Djebala.  Marché  très  important  le  mercredi  et  le  jeudi. 
Zaouïa  et  résidence  du  chérif  d'Ouezzane,  chef  de  Timportante  confrérie 
religieuse  des  Taïbia,  créée  en  1727  par  le  chérif  Moulay  Abd  Allah, 
descendant  d'Idris  II,  fondateur  de  Fès.  L'autorité  des  chérifs  d'Ouez- 
zane étant  devenue  gênante  et  le  parti  des  descendants  d'Idris  commen- 
çant à  s'agiter,  Moulay  El  Hassane  enleva  au  chérif  d'Ouezzane,  pro- 
tégé de  la  France,  le  gouvernement  de  la  ville,  qui  fut  confié  à  un  agent 
du  pouvoir  central.  Celui-ci  réussit  même  à  s'emparer  de  l'adminis- 
tration des  fonds  de  la  zaouïa.  A  la  longue,  les  chérifs  purent  recouvrer 
leur  autorité.  La  zaouïa  est  un  lieu  de  pèlerinage  très  fréquenté. 


D'Arbaoua  à  Fès  par  le  col  de  Seggota. 

164  k.  ~  Route  principale  n"  2  à  l'étude  jusqu'à  33  k.  Souk  El  Arba  ;  route 
n"  6  en  construction  jusqu'à  Bab  Tiouka;  route  n"  3  achevée  sur  le 
reste  du  parcours. 

25  k.  d'Arbaoua  à  Souk  El  Arba  du  Gharb,  V.  l'itinéraire  pré- 
cédent en  sens  inverse.  —  33  k.  El  Abbasi,  village. 


176 


—  [21]    DE  KNITRA  A  ARBAOUA;  LE  GHARB, 


40  k.  Mechra  Bel  Ksiri  (hùt.  modeste),  poste  militaire  sur 
la  rive  dr.  du  Sebou  et  ch.-l.  du  cercle  du  Gharb,  peuplé  de 
150  indigènes  et  de  200  européens  occupés  à  la  colonisation 
d'une  région  remarquablement  fertile.  Marché  du  lundi. 

A  n  k.  sur  la  rive  g.  du  Sebou,  ruines  de  Banasa  au  marabout  de 
Sidi  Ali  Bou  Djenoun.  —  Citée  par  Pline,  Ptolémée,  les  listes  épisco- 
pales,  la  Notice  des  dignités  et  l  anonymé  de  Ravenne,  Banasa  fat  une 
colonie  d'Auguste.  Tissot,  qui  Ta  découverte  et  décrite  en  1871,  évalue 
son  enceinte  à  1,100  m.  i 

«  La  ligne  des  murs...  n'offre  de  spécimen  bien  marqué  qu'à  la  pointe 
S.-O.  où  l'on  reconnaît,  entre...  deux  saillants  carrés,  les  traces  d'une 
des  portes  ».  Dans  l'enceinte,  sur  la  partie  méridionale  du  plateau,  un 
rectangle  formé  «  par  une  ligne  de  blocs  de  très  grandes  dimensions  «  i 
de  ('  12  pas  sur  15  ».  Emplacement  supposé  d'un  théâtre.  Traces  d'un  i 
pont.  M.  de  La  Martinière  a  retrouvé  la  partie  supérieure  d'une  inscrip-  | 
tion  au  nom  de  Marc-Aurèle.  dont  Tissot  avait  publié  l'autre  partie  en  i 
l'attribuant  à  tort  à  Commode.  | 

En  19L2,  le  capitaine  Yenet  fit  des  fouilles  et  trouva  la  tête  de  Junon  ! 
qui  est  au  cercle  des  ofticiers  de  Casablanca.  En  1916,  M.  Louis  Châte- 
lain signale  plusieurs  fragments  de  statue,  aujourd'hui  au  musée  de  I 
Rabat,  et  une  villa  dont  l'atrium  et  les  pièces  avoisinantes  renferment 
encore  des  mosaïques. 

DE  MECHRA  BEL  KSIRI  A  SOUK  EL  HAD  KOURT  (23  k.  O.  ;  piste  sablon- 
neuse, autocyclable  en  belle  saison  seulement).  —  Au  départ,  la  piste 
suit  le  Sebou  pendant  2  k.  —  3  k.  Gué  à  fond  de  sables  sur  la  Merdja. 
—  5  et  8  k.  Passerelles  sur  les  oueds  Broha  et  Chemmah.  —  16  k. 
Passerelle  submersible  sur  l'oued  Tnine. 

23  k.  Souk  El  Had  Kourt,  gros  marché  fréquenté  par  les  Djebala  et 
poste  militaire. 

Au  sortir  de  Mechra  Bel  Ksiri,  on  traverse  l'oued  Sebou  sur 
un  bac.  —  45  k.  5.  Sidi  Bou  Djema,  à  l'O.  de  la  piste,  limite  des 
grands  marais  de  la  région  des  Beni  Hassene.  —  51  k.  Souk  El 
Djema  Et  Ahoufa. 

71  k.  Sidi  Gueddar,  village  et  marabout  à  proximité  de  Foued 
Rdom,  dans  la  tribu  des  Chebana.  Ancien  camp  français.  \ 

79  k.  Dar  Zrari  et,  plus  loin,  délilé  de  Bah  Tiouka.  A  7  k.  S.,  j 
sur  la  route  de  Salé  à  Meknés,  Petitjean  (p.  177).  ! 

Après  le  défilé,  on  traverse  un  oued  et  l'on  monte  doucement  | 
dans  le  territoire  des  Cherarda.  —  97  k.  Sidi  Emharek.  —  104  k.  2.  j 
Col  de  Seggota.  Pour  le  reste  du  parcours,  V.  description  de  la  i 
route  Knitra-Fès,  p.  173. 

Variante.  —  Une  piste  muletière,  plus  intéressante,  mais  peu  prati- 
cable, longe  les  contreforts  S.  des  Djebala.  Elle  part  d'Arbaoua  eu 
passant  par  :  29  k.  Ckemmakha,  gros  douar  au  voisinage  d'un  col  et 
d'un  bois  d'oliviers;  41  k.  Souk  El  Had  Kourt  [V.  ci-dessus);  65  k. 
Mechra  El  Bâcha,  sur  la  rive  dr.  de  l'Ouergha,  marché  du  lundi  de  la  i 
tribu  des  Boni  Setiane  et  des  Beni  ]\ialek;81  k.  Hadjer  El  Ouakef,  \ 
après  leciuel  on  traverse  le  Sebou  pour  gagner  (103  k.)  Douar  Ben 
Gachouch  ci  rejoindre  la  route  d'Arbaoua  à  Fès  entre  Seggota  et  Nzala 
Oudaïa(p.  173). 


MECHRA  BEL  KSIRI.  —  DAH  BEL  AMRL  [22]  —  177 


22.  —  DE  SALÉ  A  MEKNÈS 

A,  —  Par  le  chemin  de  fer. 

182  k.,  9  h.  en  automotrice  avec  déj.  à  Ain  Djema;  1  j.  et  demi  par  les 
trains  quotidiens  en  passant  la  nuit  à  Ain  Djema  ;  54  fr.  60  et  27  fr.  30. 
Ligne  en  palier  jusqu'à  Dar  Bel  Amri,  très  accidentée  sur  le  reste 
du  trajet. 

35  k.  2  de  Salé  à  Knitra^  p.  168.  Au  sortir  de  la  gare,  la  voie 
prend  la  direction  E.  pour  remonter  la  légère  dépression  de 
l'oued  Fouarat.  —  44  k.  7.  Oued  Fouarat.  —  48  k.  5.  Camp  Delmas, 
du  nom  d'un  sapeur  du  génie  qui  fut  tué  à  l'entrée  de  la  forêt 
en  1912.  Le  terrain,  sableux,  est  parcouru  par  les  troupeaux 
des  Beni  Hassene.  De  temps  à  autre,  marécages  où  vivent  des 
sangliers.  —  La  ligne  pénètre  dans  la  forêt  de  Mamora  (p.  168) 
dont  les  arbres  ont  subi  une  première  opération  de  démas- 
clage. —  56  k.  2.  El  Moudzine,  croisement.  On  longe  une  nou- 
velle corne  de  la  forêt  jusqu'au  k.  60,  puis  c'est  la  plaine  sans 
arbres,  La  ligne  longe  la  route. 

66  k.  2.  Sidi  Yahia  (buffet),  au  centre  de  la  région  des  Beni 
Hassene.  Le  marabout  qui  a  donné  son  nom  à  la  gare  s'aper- 
çoit sur  un  tertre  voisin.  Au  N.,  à  l'horizon,  apparaissent  les 
maisons  blanches  de  Mechra  Bel  Ksiri  (p.  176). 

Le  territoire  des  Beni  Hassene,  qui  s'étend  de  Knitra  à  Dar  Bel  Amri 
et  de  la  ligne  du  ch.  de  fer  jusqu'au  Sebou,  possède  des  terres  profondes 
qu'un  régime  pluviométrique  régulier  rend  propres  à  la  production  des 
fourrages  naturels.  Le  mouton  y  vit  bien  et  sa  laine,  fine,  est  recher- 
chée. Les  Beni  Hassene  habitaient,  il  y  a  deux  cents  ans  environ,  la  région 
actuellement  occupée  par  les  Zemmour  ;  ils  en  ont  été  expulsés  par  ces 
derniers  et  ils  ont  eux-mêmes  chassé  les  tribus  du  Gharb,  qui  occupaient 
la  rive  g.  du  Sebou,  en  les  refoulant  vers  la  rive  dr.  .Depuis,  les  tribus 
des  Beni  Hassene  et  du  Gharb  se  sont  disputées  les  deux  rives  du  fleuve. 

76  k.  9.  Daïet  Aïcha.  La  plaine  est  peuplée  de  marguerites  et 
de  quelques  arbres  rabougris.  —  85  k.  2.  Daïet  Touarfa.  —  92  k. 
Dri6,  dans  une  steppe  de  marguerites  géantes;  plus  loin,  une 
brousse  de  jujubiers  sauvages  couvre  le  pays  inculte.  —  101  k. 
Pont  sur  l'oued  Beht. 

102  k.  Dar  Bel  Amri  (hôt.  modeste),  poste  militaire  et  village 
européen  et  indigène  à  la  lisière  E.  de  la  plaine  des  Beni  Has- 
sene, sur  un  territoire  très  fertile.  —  Le  village  et  la  gare  sont 
dominés  par  deux  éperons  sur  lesquels  sont  installés  les  troupes 
françaises  et  le  bureau  des  Renseignements. 

DE  DAR  BEL  AMRI  A  PETITJEAN  (26  k.  E.).  Bonne  route  qui  passe  sur 
les  oueds  (11  k.)  Hamma  et  (14  k.)  Bedda,  ce  dernier  à  proximité  du 
marabout  de  Siâi  Aïssa.  —  26  k.  Petitjean,  village  de  colonisation,  au 
pied  du  foi^t  du  même  nom,  sur  la  rive  dr.  de  l'oued  Rdom  qui  irrigue 
et  fertilise  la  région.  Le  marabout  de  Sidi  Kassem  avoisine  Tagglomé- 
ration  indigène. 

De  Petitjean  on  peut  rejoindre  :  1«  Fès,  par  (7  k.)  Bab  Tiouka  sur  la . 


MAROC. 


12 


178  —  [22]         DE  SALÉ  A  MEKNÈS. 


piste  d'Arbaoua  à  Fès  (p.  175)  ;  2°  Meknès  (52  k.),  par  une  bonne  piste 
passant  à  (7  k.)  Bab  Tiouka,  (25  k.)  Aïn  Achlef,  caravansérail  au  milieu 
de  terres  fertiles  appartenant  aux  chérifs  de  Moulay  Idris,  (32  k.)  Volu- 
bilis (p.  190),  à  3  k.  à  l'E. 
De  Dar  Bel  Amri  a  Tiflet,  p.  179;  —  a  Camp  Bataille,  p.  180. 

La  ligne  monte  en  décrivant  de  nombreux  détours  dans  le 
massif  montagneux  qui  sépare  Dar  Bel  Amri  de  Meknès,  pas- 
sant ainsi  de  43  m.  à  536  m.  d'alt.  sur  une  distance  de  80  k.  — 
108  k.  2.  Croisement  et  citerne.  On  domine  les  plaines  des  Beni 
Hassene  et  du  Gharb  à  l'O.  et  au  N.-O.  —  116  k.  i.  Aïn 
Nekhala,  dans  un  ravin,  au  pied  d'un  coteau  broussailleux.  — 
123  k.  Aïn  Taomar,  près  d'une  source  ombragée.  —  127  k.  2. 
Sidi  Chibani,  à  proximité  d'un  petit  oued  et  d'un  marabout. 

133  k.  Aïn  Djema  {buffet -hôtel  :  ch.  de  4  à  6;  rep.  1,  4.50,  5), 
gare  au  fond  d'une  large  cuvette,  à  quelque  distance  de  vil- 
lages indigènes  et  de  jardins  verdoyants. 

135  k.  5.  -Sidi  Brika,  dans  une  région  pittoresque.  La  ligne 
décrit  de  nombreux  lacets;  au  détour  de  l'un  d'eux,  on  aper- 
çoit, vers  TE.,  les  minarets  de  Meknès;  le  massif  du  Zerhoun 
se  dresse  plus  à  g.  taché  de  surfaces  crayeuses,  villages  cou- 
ronnant des  plantations  d'arbres.  —  144  k.  9.  Aïn  Saboun,  an 
bas  de  coteaux  broussailleux.  • 

153  k.  Oued  Frah,  gare  sur  un  plateau  très  fertile  peuplé  de 
palmiers  nains.  —  158  k.  2.  Aïn  Missa,  —  162  k.  5.  Seba  Aïoun.  — 
166  k.  8.  Dar  Sottane.  —  Meknès  se  précise,  profilant  ses  mina- 
rets à  l'horizon.  On  en  fait  le  tour  par  le  S.  en  franchissant  de 
multiples  lignes  de  remparts.  —  177  k.  4.  Sidi  Bou  Zekri,  en  face 
des  murs  de  l'Aguedal.  La  ligne  passe  au-dessus  du  canal 
d'alimentation  en  eau  de  la  ville,  puis  de  l'oued  Bou  Fekrane 
qui  irrigue  un  ravin  boisé  et  atteint  la  gare  après  avoir  tra- 
versé la  grande  oliveraie  de  Hamria.  ^ 

182  k.  Meknès  (buffet-hôtel,  p.  180).  1 

B.  —  Par  la  route.  I 

Autocyclisme  :  164  k.  —  Bonnes  routes  principales  n^^  3  et  4  entiè-1 
renient  construites.  I 

36  k.  de  Salé  à  Knitra,  p.  168.  —  A  partir  de  Knitra,  la  route! 
longe  le  N.  de  la  voie  ferrée.  —  36  k.  5.  Passage  à  niveau.  — 
37  k.  Maison  cantonnière.  —  38  k.  Pont  sur  l'oued  Fouara 
A  l  k.  S.  marabout  de  Sidi  Bouchta,  —  47  k.  Marabout  de  La 
Chachouta  et,  à  \  k.  N.,  douar  d'El  Massi.  —  49  k.  Merdja. 
61  k.  Pont  sur  l'oued  Smennto.  A  1  k.  S.  marabout  de  Sidi  Yah' 
—  61  k.  5.  Pont  en  maçonnerie  sur  l'oued  Tiflet. 

62  k.  Sidi  Yahia  (p.  177). 

De  Sidi  Yahia,  une  piste  conduit  à  (38  k.  S.)  Sidi  Bettache. 

La  route  suit  encore  la  voie  ferrée  pendant  11  k.,  puis 
sépare  de  la  piste  sableuse  allant  à  Dar  Bel  Amri  (p.  177). 
80  k.  Passage  de  l'oued  Touirhza. 


AÏN  DJEMA.  —  TIFLET.       [22]  -  179 


97  k.  Sidi  Slimane,  —  103  k.  Bifurcation  de  la  route  n°  3 
Knitra-Fès  par  le  col  de  Seggota  (p.  175).  Prendre  à  dr.  la 
route  n"*  4. 

129  k.  Aïn  Hammam,  source  et  caravansérail,  en  tribu  Gue- 
rouane.  —  130  k.  Gué  d'Ain  Djema.  —  132  k.  Poste  de  Sidi 
Brika.  --  135  k.  Poste  abandonné  d'Ain  Saboun,  près  du  mara- 
bout de  Sidi  Mimoun.  —  145  k.  5.  Poste  de  l'oued  Frah,  p.  178. 
—  153  k.  Poste  de  Dar  Oum  Es  Soltane.  —  155  k.  Ruines  de 
Dar  Oum  Es  Soltane,  vergers  et  sources.  —  159  k.  5.  Pont  et 
village  de  Toulal  (p.  189). 

164  k.  Meknès  (p.  180). 

C.  —  Par  la  piste  de  Tiflet. 

AuTOGYCLisME  :  138  k.  —  Route  principale  n**  14  en  construction,  en  ter- 
rain sablonneux  dans  la  première  partie  du  trajet,  argileux  vers  la 
fin  du  parcours,  praticable  par  temps  sec.  —  Cette  voie,  portion  de 
l'ancien  trik  es  soltane,  route  impériale,  fut  ouverte  en  1911  par  le 
général  Moinier,  au  retour  de  son  expédition  à  Fès  et  à  Meknès. 

Au  départ  de  Bab  Fès,  la  route  est  empierrée  sur  plusieurs  k., 
puis  s'enfonce  dans  la  plaine  sableuse,  longeant  la  forêt  de 
Mamora  (p.  168). 

28  k.  Camp  Monod  (café),  caravansérail  sur  le  territoire  de  la 
tribu  berbère  des  Zemmour,  au  centre  d'une  région  de  céréales 
et  d'élevage.  Le  pays  devient  plus  accidenté. 

32  k.  5.  Marabout  de  Sidi  Allai  El  Bahraoui  et  ruines  d'un  éta- 
blissement ancien.  —  35  k.  5.  Ravin  d'Ain  Djorf.  —  37  k.  5. 
Corne  de  la  forêt  de  Mamora. 

56  k.  Tiflet  (aub.),  poste  militaire,  ch.-l.  du  cercle  des  Zem- 
mour, sur  une  croupe  qui  domine  l'oued  du  même  nom, 
affluent  du  Sebou.  Les  berbères  des  douars  environnants  se 
livrent  aux  travaux  agricoles,  à  l'extraction  du  goudron  et  à 
la  fabrication  du  charbon.  Ils  confectionnent  aussi  des  nattes 
en  palmier  nain  cordelé  et  en  laine  et  des  tapis  estimés. 

DE  TIFLET  A  KNITRA  (50  k.  N.-O.).  —  Piste  à  travers  la  forêt  de 
Mamora  (p.  168). 

DE  TIFLET  A  DAR  BEL  AMRI  (52  k.  N.-E.).  —  Route  de  Tiflet  à  Fès 
jusqu'au  k.  9,  piste  plate  et  argileuse  sur  le  reste  du  parcours,  prati- 
cable par  temps  sec.  —  29  k.  Am  Maarouf,  dans  les  terrains  de  pâtu- 
rages et  de  culture  des  Beni  Oumza.  —  45  k.  Passage  assez  difficile  du 
ravin  de  l'oued  Merdja.  —  52  k.  JJar  Bel  Amri  (p.  177). 

DE  TIFLET  A  NKHEILA-(44  k.  S.-O.  ;  piste  muletière).  —  12  k.  Marché  du 
dimanche  des  Ait  Bel  Kassem.  —  18  k.  Passage  à  gué  (difficile)  du  Bou 
Regreg.  —  24  k.  Moulay  Idris  Aghbal,  marché  du  lundi  des  Medjda 
Tahtanine.  —  29  k.  Gué  difficile  de  l'oued  Grou.  —  37  k.  Passage  à  gué 
de  l'oued  El  Ma.  —  44  k.  Nkheila  (p.  162). 

De  Tiflet  a  Marchand,  p.  162. 

La  piste  se  déroule  dans  une  région  de  pâturages  et  val- 
-lonnée.  Elle  franchit  plusieurs  oueds  sur  des  ponts.  —  70  k. 


180  -  [23] 


MEKNÈS. 


Kasba  des  Ait  Abbou  à  1  k.  au  N.  —  71  k.  Marabout  de  Sidi 

Allai  Msader  à  800  m.  au  N. 
82  k.  Khemissetj  poste  militaire.  1 
De  Khemisset  a  Marchand,  p.  162.  M 

Le  terrain  est  d'abord  sablonneux,  puis  argileux. 

95  k.  Camp  Bataille  ou  Souk  El  Arba  des  Zemmour,  camp 
abandonné,  sur  un  mamelon  dominant  la  rive  g.  de  l'oued  Beht. 
C'est  de  ce  point  q'ue  fut  entreprise,  en  1913,  la  pacification  de 
la  région  très  accidentée  du  Tafoudeit,  au  S. 

DE  CAMP  BATAILLE  A  DAR  BEL  AMRI  (46  k.  N.  ;  piste  muletière  longeant 
l'oued  Beht  qu'elle  franchit  plusieurs  fois).  —  12  k.  Dar  Oum  Es  SoUane, 
pont  portugais  sur  l'oued  Beht.  —  24  k.  Souk  Et  Tnine,  de  la  tribu  des 
Messagha.  —  46  k.  Bar  Bel  Amri  (p.  177). 

DE  CAMP  BATAILLE  A  MOULAY  BOU  AZZA  (89  k.  S.  ;  piste  muletière  ;  une 
autorisation  de  l'autorité  militaire  est  indispensable).  —  10  k.  Oued 
Berrejline.  —  16  k.  Kasba  Harira,  ruinée.  Les  pentes  N.  sont  boisées.  — 
23  k.  Tafoudeit,  ancien  poste  militaire  à  l'O.  de  Kasba  Mrassel.  —  La 
région,  montagneuse  et  boisée,  est  jalonnée  par  les  kasbas  Tartala  et 
Mallouchene.  — •  55  k.  Oulmès,  ch.-l.  d'une  annexe  des  Renseignements 
qui  administre  les  Zaïane  soumis.  —  Passages  à  gué  des  oueds  Azemmour 
et  Ksikou.  —  89  k.  Moulay  Bon  Asza  (p.  162). 

Au  sortir  de  Camp  Bataille,  la  piste'  descend  vers  l'oued 
Beht  qu'elle  longe  pendant  2  k.,  puis  franchit  un  pont  pour  ' 
remonter  dans  des  ravins  boisés  et  atteindre  un  plateau  moins 
accidenté  de  terres  argileuses,  où  croît  en  abondance  le  palmier 
nain.  Tribu  des  Guerouane. 

116  k.  Aïn  Lorma,  caravansérail  sur  une  croupe  dominant  la 
source.  —  130  k.  Après  avoir  croisé  le  chemin  de  fer  militaire, 
la  piste  rejoint  la  route  de  Knitra  à  Meknès  (p.  178),  les  mina- 
rets apparaissent  à  l'E. 

138  k.  Meknès  (V,  ci-après). 


23.  —  MEKNÈS 


Emploi  du  temps.  —  Une  journée  suffit  pour  bien  voir  Meknès.  Le 
matin  consacré  à  la  visite  à  pied  de  Bab  Mansour  (p.  183)  et  BabDjama 
En  Nouar,  des  quartiers  indigènes  et  des  souks  (p.  185)  avec  la  médersa 
Bou  Anania  (p.  185);  on  verra  en  voiture  l'après-midi  les  anciennes  écu- 
ries (p.  187)  et  VAguedal  (p.  187)  avec  VAutrucherie  (p.  188),  puis  Bab  El 
Khemis  (p.  186)  et  Sidi  Saïd  (p.  186),  d'où  l'on  joindra  Bab  El  Berdaïnc 
(p.  184)  pour  faire  le  tour  complet  de  la  ville. 

Les  touristes  ne  disposant  que  d'une  heure  ou  deux  iront  voir  la  porte 
dite  Bab  Mansour  El  Aleuj,  les  remparts,  les  souks  et  la  médersa  Bou 
Anania. 

L'excursion  de  Volubilis  et  Moulay  Idris  du  Zcrhoun  demande  une 
journée  entière  à  dos  de  mulet  (très  fatigante)  et  5  à  6  h.  seulement 
en  automobile,  y  compris  les  arrêts  sur  les  points  d'excursion  (emporter 
des  provisions  dans  les  deux  cas). 


CAMP  BATAILLE.  —  MEKNÈS.    [23]  —  481 


MEKNÈS  (on  a  écrit  aussi  Méquinez;  ethn.  :  Meknassi),  ville 
makhzenia,  c'est-à-dire  impériale,  est  située  par  8°8  de  long,  et 
37°8  de  lat.,  à  514  m.  d'alt.,  sur  un  plateau  borné  au  N.  par  le 
massif  du  Zerhoun,  au  S.  par  les  contreforts  du  Moyen  Atlas,  et 
arrosée  par  l'oued  Fekrane  dont  les  eaux  se  déversent  dans 
l'oued  Rdom.  Peuplée  de  36,765  hab.  dont  850  Français  et  400 
autres  européens,  de  4,000  israélites,  elle  est  également  le  ch.-l. 
d'une  subdivision  de  125,000  hab.  La  population  musulmane, 
très  policée  et  surtout  d'origine  berbère,  compte  de  nombreux 
chérifs,  descendants  du  Prophète,  et  plusieurs  milliers  de  nègres, 
fils  des  anciens  soldats  de  la  garde  noire  de  Moulay  Ismail. 

Merveilleusement  assise  sur  un  éperon  allongé  dont  on  a  une 
*  très  belle  vue  du  camp,  la  ville  s'étend  sur  plusieurs  kilomètres. 
La  cité  proprement  dite  occupe  le  N.  ;  le  Dar  El  Makhzen  et 
ses  innombrables  dépendances,  témoins  grandioses  du  faste  des 
premiers  sultans  alaouites,  le  S.  Ses  souks  et  ses  fondouks, 
ses  boutiques  d'artisans,  ses  rues  grouillantes  de  berbères  les 
jours  de  marché,  ses  portes  grandioses  et  ses  monuments,  ses 
jardins  nombreux  et  ses  enceintes  multiples  remplissent  le 
visiteur  d'étonnement. 

La  ville  nouvelle  s'étendra  sur  une  croupe,  à  l'E.  de  la  ville 
arabe  et  du  camp,  à  proximité  de  la  gare  du  ch.  de  fer  et  près 
de  la  future  gare  du  Tanger-Fès.  Le  plan  en  est  définitivement 
arrêté.  Les  premiers  lots  sont,  vendus,  et  déjà  d'assez  nom- 
breuses villas  de  plaisance  et  des  écoles  se  sont  élevées,  faisant 
face  d'une  part  à  la  medina,  d'autre  part  au  Zerhoun. 

Par  sa  situation  au  milieu  de  vastes  plateaux  fertiles,  au 
débouché  des  tribus  du  Moyen  Atlas  et  du  Zerhoun,  Meknès 
est  déjà  un  important  marché.  L'exploitation  rationnelle  de  sa 
région  agricole  et  forestière,  et  de  ses  ressources  touristiques, 
lui  assurent  un  bel  avenir.  Son  climat  est  enfin  fort  agréable 
au  printemps  et  en  automne. 


Gare  :  —  gare  du  chemin  de 
fer  militaire,  près  du  camp  d'El 
Hamria,  à  1  k.  de  la  ville  indigène. 

Omnibus  :  —  du  Sultan-Hôtel  à  la 
gare  et  à  l'heure  des  trains  seule- 
ment :  1  fr.  la  place  ;  service  d'om- 
nibus de  la  Gare  à  Bab  El  Mansour, 
toutes  les  30  m. 

Hôtels  :  —  Terminus  (Pl.  a  E2), 
près  de  la  gare  ;  de  la  Résidence  (Pro- 
vost;  Pl.  6C2),  r.  Rouamzine(rep.  4, 
ch.  5;  pens.  12  à  14)  ;  Sultan-Hôtel 
(Navarre;  Pl.  c  C2),  à  l'entrée  de  la 
r.  Rouamzine  (rep.  4;  ch.  5;  pens. 
12  à  14;  omn.  à  t.  les  trains). 

Restaurants  et  cafés  :  —  aux 
hôtels  ci-dessus. 

Banques  :  —  Algéro-Tunisienne 
et  Crédit  Foncier  d'Algérie  et  de 
Tunisie,  toutes  deux  r.  Rouamzine. 


Voitures  de  place  :  —  station  à 
l'entrée  de  la  r.  Rouamzine,  près 
du  Sultan-Hôtel  :  —  course  simple 
en  ville  et  au  camp  2  fr.;  course 
double  3  fr.  ;  course  simple  à  l'A- 
guedal  et  Toulal  4  fr.  ;  course 
double  5  fr.  ;  l'heure  en  ville  et  au 
camp  3  fr.  50,  en  dehors  4  fr.  ;  tous 
ces  prix  sont  majorés  de  1  fr.  pen- 
dant la  nuit. 

Chevaux  et  mules  de  louage  :  — 
s'adresser  aux  hôtels. 

Service  automobile  :  —  bureaux 
r.  Rouamzine  :  —  de  Meknès  à  Fès, 
2  serv.  quotidiens  en  2  h.  ;  dép.  à 
7  h.  et  13  h.,  20  fr.  (retenir  les 
places  d'avance).* 

Automobiles  de  louage  :  —  Valin, 
boulevard  de  l'Aboul  ;  Scordino,  r. 
Rouamzine,  prix  de  location  10  à 


182  —  [23]  MEKNÈS. 


80  fp.  par  j.  et  par  place  ;  1  fr.  25  le 
k.  sur  route  et  i  fr.  50  sur  piste, 
distances  comptées  sur  l'aller  et  rot. 

Librairie-papeterie  :  —  cartes 
postales  :  Sanmarti,  r.  Rouamzine. 

Journaux  :  —  VEcho  de  Mekncs, 
hebdomadaire,  10  c. 

Spécialités  :  —  bijoux  en  argent 
doré  rehaussé  de  pierres  ;  broderies 
polychromes  de  soie  sur  étotfes; 
petits  meubles  en  bois  peint  ;  tapis 


berbères  à  haute  laine  et  à  points 
noués  des  Boni  Mtir  et  des  Zaïane; 
nattes  en  palmier  nain  cordelé  et 
en  laines  de  couleur  des  Guerouane. 

Réjouissances  locales  :  —  Moussem 
de  Moulaij  Jdrisdu  ZerJioun  en  mai  ; 
Moussem  des  Aïssaoua  au  Mouloud 
(décembre).  Ces  manifestations, 
très  imposantes,  réunissent  à  Mek- 
nès  un  concours  de  population  con- 
sidérable. 


Histoire.  —  Meknès  tire  son  nom  de  la  grande  tribu  zénète  des 
Meknassa  qui,  se  partageant  en  deux  fractions,  fonda  Meknassa  Taza, 
autrement  dit  Taza,  et  Meknassa  Ez  Zitoun,  la  «  Meknès  aux  oliviers  », 
qui  nous  intéresse  ici. 

D'après  les  auteurs  arabes,  l'emplacement  de  Meknès  était  autrefois 
occupé  par  une  série  de  bourgs  dont  les  Almoravides  prirent  possession 
au  XI®  s.  et  qu'ils  fortifièrent  en  construisant  Tagrart,  noyau  de  la  ville 
actuelle.  Au  début  du  xii«  s.,  le  mahdi  Ibn  Tonmert,  fondateur  de  la 
dynastie  almohade,  y  prêcha  la  guerre  sainte  contre  les  maîtres  d'alors, 
mais  en  fut  chassé.  Ses  successeurs  parvinrent  à  s'en  emparer  (1150) 
après  un  siège  de  sept  ans. 

Au  XIII®  s.  les  Mérinides  s'installent  à  Meknès,  non  sans  difficultés, 
car  Abou  Yahia  Ben  Abd  ElHakk  est  dans  l'obligation  d'y  revenir  plu- 
sieurs fois  (1245  et  1248)  pour  y  faire  reconnaître  son  autorité.  Abou 
Youssef  y  fait  construire  une  kasba  et  une  mosquée  (1276)  et  Abou  El 
Hassane  Ali  la  dote  d'une  médersa. 

Aux  XV®  et  xvi®  s.  Meknès  a  une  histoire  assez  obscure.  Elle  passe 
aux  Saadiens,  en  même  temps  que  Fès,  en  1547,  puis  est  soudainement 
mise  en  lumière  au  xvii®  s.  par  Moulay  Ismaïl  (1672-1727),  un  des  pre- 
miers souverains  de  la  dynastie  alaouite  actuellement  régnante,  qui  lui 
fait  connaître  sa  plus  belle  période  de  prospérité.  Le  contemporain 
fameux  de  Louis  XIV,  «  le  sultan  qu'affola  Versailles  «,  en  fait  sa  rési- 
dence préférée  dès  son  avènement  (1668).  Durant  tout  son  long  règne  de 
cinquante-cinq  ans,  il  y  construit,  avec  des  ouvriers  appelés  de  tous 
les  points  du  Maroc  et  une  armée  de  captifs  chrétiens,  40  k.  de  bas- 
•  tiens  et  de  murailles,  des  portes  monumentales,  des  greniers  et  des 
écuries  immenses,  des  grands  bassins  et  de  magnifiques  jardins,  des 
mosquées,  des  palais  pour  son  immense  harem  (il  eut,  dit-on,  800  enfants) 
et  ses  esclaves,  faisant  de  sa  capitale  un  «  Versailles  marocain  ».  Ces 
travaux,  entrepris  sans  arrêt,  non  sans  faire  tort  aux  anciennes  villes 
romaines,  Volubilis  et  Tocolosida  d'où  sont  tirés  de  nombreux  matériaux, 
se  poursuivent  sous  son  fils  Moula}"^  Abd  Allah  qui  achève  la  porte  Bab 
Mansour  El  Aleuj.  C'est  à  Meknès  qu'après  avoir  remanié  le  guich  des 
Cheraga  et  organisé  celui  des  Oudaïa,  Moulay  Ismaïl  créa  sa  fameuso 
garde  de  nègres  bouakhar,  qui  lui  permit  de  vaincre  les  tribus  berbères 
avoisinantes  restées  jusqu'alors  réfractaires  à  toute  autorité..  On  sait 
enfin  que  Moulay  Ismaïl  demanda  en  mariage  l'une  des  filles  de  Louis  XIV , 
la  princesse  de  Conti,  démarche  qui  d'ailleurs  n'eut  aucun  succès. 

Avec  Moulay  Abd  Allah,  la  capitale  déchoit  vite.  Sidi  Mohammed 
(1757-1790)  y  fait  encore  élever  plusieurs  mosquées  dont  celles  de  Ber- 
daine  et  de  Berrima,  les  mausolées  do  Sidi  Mohammed  Ben  Aïssa  et 
de  Sidi  Saïd  Bou  Othmane,  mais  sa  splendeur  est  désormais  ternie  :  les 
sultans  transfèrent  leur  résidence  tantôt  à  Fès,  tantôt  à  Marrakech. 

Pendant  la  période  d'anarchie  qui  caractérise  les  derniers  règnes  de 
l'ancien  makhzen,  Meknès  proclame  Moulay  llafid  (1908)  venu  de  Mar- 
rakech contre  Abd  El  Aziz.  Quelques  annécs'après,  les  Berbères,  maîtres 
■des  routes  de  Fès  à  Meknès,  opposent  au  nouveau  sultan  le  prétendant 


MEKNÈS. 


[23]  —  d83 


Moulay  Zine,  qui  so  rend  bientôt  sans  conditions  au  g'ënéral  Moinier 
(8  juin  1911).  Par  la  suite,  les  opérations  de  la  colonne  Henrys  (1913)  et 
du  général  Poëymirau  augmentent  considérablement  l'étendue  de  la 
zone  soumise,  qui  atteint  la  Moulouya  en  1917. 

Bibliographie  :  —  Monographie  de  la  région  de  Meknès,  par  Ed.  Arnaud  ; 

—  Monographie  de  Meguinez,  tr.  de. l'arabe  par  O.  Houdas,  Paris,  1855; 

—  A  journey  io  Meqidnez,  par  John  Windus,  London,  Tonson,  1725;  — 
Histoire  d'un  saint  musulman  vivant  actuellement  à  Meknès^  par  A.  Bel 
(Revue  de  l'Histoire  des  Religions,  extrait,  1917). 

Le  point  de  départ  des  itinéraires  qui  suivent  est  l'extrémité 
E.  de  la  rue  Rouamzine,  près  du  marabout  de  Sidi  Ali  Mennoun, 
où  stationnent  les  voitures. 


7.  —  La  Medtna, 

Allant  du  S.-E.  au  N.-O.,  la  rue  Rouamzine  est  bordée  de 
maisons  et  de  magasins  européens  et  dominée  à  l'O.  par  une 
imposante  ligne  de  remparts.  Vers  son  extrémité,  Bah  Dar  Sinaïne, 
à  g.,  s'ouvre  sur  la  rue  Dar ^emene,  qui  passe  devant  le  bureau 
de  Poste,  longe  une  nouvelle  ligne  de  remparts  et  aboutit  place 
El  Hedime,  «  de  la  démolition  »  (marché  tous  les  matins),  immense 
place  de  200  m.  de  long  sur  100  m.  de  large  bordée  au  S.  de 
deux  portes  magnifiques  :  Bab  Mansour  et  Bab  Djama  En  Nouar. 

*Bab  Mansour  El  Aleuj,  la  plus  imposante,  commencée 
sous  le  règne  de  Moulay  Ismail,  fut  achevée  par  son  fils  Moulay 
Abd  Allah  en  1732.  L'ordonnance  en  aurait  été  conçue  par  Te 
renégat  El  Mansour.  —  L'ouverture,  constituée  par  un  arc  ogival 
de  proportions  gigantesques,  est  flanquée  de  deux  bastions, 
dont  celui  de  droite  s'élève  sur  de  basses  colonnes  de  marbre. 
Deux  hautes  colonnes,  surmontées  de  chapiteaux  de  style 
antique  composite,  s'avancent  sur  les  côtés  et  soutiennent  des 
piliers  prismatiques  qui  arrêtent  le  décor  architectural  de  la 
porte.  Le  motif  dominant  est  un  entrelacs  curviligne  qui  s'en- 
lève en  relief  sur  un  fond  plat  de  mosaïque  vernissée  vert- 
doré.  Une  large  et  belle  inscription  en  caractères  cursifs  noirs, 
surmontée  d'une  ligne  de  merlons,  court  le  long  de  la  frise 
supérieure.  L'ensemble  est  majestueux.  L'éclairage  le  plus 
favorable  est  celui  du  soir,  jusqu'au,  coucher  du  soleil.  Le 
Pacha  de  la  ville  vient  rendre  la  justice  tous  les  soirs  du  ven- 
dredi sous  la  voûte  de  la  porte  à  baïonnette. 

Bab  Djama  En  Nouar,  à  l'O.  de  la  précédente,  de  propor- 
tions plus  modestes  mais  fort  harmonieuses,  fut  construite  à  la 
même  époque;  elle  conduisait  à  la  mosquée  En  Nouar. 

La  face  0.  de  la  place  El  Hedime  est  percée  par  Bab  Sidi 
Labdine,  qui  donne  accès  à  la  campagne.  De  son  seuil  extérieur, 
on  aperçoit,  à  dr.,  derrière  l'enceinte,  le  mellah,  et  au  delà, 
dans  un  bouquet  d'arbres,  le  minaret  du  sanctuaire  de  Sidi 
Saïd  (p.  186). 

L'extrémité  N.  de  la  place  est  ornée  d'une  fontaine  construite 


•184  —  [23] 


MEKNÈS, 


en  1914  par  des  mosaïstes  indigènes  d'après  les  traditions 
modernes.  Derrière,  s'élève  Vhôpital  Louis,  installé  dans  une 
ancienne  maison  du  Glaoui  (visite  permise;  demander  l'auto- 
risation à  la  porte;  entrée  sous  la  voûte,  à  g.  de  la  fontaine). 

Une  rue,  à  dr.  de  la  fontaine,  donne  accès  au  quartier  des  Sebbaghine, 
antérieurement  occupé  par  les  Juifs  jusqu'à  l'époque  de  Moulay  Ismaïl 
{V.  ci-dessous). 

A  l'angle  N.-O.  de  la  place  s'amorce  la  rue  Sekkakine  dont  led 
échoppes  sont  occupées  par  des  fabricants  de  lanternes  en  métal 
découpé  et  des  bijoutiers.  On  atteint  ainsi  Bab  Berrima,  à  g.  del 
laquelle  se  trouvent  les  quartiers  de  Berrima  et  du  mellah.  1 

Ces  deux  quartiers,  qu'un  mur  sépare  à  l'intérieur,  sontj 
enfermés  dans  une  haute  enceinte,  quadrangulaire  de  500  m.  de' 
long  sur  250  m.  de  large.  C'est  une  ancienne  kasba.  La  mosquée 
qui  s'élève  à  l'angle  N.  fut  édifiée  par  Sidi  Mohammed  Ben 
Abd  Allah  (xvni®  s.).  —  Le  mellah,  situé  dans  le  compartiment 
0.,  est  très  curieux  avec  ses  rues  étroites  et  ses  hautes  maisons  ; 
il  n'est  habité  par  les  Juifs  que  depuis  Moulay  Ismaïl,  qui  leur 
assigna  cet  emplacement  en  1765  après  les  avoir  chassés  de 
leur  ancien  quartier  de  Sebbaghine. 

L'avenue  du  Mellah  est  fermée  vers  l'O.  par  Bab  Mellah^  au  delà 
de  laquelle  se  trouvent  Souk  el  Khemis,  Bab  Khemis,  le  mara- 
bout de  Sidi  Bou  Saïd  et  Toulal  (p.  186  et  189).  On  la  laisse  à  g. 

Du  carrefour  de  Bab  Berrima,  en  allant  vers  le  N.,  on  suit 
une  curieuse  rue  bordée  de  marchands  de  poteries,  de  forge- 
rons, de  fabricants  de  bâts,  de  selles,  d'instruments  ara- 
toires, etc.  et  aboutissant  au  carrefour  de  Bab  Djedid,  lieu 
d'élection  des  bateleurs,  conteurs,  charmeurs  de  serpents,  etc. 

La  porte  à  baïonnette  dite  Bab  Djcdid  s'ouvre  sur  la  campagne 
et  le  cimetière  musulman  où  s'élève  le  mausolée  de  Sidi  Moham- 
med Ben  Aissa  construit  au  xviir  s.  par  Sidi  Mohamed  Ben  Abd 
Allah.  On  sait  que  Ben  iVïssa,  patron  de  Meknès,  est  le  chef  de 
l'importante  confrérie  religieuse  des  Aïssaoua,  qui  a  des 
adeptes  dans  tout  le  N.  de  l'Afrique  et  qui  est  réputée  par  ses 
exercices  étranges  et  sauvages.  Grand  moussem  à  l'époque  du 
Mouloud,  fréquenté  par  près  de  50,000  visiteurs  algériens,  tuni- 
siens et  marocains. 

De  Bab  Djedid,  on  ira  soit  par  le  cimetière,  soit  par  les 
ruelles  intérieures  de  la  ville,  à  Bab  El  Berdaïne. 

Bab  El  Berdaïne,  au  N.  de  la  medina,  est  le  point  de  départ 
de  la  route  de  Tanger.  De  proportions  majestueuses,  elle  fui 
construite  par  Moulay  Ismaïl  (fin  du  xvir  s.).  —  Sur  la  grande 
place  intérieure,  limitée  à  l'E.  et  à  l'O.  par  de  hauts  murs,  et 
au  S.  par  la  mosquée  El  Berdaïne,  se  lient  le  marché  aux  bois  de 
cèdre.  Ces  bois,  sous  la  forme  de  madriers  de  4  à  6  m.  de  long, 
proviennent  des  forêts  du  S.  de  Meknès. 

Rentrant  en  ville  par  la  rue  longue  et  étroite  qui  prolonge 
la  place,  on  trouve  la  mosquée  Kanoute. 

A  100  m.  à  g.  et  en  contre-bas,  s'élève  V infirmerie  indigène, 


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MËKNÈS. 


[23]  —  m 


ancienne  habitation  d'un  pacha  de  Meknès,  exemple  de  Tarchi- 
tecture  marocaine  moderne;  demander  l'autorisation  de  visiter 
au  médecin.  Contre  la  façade  de  ce  bâtiment,  une  tente  abrite 
un  saint  vivant,  à  demi  paralysé,  Moulay  Ahmed  El  Ouazzani, 
dont  la  renommée  va  croissant  depuis  plusieurs  années. 

Au  delà  de  la  mosquée  Kanoute,  on  tourne  à  dr.  pour  passer 
devant  la  mosquée  Tidjani  (porte  à  pilastres  de  mosaïque  et 
auvent  peint  intéressants),  la  boutique  du  Mohtaseb  (belle  façade 
en  moucharabie), et  entrer  dans  les  souksdu  centrede  la  medina. 

Ces  grands  souks  comprennent  la  kisaria  des  étoffes  importées 
et  la  kisaria  des  tapis  (très  animée  vers  14  h.)  aux  abords  des- 
quelles se  disposent  des  échoppes  de  marchands  d'épices,  de 
comestibles,  de  viandes,  de  babouches,  de  sacoches,  etc. 

La  grande  mosquée  (entrée  interdite)  dont  on  peut  faire  le 
tour,  les  médersas  Bou  Anania,  Filala  et  Attarine  sont  dans  le 
quartier  des  souks. 

La  *médersa  Bou  Anania  (on  peut  visiter)  est  la  plus  inté- 
ressante médersa  de  Meknès.  Construite  au  commencement  du 
xiv^  s.  par  les  Mérinides  Abou  El  Hassane  et  Abou  Inane,  elle 
s'annonce  sur  la  rue  par  une  belle  porte  à  deux  vantaux  revêtue 
de  bronzes  ciselés  et  ajourés.  Le  couloir  d'entrée  donne  accès 
à  g.  aux  latrines,  et  à  dr.  à  la  médersa  proprement  dite  : 
patio  intérieur  orné  d'une  large  vasque  constamment  alimentée 
d'eau  ;  galerie  à  piliers  prismatiques,  sur  trois  faces,  dont  l'étage 
est  occupé  par  des  logements  d'étudiants;  haute  salle  de  prière 
sur  la  quatrième  face;  le  tout  admirablement  harmonieux  et 
orné  de  mosaïques  de  faïence,  de  plâtres  fouillés  et  de  bois 
sculptés  d'un  style  très  pur. 

Des  souks,  il  sera  préférable  de  rejoindre  la  rue  Rouamzine  en 
passant  devant  les  Services  municipaux  et  le  commissariat  de 
police,  à  proximité  de  Djama  Zitouna,  mosquée  que  domine  un 
haut  minaret  décoré  de  faïences  vertes,  et  où  Sidi  Mohammed 
Ben  Aïssa  (p.  184)  enseigna  la  théologie  et  le  droit. 

77.  —  Le  tour  extérieur  de  la  Medina, 

1  h.  30  à  pied;  1  h.  en  voiture. 

Après  avoir  franchi  la  porte  de  Fès,  en  bas  de  l'entrée  de  la 
rue  Rouamzine,  et  tourné  à  g.  le  long*  des  murs,  on  pénètre 
dans  le  jardin  public.  Ce  jardin,  aménagé  de  1915  à  1917  entre 
la  rive  g.  de  l'oued  Bou  Fekrane  et  les  remparts  E.  de  la  ville, 
a  une  centaine  de  mètres  de  large  et  près  de  1  k.  de  long;  il 
comprend  deux  lots  :  le  premier,  en  amont,  dans  un  terrain 
accidenté  et  boisé,  est  distribué  à  la  manière  des  jardins  anda- 
lous  avec  conduites  d'eau,  bassins  et  vasques;  le  second,  en 
aval,  est  divisé  par  des  allées  droites  et  perpendiculaires,  et 
ses  terre-pleins  sont  garnis  de  plantations  nouvelles. 

Variante.  —  On  peut  encore  se  rendre  au  jardin  public  par  la  rue 
Rouamzine  et  Bab  Guenaoua.  On  débouche  ainsi  directement  par  le  bou- 
levard de  l'Aboul,  au  centre  du  jardin. 


186  -  [23] 


MEKNÈS. 


La  partie  basse  du  jardin  public  est  bordée  du  boulevard  de 
VAboul  qui  mène  à  Bab  Tizimi  (intéressante  fabrique  de  tapis 
à  points  noués,  dirigée  par  une  mission  de  sœurs  franciscaines). 
Du  seuil  extérieur  de  la  porte,  on  aperçoit,  sur  l'oued,  un  vieux 
pont  et  des  moulins.  Au  delà,  à  flanc  de  coteau,  est  situé  le 
quartier  des  potiers  et  briquetiers. 

En  longeant  extérieurement  les  murs  de  la  ville,  on  atteint 
Bab  El  Berdaine  (p.  184)  pour  suivre  quelque  temps  la  route  de 
Tanger,  faire  le  tour  du  cimetière  musulman  de  Sidi  Mohammed 
Ben  Aissa  (p.  184),  passer  devant  les  abattoirs  et  sous  Bab  Siba, 
puis  gagner  la  route  de  Rabat  sortant  de  la  ville  par  Bab  Mellah. 

A  500  m.  à  rO.,  sur  la  route  de  Rabat,  s'élèvent  à  côté  d'un 
bosquet  et  d'un  faubourg  le  mausolée  et  la  mosquée  de  Sidi  Saïd 
Bou  Othmane  dotée  d'un  joli  minaret  et  d'une  charmante  porte. 
Ces  deux  édifices  furent  construits  par  Moulay  Abd  Allah 
(xviii°  s.).  Sidi  Saïd  fut,  dit-on,  le  professeur  de  Mohammed 
Ben  Aissa  (p.  184).  Lorsque  les  adeptes  du  saint  viennent  en 
pèlerinage  à  Meknès,  ils  visitent  d'abord  la  mosquée  de  Sidi 
Saïd  avant  de  se  rendre  au  mausolée  du  patron  de  la  ville. 

En  dehors  de  Bab  Mellah,  se  tient,  au  S.  de  la  route,  le 
souk  El  Khemis,  marché  du  jeudi,  où  se  vendent  les  bestiaux. 

A  proximité  reste  encore  debout  '''Bab  El  Khemis,  dont  l'ou- 
verture en  fer  à  cheval  est  encadrée  d'écoinçons  noirs  et  d'une 
bande  de  mosaïque  verte,  puis  surmontée  d'une  frise  d'inscrip- 
tions en  caractères  cursifs  noirs.  Deux  bastions,  dont  l'un  en 
ruines,  flanquent  la  porte  de  chaque  côté.  —  Cet  édifice  est 
tout  ce  qui  reste  d'un  vaste  et  beau  quartier  appelé  «  Medinat 
Er  Riad  »,  la  ville  des  jardins.  Construit  en  1667  par  Moulay 
Ismaïl,  il  servit  de  résidence  aux  ministres,  caïds,  secrétaires 
et  hauts  fonctionnaires  de  tous  ordres  de  la  cour  musulmane; 
il  fut  démoli  en  dix  jours  sur  l'ordre  de  Moulay  Abd  Allah,  au 
retour  d'une  expédition  malheureuse. 

Faisant  le  tour  extérieur  du  mellah,  on  rentre  en  ville  par 
Bab  Sidi  Labdine  pour  ressortir  à  nouveau  par  Bab  El  Mansour 
El  Aleuj,  Bab  Filala,  Bab  Moulay  Ismaïl  et  gagner,  entre  de  hauts 
murs  délaissés  et  gigantesques,  Bab  Reirr  à  l'entrée  et  à  g.  du 
couloir  qui  conduit  à  l'Aguedal  (p.  187),  et  passer  devant  Bab 
Amor  Lassini  pour  revenir  au  point  de  départ. 

Bab  Amor  Lassini  donne  accès  au  cimetière  du  même  nom, 
situé  à  proximité  d'un  quartier  de  pauvres  gens.  Le  site  est 
pittoresque  avec  ses  vieux  murs  ocreux  et  ses  jardins  courant  le 
long  des  rives  de  l'oued  Bou  Fekrane.  Sur  la  colline  d'en  face, 
à  l'E.,  la  vue  s'étend  sur  Vhôpital  aux  coupoles  ovoïdes,  le  camp 
d'El  Hamria  et,  plus  au  N.,  des  tombeaux,  entre  autres  celui  du 
chérif  El  Ouafi.  Au  fond  du  tableau,  s'élève  la  montagne  bleue 
du  Zerhoun  laissant  deviner,  sous  des  amas  crayeux,  quelques 
villages  berbères  importants. 

Variante.  —  De  Bab  El  Mansour,  on  peut  rejoindre  l'entrée  de  la  rue 
Rouamzine  par  le  large  couloir  qui  passe  au  pied  de  Djama  El  Maklisen 
et  Lalla  JJeïda,  traverse  un  quartier  habité  et  aboutit  à  Sidi  Ali  Mennoun. 


MEKNÈS. 


[23]  ~  187 


777.  —  Anciennes  écuries;  Jlguedal;  Jlutrucherie. 

Très  agréable  promenade  de  Q  h.  aller  et  ret.  pouvant  se  faire  à  pied 
et  en  voiture.  Très  recommandé. 

Suivre  l'itinéraire  1  jusqu'à  Bab  El  Mansour  (p.  183)  et  l'itiné- 
raire II  de  Bab  El  Mansour  à  Bab  Beirr  (p.  186),  s'engager  dans 
le  passage  étroit  et  votité  formé  par  une  succession  d'arcs 
ogivaux  soutenus  par  d'épaisses  colonnes  cylindriques  et  pro- 
longé par  un  couloir  long  de  1  k.  qui  sépare  le  quartier  et  le 
cimetière  Amor  Lassini  à  l'E.  du  Dar  El  Makhzen  et  de  ses 
jardins  à  l'O. 

Le  Dar  El  Makhzen  (entrée  interdite),  dont  les  constructions 
sont  de  différentes  époques,  a  des  dépendances  extrêmement 
spacieuses;  une  partie  du  harem  de  Moulay  El  Hassane  y  vit 
encore  sous  la  garde  d'eunuques.  Les  portes  y  donnant  accès 
sont  d'allure  modeste;  on  remarquera  cependant  quelques  cha- 
piteaux de  marbre  d'un  style  assez  curieux. 

Au  delà  du  couloir,  après  avoir  tourné  et  laissé  à  dr.  le  vil- 
lage de  Bab  Merah  habité  par  des  nègres  descendants  des 
Bouakher,  troupes  noires  créées  par  Moulay  Ismail,  on  remarque, 
sur  une  grande  place,  les  ruines  d'un  vieux  palais,  et,  un  peu 
plus  loin,  à  g.,  l'entrée  du  Djenane  Ben  Halima,  utilisé  par  la 
Direction  de  l'Agriculture  comme  jardin  d'essai  (entrée  permise). 

Plus  loin,  se  dresse  une  immense  construction  cubique.  C'est 
le  *i/eri  ou  grenier  à  provisions  de  Moulay  Ismail,  occupé  aujour- 
d'hui par  les  services  de  l'Intendance  (autorisation  nécessaire). 
Ce  bâtiment  se  compose  d'immenses  silos  voûtés,  établis  dans 
lie  sous-sol,  et  d'un  rez-de-chaussée  cloisonné  par  des  piliers 
énormes  supportant  une  lourde  et  épaisse  terrasse.  L'éclairage 
est  assuré  par  des  soupiraux  circulaires.  Au-dessus  du  grenier 
s'élevait  un  palais,  aujourd'hui  démoli,  appelé  El  Mansour;  il 
contenait  24  pavillons  et  avait  une  hauteur  d'au  moins  100  cou- 
dées (Kitab  El  Istiqoa). 

En  arrière  du  heri  et  sur  la  dr.  subsistent  les  ruines  impo- 
santes d'*aneiennes  écuries  (entrée  permise).  Pour  abriter 
son  importante  cavalerie  de  chevaux  et  de  mules,  Moulay 
Ismail  fit  édifier  aux  abords  du  Dar  El  Makhzen  cet  immense 
établissement  (Istabl)  qui  pouvait  renfermer,  disent  les  histo- 
riens arabes,  12,000  animaux.  Au  centre  du  bâtiment  se  trou- 
vaient des  constructions  voûtées  destinées  à  recevoir  la  sellerie 
Kitab  El  Istiqça). 

A  dr.  du  heri  et  des  anciennes  écuries  s'étend  le  grand  bassin, 
également  creusé  par  ordre  de  Moulay  Ismail  et  dont  les  eaux 
servaient  sans  doute  à  l'irrigation  des  jardins  situés  en  aval. 

Revenant  au  heri,  et  passant  sous  des  portes  à  g.,  on  pénètre 
dans  VAguedal,  vaste  prairie  herbeuse  ceinte  de  hauts  murs  et 
au  fond  laquelle  on  aperçoit  à  dr.  le  palais  dit  Dar  El  Beïda,  et, 
à  g.,  l'Autrucherie. 

L'Aguedal  était  le  lieu  de  campement  des  troupes  impériales. 


188  —  [23] 


MEKNÈS. 


Devenu  le  terrain  des  revues  et  fantasias,  à  l'entrée,  une  koubba 
surélevée  abritait  le  sultan  et  sa  suite  les  jours  de  réunion. 

Le  Dar  El  Beïda,  vaste  château  avec  allure  de  forteresse, 
est  dû  à  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah  (xvni*"  s.),  qui  en  fit 
sa  résidence  personnelle.  Il  sert  aujourd'hui  d'école  militaire 
pour  la  formation  d'officiers  marocains. 

L'autrucherie  (visite  permise,  s'adresser  aux  gardiens) 
comprend  quelques  bâtiments  où  l'on  élève  les  autruchons  et 
un  grand  parc  où  paissent  les  adultes. 

Le  troupeau  existe  depuis  environ  deux  siècles.  Il  doit  son  origine  à 
un  couple  offert  à  Moulay  Abd  Allah  Ben  Ismaïl  (1727-1757)  par  un 
arabe  du  Sud.  Livré  à  lui-même  dans  la  prairie  de  l'Aguedal,  ce  couple  se 
multiplia  rapidement.  Sous  Moulay  Aod  Er  Rahmane  (1822-1859),  le 
troupeau  comptait  55  individus  dont  17  furent  envoyés  à  Fès  et  succom- 
bèrent bientôt,  victimes  d'une  épizootie.  Sidi  Mohammed  (1859-1873)  en 
eut  jusqu'à  112.  Sous  Moulay  El  Hassane  (1873-1894),  à  la  suite  d'une 
épidémie,  le  troupeau  fut  réduit  à  5.  Il  se  reforma  pourtant.  Sous  Moulay 
Abd  El  Aziz,  il  comptait  30  volatiles.  Actuellement,  il  se  compose  de 
32  grands  individus  pondant  une  moyenne  de  800  œufs  du  poids  de 
2  kilog.  tous  les  deux  ans.  L'incubation  naturelle  se  faisant  dans  de 
mauvaises  conditions,  on  adopte  depuis  1915  le  système  de  rincubation 
artificielle  au  moyen  de  couveuses.  On  espère  ainsi  obtenir  des  rende- 
ments supérieurs  en  œufs  et  en  plumes.  En  1917,  on  a  provoqué  68  éclo- 
sions  qui  ont  donné  32  nouveaux  sujets;  des  3  couvées  naturelles  de  la 
même  année,  l'une  a  donné  12  petits,  ce  qui  représente,  à  Tactif  de  1917, 
44  autruchons,  sains  et  bien  portants.  —  Pour  les  achats  d'œufs, 
s'adresser  à  l'autrucherie.  On  ne  vend  pas  encore  de  plumes. 

jy.  —  Camp  et  ville  nouvelle. 

1  k.  5  E.  —  Promenade  surtout  intéressante  pour  l'aperçu  qu'elle  donne 
sur  le  développement  de  la  future  cité  européenne. 

En  quittant  la  porte  de  Fès,  on  aperçoit,  à  l'E.,  de  l'autre 
côté  du  vallon  de  l'oued  Bou  Fekrane,  la  croupe  sur  laquelle 
s'étend  le  camp  et  s'étendra  la  ville  nouvelle. 

Le  Camp  d'El  Hamria  (entrée  interdite)  est  installé  sur  le 
plateau  d'en  face.  A  g.  d'élégantes  constructions  néo-marocaine? 
s'élèvent  :  ce  sont  le  cercle  militaire  et  la  Subdivision.  Le  centre 
administratif  et  les  quartiers  de  plaisance  futurs  s'établiront  sur 
les  pentes  N.  du  plateau,  que  dessert  déjà  tout  un  réseau  de 
rues. 

Au  delà  de  l'oued  Bou  Fekrano,  la  route  bifurque  à  dr.,  c'est 
la  route  de  Fès;  500  m.  plus  haut,  elle  passe  entre  le  camp  et 
l'hôpital  à  coupoles  ovoïdes.  Le  terrain  situé  au  S.  de  ce  dernier 
établissement  est  réservé  aux  constructions  militaires  et  au 
terrain  de  manœuvre.  A  quelques  centaines  de  m.  plus  loin  se 
trouve  la  gare  militaire, 

La  grande  oliveraie  d'El  Hamria,  qui  peuple  les  abords  de  la 
gare,  a  été  créée  par  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah  à  la  fin 
du  xVii*"  s.  C'est  une  propriété  habous  dont  les  revenus  sont 
affectés  partie  à  la  ville  sainte  de  Médine,  partie  à  Meknès. 
Depuis  plusieurs  années,  elle  ne  donnait  que  d'insignifiante 


ENVIRONS  DE  MEKNÈS.        [24]  —  189 


rendements.  Remise  en  état  par  une  taille  et  des  soins  appro- 
priés à  partir  de  1915,  elle  va  redevenir  une  source  importante 
de  revenus. 

La  future  gare  du  Tanger-Fès  sera  située  du  même  côté  de  la 
route,  mais  à  1  k.  au  delà,  en  face  des  cités  et  des  jardins.  Les 
quartiers  industriels  et  les  établissements  insalubres  s'étendront  plus 
loin  encore,  au  S.  de  la  voie  ferrée. 

Y,  _  Toulal, 

3  k.  O.  —  Bonne  route. 

On  peut  s'y  rendre,  de  la  place  El  Hedime,  soit  par  Bab  Sidi 
Labdine,  Bal3  El  Khemis  et  Sidi  Said,  soit  par  la  rue  Sekkakine, 
avenue  du  Mellah  et  Sidi  Said. 

Toulal  est  un  faubourg  guich  d'origine  entièrement  berbère. 
Ses  habitants  sont  originaires  du  Haut  Guir  (Sahara)  où  un 
centre  habité  porte  ce  nom  et  avec  lequel  ils  ont  conservé  des 
relations.  Venus  il  y  a  près  d'un  siècle  à  Dar  Debibagh,  près  de 
Fès,  par  Kasba  El  Makhzen  et  Taghzout,  ils  ont  été  déplacés  et 
transportés  à  Meknès  dans  le  dernier  quart  du  xix^  s,,  par  Sidi 
Mohammed  Ben  Abd  Er  Rahmane  (Arnaud). 

De  Meknès  a  Salé,  p.  177;  —  a  Fès,  p.  198;  —  a  Righ,  p.  285. 


24.  —  ENVIRONS  DE  MEKNÈS 

Meknès  est  le  point  de  départ  de  magnifiques  excursions,  dont  le 
nombre  et  l'intérêt  croîtra  encore  avec  la  pacification.  Volubilis  et  Moulay 
Idris  au  N.,  avec  le  massif  du  Zerhoun,  sont  à  eux  seuls  d'un  puissant 
attrait.  Les  forêts  de  cèdres  du  S.  et  la  région  alpestre  du  Moyen  Atlas 
compteront  bientôt  parmi  les  attractions  touristiques  les  plus  visitées. 

1**  Volubilis,  Noulay  Idris. 

27et30k.  N.  —  Piste  légèrement  accidentée,  autocyclable  par  temps 
sec  ;  1  h.  en  auto  ;  2  h.  3,0  à  dos  de  mulet.  Excursion  très  recommandée 
pour  son  intérêt  à  la  fois  antique  et  pittoresque. 

On  sort  de  la  ville  par  Bab  Tizimi  et," après  le  passage  du 
vieux  pont  sur  l'oued  Bon  Fekrane,  on  descend  à  flanc  de 
coteau,  dans  une  vallée  couverte  de  jardins  et  de  vergers.  — 
2  k.  A  g.,  sur  un  piton,  ancienne  kasba  où  étaient  autrefois 
internés  les  condamnés  à  vie.  —  Descente  en  terrain  mouve- 
menté. On  traverse  ensuite  un  pays  plusieurs  fois  coupé  par 
des  oueds  pour  escalader  l'un  des  contreforts  0.  du  Zerhoun 
et  redescendre  dans  la  vallée  de  l'oued  Khoubane. 

22  k.  Emplacement  de  Tocolosida  (en  arabe  :  Akbet  El  Arabi), 
sur  un  plateau  situé  entre  la  route  de  Meknès  et  la  piste  des 
cavaliers.  Sur  ce  point  se  trouvait  la  dernière  agglomération 
romaine,  qui  gardait  contre  les  incursions  des  indigènes  non 


100  —  [24]       ENVIRONS  DE  MEKNÈS. 


soumis  la  grande  plaine  dominée  par  Volubilis.  «  Le  sol  pré- 
sente, sur  une  certaine  étendue,  des  restes  de  murailles  cons- 
truites en  pierres  de  grand  appareil;  le  seuil  de  quelques  édi- 
fices est  encore  visible  avec  les  trous  destinés  à  recevoir  les 
gonds  des  portes...  Ces  ruines  ont  dù  souffrir  du  voisinage  de 
la  ville  arabe  (Meknès)  et  l'on  s'explique  facilement  la  dispari- 
tion de  la  plupart  des  matériaux  »  (ïissot). 

26  k.  Passage  sur  un  ponceau  de  l'oued  Khoubane,  sur  le 
flanc  droit  duquel  s'étendent  les  ruines. 

27  k.  ^Ruines  de  Volubilis  (en  ar.  :  Oulili;  on  peut  visiter 
les  fouilles  tous  les  jours;  se  présenter  au  bureau  de  la  Direc- 
tion, 3^  piste  à  g.  après  la  porte).  Pline  l'Ancien,  Pomponius 
Mêla  et  Ptolémée  sont  les  seuls  auteurs  de  l'antiquité  qui  aient 
parlé  de  Volubilis.  L'itinéraire  d'Antonin  la  mentionne  égale- 
ment. C'est  à  Tissot  que  revient  l'honneur  d'avoir  identifié 
Volubilis  à  Ksar  Pharaoun. 

Histoire.  —  Principale  ville  de  l'intérieur  de  la  Mauritanie  Tingitane, 
Volubilis  dominait  la  dernière  plaine  colonisée  par  les  Romains.  Elle 
était  reliée  à  Tanger,  capitale  de  la  province,  par  une  voie  qui  se  con- 
tinuait jusqu'au  poste  de  Tocolosida  {V.  ci-dessus).  Elle  était  administrée 
par  des  duumvirs,  et  comptait  (^es  édiles,  des  décurions,  des  flamines. 
Les  fouilles  actuelles  nous  apprennent  que,  dès  le  milieu  du  i*-""  s.  de 
notre  ère,  elle  était  une  ville  prospère.  L'inscription  de  la  plus  basse 
époque  est  du  début  du  iv«  s. 

Déjà  Tissot  en  1874  et  La  Martinière  en  1888-1890  avaient 
étudié  Volubilis.  Ce  dernier  explorateur  avait  notamment 
recueilli  plus  de  60  inscriptions  qui  demeurent  encore  aujour- 
d'hui la  plus  belle  moisson  épigraphique  du  Maroc,  et  décrit 
un  grand  nombre  de  ruines  éparses  dans  la  région.  En  1915, 
des  prisonniers  allemands  travaillèrent  à  Volubilis.  Des  ouvriers 
marocains  les  ont  remplacés  en  1916. 

La  direction  des  fouilles  a  été  confiée  à  M.  Louis  Châtelain, 
ancien  membre  de  l'Ecole  française  de  Rome.  Les  travaux, 
menés  avec  uiwî  impulsion  énergique  et  une  méthode  rigou- 
reuse, ont  dégagé  l'arc  de  Caracalla  et  la  basilique,  découvert 
le  Forum,  une  trentaine  d'inscriptions,  des  rues,  des  maisons, 
des  pressoirs.  Les  deux  résultats  les  plus  tangibles  sont  l'ins- 
cription de  Marcus  Valerius  Sevèrus  (Eorum)  et  le  chien  de 
bronze  qui  est  l'une  des  œuvres  les  plus  vivantes  de  la  statuaire 
romaine  (musée).  Fin  1918,  on  a  même  découvert  de  belles 
statues  de  marbre. 

Commencer  la  visite  par  le  S.  du  plateau.  Aussitôt  arrivé  au 
sommet  on  distingue  :  à  dr.  de  la  piste  d'accès,  une  voie  pavée 
mise  au  jour  sur  une  longueur  de  180  m.  Sur  cette  voie  se 
trouve  une  huilerie  dont  on  voit  encore  les  encoches  qui 
supportaient  le  pressoir,  la  pierre  sur  laquelle  on  écrasait  les 
olives  et  deux  cuves  cimentées  d'une  conservation  parfaite. 
Une  amphore  trouvée  à  côté  de  l'une  de  ces  cuves  est  mainte- 
nant au  musée. 

A  hauteur  de  la  basilique,  prendre  à  g.  le  chemin  qui  descend 


RUINES  DE  VOLUBILIS.       [24]  —  191 


vers  le  Forum.  On  aperçoit  alors  une  portion  de  voie  dallée, 
cinq  marches  et  une  petite  place  également  dallée.  A  dr.,  un 
édifice  auquel  est  attenante  une  piscine  —  une  plate-forme  qui 
semble  avoir  été  la  tribune  aux  harangues  et  a  été  remaniée 
(inscription  de  Septime-Sévère,  196  ap.  J.  G.)  —  et,  dans  le  fond, 
la  basilique  (F.  ci-dessous).  A  g.,  en  contre-bas,  une  ruelle  et 
trois  pièces,  probablement  des  bureaux;  derrière  ces  pièces,  une 
seconde  place  d'époque  postérieure. 

Le  Forum,  centre  de  la  vie  publique  de  la  cité,  était  orné  de 
statues  dont  on  a  exhumé  les  bases.  La  principale,  la  dernière 
à  dr.,  est  celle  de  Marcas  Valerius  Severus,  A  la  tête  d'une 
cohorte  d^auxiliaires,  ce  personnage  réprima  la  révolte  ourdie 
par  Edemone,  un  affranchi  de  Ptolémée,  roi  de  Mauritanie. 
L'empereur  Claude,  en  récompense  de  ce  succès,  accorda  aux 
Volubilitains  le  droit  de  cité  et  plusieurs  autres  avantages. 

La  basilique,  à  laquelle  on  accède  par  quatre  marches,  est 
vraisemblablement,  comme  l'a  conjecturé  M.  de  La  Martinière, 
le  «  temple  aux  portiques  »  élevé  l'année  158  de  notre  ère,  sous 
Antonin  le  Pieux,  par  les  fidèles  de  la  maison  impériale.  Ce 
monument  se  compose  d'une  grande  salle  rectangulaire  bordée 
sur  les  quatre  faces  par  un  portique  et  terminée,  au  N.  et  au  S. 
par  une  abside.  La  basilique,  ou  palais  de  justice,  était  le  lieu 
de  rendez-vous  des  hommes  d'affaires  et  protégeait  aussi  les 
oisifs  du  Forum  contre  les  intempéries. 

Du  portique  oriental  on  observe  deux  petites  absides  presque 
arasées  qui  proviennent  d'un  édifice  antérieur,  et  plus  loin,  un 
mur  parallèle  à  la  basilique,  entre  ce  mur  et  la  basilique, 
recouvrant  les  petites  absides;  les  pierres  qui  formaient  le  mur 
oriental  se  sont  écroulées  entre  1721  (dessin  du  voyageur  anglais 
Windus)  et  1874  (Tissot). 

Revenir  au  Forum  et  le  quitter  par  l'escalier  du  N.-E.  qui 
donne  sur  la  voie  N.-E.  ou  Cardo.  Cette  voie,  découverte  en 
décembre  1916,  relie  la  basilique  et  le  Forum  à  l'arc  de  triomphe 
de  Caracalla.  En  la  parcourant  on  rencontre  :  tout  de  suite  à  g., 
un  decamanus,  ou  voie  E.-O.,  qui  limite  le  Forum  au  N.  ;  un 
peu  plus  loin  et  à  dr.,  un  second  decumanas,  qui  passe  au  S. 
de  la  cote  406;  enfin,  de  nouveau  à  g.,  un  troisième  decumanus; 
sur  cette  voie,  deux  seuils  fort  bien  conservés  et,  au  fond,  une 
cloaca  ou  bouche  d'égoût,  en  briques. 

Le  Cardo,  bordé  de  part  et  d'autre  de  maisons  ou  de  bou- 
tiques, fait  alors  un  crochet  sur  la  dr.,  passe  entre  les  piliers 
d'un  petit  arc  de  triomphe  en  ruines,  longe  une  fontaine, 
reprend  sa  direction  première  et  aboutit  à  l'arc  de  Caracalla. 

Entre  le  dernier  decumanus  et  l'arc  de  Caracalla  se  trouve  la 
maison  du  Chien  dont  l'entrée  est  située  sur  la  place  de  l'arc 
au  milieu  des  boutiques.  L'atrium  présente  un  bassin  en  très 
bon  état;  la  plupart  des  bases  de  colonnes  sont  encore  en  place. 
A  dr.  et  à  g.,  pièces  d'habitation  ;  au  fond  le  TabLium,  pièce 
d'apparat,  qui  était  pavée  en  mosaïque  et  décorée  de  fresques 
(Musée). 


192  —  [24]       ENVIRONS  DE  MEKNÈS. 


L'are  de  triomphe,  élevé  ea  217  à  Garacallaet  à  Julia  Domna 
par  les  soins  de  Marc  Aurèle  Sébastène,  procurateur  impérial, 
n'avait  pas  encore  perdu  sa  voûte  en  1721,  lors  du  passage  de 
Windus;  Tissot,  en  1874,  a  retrouvé  le  monument  à  peu  près 
tel  qu'il  est  aujourd'hui,  mais  enfoui  sous  un  amoncellement 
confus  de  pierres  éboulées,  de  terres  rapportées  et  de  ronces. 
C'est  seulement  en  novembre  1917  que  les  abords  de  l'édifice 
ont  été  déga.gés. 

La  maison  au  péristyle,  qui  est  située  au  N.-E.  de  l'arc,  a  été 
découverte  à  l'automne  de  1917.  Il  faut  remarquer  surtout  le 
bassin  de  forme  circulaire  inscrit  dans  le  péristyle,  les  colonnes 
cannelées,  les  chapiteaux  de  trois  modèles  différents  et  une 
statue  en  marbre  (personnage  revêtu  de  la  toge). 

Le  musée  (bâtiiiients  de  la  Direction)  est  en  voie  de  formation 
depuis  le  commencement  de  1916. 

L'objet  le  plus  remarquable  est  le  *  chien  de  bronze,  découvert  en 
février  1916  dans  la  maison  située  au  S.-E.  de  l'arc  de  triomphe,  pièce 
de  la  plus  grande  valeur,  œuvre  originale  d'un  réalisme  saisissant. 

La  grande  amphore  en  terre  cuite  a  été  trouvée  à  l'huilerie. 

On  a  réparti  en  deux  vitrines  les  différents  objets  provenant  des 
fouilles  :  fragments  de  fresques  et  de  mosaïques;  stèles  de  travail  indi- 
gène; monnaies;  fragments  d'inscriptions,  de  lampes,  de  poteries; 
petit  groupe  en  marbre  blanc  composé  de  deux  mains  qui  tiennent  un 
oiseau  et  lui  donnent  un  fruit  à  becqueter.  Mais  l'intérêt  principal  réside 
dans  les  bronzes  :  statuette  d'Hercule,  fragments  de  statues  (basilique  et 
arc  de  triomphe),  gonds  et  battants  de  portes,  clef,  fléaux  de  balances, 
pendentifs,  etc. 

Au  SORTIR  DE  Volubilis,  on  remonte  le  vallon  boisé  en  haut 
duquel  le  bourg  de  Moulay  Idris  apparaît  derrière  les  oliviers, 
sur  deux  sommets  émergeant  d'une  gorge  aux  flancs  abrupts. 
Par  une  forte  pente,  on  atteint  Bah  Aïn  Er  BedjaU 

30  k.  Moulay  Idris,  ville  indigène  de  9,000  hab.,  pittores- 
quement  étagée  sur  les  deux  versants  d'un  ravin,  dans  l'un  des 
sites  les  plus  sauvages  du  Zerhoun.  Cette  ville  renferme  le 
sanctuaire  et  la  zaouia  de  Moulay  Idris,  le  saint  le  plus  vénéré 
de  tout  le  JVlaroc,  fondateur  de  la  première  dynastie  arabe 
(Tdrisside)  qui  a  régné  sur  le  pays.  Le  saint  est  aussi  appelé 
Moulay  Idris  El  Akbar,  «  le  plus  vieux  »,  pour  le  distinguer  de 
son  fils  de  même  nom  fondateur  de  Fès.  Son  pèlerinage,  qui  se 
tient  à  la  fm  du  mois  de  mai,  attire  de  nombreux  visiteurs  et 
donne  lieu  à  de  grandes  fêtes. 

Histoire.  —  Moulay  Idris  Ben  Abd  Allah  Ben  El  Hassane  Ben  Ali 
était  descendant  d'Ali,  compagnon  du  Prophète,  et  de  Fatma,  fille  du 
Prophète.  Après  la  bataille  de  Fekh,  où  les  descendants  d'Ali  furent 
battus  par  le  khalife  abbasside  El  Mansour,  Idris  s'enfuit  au  Moghreb 
où  il  fut  reçu  par  le  chef  de  la  tribu  des  Aouaraba  qui  habilait  Ôulili 
(Volubilis;  788  ap.  J.-C),  ch.-l.  du  Zerhoun,  alors  entouré  de  murailles 
antiques,  de  belles  terres  et  de  plantations.  Aux  populations  d'alors, 
composées  de  païens,  de  chrétiens  et  de  juifs,  il  prêcha  le  mahomé- 
tisme  avec  succès  et  fut  bientôt  reconnu  comme  souverain.  Il  mourut 
empoisonné  en  793  à  Oulili,  en  exécution  d'intrigues  ourdies  par  son 
ennemi  d'Orient,  Haroun  Er  Rachid.  Mais  son  fils  posthume,  Idris  II, 


VOLUBILIS.  —  MOULAY  IDRIS.    [24]  —  193 


élevé  par  le  fidèle  conseiller  Rechid,  et  instruit  dans  la  religion  de  son 
père,  étonna  son  entourage  par  sa  précoce  intelligence;  aussi  le  pro- 
clama-t-on  dans  la  mosquée  à  l'âge  de  10  ans  (804).  Son  règne  fut 
fécond  en  résultats  pour  le  nouvel  empire  du  Maroc.  Son  plus  grand 
titre  de  gloire  est  la  fondation  de  Fès  (808).  Il  mourut  en  828  et  son 
corps  repose  dans  la  ville  qu'il  fonda.  Le  groupe  actuel  de  la  zaouïa 
date  de  Moulay  Ismaïl,  qui  lit  démolir  et  réédifier  la  koubba  avec  tous 
ses  ornements  en  même  temps  qu'il  fit  agrandir  la  cour  centrale. 

Lorsqu'on  arrive  en  face  de  Moulay  Idris,  on  aperi^oit  deux 
quartiers  principaux,  escaladant  deux  sommets  :  à  g.  Khiber, 
que  couronne  une  grande  construction  sur  des  rochers  à  pic;  à 
dr.,  Tasga,  couvrant  tout  un  mamelon  et  ses  pentes.  La  zaouïa 
est  située  dans  l'intervalle  au  fond  du  col. 

On  se  rendra  d'abord  à  Aïn  Khiber,  en  amont  du  premier 
village,  à  côté  de  la  place  du  moussem  (marché  le  samedi),  où 
arrive  la  canalisation  d'eau  d'Ain  Ghanech  captée  à  quelques 
k.  en  amont  et  que  domine  la  msalla,  lieu  de  prières  publiques 
disposé  sur  la  crête  d'une  zone  de  bancs  naturels  de  pierre. 

De  ce  point,  on  pourra  se  rendre  à  1  k.  env.  en  amont  dans  la  gorge 
d'Ain  El  Hamma  dont  l'eau  chaude  et  sulfureuse  s'écoule  dans  un  site 
remarquable.  La  source  fut  autrefois  captée  par  les  Romains  :  les  restes 
d'une  piscine  semi-circulaire  sont  encore  visibles. 

Pour  redescendre,  on  pénétrera  à  Khiber  par  Bab  Djedid 
(curieuse  fontaine  à  dr.)  qui  mène  à  Sidi  Abd  Allah  El  Hajjame 
et  à  une  école  coranique  (fragments  de  colonnes  de  marbre  dans 
les  murs).  Un  petit  passage  conduit  sur  une  terrasse  voisine 
d'où  Ton  a  une  *vue  splendide  sur  les  toits  verts  de  Moulay  Idris, 
de  Tasga,  la  vallée  et  la  montagne. 

De  la  terrasse  de  Sidi  Abd  Allah  El  Hajjame,  on  peut  gagner 
la  zaouïa  (entrée  interdite)  par  un  chemin  malaisé,  puis  les  deux 
souks  séparés  par  une  porte  monumentale  et  enfin  la  porte 
d'entrée  d'Ain  Er  Redjal. 

Environs.  —  Moulay  Idris  peut  servir  de  point  de  départ  à  de  très 
belles  excursions  de  1  ou  2  j.  dans  le  massif  du  Zerhoun;  s'informer  des 
itinéraires  au  bureau  des  Renseignements  de  Meknès. 

Avec  son  relief  d'assises  jurassiques  reposant  sur  les  calcaires  du  lias, 
le  Zerhoun,  compris  entre  la  plaine  du  Sais  au  S.,  le  col  de  Seggota 
et  le  Sebou  au  N.,  a  des  sommets  qui  atteignent  1,000  m.  d'alt.  Pitto- 
resque par  ses  falaises  abruptes,  ses  défilés  sauvages  inaccessibles  aux 
invasions  dévastatrices,  il  a  conservé  de  très  vieux  bois  d'oliviers 
(212,000  pieds),  des  vergers  de  poiriers  et  de  pommiers  (331,000),  de 
citronniers  (18,000)  et  des  vignes,  cultures  arbustives  les  plus  belles  et 
les  plus  étendues  du  Maroc.  Cinq  à  six  villages  se  partagent  sa  popula- 
tion plus  ou  moins  islamisée,  de  langue  berbère,  d'origine  rifaine  sur  le 
versant  N.,  d'origine  Senhadja  et  entièrement  arabisée  sur  le  versant  S. 

2°  Agouraï. 

29  k.  S.  —  Piste  à  profil  légèrement  accidenté,  autocyclable  par  temps 
sec. 

On  sort  de  Meknès  par  Bab  Sidi  Labdine  et,  après  quelques 
lacets,  on  se  dirige  directement  vers  le  S.  en  recoupant  les 


MAROC. 


194  —  [24]       ENVIRONS  DE  MEKNÈS. 


enceintes  extérieures  de  la  ville.  La  piste  traverse  ensuite  la 
voie  du  ch.  de  fer  militaire. 

6  k.  5.  A  g.,  on  aperçoit  la  vieille  kasba  Gueddara  et,  à  dr.,  le 
village  de  Toulal  (p.  189).  —  On  s'engage  dans  la  plaine  fertile, 
tantôt  sableuse,  tantôt  argileuse,  où  le  palmier  nain  croît  en 
abondance. 

14  k.  Aïn  Foiiarat,  source  et  bouquet  de  verdure. 

En  cours  de  route,  on  passe  à  proximité  de  douars  apparte- 
nant aux  tribus  Guerouane,  de  langue  berbère,  dont  le  nom 
apparaît  dans  les  annales  marocaines  vers  le  milieu  du  règne 
de  Moulay  Ismaïl  (1690).  Elles  venaient  du  Tafîlalet  et  peuplèrent 
la  région  au  temps  de  Moulay  Abd  Allah  (1725). 

17  k.  Sidi  Abd  Es  Salam,  sur  l'oued  Djebala.  —  22  k.  ^.  Sidi 
Amor.  —  23  k.  5.  Aïn  Loula. 

29  k.  Agouraï  (ethn.  Gourari),  ancienne  kasba  ceinte  de 
hauts  murs  bastionnés,  peuplée  de  800  hab.,  entourée  de  ver- 
gers, d'oliviers  et  de  jardins.  Un  poste  militaire  et  un  établis- 
sement de  remonte  à  800  m.  d'alt.  la  dominent.  Sur  la  pente, 
entre  le  poste  et  la  kasba,  s'élève  dans  un  cimetière  la  koubba 
de  Sidi  Saïd. 

Histoire.  —  Les  habitants  de  la  kasba  descendent,  dit-on,  d'esclaves 
chrétiens.  Quelques  gouraris  se  réclament  encore  d'origines  européennes. 
La  race  en  est  d'ailleurs  déchue.  Le  poste  militaire  fut  créé  en  1911;  il 
surveille  au  S.  une  région  très  mouvementée,  limite  actuelle  de  la 
dissidence  et  autrefois  occupée  par  les  tribus  Zaïane,  Boni  Mguild  et 
Beni  Mtir. 

D'AGOURAI  A  EL  HAJEB  (22  k.  E.;  piste  muletière).  —  10  k.  Aïn  Marouf, 
jolie  source.  —  22  k.  El  Hajeb  (F.  ci-dessous,  3"). 

3**  Ito,  Azrou  et  Tîmhadit, 

Autocyclisme  :  53  k.  5,  66  k.  et  100  k.  —  Route  spécialement  aménagée 
pour  les  autos,  praticable  par  temps  sec  ;  ch.  de  fer  à  l'étude.  Cette 
excursion,  très  recommandée,  donne  un  aperçu  de  la  topographie  tour- 
mentée du  Moyen  Atlas  et  des  forêts  de  la  région  ;  elle  pourra  se 
combiner  prochainement  avec  le  trajet  Fès-Almis  pour  le  circuit 
Meknès-Timhadit-Sefrou-Fès  (autorisation  nécessaire  de  la  Subdivi- 
sion) et  pour  la  jonction  de  Meknès  au  Tafilalet  par  la  Haute  Moulouya 
et  Rich  (p.  197  et  285). 

Sortant.de  Meknès  par  la  porte  de  Fès,  on  remonte,  à  proxi- 
mité de  la  gare,  la  vallée  de  l'oued  Bou  Fekrane.  —  13  Kasba 
Bou  Fekrane,  construite  vers  1734  sous  le  règne  de  Moulay 
Ismaïl  par  des  esclaves  chrétiens.  Le  plateau,  fertile,  est  couvert 
d'une  abondante  végétation  de  palmier  nain. 

31  k.  El  Hajeb,  petit  village  et  poste  militaire  au  flanc  d'une 
falaise  rocheuse,  ch.-l.  de  l'annexe  des  Beni  Mtir.  La  kasba, 
lourde  enceinte  quadrangulaire,  daterait  de  Moulay  El  Hassane 
(xix"^  s.).  Des  grottes  habitées  existent  en  contre-bas. 

Histoire.  —  Les  Beiii  Mtir,  qui  auraient  pour  ancêtres  les  berbères 
Masmouda,  forment  une  confédération  d'environ  3,500  tentes,  sur  qui 


AGOURAÏ.  —  ITO.  —  AIN  LEUH.    [24]  —  195 


l'autorité  des  émirs  marocains  a  toujours  été  momentanée  et  précaire. 
Elle  campe  sur  les  territoires  actuels  depuis  le  commencement  du  xiv»  s. 
Notre  prise  de  contact  avec  cette  tribu  remonte  au  28  juin  1911,  date  de 
l'occupation  de  la  kasba  par  les  colonnes  Gouraud  et  Brulard  et  de  la 
création  du  poste  qui  fut  plusieurs  fois  assailli  depuis.  Les  Beni  Mtir 
ont  été  définitivement  réduits  par  la  colonne  Henrys  (1913). 

D'El  Hajeb,  une  piste  muletière  conduit  à  (6Ô  k.)  Fès  par  (19  k.)  Kasba 
Arroub  et  (44  k.)  Ain  Cheggag. 
D'El  Hajeb  a  Agouraï  (p.  194). 

Après  la  montée  en  lacets  de  la  falaise  d'El  Hajeb,  la  route 
des  autos  se  développe  sur  un  plateau  rocheux  où  transhument 
en  hiver  les  troupeaux  des  Beni  Mguild  et  en  été  ceux  des  Beni 
Mtir.  —  43  k.  Plaine  de  Sidi  Aissa  des  Ahel  Frass, 

A  la  hauteur  de  Sidi  Aïssa,  une  piste,  évitant  la  forêt  de  Djaba  (  V.  ci- 
après),  conduit  à  (18  k.  S.-E.)  Ifrane,  poste  créé  en  juin  1913  sur  la  rive 
dr.  de  l'oued  Ifrane  et  à  3  k.  en  aval  de  la  kasba. 

La  vue  est  très  belle  à  l'O.  avant  d'arriver  à  Ito. 

53  k.  5.  Ito,  poste  militaire  créé  en  juin  1913  par  le  colonel 
Claudel,  à  1  k.  E.  de  Dar  Kaid  Ould  Ito,  à  1,400  m.  d'alt.  sur 
le  bord  0.  du  plateau.  De  la  terrasse  du  cercle  militaire,  on  a 
une  *vue  magnifique  au  S.  sur  un  cirque  grandiose  de  200  k., 
la  vallée  du  Tigrigra,  affluent  de  l'oued  Beht,  au  delà  de  laquelle 
s'élèvent  les  montagnes  de  Khenifra(p.  162)  et  la  table  de  Mrirt 
{V.  ci-dessous). 

La  vallée  du  Tigrigra  est  extrêmement  fertile.  Le  blé  y  pousse  dru. 
C'est  le  grenier  des  Beni  Mguild  (p.  196).  La  rivière,  aux  eaux  vives  où 
se  pêche  la  truite,  permet  en  tout  temps  l'irrigation  des  terres.  Do  très 
belles  forêts,  à  l'E.  et  au  S.,  lui  font  une  magnifique  parure. 

A  l"E.  d'Ito  s'étend,  à  une  altitude  de  1,450  m.,  lu  forêt  de 
Djaba,  peuplée  de  chêne  vert  et  de  chêne  zéen,  beaux  arbres  à 
feuilles  caduques;  vers  la  vallée  de  l'oued  Ifrane  (F.  ci-dessus), 
le  chêne  se  mêle  au  frêne  et  à  l'érable.  Cette  forêt  fut  incendiée 
jadis  par  ordre  de  Moulay  Ismail. 

D'ITO  A  MRIRT  (66  k.  S.-O.  ;  piste  établie  dans  une  région  difficile  du 
Moyen  Atlas).  —  3  k.  Descente  assez  forte  pour  arriver  dans  la  plaine  du 
Tigrigra  (  V.  ci-dessus).  —  6  k.  Bifurcation  :  prendre  à  g.  —  14  k.  Pont 
en  bois  sur  l'oued  Tigrigra  —  15  k.  Kasba  Youssef  Ben  Berri  et  ren- 
contre de  la  piste  d'Aïn  Leuh  à  Azrou.  —  Aîn  Leuh  (aub.),  poste  créé 
en  1916  et  village  de  500  "hab.,  centre  d'exploitation  des  forêts.  —  La 
piste  est  presque  constamment  à  flanc  de  coteau  et  décrit  de  nombreux 
lacets.  —  39  k.  Tizi  N  Zaka;  pentes  assez  rapides.  L'oued  Ifrane  est 
franchi  sur  une  passerelle.  —  49  k.  Lias,  poste  militaire  créé  en  1916.  — 
57  k.  Tanoualt.  —  66  k.  Mrirt,  poste  militaire  créé  en  1914  sur  le  plateau 
de  même  nom. 

58  k.  Bifurcation  à  dr,  vers  les  postes  militaires  du  S.-O.  et 
descente  assez  raide  dans  la  vallée  du  Tigrira  occupée  par  les 
Beni  Mguild. 

62  k.  5.  Bifurcation  sur  Azrou. 


196  —  [24]       ENVIRONS  DE  MEKNÈS. 


66  k.  Azrou  (en  berbère  :  le  «  rocher  »,  village  de  175  mai- 
sons basses  à  toits  plats  au  fond  d'un  vallon  vert  et  poste 
militaire  créé  en  1914,  au  pied  d'une  ramification  du  Moyen 
Atlas,  à  1,200  m.  d'alt.  Marché  les  lundi  et  jeudi.  Jardins  à 
l'extérieur. 

La  kasha,  construite  par  Moulay  Ismail  vers  1684,  se  com- 
pose d'une  enceinte  rectangulaire  d'environ  250  m.  sur  150, 
flanquée  de  tours  carrées.  Elle  abrite  la  mosquée  et  la  maison 
du  caïd. 

Azrou  est  l'un  de  nos  centres  d'action  sur  l'importante  tribu  des 
Beni  Mguild,  probablement  d'origine  Sanhadja,  qui  porta  au  pouvoir 
la  dynastie  almoravide.  Cette  confédération  berbère,  qui  comprend 
800  tentes,  s'étend  du  S.  de  Meknès  à  travers  le  Moyen  Atlas  jusqu'à 
la  Haute  Moulouya,  utilisant  en  été  les  pâturages  de  la  montagne,  en 
hiver  les  terres  du  Tigrigra,  du  Guigo  et  de  la  Haute  Moulouya  où  elle 
a  ses  cultures. 

D'Azrou,  on  revient  sur  ses  pas  (3  k.  5)  pour  reprendre  la 
route  d'Oulmès  (69  k.  5;  p.  178)  qu'on  atteint  en  remontant  la 
vallée  de  Tigrigra.  —  70  k.  5.  La  route  escalade  la  montagne  et 
traverse  un  rideau  de  forêts. 

«  On  trouve  tout  d'abord,  à  partir  de  1,500  m.  d'alt.,  une 
superbe  futaie  de  chênes  verts,  très  dense,  parfois  presque 
impénétrable,  dont  les  arbres  ont  de  2  à  3  m.  de  tour  et  30  m. 
de  hauteur.  Puis  apparaît  le  chêne  zéen,  par  larges  bandes  en 
mélange  avec  le  chêne  vert  et  quelques  cèdres.  Aux  environs 
de  1,700  m.\  le  cèdre  devient  de  plus  en  plus  abondant  et  finit 
par  constituer  à  lui  seul  la  forêt  aux  grandes  altitudes.  Telles 
sont  les  forêts  de  Rabah  EL  Behar  et  de  Bou  Jerir.  A  partir  de 
2,000  m.,  on  est  en  pleine  forêt  de  cèdre  »  (Aug.  Bernard). 

Le  cèdre  de  l'Atlas  {cedt^s  atlantica)  est  une  variété  du  cèdre  du  Liban. 
Arbre  de  première  grandeur,  il  peut  s'élever  à  40  m.  de  hauteur  et  avoir 
9  m.  de  circonférence.  Sa  croissance  est  lente,  mais  sa  longévité  atteint 
plusieurs  siècles.  Suivant  son  âge,  il  a  des  aspects  si  différents  qu'on 
croirait  être  en  présence  d'essences  variées.  Son  bois  clair,  résineux  et 
odorant,  est  employé  comme  bois  de  charpente  et  d'ébénisterie;  peu 
résistant,  on  est  dans  l'obligation  de  l'employer  en  masses  assez  impor- 
tantes lorsqu'il  doit  supporter  des  charges.  Les  forets  de  la  région  ont 
été  longtemps  saccagées  par  une  exploitation  barbare  qui  consiste  à 
brûleries  troncs  d'arbres  pour  les  abattre.  Depuis  1916,  elles  sont  l'objet 
d'une  exploitation  raisonnée. 

Au  sortir  du  premier  rideau  de  forêts,  la  route  s'avance  dans,: 
une  région  volcanique  parsemée  de  cratères  éteints  hauts  de 
100  à  150  m.  et  de  lacs  de  montagne,  dits  aguelmane,  aux 
bords  et  au  fond  de  lave;  ils  se  remplissent  d'eau  en  hiver  et 
se  vident  en  été.  —  La  forêt  de  pur  cèdre  de  Tichmout  s'étend 
au  S.-E. 

90  k.  Aguelmane  de  Sidi  Ali.  On  descend  dans  la  vallée  du 
Guigou,  affluent  du  Sebou. 

100  k.  Timhadit,  poste  avancé  sur  le  front  berbère,  créé 
en  1915  sur  un  pic  abrupt  s'élevant  à  300  m.  au  centre  d'une 


AZROU.  —  TIMHADIT.         [24]  —  197 


vaste  cuvette  et  situé  à  1,900  m.  d'alt.  sur  la  rive  dr.  du  Guigo, 
dont  un  cordon  de  lauriers  marque  le  cours  sinueux. 

DE  TIMHADIT  A  ALMIS  (31  k.  N.-E.;  bonne  route  autocyclable).  —  Pont 
sur  le  Guigo  dont  on  suit  la  vallée.  Les  rives  de  l'oued,  sauvages,  sont 
formées  d'énormes  blocs  de  lave.  —  10  k.  Kasha  d'Ahlil,  fondée  en  1685 
par  Moulay  Ismaïl,  avoisinant  un  cimetière  dont  les  tombes  sont  mar- 
quées par  des  sarcophages.  —  15  k.  Limite  des  Beni  Mguild  et  des  Aït 
Youssi.  —  22  k.  Gué  sur  le  Guigou  dont  on  suit  la  rive  g.  —  23  k. 
Kasba  d'Aït  Hamza,  marché  important. 

31  k.  Almis,  kasba  avec  poste  militaire  installé  à  l'intérieur  depuis  1915, 
en  face  du  Djebel  Boulaknine.  De  ce  point,  on  découvre  au  N.-E. 
Taghzout,  les  monts  des  Aït  yeghrouchcne  et  des  Beni  Ouaraïne. 

D'Almis  à  Sefrou  et  à  Kasbat  El  Makhzen,  p.  231. 

DE  TIMHADIT  A  BEKRIT  (26  k.  S.-O.  ;  piste  aménagée,  autocyclable  en 
été).  —  On  franchit  le  col  de  Tizi  N  Foucht  par  une  pente  très  douce 
et  assez  courte  pour  passer  dans  la  plaine  marécageuse  de  Tasemmaght 
et  arriver  à  (12  k.j  Tizi  N  Lafit,  qu'on  traverse  pendant  5  k.  On  descend 
ensuite  rapidement  jusqu'à  l'oued  Amengous  qu'on  traverse  à  gué  et, 
qu'on  suit  pour  passer  dans  la  gorge  encaissée  du  Ras  Tercha  et  tra- 
verser la  riche  plaine  de  Bekrit.  —  26  k.  Bekrit^  poste  militaire  situé, 
à  env.  2,000  m.,  sur  le  piton  de  Tichchout  Taberchant,  d'où  la  vue  s'étend 
à  rO.  sur  une  magnifique  région  forestière. 

DE  TIMHADIT  A  RICH  (174  k.  env.  S.-E.;  piste  autocyclable,  sauf  à  la 
période  des  neiges,  pendant  laquelle  les  communications  sont  inter- 
rompues). Au  départ  de  Timhadit,  passage  de  Toued  Guigo.  —  12  k. 
Passage  très  encaissé  à  Imi  N  Kheneg,  dans  lequel  coule  l'oued  Guigo.  La 
piste  est  ensuite  en  terrain  plat  et  traverse  les  p'iaines  de  Bou  Anguer 
et  de  Selghert. 

26  k.  Aghbalou  Larbi,  point  d'eau.  La  piste  franchit  d'abord  le  col 
très  boisé  de  Taghzeft,  puis  traverse  une  plaine  et  passe  dans  le  col 
de  Laraïs. 

38  k.  Laraïs,  source  abondante  à  proximité  de  deux  pitons  jumeaux. 
Le  ksar  de  Talialit  est  tout  proche. 

41  k.  Tamayoust.  De  Tamayoust,  une  piste  en  plaine  sablonneuse  se 
détache  à  dr.,  passe  à  (10  k.)  Bled  AU  Bassou,  agglomération  de  kasbas 
alimentées  par  une  source,  puis  atteint  (21  k.)  Itzer,  poste  militaire 
créé'  en  1917  auprès  d'un  village  indigène  de  plus  de  1,500  hab.,  centre 
du  plus  important  marché  de  la  région. 

49  k.  Gai'a  Timiloust.  —  56  k.  Aït  Ghiat,  d'où  une  piste,  passant  à 
Assaka  N  Idji,  gué  sur  la  Moulouya,  raccourcit  le  trajet  de  Timhadit  à 
Rich  d'environ  16  k. 

58  k.  Assaka  N  Tehahirt,  camp  sur  la  rive  g.  de  la  Moulouya.  La 
traversée  de  l'oued  se  lait  à  gué  (pont  en  construction).  —  72k.  Traversée 
de  l'oued  Ansegmir  (pont  en  construction)  près  des  ksour  de  Toughecht. 

91  k.  Midelt,  poste  militaire  créé  en  1917  au  centre  de  l'importante 
agglomération  d'Outat  Aït  Izdeg;  ch.-l.  du  Cercle  de  la  Haute-Moulouya. 
La  piste  traverse  d'abord  des  terrains  de  culture  détrempés  par  les 
canaux  d'irrigation,  puis  un  pays  accidenté,  enfin  une  plaine  monotone 
où  croissent  en  abondance  le  thym  et  l'alfa. 

105  k.  Zebzat,  ensemble  de  ksour  abondamment  pourvus  d'eau. 

121  k.  Tizi  N  Telghemt. 

De  Tizi  N  Telghemt  a  Kasbat  El  Makhzen  (40  k.  N.-E.  ;  piste  amé- 
nagée). —  La  piste  traverse  le  lit  de  plusieurs  oueds  puis  s'engage 
dans  la  vallée  du  torrent  Aftis.  —  17  k.  Plateau  d'Aftis.  —  25  k.  Bou 
\Aïach,  ksar  construit  au  N.-E.  et  au  bord  d'une  merdja  très  humide, 
sillonnée  de  ruisselets  et  de  séguias,  entouré  de  jardins  et  de  bouquets 


198  -  [25] 


DE  MEKNÈS  A  FÈS. 


de  peupliers  de  Hollande.  —  32  k.  Ain  Trid,  ksar  pourvu  de  jardins,  do 
vergers  et  de  cultures.  —  40  k.  Kasbat  El  Nakhzen,  grosse  agglomé- 
ration de  bordjs  et  centre  religieux  avec  mellah.  Nombreux  jardins  aux 
environs.  Les  chérifs  de  la  région  appartiennent  à  deux  rameaux  de  la 
famille  alaouite,  celui  des  Ouled  Moulay  Hachem  et  celui  des  Ouled 
Moulay  Ali.  Jadis  indépendants  du  sultan*i  ils  se  sont  soumis  à  lui  en  18"  7 
(de  Foucauld).  —  De  Kasbat  El  Makhzen  à  Mahiridja,  p.  566;  à  Debdou 
p.  265;  à  Almis  et  à  Sefrou,  p.  231. 
139  k.  Bou  Isseroual. 

143  k.  xYzala,  bordj  à  murs  élevés  flanqué  de  8  tours,  se  dressant  sur 
une  éminence  rocheuse,  au  bord  et  sur  la  rive  dr.  de  l'oued  Nzala.  A 
•200  m.  du  bordj  et  sur  la  rive  g.  de  l'oued,  ksar  Ait  Lebbou.  On  entre 
dans  une  résrion  d'alfa.  —  145  k.  Aït  Kerou,  petit  ksar  des  Ait  Izdeg. 
La  piste  s  engage  dans  le  Kheneg  Abbarat  en  suivant  l'oued  Nzala.  — 
146  k.  Ksar  Ait  Labbas,  situé  à  la  sortie  du  défilé.  —  155  k.  Ain  Chrob 
Ou  Hreb,  source.  —  163  k.  Point  d'eau  dans  l'oued  Tighanimine.  — 
169  k.  Traversée  de  l'oued  Tighanimine. 

171  k.  Rich,  p.  285.  —  De  Rich  à  Bou  Denib,  p.  285. 


65  k.,  ch.  de  fer  militaire.  Trajet  en  2  h.  15  par  l'automotrice,  en  4  h.  20 
par  les  trains  de  voyageurs,  19  fr.  50  et  9  fr.  75. 

La  voie  ferrée  traverse  l'oliveraie  d'El  Hamria  (p.  188),  puis 
franchit  les  dernières  enceintes  à  TE.  de  la  ville,  laissant  à 
dr.  les  hangars  d'aviation  pour  s'avancer  dans  la  plaine  bien 
cultivée.  Elle  descend  d'une  manière  à  peu  près  constante  en 
contournant  les  ravins  successifs  des  oueds  Ouislane  et  Zifer, 
affluents  de  l'oued  Rdom.  A  g.  se  dresse  l'imposant  massif  du 
Zerhoun  (p.  193). 

23  k.  Oued  Djedida,  gare  auprès  d'une  excellente  source.  La 
ligne  passe  aussitôt  après  sur  un  pont  métallique;  plus  loin, 
elle  franchit,  dans  un  site  pittoresque,  l'oued  Mahdouma,  dont 
les  eaux  vont  au  Sebou  par  l'oued  Mikkès. 

36  k.  Aîn  Chkef,  à  l'entrée  de  la  plaine  du  Sais. 

La  plaine  du  Sais,  ^  du  palefrenier  »,  comprend  des  cantons  d'inégale 
fertilité,  tantôt  irrigables,  tantôt  dépourvus  d'eau.  L'histoire  rapporte 
qu'elle  comptait  autrefois  plusieurs  villes  et  châteaux  berbères  dont  il  ne 
reste  plus  de  trace  depuis  longtemps.  C'est  la  plaine  du  Saïs  qu'explora 
Ome'ir  lorsque  Idris  II  manifesta  le  désir  de  quitter  sa  résidence  d  Oulili 
pour  fonder  une  ville  nouvelle  destinée  à  devenir  la  capitale  do  ses 
Etats. 

44  k.  Pont  marocain,  à  g.,  utilisé  par  la  route,  construit,  dit- 
on,  par  un  ancien  oflîcier  français  qui  passa  autrefois  au  ser- 
vice d'un  sultan  du  Maroc  et  fit  exécuter  plusieurs  travaux  de 
ce  genre  dans  la  région  de  Fès.  —  45  k.  Oued  Nja,  gare. 

57  k.  Nzala  Faradji,  station  auprès  d'un  village  indigène 
construit  en  terre  séchée  et  couvert  de  chaume,  créé  sous  Sidi- 


25.  —  DE  MEKNÈS  A  FÈS 


A.  — 


Par  LE  CHEMIN  DE  FER. 


KASBAT  EL  MAKHZEN, 


—  F  ES,    [26]  —  199 


Mohammed  par  le  caïd  nègre  Faradji,  alors  gouverneur  de  Fès 
Djedid,  pour  protéger  les  caravanes  pendant  la  nuit.  La  région 
est  très  fertile.  Les  montagnes  qui  dominent  le  pays  au  N.-E. 
sont  le  Taghat  «  la  chèvre  »  (p.  228,  4*^)  et  le  Zalagh  «  le  bouc  » 
(p.  227,  2'').  Au  fond  de  la  plaine  s'étend  du  N.  au  S.  la  ligne 
des  remparts  de  Fès.  L'oued  Fès,  qui  prend  sa  source  tout  près 
dans  la  plaine,  à  Ras  El  Ma  (p.  228,  5'')  coule  à  dr.  On  le  tra- 
verse bientôt  (59  k.)  pour  se  diriger  sur  le  massif  de  verdure 
de  Dar  Debibagh,  où  se  trouve  la  gare  de  Fès.  —  Sur  une 
croupe,  entre  Dar  Debibagh  et  la  ville,  s'étalent  les  construc- 
tions récentes  du  camp  de  Dar  Mahrès. 
65  k.  Fès  (V,  ci-dessous). 

B.  —  Par  la  route. 

61  k.  —  Excellente  route  principale  5  en  terrain  plat;  2  serv.  auto- 
mobiles quotidiens  en  2  h.  ;  dép.  à  8  h.  et  à  14  h.  ;  20  fr.  —  La  route  suit 
de  très  près  la  ligne  du  ch.  de  fer  militaire. 

Pour  la  description  de  la  route,  se  reporter  ci-dessus,  A.  — 
47  k.  A  g.,  Douïat,  groupe  d'étangs.  —  50  k.  La  route  de  Petit- 
jean  à  Fès  rejoint  celle  de  Meknès  à  Fès.  Au  S.,  on  devine 
dans  la  plaine  la  kasba  de  Ras  El  Ma  (p;  228,  5°). 

59  k.  Ferme  Expérimentale ,  à  100  m.  à  g.  (p.  226).  —  59  k.  5.  Rond- 
point,  d'où  une  route  part  perpendiculairement  au  S.  sur  Dar 
Debibagh  et  le  Mellah.  Le  Dar  El  Makhzen  et  les  jardins  sont  à 
dr.  —  60  k.  Entrée  en  ville  par  Rab  Segma  (p.  222,  VIII). 

61  k.  Fès,  place  Porte-Neuve  de  Rou  Jeloud  (p.  205). 


26.  —  FÈS 

Emploi  du  temps.  —  On  peut  faire  des  séjours  très  prolongés  à  Fès 
sans  que  l'intérêt  faiblisse  un  seul  instant.  Le  voyageur  qui  ne  disposera 
que  d'une  journée  passera  rapidement  à  Fès  Djedid  où  il  verra  le  mellah 
(p.  221),  contournera  le  Dar  El  Makhzen  (p.  220)  et  Bou  Jeloud  (p.  219)  ;  il 
visitera  dans  Fès  El  Bali,  les  souks  et  la  kisaria  (p.  209)  fera  le  tour  du 
sanctuaire  de  Moulay  Idris  (p.  213),  de  la  grande  mosquée  de  Karouiine 
(p.  210),  entrera  au  fondouk  Nejjarine  (p.  213),  dans  une  médersa  mérinide 
soit  à  la  médersa  Bou  Anania  (p.  206)  soit  à  la  médersa  Attarine  (p.  210). 
Une  heure  ou  deux  seront  consacrées  à  la  promenade,  en  auto  ou  voi- 
ture, du  tour  de  Fès  (p.  222),  qui  se  développe  en  belle  route  et  d'où  l'on 
jouit,  sur  les  agglomérations  différentes  qui  forment  la  capitale  maro- 
caine, de  sites  pittoresques,  variés  et  grandioses.  Le  programme  de  deux 
ou  trois  jours  ne  différera  du  précédent  que  par  un  plus  long  temps  à 
consacrer  aux  divers  sujets  de  visite. 

L'accès  des  voitures  et  des  automobiles  est  interdit,  et  impossible 
d'ailleurs,  dans  Fès  El  Bali.  Les  excursions  à  l'intérieur  de  la  vieille 
ville  se  feront  donc  à  pied,  ou  encore  à  cheval  ou  à  mule.  Pour  ces 
deux  derniers  modes  de  transport,  s'adresser  aux  hôtels  ou  aux  Services 
municipaux. 

Pour  gagner  du  temps,  on  fera  bien  de  prendre,  comme  guides,  de 
jeunes  indigènes  commençant  à  parier  le  français,  à  la  condition  de 


200  —  [26] 


FÈS. 


leur  dicter  l'itinéraire  que  l'on  veut  suivre  ;  des  rétributions  très  modiques 
seront  suffisantes  (1  fr.  par  demi-journée). 

FÈS  (etha.  :  /dsi),  capitale  du  Nord,  est  située  au  cœur  du 
Maroc  septentrional,  sur  l'oued  Fès  et  non  loin  de  son  confluent 
avec  l'oued  Sebou,  à  350  m.  environ  d'alt.,  à  l'intersection  de 
la  grande  route  impériale  qui  traverse  le  Maroc  d'E.  en  0, 
mettant  en  relations  Oudjda  et  toute  l'Algérie-Tunisie  avec 
Rabat-Salé  et  la  côte  atlantique,  et  de  la  grande  voie  N.-S.  des 
caravanes  qui  allaient  entre  Tanger  et  le  Sahara  par  le  Gharb, 
le  Haut  et  le  Moyen  Atlas.  Fès  est  la  résidence  du  khalifa  du 
sultan  lorsque  le  sultan  est  absent  et  le  siège  du  commande- 
ment d'une  subdivision,  peuplée  de  317,000  hab.,  et  comprend 
un  certain  nombre  de  cercles  et  territoires  dont  plusieurs 
constituent  de  véritables  marches  organisées  à  la  limite  de 
tribus  insoumises. 

Fès,  par  sa  situation  et  son  importance  historique,  autant  que 
par  le  chiffre  et  la  richesse  de  sa  population,  peut  être  consi- 
dérée comme  le  véritable  centre  religieux,  politique  et  écono- 
mique de  l'Empire  chérifien. 

Sa  population  est  de  105,855  hab.,  dont  10,000  Israélites  can- 
tonnés au  mellah.  La  colonie  européenne  compte  actuellement 
140  hab.,  dont  800  Français  et  300  Espagnols. 

Fès  est  divisée  en  deux  villes  principales  :  Fès  El  Bali,  «  Fès 
le  vieux  »,  et  Fès  Djedid,  «  le  nouveau  »,  auxquelles  s'ajoutent 
deux  grands  faubourgs  :  Dar  Mahrès  et  Dar  Debibagh;  le  tout 
formant  une  chaîne  d'agglomérations  orientée  d'E.  en  0.  et 
s'étendant,  avec  des  solutions  de  continuité,  sur  une  longueur 
de  6  k. 

Fès  El  Bali,  la  ville  la  plus  ancienne,  occupe  le  fond  et  les 
pentes  d'une  partie  de  la  vallée  de  l'oued  Fès,  très  resserrée  et 
très  inclinée  sur  ce  point.  Les  rues  étroites  et  tortueuses  y 
forment  un  réseau  parfois  inextricable.  Les  souks  en  sont 
nombreux  et  animés,  notamment  à  la  kisaria  avoisinant  le 
sanctuaire  de  Moulay  Idris.  Peuplée  de  citadins  maures,  arti- 
sans très  habiles,  marchands  avis^,  négociants  avertis,  lettrés 
musulmans  réputés  et  étudiants  assidus,  elle  est  la  ville  noble 
par  excellence. 

Fès  Djedid  s'étend  sur  un  plateau  qui  domine  Fès  El  Bali  à 
rO.  ;  elie  e^  surtout  habitée  par  des  nègres,  des  journaliers, 
des  mokhazenis  et  des  gens  du  guich;  aussi  a-t-elle  plutôt 
l'apparence  d'une  ville  bédouine.  Elle  comprend  encore  le  Dar 
El  Makhzen  ou  palais  du  Sultan  avec  ses  jardins,  ainsi  que 
le  mellah  où  habitent  les  Juifs  et  quelques  commerçants 
européens. 

Dar  Mahrès  est  un  quartier  neuf  de  casernes.  Dar  Debibagh, 
plus  ancien,  a  abrité  les  premières  troupes  françaises  qui,  à 
partir  de  1911,  sont  venues  séjourner  à  Fès. 

L'emplacement  de  la  ville  nouvelle  est  situé  entre  l'oued  Fès 
au  N.,  les  camps  de  Dar  Debibagh  et  Dar  Mahrès  au  S.,  les 
jardins  d'Ain  Khemis  et  l'Agued*!  à  l'E.  La  gare  du  chemin 


i      FÈS    EL  BAL! 

W être s 


Porte  Neuve  Medersa 

deBouJeloud    Stdl  ^Bou  Atianja^         b  DarMenebhi 
^  lezzaz  /2u.e  ^  : 

 ^~ — - —  .  Mosquee-sîL  1  ,  

Djema.-  Abou El  Hàssene^^^  •  u^die- 


^"Kâsba  Bou  Jeloud  f. 

Dar_B.atha^  El 
'  Cercle 


SîAhmed 
Ben  Naçeur 


 f--^ 


A  j  o  u  n 


Mosquée  du  Siaj 


DarMejJfessDarAdjyeJ 


■  '     '     Services        renseignem*?  ^ 

■  y  municipaux  !  Si. 

v'.-^  Postes 


Dcu'  Glxwid  j 


/Ba  b  Jiaf 


LJ^  r  /  •  Dor  HamohOil  \  \ 


L.Herwanrij  de/. 


Mosquée  ' 
abGuissa 


Zaouia  de 
Sidi  Ahmed 
'   KLJoiLhcL    !  EtTidjani 
stane%      Posées  Franç.  \ 
qjariiie      ^''c^^^^  Diouane  C' 

•^i^Medersa  Attarine  <5 
Zaouia  r  .  ^ 

jy  dris     Kisaria     ^  ^ 

^   i  Mosau^e 
Medersal  Mosquëe^ 

Mesbah^  Karpunne 

 ^£  ^  Pl.Seffarine.  '^.^ 


VPrifcn 

Civile  Médersa 


ée       Cherrafine  /pontdeSid'i 


£1  Moupoun  *^ 


ElAouad 


i     vO  El  Djezira 

*\         JV,      .   r>  Médersa 
Iront  du  Rsif  Sahrij 


Mosquée 
desAndalous 


S'Abd  OKader 
El  Pasi^ 


M  o  k  h  f  i  c 


'  '  SiAli  Bou  Ghaleb       ^  *  m  * 


fètpuh 


FÈS, 


[26]  -  201 


de  fer  militaire  en  est  le  noyau  actuel.  Son  lotissement  com- 
porte un  secteur  industriel  et  un  secteur  affecté  à  l'habitation 
et  au  commerce,  tous  deux  au  voisinage  de  la  gare;  puis  un 
secteur  de  villas,  plus  à  l'E.,  dans  le  jardin  d'Ain  Khemis  qui 
est  planté  d'oliviers.  La  gare  du  Tanger-Fès  se  trouvera  à 
environ  1  k.  au  N.  de  la  gare  actuelle. 

Gare  :  —  de  Dar  Debibagh,  à  la 
ville  nouvelle,  à  2  k.  O.  de  Fès 
Djedid  et  à  4  k.  de  Fès  El  Bail. 

Omnibus  :  —  des  hôtels  de  Fès  El 
Bail  seulement,  à  la  gare. 

Hôtels  :  —  A  LA  Gare  :  Terminus 
(Chevaleyre  ;  32  ch.  ;  cuisine  bour- 
«•eoise). 


A  FÈS  El  Bali:— fieZ^euwe(Pl.a  A4), 
en  dehors  de  Bab  El  Hadid,  près  de 
l'hôpital  Auvert  (12  ch.,  8;  rep.  1, 
4,  V.  n.  c;  pens.  15,  pet.  déj.  non 
compris;  omnibus);  Grand  Hôtel 
(Pl.  b  A2),r.Tariana  Kebira, 27  (12 ch. 
à  1  et  2  lits,  de  5  à  10  ;  rep.  0.75,  4, 
v.  c.  ;  arrangements  pour  séjours 
prolongés;  jardin,  chambre  noire, 
piano  ;  écurie);  de  France[Y*\.  c  A3) 
r.  Bd.-Douh  (21  ch.  de  5  à  8  ;  rep.,  1, 4 
V.  c;  pens.,  ch.  et  rep.  15;  pens 
mensuelle  180  fr.,  v.  c,  sans  la 
chambre;  jardin;  voit,  à  la  gare). 

A  Fî:s  Djedid  :  —  de  Zî/on,  Derb 
Ali  Chérif  (18  ch.  de  3  à  6;  pet. 
déj.  0.60  à  1,  3.50,  v.  c.  ;  pens.  jour- 
nalière pour  les  repas,  5;  pet.  jar- 
din, chambre  noire,  bains);  Maroc- 
Hôtel,  pl.  du  Commerce  (6  ch.  5, 
6  et  7  ;  rep.  1  et  4,  v.  n.  c;  pens. 
mensuelle  pour  les  repas,  150,  v. 
n.  c.)  ;  de  Paris  (Mme  Reyboubet), 
meublé,  r,  Djama  El  Hamra  (10  ch. 
de  4  à  6;  pet.  déj.  0.75  à  1.25); 
de  la  R ésidence  (de  Caprara) ,  Grande- 
Rue  (8  ch.  de  5  à  6  pour  une  pers., 
8  fr.  pour  2  pers.  augmentation  de 
2  fr.  pour  les  voyageurs  ne  prenant 
pas  leurs  repas  à  l'hôtel;  rep.  1  et 
3.50,  V.  c). 

Cafés  :  —  dans  la  plupart  des 
hôtels  et  au  mellah,  Grande-Rue 
et  pl.  du  Commerce. 

Bains  maures  :  —  au  mellah, 
Grande-Rue,  pour  européens;  d'au- 
tres sont  disséminés  dans  toute  la 
ville,  mais  peu  recommandables  : 
0  fr.  30  ;  en  location  pour  le  soir  5  fr. 

Postes  :  —  bureaux  français  au 
mellah,  Grande-Rue  ;  à  Fès  Él  Bali  : 
Zenka  El  Guebbas  (central)  et  à 
Ras  Cherratine  (Medina)  ;  —  bu- 


reaux anglais,  à  Fès  El  Bali,  Ket- 
tanine. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc,  à 
Fès  El  Bali  ;  Compagnie  algérienne, 
à  Fès  El  Bali,  Ras  Cherratine  ; 
Crédit  Foncier  d'Algérie  et  de 
Tunisie,  à  Fès  El  Bali,  Kettanîne 
et  à  Fès  Djedid  ;  Banque  Algéro- 
Tunisienne  (correspondant  de  la 
Banque  d'Algérie),  à  Fès  El  Bali, 
Zerbtana,  au  Dar  Ben  Daoud  ;  West 
Africa,  à  Fès  El  Bali,  Ras  Cher- 
ratine. 

Voitures  de  place  :  —  stations  : 
pl.  du  Commerce  et  Porte-Neuve  de 
Bou  Jeloud.  —  Tarif  applicable 
dans  le  périmètre  de  Dar  Mahrès, 
Dar  Debibagh,  rond-point  de  la 
route  de  Meknès,  Bab  Segma, 
Porte  Neuve  de  Bou  Jeloud,  Bab  El 
Hadid,  Bab  Djedid  :  la  course, 
2  fr.  50  le  j.,  3  fr.  50  la  nuit; 
l'heure,  4  fr.*50  le  j.,  6  fr.  la  nuit; 
la  journée  de  12  h.,  40  fr. 

Services  d'omnibus  à  chevaux 
(peu  confortables)  :  —  du  mellah, 
pl.  du  Commerce,  à  Dar  Debibagh  ; 
du  mellah,  pl.  du  Commerce,  à  Dar 
Mahrès,  0  fr.  80  la  place  ;  bagages 
0  fr.  25  par  colis  de  25  kilog.  ; 
0  fr.  75  par  colis  de  50  kilog;  de 
Porte  Neuve  de  Bou  Jeloud  à  Bab 
Dekakene,  0  fr.  25  la  place. 

Services  automobiles  :  —  2  serv. 
quotidiens  en  2  h.  30  pour  Meknès, 
dép.  à  8  h.  et  à  14  h.,  2U  fr.  la  place  ; 
serv.  automobile  irrégulier  pour 
2'aza  (s'informer  pl.  du  Commerce), 
100  fr.,  et  2  serv.  réguliers  d'auto- 
camions  Mazères  en  12  h.,  45  fr.  ; 
serv.  automobile  irrégulier  pour 
Tanger  en  1  jour  :  250  fr. 

Mulets  de  louage  sellés  — 
s'adresser  aux  hôtels  ou  mieux  aux 
Services  Municipaux  ;  5  fr.  la  demi- 
journée. 

Garages  :  —  Mazères,  à  Dar 
Debibagh,  camionnage  automobile 
pour  toute  la  région  ;  Cibrie,  ca- 
mionnage automobile  pour  la  ville  ; 
Château  et  Jégo,  automobiles  Ford, 


202  —  [26] 


FÈS 


pièces  de  rechange;  Garcia,  à  Dar 
Debibagh;  Mustapha,  Fès  Dje- 
did. 

Librairie-Papeterie  et  cartes  pos- 
tales :  —  magasins  sis  Grande- 
Rue  de  Fès  Djedid. 

Journaux  :  —  de  France,  de 
Rabat  et  de  Casablanca  :  au 
mellah,  Grande-Rue  ;  —  de  Fès  : 
Akhbar  Télégraphia,  texte  arabe, 
aux  Services  Municipaux,  Fès  El 
Bali,  rue  Ed  Douh. 

Tabacs  et  cigares  :  —  bureaux 
nombreux  dans  toute  la  ville  (en- 
seignes bleues);  on  trouvera  sur- 
tout des  cigares  au  mellah. 

Cinémas  :  —  Ciné-Théâtre-Va- 
riétés  (Gagnardot-Darsay),  pl.  du 
Commerce,  au  mellah  ;  Garcia, 
Laf argue,  à  Dar  Debibagh  ;  Vic- 
toria (Cortès),  à  Fès  El  Bali,  Zekak 
El  Hajer. 

Cercles  militaires  :  —  l""  du  Ba- 
tha,  r.  Ed  Douh,  à  Fès  El  Bali;  2« 
à  Dar  Mahrès  (camp). 

Administrations  :  —  Résidence,  au 
Dar  El  Beïda,  Bou  Jeloud  ;  Subdi- 
vision (Région  de  Fès), au  Dar  Tazi, 
r.  Sidi  El^Khiyat;  Services  Muni- 
cipaux de  Fès-  Ville,  r.  Ed  Douh  ; 
Cercle  de  Fès,  r.  Sidi  El  Khiyat; 
Trésor  et  Postes  aux  Armées,  à  Dar 
Debibagh  (kasba). 

Consulats  :  —  Angleterre,  r.  Sidi 
El  Khiyat  ;  Espagne,  Derb  er  Roum. 

Spécialités  :  —  broderies  de  soie 
au  petit  point;  broderies  d'or  et 
d'argent;  tapis  et  couvertures  ber- 
bères ;  tissus  de  soie  e^  rf'or(khamias, 
ceintures  et  abrouks),  au  souk  du 
Morktane  ;  poteries  blancJies  et 
émaillées,    au   souk  des 


cuivres  ciselés,  au  souk  des  SefFarine 
et  au  horm  de  Moulay  Idris  ;  reliu- 
res artistiques,  aji  souk  des  Seffa- 
rine  ;  babouches  simples  et  ornées  ; 
sacs  en  cuir  décoré;  etc. 

Fêtes  et  spectacles  locaux  :  —  On 
peut  voir,  chaque  jour,  des  conteurs 
et  baladins  à  Bab  Dekakene,  de  16  à 
18  h.  ;  un  conteur  arabe  et  ses  audi- 
teurs groupés  sur  un  amphithéâtre 
naturel,  à  l'extérieur  de  Bob 
Guissa,  de  16  h.  à  18  h.  —  Tous  les 
lundis  et  jeudis  matin,  de  7  à  10  h., 
marché  très  curieux  entre  Bab 
Mahrouk  et  la  Kasba  des  Cherarda. 
—  Tous  les  vendredis  après-midi, 
visite  du  cimetière  de  Bab  Fetouh 
par  des  femmes  musulmanes. 

Dans  le  cours  de  Tannée  ont  lieu 
les  fêtes  suivantes  :  fête  du  sultan 
des  To/ôa  (étudiants),  seconde  quin- 
zaine d'avril,  qui  se  développe 
à  Fès'  même  et  dans  les  envi- 
rons immédiats;  Moussem  de  Sidi 
Ahmed  El  Bernoussi,  au  Lemta, 
11  k.  N.  de  Fès,  en  mai;  Moussem 
de  Moulay  Yakoub,  25  k.  N.-O.  de 
Fès,  en  mai;  Moussem  de  Sidi  Ali 
Bou  Ghaleb,  au  cimetière  de  Bab 
Fetouh,  au  moment  du  dépiquage 
des  céréales  ;  Moussem  de  Moulay 
Idris  El  Azhar,  manifestation  en 
ville,  en  septembre  ;  Moussem  de 
Sidi  Mohamed  Ben  Aïssa,  quinze 
jours  avant  le  Mouloud,  en  décem- 
bre; Aïd  El  Kebir,  ou  fête  du 
mouton  (le  sultan  ou  à  défaut,  son 
khalifa,  se  rend  en  grande  pompe 
à  la  msalla);  El  Arafa,  27<=  nuit  du 
mois  du  Ramadham,  illumination  à 
la  grande  mosquée  Karouiine. 


potiers  ; 

Histoire.  —  On  ne  sait  rien  encore  de  Fès  antique,  mais  il  est  probable 
que  des  recherches  ultérieures  donneront  quelques  éclaircissements  sur 
la  période  anté-islamique  :  la  ville  est  en  eifet  entourée  de  tombeaux 
encore  inexplorés,  dont  l'existence  parait  assez  ancienne.  D'après  les 
chroniqueurs  islamiques,  la  fondation  de  Fès  est  due  à  Moulay  idris  II, 
fils  d'Idris  I",  descendant  d'Ali,  gendre  du  Prophète,  et  chef  do  la 
célèbre  dynastie  des  Idrissides  ;  elle  remonte  à  Tannée  808  (19-2  de  l'Hégire). 
Idris  II  a  son  tombeau  au  centre  de  la  medina,  dans  la  koubba  qui  porte 
son  nom  (Moulay  Idris);  sa  «  baraka  »  protège  la  ville  fortunée  et  son 
nom  est  glorifié"  dans  les  mille  actes  de  la  vie  où  le  fidèle  évoque  la 
puissance  dos  saints  et  appelle  leur  bénédiction. 

La  première  agglomération  musulmane  se  composait  de  deux  groupe- 
ments distincts  :  Adouat  El  Karouiine,  fondée  en  808,  peuplée  surtout 
d'arabes  dont  3,000  familles  originaires  de  Kairouan,  et  Adouat  El  Anda- 
lous,  fondée  en  809,  où  se  fixèrent  en  majeure  partie  des  berbères 
auxquels  on  adioignit  8,000  familles  expulsées  d'Espagne  par  El  Hakem 


FÈS, 


[26]  —-203 


Ben  Hicham  :  le  premier,  sur  la  rive  g.  de  l'oued  Fès,  le  second  sur  la 
rive  dr.  Chacun  de  ces  groupements  vécut  longtemps  de  sa  vie  propre 
avec  ses  mosquées,  ses  souks  et  ses  bazars  particuliers. 

Sous  les  princes  de  la  dynastie  zénète,  qui  succédèrent  aux  Idrissides 
à  la  fin  du  x«  s.,  Fès  vit  s'édifier  de  nouvelles  mosquées,  des  fondouks, 
des  bains  publics.  Elle  s'étendit  même  au  delà  de  l'enceinte  élevée  par 
les  Idrissides;  des  ponts  relièrent  les  deux  Adouat;  les  portes  Bab 
Fetouh  et  Bab  Guissa  furent  construites. 

Bien  qu'à  l'époque  des  Almoravides,  Marrakech  devint  la  résidence 
préférée  des  sultans,  Fès  ne  continua  pas  moins  à  se  développer. 
Youssef  ben  Tachfine  l'assiégea  en  1063,  puis  en  1069,  époque  à  laquelle 
il  put  y  entrer.  Maître  de  la  ville,  il  la  répara,  la  fortifia,  et  fit  abattre 
les  murs  qui  séparaient  les  deux  Adouat.  11  y  amena  d'Espagne  de  nom- 
breux ouvriers  qui  commencèrent  à  construire  les  moulins  hydrauliques 
du  type  actuel;  il  fit  encore  procéder  à  l'installation,  vers  l'oued,  de  nou- 
velles industries. 

Les  Almohades  entrent  à  Fès  en  1145,  après  s'en  être  rendus  maîtres  en 
l'inondant.  Ils  en  rasent  d'abord  les  anciens  remparts  qu'ils  reconstruisent 
ensuite;  ces  ouvrages  subsistent  sur  la  partie  N.  du  pourtour  de  la  ville 
basse.  A  la  fin  de  leur  règne,  la  ville  de  Fès  correspond  à  ce  qu'est  de 
nos  jours  Fès  El  Bali.  La  capitale  du  Maghreb  est  alors  très  puissante. 
Si  l'on  en  croit  le  «  Roudh  El  Qartas  »,  elle  compte,  à  cette  époque, 
785  mosquées,  42  lieux  d'ablutions  et  80  fontaines,  93  bains  publics, 
472  moulins,  99,236  maisons,  19,041  petites  maisons  sans  patio,  477  fon- 
douks, 9,422  boutiques,  2  kisarias,  3,064  fabriques,  117  lavoirs  publics, 
86  tanneries,  116  teintureries,  etc. 

A  la  suite  d'une  longue  famine  (1229  à  1232)  qui  occasionne  des  troubles 
graves  et  une  misère  profonde  et  favorise  l'établissement  des  Méri- 
nides,  ceux-ci  s'emparent  de  Fès  une  première  fois  sous  l'émir  Abou 
Yahia  Ben  Abd  El  Hakk  en  1248,  puis  une  deuxième  fois  en  1250.  La 
ville  redevient  la  résidence  des  souverains  et  continue  de  s'agrandir 
et  de  s'embellir.  La  vieille  cité  étant  trop  étroite  pour  abriter  les  parti- 
sans et  les  armées  de  la  nouvelle  dynastie,  les  princes  régnants  élèvent, 
sur  le  plateau  situé  à  l'O.,  une  autre  cité,  Medina  El  Beïda,  la  «  ville 
blanche  »,  appelée  ensuite  Fès  Djedid,  la  «  ville  nouvelle  »  (1276).  Celle-ci 
comprend  le  Dar  El  Makhzen  ou  palais  du  Gouvernement,  avec  ses 
dépendances  et  des  bâtiments  destinés  au  logement  des  soldats,  puis  le 
Mellah  ou  quartier  juif,  où  viennent  se  grouper  les  Israélites  ayant 
jusqu'alors  vécu  à  B'ès  El  Bali,  principalement  dans  le  quartier  encoi'e 
appelé  aujourd'hui  Fondouk  El  Ihoudi,  «  fondouk  des  Juifs  ». 

Les  sultans  mérinides  créent  aussi,  pour  recevoir  les  étudiants  étran- 
gers, de  nombreuses  et  belles  médersas  ou  collèges,  témoins  les  plus 
purs  de  l'art  hispano-mauresque  marocain.  L'Université  maghrébine,  où 
professent  les  savants  les  plus  réputés  de  l'Islam,  voit  consacrer  sa 
renommée.  Fès  brille  alors  du  plus  vif  éclat.  Peuplée  de  125,000  habi- 
tants, dotée  d'un  commerce  et  d'une  industrie  très  actifs,  embellie  par 
les  arts  importés  d'Espagne,  centre  intellectuel  remarquable,  elle  a  une. 
couleur  et  une  originalité  propres  encore  très  persistantes  au  moment 
où  Léon  l'Africain  la  visite  et  la  décrit  (xvi*^  s.). 

En  1547,  Fès  tombe  au  pouroir  de  la  dynastie  des  chérifs  saadiens 
et  n'est  plus  la  capitale  exclusive  de  l'empire  :  Marrakech  lui  est  souvent 
préférée.  Elle  perd  son  privilège  de  confier  à  celui  qu'elle  acclame  l'in- 
vestiture royale.  Pendant  toute  cette  période,  elle  est  en  proie  à  l'anarchie' 
la  plus  complète.  C'est  cependant  à  un  saadien,  Moulay  Ahmed  El  Man- 
sour,  que  Fès  doit  ses  deux  bastions  (bordj  Nord  et  bordj  Sud).  Elle  ne 
retrouve  son  rang  de  capitale  qu'avec  Moulay  Rechid  (1664-1672),  premier 
chef  de  la  dynastie  actuelle  des  chérifs  alaouites  ;  elle  s'augmente  alors 
do  nouveaux  ouvrages  :  la  Kasba  du  Khemis,  dite  des  Cherarda,  et  la 


204  —  [26] 


FÈS. 


Médersa  Cherratino  (1670).  Le  pont  du  Sebou  est  également  construit. 

Moulay  Ismaïl  (1672-1727),  qui  manifeste  une  aversion  marquée  pour 
les  gens  de  Fès,  s'installe  à  Meknès  dont  il  fait  le  «  Versailles  maro- 
cain ».  Fès  se  dépeuple  alors.  Mais  Moulay  Abd  Allah,  son  fils,  y  revient 
non  sans  y  causer  quelques  dommages  :  obligé  d'en  faire  le  siège  (1730j, 
il  démolit  les  portes  principales  :  Bab  Mahrouk,  Bab  Fetouh,  Bao 
Guissa,  Bab  Beni  Msafar,  Bab  Hadid  et  même  une  partie  des  murs  de 
la  ville.  Enfin  reconnu,  il  fait  élever  une  mosquée  et  tout  un  quartier  à 
Fès  Djedid,  ainsi  que  le  parc  et  la  maison  de  Dar  Debibagh,  d'où  il 
dirige  un  nouveau  siège  contre  Fès,  et  où  il  se  réfugie  au  cours  de  son 
règne  souvent  troublé. 

La  sollicitude  des  princes  alaouites  pour  la  religion  et  l'instruction  est 
encore  marquée  par  l'édification,  sur  l'ordre  de  Sidi  Mohammed  (1757- 
1787),  de  la  médersa  de  Bab  Guissa,  et  de  la  reconstruction,  sur  l'initia- 
tive de  Moulay  Slimane,  de  la  mosquée  et  de  la  médersa  d'El  Oued. 
Ce  dernier  entreprend  en  outre  de  grands  travaux  :  il  fait  paver  Fès 
Djedid,  réparer  le  pont  du  Rsif,  reconstruire  les  portes  en  ruines  Bab 
Fetouh  et  Bab  Sidi  Bou  Jida,  élever  les  mosquées  modernes  du  Rsif,  du 
Diouane,  des  Cherabliine,  la  zaouïa  et  la  coupole  de  Sidi  Ali  Bou  Ghaleb. 

Les  grands  travaux  auxquels  se  livra  Moulay  El  Hassane  à  partir  de 
1873  modifièrent  la  physionomie  des  deux  villes,  qui  étaient  restées, 
jusque  là,  l'une  la  grande  cité  mauresque,  l'autre  la  ville  militaire  et 
makhzen.  Entre  les  deux  agglomérations  s'édifia  lo  palais  de  Bou  Jeloud, 
enfermé  dans  de  hauts  murs  crénelés;  le  Dar  El  Makhzen  s'agrandit  de 
la  mosquée  et  du  minaret  de  Lalla  Amina,  de  l'Aguedal  et  d'un  nouveau 
Mechouar  ;  la  Makina  ou  manufacture  chérifienne  d'armes  fut  enfin 
installée  à  côté  du  Dar  El  Makhzen. 

Les  fils  de  Moulay  El  Hassane,  Moulay  Abd  El  Aziz,  Moulay  Hafid, 
font  également  efiTectuer  quelques  travaux  d'agrandissement  dans  les 
quartiers  de  Bou  Jeloud  et  du  Dar  El  Makhzen.  Leurs  ouvrages  sont 
malheureusement  empreints  d'une  décadence  très  caractérisée. 

L'autorité  des  derniers  sultans  devenant  très  précaire,  c'est  à  Fès 
principalement  que  se  nouent  les  intrigues  de  la  politique  marocaine.  Au 
printemps  de  1911,  les  Cherarda,  puis  les  tribus  des  environs  de  Fès  se 
révoltent  et  investissent  la  ville.  En  réponse  et  à  l'appel  du  sultan,  nos 
troupes,  dirigées  par  le  général  Moinier,  interviennent  et  entrent  dans  la 
capitale  le  21  mai. 

•C'est  à  Fès  que  M.  Regnault,  ministre  de  France  à  Tanger,  signe  avec 
Moulay  Hafid  la  convention  du  30  mars  1912,  qui  reconnaît  l'établisse- 
ment du  Protectorat  de  la  France  sur  le  Maroc,  et  au  lendemain  de 
laquelle,  à  la  suite  d'une  rébellion  de  soldats  du  tabor  (17  avril  1912), 
éclate  une  sanglante  émeute  qui  dure  3  jours  et  entraîne  le  massacre  de 
nombreux  Européens.  Le  mois  suivant,  deux  jours  après  l'arrivée  à  Fès 
du  général  Lyautey,  nommé  Résident  Général,  les  Berbères  attaquent 
la  ville,  forcent  deux  portes,  sont  repoussés  et  enfin  défaits,  le  l'""  juin, 
à  Hadjra  El  Kahla  par  le  général  Gouraud.  La  paix  et  la  sécurité  sont 
dès  lors  rétablies  dans  la  capitale. 

Sous  la  direction  et  le  contrôle  de  l'Administration  française,  Fès 
reprend  vite  son  ancienne  activité.  Des  travaux  de  salubrité  sont  entre- 
pris sur  tous  les  points  de  la  ville;  dés  travaux  de  dégagement  sont 
pratiqués  à  l'extérieur,  une  magnifique  route  fait  le  tour  de  la  cité;  des 
voies  s'engagent  de  tous  côtés  vers  Petitjean,  Meknès,  Sefrou,  Taza;  un 
chemin  de  fer  militaire  relie  la  ville  à  la  côte  occidentale  et  communi- 
quera bientôt,  par  Taza,  à  l' Algérie-Tunisie  ;  des  dispensaires,  des  hôpi- 
taux, des  écoles  pour  indigènes  et  européens,  un  collège  musulman  sont 
créés;  des  hôtels  et  des  casernes  sont  construits;  le  relèvement  des 
industries  d'art  indigène  et  la  restauration  des  palais  et  monuments 
historiques  sont  entrepris;  le  noyau  de  la  ville  nouvelle  est  amorcé.  La 


FÈS. 


[26]  —  205 


vieille  cité  fondée  par  Moulay  Idris  va  connaître  de  nouveau,  sous  l'égide 
de  la  France,  l'importance  qu'elle  n'a  cessé  de  revêtir  aux  plus  belles 
époques  de  sa  prospérité. 

Bibliographie  :  —  Une  ville  de  Vlslam  :  Fès,  esquisse  historique  et 
sociale,  par  H.  Gaillard  (Paris,  André,  1905);  —  Un  crépuscule  d'Islam, 
par  André  Chevrillon  (Paris,  Hachette);  —  Fès,  son  Université  et 
V Enseignement  supérieur  musulman,  par  G.  JDelphin  (Paris,  Leroux,  1889); 
—  Le  Commerce  et  VJndustris  à  Fès,  par  Ch.  R.  Leclerc  (Paris,  1905);  — 
Roudh  El  Qartas.  —  Le  Maroc  pittoresque,  Fès,  3  tomes  contenant 
120  photographies  du  Commandant  Laribe  et  une  préface  d'A,  Bel  (Paris, 
Bertrand,  1917).  —  On  consultera  également  avec  fruit  plusieurs  très 
importants  passages  de  la  Description  de  V Afrique,  par  Léon  l'Africain, 
et  ôiQS  Archives  marocaines. 

Le  point  de  départ  des  itinéraires  ci-dessous  est  la  porte 
Neuve  de  Bou  Jeloud,  située  à  l'O.  et  en  amont  de  Fès  El  Bali, 
sur  l'artère  principale  qui  relie  les  deux  agglomérations  les 
plus  importantes  de  Fès,  et  à  peu  près  en  son  milieu.  Les 
voitures  et  autos  stationnent  sur  la  place  avoisinante  et  les 
hôtels  de  Fès  El  Bali  en  sont  proches. 

Nous  décrirons  successivement  Fès  El  Bali,  Fès  Djedid,  la 
Ville  nouvelle  et  les  Camps. 

7.  —  Le  quartier  du  Douh. 

Ce  quartier  ne  s'étendant  que  sur  5  à  600  m.  peut  être  parcouru  sans 
fatigue  à  pied.  Il  renferme  la  médersa  Bou  Anania,  les  musées  et  les 
principaux  services  administratifs. 

La  porte  Neuve  de  Bou  Jeloud,  qui  ferme  la  place  Bou  Jeloud 
à  l'E.,  a  été  bâtie  par  le  Mejless  ou  Conseil  municipal  musul- 
man de  Fès  en  1913,  avec  la  main-d'œuvre  locale.  Son  décor 
de  faïence  s'enlève  en  émail  bleu  sur  un  fond  de  terre  cuite. 
L'arc  de  cette  porte  encadre  deux  élégants  minarets  dont  le 
plus  riche  appartient  à  la  médersa  Bou  Anania  (F.  ci-après) 
et  l'autre,  couronné  d'un  nid  de  cigognes,  à  une  petite 
mosquée. 

S'engager  sous  la  porte  et  passer  dans  la  première  rue  à  g., 
puis  descendre  aussitôt  à  dr.  On  est  dans  le  souk  du  Tala, 
bordé  de  curieuses  boutiques  de  marchands  de  bric-à-brac  et 
de  denrées  alimentaires.  Au  milieu  du  souk  se  trouvent  la 
petite  mosquée  de  Sidi  Lezzaz  (entrée  interdite)  et  l'important 
GROUPE  DE  LA  Bou  Ananl\  qui  se  compose,  à  g.,  de  l'ancienne 
horloge  et  de  latrines,  et  en  face,  de  la  médersa,  édifices  classés 
comme  monuments  historiques. 

V^horloge  de  la  Bou  Anania  (façade  seule  intéressante) 
compte  13  grands  timbres  de  bronze  encore  existants  et  repo- 
sant sur  des  consoles.  Au-dessus  de  ces  timbres  s'étend  un 
décor  mural  de  plâtre  et  de  bois  sculpté  où  s'alignent  13  petites 
fenêtres  portant  encore  quelques  traces  d'organes  de  transmis- 
sion. On  ne  sait  rien  sur  le  fonctionnement  de  cette  curieuse 
machine,  qui  date  du  xiv^  s.  —  Les  quelques  pièces  situées  à 
l'intérieur  passent  pour  avoir  servi  d'appartements  à  un  lettré 


206  —  [26] 


et  saint  juif  et  sont  quelquefois  visitées  par  des  femmes  israé- 
lites  désireuses  de  devenir  mères. 

Les  latrines,  contigiies  à  l'horloge  (entrée  tolérée  aux 
hommes  seulement),  sont  de  la  môme  époque  que  la  médersa 
(xiV  s.).  Autour  d'un  grand  patio  central,  qu'abrite  une  magni- 
fique charpente  à  'membrures  d'entrelacs  géométriques,  sont 
disposés  de  nombreux  water-closets  à  la  turque  abondamment 
alimentés  en  eau.  L'aire  du  patio  est  partiellement  occupée 
par  un  bassin  aux  marges  rehaussées  de  marbre  blanc. 

La  ^médersa  Bou  Anania  (entrée  permise  sur  autorisation 
des  Services  Municipaux,  qu'on  présentera  au  muezzin;  pour- 
boire) est  la  plus  importante  des  médersas  mérinides  de  Fès. 
Elle  doit  son  nom  à  l'émir  Abou  Inane  qui  la  fît  construire  de 
1350  à  1355. 

Son  entrée  principale  est  fermée  par  une  magnifique  porie 
à  deux  battants  plaqués  de  bronze  ouvragé  et  munis  de  mar- 
teaux et  de  verrous  massifs;  Vescalier,  de  marbre  et  de  faïences, 
est  bordé  de  bancs  que  revêtent  de  magnifiques  panneaux  de 
faïences  polychromes;  au-dessus,  décoration  très  fine  d'inscrip- 
tions et  de  décors  floraux  en  plâtre  fouillé;  en  haut,  pla- 
fond à  stalactites  en  bois  aux  milliers  de  pendentifs  peints. 

Franchie  la  porte  s'ouvrant  dans  une  boiserie  aux  fragments 
menuisés  et  tournés,  on  pénètre  dans  une  vaste  cour  dallée  de 
marbre  blanc,  dont  le  revêtement  mosaïque  est  couronné 
d'une  belle  inscription  en  caractères  cursifs  noirs.  Immédiate- 
ment au-dessus  commence  la  décoration  de  plâtre  dans  laquelle 
se  creusent,  par  endroits,  les  fenêtres  des  chambres  d'étudiants 
du  premier  étage  s'éclairant  sur  la  cour.  Cette  ornementation 
est  balancée  par  des  linteaux  et  consoles  reliant  les  piliers,  et 
de  grands  arcs  en  bois  de  cèdre  sculpté  supportant  une  frise 
majestueuse  et  un  auvent  aux  consoles  traditionnelles  de  la 
période  hispano-mauresque;  le  tout  ouvragé  avec  un  art  exquis. 
Deux  salles  de  cours,  à  coupoles  hémisphériques  en  bois,  s'ou- 
vrent sur  la  cour;  celle  de  dr.  est  fermée  par  une  vieille  porte 
en  bois  à  deux  battants  portant  des  sculptures  d'une  ténuité 
extrême;  celle  de  g.  à  été  restaurée  récemment  à  l'intérieur. 

Une  dérivation  de  l'oued  Fès  sépare  la  cour  de  la  salle  de 
prière  ;  deux  ponceaux,  pavés  de  grandes  mosaïques  à  entrelacs, 
permettent  de  la  franchir.  La  salle  de  prière  (entrée  interdite) 
renferme  aussi  des  parties  très  captivantes  :  mihrab  finement 
décoré,  vitraux  anciens,  robustes  colonnes  et  chapiteaux 
hispano-mauresques  supportant  le  mur  de  refend  de  la  salle, 
nefs  à  membrures  remarquablement  enchevêtrées.  De  la  cour  ^ 
on  aperçoit  le  minaret  de  la  médersa,  d'une  rare  beauté  de 
proportions  et  d'une  jolie  couleur.  —  Demander  à  voir  le  minhar 
ou  chaire  à  prêcher,  admirable  travail  de  sculpture  malheu- 
reusement très  abîmé,  et  se  faire  conduire  sur  la  terrasse  du 
monument. 

Par  le  couloir  qui  longe  la  cour' à  dr.  derrière  les  moucha- 
rabies,  on  atteint  Ventrée  secondaire^  ornée  à  l'intérieur  d(^ 


FÈS. 


[26]  —  207 


mosaïques,  de  plâtres  sculptés,  d'un  plafond  à  stalactites,  et  à 
l'extérieur  d'un  bel  auvent. 

En  sortant  de  la  médersa  par  cette  dernière  issue,  on 
aperçoit,  à  50  m.  plus  bas,  le  joli  minaret  émaillé  de  la  petite 
mosquée  Ahou  El  Hassane,  du  nom  de  son  fondateur,  sultan 
mérinide,  père  d'Abou  Inane  (début  du  xiv*"  s.);  la  porte  est 
également  munie  d'un  superbe  *auvent.  On  remontera  la  rue 
pour  pénétrer  quelques  pas  plus  haut  à  g.  dans  l'artère  dite 
Ed  Douh,  qui  dessert  la  justice  de  paix  (jolie  maison  mauresque; 
on  peut  entrer  dans  le  patio),  la  chapelle  catholique  des  Pères 
Franciscains  où  périrent  en  1912  plusieurs  télégraphistes  fran- 
çais, Vhôtel  de  France,  au  delà  duquel  la  route  de  la  Résidence 
à  dr.  longe  le  palais  du  Batha  et  du  Dar  Beida. 

Le  *palais  du  Batha  fut  édifié  (tin  du  xix^  s.)  partie  par 
Moulay  El  Hassane  (musée),  partie  par  Abd  El  Aziz  (cercle 
militaire);  pour  la  visite  du  cercle,  demander  l'autorisation  au 
sergent  bibliothécaire,  première  porte  à  dr. 

Les  deux  bâtiments,  séparés  par  un  grand  jardin  (riad) 
forment  un  ensemble  de.  belle  allure,  type  des  riches  habita- 
tions de  plaisance  modernes. 

Le  *musée  (ouvert  au  public  les  vendr.  etdim.  de  14  h.  à  11  h.  et  aux 
visiteurs  étrangers  t.  1.  j.;  s'adresser  aux  gardiens;  entrée  2^  porte  à 
dr.)  comprend  : 

1<>  Section  d'Archéologie  (une  salle  et  deux  galeries),  qui  renferme 
des  portes  à  panneaux  et  des  bois  sculptés,  des  mosaïques  anciennes  de 
faïence  vernisséa;  des  pierres  tombales  en  marbre  avec  inscriptions;  des 
plâtres  fouillés,  tous  documents  provenant,  pour  la  plupart,  de  maisons 
et  médersasmérinides  du  xiv^s.,  sisesàFès  El  Bali,  construites  et  ornées 
suivant  les  traditions  de  l'art  hispano-mauresque  ; 

2°  Section  d'arts  citadins,  comprenant  deux  salles  où  sont  réunis 
des  produits  de  l'industrie  contemporaine  de  Fès  et  de  Meknès  '.poteries 
émaillées  (collection  Mellier);  ceintures  de  femmes  tissées  et  brodées; 
haïtis  ou  tentures  murales  brodées  d'or;  broderies  de  soie  et  d'or;  cuirs 
et  cuivres  ouvragés;  bijoux;  reliures;  étagères  peintes  et  sculptées; 
coffres  recouverts  de  cuir  et  cloutés,  etc. 

3°  Section  berbère  où  l'art  rural  de  la  région  est  représenté  par  des 
tapis  de  couleurs  sobres  à  points  noués  et  à  haute  laine  originaires  des 
régions  S.  de  Fès  et  Meknès  (Zaïane,  Boni  Mtir,  Guigo),  des  tissus  ornés 
à  ^oil  ras,  des  poteries  berbères  des  Tsoul  et  de  la  Kalaa  de  Slès,  tous 
objets  à  ornementation  géométrique  rectilinéaire  ; 

4°  Une  salle  d'armes,  entre  les  deux  précédentes,  où  sont  rassemblées 
plus  de  1,300  pièces  de  toutes  provenances  et  de  toutes  époques  :  fusils, 
sabres,  cimeterres,  pistolets,  tromblons,  poires  à  poudre,  armures,  etc. 

50  Une  collection  de  pièces  d'artillerie,  sur  le  terre-plein  :  canons, 
mortiers,  couleuvrines  d'époques  et  de  provenances  variées. 

6°  Une  section  d'ethnographie  est  en  voie  de  création. 

Le  "^palais  du  Dar  Beîda,  ou  palais  de  Boa  Jeloud  (4®  porte  à 
dr.  sur  la  route  au  delà  du  musée,  entrée  sur  autorisation 
spéciale),  fut  construit  par  Moulay  El  Hassane  (fin  du  xix«  s.), 
agrandi  par  Moulay  Hafid  (début  du  xx*  s.)  et  aménagé  en 
Résidence  générale;  Il  comprend  plusieurs  corps  de  bâtiments 


208  —  [26] 


FÈS. 


séparés  et  entourés  de  vastes  et  be^iux  jardins  parmi  lesquels 
passe  une  importante  dérivation  de  l'oued  Fès.  Sur  le  côté  0. 
il  se  termine  par  deux  pavillons  datant  de  Moulay  Slimane  et 
de  Moulay  Abd  er  Rahmane  (début  du  xix«  s.)  et  une  mosquée 
sans  minaret  et  de  mauvais  goût  édifiée  par  Moulay  Hafid. 

Revenant  rue  Ed  Douh,  on  laisse,  à  g.,  la  rue  Sidi  Kl  Khiyat, 
qui  dessert  le  consulat  d'Angleterre,  la  Subdivision  (installée  dans 
une  intéressante  maison  arabe  :  le  Dar  Tazi),  les  bureaux  de  la 
Place,  VOffice  Commercial  (musée  économique  où  sont  réunis  des 
spécimens  de  l'industrie  marocaine  courante  et  où  l'on  donne 
tous  renseignements  économiques  sur  Fès  et  la  région),  le 
Service  régional  des  Renseignements,  les  bureaux  du  Cercle  de  Fès-  - 
Banlieue,  réunis  autour  de  la  place  de  Sidi  El  Khiyat,  à  80  m. 
seulement  de  la  rue  Ed  Douh. 

A  l'angle  des  rues  Sidi  El  Khiyat  et  Ed  Douh,  se  trouve  le 
siège  des  Services  municipaux  (entrée  rue  Ed  Douh). 

Outre  les  questions  d'ordre  politique  et  de  renseignements  proprement 
dits,  le  bureau  de  i^és-Vz7Ze  assume  la  direction  de  l'Administration 
municipale  tout  entière,  en  même  temps  que  le  contrôle  des  diverses 
autorités  indigènes  de  la  ville,  de  l'ordre  judiciaire,  financier  et  corpo- 
ratif, etc.,  qu'il  s'efforce  d'cduquer  en  les  initiant  progressivement  à  nos 
principes  et  méthodes  administratives.  Il  prépare  et  oriente  les  délibé- 
rations des  assemblées  municipales  indigènes.  Il  se  réserve  enfin  la 
direction  des  travaux  publics  dont  la  conduite  technique  appartient  à 
un  sous-ingénieur  chef  des  travaux  municipaux. 

La  rue  Ed  Douh  se  poursuit  dans  un  quartier  de  jardins 
qu'ombragent  de  grands  arbres.  Au  delà  des  Services  munici- 
paux, se  trouve  le  bureau  central  des  postes  et  télégraphes  un 
peu  en  retrait,  à  g.,  puis  Vhôpital  militaire  Auvert  dont  les 
pavillons  sont  répartis  dans  un  immense  jardin. 

Bad  Hadid,  porte  sans  intérêt,  ferme  la  rue  Ed  Douh  sur  la 
campagne  de  vergers,  en  face  de  l'hôtel  Bellevue.  Au  S.  sur  la 
hauteur  opposée,  fort  Juge. 

De  Bab  Hadid,  on  peut  se  rendre  :  1°  à  (0  k.  8)  Bab  Djedid  (p.  225)  en 
suivant  la  route  qui  descend  le  long  du  rempart  et  traverse  les  vergers  ; 
—  2**  à  (1  k.)  Bab  Jiaf  (entrée  de  Fès  Djedid  et  du  mellah)  par  la  même 
route  allant  à  l'O.  et  passant  à  proximité  de  la  pépinière  municipale  créée 
en  1912  par  la  municipalité.  Cette  institution  a  permis  d'introduire  à  Fès 
les  essences  d'arbres  et  de  fleurs  les  plus  variées,  do  reconnaître  celles 
qui  s'acclimatent  le  mieux  et  de  doter  les  jardins  et  les  routes  d'une 
quantité  innombrable  de  plants  appropriés. 

Au  lieu  de  revenir  sur  ses  pas  pour  rentrer  en  ville,  on 
complétera  heureusement  la  promenade  en  suivant,  sur  300  m. 
vers  l'O.,  la  route  de  Bab  Jiaf  et  en  prenant  le  chemin  de  j 
la  Résidence  qui  laisse  à  dr.  le  Dar  Beida  et  le  Bordj  Bou  Jeloud  • 
(construction  massive  très  caractéristique  appartenant  à  l'an- 
cienne kasba  Bou  Jeloud,  p.  219)  et,  à  g.,  les  jardins  de  Bou  Jeloud 
aménagés  en  1917  sur  d'anciens  jardins  chériflens  délaissés.  |;< 
On  retrouve  ainsi  l'avenue  de  Bou  Jeloud  qui  ramène  au  point 
de  départ.  ||v 


FÈS. 


[26]  —  209 


77.  —  Les  souksy  Moulay  Uns, 
grande  mosquée  J^arouiine. 

1,200  m.  Trajet  presque  entièrement  en  pente.  Deux  itinéraires  très 
voisins,  également  curieux,  peuvent  être  parcourus  l'un  à  l'aller,  l'autre 
au  retour. 

1*^'  Itinéraire.  — Franchie  la  porte  N*euve  de  Bou  Jeloud  (p.  205). 
prendre  la  première  rue  à  g.,  puis  descendre  immédiatement 
à  dr.  dans  l'artère  très  animée  du  Tala.  Après  les  souks  de  ce 
quartier  et  le  groupe  de  la  Bou  Anania  (p.  205),  on  passe 
devant  des  échoppes  de  forgerons,  de  rapetassBurs  de  babouches, 
le  souk  et  la  mosquée  de  Cherahliine  (xyiii**  s.),  dominée  par  un 
élégant  minaret  mérinide  (xiv°  s.)  plaqué  de  faïences  poly- 
chromes, et  enfin  les  fabricants  de  tamis  en  jonc  et  en  crin. 

De  ce  point,  une  rue  à  dr.  communique  avec  l'itinéraire  qui  suit.  A 
prendre  si  l'on  veut  voir  le  sanctuaire  de  Moulay  Idris  sous  son  aspect 
-  le  plus  saisissant. 

Ensuite,  ce  sont  les  petites  boutiques  de  quincaillers  indi- 
gènes, marchands  de  clous,  de  chaînes  et  de  goudron,  en  arrière 
desquelles  se  trouvent  des  ateliers  de  forgerons,  des  échoppes  de 
marchands  de  sacoches  en  cuir  brodé,  puis,  dans  une  longue 
allée  presque  rectiligne,  le  pittoresque  souk  Attarine  bordé 
d'innombrables  boutiques  aux  devantures  multicolores,  remplies 
d'aromates,  de  sucre  et  de  bougies.  A  traverser  de  bout  en  bout. 

L'entrée  du  souk  Attarine  communique  :  1"  à  dr.  avec  le  souk  du 
henné  qu'avoisine  le  Moristane,  le  souk  des  poteries  blanches  et  émaiilées 
et  le  souk  Nejjarine  (p.  212)  ou  des  menuisiers. 

Le  Moristane  ou  hospice  des  aliénés  (autorisation  nécessaire  à  demander 
aux  Services  municipaux),  géré  par  l'administration  des  Habous  de  Sidi 
Fredj,  reçoit  les  aliénés  retenus  dans  leurs  cellules  au  moyen  d'une 
chaîne  s'insérant  sur  un  anneau  de  fer  qu'ils  portent  au  cou.  Le  rez-de- 
chaussée  est  occupé  par  les  hommes,  tandis  que  le  premier  étage  est 
réservé  aux  folles  et  à  quelques  femmes  emprisonnées  sur  l'ordre  du 
pacha. 

2°  à  g.  avec  la  Joutia,  marché  au  sel  et  au  poisson  péché  dans  les 
oueds  Sebou  et  Innaouene  ;  le  souk  des  œufs,  qu'avoisinent  le  fondouk 
S  ag  ha  {fsiçade  xvme  s.)  et  la  fontaine  Sagha;  le  souk  el  Ghezel,  oumarché 
de  la  laine  filée,  le  matin,  des  grains,  le  soir  (c'est  là  que  s'est  tenu  jusqu'au 
début  du  xxe  s.,  le  marché  aux' esclaves,  aujourd'hui  clandestin);  enfin  le 
souk  des  volailles. 

De  la  Joutia,  on  peut  se  rendre  (10  min.),  par  le  quartier  dit  Fondouk 
El  Ihoudi  habité  par  les  Juifs  jusqu'au  xiii'^  s.,  à  Bab  Guissa  (p.  223). 

Le  souk  Attarine  est  longé  :  à  g.,  par  le  souk  el  khiyatine,  des 
tailleurs  de  jellabas,  pantalons  et  burnous,  le  souk  el  tellis  (des 
couvertures  et  tissus  ornés),  et  le  souk  el  haïk,  où  se  vendent 
les  lainages  du  pays;  puis  .la  mosquée  du  Diouane  (xviii«  s.);  —  à 
dr.  par  la  *Kisaria,  dans  un  incroyable  dédale  de  rues,  où 
s'écoulent  des  produits  locaux  et  importés,  puis  le  sôuk  el 
Morktane^oii  se  groupent,  autour  d'une  placette  ombragée  d'un 


.MAROC. 


14 


210  —  [26] 


FÈS. 


mûrier,  les  marchands  d'antiquités  marocaines.  Tous  les  souks 
de  la  Kisaria  sont  fermés  la  nuit  au  moyen  de  portes  qui 
empêchent  alors  la  circulation  à  l'intérieur.  Chacun  d'eux  est 
gardé  par  un  veilleur  de  nuit.  Consumés  plusieurs  fois  au 
cours  des  âges,  ils  ont  été  de  nouveau  la  proie  des  flammes  en 
juin  1918,  mais  aussitôt  reconstruits. 

A  l'extrémité  du  souk  Attarine  se  trouve  l'entrée  de  la  jolie 
*médersa  Attarine,  qui  se  signale  par  sa  porte  de  bronze  ciselé 
et  son  vestibule  orné  (entrée  permise  sur  présentation  de 
l'autorisation).  Construite  par  l'émir  Abou  Said  en  1321,  la 
médersa  Attarine,  quoique  de  dimensions  réduites,  est  peut- 
être  le  chef-d'œuvre  de  l'art  mérinide  de  Pès.  Les  lignes  des 
^angles  de  la  cour,  d'où  partent  de  fines  colonnes  de  marbre 
surmontées  de  jolis  chapiteaux  sculptés,  en  sont  particulière- 
ment harmonieuses,  les  grands  arcs  et  l'auvent  intérieurs  en 
bois  sculpté  sont  remarquables;  une  lampe  en  bronze  garnie 
d'inscriptions  et  à  forme  originale,  est  suspendue  au  plafond 
de  la  salle  de  prière.  La  vasque  de  la  cour  reçoit  une  eau 
belle  et  pure  provenant  d'une  source  voisine.  De  la  terrasse, 
vue  curieuse  sur  les  souks  et  la  mosquée  Karouiine  (V.  ci-des- 
sous). L'établissement  renferme  une  soixantaine  de  chambres. 

En  tournant  à  g.,  on  trouve  (150  m.)  la  zaouïa  de  Sidi  Ahmed  Et 
Tidjani  dont  l'entrée,  ornée  de  plâtres  sculptés,  de  bois  peints  et  de 
lanternes  en  métal  découpé,  est  du  plus  pittoresque  aspect.  Cette  zaouïa 
est  une  filiale  de  la  zaouïa  mère  d'Aïn  Madhi,  près  de  Laghouat,  de 
l'ordre  des  Tidjania. 

En  tournant  à  dr.  on  atteint  l'angle  N.-O.  de  la  ^grande 
mosquée  cathédrale  Karouiine  (entrée  interdite).  On 
n'aperçoit  d'abord  que  la  façade  de  la  Mahakma  du  Cadi,  d'un 
style  intéressant,  faisant  vis-à-vis  aux  boutiques  d'adouls  ou 
notaires  musulmans.  DeBab  Adoul,  de  Bab  Chemmaïne,  de  Bab 
Sbitriine  à  l'O.,  de  Bab  Hfa,  de  Bab  Ouerd,  de  Bab  Mesbahia 
au  N.,  on  voit  les  dispositions  intérieures  de  l'édifice. 

La  mosquée  Karouiine  ne  fut  d'abord  qu'un  oratoire  de  30  m.  sur  30, 
édifié  en  248  de  l'Hégire  {ix''  s.)  parles  soins  de  Fatma  Bent  Mohammed 
El  Feheri.  originaire  de  Kairouan.  Au  s.  elle  devint  une  véritable 
mosquée  avec  les  Zenata  qui  firent  élever  le  minaret,  réparé  plus  tard 
par  les  Mérinides.  Sous  l'almoravide  Youssef  ben  Tachfine  (xi*  s.),  la 
mosquée  fut  agrandie  et  reçut  ses  dimensions  définitives,  qui  en  font  la 
plus  grande  mosquée  du  Maghreb.  Elle  compte,  dit  le  Roudh  el  Qartas,^ 
270  colonnes  formant  16  nefs  de  21  arcs  chacune  et  peut  recevoir  plus  de 
20,000  assistants.  Quoique  d'architecture  un  peu  lourde,  elle  a  des  parties 
qui  présentent  un  réel  intérêt  archéologique. 

Aux  extrémités  de  la  cour  s'élèvent  deux  kiosques  rappelant  ceux  de  la 
cour  des  Lions  de  l'Alhambra  de  Grenade,  supportés  comme  eux  par 
d'élégantes  colonnes  de  marbre  et  dont  l'un  fut  construit  sous  le  règne 
du  sultan  saadien  Abd  Allah  Ech  Cheikh  (xvii®  s.).  Une  vasque  à  eau 
jaillissante  mise  en  place  en  599  de  l'Hégire  (xiii*  s.)  orne  le  centre  de 
la  cour. 

La  mosquée  compte  14  portes.  A  remarquer  trois  d'entre  elles  plaquées 
d'ornements  de  bronze,  dont  l'une  date  de  531  de  l'Hégire  (xii«  s.).  A  l'in- 
térieur, se  trouvent  un  grand  lustre  et  un  minbar  d'une  beauté  excep- 


FÈS. 


[26]  —  2dl 


tionnelle,  qui  remonteraient  au  xn«s.Une  bibliothèque,  de  1,600  volumes 
tous  manuscrits  anciens,  compose  le  principal  trésor  de  la  mosquée. 

La  mosquée  Karouiine  est  devenue  depuis  longtemps  le  centre  intel- 
lectuel du  Maghreb  et  le  siège  de  l'Université  musulmane  de  Fès. 
Aujourd'hui  encore,  de  nombreux  étudiants  (tolba),  environ  300,  venus 
de  toutes  les  régions  du  Maroc,  s'y  rassemblent  pour  suivre  les  cours 
de  professeurs  renommés  (uléma).  La  grammaire,  la  théologie  et  le  droit 
musulman  sont  les  matières  les  plus  importantes  du  programme.  Le 
mejless  des  uléma,  réunion  des  jurisconsultes  fasis,  étudie,  à  la  manière 
d'un  Conseil  d'Université,  les  questions  soumises  à  son  arbitrage  inté- 
ressant les  étudiants  et  les  professeurs. 

En  faisant  le  tour  de  la  mosquée  Karouiine  par  la  g.,  on 
longe  une  école  coranique  avec  une  curieuse  devanture  en  mou-* 
charabie,  puis  les  grandes  latrines  et  la  '^médersa  Nesbahia, 
en  face  de  l'une  des  portes  de  la  mosquée. 

Cette  médersa  fut  construite  par  Abou  El  Hassane  (début  du  xiv*  s.). 
Son  nom  est  dû  au  premier  professeur  qui  y  enseigna  :  Mesbah  Ben 
Abdallah.  On  l'appelait  aussi  médersa  Er  Rokhame,  «  école  du  marbre  >>, 
à  cause  d'une  fontaine  en  marbre  blanc,  apportée  d'Algésiras,  qui  s'y 
trouvait. 

A  remarquer  :  Ventrée  sous  un  remarquable  auvent  de  bois  sculpté  ; 
le  plafond  du  vestibule  admirablement  ouvragé;  la  face  de  la  cour 
donnant  accès  à  la  salle  de  prière  ;  les  chapiteaux,  de  pierre  sculptée, 
portant  les  arcs  jumelés  de  l'ouverture  de  cette  salle;  la  vasque  de 
marbre  blanc  pour  les  ablutions,  remplie  d'eau  toujours  claire  et  cou- 
rante. Dans  les  soixante  chambres  do  la  médersa  logent  surtout  des 
étudiants  originaires  du  Maroc  méridional. 

Plus  loin,  on  longe  deux  fondouk«  dont  Tun,  le  fondouk 
TsETAOUNiNE,  a  SOU  entrée  couverte  d'un  admirable  plafond  de 
travail  mérinide.  Les  rues  adjacentes,  très  resserrées  et  très 
hautes,  sont  les  plus  caractéristiques  de  la  vieille  ville.  Après 
avoir  dépassé  un  four  banal,  on  arrive  sur  la  place  Seffarine, 
occupée  par  les  fabricants  d'objets  en  cuivre  (vente  aux  enchères 
tous  les  après-midi  du  vendredi),  des  tisserands  de  foulards  et 
d'écharpes  en  crêpe  de  soie,  et  quelques  relieurs  (échoppe  à  un 
premier  étage,  en  face  d'une  fontaine  ancienne). 

Sur  la  place  se  trouve  également  le  'grand  hammam  Es  Seffarine 
(entrée  permise  jusqu'à  midi  seulement)  et  la  médersa  Es  Seffarine, 
vraisemblablement  la  plus  ancienne  de  Fès,  construite  au  début  du  xiv®  s. 
par  le  sultan  mérinide  Abou  Yakoub  Ben  Abd  El  Hakk.  Son  fondateur 
la  pourvut  alors  d'une  riche  bibliothèque,  dont  les  ouvrages  ont  été  trans- 
portés par  la  suite  à  la  mosquée  Karouiine.  La  cour  intérieure  renferme 
un  bassin  rectangulaire.  Le  mihrab  de  la  petite  salle  de  prière  serait  le 
mieux  orienté  de  tous  les  mihrabs  de  Fès.  Les  trente  chambres  de  l'éta- 
blissement reçoivent  des  étudiants  surtout  originaires  du  Sous,  du  Rif 
et  du  Zerhoun. 

De  la  place  Seffarine,  on  se  rend\:  1°  en  4  min.,  par  la  rue 
■des  Mechchatine,  fabricants  de  peignes  en  bois  et  en  corne,  au 
pont  de  Beïn  El  Moudoun,  «  pont  d'entre  les  deux  villes  »,  en  dos 
d'àne,  d'où  l'on  a  une  *vue  magnifique  sur  l'oued,  sur  les 
quartiers  de  la  rive  dr.  et  le  Zalagh  ;  en  contre-bas  à  g.  s'élèvent 
les  abattoirs  inaugurés  en  1916;  —  2°  en  2  min.,  par  la  rue  des 


212  —  [26] 


FÈS. 


Teinturiers  (très  colorée),  au  pont  de  Sidi  El  Aouad,  également  en 
dos  d'âne;  vues  caractéristiques  de  Fès,  en  amont  et  en  aval. 

2"  Itinéraire.  —  Après  avoir  franchi  la  porte  Neuve  de  Bou 
Jeloud  (p.  205),  on  descendra  tout  droit  la  rue  Zekak  El  Hadjer, 
après  un  léger  coude  à  dr.  On  passera  ainsi  devant  l'entrée 
secondaire  de  la  médersa  Bou  Anania  (à  g.;  p.  206),  la  petite 
mosquée  d'Abou  El  Hassane  (à  dr.  ;  p.  207)  et  500  m.  plus  bas, 
à  g.,  le  Dar  Menebhi,  où  est  provisoirement  installé  le  collège 
musulman. 

Le  Dar  Wenebhi  (entrée  permise)  est  une  construction  maro- 
caine de  style  moderne  construite  par  un  ancien  ministre  de 
la  guerre  de  Moulay  Abd  El  Aziz,  au  commencement  de  ce 
siècle.  El  Menebhi,  enfant  trouvé  adopté  par  le  caïd  de  la  tribu 
des  Menebhi  (Haouz),  devint  ministre  de  la  guerre  d'Abd  El 
Aziz.  Envoyé  en  ambassade  à  Londres  (1901),  c'est  lui  qui 
rapporta  d'Europe  des  objets  inconnus  à  Fès  avant  cette 
époque  :  billard,  bicyclettes,  tricycles,  qui  furent  les  jouets  du 
grand  enfant  qu'était  le  sultan  et  qui  existent  encore  au  Dar 
El  Makhzen.  —  C'est  au  Dar  Menebhi  que  se  trouvait  le  général 
Lyautey,  le  25  mai  1912,  lorsqu'au  lendemain  de  son  arrivée 
dans  la  capitale  marocaine,  la  ville  fut  investie  par  les 
Berbères. 

Après  une  série  de  petites  pièces  donnant  sur  une  courette  ornée 
d'une  modeste  fontaine,  un  couloir  plusieurs  fois  coudé  conduit  dans 
un  grand  patio  pavé  d'une  grande  rosace  de  zellijs  colorés  et  de  marbre 
noir,  et  ornée  au  centre  d'une  grande  vasque.  La  façade  intérieure  du 
patio  est  très  ouvragée  dans  les  parties  hautes;  Tune  des  parois  porte 
sur  son  axe  une  fontaine  monumentale  de  mosaïque  de  faïence.  Deux 
salles  se  faisant  face  sont  ornées,  avec  plus  de  profusion  que  de  goût, 
de  zellijs  finement  taillés,  de  plâtres  fouillés  et  de  charpentes  sculptées 
et  peintes. 

Le  collège  musulman  reçoit  les  jeunes  indigènes  de  Fès  qui,  ayant 
fait  dos  études  primaires  dans  les  différentes  écoles  franco-arabes  de  la 
cité,  désirent  parcourir  un  cycle  d'études  secondaires. 

Un  petit  souk,  Souïket  Ben  Safi  ,  fait  suite  au  Dar  Menebhi 

Une  ruelle,  à  dr.,  longe  loute  une  série  de  petites  mosquées  et  de 
sanctuaires  dont  toutes  les  portes  sont  surmontées  d'auvents.  —  La 
ruelle  de  g.  rejoint  l'itinéraire  précédent  dans  le  quartier  de  Gherà- 
bliine  (p.  209). 

La  descente  continue.  A  remarquer,  sur  le  côté  g.,  une  école 
coranique,  avec  devanture  de  bois,  où  de  jeunes  musulmans 
apprennent  le  Coran,  et  quelques  oratoires  à  dr. 

Plus  bas,  bifurcation  :  la  rue  de  g.  rejoint  l'itinéraire  précé- 
dent à  hauteur  des  fabricants  de  tamis  (p.  209).  On  prendra 
celle  de  dr.  qui  fait  un  coude  brusque.  Elle  conduit  sur  la 
magnifique  *place  Nejjarine,  oii  stationnent  de  nombreux 
portefaix  (zerzaï)  et  où  l'on  remarquera  le  souk,  la  fontaine  et 
le  fondouk. 

Le  SOUK  Nejjarine  réunit  un  certain  nombre  d'ateliers 
de  menuiserie  rangés  de  part  et  d'autre  d'une  rue  couverte 


FÈS. 


[26]  —  213 


d'un  treillis  de  roseaux  que  recouvrent  les  ramifications  d'un 
énorme  pied  de  vigne.  Les  ouvriers  de  ce  souk  ne  se  livrent 
guère  qu'à  la  confection  et  à  la  réparation  d'objets  courants, 
sans  caractère  artistique. 

La  FONTAINE  Nejjarine  est  le  type  du  genre  le  plus  coquet 
de  Fès.  L'ensemble  formé  par  le  bassin,  le  revêtement  de 
mosaïque,  le  plâtre  sculpté  et  l'auvent  de  cèdre  à  tuiles  vertes 
est  des  plus  heureux. 

Le  FONDOUK  Nejjarine  (entrée  permise)  s'annonce  par  une 
•  façade  monumentale  richement  ornée  que  flanquent  deux 
solides  tourelles  carrées.  L'entrée,  droite,  est  surmontée  d'un 
plafond  sculpté  et  peint. 

Le  patio  intérieur  est  entouré  de  galeries  à  tous  les  étages,  que  des 
balustrades  de  moucharabie  et  des  arcs  en  bois  ornent  très  heureuse- 
ment. Sur  tout  le  pourtour,  s'ouvrent  des  cellules  où  s'entreposent  des 
produits  d'importation  appartenant  à  des  négociants  en  gros.  C'est  dans 
des  établissements  de  ce  genre  que  viennent,  en  partie,  s'approvisionner 
les  détaillants  des  souks.  La  construction  de  ce  fondouk  paraît  remonter 
au  xYiii®  s.  L'immeuble  est  une  propriété  habous. 

De  la  place  Nejjarine,  on  se  rendra  à  bab  Moulay  Idris, 
toute  proche,  bordée  de  boutiques  de  marchands  d'objets  en 
cuivre,  en  verre  et  en  porcelaine,  et  qui  mène  au  sanctuaire 
du  patron  de  la  ville,  véritable  cour  des  miracles  constamment 
encombrée  de  pèlerins  venant  parfois  des  points  les  plus  éloi- 
gnés du  Maroc. 

La  zaouïa  de  Moulay  Idris  (entrée  formellement  interdite, 
ne  pas  trop  s'attarder  sur  le  seuil)  s'aperçoit  derrière  une  boi- 
serie peinte  et  un  grillage  de  métal.  On  en  voit  assez  distinc- 
tement les  différentes  parties  :  en  avant,  le  péristyle,  au  plafond 
duquel  sont  suspendus  d'immenses  lampadaires;  au  fond,  le 
sanctuaire,  vaste  salle  où  se  trouve  le  tombeau  du  saint,  qu'on 
n'aperçoit  pas;  à  g.,  la  mosquée  avec  cour  centrale  et  galeries 
latérales  soutenues  par  des  piliers  (on  la  verra  mieux  en 
s'avançant  dans  le  passage  à  g.  de  l'entrée);  plus  à  g.  encore, 
la  zaouïa  où  s'enseigne  le  Coran,  puis  les  latrines.  La  façade 
extérieure,  sur  le  passage  de  dr.,  porte  le  tronc  où  les  croyants 
viennent  déposer  leurs  aumônes  en  embrassant  les  boiseries 
qui  l'aVoisinent;  la  décoration  de  ce  côté  est  d'une  grande 
richesse. 

Les  fidèles  vont  et  viennent  tout  le  jour  dans  ces  parages  s'imprégner 
de  la  «  baraka  »  du  saint.  Le  produit  des  dons  et  des  aumônes  est 
réparti,  suivant  des  règles  bien  établies,  entre  les  descendants  du  saint, 
les  chérifs  Idrissides. 

C'est  à  ce  sanctuaire  que  les  sultans  faisaient  hommage  des  «  be'ia  », 
textes  par  lesquels  villes  et  tribus  acceptaient  la  suzeraineté  nouvelle, 
en  stipulant  leurs  aspirations  sociales  ainsi  que  les  réformes  écono- 
miques qu'ils  attendaient  du  nouveau  règne.  Ces  documents,  longs  de 
1  m.  20  et  larges  de  0  m.  50,  ornés  d'enluminures,  étaient  suspendus 
aux  voûtes  du  sanctuaire. 

La  zaouïa  est  «  horm  »;  c'est  un  lieu  d'asile  où  se  réfugient  parfois 
les  personnes  qui  craignent  d'être  appréhendées  par  les  autorités. 


214  -  [26]  •  FÈS, 

Presque  complètement  délaissée  après  la  chute  de  la  dynastie  idris- 
side  par  les  Zénètes,  les  Almoravides  et  les  Almohades,  la  zaouïa  de 
Moulay  Idris  a  été  reconstruite  en  1431  par  les  Mérinides,  puis  restaurée 
dans  le  début  du  xviiie  s.  par  les  sultans  alaouites.  C'est  à  partir  de 
cette  dernière  époque  seulement  que  la  renommée  du  saint  est  devenue 
générale. 

Après  avoir  contourné  la  zaouïa  par  la  dr.,  on  entre  dans  le 
souk  et  la  rue  Chemmaïne,  bordée  de  boutiques  successives  de 
marchands  de  cierges  et  de  gâteaux,  de  fabricants  de  ceintures 
brodées  et  enfin  de  marchands  de  fruits  secs  :  dattes,  figues, 
raisins,  noix,  amandes,  etc.  Les  rues  à  dr.  communiquent  avec 
le  quartier  Kettanine  {V.  l'itinéraire  qui  suit). 

On  aborde  ainsi  la  grande  mos([uée  Karouiine  (p.  210)  par 
l'une  de  ses  plus  grandes  portes  :  Bab  Chemmaïne.  En  faisant 
le  tour  de  l'édifice  par  la  dr.,  on  voit  des  boutiques  d' «  adouls  » 
ou  notaires,  de  libraires,  de  fabricants  de  babouches,  de  chau- 
dronniers et  l'on  atteint  la  place  Seffarine  (p.  211). 

JJJ,  —  Le  quartier  JÇeHanine. 

1  k.  500  environ.  Descente  constante. 

Suivre  la  rue  Ed  Douh  jusqu'au  delà  du  palais  du  Batha 
(p.  207),  prendre  la  rue  Sidi  El  Khiyat  à  g.  ;  passer  devant  la 
Subdivision  (p.  208),  descendre  la  rue  Akibt  Es  Seba  (fontaine 
récemment  restaurée  à  g.);  longer  la  petite  mosquée  du  Siaj 
(grande  inscription  coufique  sur  la  face  0.)  pour  atteindre  Dar 
Mejless,  porte  à  revêtement  de  mosaïque  et  à  auvent,  édifiée 
en  1912. 

Fès  est  administrée  par  un  Pacha  que  secondent  deux  Khalifas.  Ces 
gouverneurs  sont  assistés  d'une  assemblée  municipale  indigène,  à 
caractère  consultatif,  le  Mejless  EL  Baladi,  composé  des  principaux 
fonctionnaires  de  la  ville  et  de  huit  membres  élus  par  les  notables  do 
chacun  des  arrondissements  do  Adoua,  Lemtiine,  Andalousiine  et  Fès 
Djedid.  En  dehors  de  l'établissement  du  budget,  le  Mejless  émet  des 
vœux  relatifs  à  des  questions  d'ordre  municipal  (voirie,  travaux  publics, 
éclairage,  marchés,  etc..) 

A  quelques  pas  en  dessous  du  Dar  Mejless,  on  prendra  à  dr. 
la  rue  couverte  et  sombre  qui  passe  devant  la  mystérieuse 
mosquée  de  Sidi  Ahmed  Ech  Chaoui  pour  atteindre,  avant  la  mosquée 
Et  Tsaoudi  (porte  ornementée),  par  une  rue  contournée,  le  Dar 
Adiyel. 

Le  Dar  Adiyel  (entrée  permise)  est  l'ancienne  habitation 
d'un  gouverneur  de  Fès,  Adiyel,  qui  vivait  au  xviii^  s.  Entiè- 
rement restauré  en  1917,  il  abrite  les  bureaux  du  Service  des 
Beaux-Arts. 

U Inspection  des  Arts  indigènes,  qui  occupe  le  rez-de-chaussée,  se 
préoccupe  du  relèvement  des  industries  d'art  local  et  exerce  son 
influence  sur  les  corporations  les  plus  intéressantes.  Elle  a  rénové  une 
collection  importante  do  modèles  :  reliures,  enluminures,  bois  sculptés  j 
et  peints,  cuivres,  poteries,  broderies,  etc.,  dont  s'inspirent  les  artisans 


FÈS. 


[26]  —  215 


actuels.  Le  Service  des  Monuments  historiques  (au  l*^""  étage)  s'occupe 
de  la  restauration  des  dits  monuments,  nombreux  à  Fès,  et  dont  les 
plus  remarquables  senties  médersas. 

A  coté  du  Dar  Adiyel,  se  trouvent  :  les  bureaux  de  VAdmi- 
nistration  des  Habous,  ou  biens  de  mainmorte  de  Fès;  le  Dar  Bon 
Ali  (entrée  permise),  où  le  pacha  de  Fès  rend  la  justice  entouré 
de  ses  mokhazenis.  Plus  bas,  après  quelques  détours,  on 
atteint  la  prison  civile  qui  reçoit  des  condamnés  indigènes. 

On  peut  s'engager  dans  le  couloir  de  la  prison,  au  fond 
duquel  sont  installés  plusieurs  ateliers  de  tissage  de  soie  : 
ceintures  et  foulards.  Le  plus  curieux  est  celui  des  frères  Ben 
Gherif  (très  accueillants)  dont  les  métiers  à  la  grande  tire  sont 
ceux  que  perfectionna  Jacquart.  On  y  fabrique  des  ceintures, 
des  foulards  et  des  tissus  brodés  d'un  très  grand  intérêt. 

Après  une  descente  tortueuse,  on  arrive  au  haut  de  la  rue 
Kettanine  {V.  la  variante  1*",  p.  216),  très  fréquentée  et  très 
commerçante.  Plusieurs  fondouks'  la  bordent,  dont  le  fon- 
douk  Djedid,  particulièrement  important;  le  Crédit  Foncier 
d'Algérie  et  de  Tunisie^  ainsi  que  la  Compagnie  Algérienne,  y  ont 
des  succursales.  La  poste  anglaise  y  a  un  bureau. 

La  rue  qui  longe  à  g.  Timmeuble  de  la  Compagnie  Algérienne  est  la 
rue  Chemmaïne  qui  vient  de  Moulay  Idris  et  conduit  à  la  mosquée 
Karouiine  (p.  ^210). 

Ras  Cherratine  continue  la  descente  (à  dr.  de  la  Compagnie 
Algérienne).  C'est  la  rue  des  fabricants  de  balais  en  palmier 
nain  et  surtout  de  lanternes  en  fer  blanc.  Elle  dessert  de  nou- 
veaux fondouks,  la  succursale  du  bureau  de  poste  français  et  la 
médersa  Cherratine,  fondée  en  1670  par  le  sultan  alaouite 
Moulay  Rechid,  pour  remplacer  la  médersa  Lebbadine,  située 
un  peu  plus  haut,  que  les  étudiants  avaient  souillée  et  pro- 
fanée en  y  amenant  des  femmes  et  en  s'y  livrant  à  la  débauche. 
La  porte,  à  deux  battants  recouverts  de  bronze  ciselé,  donne 
accès,  par  un  couloir  étroit,  à  la  cour  centrale  .entourée  de 
galeries  au  rez-de-chaussée  et  à  tous  les  étages. 

L'architecture  et  le  décor,  intéressants,  sont  pourtant  moins  purs 
qu'à  l'époque  mérinide.  Sur  les  angles  de  la  cour  s'ouvrent  trois 
«  douiras  »,  maisons  petites  et  hautes  à  patio  central  et  à  cellules  étroites 
abritant  chacune  une  trentaine  d'étudiants  provenant  surtout  du  Tafi- 
lalet,  du  Maroc  oriental  et  du  Rif. 

Si,  du  bas  de  la  rue,  on  continue  sa  route  dans  la  même 
direction,  on  arrive,  en  passant  devant  les  boutiques  de  boissel- 
liers,  de  forgerons,  de  cuivreurs,  de  teinturiers,  de  fabricants 
de  bâts,  etc.,  au  pont  de  Sidi  Laouad,  sur  l'oued  Fès  ou,  un  peu 
plus  en  amont,  au  pont  du  Rsif. 

Le  pont  du  Rsif,  couvert  et  bordé  de  boutiques  à  tel  point  qu'on  le 
traverse  sans  deviner  l'oued,  fut,  avec  celui  de  Beïn  El  Moudoun  (p.  211), 
construit  par  les  Zénètes.  Réparé  plusieurs  fois  depuis,  il  a  fait  l'objet 
d'une  importante  restauration  sous  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah 
(xviii«  s.) 


216  ^  [26] 


FÈS, 


Variantes  :  1°  Du  haut  de  la  rue  Kettanine  (p.  215),  une 
bifurcation  à  dr.  mène,  par  un  chemin  étroit  et  en  pente  rapide 
sur  la  petite  place  duRsif,  limitée  d'un  côté  par  une  intéressante 
fontaine,  de  l'autre  par  la  porte  à  auvent  de  la  mosquée  du  Rsif, 
que  domine  un  imposant  minaret  orné  de  faïences  vertes. 
Cette  mosquée  date  de  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah 
(1757-1787). 

2""  De  la  mosquée  du  Siaj  (p.  214),  on  peut  encore  atteindre  le 
Rsif^  par  les  rues  qui  desservent  les  somptueuses  maisons 
modernes  dites  :  Dar  Dris  Mokri,  Dar  Ben  Slimane  (Recettes  des 
Finances);  le  Monopole  des  Tabacs;  les  curieux  quartiers  d'El 
Aîoun  et  de  Ras  El  Djenane.  —  Un  raccourci  permettant 
d'atteindre  le  même  but  part  du  haut  de  la  rue  Akibt  Es  Seba, 
passe  devant  Vlnstitut  syphiligraphique,  le  Dar  Glaoui  (très  inté- 
ressante maison  du  commencement  du  siècle),  le  Dar  Mokri,  et 
rejoint  le  précédent  à  hauteur  du  Monopole  des  Tabacs. 

JJ^.  —  Quartier  de  VAdoua,  mosquée  des  Andalous, 
médersa  Sahrij,  Potiers, 

2  k.  —  Cet  itinéraire,  qui  se  développe  sur  la  rive  dr.  de  l'oued  Fès, 
à  l'E.  de  la  ville,  se  fera  de  préférence  à  mule. 

Le  quartier  d'El  Adoua,  abréviation  de  Adouat  El  Andalous,  parce 
qu'il  fut  surtout  peuplé  à  l'origine  de  gens  venant  d'Andalousie,  désigne 
toute  la  portion  de  Fès  El  Bail  qui  se  trouve  sur  la  rive  dr.  du  fleuve. 
On  le  nommait  ainsi  par  opposition  avec  le  quartier  de  la  rive  g.,  dit 
Adouat  El  Karouiine,  qui  reçut  une  colonie  de  gens  de  Kairouan,  et 
dont  la  grande  mosquée  cathédrale  est  le  centre. 

On  gagnera  l'oued  Fès  par  l'un  quelconque  des  itinéraires 
II  et  III  aboutissant  tous  deux  au  fond  de  la  ville  pour  remonter 
sur  le  versant  S.  jusqu'à  la  mosquée  des  Andalous,  où  le 
sultan  des  tolba  vient  prier  en  grande  pompe  le  premier  ven- 
dredi de  la  fêîte  printanière  des  étudiants. 

D'abord  un  oratoire  édifié  au  ix*  s.  par  Meriem  Bent  Mohammed  Ben 
El  Feheri,  sous  le  règne  de  Yahya  ben  Mohammed  ben  Idris,  la  mos- 
quée des  Andalous  possède  un  minaret  d'un  type  spécial,  peu  élégant, 
élevé  comme  celui  de  Karouiine  par  les  princes  Zénètos  (x«  s.).  A  l'époque 
d'El  Bekri,  elle  comprenait  6  nefs  et  une  petite  cour.  Les  lieux  aux 
ablutions  voisins  furent  construits  en  1208  et  l'eau  amenée  de  Bab  El 
Hadid. 

La  grande  porte  Nord,  de  proportions  imposantes,  ornée  de  zellijs 
colorés. et  d'un  grand  auvent  en  bois  sculpté,  a  été  construite  par 
l'almohade  En  Nacer;  elle  a  fait  l'objet  de  restaurations  récentes  (1917). 
La  disposition  intérieure  se  voit  très  clairement  des  deux  portes  O., 
l'une  donnant  accès  sur  la  cour  très  pittoresque,  l'autre  dans  la  salle,  . 
aux  piliers  nombreux. 

A  dr.  de  la  mosquée  et  au  fond  d'une  ruelle,  existe  la  petite  - 
MÉDERSA  Sebbaïne  (entrée  permise). 

Ainsi  appelée  parce  qu'on  y  enseignait  la  science  des  riouaïa,  c'est- 
à-dire  les  sept  manières  de  lire  le  Coran,  cette  médersa  est  aujourd'hui 


FÈS.  [26]  -  217 

désaffectée.  On  ii'v  lit  plus  que  les  hadits,  ou  traditions  du  Prophète. 
Son  patio  rectangulaire,  entouré  d'une  galerie  à  petites  colonnes  de 
marbre,  a  une  réelle  originalité.  Dans  les  latrines  e  robinet  d  une 
fontaine  s'insère  dans  une  jolie  plaque  de  marbre  blanc  sculpté  de 
ûeurs  de  lys. 

A  50  m.  plus  à  l'O.  s'élève  la  médersa  Sahrij  (entrée  per- 
mise sur  autorisation  des  Services  municipaux). 

La  médersa  Sahrij  est  ainsi  nommée  à  cause  du  bassin  rectangulaire 
creusé  au  milieu  de  la  cour  intérieure.  Son  eau  provient  d  une  source 
qui  se  trouvait  en  dehors  de  Bab  Djedid  (p.  225).  Elle  fut  construite 
en  1321  par  le  mérinide  Abou  El  Hassane  Ali,  alors  qu  il  était  encore 
héritier  présomptif.  ^  .    .   ^^       *  i 

Les  lignes  d'architecture  intérieure  en  sont  très  belles  et  le  décor, 
très  poussé,  d'une  grande  tenue.  La  porto  d'entrée  est  aujourdhui 
privée  du  revêtement  de  bronze  qui  la  recouvrait  autrefois.  La  restau- 
ration en  est  commencée. 

Aux  abords  de  la  médersa,  se  trouve  le  Dar  Oumi,  ou  maison 
des  aveugles,  qui  abrite  une  vingtaine  d'infirmes  avec  leurs 
familles.  De  ce  point  on  se  rendra  au  cénotaphe  de  Sidi  Ali  Bon 
Ghaleb. 

Sidi  Ali  Bou  Ghaleb,  originaire  d'Andalousie  où  il  fit  ses  études,  pro- 
fessa à.  Fès  au  début  du  xii"  s.  Il  fut  enterré  dans  le  Gharb,  à  El  Ksar  El 
Kebir.  Son  cénotaphe,  très  vénéré,  reçoit  surtout  la  visite  de  malades 
qui  y  séiournent  jusqu'à  guérison  complète,  ou  qui  attendent  de  voir 
apparaître  le  saint  en  songe  pour  leur  indiquer  le  remède  qui  convient 
à  leur  mal.  ^  ti     a+ ' 

En  1912,  l'édifice  reçut  plusieurs  obus  et  fut  dégradé.  11  a  ete  res- 
tauré en  1916. 

Du  tertre  qui  se  trouve  à  dr.  et  domine  le  quartier  de  Mokhfia, 
on  a  une  *vue  magnifique  sur  la  Medina.  Le  terrain  avoisinant, 
fermé  au  S.  par  les  remparts,  est  occupé  par  une  partie  du 
cimetière  de  Bab  Fetouh;  l'autre  partie,  très  pittoresque,  s'étend 
sur  la  colline  au  delà  des  murs  (p.  224). 

Bab  Fetouh  est  la  porte  de  sortie,  d'où  l'on  se  dirige  a  l  E. 
vers  ïaza.  Cette  porte  fut  édifiée  par  le  deuxième  fils  de  l'emir 
zénète  Donnas  sur  remplacement  d'une  porte  plus  ancienne, 
Bab  El  Kibla,  construite  par  Idris,  au  moment  de  la  fondation 
de  Fès.  Elle  a  été  reconstruite  pendant  le  règne  de  Sidi 
Mohammed  (xvin*  s.) 

De  Bab  Fetouh,  on  peut  rejoindre  le  point  de  départ  sans  revenir  sur 
ses  pas.  Dans  ce  cas,  on  n'a  qu'à  suivre  l'itinéraire  VIII  (p.  224)  depuis 
Bab  Fetouh  jusqu'à  Bab  Djedid  et,  de  là,  regagner  Bab  Hadid  par  la 
route  et  rentrer  en  ville  par  la  rue  Ed  Douh  (p.  207). 

Toujours  à  l'intérieur  des  murs,  au  N.  de  la  porte,  on  aperçoit 
renclos  de  Tamdert,  aujourd'hui  occupé  par  des  troupes  séné- 
galaises, autrefois  réservé  aux  mules  de  bât  du  sultan. 

Le  QUARTIER  DES  POTIERS  s'étoud  immédiatement  à  g.  11 
consiste  en  ateliers  disposés  de  part  et  d'autre  de  rues  bordées 
de  murs.  Chaque  atelier  se  compose  d'une  aire  plane,  plus  ou 
moins  vaste,  servant  au  séchage  des  pièces  céramiques.  Des 


218  —  [26] 


FÈS. 


locaux  abrités  pour  le  tournassage  des  poteries,  le  moulage  des 
carreaux  et  des  tuiles,  la  décoration  des  formes,  des  fours  pour 
la  cuisson  bordent  l'aire  centrale.  Les  poteries  et  les  carreaux 
vernissés  de  Fès  sont  réputés  dans  le  Maroc  entier,  bien  que 
les  produits  actuels  soient  loin  de  réunir  leurs  qualités  d'autre- 
fois; quelques  ateliers  cependant  font  de  visibles  progrès. 

A  ro.  des  ateliers,  du  côté  de  la  ville,  se  trouve  un  curieux 
village  de  nomlas,  occupées  par  des  bédouins  fixés  dans  l'enceinte 
de  Fès. 


Y.  —  JÇasba  Tilala^  \asha  Cher  arda,  ^ 
cimetière  Bab  Mahrouk. 

500  m.  N.-O.  —  Très  belle  promenade  à  pied. 

En  suivant  la  rue  qui  prend  naissance  à  g.  de  la  porte  Neuve 
deBou  Jeloud  (p.  205),  on  passe  devant  les  dernières  boutiques 
du  souk  du  Tala  (p.  205)  que  prolongent  des  échoppes  de  mar- 
chands de  paille,  d'articles  de  sparterie,  de  fabricants  de  char- 
rues indigènes  et  de  vannerie  de  roseau.  Le  mur  de  dr.  fait 
partie  d'une  enceinte  qui  clôt  tout  le  quartier  des  Filala  fermé 
par  une  grande  porte  monumentale  à  baïonnette  flanquée  de 
deux  bastions  à  section  octogonale. 

La  kasba  des  Filala,  ou  Kasba  En  Nouar,  «  des  fleurs  »,  remonte  à 
l'émir  almohade  Mohammed  En  Nacer.  Elle  doit  son  nom  actuel  aux 
gens  du  Tafilalet,  qui  avaient  suivi  Moulay  Rechid  au  moment  de 
l'avènement  de  la  dynastie  alaouite.  Rectangulaire,  elle  est  flanquée 
aux  quatre  angles  de  tours  de  guet  et  a  des  murs  fort  élevés  recon- 
struits sous  le  règne  de  Moulay  Slimane  (fin  du  xviii®  s.).  Une  mosquée 
se  trouve  à  l'intérieur.  Les  maisons  avoisinantes  sont  sans  intérêt. 

On  sort  de  la  ville  par  Bab  Mahrouk,  «  porte  du  Brûlé  ». 
D'abord  appelée  Bah  Ech  Chria,  cette  porte  fut  élevée  en  1204 
par  les  Almohades.  L'année  même  de  sa  construction,  on  brûla 
vif,  sous  ses  voûtes,  le  berbère  El  Obeidi,  chef  d'une  révolte 
dans  les  montagnes  des  Ghomara,  d'où  son  nom  actuel 
(Maqqari).  Au  dire  des  gens  de  Fès,  cette  porte  doit  son  nom 
au  fait  que  le  corps  d'ibn  El  Khatib,  tour  à  tour  historien, 
poète,  voyageur,  critique  littéraire,  homme  politique  du  xiv*"  s., 
avait  été  brûlé  non  loin  de  là.  Depuis,  on  y  suspendait  les  têtes 
des  rebelles  tués  aux  cours  des  expéditions  entreprises  par  les 
sultans  dans  les  tribus  insoumises  de  leur  empire. 

Immédiatement  à  dr.  de  la  porte,  à  l'extérieur,  belle  sur 
un  profond  ravin  boisé  que  domine  une  haute  falaise  (grottes 
habitées  à  100  m.  de  la  porte).  Le  bordj  Nord  (p.  222),  les  tom- 
beaux mérinides  (p.  223),  et  le  mont  Zalagh  (p.  227)  complètent 
admirablement  le  tableau. 

La  route  de  g.  rejoint,  àBabSegma  (p.  222),  la  route  deMeknès; 
celle  de  dr.  conduit  à  (200  m.)  la  kasba  des  Gherarda.  C'est 
cette  dernière  route  que  l'on  suivra.  Bien  qu'elle  se  développe 
entre  deux  cimetières,  elle  sert  d'emplacement  à  un  important 


FÈS. 


[26]  —  219 


et  curieux  marché  les  matins  du  lundi  et  du  jeudi,  où  se  réu- 
nissent, en  même  temps  que  des  marchands  de  volailles,  de 
bois  mort,  d'œufs,  de  nattes,  de  légumes,  de  fruits,  etc.,  des 
diseurs  de  bonne  aventure,  des  pharmaciens  arabes  et  des 
écrivains  publics. 

La  kasba  des  Cherarda  est  un  vaste  enclos  rectangulaire  de  400  m. 
de  long  sur  300  m.  de  large,  édifié  par  Moulay  Rechid  (xvii«  s.)  pour 
les  tribus  guich  ou  makhzen  où  se  recrutait  l'armée  chérifienne  et  qui, 
en  échange  des  services  militaires  qu'elles  devaient  au  sultan,  rece- 
vaient des  terres  et  des  exemptions  d'impôts.  La  kasba  reçut  successi- 
vement les  Cheraga,  les  Oudaïa,  et  enfin  les  Cherarda,  d'où  son  nom. 
On  l'appelle  aussi  Kasba  du  Khemis  à  cause  d'un  marché  aux  bestiaux 
qui  se  tient  le  jeudi  au  delà  de  son  mur  N.  Elle  est  occupée  aujourd'hui 
dans  sa  partie  N.-E.  par  Y  hôpital  Cocard  et  dans  sa  partie  S.-O.  par 
une  caserne  de  sénégalais. 

Tout  l'emplacement  compris  entre  la  kasba  des  Cherarda  et 
Bab  Mahrouk  est  occupé  par  le  cimetière  de  Bah  Mahrouk  dont  la 
partie  occidentale  est  marquée  par  la  grande  koubha  de  Sidi  Bou 
Beker  El  Arahi  et  le  mausolée  d'Abd  Èr  Rahmane  El  Filali,  qui 
s'élève  au  pied  d'un  palmier.  De  ce  point,  on  a  une  large  *vue, 
au  S.  et  au  S.-O.,  sur  Fès-Djedid^  le  Dar  El  Makhzen  et,  plus 
loin,  sur  Dar  Debibagh. 

yj.  _  rès  Djedid  et  le  Mellah. 

1,800  m.  —  Le  trajet  peut  se  faire  en  voiture.  Très  recommandé  le 
samedi. 

Au  départ,  à  g.,  kasba  et  mosquée  Bou  Jeloud. 

La  kasba  Bou  Jeloud  n'a  plus  aucun  intérêt  aujourd'hui.  Construite 
par  l'almohade  En  Nacer  (tin  du  xii«  s.)  sur  l'emplacement  d'une 
ancienne  kasba  rasée  par  son  grand  père  Abd  El  Moumene  et  édifiée 
probablement  par  les  Almoravides,  cette  kasba  servit  de  résidence  aux 
premiers  princes  mérinides.  Il  n'en  reste  plus  que  des  vestiges,  dont 
un  bordj  de  bel  aspect  auprès  de  la  Résidence  (p.  208). 

Au  delà  de  la  mosquée,  grande  place  bordée  au  N.  par  une 
ligne  de  petits  locaux.  C'est  là  que  campent  en  partie  les 
délégations  des  tribus  lorsqu'elles  viennent  faire  acte  d'hommage 
au  sultan  à  l'occasion  des  grandes  fêtes  musulmanes.  La  lourde 
bâtisse  qui  s'élève  sur  la  partie  E.  de  la  place  servait  autre- 
fois de  magasins  de  provisions  makhzen. 

Le  grand  mur  du  S.  cache  le  nouveau  collège  musulman  (p.  212) 
et  la  place  est  fermée  à  l'O.  par  une  porte  qu'on  franchit,  recon- 
struite par  la  Mission  militaire  italienne  dans  un  style  européen, 
puis  restaurée  dans  le  style  local  en  1916. 

A  g.  porte  Bou  Jeloud,  donnant  accès  au  jardin  public  (p.  208) 
et  à  la  Résidence  générale  (p.  207). 

Parcouru  le  long  couloir  situé  au  delà  de  la  porte,  on  longe 
une  nouvelle  place  où  se  réunissent  journellement,  dans  l'après- 
midi,  conteurs,  charmeurs  de  serpents,  diseurs  de  bonneaven- 


220  —  [26] 


FÈS. 


ture,  etc.  Oa  arrive  ainsi  à  Bab  Dekakene,  porte  massive  et 
grandiose  défendant  l'entrée  du  DarEl  Makhzen  et  sous  laquelle 
le  khalifa  du  pacha  rend  la  justice. 

De  ce  point,  on  peut  visiter  : 

1°  La  Makina  (entrée  permise)  sur  le  vieux  Mechouar,  ancienne  manu- 
facture chérifienne  d'armes  édifiée  sous  Moulay  El  Hassane  vers  1886 
par  la  Mission  italienne.  Cet  important  établissement,  actionné  par  trois 
turbines  d'une  force  de  "75  lîP.,  comportait  plusieurs  marteaux-pilons, 
des  machines-outils  pour  la  confection  de  crosses  et  de  canons  de  fusils, 
une  fonderie  de  petites  pièces  d'artillerie,  une  frappe  de  monnaies,  une 
installation  électrique.  Il  a  perdu  sa  destination  primitive  et  est  occupé 
par  une  section  du  jparc  automobile,  le  magasin  d'habillement  et  une  école 
d'apprentissage  d'indigènes. 

2^  Le  quartier  de  Moulay  Abdallah  (entrée  près  de  la  guérite  des 
sentinelles).  Remarquer,  à  dr.,  une  grande  roue  élévatoire  autrefois  des- 
tinée à  alimenter  en  eau  le  Bordj  Nord  (p.  222).  Plus  loin  s'élève  la 
grande  mosquée  de  Fès  Djedid  (élégant  minaret  polychrome  ;  entrée  inter- 
dite) construite  en  même  temps  que  Fès  Djedid  en  1276  par  le  mérinide 
Abou  Yakoub  Ben  Abd  El  Hakk.  La  chronique  rapporte  qu'en  1281  elle 
reçut  un  grand  lustre  en  bronze  ornementé  pesant  715  livres  et  portant 
280  lampes  à  huile.  C'est  là  que  le  peuple  convoqué  recevait  les  com- 
munications émanant  de  l'autorité  impériale  et  que  le  sultan  va  prier 
le  vendredi  lorsqu'il  est  présent  à  Fès.  —  Plus  loin,  l'artère  principale 
dessert  une  série  de  souks,  des  maisons  de  prostituées  et  aboutit  par 
Bab  Bou  Jat  à  un  vaste  mechouar  de  350  m.  de  long  et  de  250  m.  de 
large,  où  se  tint  la  première  foire  de  Fès  (1916). 

Le  Dar  El  Makhzen  ou  palais  du  Sultan  (entrée  en  face  de  Bab 
Dekakene;  interdite)  occupe  une  superficie  de  plus  de  20  hect. 
comprenant  des  prisons,  plusieurs  méchouars  ou  places;  une 
médersa  mérinide  construite  par  Abou  Saïd  en  1320,  où  le  sultan 
alaouite  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Er  Rahmane  (xix''  s.)  tenta 
sans  succès  de  faire  enseigner  la  géométrie  et  le  calcul  à  un 
certain  nombre  de  tolba,  aujourd'hui  vide  d'étudiants  ;  une  biblio 
thèque  chérifienne  renfermant  une  série  de  livres  très  rares;  un 
multitude  de  bâtiments  d'époques  variées  dont  les  plus  récents 
sont  dus  à  Moulay  El  Hassane,  Moulay  Abd  El  Aziz,  Moulay 
Hafld;  le  DarAïad,  dû  à  Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Allah  (xviii^  s.) 
comprend  une  jolie  koubba  supportée  par  des  colonnes  de 
marbre,  une  vaste  cour  dallée  de  mosaïques,  un  long  bassin 
rectangulaire  rempli  d'eau  et  portant  une  barque;  une  ména- 
gerie comptant  plusieurs  lions,  dont  un  de  l'Atlas,  une  pan- 
thère, quelques  chacals  et  autres  bêtes  fauves;  des  mosquées; 
de  vastes  jardins  dont  le  plus  important  est  celui  de  Lalla  Mina. 
Longtemps  délaissé,  le  Dar  El  Makhzen  est  depuis  quelques 
années  l'objet  de  restaurations  effectuées  sur  l'ordre  de  Moulay 
Youssef.  Il  abrite  un  certain  nombre  de  cherifat,  femmes  et 
filles  d'anciens  sultans,  que  gardent  des  eunuques. 

Après  avoir  tourné  à  g.  de  Bab  Dekakene,  on  pénètre  dans  la 
Grande  Rue  de  Fès  Djedid,  succession  ininterrompue  de  souks 
très  animés.  On  y  voit  successivement,  à  g.  :  le'  commissariat 
de  police,  Djama  Béida,  la  mosquée  blanche,  Djama  Hamra,  la 
mosquée  rouge,  et  Vhôtel  de  la  Résidence, 


FÈS. 


[26]  —  221 


Bab  Semmarine,  haute  porte  doublement  coudée  à  voûtes 
multiples,  fait  communiquer  Fès  Djedid  avec  la  rue  des  Orfèvres 
juifs. 

De  Bab  Semmarine,  une  rue  conduit  à  (100  m.)  Bab  Jiaf  dont  le  bordj 
voisin  dit  de  Sidi  BouNafa  fut  construit  par  le  sultan  saadien  Ahmed  El 
MansouT  (1588).  De  là,  une  route  traversant  l'oued  Cheracher  conduit  à 
(800m.)  Bab  Hadid  (p.  208)  en  laissant  à  dr.  la  pépinière  municipale  (p.  208). 

Au  bout  de  la  rue  des  Orfèvres  se  dresse  le  bordj  duMellahb, 
sous  les  voûtes  duquel  est  l'entrée  des  bureaux  du  Cheikh  El 
Ihoud. 

Les  indigènes  israélites  sont  administrés  par  le  cheikh  El  Ihoud, 
assisté  du  Mejless  israélite  qui  comprend,  sous  la  présidence  du  pacha, 
six  membres  élus.  Cette  assemblée  a  pour  le  mellah  des  attributions 
analogues  à  celles  du  Mejless  musulman  (p.  214);  elle  fonctionne  sous  le 
contrôle  du  chef  des  Services  municipaux  de  Fès-Ville. 

La  GRANDE  RUE  DU  Mellah,  qui  fait  suite  au  Bordj,  est  extrê- 
mement commerçante  et  animée.  C'est  là  que  s'est  concentré, 
au  début  de  l'occupation,  le  commerce  européen  de  Fès.  Des 
pharmacies,  un  bureau  de  poste,  des  cafés  et  des  hôtels,  des 
bureaux  de  services  d'autos,  un  cinéma,  un  dispensaire  isr.aé- 
lite,  une  banque  sont  installés  à  proximité  ou  en  bordure  de 
la  place  du  Commerce  qui  fait  suite  à  l'artère  principale  du 
mellah.  La  place  est  fermée  à  l'O.  par  Bab  Lamer. 

De  la  place  la  vue  s'étend  au  S.  sur  les  Jardins  d'Ain  Khemis 
et  le  camp  de  Dar  Mahrès  (p.  222). 

En  contrebas  de  la  place  du  Commerce,  s'étend  le  cimetière 
israélite,  très  curieux  avec  ses  blanches  et  innombrables  stèles 
funéraires  horizontales  entassées  les  unes  sur  les  autres. 

De  la  place  du  Commerce  à  (2  k.)  Dar  Debibagh,  service  de  voiture 
toutes  les  30  min.  {V.  ci-dessous). 

y*77.  —  La  ville  nouvelle,  la  gare,  Dar  Debibagh, 
Dar  Mahrès. 

Circuit  de  8  k.  sur  bonne  route  à  partir  de  Porte  Neuve  deBou  Jeloud, 
de  5  k.  seulement  si  l'on  part  de  la  place  du  Commerce.  A  etfectuer 
de  préférence  en  voiture. 

De  Porte  Neuve  de  Bou  Jeloud  au  mellah  (place  du  Commerce) 
p.  219-221.  —  On  sort  de  la  place  du  Commerce  par  Bab  Lamer, 
puis  on  longe  l'aqueduc  qui  traverse  les  jardins  d'Aïn  Khemis 
plantés  d'arbres  fruitiers  et  occupés  par  la  pépinière  régionale^  qui 
fournit  des  plants  de  toutes  esseilces  aux  postes  de  la  région  de 
Fès.  On  passe  en  vue  de  la  gare  du  chemin  de  fer  militaire  qui 
s'étend  au  delà  des  constructions  civiles  de  la  ville  nouvelle. 

h  La  ville  nouvelle  s'est  tout  d'abord  développée  à  proximité  de  la  petite 
gare  de  Fès,  sur  un  plateau  légèrement  incliné  et  dépourvu  d'eau  et 
d'arbres.  Aujourd'hui,  de  grandes  artères  bordées  de  jeunes  mûriers 
dessinent  les  grandes  voies.  Le  quartier  actuel  sera  celui  du  petit 


222  —  [26] 


FÈS. 


commerce.  Les  jardins  d'Ain  Khemjis  recevront  les  villas  de  plaisance. 
La  future  gare  du  Tanger-Fès  s'élèvera  entre  la  gare  actuelle  et  l'oued 
Fès  et  s'entourera  d'un  quartier  industriel. 

Le  vaste  camp  de  Dar  Debibagh  qui  débute  par  les  bureaux  du 
Service  des  Etapes,  à  l'O.  de  la  ligne,  s'étend  de  part  et  d'autre 
d'un  grand  bosquet  et  de  la  kasba. 

La  kasba  de  Dar  Debibagh,  «  kasba  du  petit  tanneur  »,  est  une 

enceinte  avec  palais  et  mosquée  intérieurs  créés  par  Moulay  Abd 
Allah  en  1729.  Ce  souverain  s'y  réfugia  plusieurs  fois  au  cours  de  son 
règne  souvent  troublé.  L'ouvrage  fut  réparé  à  la  fin  du  xvine  s.  par 
Moulay  El  Hassane  qui  depuis  l'habita  quelquefois  pendant  ses  séjours 
à  Fès.  En  190-2,  Moulay  Abd  El  Aziz  tenta  de  le  relier  au  Dar  El 
Makhzen  au  moyen  d'un  petit  chemin  de  fer,  mais  devant  l'intolé- 
rance des  fâsis,  il  n'osa  pas  mettre  son  projet  à  exécution. 

La  kasba  renferme  encore  un  poste  de  T.  S.  F.  et  les  bureaux 
du  Trésor  et  Postes  aux  armées.  Le  cimetière  européen  se  trouye 

à  ro. 

De  Dar  Debibagh,  une  route  conduit  au  camp  de  Dar 
Mahrès,  constitué  par  de  nombreux  casernements  établis  sur 
un  glacis  dès  1913.  Le  cercle  militaire,  construit  sur  un  éperon, 
possède  plusieurs  salles  ornées  de  panneaux  décoratifs  dus  au 
peintre  Hourtal.  De  la  terrasse,  on  jouit  d'une  belle  vue  sur  le 
melJah  et  Fès  Djedid. 

Un  chemin  tortueux  et  en  pente  ramène  au  mellah  par  Sidi 
Bou  Nafa,  ou  à  la  porte  Neuve  de  Bou  Jeloud  par  le  chemin 
de  la  Résidence. 

VnJ.  —  Tour  de  Tès, 

12  k.  env.  en  2  h.  de  voiture.  —  Bonne  route,  très  pittoresque  et  très 
recommandée  surtout  vers  la  fin  du  jour.  Les  touristes  qui  n'auraient 
pas  le  temps  de  faire  le  tour  entier  se  rendront  seulement  aux  tom- 
beaux mérinides. 

De  Porte  Neuve  de  Bou  Jeloud  à  laMakina,  p.  219.  —  Au  delà 
du  Mechouar  de  la  Makina,  on  franchit  Bab  Segma.  L'ancienne 
porte,  ouvrage  mérinide,  qui  se  trouvait  quelques  m.  à  l'E.  de 
la  porte  actuelle,  était  flanquée  de  deux  hautes  tours  octogo- 
nales; celle  du  S.  seule  subsiste.  Un  marché  est  établi  entre 
les  deux  portes.  A  l'extérieur,  à  g.,  se  trouvent  appuyés  contre 
les  remparts  :  le  marabout  de  Lalla  Segma,  sainte  qui  a  donné 
son  nom  à  la  porte,  et  un  bassin  où  on  lavait  autrefois  les 
morts  avant  de  les  enterrer. 

On  tourne  à  dr.  pour  faire  le  tour  de  la  kasba  des  Gherarda 
(p.  219).  De  l'angle  N.-O.  très  belle  vue  sur  le  Dar  El  Makhzen, 
Fès  Djedid  et  Dar  Debibagh.  On  traverse  ensuite  l'emplace- 
ment du  souk  el  Khemis,  marché  aux  bestiaux  du  jeudi  (p.  219), 
au  N.  duquel  se  trouvent  d'anciennes  carrières. 

La  route  va  vers  l'E.  laissant  à  dr.  le  Bordj  Nord  (en  ar.  : 
bestioune),  construit  comme  le  Bordj  Sud  (p.  224)  qu'on  aperçoit 
en  face, sur  ordre  du  sultan  saadien  Ahmed  El  Mansour  Ed  Dehbi 


FÈS. 


[26]  —  223 


vers  1588  par  des  esclaves  chrétiens,  bien  plutôt,  semble-t-il, 
pour  tenir  en  respect  les  habitants  de  la  ville  que  pour  les 
défendre. 

La  route  se  développe  en  corniche  en  haut  de  falaises  à  pic, 
dans  une  région  de  fours  à  chaux,  puis  fait  un  tournant  brusque 
vers  le  N. 

On  mettra  pied  à  terre  au  tournant  pour  avancer  jusqu'au 
(100  m.)  fort  Chardonnet,  construit  en  1912  à  côté  des  anciens 
"^tombeaux  mérinides  (xiv®  s.).  Ceux-ci  étaient  d'immenses 
koubbas,  aujourd'hui  entièrement  délabrées,  qui  se  trouvaient 
encore  en  excellent  état  à  l'époque  de  Léon  l'Africain  (xv!*"  s.). 
—  De  ce  point,  *vue  admirable  sur  Fès  El  Bali,  qui  se  révèle 
tout  entier,  et  la  vallée  du  Sebou.  Les  murs  qui  protègent  la 
ville  au  pied  du  fort  sont  les  plus  anciens  de  Fès;  quelques 
pans  remontent  à  l'époque  almohade  (xii^  s.). 

On  descend  ensuite  par  une  large  courbe  sur  le  flanc  d'un 
coteau  boisé  d'arbres  fruitiers,  en  aval  du  cimetière  de  Bah 
Guissa,  et  d'une  rangée  de  grottes  creusées  dans  la  falaise  et 
en  amont  des  koubbas  de  Sidi  Mohammed  Bel  El  Hassene  et  Sidi 
Abd  Allah  Et  Tsaoudi.  On  s'avancera  jusqu'à  Bab  Guissa,  due 
à  Adjissa,  l'un  des  fils  de  l'émir  zénète  Donnas  Adjissa;  elle  a 
été  restaurée  par  ordre  d'Abou  Youssef  Ben  Abd  El  Hakk, 
sultan  mérinide;  l'arc  extérieur  n'aurait  pas  été  retouché  alors. 

Sur  le  flanc  dr.  et  extérieur  de  la  porte,  se  tient  tous  les 
soirs  à  partir  de  16  h.,  un  "^conteur  arabe  entouré  d'auditeurs 
groupés  sur  l'amphithéâtre  naturel,  très  pittoresque,  qui  longe 
les  fortifications. 

A  l'intérieur  s'élève  la  mosquée  de  Bab  Guissa  (auvent  sculpté 
et  peint)  attenante  à  une  médersa  restaurée  par  Sidi  Mohammed 
(fin  du  xvni*  s.).  Sur  le  coteau  situé  en  arrière  de  la  mosquée 
et  de  la  médersa,  à  l'intérieur  des  murs,  se  trouve  le  cimetière 
de  Sidi  Mzali,  d'où  l'on  a  une  "^vue  magnifique  sur  la  ville.  Le 
quartier  qui  s'étend  au  pied  du  cimetière  est  dit  Fondouk  El 
Ihoudi  :  c'est  là  que  résidaient  autrefois  les  juifs  avant  la 
création  du  mellah  de  Fès  Djedid  (xni®  s.). 

En  mai  1912,  Bab  Guissa  fut  le  théâtre  d'un  sanglant  combat.  C'est  là 
que  le  poste  commandé  par  le  lieutenant  Chardonnet  fut  pris  entre 
deux  feux  par  les  Berbères  qui  avaient  envahi  la  partie  haute  du  cime- 
tière des  Mérinides  et  le  minaret  de  la  mosquée.  L'officier  et  plusieurs 
de  ses  hommes  trouvèrent  la  mort  au  cours  de  leur  héroïque  défense. 

De  Bab  Guissa  on  peut  se  rendre  :  1°  au  (500  m.)  souk  Attarine  (p.  209) 
par  une  rue  à  peu  près  directe  qui  dévale  entre  de  nombreux  fondouks 
et  des  souks  populeux;  —  2o  à  (1,500  m.)  Porte  Neuve  de  Bou  Jeloud 
(p.  205}  par  le  fondouk  El  Ihoudi,  aujourd'hui  quartier  des  huileries,  et 
l'artère  du  Tala. 

La  descente  continue  aux  abords  des  ravins  magnifiques  de 
l'oued  Malah,  peuplés  d'une  végétation  luxuriante  qui  cache 
de  vieux  ponts  et  un  ancien  aqueduc  moussus. 

On  franchit  l'oued  Malah,  dont  les  eaux,  assez  considérables 
en  temps  de  crue,  contiennent  des  sels  nuisibles  aux  maçon- 


224  —  [26] 


FÈS. 


neries,  sur  un  pont  de  15  m.  d'ouverture,  constitué  par  une 
douelle  unique  sur  laquelle  reposent  6  voûtelettes  d'élégisse- 
ment  donnant  à  l'ouvrage  le  caractère  de  légèreté  qui  convient 
au  site  admirable  qui  l'encadre. 

Le  Zalagh  (p,  227,  2°)  aux  flancs  d'abord  boisés,  puis  dénudés, 
se  dresse  au  N.  . 

On  traverse  bientôt  le  pont  dit  Kantra  Ben  Tato  jeté  sur  l'oued 
Fès  au  moment  où  il  a  reçu  toutes  les  ramifications  qui  ont 
abreuvé  et  drainé  la  ville  entière. 

Ce  pont,  construit  en  1917,  comporte  une  arche  en  anse  de  panier  do 
18  m.  d'ouverture  comprise  entre  deux  fortes  culées  évidées  par  des 
plein-cintres  de  7  m.  L'ouvrage  avec  ses  deux  anneaux  réunis  par  une 
dalle  nervée  en  béton  armé  appartient  au  style  connu  et  imaginé  par 
l'ingénieur  français  Séjourné. 

Tout  près,  à  g.,  vieux  pont  d'une  arche  en  dos  d'âne,  aux 
parois  décorées,  très  intéressant. 

Au  delà  du  fleuve,  la  route  remonte  en  lacets  dans  les  jar- 
dins à  1  k.  des  murs  et  du  quartier  de  Sidi  Bou  Jida,  rejoint  la 
route  nationale  de  Fès  à  Taza,  au  pied  de  la  koubba  de  Sidi 
Harazem,  à  proximité  de  Bab  Fetouh  et  du  cimetière  de  même 
nom. 

«  Sidi  Ali  Ben  Harazem  vécut  au  xii«  s.  Il  fut  en  son  temps  un  savant 
d'une  éloquence  et  d'une  réputation  telles  que  les  djinns  (génies)  eux- 
mêmes  ne  dédaignaient  point,  d'après  la  légende,  d'assister  invisibles  à 
ses  cours  à  Karouiine  et  reconnaissaient  l'autorité  de  sa  science.  Aussi 
les  personnes  dont  la  raison  commence  à  se  troubler,  et  qui  s'imaginent 
être  tourmentées  par  ces  malfaisants  génies,  vont-elles  en  pèlerinage  à 
Sidi  Harazem.  Moulay  Rechid,  le  fondateur  de  la  dynastie  actuelle  fut, 
après  sa  mort,  transporté  de  Marrakech  à  Fès  afin  d'être  enseveli 
auprès  du  célèbre  marabout  pour  lequel  il  avait  une  grande  vénération. 
C'est  en  son  souvenir  que  les  tolba  se  réunissent  à  Sidi  Harazem  lors 
de  l'élection  annuelle  de  leur  sultan  »  (H.  Gaillard).  Cette  élection  a  lieu 
en  avril  de  chaque  année. 

Le  cimetière  de  Bab  Fetouh  (à  voir  surtout  le  vendredi), 
disposé  en  amphithéâtre  sur  5  à  600  m.  de  profondeur,  au  S. 
de  la  route,  renferme  les  koubbas  des  plus  célèbres  professeurs 
qui  illustrèrent  l'Université  de  Karouiine.  Au  sommet  de  la 
colline, 'à  proximité  de  la  msalla  du  Pacha,  se  trouvent  les  mau- 
solées des  Sebaatou  ridjal,  «  des  sept  hommes  »,  marabouts  ano- 
nymes dont  la  bénédiction  est  très  recherchée  des  fldèles.  Le 
cimetière  reçoit  le  vendredi  de  nombreuses  visites  de  femmes  i 
musulmanes;  il  est  alors  plus  animé  et  gagne  en  pittoresque.  ' 
La  *vue  qu'on  y  a  sur  Fès  est  très  attachante. 

De  Bab  Fetouh,  on  peut  rejoindre  directement  le  point  de  départ  en 
traversant  la  ville,  à  pied  ou  à  monture.  11  suffit  de  suivre  en  sens 
inverse  l'itinéraire  IV  (p.  216). 

En  poursuivant  l'itinéraire  à  l'extérieur  des  murs,  on  passe 
au  pied  du  Bordj  Sud  construit  à  la  même  époque  que  le 
Bordj  Nord  (p.  222),  De  ce  point  encore,  *vue  ravissante  sur  Fès 
qui  prend  un  aspect  nouveau  :  à  dr.*  cascade  de  terrasses 


FÈS. 


[26]  —  225 


I  innombrables;  à  g.,  ravin  magnifiquement  boisé  qu'irrigue  une 
boucle  de  l'oued  Fès,  l'oued  Zitoun;  au  milieu,  à  l'intérieur 
des  murs,  grandes  maisons  dites  Dar  Glaoui,  Dar  Mokri,  Dar 
Ben  Slimane,  du  nom  de  leurs  riches  propriétaires  (p.  216). 
La  route  descend  ensuite  dans  le  ravin  de  l'oued  Zitoun. 

Du  fond  du  ravin,  une  bifurcation  allan.t  à  Bab  Hadid  (p.  208)  passe 
{^dO  m.)  devant  Bab  Djedid  qui  livre  passage  à  la  fois  à  un  chemin  et 
à  l'oued  Khrareb,  dans  un  magnifique  cadre  de  verdure.  Le  rempart 
porte  en  outre  une  canalisation  due  au  Mérinide  Abou  El  Hassane  Ali 
et  dont  les  eaux  vont  alimenter  la  médersa  Sahrij  (p.  217)  et  le  quartier 
avoisinant. 

En  remontant  le  ravin  de  l'oued  Zitoun,  on  passe  de  la 
rive  dr.  à  la  rive  g.  sur  Én  pont  devant  Vusine  électrique.  Ce 
pont  comporte  une  voûte  elliptique  de  12  m.  de  portée  encadrée 
par  deux  culées  vigoureuses.  Le  sol  des  fondations  ne  pouvant 
supporter  de  fortes  pressions,  on  a  dû  élégir  l'ouvrage  en  le  divi- 
sant en  3  anneaux  reliés  par  un  tablier  en  béton  armé.  La  tète 
aval  est  dotée  d'une  archivolte  double,  directement  prolongée 
par  les  murs  des  tympans  :  cette  disposition  est  commune  à 
l'art  roman  de  nos  cathédrales,  de  nos  ponts  du  moyen  âge  et 
même  à  l'art  arabe,  qui  offre  quelques  spécimens  d'ouvrages  ainsi 
constitués.  —  C'est  à  travers  ce  ravin  que  le  bataillon  Philippeau 
est  monté  à  l'assaut  de  la  ville  révoltée  le  17  avril  1912. 

Les  ouvrages  en  aval,  destinés  à  la  répartition  des  eaux  de 
l'oued,  ont  été  construits  par  Moulay  Rechid  (xvii"  s.). 

Plus  haut,  on  croise  un  ancien  aqueduc  aux  lignes  étranges, 
on  traverse  la  pépinière  municipale  (p.  208)  et  l'on  franchit 
l'oued  Gheracher,  qui  vient  de  Fès  Djedid,  sur  un  pont,  ouvrage 
mixte  donnant  passage  à  la  fois  à  l'égoût  collecteur  de  la  ville 
européenne  et  au  Boulevard  Sud,  se  composant  de  deux  voûtes 
aux  arcs  d'inégales  ouvertures  :  la  voûte  d'amont  plus  basse, 
plus  vigoureuse,  d'une  portée  de  18  m.,  supporte  l'égoût  collec- 
teur; la  voûte  aval,  grêle,  haute  et  d'une  portée  de  25  m. 
donne  appui  à  un  plancher  en  béton  armé.  La  chaussée  est 
établie  sur  l'ensemble.  Les  deux  anneaux  sont  élégis  par  des 
plein-cintres  de  4  m.  d'ouverture. 

On  longe  les  jardins  en  contre-bas  du  mellah  et  du  cimetière 
(p.  221)  et  on  remonte  dans  les  jardins  d'Ain  Khemis  (p.  221), 
destinés  à  être  englobés  dans  un  jardin  public. 

Avant  la  montée,  remarquer,  à  dr.,  le  pont-aqueduc  de  17  m. 
de  portée,  lancé  sur  l'oued  Zitoun,  au  pied  du  mellah.  L'ouvrage 
porte  l'égoût  de  la  ville  nouvelle,  posé  sur  une  dalle  en  béton 
armé  établie  en  encorbellement  sur  les  deux  têtes  de  pont 
élégies  par  des  plein-cintres. 

La  route  passe  en  vue  de  Bab  Lamer  et  sous  l'aqueduc  ame- 
nant l'eau  de  Dar  Debibagh  à  Fès  Djedid,  court  à  l'O.  des 
remparts  limitant  les  jardins  du  Dar  El  Makhzen,  traverse 
l'oued  Fès  à  Kantra  Touila,  atteint  le  rond-point  de  la  route 
de  Meknès  à  proximité  de  la  fp.rme  expérimentale  d'Ain 
Kadous  (on  peut  visiter). 

MAROCi  i  H 


226  —  [27]  ENVIRONS  DE  FÈS. 


Cette  ferme,  d  une  superficie  de  600  hect.,  s'étend  de  part  et  d'autre 
de  la  route  de  Meknès.  Elle  a  pour  but  de  hâter  les  progrès  agricoles 
dans  la  région  de  Fès  :  P  en  vulgarisant  les  méthodes  de  culture  qui 
ont  fait  leurs  preuves  en  Algérie-Tunisie;  2"  en  expérimentant  l'intro- 
ductioû.  l  acclimatement  et  la  sélection  des  plantes,  des  animaux  domes- 
tiques susceptibles  d'améliorer  et  d'intensifier  les  ressources  du  pays; 
3^  en  contribuant  à  Tinstruction  professionnelle  de  contremaîtres  et 
d'ouvriers  indigènes. 

La  Ferme  expérimeniale  a  disposé  au  début  d'une  main-d'œuvre 
fournie  par  30  territoriaux  du  1-28®  régiment  territorial  d'infanterie 
appartenant  à  diverses  professions  agricoles,  encadrés  par  des  officiers 
et  sous-officiers  ingénieurs  agricoles.  Ces  praticiens  initient  les  ouvriers 
indigènes  au  maniement  des  charrues,  au  pansage  des  animaux,  à  la 
conduite  des  instruments  aratoires  et  àia  pratique  agricole. 

Par  la  suite,  la  Ferme  expérimentale  é^luera  vraisemblablement  dans 
la  voie  d'une  Ferme-école,  où  les  élèves  pourront  acquérir  les  notions 
indispensables  à  l'exploitation  rationnelle  du  sol.  Elle  recevra  en  outre, 
à  titre  de  stagiaires,  les  Français  désireux  de  s'installer  dans  la  région. 

Les  améliorations  apportées  à  la  propriété,  outre  la  régénération  des 
prairies,  la  plantation  de  3.000  arbres  divers,  le  captage  des  eaux  de 
la  source  d'Ain  Kadous,  comprennent  la  mise  en  culture  de  '^OO  hect. 
de  terre.  Dès  1917,  il  a  été  procédé  à  des  essais  culturaux  qui  ont  porté 
sur  le  blé,  le  maïs,  l'orge,  l'avoine,  le  sorgho,  les  fèves,  les  vesces,  les 
pommes  de  terre,  la  betterave  et  le  coton. 

Du  rond-point,  la  route  repart  franchement  vers  l'E.  pour 
rentrer  en  ville  par  Bab  Segma  et  Bab  Dekakene. 

De  Fès  a  Knitra  et  a  Arbaoua  par  le  col  de  Seggota,  p.  173  et  175; 
—  A  Maknès,  p.  198;  —  a  Taza,  p.  232;  —  a  Tanger,  p.  299. 


27.  —  ENVIRONS  DE  FÈS 

Dans  ce  chapitre  sont  décrites  les  excursions  à  faire  aux  environs 
immédiats  et  quelque,  peu  éloignés  de  Fès.  —  On  ne  saurait  assez 
recommander  aux  touristes  de  consacrer,  s  ils  le  peuvent,  plusieurs  jours 
aux  excursions  les  plus  proches.  Ils  remporteront  un  souvenir  enchan- 
teur de  cette  région  si  pittoresque,  où  l'on  découvre  des  points  de  vue 
incessamment  variés  sur  la  capitale  millénaire,  sur  la  grande  plaine  du 
Sais  et  la  large  vallée  du  Sebou. 

Conseils  pratiques.  —  Pour  les  promenades  n'excédant  pas  12  à  15  k., 
on  fera  avec  avantage  usage  du  cheval  ou  surtout  du  mulet  (5  fr.  la 
demi-journée,  10  fr.  la  journée  entière,  pourboire  au  conducteur; 
s'adresser  aux  Services  municipaux).  Pour  les  excursions  plus  lointaines, 
l'automobile  est  plus  rapide  et  plus  pratique  (1  fr.  25  à  1  fr.  50  le  k.  ; 
s'adresser  aux  chaulTeurs  du  mellah  et  de  la  ville  nouvelle). 

1°  Ksar  des  Beni  Nerine. 

2  k.  N.  —  Chemin  muletier. 

Sortir  par  Bab  Mahrouk  (p.  2LS),  passer  devant  la  kasba  des 
Gherarda  (p.  219),  monter  directement  au  N.  en  longeant  à  l'E. 
les  anciennes  carrières  et  en  s'enioncant  dans  les  jardins  d'oli- 


KSAR  DES  BENI  MERINE.  -  ZALAGH,  [27] 


—  227 


viers  ou  se  trouvent  de  nombreux  et  très  curieux  fours  à  chaux 
dont  le  seul  combustible  est  le  palmier  nain. 

2  k.  Ruines  du  Ksar  des  Beni  Merine,  sur  une  éminence 
de  terrain  séparée  du  Zalagh  à  l'E.  par  une  profonde  vallée. 
La  vue  est  très  belle  sur  Fès  et  les  environs. 

Du  vieux  palais^  dit  des  Mérinides  par  les  indigènes,  il  ne 
reste  que  les  fondations.  11  n'est  pas  établi  d^ailleurs  que  cette 
origine  soit  bien  certaine;  on  se  croirait  plutôt  sur  l'emplace- 
ment d'une  ancienne  kasba  démantelée. 

A  200  m.  N.-O.,  sur  une  hauteur  voisine,  s'élève  le  fort  Bour- 
donneau,  d'où  le  ^panorama  est  encore  plus  étendu. 

2"  Le  Zalagh. 

8  k.  N.-E.  —  Piste  accessible  seulement  aux  piétons  et  aux  montures; 
1  bonne  heure  à  dos  de  mulet.  Recommandé  aux  amateurs  d'alpinisme. 

Sortie  par  Bab  Guissa  (p.  223).  Descente  par  la  route  du  Tour 
de  Fès  jusqu'au  fond  de  la  vallée  de  l'oued  Malah,  puis  montée 
par  un  chemin  en  lacets  qui  escalade  le  Zalagh  vers  l'E. 

Le  Zalagh  (en  berbère  :  le  bouc)  est  une  arête  rocheuse  de 
892  m.  d'alt.  qui  s'étend  en  forme  de  dos  de  poisson  sur  une 
longueur  de  3  k.  La  *vue  s'étend  au  S.  sur  Fès,  la  plaine  du 
Sais  jusqu'aux  montagnes  de  Sefrou,  la  vallée  du  Sebou  et  le 
mont  Kansara,  à  l'E.  sur  le  pays  très  accidenté  de  Hyaina  et 
au  N.  sur  la  région  du  Lemta,  très  boisée  et  bien  cultivée. 

Cette  excursion  peut  se  combiner  avec  la  suivante,  qui  en  est  le  com- 
V  plément.  Le  trajet  n'est  allongé  que  de  quelques  k. 

^  3°  Sidi  Ahmed  El  Bernoussi. 

11  k.  N. —  Piste,  accessible  seulement  aux  piétons  et  aux  montures; 
1  h.  30  à  dos  de  mulet.  Recommandé  surtout  à  l'époque  du  moussem 
de  mai. 

Sortir  par  Bab  Guissa  (p.  223)  et  prendre  à  500  m.  plus  loin, 
au  delà  du  marabout  de  Sidi  Mohammed  Ben  El  Hassene 
(p.  223),  la  piste  qui  conduit  directement  au  sommet  de  la  mon- 
tagne après  une  montée  au  travers  de  coteaux  céréalifères, 
puis  de  vergers,  de  vignes  et  d'oliviers,  enfin  de  pentes  rocail- 
leuses et  abruptes. 

La  KOUBBA  DE  SiDi  Ahmed  El  Bernoussi,  «  le  gardien  de 
Moulay  Idris  »,  s'élève  à  750  m.  d'alt.,  derrière  la  crête,  au 
milieu  d'un  bosquet  de  térébinthes.  Magnifique  point  de  vue 
au  S.  sur  Fès  et  au  N.  sur  le  Lemta,  région  extrêmement 
mouvementée,  fort  bien  cultivée  par  les  tribus  des  Hamyane 
et  justement  renommée  pour  ses  excellents  fruits  :  raisins, 
olives  et  oranges. 

Un  ^rand  moussem  ou  fête  populaire,  accompagné  de  repré- 
'  sentations  d'Aïssaoua  et  de  Hamadcha,  se  tient  chaque  année 
aux  abords  de  la  koubba,  en  mai. 


228  —  [27] 


ENVIRONS  DE  FÈS. 


4°  Le  Taghat. 

8  k.  N.-O.  —  Piste  muletière  accessible  seulement  aux  piétons  et  aux 
montures  ;  1  h.  30  à  dos  de  mulet. 

On  sort  par  Bab  Segma  (p.  222)  et  l'on  monte  aussitôt  à  dr., 
à  flanc  de  coteau,  près  d'un  ancien  cimetière  européen  et  de  la 
msalla  du  Sultan,  Cette  msaïla,  immense  oratoire  en  plein  air, 
est  délimitée  à  l'E.  par  un  long-  mur  rectiligne  au  milieu  duquel 
sont  aménagés  une  niche  «  mihrab  »  et  un  escalier  de  maçon- 
nerie «  minbar  »  où  se  dit  le  prône  ou  khotba  comme  dans  les 
mosquées  principales.  La  population  assiste,  nombreuse,  à" 
l'office  du  matin  de  l'Aid  Kebir  et  de  l'Aïd  Seghir,  office  que 
préside  le  sultan  lorsqu'il  est  présent  à  Fès,  ou  son  khalifa 
lorsqu'il  est  absent.  ' 

On  passe  ensuite  au-dessus  de  la  Ferme  expérimentale  (p.  226) 
et  le  chemin  se  poursuit  en  montée  légère  parmi  les  cultures 
et  les  oliveraies. 

Le  Taghat  (en  berbère  :  la  chèvre)  est  un  sommet  arrondi 
de  831  m.  d'alt.  d'où  l'on  a  un  beau  point  de  vue  sur  la  cam- 
pagne de  Fès.  Au  pied  du  versants,  s'aperçoivent  les  deux  étangs 
de  Douiats;  plus  loin,  dans  la  plaine,  apparaît  la  vieille  kasba 
de  Ras  El  Ma  où  l'oued  Fès  prend  sa  source  (F.  ci-dessous,  5°). 
A  l'E.,  se  creuse  la  vallée  du  Sebou  et  au  N.-E.  s'étend  le 
Lemta  {V.  ci-dessus,  3°). 

5^  Ras  El  Ma. 

12  k.  0.  —  Route,  puis  piste  autocyclable  par  beau  temps. 

On  sort  par  Bab  Segma  (p.  222)  pour  suivre  la  route  de  Meknès 
jusqu'au  delà  de  Nzala  Faradji  (p.  198)  d'où  une  piste  à  g. 
conduit,  au  milieu  des  cultures  et  des  terrains  couverts  de 
palmier  nain,  à  Ras  El  Ma,  «  la  tête  de  l'eau  ». 

L'oued  Fès  sort  de  terre  sous  forme  de  deux  gros  ruisseaux 
qui  s'écoulent  dans  des  fonds  verdoyants  et  se  réunissent  plus 
bas  pour  ne  former  qu'un  seul  cours  d'eau.  De  Tune  des 
sources,  l'eau  tombe  en  cascade  d'une  petite  grotte  au-dessus 
de  laquelle  se  dresse  une  vieille  kasba  abandonnée.  C'est  là 
qu'autrefois  les  mehallas  chérifiennes  établissaient  leur  premier 
campement  à  leur  sortie  de  Fès. 

La  propriété  avoisinante,  cédée  en  1918  à  une  société  pour 
l'élevage  et  la  culture,  a  3,000  hect.  de  superficie  et  s'est  vendue 
915,000  fr. 

Moulay  Yakoub. 

•22  k.  N.-O.  —  Bonne  route  n'^  3  Fès-Knitra  sur  12  k.,  puis  piste  auto- 
cyclable par  beau  temps. 

Sortie  par  Bab  Segma  (p.  222)  et  la  route  de  Meknès  jusqu'au 
k.  12.  —  La  piste  se  détache  à  dr.  dans  la  région  de  Bouïeb  Er 
Rih,  gravit  la  colline  qui  prolonge  le  Taghat  (V.  ci-dessus, 
à  l'O.,  passe  au  douar  des  Sedjaa.  Des  hauteurs  on  jouit,  sur  !« 


MOVLAY  YAKOUB.  —  SIDI  HABAZEM.    [27]  —  229 


plaine  du  Sais  et  les  montagnes  qui  la  dominent  au  S,,  d'un 
beau  panorama.  Vers  TE.  on  aperçoit  les  sommets  neigeux  des 
Beni  Ouaraine.  A  l'O.  et  au  N.  terrains  mouvementés  que 
surveille  le  massif  bleu  du  Zerhoun  (p.  193).  Après  avoir 
contourné  plusieurs  crêtes,  on  atteint,  au  bas  d'une  descente 
abrupte  (laisser  les  autos  à  mi-pente)  Moulay  Yakoub. 

22  k.  Moulay  Yakoub,  petit  village  berbère  de  quelques 
centaines  d'habitants,  en  aval  du  tombeau  du  saint  et  d'une 
source  d'eau  très  sulfurée  sodique  avec  hydrogène  sulfuré  libre 
d'une  température  de  52°5.  Celle-ci  alimente  un  bassin  où 
viennent  dans  la  bonne  saison  se  baigner  des  indigènes  atteints 
de  maladies  de  peau,  notamment  de  syphilis.  Un  pavillon  con- 
tenant 4  salles  a  été  construit  en  1917  pour  les  Européens  et 
les  notables  indigènes  (pas  d'hôtellerie).  —  Au  printemps  et 
en  automne,  la  station  thermale  est  particulièrement  fré- 
quentée. Un  moussem  populaire  s'y  tient.  C'est  là  qu'on  peut 
voir  les  plus  importantes  réunions  bédouines  de  la  région. 

Les  habitants  de  la  région  attribuent  la  construction  primitive  des 
bains  à  l'émir  almohade  Yakoub  El  Mansour,  qui  mourut  en  1198. 

7  '  Sidi  Harazem. 

12  k.  E.  —  Bonne  route  principale  n^  15  jusqu'à  2  k.  du  point  d'arrivée  ; 
'  chemin  muletier  sur  le  reste  du  trajet,  carrossable  par  temps  sec. 

On  sort  par  Bab  Fetouh  (p.  217)  et  l'on  remonte  la  vallée  du 
Sebou  par  la  rive  g.  en  laissant  sur  la  droite  les  sommets  du 
Jellek  et  Asfa. 

10  k.  Dardara,  petit  village  indigène,  à  500  m.  de  la  rive  g. 
du  Sebou,  à  proximité  du  pont  de  Mesdoura,  très  important 
ouvrage  qui  se  compose  de  3  arches  :  une  arche  centrale  de 
35  m.  de  portée,  encadrée  par  deux  autres  de  même  forme,  de 
30  m.  La  longueur  totale  est  ainsi  de  110  m.  et  la  largeur  de 
6  m.  50  entre  parapets.  Chaque  arche  est  composée  de  3  anneaux 
de  1  m.  60  de  largeur  séparés  par  des  vides  de  1  m,  10,  au-dessus 
desquels  sont  posées,  pour  supporter  la  chaussée,  des  dalles  en 
béton  armé.  L'ouvrage  est  fondé  sur  une  couche  d'argile  très 
dure  trouvée  à  une  profondeur  moyenne  de  3  m.  50  au-dessous 
du  lit  de  la  rivière;  construit  en  dix-huit  mois,  il  a  été  achevé 
en  mars  1918. 

On  abandonne  la  vallée  pour  s'engager  à  dr.  dans  une  gorge 
qui  lui  est  perpendiculaire. 

12  k.  Sidi  Harazem,  petit  village  berbère  bâti  sur  les  flancs 
d'un  coteau.  Les  huttes  de  branchages  et  de  terre  qui  le  com- 
posent sont  curieusement  couronnées  de  nids  de  cigognes.  Au 
pied  du  village  se  trouve  le  marabout  de  Sidi  Harazem,  auprès 
de  la  source  du  même  nom,  d'où  jaillit  une  eau  chaude  (35*^)  riche 
en  gaz  carbonique  et  dans  laquelle  viennent  se  baigner  de 
nombreux  malades.  Un  magnifique  bouquet  de  palmiers 
ombrage  la  source  et  la  koubba  du  saint. 


230  —  [27]  ENVIRONS  DE  FÈS. 


8°  Sefrou. 

33  k.  S  -E.  —  Piste  à  profil  ondulé  carrossable  par  beau  temps.  Route  en 
construction.  (Emporter  son  repas  si  l'on  tient  à  déjeuner  à  Sefrou  où 
il  n'y  a  pas  d'hôtel.)  Très  recommandé. 

Sortie  par  le  chemin  de  la  Résidence  qui  se  prolonge  vers 
Bab  Hadid  si  l'on  part  de  Porte  Neuve  de  Bou  Jeloud,  et  par 
Bab  Lamer  si  Ton  vient  de  la  place  du  Commerce.  Au  delà  du 
ravin  de  l'oued  Zitoun,  suivre  la  route  de  Taza  sur  400  m.  et 
s'engager  sur  la  piste  de  Sefrou,  à  dr. 

1  k.  5.  On  remonte  la  vallée  de  l'oued  Mekares  pour  atteindre 
la  plaine  surélevée  du  Sais  (p.  198).  On  passe  à  la  limite  des 
terrains  des  Ouled  El  Hadj  à  dr.  et  des  Gherarda  à  g. 

12  k.  Aïn  Hanech.  —  20  k.  Aïn  Smar.  —  22  k.  Oued  Ghegaga. 

Piste  à  dr.  sur  Bhalil  (  V.  ci-dessous). 

24  k.  Sidi  Yahia. 

33  k.  Sefpou,  ville  indigène  située  au  pied  de  la  montagne, 
sur  l'oued  Sefrou,  à  900  m.  d'alt.,  peuplée  de  9,900  âmes,  dont 
50  français  et  3,000  Israélites.  Encadrée  dans  une  épaisse  oasis 
d'arbres  fruitiers,  où  croissent  à  la  fois  les  essences  de  la  zone 
méditerranéenne  et  des  régions  plus  tempérées  notamment  le 
cerisier. 

La  ville  comprend  les  quartiers  arabes  de  Taksebt  ei  Chebbak 
au  N.,  de  la  Kasba  à  l'E.,  de  Mesbah  et  de  Zemrita  au  S.,  enser- 
rant le  Mellah  de  toutes  parts.  Une  haute  enceinte,  datant  du 
xixe  s.,  en  fait  le  tour. 

Histoire.  —  Au  début  de  l  ère  musulmane,  les  Ahel  Sefrou  occupaient 
des  points  échelonnés  le  long  de  l'oued  Aggaï  et  de  la  rivière  qui  porte 
aujourd'hui  le  nom  d'oued  El  Ihoudi.  Pendant  la  construction  de  la  ville 
de  Fès  (début  du  ix«  s.),  Moulay  Idris  réussit  à  convertir  les  habitants 
de  Hahouna  (emplacement  actuel  de  Sefrou)  et  des  environs  immédiats. 
La  ville  avait  déjà  quelque  importance  au  xii^  s.  Vers  le  xiii«  s.,  la 
colonie  juive,  venue  du  Tatilalet,  du  Sud  algérien  et  de  Debdou,  fut 
installée  dans  le  mcUah  actuel.  La  ville  eut  toujours  beaucoup  à  soutïrir 
des  Berbères  et  de  ses  caïds.  Sefrou  a  été  occupée  par  les  troupes  cho- 
riftennes  (Colonne  Moinier)  en  1911,  et  par  les  troupes  franc-aises  av(^ 
le  général  Gouraud  en  191-2.  m 

Les  points  les  plus  pittoresques  de  la  ville  sont  le  *rai5m  fl 
Voued  Sefrou,  que  les  laveuses  juives  animent  tout  le  jour,  efj 
plus  en  amont,  les  gorges  boisées  du  même  cours  d'eau  qui 
descend  en  cascades  multiples.  A  400  m.  à  PO.  et  à  vol  d'oiseau 
de  la  ville,  sur  un  sommet  qui  la  commande,  est  situé,  à  côte 
du  marg,bout  de  Sidi  Serrine,  le  fort  Prioa  (accessible  en  auto) 
d'où  l'on  jouit  d'un  *coup  d'oeil  magnifique  sur  les  environs. 
Des  chemins  permettent  entin  de  faire  le  tour  des  vergers  en 
quelques  minutes  d'automobile. 

Environs.  —  A  4  k.,  par  une  très  intéressante  piste  muletière  dam 
les  montagnes,  Bhalil  («  les  sots  »)  serait  ainsi  dénommé,  prétendent  lef 
indigènes,  parce  que  ses  habitants  croient  descendre  des  chrétiens  ;  \li 
nient  toute  origine  arabe  ou  berbère.  Le  village,  de  3,800  hab.,  est  étage 


SEFROU.  —  MOULAY  BOU  CHTA.    [27]  —  231 


dans  une  faille  de  la  falaise  qui  tombe  à  pic  sur  le  plateau.  Le  groupe 
de  la  source,  de  la  mosquée  et  d'une  huilerie  voisine,  que  dominent 
de  grands  peupliers,  est  très  pittoresque.  Les  cultures  de  la  région 
soAt  importantes  et  s'étendent  encore  grâce  au  défrichement  récent  des 
terres  qui  avoisinent  Aïn  Smar. 

DE  SEFROU  A  ALMIS  (53k.  S.;  piste  carrossable  par  beau  temps;  un  - 
permis  de  circulation  délivré  par  l'autorité  militaire  est  indispensable). 

—  9  k.  Kasba  de  Mesdou. 

19  k.  Anosseur,  poste  militaire  à  1,450  m.  d'alt.  —  23  k.  Passage  de 
l'oued  Amekla.  Après  Rechoua,  plaine  de  Tignas,  puis  montée  en 
pente  douce.  —  38  k.  Col  Abaknanès  et  défilé  étroit  dans  une  forêt  de 
cèdres. 

53  k.  Almis  (p.  197),  dans  la  vallée  de  l'oued  Guigou. 

D'Almis  une  piste  conduit  à  (14  k.  N.-E.)  Taghzout,  poste  militaire 
créé  en  juin  1916.  Muletière  à  partir  de  ce  point,  elle  se  prolonge  en 
suivant  l'oued  Bou  El  Marie,  très  encaissé  entre  des  pentes  boisées  que 
dominent  à  g.  les  contreforts  du  Djebel  Tchioukt.  —  26  k.  Aït  Raho.  — 
30  k.  El  Merdja.  On  traverse  ravins  et  rochers.  —  50  k.  Ennjil,  kasba. 

—  59  k.  7\/jam.  Nombreuses  kasbas.  —  75  k.  Maghder  Soltane,  source 
peu  abondante.  —  91  k.  Kasbat  Et  Malchzen  (p.  198). 

D'Almis  à  Timhadit,  p.  197. 


9°  Moulay  Bou  Chta. 

55  k.  N.  —  Piste  muletière  à  profil  accidenté. 

Sortie  par  Bab  Segma  (p.  222).  —  2  k.  5.  Oued  Malah  très 
BQcaissé.  —  12  k.  Djebel  Keskeb. 

15  k.  Oued  Dreirat.  —  20  k.  On  suit  les  pentes  0.  du  Djebel 
Halloui. 

34  k.  Gué  sur  l'oued  Sebou,  large  à  cet  endroit  de  100  m.  et 
profond  de  40  cm.  en  été. 

35  k.  Bou  Reïs.  —  38  k.  Oued  Bou  Ghabet.  —  43  k.  Oued 
Habbara.  —  46  k.  Dchar  Ali  et  jardins. 

55  k.  Moulay  Bou  Chta,  petite  ville  de  800  hab.,  dans  la 
tribu  des  Fichtala,  au  milieu  d'une  centaine  de  maisons  qu'a- 
voisinent  de  nombreuses  fermes,  et  où  s'élèvent  la  mosquée  et  le 
sanctuaire  de  Moulay  Bou  Chta  marqués  par  un  minaret  et  une 
koubba  verte.  Le  village  est  dominé  par  Tune  des  dents  du 
Djebel  Amergou,  falaise  de  300  m.  de  haut  d'où  la  vue  s'étend 
au  S.  sur  les  montagnes  de  Fès  et  de  Meknès,  a  l'O.  sur  les 
collines  des  Ouled  Djama. 

Au  sommet  du  piton  septentrional  de  la  chaîne  du  Djebel 
Amergou,  se  trouvent  les  ruines  de  l'ancienne  kasba  d' Amergou 
probablement  d'origine  berbère.  Une  enceinte,  de  370  m.  de 
pourtour,  de  1  m.  35  d'épaisseur,  de  5  m.  de  hauteur  maxima, 
épousant  les  sinuosités  du  rocher,  est  encore  visible.  Ginq 
portes,  renforcées  de  tours  creuses  ou  pleines,  la  transpercent. 
A  l'intérieur,  on  distingue  trois  cours,  dont  l'une  avec  citerne, 
l'autre  avec  magasins  (d'après  E.  Lévi). 

Variante.  —  Une  autre  piste,  qu'on  pourra  prendre  au  retour, 
conduit  de  Fès  à  (66  k.)  Moulay  Bou  Chta  par  (34  k.)  Dar  El  Baghdadi, 


232  —  [28]  DE  FÈS  A  TAZA, 

dans  la  tribu  des  Ouled  Djama  et  (48  k.)  Souk  Et  Tléta  des  Cheraga- 
marché  du  mardi.  ,  .  ^v-*- 

A  5  k.  N.  Fès  El  Bali,'^^  l'antique  Fès  »,  ruine  sur  laquelle  s  est  bati  un 
village  berbère  de  quelques  maisons.  Fès  El  Bali  serait  une  ancienne 
\[\\e,  Taouda,  bâtie  par  les  Almoravides  au  xi«  s.,  détruite  au  commen- 
cement du  xvie  par  le  premier  saadien  Abou  Abd  Allah  El  Qaim  Biamn 
Allah.  Les  ruines  couvrent  une  superficie  de  plusieurs  hect.  et  con- 
sistent en  pans  de  murs  hauts  de  3  à  5  m.,  en  un  hammam  rectangulaire 
divisé  en  trois  chambres  surmontées  de  trois  voûtes  (E.  Lévi). 

A  15  k.  E.  El  Kelaa  des  Slès  {V.  ci-après). 

,10°  El  Kelaa  des  Slès.  ^ 

go  k.  N.  —  Piste  carrossable  en  été  seulement.  m 

Sortie  par  Bab  Guissa  (p.  223);  on  suit  la  route  du  Tour  de 
Fès  jusqu'au  delà  du  vieux  pont  de  Kantra  Ben  Tato  (p.  224) 
pour  prendre  la  piste  qui  contourne  le  Zalagh  à  TE.  et  suit  la 
vallée  du  Sebou  par  la  rive  g.  ,  . 

15  k.  Hadjra  El  Kahla,  sur  la  rive  dr.  du  Sebou,  ou  le  gênerai 
Gouraud  délit,  le  1^'juin  1912,  les  Berbères  qui  avaient  attaque, 
quelques  jours  auparavant,  la  ville  de  Fès.  —  20  k.  Sidi  Abd 
En  Nour,  —  22  k.  Jardin  d'oliviers  au  confluent  de  Tlnnaouene 
(p  233)  et  du  Sebou.  Pont  sur  le  Sebou  et  caravansérail.  On 
prend  la  piste  de  dr.,  qui  traverse  les  villages  de  Zgara,  des 
Ouled  Abd  Es  Salam  et  de  Msass. 

33  k.  5.  Souk  Et  Tnine  d'Ouldja,  jardins  et  oliviers  de  la  tribu 
des  Ghera^a.  La  piste  remonte  un  ravin.  —  39  k.  A  l'E.,  mechta 
des  Ouled  Taleb.  —  41  k.  Col  de  Bab  Fedj  El  Hader,  d'où  1  on 
a  une  vue  étendue.  —  44  k.  Aïn  Hammara.  —  47  k.  Ain  Krima. 
—  50  k.  Sidi  Mohammed,  à  1  k.  E.  —  53  k.  5.  Col.  —  57  k.  Hadjra 
Bon  Maïza,  h  700  m.  0.  La  piste  suit  alors  l'oued  Sles. 

62  k.  El  Kelaa  des  Slès,  poste  militaire  sur  le  versant  S. 
de  l'oued  Ouergha,  qui  coule  à  1,500  m.  au  N.  —  A  l'E.,  Djebel 
Messaoud,  aux  pentes  escarpées  et  boisées. 

D'El  Kelaa  a  Moulay  Bou  Chta,  V.  ci-dessus.  9°  ;  —  a  Fès  El  Bai.i, 
ci-dessus,  9"  ;  —  a  Souk  El  Arba  de  Tissa,  p.  233. 


28.  —  DE  FES  A  TAZA 


A.  —  Par  El  Arba  de  Tissa. 

125  k.  E.  —  Piste  autocyclable  par  beau  temps  seulement;  difficile  sur 
la  deuxième  moitié  de  son  parcours  en  temps  de  pluie.  1  rohl  très 
accidenté.  Cette  voie  sera  délaissée  dès  que  la  route  par  linnaouene 
sera  achevée. 

Sortie  par  Bab  Fetouh  (p.  217)  et  descente  dans  les  jardins 
d'oliviers  de  Fès  en  suivant  la  ligne  télégraphique. 

4  k.  Pont  sur  l'oued  Sebou,  de  8  arches  inégales  et  de  près 
de  150  m.  de  long,  construit  sur  l'ordre  de  Moulay  Rechid,  pre- 


SOUK  EL  ARE  A  DE  TISSA,      [28]  —  233 


mier  sultan  de  la  dynastie  alaouite,  vers  1670,  pour  faciliter  les 
relations  de  Fès  avec  Taza  et  l'E.  du  Maroc. 

La  route  suit  la  rive  dr.  du  Sebou  jusqu'à  (9  k.)  Moulay 
Yakoub,  village  indigène  à  quelque  distance  à  l'O.,  puis  monte, 
dans  des  ravins  dénudés,  sur  le  flanc  du  Djebel  Bou  Redim 
(527  m.  d'alt.). 

19  k.  Aïn  Kansara,  ancien  poste  militaire  et  caravansérail, 
que  précèdent  une  source  captée  dans  le  rocher  et  un  petit 
massif  d'oliviers.  Belle  *vue  sur  Fès.  Après  quelques  détours,  la 
route  descend  dans  une  région  ravinée  jusque  dans  la  vallée  de 
l'oued  Innaouene.  —  26  k.  Pont  en  bois  sur  l'innaouene,  à  2  k.  en 
amont  de  son  confluent  avec  l'oued  Sebou;  on  remonte  ensuite 
la  vallée. 

L'oued  Innaouene,  qui  se  jette  dans  le  Sebou,  est  formé  de  la  réunion 
de  nombreux  cours  d'eau  provenant  du  massif  des  Tsoui  au  N.  et  de 
celui  des  Ghiata  au  S.  Son  principal  affluent  est  Toued  Lebene.  Sa 
long-ueur  est  d'environ  150  k.,  sa  largeur  moyenne  de  25  m.  et  sa  pro- 
fondeur de  40  cm.  en  été.  Ses  berges  à  pic,  de  "2  et  3  m.  de  hauteur, 
sont  bordées  de  lauriers-roses.  Sa  vallée  est  d'une  très  grande  fertilité. 

36  k.  Pont  sur  l'oued  Lebene.  On  aperçoit  quelques  mechtas, 
à  g.,  au  pied  de  la  montagne.  —  45  k.  Gué  de  l'oued  Lensar 
après  lequel  on  contourne  la  montagne  de  sel  où  s'approvision- 
nent les  indigènes  de  la  région,  énorme  masse  rougeâtre  que 
couronnent  un  arbre  et  le  marabout  de  Lalla  Tissa. 

47  k.  Souk  El  Arba  de  Tissa,  petit  centre  européen  de 
quelques  maisons  au  pied  de  deux  éperons,  dont  l'un  est  occupé 
par  une  sorte  de  kasba,  l'autre  par  un  poste  militaire  ;  ch.-l. 
du  cercle  des  Hayaina. 

D'EL  ARBA  DE  TISSA  A  KASBA  KOREAT  (32  k.  S.-E.  ;  piste  aménagée  en 
profil  peu  accidenté;  carrossable  en  été).  —  1  k.  Gué  de  l'oued  Lebene. 
La  piste  passe  à  g.  de  la  zaouïa  de  Sidi  Mohammed  Bel  Ahsene,  tra- 
verse le  plateau  des  Ouled  Mellagui  (gaada)  et  le  col  de  Bab  Gueroua. 

—  28  k.  El  Aïoune,  sources  auprès  desquelles  on  rejoint  la  route  princi- 
pale n°  15  Fès-Taza.  —  32  k.  Kasba  Koi^eat,  poste  militaire  créé  en 
juillet  1917,  non  loin  de  Souk  El  Arba  des  Heborja  situé  sur  un  éperon 
dominant  la  vallée  de  l'innaouene.  . 

D  EL  ARBA  DE  TISSA  A  EL  KELAA  DES  SLÈS  (45  k.  N.-O.  ;  piste  accidentée 
sur  sol  argileux,  carrossable  en  été,  impraticable  aux  voitures  en  hiver). 

—  10  k.  Mechta  Besabsa,  auprès  de  deux  sources  abondantes.  —  16  k. 
Aïn  Berkat,  mechta  du  kaïdZergane.  —  22  k.  Jardin  de  Sidi  Saad  Saoud. 

—  26  k.  Aïn  Merchouche,  source  abondante.  —  32  k.  Bah  El  Hadjar, 
dans  la  tribu  des  Beni  Mhamed.  —  40  k.  Marabout  de  Sidi  Ahmed  Ben 
Hassoun.  —  45  k.  El  Kelaa  des  S  lès  (p.  232). 

D'EL  ARBA  DE  TISSA  A  SOUK  EL  ARBA  DES  SENHADJA  :  1«  Par  la  voie 
directe  (35  k.  N.;  piste  aménagée,  carrossable  pendant  la  belle  saison). 
~  1  k.  Aïn  Kermous,  village.  —  10  k.  Gué  de  l'oued  Lensar.  —  22  k. 

Souk  et  Tléta  des  Ouled  Bou  Chta,  près  d'un  gros  bouquet  d'oliviers.   

35  k.  Sonk  El  Arba  des  Senhadja,  marché  du  mercredi,  à  proximité 
duquel  se  trouvent  trois  villages,  une  source  très  abondante,  des  jar- 
dins et  des  cultures  variées. 

2°  Par  Bou  Sbellou  (39  k.  N.  ;  piste  muletière  en  pays  fertile  et  riche). 

—  16  k.  d'El  Arba  de  Tissa  à  Aïn  Berkat  (V.  ci-dessus).  —  22  k.  Bo7i 


234  —  [28] 


DE  FÈS  A  TAZA, 


Sbellou,  source  sous  un  figuier  et  bouquet  d'oliviers  dans  la  tribu  des 
Ouled  Amrane.  —  La  piste  remonte  la  rive  g.  de  l'oued  Ouergha.  — 
25  k.  5.  Défilé  encaissé  et  rocheux.  La  kasba  de  Sidi  Moulay  Amara  et 
des  oliviers  nombreux  s'aperçoivent  en  face,  sur  la  rive  dr.  de  l'Ouergha. 

—  35  k.  Massif  de  pistachiers  térébinthes.  —  39  k.  Sou/c  El  Arôa  des 
Senhadja  (  V.  p.  233).  —  D'El  Arba  des  Senhadja  à  Camp  Desroches,  p.  235. 

D'El  Arba  des  Senhadja,  la  piste  remonte  l'oued  Ouergha  dont  la  vallée 
se  resserre  près  de  Tazouta-,  le  pays  est  riche;  les  villages  avec  sources 
et  jardins  sont  nombreux.  On  franchit  l'oued  Ouergha  près  de  son 
confluent  avec  l'oued  El  Kasba  et  l'on  arrive  à  Djema  Chenrfa  Tafraout. 
La  piste  traverse  ensuite  la  chaîne  du  Rif  en  passant  (34  k.)  par  Taffah, 
puis  descend  la  vallée  de  l'oued  Kerkour;  elle  aboutit  ainsi  à  (110  k. 
env.)  la  baie  d'Alhucemas  (p.  317)  sur  la  côte  méditerranéenne. 

D'EL  ARBA  DE  TISSA  A  MATMATA  (34  k.  S.-E.  ;  piste  muletière).  —  1  k. 
Traversée  de  l'oued  Lebene  au  gué  de  Sidi  Mohammed  Bel  Hassene.  — 
1  k.  2.  Zaouïa  de  Sidi  Mohammed  Ben  Kassem,  à  dr.  de  la  piste.  —  3  k.  5. 
Gué  de  l'oued  Guellali.  —  La  piste  longe  l'oued  Ouksa  pendant  5  k.  au 
fond  d'un  ravin  aux  pentes  peuplées  de  genêts  épineux.  —  15  k.  Bah 
Gueraoua.  La  piste  descend  rapidement  dans  la  Chaaba  Dial  Douïbat. 

—  19  k.  8.  Bar  Kaïd  Ould  Heuda  et  mechta  Hamoudet,  à  1,500  m.  à  dr. 
de  la  piste.  —  20  k.  La  piste  descend  vers  l'Innaouene,  par  le  fond  d'une 
petite  vallée,  puis  remonte  la  rive  g.  de  l'oued  Matmata. —  Le  pays  est 
fertile  jusqu'à  Ain  SkJtoun  (source  chaude),  puis  devient  inculte.  — 
34  k.  Matmata  (p.  235). 

On  suit  toujours  la  vallée  du  Lebene,  très  sinueux  dans  ces 
parages.  —  56  k.  5.  Marabout  de  Sidi  Ali  Marnissi,  entouré  de 
quelques  arbres,  à  proximité  de  l'emplacement  du  Souk  Et 
Tnine.  —  57  k.  7.  La  piste  franchit  le  gué  de  l'oued  Abd  El 
Djellil.  —  63  k.  7.  Marabout  de  Sidi  Abd  El  Djellil,  près  de  la 
forêt  de  Marnissi.  Le  terrain  devient  très  accidenté.  ^ 

68  k.  Zrarka,  ancien  gîte  d'étapes  sous  de  grands  oliviers.  — 
74  k.  2.  Souk  Et  Tleta,  Outa  Bou  Abanc  et  gué  de  Loued  Tléta. 

De  ce  point,  on  peut  se  rendre  à  (15  k.  S.)  Kasba  Koreat  (p.  233)  par 
une  piste  autocyclable  en  été  traversant  des  terrains  très  fertiles  de 
cultures,  passant  près  du  douar  Krakez,  descendant  au  pied  de  la 
colline  d'Arzazga  qu'habite  le  caïd  des  Ouled  Riab,  et  atteignant  Koréat 
par  une  montée  en  lacets. 

82  k.  5.  Col  des  Zouaves.  Descentes  accentuées.  La  piste  se 
déroule  entre  les  tribus  Hayaina  à  g.  et  Tsoul  à  dr.  — 83  k.  2. 
Ain  Msous,  puis  gué  de  l'oued  Amelil. 

85  k.  Oued  Amelil  (aub.),  poste  militaire  et  bureau  du  Service 
des  Renseignements,  sur  une  hauteur  dominant  Toued. 

La  piste  monte  et  descend  dans  des  terrains  très  accidentés, 
traverse  des  ravins  sur  de«  ponts,  passe  au  pied  de  villages 
indigènes,  escalade  le  col  des  Eumal,  puis  redescend  dans  la 
vallée  de  l'oued  Haddar. 

107  k.  Camp  Desroches,  sur  une  hauteur  à  dr.  La  piste  suit  le 
cours  de  l'oued  Haddar,  d'abord  en  corniche,  puis  au  milieu 
d'une  riche  plaine. 

DE  CAMP  DESROCHES  A  BAB  MORODDJ  (17  k.  N.;  piste  muletière).  —9  k. 

Souk  Et  Tnine.  —  11  k.  5.  Marabout  de  Sidi  Ahmed  Zehroiik,  après 
lequel  la  piste  monte  en  pente  douce  jusqu'à  destination.  —  15  k.  Col 
de  Bab  Moroudj.  —  17  k.  Bab  Moroudj  (p.  243). 


OUED  AMELIL. 


[28]  -  235 


DE  CAMP  DESROCHES  A  SOUK  EL  ARBA  DES  SENHADJA  (72  k.  N.-O.;  piste 
muletière).  —  La  piste  remonte  la  vallée  de  l'oued  El  Haddar,  puis  celle 
de  l'oued  Sertit,  dans  les  terrains  fertiles  des  Beni  Bou  Yala.  —  17  k. 
Souk  El  Had  des- Fezazra,  marché  du  dimanche.  —  21  k.  Sof  Fezazra^ 
col.  jja  piste  suit  la  vallée  de  l'oued  Traha  qu'elle  traverse  à  un  gué, 
monte  à  Aïn  Khemis,  puis  descend  dans  la  vallée  du  Lebene,  près  de 
sa  source.  —  41  k.  Ras  Ed  Dar.  La  piste  s'écarte  de  plus  en  plus  de 
l'oued  Lebene,  vers  le  N.  —  57  k.  Souk  Djenane  Medjiber,  âu  confluent 
de  l'oued  Khemis  et  de  l'oued  Hadier  Kellal.  —  La  piste  franchit  le 
dos  de  pays  peu  élevéy  qui  s'étend  entre  les  vallées  du  Lebene,  et  de 
l'Ouergha.  —  72  k.  Souk  El  Ai^ba  des  Senhadja  (p.  233). 

113  k.  Meknassa  Tahtania^y'iUage  au  centre  de  terrains  fertiles. 

Les  Meknassa,  branche  des  tribus  Zenata,  dommaient  au  vni®  s.  toute 
la  vallée  de  la  Moulouya  et  étendaient  leur  influence  jusque  dans  les 
oasis  du  désert  marocain  et  les  contrées  qu'arrose  l'oued  Ziz.  C'est  à 
eux  qu'est  due  la  fondation  de  Sidjilmassa.  La  famille,  illustre  autrefois, 
ne  paraît  plus  actuellement  compter  que  les  populations  de  Meknassa 
Tahtania,  des  Beni  Stittene,  et  de  Meknassa  Foukania,  des  Beni  Ali. 
(De  Lamartinière.) 

115  k.  Pont  sur  l'oued  Haddar,  et  montée  en  lacets  jusqu'au 
plateau  de  Kerdoussa,  d'où  l'on  découvre  Taza  et  le  col  de 
Touahar  (p.  242).  On  redescend  au  travers  de  ravins  boisés 
d'oliviers  dans  la  vallée  de  l'oued  Innaouene.  —  122  k.  Pont 
sur  l'Innaouene,  que  domine  au  S.  l'émergement  rocheux  et 
très  élevé  du  Kern  Nesrani.  —  123  k.  5.  On  passe  sur  la  ligae 
de  ch.  de  fer  militaire.  —  124  k.  5.  Pont  sur  l'oiftd  Taza;  au 
delà  la  route  se  poursuit  le  long  du  ch.  de  fer  pour  atteindre 
la  gare  principale  de  Taza  Ladjeraf  (hôtel);  on  bifurque  à  dr. 
pour  escalader  les  pentes  du  Dra  El  Louz  et  atteindre  la  gare 
secondaire,  sise  à  proximité  du  camp  Girardot  (hôtel  en  voie 
d'aménagement).  La  Taza  musulmane  est  encore  à  2  k.  au  S. 
et  plus  haut  (pas  d'hôtel). 

B.  —  Par  l'Innaouene. 

132  k.  E.  —  Route  n°  15  livrée  à  la  circulation  depuis  le  printemps  de  1919. 
—  Ch.de  fer  militaire  en  construction,  à  peu  près  sur  le  même  tracé. 

10  k.  de  Fès  au  pont  de  Mesdoura,  p.  229,  7*".  —  Au  delà  du 
Sebou,  la  route  monte  sur  le  plateau  d'Ain  Sbit.  —  20  k.  Sidi 
Abd  Er  Rezzak,  bois  d'oliviers  au  sommet  du  plateau. —  29  k.  5. 
Source  d'Ain  Sbit.  —  30  k.  Aïn  Sbit,  poste  militaire  et  souk  à 
proximité  d'une  mechta  de  la  tribu  des  Beni  Saddene,  dont 
d'autres  douars  se  voient  plus  loin.  —  40  k.  Dar  Kaïd  Omar 
Ntouda,  poste  militaire  d'où  se  détache  la  route  carrossable  de 
(8  k.)  Sidi  Bou  Knadel,  poste  militaire,  créé  en  1916.  —  48  k. 
Kasba  des  Ait  Mimoun.  —  49  k.  Ravin  de  l'Ain  Fellej.  —  51  k. 
Oued  Bou  Zemlane.  Gué  de  Mechra  Sidi  Thami,  puis  montée 
assez  forte. 

A  quelque  distance  de  la  route,  Matmata,  poste  militaire  et 
bureau  des  Renseignements,  dans  la  tribu  des  Beni  Ouarain. 
De  Matmata  a  Souk  El  Arba  de  Tissa,  p.  -234. 


236  —  [29] 


TAZA. 


On  descend  ensuite  dans  la  vallée  de  l'innaouene  (p.  233). 
Gué  sur  l'oued. 

66  k.  Sidi  Ahd  El  Djellil,  poste  militaire.  —  73  k.  Souk  El 
Khemis  El  Gour,  —  76  k.  Kasba  détruite  d!El  Amara. 

83  k.  Kasba  des  Beni  Stittene^  au  confluent  de  l'innaouene  et  de 
l'oued  Bou  Hellou. 

Au  cours  des  travaux  de  construction  de  la  route,  on  a  trouvé,  fin  1918, 
sur  les  bords  de  l'oued  Bou  Hellou,  des  vestiges  antiques,  pierres  de 
taille,  fragments  de  colonnes,  un  chapiteau,  une  base  {déposés  au 
musée  de  Fès)  appartenant  sans  doute  à  l'époque  romaine;  quoique  d'un 
art  décadent,. ces  documents  ne  fournissent  pas  moins  une  preuve  d'une 
station,  sinon  d'un  établissement  de  longue  durée,  des  Anciens  dans  la 
trouée  de  Taza. 

On  franchit  plusieurs  fois  à  gué  l'oued  Innaouene,  à  87, 
91  et  93  k. 

98  k.  Koudiat  El  Bia4,  poste  militaire.  —  105  k.  Sidi  Bou  Beker, 
108  k.  Poste  de  Toaahar,  au  N.  de  la  piste.  —  24  k.  de  Touahar 
à  Taza,  p.  242. 

132  k.  Taza  (F.  ci-dessous). 


29.  —  TAZA 

• 

Emploi  du  temps.  —  Si  l'on  peut  se  rendre  à  la  medina  en  voiture  ou 
en  auto,  quelques  heures  suffisent  pour  visiter  Taza  dont  les  princi- 
pales curiosités  sont  réunies  dans  la  ville  ancienne  et  ses  abords  immé- 
diats. Une  démarche  aux  Services  municipaux  (ville  indigène)  est  indis- 
pensable pour  obtenir  toutes  autorisations  utiles. 

L'excursion  de  Bab  Merzouka  et  du  col  de  Touahar,  très  recommandée 
pour  son  gros  intérêt  touristique,  se  fera  par  le  train,  puis  à  pied,  et 
prendra  une  demi-journée  (s'informer  à  la  gare  de  l'horaire  des  trains, 
2  serv.  quotidiens). 

TAZA,  c)i.-l.  de  commandement  militaire,  est  peuplé  de 
350  européens  et  de  5,000  indigènes  de  race  mélangée  avec  un 
fond  berbère  initial  de  Meknassa  et  de  Ghiata  auquel  s'est 
ajouté  l'apport  des  gens  de  Fès  et  de  Tlemcea;  les  israélites, 
dont  le  mollah  a  été  détruit  en  1903,  ont  émigré  pour  la  plupart. 

Le  groupe  des  constructions  de  Taza  s'étend  sur  trois  étages 
successifs,  contreforts  dos  montagnes  très  élevées  des  Ghiata. 
En  haut,  c'est  d'abord  la  ville  indigène  juchée  sur  un  plateau 
de  585  m.  d'alt.  s'arrêtant  brusquement  au  N.  et  à  l'O.  par  des 
falaises  presque  à  pic  de  85  m.  En  dessous  la  plate-forme  du 
Dra  El  Louz  sert  d'assise  au  camp  militaire  Girardot,  établi 
en  1914,  et  à  la  ville  nouvelle;  en  contrebas  enfin,  à  445  m. 
d'alt.,  est  située  la  gare  du  ch.  de  fer  militaire,  à  proximité 
de  l'oued  Bou  Ladjeraf,  affluent  de  l'oued  Innaouene. 


Hôtels  :  —  Terminus-Taza,  près  du 
camp  Girardot  (confortable  ;  30  ch.; 
salle  de  bain,  grand  hall,  terrasse); 
de  la  Gare  (Llinarès),  à  la  gare  de 


Taza  Bou  Ladjeraf  (15  ch.  à  1 
et  2  lits  de  4  à  7;  pet.  déj.  0.60, 
rep.  4). 

Voitures  de  louage  :  —  Taza  ne 


TAZA. 


[29]  —  237 


possède  que  quelques  voitures  de 
louage;  prix  à  débattre;  les  faire 
demander  d'avance  par  l'hôtel. 

Services  automobiles  :  —  Mazères, 
serv.  régulier  de  Taza  à  Fès  par 
auto-camions  (peu  confortables), 
50  fr.  la  pl.  ;  service  automobile 


irrégulier,  mais  fréquent  en  bonne 
saison  (s'informer  à  l'hôtel),  100  fr. 
la  pl.  au  minimum. 

Montures  de  louage  :  —  s'informer 
aux  Services  municipaux  (ville  indi- 
gène) qui  donnent  connaissance  du 
larif  variable  avec  la  saison. 


Histoire.  —  Le  couloir  de  Taza  a  été  l'un  des  passages  du  N.  de 
l'Afrique  le  plus  parcouru  par  les  peuples  envahisseurs.  Aussi  y  trouve- 
t-on  des  vestiges  des  civilisations  les  plus  anciennes.  Les  grottes  do 


238  —  [29] 


TAZA, 


Kifane  El  Ghomari,  par  exemple,  renferment  des  documents  appartenant 
à  l'âge  de  la  pierre.  De  la  multitude  des  tombeaux  qui  se  trouvent  sur 
remplacement  même  de  la  ville  actuelle,  on  a  extrait  des  objets  nombreux 
des  premiers  âges  du  fer.  Les  ruines  d'un  pont  romain  sur  le  petit  oued 
Taza,  à  l'O.  et  à  très  courte  distance  de  la  cité,  ainsi  que  d'autres  ves- 
tiges de  cette  époque,  confirment  l'opinion  que  la  voie  de  Fès  à  Tlenicen 
était  déjà  suivie  au  temps  de  la  domination  impériale.  A  une  époque 
moins  reculée,  une  fraction  de  la  tribu  des  Meknassa  fonde  le  Ribat  ou 
couvent  de  Taza,  tandis  qu'une  autre  fraction  de  la  même  origine  crée 
le  centre  de  Meknès.  El  Bekri  rapporte  que  Taza  est  déjà  un  centre 
importani;  au  viii«  s.  et  que  ses  industries,  en  particulier  celle  de  la 
poterie,  sont  très  florissantes. 

Plus  tard,  l'almohade  Abd  El  Moumene  y  réside,  dote  la  ville  d'une 
citadelle  et  d'une  grande  mosquée  (xii«  s.).  C'est  dès  lors  un  point  do 
résistance  que  les  émirs  mérinides  s'efforcent  de  réduire.  Abou  Moham- 
med Ben  Abd  El  Hakk  y  bat  vers  l'214  une  nombreuse  armée  d'almo- 
hades  et  Abou  Yaliia  Ben  Abd  El  Hakk  parvient  à  s'en  rendre  maître. 
Avec  le  mérinide  Abou  Yakoub.  elle  redevient  une  capitale  :  son  système 
défensif  se  complète,  sa  mosquée  s'agrandit  et  s'embellit  (fin  xiii^  s.). 

L'influence  européenne  s'y  fait  sentir  au  xyi»  s.  par  la  création  d'un 
fort  important  :  le  Bestioun.  C'est  sur  Taza  qu'en  1666  Moulay  Rechid 
porte  tous  ses  efforts  avant  d'instaurer  la  dynastie  des  chérifs  filaliens 
à  Fès.  Au  xviii«  s.,  Moulay  Ismaïl  y  fait  construire  des  écoles  et  des 
ouvrages  d'art.  On  procède  en  outre  à  de  sérieux  aménagements  dans 
la  kasba. 

En  1844,  Moulay  Abd  Er  Rahmane  emmène,  dans  son  expédition  contre 
Bugeaud,  les  Ghiata  de  Taza  et  ceux-ci  sont  battus,  comme  les  autres 
troupes  impériales,  sur  l'oued  Isly.  C'est  de  Taza  encore  que  Moulay  El 
Hassane  dirige  eu  1874  une  fructueuse  expédition  contre  les  mornes 
Ghiata. 

Pour  établir  fortement  son  autorité  sur  la  ville,  Moulay  Abd  El  Aziz 
y  envoie  une  forte  mehalla  en  1895.  Sept  ans  après,  le  roghi  Bou  Hamara 
parvient  pourtant  à  s'y  faire  proclamer  sultan  (1902).  Il  faut  une  armée 
impériale  pour  l'en  chasser.  Commandée  par  El  Menebhi,  ministre  de 
la  guerre,  cette  armée  dégrade  malheureusement  la  ville  (1903)  de 
laquelle  s'expatrient  tous  les  juifs  pour  Melilla,  Debdou  ou  Tlemcen.  Elle 
souffre  encore  beaucoup  jusqu'en  1905,  époque  de  la  prise  de  Bou  Hamara. 

Nos  troupes  y  arrivent  le  10  mai  1914,  au  moment  de  la  jonction  du 
Maroc  occidental  au  Maroc  oriental,  ramenant  ainsi  sous  l'autorité  du 
gouvernement  chérifien  une  cité  souvent  rebelle.  Depuis,  Taza  est 
devenu  le  principal  centre  des  opérations  militaires  conduites  :  au  N. 
contre  Abd  El  Malek,  petit-fils  d  Abd  El  Kader,  soutenu  par  les  agents 
et  l'or  allemands;  au  S.  contre  les  farouches  Ghiata  et  Beni  Ouaraïne. 

Bibliographie  :  —  Les  grottes  de  Kifane  EL  Gli07nari^  puis  la  jXécropole 
de  Taza,  par  le  lieutenant  Campardou  (Oran,  1917). 

La  gare  de  Taza  Ladjeraf  est  enfermée  dans  une  assez 
f::ran(le  enceinte  rectangulaire  crénelée  qui  abrite  les  bureaux 
et  les  magasins  du  ch.  de  fer  militaire,  le  service  des  Etapes, 
le  buffet-hùtei  et  les  tentes  des  ouvriers  de  la  ligne.  Elle  est 
défendue  au  S.-E.  par  le  blokhaus  Beaadoin  (465  m.  d'alt.).  Un 
embranchement  de  ligne  dessert  le  camp  Girardot. 

Une  belle  route,  partdnt  de  la  gafrc,  se  dirige  (2  k.)  vers  le 
camp  Girardot,  importante  agglomération  de  casernements  dis-- 
posés  sur  le  plateau  de  Dra  El  Louz  et  enfermés  dans  une 
enceinte  de  forme  irrégulière,  passe  entre  la  gare  du  camp  et 


[29]  —  239 


l'emplacement  de  la  ville  nouvelle.  Le  terrain  plat  compris  entre 
ces  quartiers  et  la  falaise  de  Taza  est  couvert  d'oliviers  cen- 
tenaires de  très  belle  venue  qu'irriguent  de  nombreuses  cana- 
lisations. 

•  La  route  contourne  ensuite  la  medina  à  l'E.,  laissant  à  g*,  le 
marabout  de  Sidi  Aissa  et  l'abattoir,  puis  atteint  le  plateau  de 
Taza  pour  entrer  en  ville  par  Bab  Guebour.  On  se  rendra  aux 
Services  municipaux,  tout  proches,  pour  demander  un  guide  et 
les  autorisations  nécessaires. 

7.  —  La  Medina, 

Une  artère  principale  orientée  S.-E.-N.-O.  parcourt  la  Medina 
de  bout  en  bout.  Tout  près  des  Services  municipaux,  se  trouvent 
la  poste  et  les  bâtiments  de  la  Subdivision  sans  intérêt,  la  mos- 
quée des  Andalous,  l'ancienne  maison  de  Bou  Hamara,  la  médersa 
et  son  petit  musée. 

Le  roghi  Bou  Hamara,  «  l'homme  à  l'ànesse  »,  est  le  préten- 
dant qui  lutta  contre  Moulay  Abd  El  Aziz  et  Moulay  llafld.  Pris 
par  ce  dernier,  il  tut  emprisonné  dans  une  cage,  à  Fès,  et 
mourut  ensuite  dévoré  par  les  lions.  La  maison  qu'il  habita 
date  vraisemblablement  du  xvui®  s.  Elle  est  précédée  d'une 
place  ou  mechouar.  Le  couloir  qui  y  donne  accès  porte  encore 
des  restes  de  décor  de  plâtre  sculpté.  Un  autre  couloir  s'embran- 
chant  sur  le  premier  conduit  dans  une, cour  intérieure  à  galerie 
et  des  locaux  dont  l'un  renferme  la  chaise  à  porteurs  qui  servit 
au  prétendant. 

La  médersa  mérinide  (on  peut  visiter),  aujourd'hui  affectée 
à  l'école  franco-arabe,  s'ouvre  sur  l'artère  principale  de  Taza 
par  une  porte  à  auvent  et  consoles  finement  sculptés.  La  patio 
intérieur  est  fermé  de  deux  côtés  seulement  par  des  galeries  ; 
il  est  pavé  d'anciennes  mosaïques  à  très  grande  échelle  et  orné 
en  son  centre  d'une  vasque.  L'ancienne  salle  de  cours  est 
dotée  d'un  mihrab  flanqué  de  deux  colonnes  de  marbre  cou- 
ronnées de  très  beaux  chapiteaux  d'onyx  sculpté.  Sur  le  mur,  à 
dr.  du  mihrab,  plaque  de  marbre  avec  inscription  dédicatoire. 
Les  parties  les  plus  intéressantes  de  l'édifice  sont  du  xiv*  s. 

Le  MUSÉE  de  la  médersa  (en  voie  de  constitution)  renferme  : 
des  silex  taillés,  des  haches  en  diourite,  des  poteries  de  l'âge 
néolithique  ancien  et  récent,  des  vases  et  lampes  puniques,  des 
fragments  de  mobilier  antique,  des  tessons  de  poteries  musul- 
manes émaillées  et  imprimées  avec  caractères  cursifs  et  cou- 
fiques  du  x^  s.,  des  débris  de  marbre  du  Dar  El  Makhzen,  des 
monnaies  musulmanes,  etc.,  tous  objets  recueillis  dans  la  grotte 
de  Kifane  El  Ghomari,  un  atelier  néolithique  de  Bab  Merzouka, 
la  nécropole  antique  de  Taza  et  la  ville  actuelle. 

En  face  de  la  médersa,  derrière  un  mur  couronné  de  créneaux, 
se  trouve  le  bassin  d'El  Jeboub,  où  l'on  recueillait  les  eaux  de 
pluie  destinées  à  alimenter  la  ville  lorsque  la  belliqueuse  tribu 
voisine  des  Ghiata  coupait  les  canalisations. 


240  —  [29] 


TAZA. 


Aussitôt  après,  sa  dirigeant  vers  le  N.,  on  passe  devant  le 
marabout  de  Sidi  Ali  Ed  Derrar,  le  bureau  du  Pacha  donnant  sur 
une  cour  ombragée.  Plus  loin,  c'est  un  souk  que  domine  le 
curieux  minaret  de  Djama  Es  Souk,  dont  la  partie  haute  est  plus 
large  que  la  base.  La  plupart  des  maisons  sont  peintes  en  rouge. 

A  dr,  se  détache  la  Kisaria.  Après  les  boutiques  de  coiffeurs, 
ce  sont  la  mahakma  du  kadi,  le  fondouk  Er  Rahba,  marché  aux 
grains,  la  mosquée  de  Sidi  Azouz,  du  patron  de  la  cité,  la  médersa 
de  la  grande  mosquée  (vieille  porte  à  auvent,  plafonds  peints, 
cour  centrale  avec  cellules  sur  le  pourtour,  puits  sur  citerne) 
et  enfin  la  ^grande  mosquée. 

La  partie  actuellement  consacrée  au  culte  daterait  partie  de  l'almohade 
Abd  El  Moumene  (xii'  s.),  partie  du  mérinide  Abou  Yakoub  (xiii®  s.).  La 
salie  de  prière  compte  9  travées  de  8  nefs  chacune.  Le  mihrab,  admira- 
blement orné,  a  une  coupole  à  stalactites  ;  il  est  masqué  par  une  anza 
ou  boiserie  sculptée  et  peinte.  Une  coupole  à  16  pans,  du  plus  pur  st^ie 
mérinide,  le  précède.  Le  minbar^  ou  chaire,  marqueté  d'ivoire  et  de  bois 
précieux,  fut  de  toute  beauté;  il  porte  la  trace  d'une  restauration  de 
technique  différente  et  déjà  ancienne.  Un  grand  *^Msfre  de  bronze  ajouré 
et  ciselé,  de  la  ûn  du  xiii^  s.,  pesant,  dit  le  Roudh  El  Qartas,  32  quin- 
taux et  portant  514  calices  ou  godets,  est  une  autre  merveille  d'art.  Un 
second  lustre,  plus  petit,  est  également  digne  d'intérêt.  Un  troisième 
lustre  n'est  qu'une  cloche  chrétienne  transformée. 

La  bibliothèque  possède  enfin  quelques  volumes  contenant  de  jolies  et 
fines  enluminures. 

Les  restes  d'une  mosquée  pins  ancienne  sont  attenantes  à  la  précé- 
dente ;  elles  comprennent  une  cour  et  un  bâtiment  presque  entièrement 
ruinés. 

Le  minaret^  construit  en  pierre,  renferme  un  escalier  en  briques  de 
189  marches.  Du  sommet,  grande  *vue  d'ensemble  sur  la  mosquée,  la 
ville  et  les  environs. 

A  proximité  de  la  grande  mosquée,  vers  la  g.,  on  verra 
encore  la  maison  El  Bekkari,  habitation  marocaine  classique  du 
xvni*  s.,  de  proportions  harmonieuses,  et,  plus  au  N.,  le  Dar 
El  Makhzen,  aujourd'hui  complètement  ruiné. 

En  poursuivant  jusqu'aux  remparts,  on  atteint  le  marabout 
de  Sidi  Abd  Allah  et  Bab  Er  Bih,  d'où  l'on  a  une^^uue  splendide  sur 
les  rochers  à  pic  qui  servent  de  soubassement  à  l'enceinte  :  au 
N.  sur  les  jardins  et  vergers  de  Meggoussa,  qui  s'étalent  sur  les 
flancs  escarpés  de  l'oued  Taza;  sur  le  pic  de  Tomzit;  à  l'O.  sur 
les  sommets  du  Kern  Nesrani  et  de  Mimouna: 

JJ,  —  Le  tour  intérieur  des  remparts. 

Cette  promenade  peut  partiellement  se  combiner  avec  la  précédente 
dont  l'une  ou  l'autre  moitié  peut  se  voir  au  retour. 

Une  enceinte,  dont  certains  vestiges  appartiennent  à  une 
époque  ancienne  et  encore  indéterminée,  se  développe  sur  une 
longueur  de  près  de  3  k.  et  entoure  la  medina.  Elle  est  percée 
de  plusieurs  portes  et  munie  d'organes  défensifs  détaillés  ci-après. 

A  l'intérieur  et  à  dr.  de  Bab  Guebour  s'élève j  sur  l'éperon  E.; 


TAZA. 


[29]  —  241 


la  kasba  dont  le  plus  remarquable  édifice  est  le  bestioun,  à 
base  carrée  de  26  m.  de  côté,  construit  en  briques,  avec  des 
murs  extérieurs  de  3  m.  d'épaisseur,  abritant  des  appartements 
et  des  casemates  que  surmontent  une  terrasse  et  une  citerne. 
L'entrée,  avec  porte  à  herse,  donne  accès  à  une  plate-forme 
battant  la  vallée  (remarquer  sur  les  murs  des  grafitti  repré- 
sentant des  galions  de  la  fin  du  xvi'  s.).  Les  casemates  sont 
disposées  en  cascades  à  côté  d'un  magasin,  immense  salle  de 
10  m.  de  haut. 

Entre  la  kasba  et  Bab  Djema,  qui  protège  le  point  principal 
d'accès  à  la  ville,  s'étend  le  camp  Lacroix,  occupé  par  des 
troupes  françaises.  En  allant  plus  au  N.,  remarquer,  à  g.,  un 
moulin  à  huile,  dont  les  curieux  dispositifs,  meule  et  presse, 
sont  installés  dans  une  grotte.  A  dr.  s'étendent  les  ruines  de 
l'ancien  mellah,  détruit  en  1903.  De  la  plate-forme  qui  suit,  vue 
magnifique  sur  les  vergers  de  Dra  El  Louz,  le  camp  Girardot, 
les  monts  chauves  des  Branès  et  la  vallée  de  l'innaouene. 

En  tournant  à  g.  on  passe  devant  Bab  Er  Rih  (p.  240),  puis 
sur  l'emplacement  du  camp  Couderc,  établi  sur  une  ancienne 
nécropole.  On  atteint  ainsi  le  bordj  Mlouloub,  ou  tour  sarra- 
zine,  prismatique  en  dedans,  cylindrique  au  dehors,  à  partir  de 
laquelle  l'enceinte,  double  jusqu'à  Bab  Tit,  est  longée  extérieu- 
rement par  un  profond  fossé. 

777.  —  Les  groHes  de  JÇifane  El  Ghomari 
ef  la  nécropole. 

Ces  grottes,  qui  se  trouvent  au  pied  du  camp  Lacroix,  peuvent  être 
visitées  aussi  au  cours  de  l'itinéraire  précédent,  après  le  Bestioun. 

Les  *grottes  de  Kifane  El  Ghomari  comprennent  une  pre- 
mière salle,  aux  parois  lisses,  une  deuxième  salle  à  stalactites 
séparée  de  la  précédente  par  des  piliers,  et  une  troisième  salle,  à 
4  m.  en  contre-bas,  décorée  de  très  belles  stalactites  naturelles. 
Explorées  en  1916  par  le  lieutenant  Gampardou,  elles  ont  fourni 
de  précieux  renseignements  sur  la  préhistoire  locale  :  osse- 
ments d'hommes  et  d'animaux  préhistoriques  et  outils  et  objets 
de  l'âge  de  la  pierre.  Les  objets  trouvés  dans  les  fouilles  sont 
réunis  au  musée  de  la  médersa  (p.  239). 

Toute  la  falaise  abrupte  de  Taza  est  une  ancienne  nécropole. 
On  visitera  surtout  la  région  qui  s'étend  au  N.  des  grottes. 
Taillée  en  gradins,  par  endroits  encore  très  apparents,  elle  a 
reçu,  sur  les  marches  plates,  des  tombes  en  quantités  innom- 
brables. Des  hypogées  et  des  chambres  sépulcrales  ont  été 
creusés  dans  les  pans  verticaux.  Des  recherches  récemment 
faites,  il  résulte  que  ces  sépultures  ont  été  malheureusement 
violées  au  cours  des  temps  ;  les  fouilles  ont  toutefois  mis  au 
jour  une  documentation  intéressante. 


MAROC. 


16 


242  —  L30J 


ËNVÎRONS  DE  TAZA, 


jy.  —  Le  cimetière. 

Le  cimetière  s'étend  au  S.  de  Bab  Guebour,  sur  le  plateau 
dénudé  qui  relie  Taza  à  la  montagne.  Il  renferme  les  koubhas 
de  Sidi  Mohammed  Bel  Hadj  et  Sîdi  El  Hadj  Ali  Ibn  Barri,  qui 
fut  un  poète  musulman  du  xiii*  s.,  originaire  des  Tsoul,  et 
habitait  Taza.  Son  mausolée  (voir  à  l'intérieur  une  jolie  ins- 
cription sculptée  sur  bois),  restauré  sous  Moulay  Ismail,  se 
trouve  sur  le  chemin  des  Ghiata^  qui  passait  sous  une  ancienne 
porte  percée  dans  une  enceinte  actuellement  disparue,  et  dont 
on  aperçoit  encore  quelques  ves-tiges. 

De  Taza  a  Fts,  p.  232;  —  a  Oudjda,  p.  262. 


30.  —  ENVIRONS  DE  TAZA 

Taza  promet  de  devenir  un  des  centres  d'excursions  les  plus  remar- 
quables du  Maroc  lorsque  sera  terminée  l'œuvre  de  pacification.  Au  N. 
et  au  S.  s'élèvent  de  hautes  montagnes  que  séparent  des  ravins  profon- 
dément découpés  et  qu'habitent  des  populations  berbères  aux  mœurs 
primitives  et  curieuses,  jamais' soumises.  Pour  le  moment,  on  ne  peut 
songer  à  y  pénétrer;  seule  l'excursion  du  col  de  Touahar  est  possible 
(très  recommandée). 

Col  de  Touahar. 

24  k.  0.  —  Ch.  de  fer  militaire;  2  serv.  quotidiens;  1  fr.  20  et  3  fr.  60.  Ce 
tronçon  de  ligne  a  été  construit  en  dix  mois,  de  septembre  1916  à 
juillet  1917  jusqu'à  Bab  Merzouka;  il  a  atteint  le  col  de  Touahar  le 
il  juillet  1918.  Les  travaux  sont  poussés  très  activement  dans  la  direc- 
tion de  Fès,  par  la  vallée  de  l'Innaouene. 

Au  sortir  de  la  gare,  vue  au  S.-E.  sur  le  camp  Girardot  et 
sur  la  ville.  Pont  sur  l'oued  Taza.  —  La  ligne  traverse  des  ter- 
rains argileux,  descend  dans  la  vallée  de  l'oued  Innaouene 
qu'elle  traverse  une  première  fois.  —  Pont  sur  l'oued  Haddar, 
véritable  torrent  qui  grossit  en  quelques  minutes  au  moment 
des  pluies.  Les  montagnes  des  Tsoul  s'élèvent  à  dr.  ;  à  g. 
sommet  du  Kern  Nesrani  et  monts  des  Beni  Oujjane,  dont  le 
Tazekka  (1,987  m.  d'alt.)  couronné  de  cèdres.  —  Nouveau  pont 
sur  l'Innaouene,  dont  le  tablier  recevra  également  la  chaussée 
de  la  route  Taza-Fès. 

13  k.  Bab  Merzouka,  gare  au  pied  d'un  poste  fortifié  créé 
en  1914  et  en  face  d'un  blokhaus  de  protection.  La  vallée  de 
l'Innaouene  s'élargit  en  aval  de  la  gare,  formant  un  cirque  large 
et  pittoresque  fermé  à  TO.  par  un  barrage  naturel  qu'on  fran- 
chit au  col  de  Touahar.  —  A  l'origine,  ce  cirque  devait  être  un 
ancien  lac  dont  les  eaux  sont  parvenues  à  se  frayer  un  chemin 
dans  la  *gorge,  immense  et  sauvage,  de  400  m.  de  profondeur, 
comprise  entre  le  col  de  Touahar  et  les  pentes  à  pic  des  Ahel 
El  Oued. 


ENVIRONS  DE  TAZA.  [30]  —  243 


La  région  est  très  fertile.  Le  trik  es  soltane,  «  la  route  impé- 
riale »,  la  parcourt  d'E.  en  0.  Une  route  en  construction  suit 
cette  ancienne  voie. 

Après  Bab  Merzouka,  la  voie  ferrée  escalade  les  pentes  en 
décrivant  plusieurs  lacets. 

24  k.  Col  de  Touahar,  sur  des  terrains  schisteux,  que 
défendent  des  postes  fortifiés  construits  sur  les  sommets  voisins. 

Histoire.  —  Commandé  par  le  général  Aubert,  le  groupe  mobile  de 
Taza  put  installer,  en  1917,  après  de  vifs  combats,  les  postes  de  Touahar 
et  de  Sidi  Mrirt  destinés  à  assurer  la  tranquillité  sur  la  rive  g.  de  l'In- 
naouene  et  à  protéger  les  chantiers  chargés  de  la  construction  de  la 
ligne  de  ch.  de  fer  et  de  la  route  de  Taza-Fès. 

La  *vue  est  admirable  de  tous  côtés  :  au  N.  sur  les  montagnes 
des  Tsoul;  à  l'E.  sur  le  cirque  du  haut  Innaouene;  au  S.  sur  les 
pentes  à  pic  des  Ahel  El  Oued,  peuplées  de  villages  nombreux, 
bien  cultivées  (oliviers,  grenadiers,  vignes)  et  très  boisées;  à 
rO.  sur  le  bas  Innaouene,  dont  la  vallée  s'élargit  et  laisse  voir 
la  kasba  des  Beni  Mgara  au  premier  plan  et,  à  l'horizon,  le 
Zalagh  (p.  227,  2°)  le  Taghat  (p.  228,  4°)  et  même  le  Zerhoun 
(p.  193). 

De  Taza  à  Bab  Moroudj. 

38  k.  N.  —  Piste  autocyclablc  en  été,  très  mauvaise  en  hiver. 

5  k.  Gué  de  l'oued  Bou  Ladjeraf.  La  piste  remonte  ensuite 
la  vallée  fertile  de  l'oued  Larbaa.  —  12  k.  Meknassa  Foukania 
(p.  235). 

20  k.  Aïn  Bou  Kellal,  camp  annexe,  sur  l'oued  Larbaa.  —  22  k. 
Village  des  Lahlah.  —  25  k.  Village  Ahmarouch  et  marabout 
de  Sidi  Abd  Allah.  —  32  k.  Col  de  Bab  Djenane. 

38  k.  Bab  Moroudj,  poste  militaire  auprès  de  sources  nom- 
breuses. 

De  Bab  Moroudj  a  Camp  Desroches,  p.  234, 

De  Taza  à  la  Baie  de  Hadjrat  En  Nokour. 

60  k.  N.  —  Piste  carrossable  en  été  jusqu'à  (70  k.)  Souk  El  Tnine 
d'Azrou,  muletière  sur  le  reste  du  trajet,  en  zone  espagnole,  et  peu  sûre. 

20  k.  de  Taza  à  Aïn  Bou  Kellal  (V.  ci-dessus).  —  La  piste  passe 
de  la  vallée  de  l'oued  Termas  dans  celle  de  l'oued  Broun  par 
un  col  d'accès  facile,  traversant  ainsi  les  territoires  Gueznaia  et 
Djeberna,  laissant  à  l'E.  les  Ouled  Hammou  Ben  Ameur. 

40  k.  Souk  El  Had  des  Gueznaia,  marché  du  dimanche,  à  proxi- 
mité des  villages  des  Gheurfas  de  Sidi  Yakoub  et  de  Djeberna. 
La  piste  suit  le  cours  de  l'oued  Msoun  (p.  267),  encaissé  entre 
deux  montagnes. 

70  k.  Souk  Et  Tnine  d^Azrou,  point  d'eau,  jardins,  vergers  et 
cultures  riches  dominés  par  le  Djebel  Azrou,  au  sommet  duquel 
se  trouvent  quelques  dchour  des  Gueznaia  (fraction  du  cheikh 


244  —  [30]  ENVIRONS  DE  TAZA. 


Aberkane  Ou  Ghellah).  —  La  piste  suit  l'oued  Azrou  et  le  traverse 
par  un  gué  facile. 

85  k.  Sidi  Ali  Boa  Rekha,  marabout  et  zaouïa  des  Ouled  Sidi 
Yakoub  de  Rechida,  dans  une  région  très  boisée.  —  La  piste 
traverse  ensuite  l'oued  Beni  Touzine  et  suit  une  gada  peu 
élevée. 

105  k.  Souk  Et  Tléta  d'Azlaf,  marché  du  mardi  très  fréquenté 
par  les  Rifains,  les  Metalsa  et  les  Gueztiaia.  A  proximité  et  à 
l'O.,  se  dresse  le  Djebel  des  Beni  Melloul,  aux  flancs  boisés  et 
garnis  de  dchour  des  Beni  Touzine.  —  Le  pays  est  montagneux 
et  la  piste  est  très  accidentée. 

125  k.  Sidi  Bou  Djedaïne,  marabout  et  zaouïa  des  chérifs  idris- 
sides  des  Ouled  Sidi  Bou  Djedaïne,  auprès  d'un  grand  nombre 
de  dchour  dont  les  habitants,  les  Beni  Touzine,  sont  les  servi- 
teurs des  chérifs.  —  130  k.  Gué  de  l'oued  Nokour,  après  lequel 
la  piste  se  développe  en  terrain  plat  et  devient  carrossable.  A 
partir  de  ce  point,  Toued  Nokour  prend  le  nom  d'oued  Adjir 
jusqu'à  son  embouchure. 

160  k.  Baie  d'Alhucemas  (p.  317),  à  l'embouchure  de  l'oued 
Adjir.  Dans  la  baie,  émergent  les  îles  d'Alhucemas,  sur  l'une 
desquelles  est  bâtie  Hadjrat  En  Nokour  (p.  317).  Sur  la  côte  se 
trouvent  les  dchour  des  Tensamane  et  des  Beni  Ouriaghel, 
pourvus  de  nombreux  moulins  à  eau.  Les  cultures  sont  très 
riches  et  l'amandier  domine  dans  les  vergers. 


TJ{OJSJEME  SECTJOJ\ 
LE  MAROC  ORIENTAL 


Le  Maroc  Oriental  a  pour  limites  :  à  TE.  la  frontière  algé- 
rienne; au  N.  la  Méditerranée;  à  l'O.  la  Moulouya,  le  grand 
fleuve  qui  le  sépare  du  Rif  et  du  Moyen  Atlas,  le  Haut  Atlas; 
au  S.  le  Sahara.  Ses  dimensions  moyennes  sont  500  k.  du  N. 
au  S.  et  200  k.  de  TE.  à  TO.  11  comprend  une  région  nord  avec 
l'Amalat  d'Oudjda  et  une  immense  région  sud  avec  les  centres 
épars  du  Figuig,  de  Bou  Anane,  de  Bou  Denib,  Tendrara, 
Metarka,  Rich,  Ksar  Es  Souk. 

Le  contrôle  de  l'administration  est  exercé  par  un  haut  com- 
missaire français  et  un  haut  commissaire  chériflen,  qui  rési- 
dent à  Oudjda  et  ressortissent  de  la  Résidence  Générale  de 
Rabat. 

La  colonisation  européenne  s'est  rapidement  développée 
dans  la  région  N.  depuis  1908.  Les  villages  de  Martimprey  et 
de  Berkane,  de  création  récente,  ont  parfeiitement  réussi.  Dans 
la  région  S.,  non  loin  de  laquelle  aboutit  la  ligne  de  chemin 
de  fer  d'Oran  à  Colomb  Béchar,  les  transactions  commerciales 
ont  une  certaine  activité. 

Histoire.  —  L'occupation  d'Oudjda  fut  décidée  à  la  suite  de  l'agitation 
anti-française  entretenue  dans  le  peuple  marocain  après  l'assassinat  du 
docteur  Mauchamp  à  Marrakech  (19  mars  1907).  Elle  fut  réalisée  par  le 
général  Lyautey  le  29  mars.  Une  certaine  effervescence  s'étant  produite 
ensuite  dans  le  massif  des  Beni  Snassene,  celui-ci  fut  occupé  à  la  fin 
de  1901  et  l'influence  française  s'étendit  ensuite  dans  tout  l'amalat 
d'Oudjda.  En  1912,  nous  étions  autorisés  à  établir  notre  action  jusqu'au 
delà  de  la  Moulouya  et  atteignions  Msoun  en  1913,  puis  Taza  en  1914, 
époque  à  laquelle  s'opéra  la  jonction  des  troupes  du  Maroc  oriental  avec 
celles  du  Maroc  occidental. 

En  1917,  nos  opérations  aboutissent  à  la  fondation  du  poste  d'Outat 
El  Hadj,  sur  la  Moulouya,  et  à  la  jonction,  à  Misour,  des  troupes  de  la 
région  N.  et  de  celles  de  la  région  S.  du  Maroc  occidental  (Bou  Denib). 
La  même  année,  ces  dernières  opèrent  également  leur  jonction  avec 
les  troupes  venues  de  Meknès. 

Bibliographie  :  —  Les  Confins  Algéro-Marocains,  par  Aug.  Bernard 
(Paris,  1911)  ;  —  Oudjda  et  VAmalat,  par  Voinot  (Oran,  1912)  ;  —  Le 
pays  des  Haouara,  par  Lafaye  (Bulletin  de  la  Société  de  Géographie 
d'Alger,  Alger,  1913.)  ^    -  ^ 


246  —  [31]  D'ORAN  A  OUDJDA. 


31    —  D'ORAN  A  OUDJDA 

Chemin  de  fer  :  réseau  de  l'Ouest-Algérien,  253  k.  en  10  h.  env.  ; 
39  fr.  70,  26  fr.  80,  17  fr.  55.  —  Nous  ne  donnons  ici  qu'une  descrip- 
tion sommaire;  pour  plus  de  détails  on  consultera  le  Guide  Bleu  : 
Algérie-Tunisie. 

Route  :  261  k.  —  route  nat.  6  jusqu'à  Sainte-Bar be-du-Tlélat,  puis  prendre 
à  dr.  une  route  parallèle  au  tracé  de  la  voie  ferrée  jusqu'à  Sidi-Bel- 
Abbès;  route  nat.  7  par  Tassin,  Aïn  Tellout  et  (174  k.)  Tlemcen,  où 
l'on  accède  par  des  rampes  longues  mais  assez  douces;  182  k.  col  du 
Juif,  d'où  l'on  descend  par  des  déclivités  de  4  0/0  sur  l'oued  Zitoun; 
233  k.  Lalla  Marnia;  243  k.  frontière  marocaine;  261  k.  Oudjda. 

On  suit  la  grande  ligne  d'Alger  qui  contourne  Oran  à  dr.  et 
traverse  les  plaines  du  Figuier  et  du  Tlélat.  —  27  k.  Sainte- 
Barbe-du-Tlélat,  gros  bourg  de  2,300  hab. 

La  ligne,  se  détachant  à  dr.  de  la  ligne  d'Oran  à  Alger, 
quitte  bientôt  la  plaine  pour  s'élever  à  travers  une  région 
ondulée,  découverte  et  bien  cultivée  (céréales  et  vignobles). — 
33  k.  Saint-Lucien.  —  La  voie  longe,  en  suivant  le  Tlélat,  les 
pentes  inférieures  du  Djebel  Tafaraoui  (726  m.),  qui  fait  partie 
de  la  chaîne  du  Tessala.  —  40  k.  On  aperçoit  à  g.  le  barrage 
du  Tlélat,  —  On  franchit  le  col  des  Ouled  Ali.  —  55  k.  Oued 
Imbert.  —  63  k.  Les  Trembles,  village  au  confluent  de  l'oued 
Sarno  et  de  la  Mékerra. 

La  voie  franchit  l'oued  Sarno.  On  entre  dans  la  plaine  de 
Bel-Abbès,  qu'on  traverse  en  remontant  la  vallée  de  la  Mékerra. 

69  k.  Prudon  ou  Sidi  Brahim. 

79  k.  Sidi-bel-Abbès  (bufl'et;  hôt.  :  Continental  et  d'Orient, 
50  ch.  ;  des  Voyageurs;  Nouvel  Hôtel,  meublé),  ville  de  27,000  hab.,. 
dont  19,000  européens,  parmi  lesquels  beaucoup  d'espagnols, 
1,500  israélites,  6,500  indigènes  et  ch.-l.  d'un  arrond.  de 
107,000  hab.,  est  situé,  à  500  m.  d'alt.,  au  centre  d'une  vaste 
et  belle  plaine  arrosée  par  la  Mékerra,  au  S.-E.  du  Tessala. 

Bel-Abbès,  qui  a  la  forme  d'un  rectangle,  découpé  par  des  rues 
en  damier,  n'a  aucun  caractère.  Joli  jardin  public  en  dehors  de 
l'enceinte,  à  dr.  de  la  porte  de  Tlemcen.  On  y  voit  une  sculpture 
de  A.  Maillard  figurant  la  chute  d'Icare.  Faubourgs  étendus,, 
dont  la  population  est  à  peu  près  exclusivement  espagnole. 

On  traverse,  en  remontant  la  Mékerra,  une  plaine  bien  cul-, 
tivée,  dont  la  population  est  plus  qu'à  moitié  européenne; 
nombreuses  exploitations  agricoles.  —  85  k.  Détrie  ou  Sidi 
Lhdssen.  —  91  k.  Palissy  ou  Sidi  Khaled.  —  98  k.  Bou  Khanejls, 
a  proximité  d'un  pénitencier  agricole  indigène. 

102  k.  Tabia,  sur  un  plateau  de  landes;  embranchement  de 
77  k.  pour  Bedeau  et  Grampel.  —  La  ligne  incline  à  l'O.,  pour 
suivre  la  lisière  N.  du  massif  de  Tlemcen,*  qu'on  aperçoit  à  g. 
—  115  k.  Tajjamane. 

122  k.  Descartes.  —  Le  pays  devient  accidenté;  des  brous- 


SIDI-BEL-ABBÈS.  —  TLEMCEN.    [31]  —  247 


sailles  apparaissent;  terrains  rocheux.  —  126  k.  Aïn  Tellout, 
avec  une  jolie  cascade  de  40  m.,  dans  le  ravin  de  l'Ain  Tellout, 
et  une  tour  en  ruines  sur  la  rivière  (on  l'aperçoit  à  dr.,  ainsi 
que  la  chute,  tout  de  suite  après  la  gare).  -  On  franchit  un 
viaduc;  parcours  assez  pittoresque, 

135  k.  Lamoricière,  sur  la  rive  dr.  de  Tisser,  à  715  m.,  dans 
une  région  riche  et  bien  arrosée.  L'Isser  descend  en  cascades 
à  rO.  du  village. 

La  voie  franchit  Tisser,  puis  s'élève;  beaucoup  de  brousse. 

—  145  k.  Oued  Chouly.  —  On  passe  sur  2  viaducs  et  dans  plu- 
sieurs tranchées. 

157  k.  Aïn  Fezza.  On  contourne  par  une  courbe  énorme,  que 
coupent  des  tunnels,  le  profond  ravin  du  Safsaf  ;  entre  les  tun- 
nels, superbes  échappées  sur  le  cirque  d'El  Ourit,  couronné  de 
magnifiques  escarpements  de  roches  rouges,  entremêlées  d'un 
fouillis  de  plantes  et  d'arbustes;  pont  élevé  sur  le  Safsaf  au 
milieu  de  cascades.  En  contre-bas,  lacets  de  la  route  nationale. 

—  Au  delà  d'un  dernier  tunnel,  la  voie  traverse  un  bois  d'oli- 
viers et  passe  au  pied  d'El  Eubbad  ou  Bou  Médine,  dont  on 
aperçoit  les  minarets  et  les  coupoles  à  g. 

166  k.  TLEMCEN,  ville  de  30,000  hab.,  dont  5,000  européens, 
5,500  Israélites  et  19,500  indigènes,  ch.-l.  d'un  arrond.  de 
156,000  hab.,  et  située  à  806  m.  d'alt.,  au  pied  de  falaises  rou- 
geàtres  presque  à  pic,  ressaut  du  massif  montagneux  qui  la 
domine  au  S.  et  que  couronne  la  koubba  de  Lalla  Setti.  Au  N. 
s'étend  la  vaste  plaine  d'Hennaya,  que  continue  vers  TO.  la 
plaine  de  Lalla  Marnia.  Au  delà  de  la  plaine,  l'horizon  est 
fermé  par  le  massif  des  Trara,  où  Ton  distingue  le  Fillaoucen, 
le  Tadjera,  le  Djebel  Sfyane,  et,  à  TE.  de  la  coupure  de  la 
ïafna,  par  laquelle  on  peut  apercevoir  la  mer,  la  chaîne  des 
Seba  Ghioukh  et  du  Tessala.  C'est  des  remparts  N.  de  Tlemcen 
ou  du  haut  du  minaret  de  la  grande  mosquée  qu'on  jouira  le 
mieux  de  ce  merveilleux  panorama. 

.  Indépendamment  de  sa  situation  magnifique,  Tlemcen  est 
très  attachant  par  ses  monuments  de  l'époque  arabo-berbère  : 
sauf  la  grande  mosquée,  qui  est  du  xn^  s-,  à  peu  près  tous 
datent  de  la  fin  du  xni®  s.  ou  de  la  première  moitié  du  xiv"  s. 
et  sont,  par  conséquent,  contemporains  de  ceux  de  Grenade. 
Bien  qu'au  cours  de  ces  dernières  années,  des  démolitions 
nombreuses  lui  aient  fait  perdre  de  sa  couleur  locale,  Tlemcen 
reste  la  ville  la  plus  intéressante  de  TOranie. 


Omnibus  :  —  des  hôtels  à  la  q^are. 

Hôtels  -.  —  Charles  (Bellot;  Pl.  a  C-2), 
pl.  des  Victoires  (35  ch.);  de  France 
(Gonnet;  Pl.  6  B3),  r.  de  Fès  (50  cli.  ; 
gar.);  des  Voyageurs,  espl.  du  Mé- 
chouar  ;  du  Nord,  r.  du  Théâtre. 


Poste  et  télégraphe  :  —  bd  Natio- 
nal, face  au  collège. 

Banque  :  —  de  V Algérie,  bd  Na- 
tional. 

Voitures  de  place:  —  station, 
espl.  du  Méchouar. 


Le  centre  de  Tlemcen  est  la  belle  et  ombreuse  esplanade 
ou  avenue  du  Nechouar. 


248  —  [31] 


D'OR  AN  A  OUDJDA. 


Le  Mechouai\  citadelle  située  au  S.  de  la  ville,  de  forme 
rectangulaire,  d'env.  490  m.  sur  280,  est  partagé  entre  divers 
services  militaires.  L'ancienne  mosquée  du  Mechouar  sert  de 
chapelle  pour  l'hôpital  militaire  (visible  sur  demande;  peu 
intéressant);  le  minaret  (début  du  xiv®  s.),  haut  de  30  m.,  est 
carré  et  couvert  de  panneaux  décorés  d'arcades  entrelacées. 

Le  quartier  israélite^  entre  l'esplanade  du  Mechouar  et  la 
place  de  la  Mairie,  d'aspect  misérable  et  grouillant,  offre  par- 
fois des  scènes  curieuses. 

Sur  la  place  de  la  Mairie  (kiosque),  et  la  place  d'Alger  (buste 
de  Gavaignac  érigé  en  1911  sur  une  stèle  avec  figure  en  bronze 
de  l'Histoire),  qui  en  est  la  continuation,  se  trouvent  au  S.  la 
mairie,  au  N.  la  grande  mosquée,  à  l'O.  la  mosquée  de  Sidi  ^ 
Bel  Hassen. 

La  ^grande  mosquée  ou  Djama  el  Kebir  (entrée  par  le  côté 
E.;  on  fournit  des  babouches  aux  visiteurs;  modique  rétribu- 
tion), vaste  quadrilatère,  de  60  m.  sur  50,  a  été  achevée  en  1135. 
A  l'angle  S.-O.  de  la  façade,  koubba  à  dôme  polygonal.  Sur  le 
côté  N.,  minaret  rectangulaire  bâti  en  briques,  décoré  sur  ses 
quatre  faces  de  colonnettes  et  de  panneaux  ornés  de  fleurons 
en  terre  cuite  de  couleur  :  il  est  haut  de  près  de  35  m.  (belle, 
vue). 

Au  N.  de  la  cour,  la  base  du  minaret  est  enveloppée  d'un  portique  à 
deux  nefs;  à  l'E.  et  à  l'O.,  autres  portiques  à  trois  et  à  quatre  nefs. 
Ceux-ci  se  relient  au  S.  à  la  salle  de  prière,  rectangle  de  50  m.  sur  25 
divisé  en  treize  nefs  de  six  travées  ;  une  coupole  à  nervures  s'élève  au 
centre  de  la  nef  médiane.  Le  mihrab  se  distingue  par  son  élégante  orne- 
mentation, très  apparentée  à  celle  de  la  mosquée  de  Cordoue. 

La  ^mosquée  de  Sidi  Bel  Hassen  (1296)  a  été  transformée 
en  musée  des  antiquités  (s'adresser  au  concierge  de  la 
mairie;  pourboire). 

Le  musée  a  pour  salle  principale  l'ancienne  salle  de  prière  divisée 
en  3  nefs  (colonnes  en  onyx,  beau  plafond  de  cèdre)  :  inscriptions  arabes  \ 
tablette  d'onyx  datant  de  1328,  sur  laquelle  est  tracée  une  mesure 
linéaire  étalon;  cuve  à  ablutions,  en  onyx;  plusieurs  jarres;  blocs  en 
onyx  portant  des  épitaphes  de  personnages  princiers  du  xv«  s.  ;  cadran 
solaire  de  Mansoura. 

Dans  une  seconde  salle  :  beau  chapiteau  en  onyx,  provenant  du  palais 
de  Mansoura  (xiv«  s.);  boiseries  du  xi''  s.  et  des  siècles  suivants; 
mosaïques  de  faïence  du  début  du  xiv«  s.  ;  au  milieu,  lustre  en  cuivre  de 
la  grande  mosquée,  probablement  de  travail  andalou,  du  xiii«  s.  ;  — 
dans  les  vitrines  :  fragments  de  poteries,  trouvés  sur  l'emplacement  d'un 
atelier  récemment  découvert  à  Agadir,  datant  du  x«  s.  :  poteries  à  reflets 
métalliques-,  plâtres  sculptés;  bronzes;  documents  préhistoriques. 

Au      étage,  riche  collection  géologique  et  herbier.  | 

Lorsqu'on  prend,  au  S,-0.  de  la  place  d'Alger,  la  rue  de  la 
Victoire,  puis  la  rue  HaëdOj  on  se  trouve  dans  Tancien  quartier 
des  Koulouglis.  On  y  rencontre  la  mosquée  de  Sidi  Brahim,  près 
de  la  caserne  de  Gourmellat.  Le  tombeau  de  Sidi  Brahim  est 
placé  en  dehors  de  la  mosquée  sous  une  koubba  (coupole  à 
8  pans;  murailles  ornées  d'élégantes  arabesques). 


250  —  [31]  D'ORAN  A  OUDJDA. 


Vers  rextrémité  S.  de  la  rue  Ximénès  se  trouve  une  école 
indigène  de  tapis,  dont  on  peut  voir  les  travaux. 

Sur  la  dr.  de  la  rue  Haëdo,  la  mosquée  Oulad  El  Imam,  du 
début  du  XIV*  s.,  a  un  minaret  haut  de  17  m.,  orné  d'une 
décoration  céramique  en  trois  tons.  Près  de  l'extrémité  de  la 
rue  Haëdo,  à  dr.,  infirmerie  indigène  et  élégante  médersa  de 
style  mauresque  moderne.  Sur  la  g.,  quartier  de  cavalerie  et 
casernes. 

En  dehors  de  Tlemcen,  entre  les  portes  de  Fès  et  d'Oran,  au 
pied  même  des  murailles,  est  situé  le  Sahridj,  grand  bassin 
long  de  200  m.,  large  de  100  et  profond  de  3. 

La  partie  N.-O.  de  Tlemcen  est  une  ville  tout  à  fait  française; 
le  milieu  en  est  occupé  par  la  place  Cavaignac,  que  traverse  le 
boulevard  National.  Dans  ce  quartier  se  trouvent  :  Véglise,  les 
postes  et  télégraphes^  la  sous-préfecture,  le  palais  de  justice,  et,  rue 
d'Oran,  V école  arabe- française  avec  le  cours  d'apprentissage  d'indi- 
gènes. 

De  là,  si  Ton  sort  de  la  ville  par  idi' porte  du  Nord,  on  trou- 
vera, à  10  min.  à  g.,  un  fragment  de  l'ancien  rempart  berbère  : 
c'est  Bab  El  Karmadine,  la  porte  des  tuiliers. 

Revenant  à  la  place  de  la  Mairie,  on  se  dirigera  par  la  rue 
Mouïlah,  à  l'angle  S.-E.,  vers  la  place  des  Victoires;  au  milieu, 
reproduction  de  la  Diane  de  Gabies. 

Au  N.-E.  de  la  place  de  la  Mairie  se  trouve  un  intéressant 
quartier  indigène,  commerçant  et  industrieux.  Prendre  la  rue  de 
Mascara.  A  g.,  après  le  n*"  39,  petite  place,  reste  de  l'ancienne 
Kisaria,  centre  des  affaires  du  vieux  Tlemcen.  Un  marché  cou- 
vert a  été  construit  dans  la  partie  haute;  des  maisons  euro- 
péennes s'élèvent  entre  ce  marché  et  la  place  Bugeaud.  Plus 
bas,  dans  la  rue  de  l'Huilerie,  qui  s'en  détache  à  g.,  pitto- 
resques échoppes  des  pileurs  de  café.  Plus  loin,  à  l'angle  de  la 
rue  de  Mascara  (à  dr.)  et  de  l'impasse  Derb  El  Msoufa,  mosquée 
de  Sidi  Snoussi.  A  g.,  à  peu  près  en  face  de  Sidi  Snoussi,  dans 
une  ruelle  entre  la  rue  de  Mascara  et  la  rue  Khaldoun,  Ham- 
mam es  Sebbaghine,  bains  des  teinturiers. 

Après  avoir  parcouru  ce  quartier,  on  franchira  l'enceinte  par 
la  porte  de  V Abattoir,  on  suivra  un  chemin  à  g.  le  long  du 
rempart  (sur  la  dr.,  mosquée  en  ruines  de  Sidi  Lahsen,  du 
xv*'  s.),  on  passera  sous  la  ligne  du  ch.  de  fer,  puis  on  ira 
visiter,  en  contre-bas  du  rempart  et  de  la  voie  ferrée,  la 
mosquée  de  Sidi  El  Haloui  (modique  rétribution  au  gardien). 
Le  petit  bâtiment,  qui  recouvre  la  pierre  tumulaire  sans 
inscription  de  Sidi  El  Haloui,  s'élève  sur  un  tertre  qu'ombrage 
un  caroubier.  Plus  bas,  se  trouve  la  mosquée.  La  façade,  fort 
endommagée,  a  été  restaurée.  On  remarquera  le  bel  auvent  en 
bois  sculpté. 

La  salle  de  prière,  de  17  m.  50  sur  13  m.  50,  est  divisée  en  5  nefs  de 
4  travées.  Les  arcs  brisés  outrepassés  des  3  premières  travées  sont 
supportés  par  8  magnifiques  colonnes  en  onyx,  dont  les  chapiteaux  appar- 
tiennent au  style  hispano-mauresque  le  plus  pur.  Les  ^.rabesques  des 


TLEMCEN.  —  LALLA  MARNIA.     [31]  —  25< 


murs  présentent  un  décor  très  riche.  Le  plafond  en  bois  de  cèdre 
sculpté  a  été  refait  d'après  les  vestiges  de  l'ancien  plafond,  qui  ont  été 
déposés  au  musée.  Le  minaret  est  décoré  de  compartiments  dans 
lesquels  sont  ménagées  d'élégantes  arcades  faiencées;  escalier  de 
80  marches.  —  Près  de  la  mosquée,  latrines  dont  la  porte  est  abritée 
par  un  joli  auvent  en  bois  sculpté. 

Environs.  —  A  2  k.  S.-E.,  promenade  recommandée  au  pittoresque 
village  de  Bou  Médine.  On  y  visitera  la  koubba  et  surtout  la  ^mosquée 
construite  en  1339  :  porche  monumental  à  mosaïques,  porte  à  vantaux 
recouverts  de  bronzes  ciselés,  coupole  à  alvéoles,  belle  porte  en  bois  de 
.  cèdre,  élégant  minaret  richement  décoré;  à  Tintérieur,  dans  la  salle  de 
prière,  beaux  revêtements  de  plâtre.  Contiguë  à  la  mosquée,  la  médersa 
(université  musulmane)  est  de  la  môme  époque. 

2°  A  2  k.  6  O.,  Nansoura  est  le  complément  indispensable  de  la  visite 
de  Tlemcen  :  on  peut  s'y  rendre  par  le  ch.  de  fer  en  15  min.  (  V.  ci- 
dessous).  C'est  un  petit  village  qui  a  succédé  à  la  ville  créée  par  Abou 
Yakoub  en  1302.  Il  ne  reste  debout  qu'une  partie  des  remparts  qui 
otïrent  au  N.  et  à  l'O.  un  aspect  imposant,  et  le  minaret  de  la  mosquée, 
situé  sur  iin  mamelon,  et  haut  de  40  m. 

Au. DELA  DE  Tlemcen,  la  voie,  contournant  la  ville,  passe 
entre  le  rempart  et  Sidi  El  Haloui.  Plus  loin,  elle  longe  à 
faible  distance  les  vestiges  de  l'enceinte  de  Mansoura,  à  g.  — 
169  k.  Mansoura  (F.  ci-dessus),  station  au  N.-O.  des  ruines,  à 
500  m.  env.  du  minaret  et  à  1,200  m.  du  village.  On  s'engage 
ensuite  dans  la  montagne  ;  tunnel.  —  17G  k.  Aïn  Douz;  la  ligne 
court  à  flanc  de  coteau.  —  179  k.  Zelboun.  Côurbe  très  accen- 
tuée au  S.  pour  franchir,  en  la  contournant  par  l'amont,  la 
vallée  de  l'oued  Zitoun. 

196  k.  Tarenne,  à  620  m.  d'alt.  Région  boisée  et  pittoresque 
dépendant  de  la  forêt  d'Hafir,  On  franchit  l'oued  Ksob  sur  un 
pont  de  120  m.,  à  33  m.  au-dessus  de  la  rivière,  puis  la  Tafna 
sur  un  pont  de  145  m.  —  212  k.  Sidi  Medjahed,  smala  de  spahis. 
La  voie  prend  la  direction  M.-O.;  pont  sur  l'oued  Ouamane, 
puis  tunnel  et  viaduc  sur  l'oued  Tralimet.  Un  canal  longe 
bientôt  la  dr.  de  la  voie  :  son  eau  sert  à  l'irrigation  de  terrains 
dans  la  plaine  de  Marnia.  — 216  k.  Tralimet.  On  descend  sur  la 
plaine  de  Marnia. 

225  k.  Lalla  Marnia  (hôt.  :  de  France,  42  ch.,  omn.,  gar.  ; 
de  la  Renaissance),  petite  ville  de  4,000  hab.,  dont  2,000  européens, 
en  territoire  militaire  (bureau  arabe),  à  360  m.  d'alt.,  dans  une 
vaste  plaine  qu'arrosent  des  canaux  dérivés  de  la  Tafna  et  de 
la  Mouïlah.  Marché  important  le  dimanche.  Sur  la  place,  monu- 
ment élevé  à  la  mémoire  des  soldats  morts  au  cours  des  opé- 
rations dans  les  Beni  Snassene  en  1859,  1907  et  1908. 

235  k,  Zoudj  El  Beghal,  dernière  station  à  la  frontière  maro- 
caine. 

263  k.  Oudjda  (p.  252). 


252  —,[32] 


OUDJDA. 


32.  —  OUDJDA 

Pour  les  relations  avec  la  France  et  avec  l'Espagne,  V.  Voies  d'accès^ 
p.  58,  4». 

Emploi  du  temps.  —  Quelques  heures  suffisent  pour  visiter  Oudjda  et 
faire  la  promenade  d'Ain  Sidi  Yahia  (p.  255). 

OUDJDA  (ethn.  :  Oadjdi),  ch.-l.  de  l'Amalat,  ou  province 
d'Oudjda,  peuplé  de  275,000  hab.,  résidence  des  hauts  commis- 
saires français  et  marocain  du  Maroc  oriental,  est  situé  dans 
la  plaine  des  Angad,  à  638  m.  d'alt. 

La  population,  de  16,600  hab.,  comprend  2,500  français, 
1,100  autres  européens,  11,000  musulmans  et  2,000  Israélites. 

La  Medina,  étroitement  enserrée  dans  de  hauts  remparts 
bastionnés  et  crénelés,  est  bordée  vers  TE.  d'une  ceinture  de 
1  k.  de  rayon  de  vastes  jardins  d'une  superficie  de  6  à  700  hect. 
et  très  prospères,  complantés  d'oliviers  et  d'arbres  fruitiers, 
irrigués  par  des  séguias  recevant  leur  eau  d'Ain  Sidi  Yahia 
(p.  255).  Après  s'être  installés  dans  la  partie  0.  de  l'ancienne 
ville,  les  Européens  ont  édifié  des  constructions  neuves  au  N., 
à  l'O.  et  au  S.  de  l'enceinte,  créé  des  jardins  publics  et  des 
pépinières,  esquissant  ainsi  l'emplacement  de  la  ville  nouvelle. 
Plus  au  S.,  s'élève  le  Camp.  A  1,500  m.  au  N.,  se  trouve  la  gare, 
qui  constitue  le  noyau  de  futurs  quartiers. 

Sur  le  passage  des  produits  qui  sortent  du  Maroc  central, 
des  Hauts  plateaux  marocains,  des  plaines  fertiles  des  Trilîa 
et  des  Angad,  du  massif  des  Beni  Snassene,  et  de  ceux  qui 
entrent  par  l'Algérie  et  le  Kiss,  Oudjda  est  un  centre  impor- 
tant de  transit  et  de  commerce.  Un  grand  marché  hebdoma- 
daire bien  approvisionné  en  bœufs,  moutons,  chèvres,  laines, 
peaux,  céréales,  s'y  tient  tous  les  jeudis  et  vendredis. 


Gare  :  —  Gare  unique  de  l'Ouest- 
Algérien  et  du  ch.  de  fer  milit.  du 
Maroc.  —  Visite  de  la  douane,  à  la 
fois  pour  les  produits  soumis  au 
contrôle  du  Maroc  et  de  l'Algérie. 

Omnibus  :  —  de  l'hôtel  Simon,  à 
la  gare,  1  fr.  la  place. 

Hôtels  :  —  Simon  (Pl.  a  B3),  r.  de 
Marnia  (38  ch.,  omnibus,  téléph.); 
Central  (Lagarde)  ;  de  la  Poste, 
route  de  Lalla  Marnia;  de  la  Gare. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc, 
V.  de  la  Mosquée;  Alqéro-Tuni- 
sienne\  Algérienne;  Crédit  Fon- 
cier d'Algérie  et  de  Tunisie,  r.  de 
Marnia. 

Voitures  de  place  :  —  station  r. 
de  Marnia;  —  P®  zone  :  la  course 
2  fr.,  la  course  double  3  fr.  ; 
2«  zone  :  la  course  3  fr.,  la  course 


double  3  fr.  75  ;  la  demi-journée 
12  fr.,  la  journée  entière  20  fr.; 
Oudjda-Sidi  Yahia,  aller  xît  ret. 
avec  1  h.  d'attonto,  8  fr. 

Services  automobiles  :  —  d'Oudjda 
à  Martimpreij  et  Berkane  (Colombo): 
1  serv.  quotidien  10  et  12  fr.  50  la 
place. 

Automobiles  de  louage  :  —  Co- 

lombo  et  C'*'  ;  .4  Icaraz  ;  Alvares  ; 
Huret  ;  Podesta. 

Bains  maures  :  —  Ben  Amara; 
Hadj  Sabouni  ;  Bains  Habous,  on 
face  de  l'école  franco-arabe. 

Photographie  : —  Benichou;  Leduc. 

Réjouissances  locales  :  —  deux 
f(Hes  annuelles  à  Sidi  Yahia,  orga- 
nisées l'une  au  printemps  par  les 
hal)itants  d'Oudjda,  l'autre  en  au- 
tomne par  les  nomades- 


254  —  [32] 


OUDJDA. 


Histoire.  —  Fondée  eu  994  par  Ziri  Ibn  Atia,  qui  y  établit  sa  cour  et 
en  fit  la  capitale  de  ses  états,  Oudjda  fut  pendant  80  ans  le  siège  de  la 
dynastie  zénète.  Elle  passa  ensuite  au  pouvoir  des  Almoravides,  puis 
des  Almohades  qui  y  élevèrent  Une  ceinture  de  fortifications  (120G). 
Plus  tard  les  Mérinides  et  les  Abd  Kl  Ouadites  se  la  disputèrent  vio- 
lemment. Après  avoir  été  détruite  par  le  mérinide  Abou  Yakoub  (1271), 
elle  fut  réédifiée  par  son  fils  Abou  Youssef  (l'295),  entourée  de  nouveaux 
remparts,  dotée  d'une  kasba,  d'un  palais,  de  bains  et  d'une  mosquée. 
Les  Chérifs  saadiens  et  alaouites,  puis  les  Turcs  d'Alger  en  furent  alterna- 
tivement les  maîtres.  Ces  derniers  y  commandèrent  à  plusieurs  reprises, 
de  1554  à  1647,  de  1672  à  1680,  de  1692  à  1795.  Entre  temps,  Moulay 
Ismaïl  la  fit  restaurer. 

Occupée  et  évacuée  par  nos  troupes  une  première  fois  en  1844,  en 
représailles  des  secours  fournis  par  le  Maroc  à  l  émir  Abd  el  Kader,  et 
une  deuxième  fois  en  1859,  elle  est  réoccupée  sans  coup  férir  le 
29  mars  1907  et  sert  de  base,  ainsi  que  Nemours,  à  la  pacification  des 
Beni  Snassene. 

La  gare  est  tête  de  ligne  du  ch.  de  fer  à  voie  large  du 
réseau  de  l'Ouest-Algérien  qui  vient  d'Algérie  et  du  réseau  du 
ch.  de  fer  militaire  à  voie  étroite  qui  pénètre  au  Maroc.  A  ce 
titre,  il  s'y  fait  d'importants  transbordements. 

Uavenue  de  la  Gare  aboutit  à  (500  m.  S.-E.)  la  douane^  près  du 
marabout  de  Sidi  Toiimi;  une  autre  voie  mène  à  (800  m.  S.-O.) 
la  briqueterie,  qu'avoisine  un  quartier  peuplé  d'espagnols. 

Le  boulevard  du  Camp,  large  et  bordé  d'arbres,  monte  en 
pente  douce  vers  le  plateau  sur  lequel  est  assise  (1,500  m.  N.-O.) 
la  VILLE  NOUVELLE,  très  étendue,  qu'il  traverse  du  N.  au  S., 
laissant  à  g.  un  cimetière  musulman  sans  intérêt,  le  Monopole 
des  Tabacs,  le  tribunal,  Vfiôtel  des  postes  de  style  néo-mauresque, 
près  de  la  koubba  de  Sidi  Hassene,  un  groupe  scolaire,  à  proxi- 
mité de  la  koubba  de  Mohammed  Ben  Ziane,  la  Medina  (F.  ci- 
dessous).  Il  se  prolonge,  1  k.  plus  à  l'E.,  par  la  route  de  Berguent 
qui  dessert  à  dr.  le  camp  Rose  où  se  trouvent  le  monument  Base, 
le  Trésor  et  Postes  aux  Armées,  le  cercle  des  officiers,  les  haras, 
et,  plus  au  N.,  derrière  les  casernèments,  Vhôpital  militaire.  En 
face  du  camp  et  à  l'E.  de-  la  route,  on  voit  successivement  la 
gendarmerie  et  des  terrains  de  bivouac,  la  prison  militaire,  le 
monument  Souleilland  et  le  camp  d'aviation. 

On  entre  dans  la  Medina  par  Bab  El  Khemis  {Haut  Commis- 
sariat français  à  100  m.  à  dr.,  à  l'intérieur  des  remparts,  en  face 
de  la  koubba  de  Sidi  Driouiche)^  qui  donne  accès  à  l'artère  prin- 
cipale d'Oudjda,  la  rue  de  Marnia,  et  traverse  la  ville  indigène 
de  i'O.  à  l'Ë.  A  dr.,  quartier  des  Ahel  DJamel;  à  g.,  quartier 
européen  avec  le  commissariat  de  police,  l'hôtel  Simon  et  le  Crédit 
foncier  et  agricole  d'Algérie- Tunisie. 

Plus  loin,  à  partir  de  la  place  Figari,  que  domine  le  minaret, 
construit  en  1917,  de  la  mosquée  de  Sidi  Okba,  ce  sont  les  souksi 
enserrés  entre  les  quartiers  des  Ouled  Aïssa  à  dr.  et  des  Oulem 
Amrane  à  g.,  et  la  Kisaria,  sorte  de  grand  fondouk  qui  réunîi 
une  quarantaine  de  boutiques. 

De  la  place  Figari,  une  rue  tortueuse  aboutit  au  N.  à  Bab  Ouled 
Amrane,  dans  les  remparts. 


OUDJDA, 


[32]  —  255 


De  la  Kisaria,  on  peut  se  rendre  :  i°  à  Bab  SidlAbd  El  Ouahab, 
dans  les  remparts  E.,  soit  par  le  quartier  des  Ahel  Oudjda,  soit 
par  celui  des  Achakfane,  qui  aboutissent  tous  deux  au  marché 
de  Sidi  Abd  Et  Ouahab.  A  l'intérieur  des  murs,  abattoirs  et 
koubbas  de  Sidi  Abd  El  Ouahab  et  de  Sidi  Djilali.  C'est  sur  la 
face  externe  des  merlons  de  Bab  Sidi  Abd  El  Ouahab  qu'on  sus- 
pendait autrefois  les  têtes  décapitées  des  rebelles;  les  clous  et 
des  traces  de  sang  sont  encore  visibles.  A  l'extérieur  des  rem- 
parts, à  g.,  grand  marché  aux  l)estiaux  et  service  zootechnique, 

2°  à  Bab  Sidi  Aïssa  ou  porte  de  Fès,  dans  les  remparts  S.,  en 
longeant  la  grande  mosquée  réparée,  ainsi  que  son  minaret,  en 
1908,  la  médersa,  la  kasba,  où  sont  installés,  le  Haut  Commis- 
sariat chérijien,  le  Quartier  Général,  V Etat-Major,  Vécole  franco- 
arabe  et  un  jardin  public;  en  face  des  bains  maures  de  l'admi- 
nistration des  Habous  chérifiens,  la  Banque  d'Etat  du  Maroc, 
vis-à-vis  de  la  koubba  de  Sidi  Ziane. 

De  part  et  d'autre  de  Bab  Sidi  Aïssa,  jardins  publics,  très  jolis,  créés 
depuis  1912  entre  l'enceinte  et  le  boulevard  extérieur.  —  'Ùinfirmerie 
indigène  s'élève  à  200  m.  au  sud  de  la  porte. 


Promenades.  —  l*"  Aïn  Sidi  Yahia  (3  k.  S.-E.;  courte  prome- 
nade fort  agréable;  8  fr.  en  voit,  aller  et  ret.  avec  1  h.  d'attente 
à  la  source).  —  On  s'y  rend  par  deux  itinéraires  qui  pourront 
être  parcourus  l'un  à  l'aller,  l'autre  au  retour. 

Le  1"  (route)  se  détache  de  la  route  de  Berguent  au  delà  et 
à  g.  du  camp,  près  de  l'Aviation,  pour  suivre  la  route  de  Sidi 
Yahia,  bordée  de  caroubiers,  de  jardins  et  de  vignes  et  dépasser 
les  trois  marabouts  de  Sidi  Bel  Abbas,  de  Moulay  Abd  El  Kader 
El  Djilali  et  de  Sidi  Bou  Médine  El  Ghouts.  A  l'horizon  s'élèvent 
les  belles  montagnes  des  Beni  Bou  Said. 

Le  2*"  itinéraire  (chemin  carrossable)  part  de  Bab  Sidi  Abd 
El  Ouahab,  pénètre  dans  la  zone  des  jardins  et  vergers  en 
séparant  les  deux  grandes  parcelles  du  Meksem  à  dr.,  de  VOud- 
jida  à  g.  On  rejoint  l'itinéraire  précédent  auprès  de  la  pépinière. 

L'oAsis  DE  Sidi  Yahia  (se  faire  guider  par  le  mokaddem  tou- 
jours présent;  pourboire)  forme  un  magnifique  cordon  d'arbres 
verdoyants  :  oliviers,  térébinthes,  saules-pleureurs,  palmiers, 
qui  croissent  aux  abords  de  sources  abondantes,  tièdes  et 
riches  en  potasse  ;  ces  sources  donnent  naissance  à  deux  bras 
de  rivière  dont  les  eaux  irriguent  les  jardins  d'Oudjda  et  une 
propriété  habous,  située  en  aval  de  l'oasis,  où  l'on  s'occupe  de 
maraîchage. 

Sidi  Yahia  Ben  Younès,  santon  très  vénéré  des  musulmans, 
est  également  honoré  par  les  juifs  et  les  espagnols.  Pour  tous, 
c'est  le  St  Jean  de  la  Bible  qui  aurait  prédit  la  venue  au  monde 
de  Jésus-Christ.  Son  lieu  de  sépulture  n'est  pas  certain  :  les 
uns  prétendent  qu'il  est  enterré  sous  les  grands  arbres  recou- 
verts de  chiffons,  les  autres  dans  le  marabout  où  l'on  sacrifie 
les  animaux.  Dans  son  voisinage  se  trouvent  le  sanctuaire  de 


âo6  —  [33]         ENVIRONS  D'OUDJDA 


Bon  Chikhi,  abrité  par  un  arbre  qui  aurait  la  vertu  de  faire  dis- 
paraitre  les  douleurs  de  reins,  et  la  Khaloua  de  Moulay  Abd  El 
Kader  et  de  Sidi  Bon  Medine,  sous  d'énormes  troncs  de  palmiers. 

Tout  autour  de  l'oasis  s'étend  la  plaine  des  Angady  d'aspect 
désertique,  limitée  au  N.  par  les  monts  des  Beni  Snassene 
(p.  259),  au  S.-E.  par  les  monts  des  Beni  Bou  Said,  au  S.-O.  par 
les  monts  des  Zekkara. 

2"  Champ  de  bataille  d'Isly  (6  k.  0.,  sur  la  rive  dr.  de  l'oued 
Isly,  affluent  de  l'oued  Mouïlah).  —  On  s'y  rend  par  la  route  de 
Taourirt.  Un  monument  élevé  sur  la  colline  dite  Koudiat  Moulay 
Abd  Er  Rahmane,  en  souvenir  du  fils  du  sultan  battu  par 
Bugeaud,  commémore  le  fait.  Abd  El  Kader,  réfugié  au  Maroc, 
n'avait  pas  tardé  à  en  soulever  contre  nous  les  populations. 
Bon  gré  mal  gré,  le  sultan  avait  été  entraîné  à  la  guerre  sainte. 
Le  30  mai  1844,  Lamoricière  fut  attaqué  sur  l'oued  Mouïlah. 
Bugeaud,  aussitôt  accouru,  essaya  d'abord  de  négocier.  Au 
cours  des  pourparlers,  un  attentat  fut  commis  contre  le  général 
Bedeau.  Bugeaud  se  résolut  dès  lors  à  combattre.  Il  se  heurta 
sur  risly,  le  13  août  1844,  à  40,000  Marocains;  il  n'avait  que 
12,000  hommes,  qu'il  forma  en  carrés,  contre  lesquels  se  bri- 
sèrent les  attaques  répétées  de  l'ennemi.  La  victoire  fut  com- 
plète. Concurremment,  Tanger  était  bombardée  le  6  août,  et 
Mogador  le  15  août,  par  une  escadre  sous  les  ordres  du  prince 
de  Joinville.  Le  sultan  s'empressa  de  demander  la  paix. 


33.  —  ENVIRONS  D'OUDJDA 

Si  la  banlieue  d'Oudjda  est  plate  et  nue,  le  massif  des  Beni  S7iassene 
(50  k.  N.-O.)  est  une  région  extrêmement  intéressante  et  pittoresque. 
On  peut  en  faire  le  tour  en  automobile  par  la  route  dite  de  la  Boucle, 
qui  utilise  les  deux  itinéraires  d'Oudjda  à  Berkane  par  Martimprey 
(  V.  ci-dessous,  A)  et  Taforalt  (p.  258,  B)  ;  l'excursion  gagnera  en  intérêt  si 
l'on  parcourt,  à  cheval,  le  trajet  Taforalt-Berkane  ou  vice  versa,  par  les 
admirables  gorges  du  Zegzel  (p.  260),  tout  en  ne  demandant  qu'un  jour. 
On  peut  encore  traverser  le  massif  du  N.  au  S.,  à  cheval,  entre  Ain  Sfa 
et  Berkane  (p.  259,  C)  ;  dans  ce  cas,  on  se  fera  conduire  en  auto  jusqu'à 
Aïn  Sfa. 

Les  excursions  dans  la  région  S.  d'Oudjda  présentent  moins  d'intérêt. 

1°  Berkane. 

A.  —  Par  Martimprey. 

61  k.  —  Bonne  route  secondaire  n^  25,  entièrement  achevée;  scrv.  quo- 
tidien d'autobus,  en  3  h.  ;  12  fr.  50. 

Sortie  par  Bab  El  Khemis  et  route  de  Martimprey.  —  1  k.  Bri- 
queterie, à  g.,  et  passage  à  niveau  sur  le  ch.  de  fer  militaire.  — 
—  4  k.  Pont  sur  l'oued  Isly.  La  route  se  dirige  droit  au  N.-O., 
dans  la  large  et  fertile  plaine  des  Angad,  de  5  à  600  m.  d'alt.,  aux 


L'ISLY.  —  MARTIMPREY  DU  KISS.    [33]  —  257 


terres  rougeâtres,  piquée  de  tentes  de  nomades  et  de  quelques 
fermes  européennes  s'occupant  principalement  de  la  culture 
des  céréales  et  de  l'élevage  des  porcs.  —  10  k.  Ferme  Pérez, 
entourée  de  jeunes  plantations  de  vignobles  et  d^oliviers.  — 
15  k.  Maison  cantonnière. 

21  k.  Douane,  —  25  k.  Usine  de  crin  végétal. —  27  k.  La  route 
monte  dans  le  massif.  —  28  k.  7.  Col  de  Guerbous,  point  culmi- 
nant du  trajet,  parmi  des  mamelons  couverts  de  palmiers  nains 
et  partiellement  cultivés.  La  vue  s'étend  au  N.  sur  la  vaste 
plaine  des  Triffa.  —  31  k.  6.  Maison  cantonnière;  on  longe 
l'oued  Melha;  nombreux  détours.  —  35  k.  Ponceau  sur  l'oued 
Azouz. 

37  k.  Martimprey  du  Kiss  (hùt.  des  Voyageurs)  sur  l'oued 
Kiss,  frontière  naturelle  du  Maroc  jusqu'à  la  mer;  village  pros- 
père de  600  hab.,  de  création  récente,  dans  une  région  fertile. 
Marchés  le  lundi  et  le  jeudi. 

DE  MARTIMPREY  A  SAIDIA  (^21  k.  ;  route  secondaire  n«  14  en  construction 
et  serv.  de  voiture).  —  1  k.  8.  Oued  Aghbal,  d'où  une  piste  praticable 
aux  voitures,  et  dite  «  Trik  Nedjoua  «,  se  dirige  vers  la  Moulouya.  — 
8  k.  5.  Sidi  Mohammed  Ben  Aïssa.  —  21  k.  Saïdia,  petit  village  de 
50  hab.,  poste  de  douane  et  port  non  ouvert  à  la  navigation,  à  l'embou- 
chure et  sur  la  rive  g.  de  l'oued  Kiss,  dont  les  alluvions  envasent  l'es- 
tuaire. Une  vieille  kasha  sert  d'habitation  au  caïd  des  Ouled  Mansour. 
Les  colons  se  livrent  à  la  culture  du  géranium  et  au  maraîchage.  Marché 
le  mercredi  et  le  dimanche. 

En  face  et  sur  la  rive  dr.  du  Kiss,  qu'on  franchit  sur  un  pont,  Port 
Say,  ou  Adjerond  (hôt.  du  Maroc  oriental),  centre  français  et  petit  port 
en  territoire  algérien  relié  à  Marnia  par  une  route  nationale  (  F.  le 
Guide  Bleu  :  Algérie-Tunisie).  —  De  Saïdia  à  Berkane,  p.  260. 

De  Martimprey  a  Aïn  Sfa,  p.  258;  —  a  Marnia  (35  k.  S.-E.),  V.  le 
Guide  Bleu  :  Algérie-Tunisie. 

La  route  contourne  le  massif  des  Beni  Snassene  longeant  la 
plaine  des  Triffa,  aux  terrains  rouges  et  fertiles,  d'une  super- 
ficie approximative  de  45,000  hect.  en  grande  partie  colonisés. 
La  culture  dominante  est  celle  des  céréales  (blé,  avoine,  orge) 
qui  donne  de  bons  rendements.  La  vigne  y  est  également  pro- 
ductive. On  y  a  fait  enfin  des  essais  de  culture  de  coton,  de 
lin,  de  tabac  et  de  géranium  qui  ont  bien  réussi.  —  46  k.  Pont 
sur  l'oued  Bou  Zit. 

51  k.  Aïn  Reggada,  petit  centre  européen  autour  d'une  source 
intermittente  qui  reste  parfois  tarie  pendant  huit  jours.  L'eau 
sort  d'un  bloc  de  maçonnerie  ancien  formant  réservoir;  par 
des  orifices  multiples,  elle  est  distribuée  de  différents  côtés. 
Restes  d'une  ancienne  kasba  construite  par  Moulay  Ismail 
(xvni^'s.)  pour  empêcher  les  Beni  Snassene  de  descendre  dans 
Ifi  plaine. 

D'Aïn  Reggada,  une  piste  se  dirigeant  sur  (48  k.)  Aïn  Sfa  traverse 
les  Beni  Snassene  (p.  259). 

Pont  sur  l'oued  Reggada  au  sortir  du  village. 
61  k.  Berkane  (p.  259). 


MAROC. 


17 


"  [33] 


ENVIRONS  D'OUDJDA. 


B.  —  Par  Taforalt. 

77  k.  —  Bonne  route  presque  entièrement  construite,  extrêmement  pitto- 
resque au  delà  do  Taforalt,  dans  la  descente  vers  la  Moulouya. 

La  piste  traverse  une  région  très  cultivée  et  très  habitée. 
26  k.  Aïn  Sfa,  ancien  camp  au  pied  de  la  montagne,  au  voi- 
sinage de  jardins  et  de  vergers.  Important  marché  le  jeudi. 

D'AIN  SFA  A  MARTIMPREY  (29  k.  5  N.  ;  piste  carrossable  aux  autos 
légères).  —  5  k.  Passage  do  l'oued  Tametmat.  —  10  k.  Sidi  El  Madjene. 
—  13  k.  5.  Madjene  El  Hamra.  —  15  k.  Maison  du  kaïd  Taïb.  '—  17  k. 
Jonction  de  la  route  d'Oudjda  à  Martimprey  (p.  257).  —  29  k.  5,  Mar- 
timprey  (p.  257). 

D'AïN  S  FA  A  Berkane  par  la  montagne,  p.  259,  C. 

La  piste  longe  en  terrain  plat  les  pentes  S.  du  massif  des 
Beni  Snassene. 

47  k.  Boa  Houria  (hot.  modestes  :  Méiiétrez  et  Schurdevin),  poste 
militaire  et  petit  village  européen  au  pied  des  Beni  Snassene, 
à  proximité  de  terres  cultivables  et  facilement  irriguables. 

De  Bou  Houria,  des  pistes  mènent  :  l*'  à  (24  k.)  Naïma  (p.  262)  par  la 
plaine  des  Angad,  rejoignant  (à  17  k.)  le  Trik  Es  Soltane  ;  2'^  à  (26  k.  15) 
El  Aioun  (p.  263). 

La  piste  remonte  en  terrain  plat,  pendant  5  k.,  la  vallée  de 
l'oued  Ighzcr,  puis  devient  route  entretenue  présentant  une. 
montée  rapide  jusqu'au  k.  55. 

54  k.  5.  Monument  commémoratif  des  colonnes  de  1859  et  1907, 
à  l'E.  et  sur  le  bord  de  la  route.  Vue  étendue. 

57  k.  Taforalt  (rest.  Libert),  poste  militaire  et  petite  agglo- 
mération européenne  de  50  hab.,  dans  le  massif  des  Beni 
Snassene,  pourvu  d'un  dépôt  de  convalescents  en  été,  à  850  m. 
d'alt.,  d'où  l'on  découvre,  au  N.,  dans  un  site  admirable,  la 
mer,  les  îles  Zaiïarines  (35  k.  ;  p.  320)  et  la  zone  espagnole. 

La  région,  très  tempérée  en  été  (maxim.  20°),  est  propre  à  la 
culture  de  la  vigne,  de  l'oranger,  du  citronnier  qui  y  forment 
de  véritables  vergers.  Le  sol  renferme  aussi  de  l'onyx  et  du 
marl)re  non  exploités.  Les  sites  naturels  y  abondent,  le  plus 
remarciuable  est  celui  des  gorges  de  Zegzel  (p.  260). 

A  2  k.  de  Taforalt,  on  trouve  des  ruines  qui  seraient  celles 
iVAounoul,  ancienne  station  romaine. 

DE  TAFORALT  A  MECHRA  EL  MELAH  (40  k.  O.  ;  piste  muletière).  —  On 
suit  l'ouod  Tazemourt;  la  région  est  très  cultivée  dans  les  bas-fonds.  — 
22  k.  Souk  Et  Tni)ie.  Le  sol  devient  aride  et  caillouteux.  —  A  Aïd 
très  forte  montée  à  la  suite  de  laquelle  on  descend  dans  le  Cliaba 
Tabcheurt,  long  de  4  k.,  très  encaissé  et  très  couvert.  —  Passage  do 
l'oued  Sefroun;  le  pays,  plus  plat,  est  raviné.  —  40  k.  Mechra  El  Melah, 
gué  sur  la  Moulouya,  à  côté  dCAïn  El  Hammam,  source  chaude. 

DE  TAFORALT  A  AIN  EL  HAMMAM  (31  k.  O.  ;  piste  muletière).  —  5  k. 
Tagma,  village.  —  12  k.  Kasba  Bou  (iriba,  en  ruines.  —  31  k.  Aïn  El 
Hammam.,  sur  la  rive  dr.  de  la  Moulouya  non  guéable  sur  ce  point. 

DE  TAFORALT  A  MECHRA  ROU  DELLAL  (33  k.  N.  ;  piste  muletière).  — 
18  k.  Ouea  Cheraa,  gué  à  bords  escarpés.  —  19  k.  Cneraa,  ruines  d'une 


TAFORALT.  —  BERKANE.      [33]  —  259 

kasba  qui  n'a  jamais  été  terminée;  sources  abondantes  et  jardins.  — 
21  k.  5.  lias  EL  Ma,  origine  d'un  marais  dont  le  trop  plein  se  déverse 
dans  la  Moulouya,  puis  massif  de  Kliennousa,  boisé  de  lentisques  et 
d'oliviers  sauvages.  —  33  k.  Mechra  Bou  Déliai,  gué  de  la  Moulouya. 

De  Taforalt  a  Berkane  par  les  gorges  du  Zegzel,  p.  260;  — a  El 
AïouN,  p.  263. 

La  route,  très  pittoresque,  décrit  de  nombreux  lacets.  —  60  k.  5. 
Ferme  européenne.  ~  72  k.  Tagma,  village  au  centre  de  pâtu- 
rages, vestiges  du  camp  du  bataillon  d'Afrique  qui  a  construit 
la  route. 

.  77  k.  Berkane  (V.  ci-dessous). 

f  C.  —  ]^AR  LA  MONTAGNE. 

74  k.  N.-O.  —  Route  autocyclable  jusqu'à  Aïn  Sfa  ;  piste  muletière  très 
accidentée  d'Aïn  Sfa  à  Aïn  Reggada  ;  bonne  route  sur  le  reste  du 
parcours.  Très  recommandé. 

Cette  excursion  permet  do  traverser  du  N.  au  S.  le  massif  des  Beni 
Snassene,  dont  le  point  culminant  est  le  Bas  Fourhal  (1,555  m.  d'alt.). 
Les  villages  berbères  y  sont  nombreux.  Les  vergers  d'amandiers,  de 
figuiers,  do  citronniers  et  surtout  d'orangers  (les  oranges  des  Beni 
Snassene  sont  à  juste  titre  renommées)  alternent  avec  les  boisements 
de  chêne  vert,  de  genévrier  et  de  sumac  (tizra)  employé  pour  la  tein- 
ture et  la  fabrication  des  explosifs.  Le  pays  est  très  sûr. 

26  k.  d'Oudjda  à  Aïn  Sfa,  p.  258. 

On  rencontre  successivement  les  villages  de  Oaaroa,  près 
d'un  petit  col;  de  Sefrou,  riche  en  bétail,  près  de  la  source  et 
de  l'oued  de  même  nom;  Amranen;  (36  k.)  Cliefialfa,  au  delà 
de  l'oued  Gtiehalfa. 

45  k.  Col  de  Fourhal,  près  du  Ras  Fourhal,  d'où  le  panorama 
est  magnifique. 

On  redescend  la  montagne  par  Ain  Timzegourt,  Ain  Almou. 
—  49  k.  El  Annseur,  village  auprès  de  sources  et  de  jardins; 
Isdraoaiue,  Beni  Malifoud.  —  55  k.  Sidi  Mekki,  où  se  trouvent  les 
silos  des  Beni  Mengouch  El  Guerroudj.  —  58  k.  Sidi  Moussa  El 
Rend.  — 60  k.  Maison  du  kaid  Guerroudj,  au  pied  de  la  montagne. 

64  k.  Ain  Reggada  (p.  257),  où  la  piste  rejoint  la  route  de 
Martimprey  à  Berkane,  qu'on  suit  à  partir  de  ce  point. 

74  k.  Berkane  (hôt.  modestes  :  du  Commerce  ou  Babonneau, 
15  ch.  2.50  et  3,  pet.  déj.  0.75,  rep.  2.50,  gar.  ;  du  Zegzel  ou 
Courtois;  de  Bourgogne),  bourg  européen  de  2,000  hab.,  créé  à 
proximité  d'un  poste  militaire  installé  en  1908.  Les  colons  de 
ce  centre  ont  mis  en  valeur,  en  quelques  années  seulement,  les 
20,000  hect.  cultivables  qui  s'étendent  aux  environs. 

Le  bourg  est  établi  sur  une  pente  douce  que  traverse  la  route 
d'E.  en  O..En  bas,  place  où  se  tiennent  les  marchés  du  mardi 
et  du  vendredi.  Au  delà,  oued  Berkane  au  large  lit  caillouteux, 
qu'on  franchit  sur  un  pont;  en  amont,  vergers  et  bananeraies; 
en  aval,  marabout  de  Sidi  Mohammed  Aberkane.  Sur  la  rive  g. 
de  l'oued,  fortement  relevée,  s'élève  le  camp  où  se  trouve  le 
Bureau  des  Renseignements. 


260  —  [33]         ENVIRONS  DVUDJDA. 


Les  gorges  du  Zegzel  sont  la  grande  attraction  de  Berkane; 
on  peut  les  parcourir  de  bout  en  bout  en  se  rendant  de  Berkane 
à  Taforalt.  Si  l'on  ne  dispose  que  de  quelques  heures,  on  ira 
seulement  jusqu'aux  grottes  de  Bou  Rebah  et  de  Taserrakout 
{V.  ci-après). 

DE  BERKANE  A  TAFORALT  (21  k.  S.-O;  bonne  route  à  profil  très 
accidenté,  mais  très  pittoresque;  pour  la  location  de  mulets  10  à  15  fr. 
par  jour  y  compris  le  conducteur,  s'adresser  au  Bureau  des  Rensei- 
gnements). —  Franchir  l'oued  Berkane  et  prendre  une  piste  à  g.  des 
des  jardins  du  camp,  dans  des  terrains  montueux.  —  2  k.  A  g.,  petite 
plaine  de  OuaouUout  avec  une  ferme  européenne.  —  3  k.  Coteau  et 
marabout  de  Sidi  Abd  El  Moumene  Bou  Kobraïne,  du  saint  aux  deux 
tombes.  On  descend  ensuite  dans  le  lit  de  l'oued  au  pied  de  (5  k.  5)  la 
dechra  Tazaghine,  entourée  de  figuiers  de  Barbarie,  et  où  se  trouvent 
les  silos  des  Boni  Atig. 

On  est  dès  lors  dans  les  *gorges  du  Zegzel,  très  resserrées  et  sau- 
vages, aux  flancs  tantôt  escarpés  et  boisés,  tantôt  à  pic.  La  route  suit 
le  lit  de  Foued  qu'elle  traverse  plusieurs  fois.  Dans  le  mur  du  Djebel 
Tazaroui\  on  aperçoit,  dans  des  sortes  de  fenêtres  naturelles,  des  corps 
blancs  que  la  légende  dit  être  des  tolba  pétrifiés  dans  des  attitues  d'étu- 
diants lisant  le  Coran.  —  8  k.  5.  La  vallée  s'élargit  kyTakerboust,  village 
entouré  de  splendides  vergers  où  dominent  les  orangers.  —  12  k.  Mara- 
bout de  Tafraout.  —  13  k.  Zaouïa  de  MouLay  Ahmed  Ben  Aïachi,  à  cinq 
blanches  coupoles.  La  vallée  se  resserre  à  nouveau. 

15  k.  Trasrout,  où  se  trouvent  deux  grottes.  La  *gpotte  de  Bou  Rebah 
(s'y  faire  conduire  par  des  indigènes  du  hameau  voisin)  comprend  :  une 
grande  salle  sous  coupole  ovoïde;  une  deuxième  salle  derrière  un  court 
passage  ;  une  troisième  salle,  au  fond  et  à  dr.,  de  plus  de  50  m.  de  longueur, 
ornée  sur  le  fond  de  petites  orgues. 

Quelques  pas  plus  haut,  *gpotte  de  Taserrakout,  avec  étroite  entrée 
à  fleur  de  terre  donnant  accès  dans  une  immense  salle  ornée  de  stalac-  . 
tites  géantes.  Une  stalagmite  garnie  de  chiffons  et  figurant  un  chameau, 
est  vénérée  par  les  femmes  stériles  qui  désirent  devenir  mères;  il  leur 
suffirait  de  passer  sept  fois  dessous  pour  que  leur  vœu  puisse  se  réaliser. 
—  En  contre-bas,  Aïn  Tikerchiine,  source  aux  eaux  tièdes. 

De  ce  point,  une  piste  conduit  à  (15  k.  6)  Bou  Houria  (p.  258). 

Après  Trasrout,  la  route  longe  à  flanc  de  coteau  l'oued  ïaï  Oureït, 
puis  remonte  la  vallée  de  l'oued  Trasrout  et  escalade  une  très  forte 
pente  pour  atteindre  (21  k.)  Taforalt  (p.  258). 

DE  BERKANE  A  SAIDIA  (24  k.  N.-E.  ;  route  secondaire  n«  17,  èntièrement 
achevée  ;  serv.  de  voiture  irrégulier,  voit,  partie.  20  à  25  fr.)  —  La  route 
traverse  une  région  riche,  très  cultivée.  —  12  k.  Café  maure  et  crête 
que  domine  le  marabout  de  Sidi  Brahim.  ' —  20  k.  Oued  Kiss,  qu'on 
longe  pendant  4  k.  sur  la  rive  g.  et  dont  les  gorges,  formées  de  rochers 
à  pic,  sont  très  pittoresques.  Sur  la  rive  dr.,  en  territoire  algérien,  rotite 
nationale  de  Port  Say  à  Maghnia.  —  24  k.  Saïdia  (p.  257). 

DE  BERKANE  A  MECHRA  KHERBACHA  (28  k.  N.  ;  piste  carrossable  par  beau 
temps).  —  12  k.  Sidi  Assas,  dans  une  région  boisée  et  marécageuse. 
20  k.  Aïn  Zebda,  près  du  douar  du  caïd  des  Haouara  Dekhiisi.  —  A 
2  k.  N.-K.,  bordj  d'El  KoUi,  poste  de  douane.  —  28  k.  Mechfra  Kher- 
bacha,  sur  la  rive  dr.  de  la  Moulouya. 

De  Mechra  Kherbacha,  on  peut  se  rendre  à  (18  k.  E.  ;  piste  muletière) 
Saïdia  (p.  257),  ])ar  Aïn  Chebbak  en  traversant  la  plaine  des  Ouled 
Mansour,  large  de  300  m.  env.,  a])pelée  «  Sareg  »  par  les  autochtones, 
rcconnaissable  par  un  cordon  d'arbres  fruitiers,  figuiers,  poiriers,  gro- 


GORGES  DU  ZEGZEL.  —  BERGUENT.    [33]  —  261 


nadiers,  dans  lequel  on  trouve  de  l'eau  douce  à  1  m.  ou  1  m.  50  de  pro- 
fondeur. 

DE  BERKANE  A  SELOUANE  ET  MELILLA  (70  k.  N.-O.  ;  piste  carrossable  en 
zone  française,  route  en  zone  espagnole  ;  serv.  quotidien  de  diligences 
espagnoles  en  8  h.  ;  25  fr.  la  place;  peu  confortable;  présenter  les  passe- 
ports à  Berkane).  —  28  k.  Gué  de  la  Aloulouya,  facile  aux  basses  eaux, 
difficile  au  moment  des  pluies.  L'aménagement  d'un  bac  est  à  l'étude. 
—  36  k.  Zaïo,  poste  militaire  espagnol.  —  70  k.  Selouane  (p.  319).  De 
Selouane,  le  ch.  de  fer  mène  en  1  h.  à  Melilla  (p.  319). 


2°  Berguent. 

80  k.  S.  —  Piste  autocyclable  en  été,  impraticable  après  les  pluies. 

La  piste  se  développe  en  terrain  accidenté  entre  le  massif,  des 
Zekkara,  boisé,  et  le  Djebel  Metsila  (1,211  m.).  —  30  k.  Gué  diffi- 
cile de  l'oued  Isly. 

40  k.  Djerada,  relai.  Montée  assez  raide  du  col  de  Djerada, 
entre  la  montagne  du  même  nom  et  le  Djebel  Bou  Khaltoam 
(1,693  m.),  puis  descente  dans  le  territoire  des  Beni  Mathar. 
La  piste  redevient  plate.  —  71  k.  Passage  difficile  de  Poued 
Ouziene. 

80  k.  Berguent  (rest.),  poste  militaire  à  918  m.  d'alt.,  sous 
la  protection  duquel  s'est  créé  un  centre  commercial  et  agri- 
cole de  500  hab.;  marché  important  le  lundi.  Au  voisinage, 
quelques  vieilles  kasbas  et  sources  tièdes  et  ferrugineuses  de 
l'oued  Za. 

DE  BERGUENT  A  DEBDOU  (109  k.  O.  ;  piste  muletière).  —  30  k.  Passage 
de  l'oued  Charef.  —  34  k.  Meridja,  redoute  en  ruines.  On  traverse  des 
zones  d'alfa.  —  52  k.  Djebel  Mekam.  La  piste  est  plus  accidentée.  — 
64  k.  Aîn  Serrak.  —  72  k.  Ain  Merini,  près  d'un  ksar  inhabité.  —  74  k. 
Marabout  de  Sidi  Bou  Djemila,  dans  la  tribu  des  Ouled  Amor.  —  84  k. 
Colline  de  Zelleguene,  à  dr.  —  97  k.  Foum  El  Oued,  où  la  piste  rejoint 
celle  de  Taourirt  à  Debdou  (p.  265).  —  109  k.  Debdou  (p.  265). 

DE  BERGUENT  A  MATARKA  (110  k.  S.-O.  ;  piste  médiocre,  autocyclable). 

—  D'abord  à  profil  plat,  la  piste  est  assez  accidentée  au  Gour  Leham, 
puis  au  passage  de  l'oued  Charef.  —  35  k.  Oglat  Sedra,  puits  très 
fréquenté  par  les  nomades.  La  piste  longe  la  rive  dr.  de  l'oued  Charef. 

—  44  k.  Oglat  Foukania.  —  50  k.  Montée  assez  dure  sur  le  plateau.  — 
86  k.  Torrad.et  Ed  Defla,  descente  et  passage  assez  difficiles.  —  110  k. 
Matarka,  petite  redoute  à  1,280  m.  d'alt.,  dans  une  région  d'alfa. 

De  Matarka,  on  peut  se  rendre  à  (74  k.  S.-E.  ;  piste  traversant  des 
oueds  à  sec)  Tendrara{V.  ci-dessous),  par  (18  k.)  Oued  Ghezala,  (22  k.) 
Oued  Meharoug,  (29  k.)  Oued  Zahda.  (38  k.)  Oued  Freïssai,  (57  k.)  Nif 
Ogab,  gara  remarquable,  après  lequel  on  traverse  la  chebka. 

De  Matarka  à  Ain  Chair,  p.  279. 

DE  BERGUENT  A  TENDRARA  (111  k.  S.;  piste).  —  De  Berguent  à  (35  k.) 
Oglat  Sedra  (F.  ci-dessus).  —  Montée  assez  dure  dans  la  vallée  de 
l'oued  Charef.  —  52  k.  Daïet  Oum  Slimane,  ghedirs  nombreux  après  les 
pluies.  —  81  k.  Trarit  Kharsallah,  région  de  ghedirs  à  1,249  m.  d'alt.  — 
101  k.  Entrée  dans  la  chebka  Tendrara.  —  111  k.  Tendrara,  ancien 
poste  militaire,  à  1,680  m.  d'alt.  et  point  d'eau  très  abondant. 

De  Tendrara  au  Figuig,  p.  278;  à  Matarka,  Y.  ci-dessus, f 


262  ~  [34]  D'OUDJDA  A  TAZA. 


DE  BERGDENT  A  FORTASSA  (165  k.  S.-E.  ;  piste).  —  42  k.  Oglat  Menqoub 
(du  chott)  après  lequel  la  piste  suit  la  frontière  algéro-marocaine.  — 
70  k.  Mechra  Medinn.  —  77  k.  Mechra  Kerikera.  —  93  k.  Mechra 
Smara.  —  97  k.  Mechra  Guernina.  —  108  k.  Mechra  El  Haoud,  ghedir. 

—  133  k.  Ras  Bou  Klialkhal.  —  162  k.  Fortassa  Gharbia,  poste  algérien, 
dépendant  du  territoire  d'Ain  IScfra  ;  point  d'eau  abondant. 

DE  BERGUENT  A  EL  ARICHA  (97  k.  E.  ;  piste  carrossable  ;  serv.  de  voit.). 

—  38  k.  Magoura  sur  la  frontière  algérienne.  —  97  k.  El  Aricha,  petit 
village  en  territoire  militaire  d'Algérie,  à  1,253  m.  d'alt.  (F.  le  Guide 
Bleu  :  Algérie-Tunisie). 

3^  Sidi  Aïssa. 

45  k.  S.  —  Piste  muletière  très  accidentée,  aujourd'hui  délaissée. 

Le  trajet  s'effectue  sur  la  frontière  algéro-marocaine,  en 
forêt  d'Oudjda.  —  45  k.  Sidi  Aïssa,  ancien  camp  abandonné  et 
occupé  depuis  1915  par  un  groupe  spécial. 

De  Sidi  Aïssa  a  Sebdou  (64  k.  N.-E.  ;  piste  muletière),  V.  le  Guide 
Bleu  :  Algérie-Tunisie. 


34.  —  D'OUDJDA  A  TAZA 

A.  —  Par  le  chemin  de  fer. 

230  k.  Réseau  des  ch.  de  fer  militaires  à  voie  étroite.  Trajet  en  11 
par  l'automotrice  ;  en  2  j.  par  les  trains  de  voyageurs  avec  arrêt 
Taourirt;  69  fr.  et  34  fr.  50. 

La  ligne  d'Oudjda-Taza,  commencée  fin  1012,  arrivait  à  (119  k.) 
Taourirt  le  13  avril  1913,  à  (163  k.)  Guercif  le  27  août  suivant,  à  (201  k.) 
Msoun  le  25  mars  1914,  traversant  2  grands  ponts  de  135  et  125  m.  de 
longueur  et  42  ouvrages  de  10  à  50  m.  d'ouverture.  D'octobre  1914  au 
14  juillet  1915,  le  reste  de  la  ligne  fut  construit  avec  6  grands  ponts  de 
30  à  80  m.  d'ouverture,  des  tranchées  de  10  m.  de  profondeur  et  de  gros 
remblais. 

La  voie  ferrée  se  dirige  à  l'C,  franchit  (1  k.  5)  l'oued  Nachef, 
puis  monte  doucement  dans  la  plaine  des  Angad  (p.  256,  A.),  très 
fertile  en  céréales  et  bien  cultivée,  mais  nue  et  sans  arbres.  — 
6  k.  3.  Pont  sur  Toued  Isly,  et  (8  k.)  passage  sur  la  route 
d'Oudjda  à  Taourirt. 

9  k.  5.  Halte  d' Isly .  A  2  k.  au  S.,  monument  commémoratif  (le 
la  bataille  d'Isly  (p.  256)  —  13  k.  5.  On  découvre  au  N.  le  Djehd 
Meghris  et  au  S.  le  Djebel  Metsila. 

18  k.  Oued  Juif,  halte.  On  voit,  au  N.,  l'imposant  massif  des 
Belii  Snassene  (p.  259)  et  au  S.  la  masse  confuse  des  Zekkara. 

32  k.  5.  Naïma,  station  au  point  culminant  de  toute  la  ligne 
(674  m.  d'alt.).  Les  réservoirs  de  la  gare  sont  alimentés  par  des 
sources  du  massif  méridional  des  Zekkara  :  Ain  Sedra  et  Ain 
Defla.  —  Le  terrain  est  ensuite  moins  plat.  Les  nomades  de  la 
région,  qui  se  livrent  un  peu  à  la  culture  et  beaucoup  à  l'éle- 


SIDI  AÏSSA.  —  EL  AÏOUN.      [34]  —  263 


vage  de  troupeaux  vivant  dans  des  peuplements  d^armoise, 
s'abritent  sous  des  tentes  grises  rayées  de  noir. 

46  k.  8.  Bon  Redim,  halte.  Quelques  arbres  (pistachiers-téré- 
binthes)  et  quelques  cultures.  La  ligne  franchit  les  oueds  Ras 
Haf  et  Ras  Bourdiou,  affluents  du  Bou  Redim. 

62  k.  El  Aïoun  (auberge),  gare  au  voisinage  d'un  centre 
de  1,000  hab.  env.,  dont  150  européens.  La  population  indigène 
est  surtout  groupée  dans  la  kasba,  enceinte  rectangulaire  aux 
murs  crénelés  et  bastionnés,  construite  par  Moulay  Ismail  et 
restaurée  en  1876  par  Moulay  El  Hassane  qui  y  installa  une 
garnison  destinée  à  garder  le  «  trik  es  soltane  ».  Au  N.  de  la  gare^ 
des  sources  abondantes  «  El  Aïoun  >»  irriguent  des  jardins  et  des 
vergers  de  figuiers  et  en  amont  s'élèvent,  dans  un  grand  cime- 
tière, la  koubba  de  Sidi  Melloukh  ou  Sidl  Mellouk,  ombragée  de 
grands  arbres,  et  la  koubba  de  Sidi  Bou  Amama,  qui  prêcha 
autrefois  contre  la  France.  Au  S.  de  la  ligne  se  dresse  le  camp. 

—  Marché,  le  mardi,  de  céréales  et  de  bestiaux. 

D'EL  AIOUN  A  BOU  HOORIA  (23  k.  5  N.-E.  ;  pisto  autocyclable).  — 
3  k.  5.  Oued  Bou  Redim,  gué  facile.  —  9  k.  Col  de  Chouala,  où  la  route 
se  resserre.  —  23  k.  5.  Bou  Honria  (p.  258). 

D'EL  AIOUN  A  TAFORALT  (30  k.  N.-E.  ;  pisto  muletière).  —  5  k.  b.  Oued 
Bou  Redim,  guéable.  —  12  k.  5.  Kouhba  de  Sidi  Moliammed  Ou  Yahia. 

—  15  k.  5.  Ber  Roumenne,  village  à  1  k.  à  FO.  —  22  k.  5.  Marabout  de 
Sidi  Saada.  —  24  k.  Berdil,  village.  —  30  k.  Taforalt  (p.  258). 

D'EL  AIOUN  A  OULED  SAID  (20  k.  N.  ;  pisto  muletière  difiicile,  en  pays 
peu  sûr).  —  Le  terrain  est  d'abord  ondulé,  puis  montagneux.  La  piste 
passe  entre  le  Djebel  Tanebdourt  et  le  Djebel  Bou  Youssof,  sur  le  terri- 
toire des  Beni  Mahiou.  —  20  k.  Ouled  Saïd^  village  kabyle. 

D'EL  AIOUN  A  MOUL  EL  BACHA  (40  k.  O.  ;  pisto  autocyclable).  -  10  k. 
Irsane  [V.  ci-dessous).  —  16  k.  Marabout  de  Sidi  Okba,  après  lequel  on 
passe  dans  une  région  de  pistacliiors-térchintlies.  —  23  k.  Moulay  Taïeb, 
poste  militaire  et  redoute  sur  l'oued  Ksob.  A  500  m.  N.,  /aouïa  de  Sidi 
Mokhtar  Ould  Moulay  Taïeb.  A  1  k.  S.,  kasba  des  Sedjaa.  A  1  k.  5  N., 
marché  du  vendredi.  —  27  k.  Col,  puis  descente  assez  rapide.  —  28  k. 
Gisements  de  plâtre.  —  40  k.  Moul  El  Bâcha  (p.  265). 

D'EL  AIOUN  A  TINNTABOURT  (31  k.  S.-E.  ;  piste  autocyclable  dans  la 
plaine  des  Angad).  —  16  k.  Bouquet  de  betoum.  —  31  k,  Aïn  Tinnia- 
bourt,  point  d'eau. 

D'EL  AIOUN  A  AIN  MKHAMER  (35  k.  S.-E.  ;  piste  muletière).  —  33  k. 
Ferme  Krauss.  —  35  k.  Aïn  Mkhamer,  point  d'eau. 

D'EL  AIOUN  A  AIN  AYAT  (38  k.  S.;  piste  muletière  traversant  le  terri- 
toire de  la  tribu  des  Ouled  El  Hassene).  —  13  k.  Marabout  de  Sidi  Bou 
Knadel.  —  28  k.  Dar  Hommada  \  sur  une  hauteur  à  l'O.,  ancienne  kasba. 
—  38  k.  Aïn  Ayat^  point  d'eau. 

La  ligne  descend  en  pente  assez  accentuée  dans  la  plaine 
qui  se  rétrécit,  et  qui  est  plus  ravinée.  —  71  k.  Poste  de  l'oued 
Irsane, 

78  k.  2.  Semouna  Bérard,  station  dans  le  col  du  Takrount.  Le 
nom  de  Bérard  donné  à  ce  point  est  celui  de  l'officier  qui 
construisit  la  voie  ferrée  et  qui  fut  tué  en  Champagne  en  1915. 


264  —  [34]  DVUDJDA  A  TAZA, 


—  La  région  est  mamelonnée  et  ravinée  par  les  oueds  Laoura, 
Metlil  et  Ech  Gheboub. 

91  k.  Mestigmeur,  gare  et  poste  militaire  au  milieu  de  terres 
à  orge.  Bientôt  après  les  cultures  disparaissent  :  c'est  le  pays 
de  l'armoise  et  de  l'alfa.  —  100  k.  SJicif,  poste  militaire.  Les 
oueds  de  la  région  sont-  des  affluents  de  la  Moulouya,  A  l'O. 
apparaît  l'arête  rocheuse  de  Taourirt  que  couronne  un  poste 
de  T.  S.  F.  —  108  k.  Pont  sur  l'oued  Za,  à  363  m.  d'alt.,  de 
135  m.  de  long. 

110  k.  Taourirt  (hôt.  Hérissé,  13  ch.  à  3.50,  pet.  déj.  0.50, 
çep.  3,  gar.),  centre  prospère  créé  en  1911  sur  la  rive  g.  de 
l'oued  Za,  de  1,650  hab.,  dont  325  européens;  marché  le  lundi, 
très  fréquenté. 

Histoire.  —  Eq  raison  de  sa  situation  au  croisement  des  routes 
d'Algérie  au  Maroc  et  de  Melilla  à  Sidjilmassa,  Taourirt  a  joué  un  rôle 
important  dans  l'histoire  du  Maghreb.  Dans  les  luttes  entre  Mérinides 
et  Abd  El  Ouadites,  la  vallée  du  Za  fut  souvent  considérée  comme  fron- 
tière des  Etats  et  Taourirt  disputée  avec  acharnement.  Dès  qu'Abou 
Yakoub  en  fut  possesseur,  il  dota  la  ville  d'une  enceinte  et  son  fils 
Abou  Saïd  en  compléta  les  fortifications  (xiv«  s.) 

Le  village,  à  l'E.  de  la  voie  ferrée,  a  ses  rues  droites,  perpen- 
diculaires et  larges.  Il  est  doté  d'une  église,  d'une  mosquée  et 
d'une  synagogue.  A  l'O.  de  la  voie,  se  trouvent  la  gare, 
entourée  d'une  enceinte,  et  le  camp,  au  pied  d'une  crête 
rocheuse  sur  laquelle  est  installée  la  T.  S.  F.  Le  long  de  l'oued 
Za  s'étendent  de  beaux  jardins  maraîchers  irrigués  par  une 
séguia. 

A  2  k.  0.  du  centre,  une  ancienne  kasb a,  aujourd'hui  en  ruines, 
s'élève  au  milieu  de  petites  garas,  dans  un  site  pittoresque;  elle 
constitue  un  agréable  but  de  promenade.  A  l'intérieur,  un 
bâtiment  de  construction  relativement  récente  servait  aux 
Kerarma  à  emmagasiner  leurs  grains. 

Environs.  —  En  dehors  de  la  courte  promenade  de  l'ancienne  kasba, 
on  peut  faire  autour  de  Taourirt  quelques  excursions  au  N.  vers  la 
Moulouya  et  au  S.  vers  l'oued  Za  ;  nous  signalons  ci-après  les  plus  inté- 
ressantes. 

1°  Cascade  de  Toued  Za  et  Camp  Bepteaux  (17  et  23  k.  N.-O.  ;  piste 
aménagée;  recommandé).  —  3  k.  A  quelques  centaines  de  m.  à  g., 
tombes  des  militaires  tués  à  Moul  El  Bâcha  (12  juillet  1910),  près  du 
premier  camp  de  la  colonne  de  Taourirt.  —  11k.  Var  El  Kadi,  kasba 
inhabitée.  —  13  k.  Cascade  de  l'oued  Za  à  400  m.  à  g.  —  17  k.  Cascade 
des  Ouled  Ichou,  fraction  des  Larbaa;  en  face,  maison  du  caïd  des 
Larbaa.  —  20  k.  Kasba  et  douar  des  Beni  Oukil  Ouled  Ali.  —  23  k. 
Camp  lîerteaux,  poste  militaire  retranché,  au  confluent  de  l'oued  Za  et 
de  la  Moulouya. 

On  peut  encore  atteindre  Camp  Berteaux  par  une  piste  muletière  qui, 
du  k.  5  au  k.  13,  longe  les  pentes  N.  du  massif  du  Bon  Mazouz,  raviné 
et  difficile  à  parcourir. 

De  Camp  Berteaux,  on  peut  joindre  Moul  El  Bâcha  (14  k.  S.-O.)  par 
une  piste  autocyclable  remontant  la  vallée  de  la  Moulouya,  dont  les  rives 
sont  bordées  de  tamaris. 


TAOUIURT,  —  DEBDOU,        [34]  —  265 


2*>  Moul  El  Bâcha  (-23  k.  N.  ;  piste  assez  bonne,  sauf  entre  les 
k.  2  et  4  et  les  k.  11  et  15,  où  elle  franchi.t,  plusieurs  oueds  encaissés; 
communications  établies  par  convois  périodiques  ;  autorisation  néces- 
saire), poste  militaire  retranché  sur  un  mamelon  qui  domine  la  rive  dr. 
de  la  Moulouya,  au  confluent  de  l'oued  El  Assas,  à  proximité  de  la 
koubba  du  marabout  de  même  nom. 

De  Moul  El  Bâcha  à  Camp  Berteaux,  V.  ci-dessus,  1°. 

3°  Gorges  de  l'oued  Za  et  mines  de  Narguechoum  (10  et  12  k. 

S.-E.  ;  piste).  —  On  remonte  la  vallée  de  l'oued  Za  qui  se  resserre 
brusquement  à  (9  k.  8)  Dar  Bon  Khechab  jusqu'à  (24  k.)  Dar  Bon  Aounou. 

De  Dar  Bou  Khechab,  on  peut  se  rendre  sur  l'emplacement  de  vieilles 
ruines  sur  la  rive  g.,  et  aux  mines  de  Narguechoum,  qui  renferment  du 
minerai  de  manganèse,  dont  les  gisements  s'alignent  de  l'O.  à  l'E.  jusqu'au 
Djebel  Masseur(S.  d'Oudjda).  L'épaisseur  des  couches,  assez  mince,  varie 
de  0  m.  30  à  1  m.  La  ténacité  du  minerai  est  de  50  0/0,  sans  soufre  et  sans 
phosphore.  L'exploitation  actuelle  fournit  de  2  à  3,000  tonnes  par  mois. 

La  piste,  qui  remonte  le  long  de  l'oued,  passe  par  (30  k.)  Zaouïa  Ksar 
Séria  et  aboutit  à  (49  k.)  Bhoress,  qu'on  peut  encore  atteindre  de 
Taourirt  soit  par  le  S.  du  Narguechoum  et  (27  k.)  Aïn  Abeïda,  soit  par 
la  plaine  de  Tafrata  et  (28  k.)  Sba  Ed  Dib. 

4°  Debdou  (53  k.  S.;  piste  aménagée  autocyclable  par  beau  temps; 
serv.  d'autos-camions  ;  s'informer  au  bureau  des  Etapes,  à  la  gare  de 
Taourirt).  —  Le  pays  est  d'abord  légèrement  accidenté.  —  3  k.  ^.  El 
H  ami  r  et,  hauteurs  dominant  la  piste.  —  15  k.  5.  Hassiane  El  Ihoudi.  On 
entre  dans  la  plaine  de  Tafrata,  sensiblement  plate.  —  28  k.  Ersaf, 
caravansérail  et  puits  de  56  m.  de  profondeur.  —  41  k.  Foum  El  Oued, 
dont  l'entrée  est  marquée  à  g.  par  la  kasba  des  Ouled  Ounane  et  à  dr. 
par  le  village  de  Flouche.  —  On,  remonte  l'oued  Debdou,  aux  rives 
garnies  de  lauriers-roses,  qui  ont  à  cet  endroit  la  taille  de  vrais  arbres 
et  fleurissent  presque  en  toute  saison.  Douze  ksour  sont  pittoresquement 
assis  sur  les  pentes  de  la  vallée. 

53  k.  Debdou  (rest.),  au  pied  du  flanc  droit  de  la  vallée  de  l'oued 
Debdou,  vallée  en  cul-de-sac,  qui  s'élève  en  muraille  perpendiculaire  à 
80  m.  au  dessus  du  fond;  peuplé  de  500  musulmans  et  de  2,000  Israélites, 
il  est  surtout  un  bourg  juif,  qui  se  compose  d'env.  400  maisons  en  pisé 
sans  mur  d'enceinte.  Les  quartiers  arabes  entourent  le  mellah.  Marché 
le  mercredi. 

Debdou  fut  longtemps  le  siège  d'un  royaume  indépendant.  D'après 
Marmol,  il  aurait  été  bâti  par  les  Mérinides.  Ce  fut  d'abord  une 
simple  forteresse.  Lorsque  les  Beni  Ouattas  eurent  pris  possession  du 
pouvoir,  les  habitants  de  la  région  avoisinante  essayèrent  en  vain  de 
le  ruiner.  Ses  chefs  surent  le  conserver  et  lui  assurer  une  certaine  pros- 
périté. Le  poste  actuel,  qui  commande  les  plateaux  sahariens,  a  été  un 
centre  important  d'action  sur  la  Moyenne  Moulouya,  qui  fut  atteinte  à 
Ouled  El  Hadj,  le  6  juin  1917,  par  une  reconnaissance  du  Colonel  Doury. 
L'occupation  de  Debdou,  qui  remonte  à  1911,  fut  consécutive  à  l'assas- 
sinat d'un  Français. 

Un  village  européen  d'une  dizaine  de  maisons  abrite  les  colons  et  la 
troupe. 

Sur  un  plateau  voisin  s'élève  une  vieille  forteresse,  la  kasba  du  caïd 
Ghomriche,  enceinte  très  curieuse,  juchée  sur  un  promontoire  et  bordée 
d'un  profond  fossé  du  côté  de  la  montagne.  Au-dessus,  se  dresse  la 
gada  ou  plateau,  qu'on  atteint  par  une  route  (4  k.)  à  pente  dure,  mais 
autocyclable,  décrivant  de  nombreux  lacets. 

Les  environs  sont  couverts  de  jardins  et  de  plantations  de  vignes,  et 
la  région  est  très  giboyeuse.  La  source  de  l'oued  Debdou  est  très  inté- 
ressante surtout  le  samedi. 


2«6  —  [34]        ,  DVUDJDA  A  TAZA. 


De  Debdou  a  Matarka  (83  k.  S.-E.  ;  piste  autocyclable).  —  13  k.  Source 
de  la  gada.  —  43  k.  Oued  KJierikhat.  —  83  k.  Matarka  (p.  261). 
De  Debdou  a  Berguent,  p.  261. 

5°  Outat  El  Hadj  (122  k.  env.  ;  piste").  —  On  gravit  la  montagne  pour 
atteindre  la  gada,  d'une  altitude  supérieure  de  600  m.  à  celle  du  village. 
—  11  k.  Aïn  El  Anech,  source.  —  14  k.  Forêt  de  chênes  verts. 

20  k.  El  Ateuf\  poste  militaire.  La  piste  suit  l'oued  pendant  5  k.  ~ 
32  k.  Oued  Taga.  —  45  k.  Tin:;il,  hauteur  à  l'E.  en  forme  de  chapeau 
chinois  avéc  un  arbre  au  sommet.  —  52  k.  Quesmir,  puits.  —  68  k.  Oued 
Zérouillet,  au  fond  sableux. 

80  k.  Bouloutnne,  poste  créé  en  1917.  La  piste  devient  mauvaise,  suit 
l'oued  Bouloutane,  à  sec  presque  toute  Tannée,  et  s'engage  dans  un  étran- 
glement pendant  plusieurs  kilomètres.  Elle  traverse  plus  loin  une  plaine 
sablonneuse  offrant  un  passage  difficile.  —  103  k.  Oued  Reggouine,  en 
avant  duquel  une  piste  conduit  à  (16  k.)  Aïn  Fritissa. 

110  k.  Tissaf,  ancien  poste  militaire.  —  117  k.  Oued  El  Haïmeur,  à 
fond  sableux. 

122  k.  Outat  Ouled  El  Hadj,  poste  militaire  sur  la  rive  dr.  de  la 
Moulouya.  • 

Au  SORTIR  DE  Taourirt,  la  voie  ferrée  traverse  une  région 
ravinée  par  une  multitude  de  petits  affluents  de  l'oued  Za, 
puis  dë  la  Moulouya.  —  124  k.  3.  Chréia,  halte  au  pied  d'un 
monticule  que  commande  un  poste,  dans  une  région  d'alfa.  — 
131  k.  Gouititir,  station.  Rampe  accentuée  puis  descente.  On 
est  en  plaine  de  Tafrata,  inculte  et  garnie  d'armoise,  riche  en 
gazelles.  Au  S.,  s'élève  la  gada  de  Debdou  (p.  265).  —  138  k. 
El  Aghreb,  station.  —  141  k.  5.  Grand  pont  sur  l'oued  Telagh, 
auprès  d'un  poste.  Cejlet,  station. 

De  Ceflet,  un  embranchement  de  voie  ferrée  est  en  construction  ;  il 
reliera,  à  la  ligne  principale,  (40  k.  5)  Mahiridja^  poste  créé  en  1913  et 
la  haute  vallée  de  la  Moulouya  par  Aïn  Gvtcttara,  Zerzaïa,  Tissaf{V.  ci- 
dessus,  5°),  Outat  Ouled  El  Hadj  (  V.  ci-dessus,  5°),  Touggour^  Missour, 
Ouizert  et  Kasbat  El  Makhzen  (p.  198). 

A  quelque  distance  au  N.,  Jierarfa,  ancien  camp  et  ancien  village 
actuellement  abandonnés.  Merada  était  relié  à  la  voie  ferrée  par  le 
rail  ;  il  n'en  reste  plus  que  l'infrastructure.  On  y  voit  encore  des  vestiges 
de  murailles  en  pisé  remontant  probablement  au  xviii®  s. 

La  voie  atteint  la  vallée  de  la  Moulouya,  qu'elle  traverse 
(155  k.)  sur  un  pont  mixte  en  béton  de  125  m.  de  long,  à  Dar 
El  Kdid,  village  indigène  sur  la  rive  g.,  à  l'altitude  la  plus 
faible  du  parcours  (159  m.). 

La  Moulouya,  «  la  sinueuse  >»,  a  un  lit  de  près  de  150  m.  de 
large,  mais  coule  généralement  sur  50  m.  entre  des  rives 
verdoyantes  où  abondent  les  tamaris.  Elle  est  alimentée  par 
la  fonte  des  neiges  du  Djebel  Aiachi.  De  tous  temps,  aussi 
bien  dans  l'antiquité  qu'au  moyen  âge  arabe  et  berbère  et 
qu'à  l'époque  moderne,  la  Moulouya  a  été  considérée  comme  la 
limite  du  Maghreb  El  Aksa  (Maroc)  et  du  Maghreb  El  Ouesti 
(Algérie). 

163  k.  Guercif  (hôt.  modestes  :  de  la  Gare  et  Jacquin),  petit 
centre  de  colonisation  et  poste  militaire  à  dr.de  la  ligne,  au 
confluent  de  l'oued  Melellou  et  de  la  Moulouya,  sur  les  terrains 


GUERCIF.  —  MSOUN. 


[34]  —  267 


de  campement  d'une  fraction  de  la  tribu  des  Ouled  Messaoud. 

Grâce  à  son  débit  constant  et  régulier,  à  sa  pente  suffisam- 
ment rapide,  l'oued  Melellou  permettrait  l'irrigation  de  la  plaine 
des  Beni  Bou  Yahi  et  de  la  rive  g-,  de  la  Moulouya;  la  région 
aurait  donc  quelque  avenir  agricole. 

Histoire.  —  Du  bourg  florissant  que  l'on  y  voyait  au  temps  d'El  Bekri, 
il  ne  reste  que  quelques  pans  de  mur.  C'est  à  Guercif  que  fut  détruite, 
par  l'émir  mérinido  Abou  Yahia,  ce  qui  restait  de  l'armée  almohade.  La 
kasba,  élevée  au  xviii'^  s.  sur  l'emplacement  de  l'enceinte  bâtie  en  1321 
par  le  mérinide  Abou  Saïd,  qui  lui-même  avait  construit  sur  les  ruines 
de  l'ancien  ribat  ou  couvent  fondé,  d'après  Ibn  Khaldoun,  par  les 
Meknassa  vers  l'an  900,  n'a  laissé  que  quelques  vestiges.  —  D'après 
Marmol,  Guercif  serait  l'antique  Galafa  de  Ptoléméc. 

La  ligne  remonte  pendant  quelque  temps  la  vallée  de  l'oued 
Melellou.  —  171  k.  Poste  d'El  Mizenn. 

180  k.  Safsafat,  station  dans  la  plaine  d'El  Aricha^  peu  cultivée 
mais  couverte  de  pâturages  propres  à  Pélevage  des  ovins.  — 
191  k.  El  Guetta/,  station.  On  se  rapproche  de  l'oued  Msoun. 
La  plaine  est  bornée  au  N.  par  la  chaîne  des  Beni  Bou  Yahi,  au 
S.  par  le  Sakfaouat,  dont  on  aperçoit  le  sommet  dentelé. 

200  k.  Nsoun,  gare  protégée  par  une  enceinte  à  créneaux  et 
à  meurtrières,  et  poste  militaire  important  sur  la  rive  g.  de 
l'oued  Msoun,  que  l'on  traverse  sur  une  longue  passerelle  en 
bois.  La  kasba  qui  abrite  nos  troupes  est  due  à  Moulay  Ismail. 

Msoun  possède  de  vastes  silos  qui  gardent  les  récoltes  et  les 
provisions  de  l'importante  tribu  des  Haouara,  qui  nomadise 
depuis  le  S.-E.  de  Guercif  jusqu'au  N.-O.  de  Msoun  en  traver- 
sant les  plaines  de  Tafrata  (p.  266),  d'El  Aricha(F.  ci-dessus)  et 
de  Fahama  (F.  ci-dessous);  cette  tribu  compte  20,000  hab.  et 
possède  50,000  moutons  et  8,000  chameaux.  Toujours  fidèle  au 
Makhzen,  elle  s'est  soumise  dès  le  premier  contact  à  l'auto- 
rité française  et  est  devenue  un  précieux  auxiliaire  pour  l'œuvre 
de  pénétration.  On  lui  prête  de  grandes  vertus  sociales  :  labo- 
rieuse et  encline  à  l'entr'aide,  elle  entoure  la  vieillesse  d'un 
respect  tout  particulier.  ' 

IJoued  Msoun,  aux  eaux  très  sales  et  non  potables,  coule  entre  deux 
berges  ravinées  hautes  de  10  m.  environ.  Il  vient  des  Gueznaïa  et  se  jette 
dans  la  Moulouya  au  N.  de  Merada.  C'est  sur  ses  bords  que  se  livra, 
en  833,  la  bataille  où  Moussa  Ben  Abou  El  Afia  fut  battu  par  les  forces 
de  l'idrisside  Ibrahim,  et  après  laquelle  l'autorité  fatimite  fut  momenta- 
nément rétablie  dans  le  Maghreb. 

La  ligne  continue  son  ascension  jusqu'au  (209  k.)  col  de 
Zhaza  après  lequel  s'élève,  à  dr.,  la  plaine  de  Fahanm,  d'une 
altit.  moyenne  de  560  m.  et  d'une  superficie  de  240  k.  carrés, 
la  dernière  vers  l'O.  qui  ait  les  caractères  des  Hauts  Plateaux 
oranais,  stérile  en  été  et  se  couvrant,  après  les  pluies,  d'une 
végétation  herbacée  alimentant  les  troupeaux  des  nomades. 
Quelques  ghedirs,  sortes  de  mares  où  séjourne  l'eau  du  ciel,  et 
quelques  citernes  ruinées  datant  de  Moulay  Ismail,  y  sont  les 


208  —  [34]  D'OUDJDA  A  TAZA. 

seuls  points  d'eau;  par  les  années  suffisaïuinont  pluvieuses,  les 
terres  sont  cependant  susceptibles  de  bons  rendements. 

214  k.  Oued  Aghbal.  Les  terrains  argileux  sont  profondément 
ravinés  par  les  eaux;  le  pays,  tourmenté,  change  complètement 
d'aspect;  la  brousse  de  palmier  nain  apparaît.  —  221  k.  Bon 
Ladjeraf,  station  sur  l'oued  du  même  nom,  puissamment 
défendue. 

230  k.  Taza  (p.  236). 

B.  —  Par  la  route. 

Autocyclisme  :  222  k.  E.  —  Bonne  route  principale  n°  16,  terminée 
jusqu'à  (62  k.)  El  Aïoun,  et  en  voie  d'achèvement  jusqu'à  (163  k.) 
Guercif;  piste  aménagée  par  ailleurs.  —  Pour  la  fin  du  parcours,  s'in- 
former auprès  des  autorités  militaires  des  possibilités  de  circulation. 

La  route  suit  la  voie  ferrée,  en  terrain  peu  accidenté.  — 
9  k.  Pont  sur  l'oued  Isly. 

32  k.Naïma  (p.  262).  —  37  k.  Embranchement  delà  piste  de 
(46  k.)  Mestigmeur  Kasba.  —  38  k.  Pont  sur  l'oued  Bou  Rdim. 
—  39  k.  A  env.  2  k.  N.,  ferme  Krauss.  —  45  k.  A  2  k.  S.,  station 
de  Bou  Rdim  (p.  263).  —  53  k.  A  1  k.  S.,  ferme  Borgeaud. 

60  k.  El  Aïoun  (p.  263).  —  La  piste  fait  suite  à  la  route  et 
suit,  dans  des  terrains  ondulés  et  argileux,  peu  praticables 
après  les  pluies,  l'ancien  «  trik  es  soltane  »>  (p.  263),  en  longeant 
la  voie  ferrée,  qu'elle  coupe  en  plusieurs  points.  —  70  k.  Irsane, 
d'où  bifurque  la  piste  de  Moul  El  Bâcha  (p.  265).  —  76  k.  5. 
Semouna  (p.  263).  —  81  k.  5.  Croisement  d'une  piste  N.-S.  allant 
de  Zaouïa  Moulay  Taieb  (p.  263)  à  Mestigmeur  Kasba. 

87  k.  5.  Mestigmeur  Gare  (p.  264).  —  Le  sol  est  sablonneux.  — 
91  k.  Embranchement  de  la  piste  Mestigmeur  Kasba.  — La  piste 
devient  accidentée  aux  abords  du  (95  k.)  col  de  Zireg.  —  96  k. 
Sficif  (p.  264).  —  98  k.  Gué  de  l'oued  Maiter,  dit  oued  Muhl,  en 
souvenir  de  l'assassinat  d'un  Français  de  ce  nom.  —  100  k.  5. 
Bifurcation  de  la  piste  de  Moul  El  Bâcha. 

105  k.  Taouriri  (p.  264).  —  La  piste  longe  toujours  la  voie 
ferrée  en  un  pays  peu  accidenté,  dépourvu  de  végétation  et 
d'eau.  —  117  k.  Chréia  (p.  266).  —  123  k.  Gouttitir  (p.  266). 

130  k.  Et  Agreh  (p.  266).  —  La  piste  traverse  quelques  oueds 
dont  les  plus  importants  sont  (133  k.)  Toued  Telagh  et,  après 
(144  k.)  Ceflet  (p.  266),  (145  k.)  l'oued  Sefla,  dont  les  rampes 
sont  assez  faciles.  —  152  k.  Dar  El  Kaïd  (p.  266). 

156  k.  Guercif  (p.  266).  -  -  On  traverse  la  plaine  presque  inculte 
d'El  Aricha.  —  173  k.  Safsafat  (p.  267).  —  172  k.  Msoun  (p.  267), 
au  sortir  duquel  on  franchit  une  série  d'ondulations  appelée 
Maata  Lekmadra.  Le  pays,  fertile  au  printemps,  porte  de  belles 
cultures  appartenant  aux  Haouara.  —  Gués  de  (204  k.)  Poued 
Aghbal,  de  (207  k.)  l'oued  Bou  Cheikh,  (211  k.)  l'oued  Bou 
Ladjeraf.  —  214  k.  Bou  Ladjeraf  {V.  ci-dessus).  —  Après  avoir 
franchi  un  cours  d'eau  sur  un  vieux  pont,  on  atteint  Taza. 
22Z  k.  Taza  (p.  236). 


PERRÉGAUX. 


[35]  —  269 


35.  —  D'ORAN  A  BENI  OUNIF  DE  PIGUIG 

Chemin  de  fer  :  Etat  :  637  k.  ;  départ  de  la  gare  de  l'Etat  ;  trajet  en 
21  h.  30;  71  fr.  10  et  53  Ir.  30;  aller  et  ret.  valables  15  j.,  98  fr.  et 
73  fr.  50.  —  Il  y  a,  3  fois  par  sem.  seulement,  des  trains  directs, 
pourvus  de  compartiments  à  couchettes  (suppl,  12  fr.)  et  d'un  ^Yagon- 
restaurant  (rep.  3,  3,50  ;  collation  1  fr.  50),  permettant  d  elïectuer  le 
voA'age  en  une  étape;  les  autres  j.  de  la  semaine,  il  faut  s'arrêter  à 
Saïda  et  y  coucher  (wagon-restaurant  aux  trains  quotidiens  jusqu'à 
Saïda).  Lies  trains  de  l'Etat  correspondent  à  Pcrrégaux  avec  ceux  du 
P.-L.-M.  à  destination  ou  en  provenance  d'Alger.  D'Oran,  il  serait 
assez  peu  à  recommander  de  prendre  le  P.-L.-M.  jusqu'à  Perrégaux. 
—  Pour  plus  de  détails,  V.  le  Guide  Bleu  :  Alyérie-Tunisie. 

Autocyclisme  :  Il  n'y  a  de  route  pratiquement  carrossable  (route  nat.  5) 
que  sur  les  181  premiers  k.,  jusqu'au  delà  de  Saïda;  on  peut  toute- 
fois se  rendre  d'Oran  à  Beni  Ôunif  de  Figuig  par  Oudjda(p.  252),  Ber- 
guent  (p.  261)  et  Tendrara  (p.  261). 

Bibliographie  ;  —  Notes  de  route  et  Bans  VOmbre  chaude  de  rislam, 
par  Isabelle  Eberhardt  (Paris,  Fasquelle,  1911,  1917). 

Au  départ  d'Oran  on  traverse  d'importants  vignobles  et  la 
voie  dessert  quatre  villages  viticoles.  —  28  k.  Saint-Cloud,  petite 
ville  de  4,500  hab..  dont  3,900  européens,  centre  agricole  pros- 
père. —  34  k.  Renan-Kléber  :  carrières  de  marbre  sur  le  Djebel 
Orouze.  —  42  k.  Damesme,  à  o  k.  d'Arzeu,  petite  ville  de 
6,200  hab.  et  port  excellent. 

La  voie  ferrée  suit  de  près  le  bord  de  la  mer,  par  les  sta- 
tions de  (45  k.)  Saint-Leu  et  (55  k.)  P or t-aux- Poules, 

59  k.  La  Macta.  —  La  voie  ferrée  franchit  la  Macta  et  s'écarte 
de  la  mer.  On  traverse  du  N.  au  S.  les  vastes  marais  de  la 
Macta,  où  s'étalent  les  eaux  de  l'Habra  et  du  Sig.  C'est  dans  ces 
marais  qu'Abd  El  Kader,  le  28  juin  1835,  infligea  au  général 
Trézel  un  échec  des  plus  graves. 

76  k.  Debroufseville.  —  80  k.  La  Ferme-Blanche.  A  dr.,  vastes 
bâtiments  d'exploitation  entourés  de  vignobles  et  d'ornngeries. 

89  k.  Perrégaux,  ville  de  16,000  hab.,  où  l'on  croise  la  ligne 
d'Alger  à  Oran. 

La  voie  franchit  l'Habra;  elle  s'élève  ensuite  rapidement  le 
long  de  la  vallée  de  cette  rivière,  appelée  ici  oued  El  Hammam. 
On  traverse  les  monts  des  Beni  Ghougrane.  Avant  d'arriver  à 
la  station  du  (100  k.)  Barrage,  à  g.,  vue  sur  le  barrage  de  VHabra. 
Les  croupes  qui  avoisinent  ce  beau  lac  artificiel  ont  été  reboi- 
sées et  contrastent  avec  la  nudité  de  la  région  environnante. 

La  voie,  toujours  montant,  traverse  plusieurs  fois  la  rivière. 

109  k.  Dublineau,  village  de  1,650  hab.,  presque  tous  euro- 
péens: site  pittoresque. 

La  voie  laisse  à  g.  la  route  nationale  et  court  au  S.-O.,  en 
montant  toujours  à  travers  des  marnes  blanches  dénudées. 

118  k.  La  Guetmi,  station  près  de  laquelle  se  trouve  la  zaouia 
où  fut  .élevé  Abd  El  Kader. 


270  —  [35]    DVRAN  A  BENI  OUNIF  DE  FIGUIG, 

126  k.  Bou  HaniJia-les-T/iermes,  à  5  k.  N.-E.  du  Hammam  Bon 
Hanifia,  groupe  de  sources  thermales,  les  Aquœ  Sireiises  des 
Romains,  d'où  l'oued  El  Hammam  tire  son  nom.  Une  grande 
ville  antique,  dont  le  rempart  est  encore  distinct,  s'élevait 
à  1,200  m.  S. 

138  k.  Tizi-Mascara  (buffet),  à  454  m.  d'alt.  On  aperçoit  à  g. 
Mascara,  où  conduit  un  embranchement  de  12  k. 

Mascara  {Grand-Hôtel  Bourelly,  gar.,  électr.,  bains),  ville 
de  24,000  hab.,  dont  8,000  europ.  et  1,500  Israélites,  ch.-l.  d'un 
arrond.  de  200,000  hab.  et  siège  d'une  commune  mixte  de 
53,000  hab.,  est  situé  à  583  m.,  au  revers  S.  des  monts  des  Beni 
Chougrane  (900  m.). 

Mascara  est  bâti  sur  les  versants  du  ravin  de  l'oued  Toud- 
mane,  qui  a  été  converti  en.  jardin  public  dans  la  traversée  de  la 
ville.  Les  principaux  quartiers  occupent  le  versant  E.  Ils  ne 
présentent  rien  de  curieux.  L'ancienne  demeure  des  beys,  le 
Beylik,  est  devenue  bâtiment  militaire.  —  Sur  le  versant  0.  du 
ravin  se  trouve  le  quartier  de  VArgoab  Ismaïl^  où  il  n'y  a  guère 
que  l'arsenal  et  des  casernes.  Sur  la  place  de  VArgoab,  au  N.  de 
ce  quartier,  s'ouvre  la  porte  d'Oran,  de  l'extérieur  (belle  vue). 

En  dehors  de  l'enceinte  et  au  N.-O.  s'étend  Je  faubourg  indi- 
gène de  Bab  Ali  (auquel  on  accédera  par  la  porte  de  ce  nom), 
où  se  fabriquent  des  burnous  noirs  dits  khidous. 

La  voie  ferrée  traverse  la  fertile  plaine  d'Eghris,  au  N.  de 
laquelle  on  aperçoit  longtemps  Mascara.  —  151  k.  Thiersville, 
village  d'un  millier  d'habitants  sur  la  g.  —  On  franchit  l'oued 
Taria.  —  165  k.  Taria  (aub.),  village  de  500  européens. 

On  se  rapproche  peu  à  peu  du  massif  montagneux,  dont  on 
voit  à  g.  les  éperons  rocheux;  la  plaine  monte  insensiblement,' 
de  sorte  qu'on  finit  par  se  trouver  presque  à  l'altitude  des 
sommets  des  Beni  Chougrane.  On  entre  dans  la  vallée  de 
l'oued  Saida,  encaissée  entre  des  montagnes  boisées  assez 
maigrement  de  thuyas.  —  178  k.  Charrier,  à  545  m.;  vergers  à 
dr.,  sur  l'oued  Saida. 

183  k.  Franchetti.  —  Falaises  calcaires  ruiniformes.  Sources 
nombreuses,  irrigations  abondantes.  —  La  voie,  décrivant  des 
courbes,  s'élève  par  des  rampes  accentuées. 

196  k.  Les  Eaux-Chaudes,  près  du  Hammam  Oaled  Khaled,  sources 
salées  à  45°.  —  204  k.  Nazereg,  à  736  m.  UAïn  Azereg,  source 
abondante,  traverse  une  grotte  souterraine  de  plus  de  300  m., 
à  laquelle  on  accède  par  l'avenue  du  Trou  aux  Pigeons. 

209  k.  Saïda  (hôt.  Ria,  gar.,  électr.),  petite  ville  de  8,500  hab., 
dont  5,300  européens,  et  ch.-l.  d'une  commune  mixte  de 
42,000  hab.,  à  837  m.  d'alt. 

Saida  est  la  dernière  ville  du  TelL  L'enceinte  renferme  dans 
sa  partie  0.  la  ville,  dans  sa  partie  E.  les  établissements  mili- 
taires. Un  monument  à  la  mémoire  des  soldats  de  la  Légion 
étrangère  morts  dans  le  Sud-Oranais,  par  R.  Delandre,  y  a  été 
élevé  en  1910.  Sur  la  route  de  Tiaret,  à  2  k.,  colonne  commé- 
morative  des  combats  contre  Abd  El  Kâder,  érigée  en  1-901. 


s  AIDA.  —  AIN  SEFRA.         [35]  —  271 


La  voie  ferrée  passe  le  long  des  ruines  de  l'ancienne  citadelle 
d'Abd  El  Kader,  qu'on  aperçoit  à  g.  Puis  elle  s'élève  rapidement 
en  lacets  (vue*  sur  Saida).  On  se  trouve  alors  sur  de  vastes 
plateaux  ondulés  et  fertiles,  où  sont  plantées  de  belles  vignes, 

220  k.  Aïn  El  Hadjar,  village  de  900  hab.,  presque  tous  euro- 
péens, à  1,015  m.  d'alt.  —  228  k.  Bou  Rached.  A  l'E.  entre  Bou 
Rached  et  Marhom,  s'étend  la  plaine  des  Maâlif,  occupée  par  de 
grandes  fermes  européennes  où  l'on  cultive  le  blé.  —  Ensuite, 
grands  plateaux  caillouteux,  avec  quelques  thuyas.  —  244  k. 
Tafaroua,  à  1,150m.  Ondescend  ensuite  légèrement  vers  le  bassin 
desChotts.  —  253  k.  Khalfallah,  à  1,109  m.  (chantiers  d'alfa). 

On  entre  dans  la  steppe  d'alfa.  Elle  présente  les  ordinaires 
mirages,  faisant  surgir  çà  et  là  des  visions  imaginaires,  nappes 
d'eau  miroitantes,  forêts,  troupeaux  au  pâturage.  Le  parcours 
est  désormais  des  plus  monotones.  —  270  k.  Modzbah. 

309  k.  Le  Kreider  (aub.),  à  988  m.,  hameau  que  protège  un 
fortin  sur  un  monticule.  Le  bataillon  d'Afrique  y  a  créé  une 
oasis  de  verdure  qui  contraste  avec  la  désolation  environnante. 
—  Au  Kreider,  on  est  dans  la  cuvette  môme  du  Chott  Chergui^ 
étrange  paysage  de  sable,  de  sel  et  de  sulfate  de  chaux.  —  On 
pénètre  dans  les  Territoires  du  Sud.  —  323  k.  Bou  Guetoub. 

361  k.  El  Biod,  gare  fortifiée,  en  vue  du  Djebel  Antar,  qu'on 
aperçoit  à  dr.,  au  pied  d'une  dune. 

390  k.  Méchéria  (aub.),  petit  centre  de  1,400  hab.,  dont 
500  européens,  ch.-l.  d'un  cercle  militaire  et  d'une  commune 
mixte  de  25,000  hab.,  sur  plus  de  2  millions  d'hect.,  à  1,158  m., 
au  pied  du  Djebel  Antar  (1,720  m.),  îlot  montagneux  qui  surgit 
isolé  au  milieu  de  la  plaine. 

423  k.  Naâma,  station  voisine  de  la  Sebkha  En  Naâma  et  du 
Djebel  Malha  (la  montagne  de  sel),  dont  on  aperçoit  à  g.  la  colo- 
ration singulière,  rouge  et  violette;  petites  dunes  de  sable.  — 
458  k.  Mekalis  (1,314  m.),  point  culminant  de  toute  la  ligne.  On 
passe  sur  le  versant  saharien,  et  la  voie  s'engage  dans  le  cou- 
loir dit  Feïdjet  El  Betoum  (le  «  défilé  des  pistachiers  »),  où  l'on  voit 
en  effet  un  certain  nombre  de  ces  arbres;  au  milieu  de  la  végé- 
tation herbacée  du  drinn  et  de  l'alfa.  Ce  couloir  est  une  assez 
large  plaine  comprise  entre  le  Djebel  Morghad  à  l'O.  (2,136  m. 
au  Ras  Touït)  et  le  Djebel  Aissa  à  l'E.  qui  aboutit  à  Ain-Sefra. 

492  k.  Aïn  Sefra  (hôt.  :  de  France,  des  Voyageurs),  centre  de 
2,000  hab.,  dont  800  européens,  Aïn  Sefra,  la  «  source  jaune  », 
le  poste  militaire  le  plus  important  de  la  région,  est  le  ch.-l. 
d'un  territoire  militaire  qui  s'étend  jusqu'au  Touat  et  d'une 
commune  mixte  de  U,Û00  hab.  Il  est  situé  à  1,100  m.  d'alt., 
adossé  au  S.  au  massif  du  Djebel  Mekter,  en  avant  duquel 
s'étend  une  ligne  de  dunes  longue  de  15  à  20  k.  A  200  m.  de  la 
gare  fortifiée  se  trouve  le  village  européen  séparé  par  l'oued, 
généralement  à  sec,  de  la  redoute,  quartier  militaire  compre- 
nant des  casernes  de  style  mauresque,  le  bureau  arabe,  les 
divers  services  militaires.  Au  S.-O.  est  un  village  ou  ksar  indi* 
gène,  qu'on  pourra  visiter.  —  La  redoute   est  adossée  aux 


272  —  1 36] 


LE  FIGUIG. 


dunes,  dont  la  couleur  d'or  rouge  met  dans  le  paysage  une 
note  imprévue.  On  a  entrepris  de  fixer  le  sable  par  des  plan- 
tations d'arbres  de  toutes  sortes,  qui  constituent  pour  Ain  Sefra 
un  charmant  jardin  (pour  s'y  rendre,  contourner  la  redoute). 

Au  sortir  d'Ain  Sefra,  la  voie  ferrée  longe  le  Djebel  MekLer, 
suivant  un  couloir  que  forme  la  vallée  de  l'oued  Sefra. 

503  k.  Tiouty  gare  fortifiée.  —  Pont  sur  l'oued,  tranchées, 
descente  rapide.  —  La  voie  passe  entre  le  Djebel  Mekter  et  le 
Djebel  Djara,  puis  s'engage  dans  une  large  vallée,  celle  de 
l'oued  Rouïba,  cours  supérieur  de  l'oued  Namous,  dans  laquelle 
il  y  a  quelques  betoum.  —  Grès  ruiniformes,  rouges  avec  une 
patine  noirâtre  à  la  surface. 

546  k.  Moghrar  Foukani.  La  gare  est  avant  l'oasis;  on  aperçoit 
d'abord  une  koubba,  puis  l'oasis  (12,000  palmiers)  et  le  ksar 
(regarder  à  g.)  entouré  de  montagnes  nues. 

On  s'engage  ensuite  dans  les  'égorges  de  Moghrar,  la  partie  la 
plus  pittoresque  du  trajet  (beaux  rochers  de  grès  noircis).  — 
Plus  loin,  on  pénètre  dans  un  couloir  allongé  appelé  El  Feïdja, 
comme  celui  qui  aboutit  à  Ain  Sefra;  on  passe,  par  ce  couloir, 
de  la  vallée  de  l'oued  Namous  dans  le  bassin  de  la  Zousfana. 

577  k.  Djenien  Boa  Rezg  (1,006  m.),  station  fortifiée;  à  g.,  la 
redoute  (jardin  militaire  et  palmiers  soufl'reteux).  —  On  suit  la 
vallée  de  l'oued  Dermel,  affluent  de  la  Zousfana.  —  A'dr.,  dans 
le  lointain,  le  Djebel  Beni  Sinir,  dont  l'altitude  dépasse  2,000  m., 
et  le  Djebel  Maïz  (p.  277). 

610  k.  Duveyrier,  —  La  voie  ferrée  appuie  à  l'O.  et  s'écarte 
de  la  vallée  de  l'Oued  Dermel,  franchissant  le  dos  de  pays  qui 
la  sépare  de  celle  de  Zousfana. 

630  k.  On  franchit  le  lit  à  sec  de  la  Zousfana.  A  dr.,  vers  le 
N.,  l'échancrure  du  col  de  Tarla  ouvre  une  échappée  sur  les 
palmeraies  du  Figuig,  dominée  par  les  escarpements  du  Djebel 
Maïz.  —  Plus  loin,  à  la  traversée  du  lit  desséché  d'un  autre 
oued,  toujours  dans  la  môme  direction,  on  découvre,  par  le  col 
de  Zenaga,  une  échappée  semblable. 

637  k.  Beni  Ounif  de-  Figuig  (p.  273). 


36.  —  LE  FIGUIG 


Aperçu  général.  —  Le  nom  de  Figuig  désigne,  non  un  village  parti- 
culier, mais  l'ensemble  d'un  district  situé  à  900  m.  d'ait.  env.  et  occu- 
pant un©  cuvette  elliptique  de  20  k.  carrés  de  superficie.  Sept  ksour, 
entourés  de  hautes  murailles,  et  longtemps  ennemis,  le  composent;  ce 
sont  :  Zenaga,  le  plus  important;  EL  OudagJiir,  El  Abid,  El  Maïz,  Ouled 
Slimane,  El  Hammam  Foukani  {(ï en 'h3i\it)  ;  El  Hammam  Tahtaiii  (d'en  bas). 

La  population  totale  est  d'env.  l'i,500  liab.,  dont  8,000  musulmans  et 
4,500  israélites,  vivant  dans  des  maisons  construites  en  toubes,  d'une 
architecture  un  peu  fruste,  mais  non  dépourvues  d'art  et  surtout  d'une 
très  grande  originalité.  La  langue  berbère  est  la  langue  autochtone. 

Les  eaux  servant  à  l'irrigation  jaillissent  sur  le  plateau  d'Oudaghir, 


BENI  OUNIF  DE  FIGUIG.       [36]  —  273 


notamment  à  l'Ain  TadderL^  ou  bien  sont  amenées  du,  dehors,  de 
Takrounet  à  TO.,  de  Dar  El  Beïda  au  N.-O.,  par  des  canailx  souterrains 
appelés  feggaguir  (sing.  foggara)  percés  de  distance  en  distance, 
comme  les  gottara  de  Marrakech,  par  des  regards;  d'autres  canaux  ou 
séguias  à  ciel  ouvert,  et  des  bassins  de  retenue  en  règlent  la  distribu- 
tion dans  les  plantations,  suivant  un  procédé  ingénieux,  quoique  primitif. 

Les  jardins,  bien  cultivés  et  surveillés  par  des  tours  de  garde,  sont 
enclos  de  murs  d'argile,  assez  élevés  pour  qu'on  ne  puisse  pas,  même 
monté,  voir  les  intérieurs.  Mais  les  indigènes  ne  font  généralement  pas 
de  difficulté  d'y  laisser  pénétrer  (modique  rétribution).  Les  cultures 
maraîchères  y  sont  peu  développées  (oignons  et  navets);  l'arboricul- 
ture ne  s'applique  guère  qu'au  palmier  (200,000  pieds  produisant  des 
dfattes  en  abondance,  mais  de  qualité  médiocre);  les  arbres  fruitiers  et 
la  vigne  sont  exceptionnels.  Certains  espaces  découverts  sont  consacrés 
à  l'orge,  mais  cette  céréale  occupe  surtout  des  champs  aménagés  à 
l'extérieur  des  plantations. 

Les  Figuiguiens  sont  des  commerçants  avisés;  ils  se  livrent  en  outre 
volontiers  à  l'émigration  temporaire,  allant  louer  leurs  bras  en  Algérie 
et  au  Maroc  oîi  on  les  utilise  surtout  comme  ouvriers  terrassiers  et 
maçons.  L'industrie  locale  est  fort  primitive  et  ne  consiste  guère  que 
dans  la  fabrication  de  quelques  tissus  (burnous,  haïks,  tellis)  et  objets 
en  cuir  rehaussé  de  traits  de  couleurs  et  de  broderies  (sacoches). 

D'octobre  à  avril,  le  soleil  inonde  tout  le  pays  d'une  lumière  incom- 
parable. La  température  est  en  outre  très  douce. 

Histoire-  —  Le  Figuig  fit  partie  de  l'empire  marocain  avec  Moulay 
Ismaïl  (1672-1727).  En  1806,  Moulay  Slimane  s'en  empara  à  nouveau. 
Il  se  trouve  désigné  nominativement  dans  le  traité  marocain  de  déli- 
mitation de  1845  comme  dépendant  du  Maroc.  Aussi  avons-nous  hésité 
longtemps  à  y  faire  sentir  notre  action.  Le  sultan  du  Maroc  n'y  ayant 
de  son  côté  aucune  autorité,  les  oasis  étaient  devenues  le  point  d'appui 
et  le  refuge  do  tous  ceux  qui  combattaient  l'extension  de  notre  influence 
dans  le  Sud.  Attribuant  notre  abstention,  dont  ils  ne  pouvaient  soup- 
çonner les  motifs,  à  l'impuissance  et  à  la  peur,  les  gens  du  Figuig  ne 
perdaient  aucune  occasion  de  manifester  leur  hostilité.  Le  31  mai  1903, 
le  Gouverneur  général,  M.  Jonnart,  venu  à  proximité  du  ksar  de  Zenaga 
pour  conférer  avec  le  représentant  du  sultan,  essuya  une  fusillade  qui 
ht  dans  son  escorte  plusieurs  blessés.  Un  court  bombardement,  auquel 
on  procéda  le  8  juin,  suffit  à  convaincre  les  Figuiguiens  de  la  supério- 
rité de  nos  armes;  ils  oifrirent  aussitôt  leur  soumission.  A  l'heure 
actuelle,  les  ksour  s'administrent  eux-mêmes  au  moj'en  d'une  djemaa. 
Le  pacha  de  Figuig,  représentant  le  sultan,  prend  part  aux  délibérations 
des  différentes  djemaas  et  en  dirige  les  travaux  tout  en  leur  laissant 
la  plus  grande  initiative.  —  Le  contrôle  supérieur  est  exercé  par  le 
commandant  du  Cercle  des  Beni  Guil. 

Bibliographie  :  —  Le  tourisme  dans  V Annexe  de  Beni  Ounif,  d'après  les 
informations  du  commandant  Pariel,  1911;  —  La  source  de  Thaddert  à 
Figuig,  par  E.-F.  Gautier,  paru  dans  les  «  Annales  de  Géographie  », 
nov.  1917. 

Beni  Ounif  de  Figuig  (Algérie),  à  850  m.  d'alt.,  au  revers  S. 
des  hauts  massifs  de  l'Atlas  saharien,  est  le  siège  d'une  annexe, 
qui  dépend  d'Ain  Sefra.  Mosquée  de  Sidi  Slimane  et  petit  ksar  ; 
palmeraie;  belle  vue  de  la  Garet  El  Hamir  (10  à  15  min.;  inté- 
ressant surtout  au  soleil  couchant).  Toute  une  ville  européenne, 
bien  bâtie,  avec  justice  de  paix,  écoles,  marché,  canalisation, 
est  aujourd'hui  presque  abandonnée.  —  La  limite  entre  l'Algérie 
et  le  Maroc  se  trouve  à  2  k.  env.  au  N.,  au  pied  des  montagnes. 


MAROC. 


18 


274  —  [36] 


LE  FIGUIG. 


Hôtel  :  —  du  Sahara,  fermé  en 
1919  (gar.  ;  bains). 

Chevaux  et  mulets  (sellés).  —  3  à 
5  fr.  par  demi-journée. 

Spécialités  :  —  objets  en  cuir  teint 
et  brodé. 

Chasse  :  —  gazelle  de  monta- 


gne, mouflon,  lièvre  et  perdrix^ 
Renseignements  :  —  s'adresser 
d'avance  au  Chef  du  Cercle  des 
Beni  Guil,  à  Figuig,  qui  accueille 
très  bien  les  visiteurs  et  leur  four- 
nit gracieusement  des  guides  pour 
les  excursions. 


En  raison  de  son  caractère  grandiose,  de  la  beauté  de  sa 
lumière,  de  la  splendeur  de  ses  sites,  le  Figuig  mérite  d'attirer 
l'attention  des  voyageurs.  Les  touristes  amateurs  d'alpinisme 
et  de  chasse  pourront  excursionner  sur  les  montagnes  qui 
limitent  de  tous  côtés  le  Figuig. 


I.  —  L'oasis  de  Figuig. 

7  k.  N.  —  Pistes  carrossables;  chev.  de  location  sellés  de  3  à  5  fr. 
par  promenade  d'une  demi-journée;  mulets  3  fr. 

Nous  décrirons  ici  3  itinéraires  faisant  l'objet  de  promenades  distinctes 
pouvant  être  faites  en  3  h.  30  à  4  h.  —  La  première,  qui  donne  une  vue 
d'ensemble  de  Figuig,  est  recommandée  particulièrement  aux  personnes 
qui  ne  font  qu'un  très  court  séjour.  Un  guide  (mokhazeni)  peut  être 
fourni  sur  demande  par  le  Bureau  des  Affaires  indigènes. 

1^'  Itinéraire  (vue  d'ensemble).  —  On  se  dirige  directement 
au  N.  dans  une  région  complètement  plate.  —  2  k.  ^.  Col  de 
Zenaga,  où  fut  attaqué,  en  1903,  le  Gouverneur  général  de 
l'Algérie  (p.  273).  A  l'entrée  du  col,  à  g.,  rochers  ornés  de 
curieux  dessins  préhistoriques.  Au  tournant  du  col,  belle  vue 
d'ensemble  de  la  palmeraie  de  Figuig  et  du  ksar  de  Zenaga. 

6  k.  Plaine  de  Bagdad  et  chemin  des  Cascades.  La  roule  monte 
dans  la  partie  supérieure  de  la  palmeraie,  au  milieu  de  beaux 
rochers  couverts  de  palmiers  et  d'un  splendide  solis-bois  de 
figuiers,  grenadiers,  etc.,  percés  de  grottes  aux  stalactites  gra- 
cieuses et  franchis  en  deux  points  par  de  petites  cascades  répan- 
dant une  fraîcheur  inattendue.  Tourner  à  g.  dès  que  l'on 
arrive  sur  le  plateau  supérieur  et  gagner  (7  k.)  l'agglomération 
européenne  qui  comprend,  autour  d'une  vaste  place  rectangu- 
laire plantée  d'arbres  et  ornée  de  jardins,  plusieurs  bâtiments 
modernes  d'architecture  arabe  :  Service  des  Renseignements, 
dispensaire  indigène,  école,  poste,  etc.  Au  fond  de  cette  plac(\ 
une  piste  conduit  :  à  dr.  vers  El  Maiz,  à  g.  vers  Oudaghir. 

8  k.  El  Mdiz^  avec  toutes  ses  vérandas  ouvertes  vers  le  S. 
comme  les  grandes  alvéoles  d'une  ruche  immense,  olfre  un 
aspect  imprévu.  Entrer  dans  le  ksar  par  la  porte  du  S.  et  pu 
remarquer  les  rues  voûtées,  la  place  de  la  Mosquée  aux  belles 
arcades,  la  rue  des  Brodeurs.  Sortir  par  la  porte  N. 

9  k.  Oudaghir,  dans  lequel  on  pénètre  par  le  quartier  juif. 
Aux  abords  de  la  résidence  du  pacha  veille  la  garde  du  sultan, 
aux  costumes  de  couleurs  vives.  A  la  sortie,  dans  la  palmeraie, 
près  de  la  porte  N.,  grandes  sources  de  Figuig  dont  l'une,  pro- 
fonde de  8  m.,  est  accessible  par  un  passage  voûté.  La  palmeraie 


27G  —  [36] 


LE  FIGUIG, 


d'Oudaghir,  le  *Djorf,  s'étend  sur  une  magnifique  terrasse 
dominant  une  mer  de  palmes.  En  bas,  en  face,  Zenaga  ;  au  fond, 
par  l'échancrure  du  col  de  Zenaga,  belle  échappée  sur  le 
Sahara  avec  Djenane  Ed  Dar  et  sa  petite  redoute;  à  dr.,  le 
massif  imposant  du  Grouz  et  le  Djebel  Melias;  à  g.,  Djebel 
Taghla  et  Djebel  Sidi  Youssef  aux  belles  dentelures  ;  au  pied, 
un  bassin  dans  lequel  se  mirent  les  palmiers  aux  troncs 
rugueux  et  aux  panaches  verts. 

On  traverse  ensuite  la  palmeraie  et  le  ksar  de  Zenaga 
peuplé  de  4  à  5,000  hab.  (place  de  la  Mosquée  intéressante).  On 
revient  soit  par  le  col  de  Zenaga,  soit  par  le  col  de  la  Juive. 

2*"  Itinéraire  (partie  0.;  3  h.  à  cheval).  —  Par  le  col  de  la 
Juive,  les  rochers  du  Takroumct,  El  Abid,  Aïn  Taddert,  dont  les 
sources  alimentent  une  partie  de  l'oasis,  puis  le  chemin  des 
grands  bassins,  on  atteint  Zenaga  {V,  ci-dessus)  par  le  quar- 
tier des  Bou  Darits. 

On  revient  par  le  col  de  Zenaga. 

3®  Itinéraire  (partie  E.).  —  On  se  rend  jusqu'à  la  jolie  kouhha 
de  Sidi  Abd  El  Kader  Es  Saheli,  puis  à  la  porte  d'El  Hammam  El 
Foukani.  Le  ksar  est  très  intéressant,  il  possède  une  source  chaude 
(47°)  qu'on  peut  visiter.  Par  la  variété  de  son  sous-bois,  la 
palmeraie  d'El  Hammam  est  la  plus  captivante  du  Figuig. 

Retour  par  la  plaine  de  Bagdad  et  le  col  de  Zenaga  (  V.  ci-dessus) 

II.  —  Nelias. 

8  k.  N.-O.  —  Promenade  pouvant  se  faire  en  2  h.  30  à  3  h.  aller  et  ret 

Partir  par  la  piste  de  Béchar,  passer  sous  la  voie  ferrée  au 
pont  de  l'oued  Melias  et  atteindre  la  palmeraie  de  Melias,  dotée 
d'une  jolie  source,  située  dans  une  gorge  pittoresque. 

On  peut  pousser  un  peu  plus  loin,  sur  le  versant  N.  du  Djebel 
Melias,  et  visiter  la  mine  de  plomb  argentifère  dont  les  ouvriers 
sont  presque  tous  des  Figuiguiens. 

Retour  par  le  chemin  qui  longe  le  versant  S.  du  Djebel 
Melias,  jusqu'à  hauteur  du  col  de  la  Juive. 

III.  —  Djebel  Grouz. 

50  k.  G.  —  Très  recommandé. 

l®""  Itinéraire  (avec  montures).  —  22  k.  Foum  Djahifa,  sur  I 
versant  S.  de  la  montagne.  —  42  k.  Hassi  Abou  El  Akhal,  su 
le  versant  N.  On  a  ainsi  traversé  le  Djebel  Grouz  par  des  vallée 
pittoresques  et  dépourvues  d'eau.  Le  pays  est  extrèmemen 
intéressant  au  triple  point  de  vue  géologique,  minéralogique  e 
botanique.  Les  chasses  à  la  gazelle  de  montagne,  aux  fauve 
(panthère,  renard,  chacal),  au  lièvre  et  à  la  perdrix  sont  trè 
captivantes. 

On  peut  revenir  à  Beni  Ounif  en  retraversant  le  Grouz  au 
Teniet  Beida. 


DJEBEL  GROUZ.  —  DJEBEL  MAÏZ.    [36]  —  277 


2®  Itinéraire  (par  le  ch.  de  fer  jusqu'à  Bou  Aiech  et  avec 
des  montures  pour  le  reste  du  trajet).  —  34  k.  Bou  Aïech^ 
station  de  ch.  de  fer  (p.  278).  —  Hassi  Lama,  au  centre  du  massif 
du  Grouz.  —  72  k.  Tanezzara,  remarquable  point  d'eau  au  fond 
d'une  gorge,  dans  une  région  giboyeuse. 

DE  TANEZZARA  A  BEN  ZIREG  (ô6  k.  S.  ;  piste).  —  16  k.  ffassi  Tolfa.  — 
34  k.  ffassi  Ed  Diab.  —  66  k.  Ben  Zireg,  station  sur  la  voie  ferrée  de 
Beni  Ounif  à  Colomb  Béchar  (p.  278). 

IV.  —  Djebel  Naîz. 

3  étapes  représentant  60  à  70  k.  pour  atteindre  Khoroua,  d'où  l'on 
pourra  entreprendre  l'ascension.  Matériel  de  campement  nécessaire. 

On  longe  à  TE.  Toasis  de  Figuig  (p.  274). 

14  k.  El  Ardjay  palmeraie  où  l'on  peut  coucher.  La  Zousfana 
est  à  500  m.  de  là;  on  peut  la  traverser  sur  ce  point,  sa  pro- 
fondeur n'est  que  de  50  cm.  —  32  k.  Aouïnet  Aïcha,  petite 
source  sous  un  bouquet  de  palmiers,  à  la  pointe  E.  du  Maïz. 

58  k.  Kheroua,  beau  point  d'eau  au  pied  N.  du  Maïz.  C'est  sur 
ce  point  qu'il  faut  camper  pour  faire  l'ascension  de  la  montagne. 

Imposante  muraille  presque  verticale  qui  fait  le  fond  du 
tableau  de  Figuig  au  N.-O.,  le  Djebel  Maïz  est  inaccessible  par 
son  versant  S.  et  se  laisse  difficilement  escalader  par  le  N.  Les 
fervents  de  l'alpinisme  pourront  se  livrer  à  leur  sport  favori. 
La  chasse  au  mouflon,  à  la  gazelle  de  montagne,  au  lièvre  et 
à  la  perdrix  ajoutera  au  charme  de  l'excursion.  La  montagne 
renferme  des  traces  d'anciennes  mines  de  cuivre  exploitées  jadis 
par  les  Berbères. 

Le  retour  peut  s'eflectuer  par  le  môme  chemin.  Il  sera  préfé- 
rable cependant  de  revenir  par  (16  k.)  Oglat  Ben  Abd  El  Djebbar, 
excellent  point  d'eau  avec  puits  de  2  à  5  m.  de  profondeur,  le 
col  de  Teniet  Zaid,  accessible  aux  chevaux  et  aux  mulets,  sinon 
aux  chameaux;  48  k.  Defilia,  petite  palmeraie  et  joli  point 
d'eau  au  milieu  des  lauriers-roses,  au  pied  S.  du  Maïz;  (56  k.)  le 
Teniet  Zerga,  au  N.  du  Figuig,  d'où  l'on  peut  rejoindre  (70  k.) 
Beni  Ounif. 

V.  —  Djebel  Melah. 

50  k.  env.  N.  —  Piste  muletière.  Matériel  de  campement  nécessaire. 

32  k.  de  Beni  Ounif  à  Aïounet  Aïcha  {V.  cirdessus,  IV). 

42  k.  El  Attatich,  point  d'eau  dans  une  gorge  qu'on  peut 
atteindre  en  1  j.  à  cheval. 

52  k.  Mouih  Sifer,  point  d'eau  au  pied  d'un  bouquet  de 
palmiers,  où  l'on  campe  pour  la  visite  du  Djebel  Melah,  belle 
montagne  de  sel  gemme,  dotée  de  grotles  extrêmement  intéres- 
santes, mais  d'un  accès  difficile. 

Retour,  soit  par  le  môme  chemin,  soit  en  bifurquant  à  El 
Attatich  par  Kheroua  et  Oglat  Ben  Abd  El  Djebbar  (F.  ci- 
dessus,  IV). 


278  —  [37]  LE  HAUT  GUIR. 


DE  FIGUIG  A  TENDRARA  (156  k.  N.;  pisto  généralement  bonne  se  pro- 
longeant par  Berguent  jusqu'à  Oudjda).  —  51  k.  de  Figuig  à  Mouih  Sifer 
(p.  Til,  V«).  —  53  k.  5.  Montée  assez  facile  sur  un  plateau,  où  le  terrain 
est  désormais  plat  et  dur. 

76  k.  Medaouer,  près  d'un  ghedir,  sur  le  plateau  nu,  peuplé  seulement 
de  touffes  d'armoise  et  d'alfa,  —  90  k.  Teniet  Ez  Zoubia^  terrain  on 
pays  argileux,  assez  souvent  raviné,  sablonneux  plus  loin. 

100  k.  El  Guetar,  sources  assez  abondantes  donnant  une  eau  de  bonne 
qualité,  dans  une  région  d'alfa.  Le  terrain  qui  suit,  très  accidenté,  est 
coupé  de  petites  dunes  et  de  fonds  argileux  praticables  aux  voitures  par 
temps  sec  seulement, 

116  k.  Hassi  El  Kelb,  puits  nombreux  de  5  m.  de  profondeur,  au  bord 
d'une  falaise  dominant  une  des  cuvettes  du  Tigri,  La  piste  est  accidentée 
jusqu'à  (120  k.)  la  sortie  du  Tigri,  à  Bab  Kr  Rih.  Elle  reste  ensuite 
excellente  jusqu'à  la  fin.  —  138  k.  Zrigat  Bou  Lardjem,  auprès  d'un 
ghedir  pourvu  d'eau  après  les  pluies  seulement,  —  148  k.  Entrée  dô  la 
chebka  Tendrara, 

156  k.  Tendrara  (p.  261). 

Variante.  —  De  (32  k.)  Aouïnet  Aïcha,  on  peut  passer  à  (53  k.)  El 
Kheroua,  (67  k.)  Oglat  Ben  Abd  El  Djebbar,  (87  k.)  El  Beghil,  (106  k.) 
Hassi  Defla,  (140  k.)  Hassi  El  Aricha  pour  atteindre  (180  k.)  Tendrara; 
le  parcours  est  ainsi  allongé  de  24  k. 

De  Tendrara  à  Berguent  et  Oudjda,  p.  261. 

DE  FIGUIG  A  FORTASSA  (99  k.  N.;  piste  en  terrain  facile,  mais  impra- 
ticable aux  voitures).  —  32  k.  De  Figuig  à  Aouïnet  Aïcha  (p,  277,  IV),  — 
46  k,  Korima,  à  un  confluent  de  vallées.  —  77  k,  Aïn  Tichchert,  source 
peu  abondante  au  voisinage  de  ghedirs.  —  79_k,  A  3  k.  env,  de  la  piste, 
Aïn  Goréa.  —  90  k.  Aïn  Guetar.  —  99  k.  Foriassa  Gharbia  (p.  262), 

Variante,  —  De  (32  k,)  Aiounet  Aïcha  (p.  277,  IV),  on  peut  passer  par 
(35  k.)  Hallouf  sur  la  rive  g.  de  l'oued,  (62  k.)  Souf  Kesser,  puits,  (89  k.) 
Aïn  Goréa,  eau  bonne  et  abondante,  (98  k.)  Bab  Er  Bouah^  poste  de 
douane  marocaine  pour  atteindre  (108  k.)  Fortassa. 

De  Fortassa  à  Berguent  (p.  262)  et  à  Oudjda  (p.  261,  2«). 


37.  -  LE  HAUT  GUIR 

Cette  région  comprend  les  pays  arrosés  par  la  vallée  supérieure  de 
Voued  Guir  et  de  ses  affluents.  Venant  de  l'Atlas,  ce  fleuve  a  une 
direction  générale  N.-S.  jusqu'à  Bou  Denib,  puis  se  dirige  vers  l'K. 
pendant  env.  100  k.,  jusqu'au  confluent  des  oueds  Bou  Anane  et  Zelmou, 
pour  reprendre  une  direction  N.-S.  et  rejoindre  la  Zousfana  à  proxi- 
mité d'igli. 

De  Figuig  à  Bou  Denib. 

A.  —  Par  Colomb  Béchar. 

312  k.  O.  :  dont  112  en  3  h.  45  (12  fr.  50  et  9  fr.  35)  par  la  voie  ferrée 
jusqu'à  Colomb  Béchar  et  200  k.  en  un  jour  par  une  piste  aménagée 
pour  automobiles. 

1°  De  Figuig  a  Béchar.  —  La  voie  se  développe  au  vS.-O.  et 
passe  à  (35  k.)  Bou  Aïech,  (60  k.)  Ben  Zireg  et  (87  k.)  Hassi  El 
Haouaru  Parcours  assez  intéressant.  Belle  vue  à  dr.  sur  les 


COLOMB  BÉCHAR,  —  BOU  ANANE.    [37]  —  279 


escarpements,  dénudés  et  grillés  par  le  soleil,  du  Djebel  Antar, 
contrefort  du  Djebel  Grouz  (p.  276),  qui  domine  Ben  Zireg.  Avant 
d^arriver  à  Colomb  Béchar,  on  longe,  sur  5  k.  env.,  des  palme- 
raies qui  jalonnent  le  cours  de  Voued  Oaakda  (barrage). 

112  k.  Colomb  Béchar  (hùt.  modestes),  bureau  arabe  et 
chef-lieu  d'un  cercle  militaire,  au  revers  N.-O.  du  Djebel  Béchar, 
terminus  actuel  du  ch.  de  fer.  A  quelque  distance  du  village 
européen  de  Colomb  (nom  d'un  officier  qui  explora  autrefois  la 
région),  ksar  de  Béchar,  qu'on  visitera  (rues  couvertes),  et  ksar 
de  Ouakda. 

2°  De  Colomb  Béchar  a  Bou  Denib.  —  La  piste,  praticable 
aux  automobiles  en  toute  saison,  se  dirige  vers  le  N.  à  travers 
la  hammada  de  l'Oum  Es  Seba.  Vers  l'extrémité  0.  du  Djebel 
Arrid,  elle  est  rejointe, par  la  ligne  télégraphique  de  Hassi  El 
Haouari  à  Talzaza. 

35  k.  Talzaza.  Passage  de  l'oued  Talzaza  et  de  quelques  ravins, 
puis  arrivée  dans  la  plaine  d'Oum  Ech  Chegag.  —  69  k.  Ksar 
El  Beïda. 

11  k.  Ain  Chair,  pourvu  d'une  séguia  fournissant  une  eau 
abondante  mais  passable. 

D'AIN  CHAIR  A  MATARKA  (143  k.  N.  ;  piste).  —  26  k.  Oqlat  Mefsouk, 
puits  peu  profonds.  La  piste,  en  terrain  plat  et  facile  jusqu'à  46  k., 
traverse  ensuite  des  ravins  assez  encaissés.  —  51  k.  Àïn  El  Ourak, 
source  d'eau  abondante  et  de  bonne  qualité  au  pied  d'une  montagne 
d'accès  difficile.  La  montée  qui  suit  est  très  pénible  et  possible  seulement 
pour  les  animaux  de  bât  et  les  chevaux.  —  59  k.  Débouché  sur  le  plateau. 

—  78  k.  Bel  Rhiada,  puits  abondants  et  peu  profonds.  —  98  k.^Gara  Et 
Thima,  à  dr.  —  109  k.  Foiim  Aggaï,  à  g.  —  114  k.  Entrée  dans  le  ravin 
de  Cheguig  où  la  piste  est  un  peu  moins  facile.  —  117  k.  ffassi  Cheguig, 
puits  dans  une  gorge,  après  lequel  la  piste  est  praticable  à  tous  véhicules. 

—  137  k.  Daïet  Ed  Dahane,  à  1  k.  à  g.  —  143  k.  Matarka  (p.  261). 
De  Matarka  à  Tendrara  (p.  261)  et  à  Debdou  (p.  266). 

La  piste  se  poursuit  en  terrain  tantôt  dur,  tantôt  sablonneux, 
traversant  de  nombreux  oueds.  —  101  k.  Hassi  Kriouia.  — 
111  k.  Chriat  Ed  Diab,  à  3  k.  N.  de  la  piste,  eau  en  flaques  dans 
le  lit  de  l'oued.  —  117  k.  Oued  Zelmou. 

146  k.  Bou  Anane,  village  indigène  sur  l'oued  du  même  nom 
et  poste  militaire  muni  du  télégraphe.  —  La  région  qui  suit 
est  découverte  et  peu  accidentée  ;  le  pays  est  complètement 
désert. 

DE  BOU  ANANE  A  BENI  TADJIT  (66  k.  N.-O  ;  piste).  —  4  k.  Oïded  Abbas, 
ksar.  On  suit  l'oued  Bou  Anane,  qu'on  traverse  une  quinzaine  de  fois 
pendant  le  trajet.  —  5  k.  Takoumit.  —  11  k.  El  Haïrech.  —  14  k.  Ben 
Vnti.  —  18  k.  Aourirt.  On  suit  l'oued  Haïber  et  l'on  entre  dans  le  défilé 
très  dangereux  du  djorf  Dohl.  —  28  k.  AU  Taghzout,  ksar.  —  38  k.  Beni 
Bassia.  La  piste  suit  la  rive  g.  de  l'oued  Ait  Aïssa.  —  43  k.  Ait  Daoud. 

—  58  k.  AU  Sebbaïk.  —  61  k.  AU  Fetouli.  —  66  k.  Beni  Tadjit  (p.  281). 

169  k.  Belibila,  poste  militaire  à  3  k.  au  N.  de  l'oued  Guir, 
qu'on  remonte  ensuite.  —  184  k.  Ksar  Saheli,  avec  palmeraie, 
à  1  k.  5  à  g.  —  192  k.  Ksar  et  palmeraie  de  BeniOuziene,  où  se 


280  —  [37]  LE  HAUT  GUIR, 


livra  un  combat  en  mai  1908.  —  193  k.  Ksar  des  Ouled  Ali,  à 
1  k.  à  g.,  entre  deux  gara. 
200  k.  Bou  Denib  {V.  ci-dessous). 

B.  —  Par  la  piste  directe. 

257  k.  —  Piste  muletière,  dure  et  longue  à  parcourir. 

76  k.  de  Figuig  à  Tanezzara  (p.  277).  —  La  piste  est  quelque 
peu  accidentée.  — 90  k.  Ghedir  de  Rosfet  Er  Redjem,  dans  un 
ravin  encaissé,  à  dr.  —  94  k.  Entrée  dans  la  plaine  du  Tamlelt, 

117  k.  Mengoub,  puits  très  nombreux  et  peu  profonds  dans 
une  région  sablonneuse.  —  131  k.  Ras  El  Aïn,  puits  auprès 
d'un  bordj  et  d'une  redoute. 

134  k.  Aïn  Chair  (p.  279)  et  123  k.  d'Ain  Chair  à  Bou  Denib, 
V.  ci-dessus,  A, 

257  k.  Bou  Denib,  ksar  sur  l'oued  Guir,  peuplé  de  912  hab., 
dont  76  européens,  607  musulmans  et  229  israélites.  Centre  du 
commandement  du  Territoire  de  Bou  Denib;  redoute  abritant 
un  bureau  de  postes,  télégraphes  et  téléphones  accessible  au 
public.  C'est  de  Bou  Denib  qu'en  1917,  une  colonne,  se  réunis- 
sant à  celle  de  Debdou,  a  rejoint,  sur  la  Moulouya,  à  Itzer,  une 
troisième  colonne  venue  de  Meknès. 

Environs.  —  1»  Talghemt  (66  k.  S.;  piste  muletière  assez  difficile).  — 
La  piste  part  de  Taouz,  monte  en  lacets  mal  définis,  faciles  à  perdre,  sur 
la  Hammada,  plateau  pierreux  et  dénudé  qui  s'étend  du  Djebel  El  Asel 
(l,152,m.  d'alt.)  jusqu'à  300  k.  plus  au  S.  sur  une  largeur  variant  de  50 
à  100  k.  —  8  k.  Hassi  Douis.  —  17  k.  Second  gradin  de  la  Hammada, 

20  k.  Otjlat  El  Hammam,  point  d'eau.  —  Le  trajet  s'effectue  dans  la 
partie  septentrionale  de  la  hammada,  en  des  points  parfois  difficiles. 

66  k.  Talghemt,  puits  nombreux  et  ensablés  dans  le  lit  de  l'oued 
Talghemt. 

2»  Aoufous  (67  k.  S.-O.  ;  piste  indigène,  passable).  —  On  emprunte 
d'abord,  en  le  remontant,  l'oued  El  Kheil,  puis  on  escalade  un  plateau 
pierreux  et  raviné  pour  redescendre  ensuite  il'oued  Rahma.  La  région 
est  déserte. 

40  k.  Oglat  Ba/una,  puits  aménagés  et  très  fréquentés.  Dunes  de 
sable  au  voisinage.  —  La  piste,  d'abord  plate,  suit  l'oued  Rahma  qui 
coule  dans  un  défilé  étroit  aux  bords  abrupts. 

67  k.  Aoufous,  ksar. 

S^Gourrama  (75  k.  N.-O.;  bonne  piste  carrossable  jusqu'à  Tazzouguert). 
-  17  k.  Tazzouguert  Camp  (p.  282,  I).  —  Qoi  franchit  le  défilé  pendant 
6  k.  sur  la  piste  creusée  à  flanc  de  coteau  et  souvent  dans  le  roc. 

25  k.  Tazzouguert  Ksar,  village  et  palmeraie.  —  33  k.  On  franchit  les 
gorges  d' Iqliesdis,  longues  de  1  k.,  où  l'un  de  nos  convois  se  dirigeant 
sur  Gourrama  fut  attaqué  le  14  mars  1916.  On  voit  encore  le  ksar 
démoli.  —  35  k.  La  piste  traverse  la  palmeraie  de  Kadoussa,  quelques 
palmiers  d'El  Gorane,  puis  les  gorges  d'El  Gorane,  longues  de  3  k. 

45  k.  Aicliana,  camp  abandonné  dans  une  région  découverte.  La  piste 
devient  plus  facile.  —  48  k.  /mr,  ksar.  —  53  k.  Baknou,  bordj  abandonné, 
ksar  à  800  m.  à  g.  —  57  k.  Mellaha,  trois  ksour  dont  l'un  est  inhabité. 
—  61  k.  Pont  sur  le  Guir,  démoli  par  la  crue  d'octobre  1915. 

65  k.  Toulal,  groupe  de  sept  ksour  et  de  jardins.  —  70  k.  Tafendast, 
petit  ksar  à  1  k.  à  g. 


BOU  DENIB,  —  MISSOUR.      [37]  —  281 


75  k.  Gouprama,  petit  village  et  poste  militaire. 

De  Gourrama  a  Iskena  (18  k.  N.-E.  ;  piste  muletière  en  plaine  peu 
ravinée),  —  Iskena  comprend  deux  ksour  très  pauvres,  cultivant  quel- 
ques légumes  et  élevant  quelques  troupeaux.  Une  séguia  abondante, 
venant  d'une  source  située  à  plusieurs  k.  dans  la  direction  de  la  mon- 
tagne, passe  au  pied  du  ksar. 

De  Gourrama  a  Tijane  (18  k.  N.  ;  piste  muletière).  —  Le  trajet  s'ef- 
fectue d'abord  en  plaine.  — .5  k.  Hassi  Tanguerfa.  —  13  k.  Entrée  dans 
le  Foum  Tijane,  à  partir  duquel  la  piste  est  pénible.  —  18  k.  Tijane^ 
ksar  au  voisinage  de  campements  nomades  des  Ait  Mesrouh. 

De  Gourrama  aTiouzaguine  (20  k.  N.-O.  ;  piste  muletière).  —  La  piste 
suit  sensiblement  le  cours  de  l'oued  Guir,  dont  elle  ne  s'éloigne  jamais 
de  plus  de  1  k.  —  7  k.  El  Heri,  ksar.  —  8  k.  Tagrirt,  ksar.  —  10  k. 
Talharit,  ksar.  —  12  k.  Col  très  resserré  qui  s'ouvre  sur  le  cirque  de 
Tittene  Ali,  ou  l'on  trouve  les  ksour  de  Mouggueur  et  de  Tittene  Ali 
entourés  de  jardins  et  d'oliveraies.  —  20  k.  Tiouzaguine,  composé  de 
deux  ksour. 

De  Gourrama  a  Tameloust  (23  k.  S.  ;  piste  indigène).  —  8  k.  Col  de 
Bent  Hazim,  dont  la  traversée  pénible  demande  près  d'une  heure.  La 
piste  est  ensuite  sablonneuse  et  ravinée.  —  23  k.  2'ameloust,  bordj  en 
ruines  au  milieu  de  la  plaine  où  campent  parfois  les  Ait  Mesrouh  ou  les 
Aït  Izdeg. 

Beni  Tadjit  (64  k.  N.;  bonne  piste  carrossable).  —  25  k.  de  Bou 
Denib  à  Tazzouguert  Camp  (p.  282).  —  27  k.  Takoumit,  source.  —  36  k.  4. 
Sidi  Ahmed  Bel  Kassem,  où.  la  piste  est  plus  dure.  On  entre  ensuite 
dans  la  plaine  de  Snab. 

49  k.  Hassi  Snom,  puits  dans  une  région  plate  et  découverte. 

64  k.  Beni  Tadjit,  ksar  et  poste  militaire  créé  en  1916,  avec  Bureau 
des  Renseignements  relié  à  Bou  Denib  par  le  télégraphe  et  le  télé- 
phone. Sur  la  rive  dr.  de  Toued  Aïssa,  au  pied  du  Djebel  Bou  Dahar, 
se  trouve  la  redoute  de  la  Compagnie  minière  de  Mokta  El  Hadid. 

De  Beni  Tadjit  à  Bou  Anane  (p.  279). 

5°  Nissour.  —  1°  Par  Beni  Tadjit  (206  k.  env.  N.;  piste  difficile  par 
endroits).  —  De  Bou  Denib  à  Beni  Tadjit  (64  k.),  V.  ci-dessus,  4°.  La 
piste  traverse  les  jardins  de  Beni  Tadjit,  puis  une  plaine  caillouteuse,  et 
passe  dans  l'oued  Bour  qu'elle  quitte  pour  le  reprendre  de  nouveau.  — 
74  k.  Aït  Yakoubi  ksar  entouré  de  cultures.  —  86  k.  Kheneg  Aït  Saïd, 
orienté  du  N.  au  S.  et  donnant  passage  à  l'oued  Ghazzaouane  qu'on  tra- 
verse plusieurs  fois.  Le  sol  est  rocailleux,  coupé  de  ravins  et  assez 
difficile  sur  6  k.  La  piste  débouche  dans  la  plaine  de  Talsint. 

100  k.  Talsint,  poste  militaire  créé  en  1918.  —  110  k.  Tizi  Gzaouine, 
théâtre  du  combat  du  29  juin  1916.  On  suit  pendant  4  k.  5  un  large  oued 
à  sec.  —  116  k.  Anbad,  ksar.  —  122  k.  Aguelmuus,  ksour  à  g.  —  126  k. 
Mazzer,  ksour.  La  piste  se  déroule  ensuite  en  terrain  accidenté.  . 

138  k.  Tameslemt,  ksar  situé  au  pied  d'une  crête  rocheuse.  —  142  k. 
Col  de  Meridja,  passage  difficile  sur  une  longueur  de  2  k.  5.  La  piste 
débouche  en  plaine  et  passe  on  terrain  accidenté  jusqu'à  Asdad. 

153  k.  Asdad,  agglomération  comprenant  les  ksour  de  Talemsoust  et 
des  Aït  Baïker  au  N.,  ceux  des  Ait  Meziane,  Aït  Mokrane,  Aït  Fkir  et 
d'Azouzou  au  S.  —  157  k.  Bou  Imerdousene,  ksar.  —  176  k.  Ksiret  El 
Hachemi.  —  177  k.  Tikoutamine,  ksar. 

186  k.  Ouizert,  agglomération  de  5  ksour  importants  pourvue  de  jar- 
dins et  de  vergers.  La  région  est  assez  bien  cultivée.  —  196  et  198  k. 
Passages  d'oueds.  —  203  k.  Passage  de  la  Moulouya  sur  un  ponceau. 

206  k.  Missour,  groupe  de  ksour  sur  la  rive  dr.  de  la  Moulouya.  Grands 
jardins  et  vergers  dont  une  olivette  de  2  k.  de  long. 


282  —  [38] 


LE  ZIZ. 


2<*  Par  Atchana  (178  k.;  piste);  —  De  Bou  Denib  à  Atchana  (45  k.) 
V.  ci-dessus,  3°,  Terrain  accidenté  jusqu'au  Khang  El  Ghar,  caillouteux 
et  boisé,  après  lequel  la  piste  longe  1  oued  Ascïii  puis  entre  dans  la 
plaine  des  Aït  Aïssa,  plate  et  dénudée. 

70  k.  Fertoumach,  ksourdes  Ait  Mohammed  Ou  Iladdou,  Ait  Ichchou, 
Aït  Khorsi,  bordés  de  jardins.  La  piste  suit  le  lit  assez  large  de  l'oued 
Besri.  —  80  k.  Takhouali,  ksour,  à  dr.  —  82  k.  A  dr.,  ksour  de  Maglialif 
et  d'Aït  Aïssa  Ou  Ali  ;  à  g.,  ksar  de  Mcdrar.  —  85  k.  5.  Âït  Yahia  Ou 
Aïssa,  à  dr,  —  87  k.  5.  Petits  ksour  de  Mohammed  Ou  Saïd  et  Elmbarek 
Ou  .Saïd.  —  89  k.  Aït  Beker,  ksar  à  g.  —  94  k.  El  Bour,  entouré  de 
hautes  montagnes.  La  piste,  très  pénible,  suit  l'oued  et  les  jardins  d'El 
Bour,  traverse  le  Khcneg,  puis  suit  un  oued  et  arrive  à  Tizi  Tafraout. 

110  k.  Tameslemt,  où  l'on  rejoint  l  itinéraire  précédent. 


38.  —  LE  ZIZ 

Aperçu  généraL  —  Uouecl  Ziz  prend  sa  source  aux  crêtes  supérieures 
du  Grand  Atlas,  au  pied  du  Djebel  Aïachi,  «  château  d'eau  du  Maroc  ». 
Bordé  de  ksour  nombreux  et  dominé  par  de  hautes  montagnes,  il  coule 
quelque  temps  sur  le  territoire  des  Ait  Heddidou,  puis  il  reste  désert 
un  certain  temps  et  arrose  le  district  du  Ziz,  peuplé  par  les  Aït  Izdeg 
répartis  dans  25  ou  30  ksour.  Après  un  nouveau  et  court  passage  désert, 
il  entre  dans  le  Gers,  dont  il  baigne  tous  les  ksour,  ensuite  dans  le 
Tiallaline.  Plus  bas,  il  s'engage  dans  les  districts  d'El  Kheneg,  où  com- 
mencent les  palmiers.  A  partir  de  là,  il  ne  cesse  d'avoir  son  cours 
ombragé  et  se  déroule  jusqu'au  Tafilalet  entre  deux  rubans  continus 
de  dattiers  et  de  ksour.  Après  s'être  développé  sur  une  distance  de 
près  de  300  k.  en  direction  générale  N.-S.,  il  se  perd  dans  l'oued  Daouara, 
en  plein  Sahara. 

Le  bassin  du  Ziz  est  soumis  à  notre  influence  elfective  dans  sa  partie 
moyenne  depuis  1916,  et  le  Tafilalet  depuis  1917.  —  Nous  donnons  ci- 
dessous  un  aperçu  de  ces  deux  régions  d'un  attrait  tout  particulier. 

I.  —  De  Bou  Denib  à  Ksar  Es  Souk. 

87  k.  O.  —  Piste  carrossable. 

La  piste  se  développe  en  terrain  ferme  et  plat. 

17  k.  Tazzoaguert,  camp  et  poste  militaire  sur  l'oued  Guir  et 
à  l'entrée  d'un  défilé  composé  de  3  blockhaus  et  d'un  camp.  Le 
terrain  est  ensuite  sableux  jusqu'à  27  k. 

4r5  k.  5.  Hassi  Bou  Bernons,  puits  aménagés  sur  l'oued  du 
môme  nom. 

72  k.  5.  Rahmet  Allah,  ksar.  —  70  k.  5.  On  suit  la  rive  g.  de 
l'oued  Ziz,  en  empruntant  la  route  du  Tafilalet  à  Fès.  qui  tra- 
verse de  nombreux  oueçls  formant  parfois  de  profonds  fossés. 

87  k.  Ksar  Es  Souk,  ch.-l.  de  commandement  militaire 
créé  en  1916,  comprenant  :  une  redoute  sur  la  rive  dr.  de  l'oued 
Ziz,  un  Bureau  des  Renseignements,  un  poste  de  T. S. F.,  de 
télégraphe  et  de  téléphone  qui  le  relient  à  Bou  Denib.  Palme- 
raie el  village  de  300  fusils  dans  une  région  riche,  peuplée 
d'Ait  Izdeg  parlant  un  dialecte  berbère  (tamazirt)  et  de  chérifs; 
ceux-ci  indépendants  des  premiers. 


284  —  [38] 


LE  ZIZ, 


Ksar  Es  Souk  est  composé  de  cinq  quartiers  :  Mouskellal  Ksiba, 
AU  Moha  Ou  Ali,  El  Harratine,  Agaouz,  Azrou,  formant  un  cercle 
au  milieu  duquel  se  trouvent  le  marché  et  le  mellah. 

Le  territoire  de  commandement  de  Ksar  Es  Souk  a  sous  sa 
dépendance  les  districts  du  Kheneg,  de  Ksar  Es  Souk^  de  Metrara 
et  de  Reteb,  qui  s'étendent  du  N.  au  S.  le  long  des  deux  rives 
de  l'oued  Ziz,  sur  une  distance  de  75  k.  environ,  formant  un 
chapelet  de  villages  surpeuplés.  Chaque  village,  d'une  impor- 
tance variant  de  10  à  600  famille^,  constitue  une  sorte  de 
république  jalouse  de  son  indépendance,  dotée  d'une  constitu- 
tion mi-élective,  mi-héréditaire,  ayant  ses  kebirs  ou  chefs  en 
nombre  variable,  dont  le  mandat  est  généralement  d'une  année. 

Les  cultures  utilisent  intégralement  la  palmeraie  large,  selon 
les  cantons,  de  50  m.  à  plusieurs  kilomètres;  elles  sont  inten- 
sives dans  ce  sens  que  les  terres  qui  reposent  sont  l'exception. 
Des  jardins  magnifiques,  peuplés  en  outre  de  gros  oliviers,  de 
verts  tamarins  et  de  figuiers,  s'étendent  entourés  de  murs  sous 
les  hauts  dattiers. 

L'industrie  dominante  consiste  dans  la  fabrication  de  l'huile^ 
la  confection  de  nattes  en  alfa  sobrement  décorées  de  laine, 
et  la  poterie.  Tous  les  objets  manufacturés  viennent  d'Algérie 
par  Colomb  Béchar. 

La  palmeraie  est  d'un  charme  puissant  et  sans  égal  ;  dans 
la  tranchée  creusée  par  le  fleuve,  elle  s'étale,  disparaît,  réap- 
paraît comme  un  long  serpent  vert. 

Environs.  —  En  amont  et  en  aval  de  Ksar  Es  Souk,  on  pourra  faire 
des  promenades  charmantes  en  suivant  au  départ  la  rive  dr.  pour  revenir 
par  la  rive  g.  ou  vice  versa. 

1°  RÉGION  NORD.  —  Sur  les  5  premiers  k.,  on  peut  compter  11  ksour  sur 
la  rive  dr.  et  12  sur  la  rive  g.  se  terminant  par  Tighiouinine  (38  familles) 
et  Tazouka  (40  familles);  tous  dépendent  du  district  de  Ksar  Es  Souk. 

Après  6  k.  presque  inhabités,  la  série  de  villages  reprend  sur  5  nou- 
veaux k.  jusqu'à  Inebgui  et  Ksirat  El  Mehenni  dépendant  du  district  du 
Kheneg.  Au  k.  10,  on  entre  dans  le  Foum  Riour,  très  encaissé  sur  '2  k. 

Au  k.  'iO,  se  font  face  les  ksour  des  Ait  Youssef  Ou  Daoud  (33  feux) 
et  AU  Athmane  (28  feux),  Seryliine  est  au  k.  22,  Ifri  (50  feux)  au  k.  2"), 

2"  RÉGION  3UD.  —  Piste  en  terrain  plat  sur  la  rive  g.  du  Ziz  où  se 
pressent,  sur  les  11  premiers  k.,  20  ksour  dont  le  plus  grand  (8  k.) 
Sidi  Dou  Abd  Allah,  abrite  180  familles.  En  face,  on  n'en  compte  que  0 
Tous  ces  ksour  appartiennent  au  district  dos  Metrara. 

Au  k.  15  se  trouve  Meski,  où  le  colonel  Doury  mit  en  déroute,  avei^ 
quelques  bataillons,  en  juillet  1916,  une  harka  ennemie  puissante  de 
20,000  hommes.  On  y  voit  encore  les  vestiges  des  tranchées  dans  lesquelles 
se  défendit  l'ennemi.  —  Sur  ce  point,  la  surprise  est  très  grande.  Par 
endroits,  à  10  mètres  seulement  de  la  palmeraie,  on  ne  soupçonne  pas 
son  existence,  enterrée  qu'elle  est  dans  une  faille  profonde  de  50  m. 
Une  grotte  fraîche,  une  source  claire  en  font  un  site  unique. 

Après  5  k.  d'interruption,  la  palmeraie  et  les  ksour  reprennent, 
moins  nombreux  mais  plus  peuplés,  tels  (22  k.)  Zaouïa  Amel  Kis{\f)0  feux); 
(24  k.)  Djramma  (120  feux);  (27  k.)  Ouled  Chakcor  (250  feux)  en  face  do 
Ouled  AUsa  (180  feux);  (34  k.)  Ksar  Djedid  (300  feux),  étc,  s'étendant 
du  k.  20  au  k.  45  et  appartenant  au  district  du  Reteb. 


MESKL  —  RICH.  [38]  —  285 


40  k.  Ouled  Amira.  De  ce  point  on  peut  se  rendre  à  (54  k.)  Tighmart 
(p.  288)  en  descendant  le  plateau  d'Ouled  Amira  et  longeant  ensuite  le 
pied  des  pentes  du  Reteb. 

DE  KSAR  ES  SOUK  A  RICH  (74  k.  N.  ;  piste  muletière).  —  De  Ksar  Es 
Souk  à  (22  k.)  Serghine,  V.  ci-dessus,  1°.  La  piste  suit  le  Kheneg,  passe 
à  Insezouarem,  Tamrakeclit,  entre  dans  le  défilé  très  encaissé  du  Foum 
Zabel  et  traverse  plusieurs  fois  l'oued  Ziz.  —  49  k.  Tinerhit.  —  74  k.. 
Rich,  V.  ci-après,  II. 

II.  —  De  Bou  Denib  à  Rich. 

il9k.  N.-O,  —  Piste  carrossable. 

75  k.  (le  Bou  Denib  à  Gourrama  (p.  280).  —  90  k.  6.  Puits 
(Doigt  de  Dieu).  —  97  k.  Col  d'Ain  Timiloust,  source  peu  abon- 
dante. —  101  k.  Ksar  ruiné  et  source.  Peu  après,  on  traverse 
deux  séguias  abondantes.  —  103  k.  7.  Tasmamart,  petit  ksar 
habité  par  des  Kebala  et  des  Ait  Abbou.  —  108  k.  Coude  de 
l'oued  Ziz  à  Bou  Idirhane,  après  lequel  s'étend  une  chaîne  de 
nouveaux  ksour.  —  109  k.  Ait  Innqu,  Ait  Khardi,  Ait  Ouissa- 
dane,  Ait  Haïkkou.  —  111  k.  Ait  Khodjmane.  —  112  k.  Ait 
Issounour.  Au  delà  de  ce  dernier  se  détache,  au  N.,  la  piste  de 
Fès  par  Nzala.  Sur  la  rive  dr.  se  trouvent  les  ksour  des  Ait 
El  Fkih,  Hayane,  Tamaloust,  Ait  Aouda,  Kharzouga  et  Ait 
Ikkert. 

119  k.  Rich,  poste  militaire  créé  en  1916  à  300  m.  0.  du  ksar 
de  Rich  (20  feux)  habité  par  des  Ait  Moumou,  fraction  des  Ait 
Izdeg.  Le  village  est  alimenté  en  eau  par  l'oued  Ziz  et  par  une 
séguia  dont  l'eau  provient  de  l'oued  Sidi  Hamza. 

DE  RICH  A  MEKNÈS  (200  k.  env.).  —  Route  en  construction  par  :  (60  k.) 
Trik  El  Bab,  pont  do  100  m.  sur  la  Moulouya  ;  96  k.  Enjil,  qui  a  pu  être 
longtemps  considéré  comme  l'arsenal  des  Berbères  du  Moyen  Atlas,  car 
ce  centre  abritait  de  nombreux  artisans  sachant  réparer  les  fusils, 
fabriquer  de  la  poudre  et  réamorcer  des  cartouches.  —  Pour  Meknès  : 
p.  180. 

De  Rich  a  Ksar  Es  Souk,  V.  ci-dessus;  —  a  Timhadit,  p.  197. 

III.  —  De  Bou  Denib  au  Tafilalet. 

75  à  100  k.  soit  pâT  Aoufous  (p.  280),  d'où  l'on  descend  le  long  de  l'oued 
Ziz  en  passant  à  El  Maadid,  célèbre  par  les  chauds  engagements  qui 
s'y  livrèrent  en  1916  entre  nos  troupes  et  des  harkas  indigènes;  soit 
par  la  Hammada  et  Talghemt  (p.  280). 

Succession  de  200  ksour  et  de  nombreux  jardins  et  de  champs 
enclos  de  murs  de  pisé  réunis  par  des  chemins  tortueux,  le 
Tafilalet  (on  dit  aussi  Tafilelt)  proprement  dit,  de  15  k.  de 
large  et  de  20  k.  de  long,  est  le  bassin  d'épandage,  le  delta 
terminal  de  l'oued  Ziz,  dont  l'altitude  sur  ce  point  est  de  750  m. 
Ses  terres  d'alluvions,  admirables  de  fertilité,  ne  produisent 
que  sur  les  points  où  l'irrigation  est  possible.  L'eau  est  tirée 
de  puits  d'oîi  chameaux  et  ânes  extraient  sans  arrêt  le  liquide 


286  —  [38] 


LE  ZIZ. 


fécondant.  Les  gottara  ou  canalisations  souterraines  sont  rares 
et  pauvres  en  eau. 

La  région  politique  et  géographique  de  l'oued  Ziz  comprend, 
outre  les  sept  districts  lilaliens  :  Oued  Ijli,  Sfalat,  Ghorfa^  Si/a, 
Beni  Mohammed,  Tamidjiout  et  Oued  Malah,  le  groupement  des 
Sebbah  Saa  El  Djorf,  Ouled  Zohra,  Tizimi  et  Fezna^  ce  qui  repré- 
sente une  bande  d'oasis  de  50  k.  de  long. 

La  source  principale  de  richesse  est  le  palmier,  de  très  belle 
venue,  que  l'on  compte  par  millions  et  qui  donne  des  dattes 
de  qualités  diverses,  appartenant  à  une  vingtaine  de  variétés 
différentes;  celles  dont  la  saveur  est  la  plus  fine,  dites  «<  Bou 
Sèkri  »,  sont  petites  et  vertes.  D'autres  essences,  tels  l'akba  à 
galle  tannante  et  des  arbres  fruitiers  de  toutes  sortes  croissent 
sous  les  palmiers.  Enfin,  dans  les  terres  irriguables,  on  cultive 
les  céréales  et  les  légumes. 

L'industrie  du  pays  est  celle  du  tannage  des  peaux  de  chèvre, 
que  l'on  prépare  à  l'aide  de  Técorce  d'un  arbre  appelé  «  akba  » 
ressemblant  au  mimosa.  Le  cuir  filali  jouit  d'une  renommée 
générale  dans  tout  le  nord  de  l'Afrique  et  fait  l'objet  d'un 
important  commerce. 

La  population,  de  150  à  200,000  habitants,  est  réputée  pour 
être  très  indépendante  et  très  fermée;  elle  vit  dans  la  multitude 
des  ksour  très  rapprochés  les  uns  des  autres;  son  chef  poli- 
tique et  religieux  est  Moulay  El  Mahdi,  khalifa  du  sultan, 
auprès  de  qui  nous  avons  placé  en  1917  un  officier  résident 
secondé  d'un  interprète  et  d'un  docteur.  L'inlluence  française 
a  commencé  à  se  faire  sentir  par  l'aménagement  de  sources  et 
du  célèbre  puits  de  Sidjilmassa,  dont  l'eau  est  puisée  par  des 
âniers  qui  vont  la  vendre  au  loin  dans  les  villages,  par  des 
soins  médicaux  aux  indigènes  et  par  l'étude  d'une  maladie  du 
palmier,  le  «  bayoud  »,  attribuée  à  un  ver  rongeur. 

Histoire.  —  La  capitale  du  Tafilalet  fut  autrefois  Sidjilmassa,  centre 
de  résistance  des  Berbères  kharedjites  (viii^  et  ix*^  s.)  qui  se  dressaient 
contre  l'orthodoxie  musulmane  des  conquérants  arabes.  Elle  appartint 
successivement  aux  Fatimites,  aux  Maghraoua,  aux  Almoravides,  aux 
Almohades  et  enfin  aux  Mérinides.  Au  xiii^  s.,  les  Mérinides  de  Fès  et 
les  Abd  El  Ouadites  de  Tlemcen  se  la  disputèrent  vivement.  En  1315 
elle  devint  indépendante  avec  Abou  Ali,  lils  du  souverain  mérinide  de 
Fès,  puis  rentra  dans  le  giron  de  l'empire  en  1363. 

Du  VIII®  au  xir^  s.,  Sidjilmassa  fut  une  ville  importante  et  prospère. 
El  Bekri  (xi®  s.),  Edrisi  (xii®  s.)  en  ont  fait  de  séduisantes  descriptions. 
Au  XVI®  s.,  Léon  l'Africain  n'en  vit  plus  que  les  ruines. 

Le  Tafilalet  est  le  berceau  de  la  dynastie  alaouite  actuellement 
régnante.  Moulay  Cliérif,  le  premier  émii*  de  cette  dynastie,  y  fut  pro- 
clamé sultan  en  1630;  il  descendait  de  Moulay  El  Hassane  amené 
d'Orient  vers  664  de  l'Hégire  (xiii®  s.)  dans  le  but  de  rendre  plus  fer- 
tiles, par  sa  «  baraka  »  bienfaisante,  les  oasis  de  la  région  en  complet 
état  de  dépérissement  à  cette  époque. 

C'est  au  Tafilalet  que  les  divers  sultans  alaouites  envoyaient  les 
membres  de  leur  famille  dont  la  présence  dans  les  capitales  du  N.  leur 
portait  ombrage  ;  ils  les  dotaient  alors  de  biens  fonds  et  de  revenus, 
d'où  la  raison  pour  laquelle  la  région  compte  tant  de  chérifs. 


English  Miles 


288  —  [38] 


LE  ZIZ. 


La  kasba  de  Sidjilmassa,  qui  avait  été  restaurée  par  Moulay  Ismaïl, 
fut  détruite  de  fond  en  comble  par  les  Aït  Atta,  en  1818;  ainsi  disparut 
définitivement  une  ville  qui  joua  pourtant  un  grand  rôle  au  moyen  âge. 
Le  nom  de  iSidjilmassa  n'est  connu  que  des  lettrés;  les  autochtones 
désignent  son  emplacement  sous  le  nom  de  Medinet  El  Amra. 

Les  villages  du  Tafilaiet  ne  sont  que  de  chaotiques  amas  de 
masures  de  pisé.  Seul  celui  de  Tighmart,  ksar  maghzen 
construit  vers  1890  pour  les  fils  de  Moulay  El  Hassane  sur  les 
plans  d'architectes  de  Fès  et  avec  une  main  d'œuvre  juive,  est 
bien  ordonné  et  a  du  caractère.  Entouré  d'un  mur  crénelé  qui 
dépasse  10  m.  de  hauteur,  il  est  flanqué  de  neuf  bordjs  impo- 
sants. Au  centre,  cinq  maisons  aujourd'hui  délabrées  et  qui 
furent  de  petits  palais  se  groupent  au  pied  d'une  mosquée 
avec  minaret  bien  décoré  et  de  beau  style.  C'est  à  Tighmart 
que  s'est  installée,  en  1917,  la  première  mission  française 
chargée  d'organiser  le  Tafilaiet.  Un  camp  a  été  aménagé  près 
du  ksar  de  Dar  El  Beïda,  à  4  k.  de  Tighmart. 

Le  ksar  Bou  Aam,  le  village  le  plus  important,  est  le  grand 
centre  des  transactions  qui  s'opèrent  par  caravanes  entre  le 
Soudan,  le  Touat,  le  Gourara,  le  Tidikelt  et  le  Sud  marocain. 
C'est  de  là  que  se  fait  l'exportation  sur  Mogador,  Tanger  et 
l'Algérie,  de  l'ambre,  des  dattes  et  du  cuir  fllali;  le  Soudan  y 
envoie  ses  gommes  et  ses  plumes  d'autruche. 

IV.  —  Bassin  de  l'Oued  Dra. 

A  partir  de  200  k.  env.  à  l'O.  du  Tafilaiet  s'étend  le  bassin 
de  Toued  Dra  dont  le  cours  se  divise  en  trois  portions  :  cours 
supérieur,  depuis  les  sources  des  oueds  Iderni  et  Dades  jusqu'à 
leur  confluent  ;  cours  moyen  depuis  ce  confluent  jusqu'à  Mhamid 
El  Ghozlane;  cours  inférieur  de  ce  point  à  l'Océan. 

Dans  le  cours  supérieur,  les  deux  torrents  roulent  au  pied 
de  l'Atlas  leurs  eaux  froides  et  impétueuses;  leurs  rives  sont 
presque  constamment  bordées  de  villages,  de  cultures  et 
d'arbres  propres  aux  régions  tempérées  :  oliviers,  figuiers, 
noyers. 

Dans  son  cours  moyen,  Toued  Dra  coule  perpendiculairement 
à  l'Atlas,  s'enfonçant  vers  le  S.  :  c'est  un  fleuve  au  cours 
majestueux,  coulant  sans  interruption  entre  les  palmiers  dat- 
tiers et  les  villages,  irriguant  une  vaste  oasis  de  150  k.  de  long. 

Dans  le  cours  inférieur,  l'oued  à  sec  s'élargit  démesurément 
et  se  dirige  vers  l'O.  jusqu'à  l'Océan,  en  plein  désert  triste  et 
désolé. 

C'est  du  bassin  du  Dra  que  provient  la  dynastie  des  Chérifs 
saadiens,  qui  a  détenu  le  pouvoir  au  Maroc  pendant  les  xvi° 
et  xvii^  s. 

Le  Dra,  comme  le  Tafilaiet,  est  réputé  pour  son  cuir  (maro- 
quin) préparé  avec  la  galle  d'une  variété  de  tamarin  appelée 
«  takaout  ». 


QllATT{TÈMB  SBCTJOJ^ 

TANGER  ET  LA  ZONE  ESPAGNOLE 


Cette  partie  du  Maroc  a  pour  limites  :  au  N.  la  Méditerranée 
sur  300  k.,  à  VO.  la  côte  atlantique  sur  150  k.,  au  S.  les  der- 
niers contreforts  des  Djebala  et  du  Rif,  à  l'E.  la  rive  g.  de  la 
Moulouya  sur  75  k.  En  dehors  de  Tanger  et  de  son  arrière- 
pays,  qui  jouissent  d'un  statut  spécial,  elle  est  soumise  à  la 
protection  espagnole  qui  y  compte  47,000  métropolitains,  y 
compris  ceux  qui  peuplent  Tanger.  Il  s'en  faut  toutefois  qu'elle 
soit  complètement  pacifiée.  L'influence  de  l'Espagne  ne  s'exerce 
guère  que  sur  les  côtes,  et  plus  ou  moins  en  profondeur 
selon  la  résistance  des  autochtones,  dont  certains  ont  un  esprit 
d'indépendance  très  accentué.  Les  Rifains,  en  particulier,  qui 
comptent  plus  de  500,000  individus  et  qui  occupent  un  territoire 
de  20  à  25,000  k.  carrés  extraordinairement  montagneux  et 
raviné,  encore  peu  exploité  et  peu  connu,  ont  été  jusqu'ici 
rebelles  et  indomptables.  11  faut  donc  se  borner,  à  l'heure 
actuelle,  à  visiter  les  côtes  sans  entrer  très  avant  dans  l'int^é- 
rieur  du  pays.  On  peut  cependant,  par  la  voie  de  terre,  aller 
de  Tanger  à  El  Ksar  et  Larache  (zone  espagnole),  à  Arbaoua, 
Rabat  et  Fès  (zone  française)  et  de  Melilla  à  Oudjda  par  Selouane 
et  Berkane. 


39.  -  TANGER 

Pour  les  relations  avec  la  France,  directes  ou  par  l'Espagne,  V.  Voias 
d'accès  (p.  56),  et  le  Guide  Bleu  :  Espagne  et  Portugal. 

Embarqup:ment  et  débarquement.  —  L'embarquement  et  le  débarque 
ment  se  font  au  warf  (droit  de  péage  20  c.)  par  l'intermédiaire  de  canots 
automobiles  qui  assurent  le  service  entre  le  warf  et  les  paquebots  qui 
ancrent  au  large  (prix  modérés  par  beau  temps,  doublés  par  mauvais 
temps). 

Emploi  du  temps.  —  Le  touriste  qui  ne  fera  qu'une  escale  à  Tanger 
pourra  voir  l'essentiel  en  2  h.;  il  montera,  par  la  rue  de  la  Marine 
(p.  293),  le  Petit-Socco  (p.  293)  et  la  rue  Ez  Ziaguine  (p.  293),  au  Grand- 
Socco  (p.  292);  de  là,  il  se  rendra,  par  la  rue  du  Télégraphe-Anglais 
(p.  294)  à  la  Kasba  (p.  294)  d'où  il  redescendra,  par  la  rue  de  la  Kasba  et 


MAROC. 


19 


290  —  [39] 


TANGER. 


la  rue  de  la  Marine,  au  port  (p.  294).  —  Une  journée  suffit  pour  voir 
Tanger,  ville  arabe  et  quartiers  européens;  mais  il  sera  préférable  d'y 
consacrer  2  j.,  et  môme  davantage,  afin  de  faire  des  excursions  aux 
environs,  notamment  au  cap  Spartel  et  à  Cherf  El  Akab. 

TANGER  (en  arabe  :  Tandja\  ethu.  :  Tandjaoui)  est  une  ville 
située  à  l'extrême  N.  du  Maroc,  au  bord  0.  de  la  dernière 
grande  baie  de  la  Méditerranée,  longue  de  6  k.  et  profonde  de 
2,  sur  le  détroit  de  Gibraltar  et  à  10  k.  de  la  côte  atlantique. 

Sa  population,  très  cosmopolite,  compte  50,000  hab.,  dont 
30,000  musulmans,  12,000  juifs,  6,000  espagnols,  1,800  français 
et  200  autres  européens.  Elle  est  le  séjour  du  corps  diploma- 
tique depuis  la  fin  du  xvni*  s. 

Construite  en  amphithéâtre,  Tanger,  vue  de  la  mer,  a  un 
aspect  des  plus  pittoresques  avec  ses  maisons  blanches  à  ter- 
rasses, ses  minarets  polychromes,  sa  ceinture  de  vieilles 
murailles,  sa  kasba  qui  se  dresse  au  point  le  plus  élevé  de  la 
ville  arabe,  son  cadre  très  étendu  de  maisons  et  de  villas  euro- 
péennes cachées  dans  la  verdure  environnante. 

Port  d'accès  le  plus  rapproché  de  l'Europe,  point  de  départ 
prochain  de  la  grande  ligne  de  chemin  de  fer  Tanger-Fès, 
future  station  estivale  des  Marocains  et  hivernale  des  Euro- 
péens grâce  à  la  douceur  de  son  climat  tempéré,  Tanger  est 
appelée  à  un  brillant  avenir. 


Compagnies  de  navigation  :  —  C'^ 

de  Navigation  Paquet,  Petit- Socco  ; 
C'^  Générale  Transatlantique,  Petit- 
Socco;  Mazella  et  O^]  Vapores 
Correos  de  Africa\  C'-'  trasailantica; 
Bland  Line;  Boyal  Mail. 

Hôtels  (sauf  avis  contraire,  le  vin 
n'est  pas  compris  dans  les  tarifs 
ci-dessous)  :  —  Villa  de  France 
(Davin;  Pl.  a  A4),  on  haut  du 
Grand-Socco,  près  des  principales 
légations  (70  ch.  de  4  à  5  par  pers.  ; 
rop.  1.25,  4,  4.50  ;  pens.  de  12.50  à  20; 
jardins,  téléph.);  Continental  (A.-C. 
Parral;  Pl.  l>  Cl),  près  du  port 
(40  ch.  de  6.25  à  10;  rep.  1.50,  5,  ô; 
pens.  de  15  à  20,  v.  c.  ;  terrasse 
avec  vue  sur  la  mer,  bains,  salle 
de  lecture,  élect.,  téléph.;  annexe 
à  Mizpah,  villa  mauresque  dans  la 
montagne  à  300  m.  d'alt.)  ;  Bristol 
(Saccone;  Pl.  c  B2),  sur  le  Petit- 
Socco  (25  ch.  de  5  à  6;  rep.  1.25, 
4,  5  ;  pens.  de  12  à  18;  électr.,  bains); 
Cecil  (Chappory;  Pl.  dC4)  sur  la 
plage  f80  ch.  depuis  5;  rep.  1.25, 
4,  5;  pens.  depuis  12.50;  électr., 
tennis,  skating,  omn.);  Cavilla 
(H.  Cavilla),  Grand-Socco,  Touring 
Club  de  France,  de  Belgique  et 
d'Angleterre  (26  ch.  de  3  à  5  ;  pet. 


déj.  1,  rep.  3.50;  pens.  de  8  à  In 
électr.,  téléph.,  bains). 

Restaurant  :  —  Comte  (chambres 

Cafés  :  —  au  Petit-Socco. 

Brasseries  (avec  cinéma  et  danses 
espagnoles);  —  Kursaal  Français; 
Kursaal  Espagnol;  Impérial;  tous  ;i 
proximité  du  Petit-Socco. 

Postes  :  —  chérifienne,  Grand 
Socco  ;  française,  r.  de  la  Légation- 
d  Kspagne  ;  anglaise,  rue  de  la  Ma- 
rine; espagnole,  Petit-Socco. 

Télégraphes  :  —  chérifiens,  Grand- 
Socco;  anglais,  r.  du  Télégraphe- 
Anglais. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Marm . 
Petit-Socco;  Algéro-Tunisienne,  v. 
du  Télégraphe-Anglais;  C*«  Ahi>' 
rienne,  r.  Ez  Ziaguine;  Comme 
ciale;  Crédit  Foiicier  d'Algérie  et 
2'unisie,  Petit-Socco;  Crédit  Maw 
cain  ;  Société  Générale  ;  British 
West  Africa. 

Voitures  de  place  :  —  station  au 
Grand-Socco;  course  simi)le  dans 
l'intérieur  de  la  ville  1  pcs.  50  es- 
pagnole ;  l'heure  4  pes.  esp.  ;  tarif 
double  en  dehors  du  périmètre  de 
la  ville. 

Montures  de  louage  :  —  station 
au  Graud-Socco;  —  chevaux  sellés  ; 


TANGER. 


[39]  —  291 


la  demi-journée  5  pes.  ;  la  journée 
10  pes.;  mulets  sellés  :  la  demi- 
journée  4  pes.,  la  journée,  8  pes.; 
ânes  bâtés  :  la  demi-journée  2  pes. 50, 
Ja  journée  5  pes.;  1  pes.  50  en  sus 
avec  selles  fermières;  conducteurs: 
la  demi-journée  2  pes.,  la  journée 
4  pes. 

Automobiles  publiques  :  —  tarif 
double  de  celui  des  voitures  attelées 
pour  les  courses  en  ville  et  dans  le 
périmètre  extérieur  ;  prix  à  débattre 
pour  les  excursions  plus  lointaines 
sur  la  base  de  1  fr.  à  1  fr.  50  le  k., 
la  distance  étant  calculée  sur  l'aller 
et  le  ret.  ;  s'adresser  aux  hôtels. 

Services  automobiles  :  —  de  Tan- 
ger à  Rabat  et  Casablanca.,  serv. 
régulier  tous  les  2  j.  en  bonne 
saison,  150  et  175  fr.  la  pl.  ;  serv. 
irrégulier  de  Tanger  à  Larache  et 
Arzila  (s'informer  aux  hôtels  et  au 
Grand-Soçco  ;  prix  variables). 

Garages  :  —  Tangier  Motor,  bou- 
levard Front-de-Mer;  Porge  et  C®, 
Petit-Socco  ;  Faure;  Gauzeleivitch; 
Gratelot. 


Spectacles  :  —  Théâtre  espagnol 
Cervantes,  près  du  chemin  de  la 
Plage  -yPalmarium  ;  Casino  français  ; 
Casino  espagnol;  Impérial. 

Journaux  :  —  La  Dépêche  maro- 
caine ;  Revue  française  de  Tanger. 

Magasins  :  —  Grands  magasins 
modernes,  r.  Ez  Ziaguine. 

Photographie  :  —  Benaioun,  r.  de 
la  Poste-Française  ;  Bruzon  ;  Blanco. 

Légations  et  Consulats  :  —  les 
légations  de  France,  ^'Angleterre  et 
d  Allemagne  sont  à  proximité  du 
Grand-Socco  ;  de  Belgique,  route  du 
Cap  Spartel;  à.' Espagne,  chemin  de 
la  Montagne  ;  des  Etats- Unis  d'Amé- 
rique. 

Sociétés  :  —  Foyer  français,  pour 
la  vulgarisation  et  le  rayonnement 
de  l'idée  française  (bibliothèque, 
conférences  et  cours)  ;  Mission  scien- 
tifique oJwilfaroc  (bibliothèque  scien- 
tifique), plateau  du  Marchan;  Club 
diplomatique  (polo,  golf)  àBoubane, 
près  du  nouveau  cimetière  ;  Clubs 
de  tennis,  anglais,  français,  espagnol, 
en  face  de  la  légation  d'Angleterre. 


Histoire.  —  D'origine  phénicienne,  Tingis  devient,  à  l'époque  romaine, 
une  colonie  impériale  très  florissante  dont  on  voit  encore  les  ruines; 
capitale  de  la  Maurétanie  Tingitane,  qui  correspond  au  Nord  du  Maroc 
actuel,  elle  est  alors  reliée  à  l'intérieur  par  deux  routes  aboutissant  : 
l'une  à  Sala  (Salé)  par  les  comptoirs  de  la  côte  atlantique,  l'autre  à 
Volubilis  et  Tocolosida  par  Oppidum  Novum  (El  Ksar  El  Kebir).  —  En 
428,  elle  est  occupée  sans  résistance  par  les  Vandales.  Après  eux  (541), 
les  Byzantins  s'y  installent  et  y  restaurent  la  civilisation.  En  621,  ce 
sont  les  Visigoths  d'Espagne  qui  en  deviennent  les  maîtres  jusqu'à 
l'arrivée  d'Okba  Ben  Nafia  (631).  Le  général  arabe  fait  tuer  toute  la 
partie  mâle  de  la  population  et  emmène  le  reste  en  captivité.  Les  Arabes 
reviennent  encore  avec  Moussa  Ben  Noceir  (706),  massacrent  les  chré- 
ticins  qu'ils  y  trouvent  et  y  laissent  une  garnison  de  19,000  hommes.  — 
Port  d'embarquement  des  troupes  musulmanes  qu'on  destine  à  la  con- 
quête de  l'Espagne,  elle  est  vivement  disputée  par  les  Oméïades 
d'Espagne  et  les  Idrissides  aux      et  xi«  s. 

Les  Almoravides  y  entrent  en  1083,  les  Almohades  en  1147.  En  1243, 
elle  se  déclare  pour  les  Hafsides,  puis  passe  aux  Mérinides  (1273)  pour 
plusieurs  siècles. 

Attaquée  en  vain  une  première  fois  par  les  Portugais  en  1434,  elle 
tombe  en  leur  pouvoir  en  1471  et  devient  la  capitale  de  leurs  posses- 
sions au  Maroc.  Au  moment  où  la  couronne  de  Portugal  échoit  à  Phi- 
lippe II,  roi  d'Espagne,  elle  change  encore  de  maîtres  (1581).  En  1662, 
elle  échoit  à  l'Angleterre,  à  qui  elle  revient  par  le  mariage  de  Charles  II 
avec  l'infante  Catherine  de  Bragance.  Mais  les  Anglais  ne  peuvent 
obtenir  des  indigènes  le  terrain  nécessaire  autour  de  la  ville  pour 
l'entretien  de  la  garnison  ;  sous  le  règne  de  Moulay  Ismaïl,  qui  les 
bloque,  ils  évacuent  la  place  (1684)  après  destruction  d'une  jetée  cons- 
truite par  eux,  et  dont  les  restes  existent  encore  au  N.  du  warf  actuel. 
Tanger  retombe  ainsi  au  pouvoir  des  sultans  du  Maroc.  Moulay  Isoiaïl 
y  rentre  le  premier  et  y  installe  une  garnison  de  1,500  nègres. 


292  —  [39] 


TANGER, 


Au  moment  où  Moulay  Abd  Er  Rahmane  encourage  Abd  El  Kader 
contre  les  Français,  elle  est  bombardée  par  le  prince  de  Joinville  (1845) 
et  ses  fortifications  sont  démantelées. 

C'est  à  Tanger  que  débarque,  le  31  mars  1905,  l'empereur  d'Alle- 
magne Guillaume  II,  dans  des  circonstances  qui  ont  un  caractère  d'hosti- 
lité directe  contre  la  politique  do  la  France  au  Maroc  et  qui  provoquent 
la  conférence  internationale  d'Algésiras  do  1906.  On  connaît  le  résultat  : 
organisation  de  la  police  dans  l'Empire  chérilîen,  surveillance  et  répres- 
sion de  la  contrebande  d'armes,  établissement  d'une  banque  d'Etat 
marocaine,  rentrée  des  impôts,  réglementation  des  douanes. 

Tanger  et  sa  banlieue  sont  enfin  dotées,  en  1913,  d'un  statut  interna- 
tional élaboré  à  la  suite  d'un  accord  entre  la  France,  l'Espagne  et 
l'Angleterre. 

Bibliographie  :  —  Recherches  archéologiques  au  Maroc  (sépultures 
antiques  du  Plateau  du  Marchan  à  Tanger  ;  thermes  d'Ain  El  Hammam, 
Caverne  des  Idoles)  par  Biarnay  et  Péretié,  Arch.  maroc,  tome  XVIII  ; 
—  Les  mariages  musulmans  et  la  Kasba  de  Tanger^  par  G.  Salmon,  Arch. 
maroc,  tome  I. 

Le  Grand-Socco  est  le  point  central  de  Tanger;  les  voies 
principales  de  la  cité  arabe  et  de  la  ville  européenne  y 
prennent  naissance;  il  est  doté  d'une  station  de  voitures.  — 
C'est  donc  de  là  que  partent  tous  les  itinéraires  qui  suivent. 

7.  —  Le  GrandSocco, 

Le  Grand-Socco,  situé  au  S.-O.  de  la  medina  et  en  dehors 
de  son  enceinte,  est  un  vaste  emplacement  de  forme  irrégu- 
lière où  se  tient,  le  jeudi  et  le  dimanche,  un  grand  marché; 
mais  en  réalité,  il  s'y  trouve  tous  les  jours  des  marchands, 
hommes  et  femmes,  celles-ci  accroupies  sous  d'immenses  cha- 
peaux de  paille  et  vendant  des  poulets,  des  fruits,  des  hardes,  etc. 
Vers  le  soir  arrivent  des  caravanes  de  chameaux  ou  de  mulets, 
qui  repartent  le  lendemain  après  avoir  déposé  leur  chargement. 
On  y  voit  des  citadins  qui  viennent  y  faire  leurs  emplettes  et 
des  berbères  à  cheval,  à  âne,  à  mulet  ou  à  pied,  des  nègres 
porteurs  d'eau,  des  charmeurs  de  serpents,  des  saltimbanques 
qu'entourent  des  groupes  nombreux  d'indigènes.  C'est  un 
spectacle  plein  d'originalité,  à  la  fois  curieux  et  amusant. 

Deux  portes  voisines  et  sans  intérêt  encadrent  le  Grand-Socco 
au  N.  :  la  porte  de  Fcs,  qui  conduit  au  Petit-Socco  et  au  port, 
et  une  autre  à  g.  qui  donne  accès  à  la  légation  d'Allemagne  et 
à  la  rue  du  Télégraphe-Anglais.  A  l'E.,  derrière  un  rideau  de 
boutiques,  se  trouve  le  marché  aux  vivres  (poissons  et  légumes), 
extrêmement  pittoresque  avec  ses  produits  africains  qui  y 
prennent  une  couleur  étonnante.  Au  S.  ce  sont  les  postes  et 
télégraphes  chérifiens  et  Vabattoir.  A  l'O.  se  trouve  un  marché 
au  charhoTiy  très  curieux  le  soir,  auprès  du  cimetière  protestant, 
au  pied  de  Véglise  anglicane  et  de  la  mosquée  Sidi  Bon  Abid  à 
minaret  polychrome,  élevé  en  1917,  au  moyen  d'une  souscription 
d'ouvriers  marocains  travaillant  eh  France.  Plus  à  l'O.  encore, 
sur  les  pentes,  légation  de  France  et  jardins  de  Vhôtel  de  la  Villa 
de  France. 


TANGER. 


[39]  —  293 


77.  —  Le  Pefit'Socco  et  le  port. 

Trajet  très  court  d'env.  400  m.  dans  une  artère  extrêmement  animée,  où 
grouille  une  population  atfairée  de  toutes  couleurs  et  de  tous  cos- 
tumes. 

On  franchit  la  porte  de  Fès  et  l'on  pénètre  dans  la  rue  Ez 
ZiAGUiNE,  bordée  de  magasins  et  de  boutiques  de  changeurs, 
photographes,  marchands  d'articles  orientaux.  On  y  trouve 
encore  la  Algérienne,  Véglise  catholique,  en  face  des  Magasins 
Modernes,  le  Dar  Niaba,  ou  municipalité. 

Plus  bas,  la  rue  s'élargit  et  forme  le  Petit-Soceo,  place 
exiguë  entourée  de  cafés,  des  bureaux  de  la  C'"  Générale  Trans- 
atlantique et  de  la  G*"  de  Navigation  Paquet,  de  l'hôtel  Bristol  et 
de  la  poste  espagnole  à  façade  de  style  mauresque.  C'est  là  que 
se  donnent  rendez-vous  les  hommes  d'affaires  et  que  viennent 
s'asseoir  les  flâneurs  à  l'heure  de  l'apéritif  et  du  café. 

En  bas  du  Petit-Socco,  à  dr.,  la  rue  de  la  Légation-d'' Espagne  dessert 
le  Kursaal  espagnol  (danses  espagnoles),  le  Crédit  Foncier  d'Algérie  et 
de  Tunisie,  la  poste  française,  puis  descend  derrière  la  grande  mosquée, 
par  une  rampe  à  dr.  de  laquelle  se  trouve  le  Foyer  Français,  institution 
créée  pour  la  vulgarisation  et  le  rayonnement  des  idées  françaises  à 
Tanger  par  des  cours  du  soir,  des  conférences,  des  bibliothèques,  une 
école  d'art,  de  musique,  de  gymnastique.  Le  Kursaal  français  est  à 
proximité. 

En  haut  du  Petit-Socco,  la  rue  des  Chrétiens,  qui  prolonge  la  rue  de 
la  Kasha,  conduit  à  la  Kasba  (p.  294)  par  une  voie  étroite  et  fréquemment 
voûtée. 

De  l'angle  inférieur  g.  du  Petit-Socco,  part  la  rue  de  la 
Marine,  bordée,  à  dr.,  de  la  poste  anglaise,  de  boutiques 
d'adouls  ou  notaires  musulmans,  de  la  grande  mosquée  et  à 
g.  du  bureau  de  Bienfaisance  musulman. 

La  grande  mosquée  (entrée  interdite)  a  été  agrandie  par 
Moulay  Slimane  en  1815.  Sa  porte  monumentale  est  ornée 
d'entrelacs  curvilignes  et  floraux  s'enlevant  sur  un  fond  de 
mosaïques  de  faïence.  Un  auvent  en  bois  sculpté  et  peint  por- 
tant une  inscription  couflque  dédicatoire,  et  supporté  par  des 
consoles  à  stalactites,  garnit  le  haut  de  la  porte.  Le  minaret,  à 
décor  de  faïence  verte  et  entrelacs  géométriques,  complète 
l'ensemble. 

Le  bureau  de  Bienfaisance  musulman  (entrée  permise)  est 
installé  dans  Vancienne  médersa  depuis  1910.  On  y  distribue  du 
pain  pour  les  pauvres.  L'entrée  est  sobrement  ornée.  Le  patio 
intérieur  est  entouré  de  cellules  où  logeaient  autrefois  les 
étudiants.  . 

Plus  bas,  à  dr.,  s'élève  le  Bordj  El  Marsa,  «  batterie  du 
Port  »,  dont  la  porte,  édifiée  vers  1882  par  Moulay  El  Hassane, 
a  sa  face  extérieure  couverte  d'ornements  floraux  et  épigra- 
phiques  peints. 

A  g.,  la  rue  de  la  Kasba  conduit  à  la  Kasba  (p.  294).  Une  autre  rue,  en 
palier,  mène  dans  le  quartier  du  Dar  El  Barond,  lequel  est  marqué, 


294  —  [39] 


TANGER, 


vers  l'entrée,  à  dr.,  par  le  Bordj  Es  Salam,  «  batterie  des  salves  »,  dont 
les  grands  canons  alignés  saluent  les  navires  au  large,  et  au  fond,  en 
bordure  de  la  mer,  par  le  Bordj  El  Baroud  (demander  un  permis  de 
visite  au  commandant  d'armes),  pourvu  d'énormes  canons  Armstrong; 
vue  très  belle  sur  la  baie  de  Tanger  à  l'E.,  sur  les  falaises  de  la  côte 

à  ro. 

La  rue  de  la  Marine  aboutit,  après  de  nouvelles  voûtes  et 
Bab  El  Bahar,  «  porte  de  la  mer  »,  à  la  Douane^  que  domine 
Vhôtei  Continental,  puis  au  port,  constitué  par  un  môle  de 
250  m.  de  long  qui  s'enracine  à  la  pointe  N.-O.  de  la  baie  de 
Tanger  et  la  protège  contre  les  vents  d'O.  et  N.-O.  Ce  môle 
abrite  :  1°  une  darse  bordée  d'une  cale  de  halage  et  de  terre- 
pleins  supportant  les  magasins  de  la  Douane;  2°  un  warf  en 
bois  de  200  m.  de  long  où  se  fait  l'embarquement  et  le  débar- 
quement des  voyageurs  et  des  marchandises. 

Le  port  en  projet  doit  comporter  une  jetée  N.  de  1,500  m.  et  unes  jetée 
E.  de  6-20  m.  en  direction  perpendiculaire  à  la  précédente  ménageant 
une  passe  de  150  m.;  ces  jetées  délimiteront  un  bassin  de  54  hect.  de 
superficie,  à  conquérir  sur  la  mer,  et  recevront  les  magasins  de  la 
Douane  et  des  compagnies  de  Navigation,  ainsi  que  la  future  gare  du 
Tanger-Fès. 

Le  port  de  Tanger  fut  de  tous  temps  le  plus  actif  du  Maroc.  Depuis 
l'organisation  du  Protectorat,  il  a  périclité.  Son  commerce  total,  qui 
atteignit  27  millions  en  1913,  est  tombé  à  17  millions  en  1915.  Sa  situa- 
tion exceptionnelle  et  la  prochaine  construction  du  chemin  de  fer  le 
rendront  certainement  à  ses  destinées. 


777.  —  \asba  ef  ville  haute. 

Trajet  de  600  m.  env.  qu'on  peut  eifectuer  soit  par  les  rues  Ez  Ziaguine, 
des  Chrétiens  et  de  la  Kasba  (V.  ci-dessus),  soit  par  la  rue  du  Télé- 
graphe-Anglais, décrite  ci-après. 

On  sort  du  Grand-Socco  par  la  porte  N.,  pour  entrer  dans  la 
RUE  DU  Télégraphe-Anglais,  qui  longe  la  medina  à  l'O.  On 
descend  ainsi  jusqu'aux  télégraphes  anglais,  situés  en  face  du 
collège  israélite  et  Ton  remonte,  par  une  rampe  à  escaliers, 
parallèlement  aux  grands  murs  crénelés  de  l'enceinte  jusqu'à 
la  porte  de  la  Kasba,  flanquée  de  deux  batteries,  qui  fait  l'ace 
au  plateau  du  Marchan  (p.  295). 

Sur  la  petite  place  située  à  l'intérieur  de  la  porte,  on 
découvre  à  g.,  la  caserne  du,  2°  Tabor  de  police  (officiers  espa- 
gnols) installée  dans  l'ancienne  batterie  Naam  (2  grands 
canons)  d'où  l'on  a  une  belle  *vue  sur  la  mer.  A  côté,  zaouïa  de 
Moulay  Bon  Chta. 

En  suivant  les  remparts  N.  on  fait  le  tour  du  Dar  El  Makhzen 
(porte  ornéé)  et  l'on  atteint  une  place  où  se  groupent  les 
prisons,  le  Bit  El  Mal,  Tancien  palais  du  sultan,  le  palais  du 
pacha  ou  gouverneur  de  la  ville,  la  mosquée  de  la  Kasba,  avec 
un  élégant  minaret  octogonal  et  polychrome,  et  le  Mechouar. 

Les  prisons  sont   au  nombre   de  deux  :  l'une  pour  les 


TANGER. 


[39]  —  295 


femmes,  l'autre  pour  les  citadins  et  les  bédouins  (on  peut 
visiter  cette  dernière). 

Le  *Bit  El  Mal,  ancienne  trésorerie,  actuellement  en  voie  de 
restauration  (on  peut  visiter),  est  l'un  des  monuments  les  plus 
remarquables  de  Tanger.  Sa  façade,  de  3  arcs,  éclaire  une  salle 
de  trois  travées  de  2  m.  chacune  supportées  par  des  colonnes 
et  des  arcs  d'une  grande  simplicité  et  d'une  très  belle  harmonie 
de  lignes.  Sur  le  pourtour,  on  voit  encore  les  immenses  caisses 
ferrées  et  aux  parois  de  madriers  de  cèdre,  dans  lesquelles  les 
sultans  emmagasinaient  le  numéraire.  Au  fond,  après  un  ves- 
tibule, s'ouvre'  un  patio  avec  locaux;  celui  de  dr.,  précédé 
d'une  galerie,  est  fermé  par  une  haute  porte  à  deux  vantaux 
bardés  de  fer;  la  salle  est  couverte  d'une  coupole  dodécagonale 
sculptée  et  peinte  .bordée  à  la  base  d'une  frise  à  stalactites. 
La  salle  de  g.  a  un  plafond  également  orné,  mais  prismatique. 
De  petits  appartements  délabrés  sont  disposés  dans  le  reste  du 
bâtiment. 

Au  fond  du  Mechouar,  au  S.-O.  de  la  place,  se  trouve  le 
bureau  du  Pacha  ou  goùverneur  de  la  ville.  Il  donne  accès  au 
Dar  El  Makhzen  ou  ancien  palais  du  sultan  (on  peut  visiter 
sur  autorisation  spéciale  de  la  légation  de  France).  Les  appar- 
tements principaux  se  groupent  autour  d'un  patio  entouré 
d'une  galerie  que  supportent  des  colonnes  de  marbre,  galbées 
et  à  chapiteaux  composites,  d'où  partent  des  arcs  décorés  de 
mosaïques  de  faïence.  Les  salles  sont  ornées  de  plâtres  sculptés 
et  de  plafonds  en  bois  peint,  ouvrages  remontant  à  l'époque  de 
Moulay  El  Hassane  (fin  du  xix^  s.).  Des  terrasses,  *vue  très  inté- 
ressante sur  la  ville  et  sur  la  baie  de  Tanger.  Trois  jardins 
délaissés  sont  aménagés  derrière  l'habitation  principale. 

Au  S.  de  la  place,  Dar  Ech  Chraa,  «  palais  de  justice  »,  dont 
la  façade,  ornée  de  colonnes  de  marbre,  s'ouvre  sur  la  place 
par  trois  nefs  égales  ;  elle  est  profonde  de  deux  travées;  c'est 
là  que  le  juge  musulman  tient  ses  audiences. 

La  Kasba  est  fermée  à  l'angle  S.-E.  par  Bab  El  Assa,  «  porte 
des  vigies  »,  où  l'on  donnait  autrefois  la  bastonnade  aux  mal- 
faiteurs. Un  café  maure  est  installé  sous  les  voûtes.  Du  seuil, 
très  belle  *vue  sur  Tanger  et  sa  baie. 

De  ce  point,  on  peut  regagner  le  Grand-Socco,  soit  par  le  quartier 
d'El  Gourna  (four  intéressant  dans  une  ancienne  construction  en  forme 
de  tourelle)  et  la  porte  de  la  Kasba  (  V.  ci-dessus)  ;  soit  par  la  rue  de 
la  Kasba  et  le  Petit-Socco  (p.  293).  Pour  se  rendre  au  port,  on  descend 
par  la  rue  de  la  Kasba  qui  rejoint  la  rue  de  la  Marine  à  hauteur  du 
Bordj  El  Marsa  (p.  293). 

IV.  —  Vlafeau  du  Marchan. 

/        '  Promenade  de  1,200  m. 

Le  Marchan  est  un  plateau  qui  domine  Tanger  à  l'O.,  et 
dont  les  pentes  N.  et  S.  se  couvrent  de  villas  nombreuses.  On 
l'atteint  par  la  rue  du  Télégraphe^Anglais  (p.  294),  la  ^^etiie  rue 


296  —  [39] 


TANGER. 


du  Marchan  et  le  large  paseo  Cénarro,  qui  monte  en  pente  douce 
jusqu'au  plateau. 

On  y  voit  VInstiiut  Pasteur,  immense  établissement  entouré 
de  beaux  jardins.  Dans  une  villa,  en  face,  se  trouve  le  siège 
de  la  Mission  scientifique  du  Maroc,  doté  d'une  bibliothèque  de 
10,000  volumes,  dont  2,000  en  langue  arabe,  et  de  nombreux 
manuscrits,  et  d'un  musée  renfermant  surtout  des  documents 
de  l'époque  romaine.  Plus  au  N.,  se  trouvent  Vhôpital  français, 
la  maison  de  Meneblii,  ancien  ministre  de  la  Guerre  de  Moulay 
Abd  El  Aziz,  la  maison  du  chérif  d'Ouezzane,  et  ïhôpital  anglais; 
en  bordure  de  la  mer,  s'élèvent  les  curieux  rochers  dits  glissoirs. 

A  rO.  du  terrain  d'exercice  s'étend  le  cimetière  musulman  où  l'on 
voit  la  koubba  de  Sidi  Abd  Es  Salam  Es  Sadok.  Le  chemin  Mac  Lean 
descend  dans  le  vallon  de  l'oued  El  Ihoud  (7.  ci-dessous,  V). 

Y.  —  La  Montagne. 

3  k.  O.  —  Route  carrossable,  très  accidentée;  fortes  pentes. 

On  s'y  rend  par  la  route  de  la  Montagne,  qui  part  de 
l'angle  N.-O.  du  Grand-Socco.  Elle  longe  le  cimetière  de  Sidi 
Mohammed  El  Hadj y  horm,  c'est-à-dire  d'accès  interdit  aux  non- 
musulmans;  en  face  se  trouvent  la  koubba  de  Sidi  Amar  Er  Rifi 
et  le  consulat  d'Espagne;  puis  on  laisse  à  dr.  le  palais  de  Moulay 
Hafid,  immense  construction  en  ciment  armé  et  de  style  néo- 
marocain commencée  en  1915,  au  milieu  de  vastes  jardins. 

A  g.,  le  chemin  des  Amoureux  longe  d'une  part  le  parc  de  Sania  El 
Hadjti,  d'autre  part  le  coteau  d'Ez  Zefaref,  puis  rejoint  la  route  de 
Moudjahedine  (F.  ci-dessous,  VI). 

La  route  monte  ensuite  jusqu'au  café  turc,  laissant  à  dr.  les 
coteaux  habités  du  Marchan,  et  descend  dans  le  joli  ravin  de 
l'oued  El  Ihoud,  «  la  rivière  des  Juifs  »,  ainsi  nommé  parce  qu'un 
grand  nombre  de  Juifs  exilés  d'Espagne  y  vinrent  débarquer, 
puis  remonte  le  versant  E.  du  mont  Washington,  au  milieu  de 
belles  propriétés  parmi  lesquelles  se  remarque  la  villa  Harris. 
Passant  auprès  de  la  koubba  et  de  la  fontaine  de  Sidi  Mesmoudi, 
on  monte  à  g.  sur  le  plateau  du  Djebel  (325  m.)  parsemé  de 
broussailles  et  de  rochers  de  grès;  au  sommet,  palais  de  Moulay 
Abd  El  Aziz;  *\ue  étendue  sur  toute  la  région.  —  A  2  k.  au 
delà,  très  pittoresque  propriété  Perdicaris,  avec  d'admirables 
essences  d'arbres,  dévalant  en  pentes  très  raides  sur  la  mer. 

yj.  —  El  Moudjahedine. 

2  k.  o.  —  Agréable  promenade. 

La  route  s'amorce  à  l'O.  du  Grand-Socco  par  la  route  de 
BouBANA,  aussi  appelée  route  de  San  Francisco,  passe  entre  le 
cimetière  de  Sidi  Mohammed  El  Hadj  et  le  cimetière  protestant, 
longe  à  g.  Vhôpital  espagnol,  puis  passe  entre  les  parcs  de  Sania 
El  Hadjti  (à  dr.)  et  White  (à  g.) 


TANGER. 


[39J  —  297 


A  dr.,  chemin  des  Amoureux  (p.  296).  —  A  g.  le  boulevard  de  Ceinture 
monte  vers  la  Koudiat  El  Adjaïbi,  le  groupe  des  maisons  d'El  Kelania 
et  redescend  sur  la  rive  dr.  de  l'oued  Es  Souani  (V.  ci-dessous,  VII). 

Plus  loin,  la  route  laisse  à  dr.  le  souk  El  Beker,  «  marché 
des  bestiaux  »,  le  cimetière  espagnol,  passe  au  pied  du  ' Dchar 
Tarkhoch  (à  g.)  où  sera  installé  le  réservoir  destiné  à  alimenter 
Tang-er  en  eau  potable,  et  gagne  la  hauteur  des  tombeaux  des 
Moudjahedine,  ou  combattants  morts  pour  la  foi  musulmane 
(90  m.  d'alt.). 

y*77.  —  Es  Souani. 

2  k.  s.  —  Très  agréable  promenade. 

Le  Souani  est  une  agglomération  d'habitations  indigènes 
établies  à  50  m.  d'alt.,  sur  la  rive  dr.  de  l'oued  Es  Souani  qui  se 
jette  à  2  k.  5  en  aval  dans  la  baie  de  Tanger,  en  fractionnant 
la  plage  en  deux  parties.  On  peut  y  arriver  par  différents 
itinéraires  : 

1°  Par  le  chemin  d'Es  Souani^  qui  laisse  à  g.  la  légation  de 
France,  l'hôtel  Villa  de  France,  la  Résidence  du  Ministre  de 
France  (beaux  jardins),  traverse  les  quartiers  dits  El  MsellUy  Es 
Souani,  descend  vers  le  poste  de  T. S. F.,  sur  les  bords  (le  l'oued, 
et  remonte  au  village  arabe; 

2°  Par  la  route  de  Tanger  à  Rabat,  bordée  de  maisons  euro- 
péennes, et  qui  croise  l'oued  Es  Souani  en  aval  du  village. 

Aux  abords  de  l'oued,  le  boulevard  de  ceinture  recoupe  à  dr.  les 
itinéraires  précédents  et  rejoint  la  plage,  à  g. 

rm.  —  La  plage, 

2  k.  5  S.-E. 

Le  CHEMIN  DE  LA  Plage  part  de  l'angle  S.-E.  du  Grand-Socco, 
passe  devant  Vécole  anglaise,  le  collège  espagnol  (à  dr.),  le  cime- 
tière israélite  (à  g.),  en  aval  du  théâtre  espagnol,  et  atteint  le 
BOULEVARD  Front-de-Mer,  qui  longe  la  plage,  bordée  à  ce 
point  des  hautes  constructions  européennes  des  compagnies  de 
navigation  et  du  Cecil  Hôtel. 

A  1  k.  plus  à  l'E.,  dans  la  région  des  sables,  se  trouvent  la 
sardinerie  et  la  manufacture  du  Monopole  des  Tabacs,  très  intéres- 
sante à  visiter. 

Au  delà  de  l'embouchure  lagunaire  de  l'oued  Es  Souani,  que 
l'on  franchit  auprès  d'un  vieux  pont  romain  en  ruines,  se  trouve 
l'emplacement  de  Tandja  El  Balia,  du  «  vieux  Tanger  »,  dont 
les  parties  les  plus  anciennes  remontent  à  la  période  byzantine. 

500  m.  plus  loin,  un  grand  massif  de  verdure  cache  la  villa 
Harris,  splendide  habitation  construite  avec  la  collaboration 
de  nombreux  artisans  marocains  par  M.  Harris,  correspondant 
du  journal  The  Times. 


298  —  [39] 


TANGER. 


ENVIRONS  DE  TANGER 

Les  environs  de  Tanger  sont  très  agréables,  surtout  au  printcni])s  et 
offrent,  de  belles  promenades  à  pied,  à  mulet  ou  à  cheval.  Ils  sont 
habités  par  des  Berbères  sédentaires,  qui  sont  jardiniers  et  cultiva- 
teurs de  vergers  (oliviers,  vignes,  figuiers,  grenadiers).  Leurs  maisons 
sont  entourées  d'agaves  et  de  Hguiens^e  Barbarie.  Çà  et  là,  un  palmier 
balance  au  vent  son  maigre  panache.  Les  parties  non  défrichées  sont 
couvertes  d'un  épais  maquis  où  domine  le  chêne  liège  et  le  chêne  vert, 
avec  des  cistes,  des  bruyères  blanches  qui  atteignent  3  m.  de  hauteur, 
des  genêts,  des  lentisques,  du  palmier  nain.  —  La  sécurité,  qui  s'est 
améliorée  dans  la  zone  internationale,  n'est  assurée  que  dans  les  régions 
S.  et  O.  que  Ton  parcourt  en  suivant  les  deux  itinéraires  ci-dessous. 
L'excursion  E.  du  Alenar  et  de  Ksar  Es  Seghir  ne  peut  encore  être 
entreprise. 

1**  Cap  Spartel  (12  k.  O.;  route  jusqu'à  5  k.,  piste  muletière  ensuite. 
Promenade  charmante  et  pittoresque  en  5  ou  6  h.  aller  et  ret.  ;  très 
recommandée).  —  On  suit  la  route  de  la  Montagne  (p.  296),  puis  l'on  se 
dirige,  parallèlement  à  la  côte,  vers  le  cap  Spartel,  VAinipelusium  des 
Anciens  (c'est-à-dire  le  cap  des  Vignes),  extrémité  N.-O.  de  l'Afrique. 
Sur  le  cap  (vue  étendue)  s'élèvent  un  phare  construit  par  un  français, 
M.  Jacquet,  et  un  sémaphore. 

A  4  k.  env.  S.,  se  trouvent  les  grottes  d'Bercule  (carrière  de  pierres 
meulières),  curieuses  excavations  naturelles,  situées  sur  le  littoral 
atlantique.  Un  guide  est  nécessaire  pour  l'exploration  de  l'une  d'elles 
qu'on  ne  peut  atteindre  que  par  une  descente  au  moyen  de  cordes. 

On  peut  revenir  soit  par  les  chemins  de  la  vallée  de  Boubana,  soit 
par  ceux  d'A'in  Zitoun,  beaucoup  moins  pénibles  que  la  piste  d'aller. 

2""  Sources  de  Cherf  El  Akab  (18  k.  S.;  bonne  route  autocyclable  . 
—  On  suit  la  route  de  Tanger  à  Rabat.  A  la  sortie  de  la  ville,  on 
s'engage  dans  le  Fahs,  région  mamelonnée,  couverte  de  belles  cultures, 
et  dont  les  sommets  sont  couronnés  do  villages  indigènes. 

8  k.  Ain  Ziatene.  La  campagne  se  couvre  de  palmier  nain. 

17  k.  Aïn  Terfania,  source  captée. 

18  k.  Cherf  j^l  Akab,  massif  montagneux  couvert  d'oliviers  séculaires 
et  doté  de  sources  abondantes,  captées  pour  l'alimentation  de  Tanger  en 
eau  potable  ;  à  proximité,  ruines  romaines  et  tombeaux  mégalithiques. 

3°  El  Ksar  Es  Seghir  (24  k.  env.  E.  ;  piste  muletière  peu  sûre  ; 
s'informer).  —  De  Tanger  à  la  villa  Harris  (p.  297,  VIII).  —  La  piste  se 
poursuit  par  El  Alenar,  ancien  phare  en  ruines,  auprès  d'un  douar  ; 
Talaa  Ech  Chérif,  Fondouk  Es  Serara,  et  Oued  El  Yem,  petite  rivière  à 
l'embouchure  (ensablée)  de  laquelle  se  trouve  El  Ksar  Es  Seghir,  «  le 
petit  palais  »,  autrefois  appelé  Ksar  Masmouda,  reconstruit  en  1192  par 
l'almohadc  Yakoub  El  Mansour,  sur  le  point  le  plus  rapproché  de  la 
côte  d'Espagne,  en  face  de  Tarifa.  Il  servait  alors  de  port  d'embarque- 
ment des  contingents  que  les  dynasties  musulmanes  destinaient  à  la 
conquête  de  l'Espagne.  Les  Portugais  s'en  emparèrent  en  1458  sous  le 
règne  d'Alphonse  l'Africain  ;  ils  l'évacuèrent  sous  celui  de  Jean  III  (1551  . 

DE  TANGER  A  CASABLANCA  (par  mer;  370  k.  env.  ou  200  milles  marins 
de  Navigation  Paquet  :  3  serv.  mensuels  rapides,  60  fr.,  50  fr.  (  ' 
35  fr.  avec  nourriture,  4«  cl.  20  fr.  et  en  sus  la  nourriture  ;  Vaporvs 
Correos  de  Africa  :  2  serv.  mensuels  avec  escale  à  Larache  et  Rabai 
30  pes.,  25  pes.,  15  pes.,  nourriture  en  sus).  —  De  Tanger  à  Lara(  h< 
(p.  304).  La  côte,  d'abord  quelque  peu  relevée  et  rocheuse  après 
Larache,  devient  très  basse  et  lagunaire  à  partir  de  Moulay  liou  Selham 


CAP  SPARTEL  —  LA  MONTAGNE  ROUGE.    [40]  299 


(p.  172).  Elle  reste  ainsi  jusqu'à  l'embouchure  du  Sebou,  où  elle  s'élève 
davantage  dès  Mehdia  (p.  171).  De  la  mer,  de  part  et  d'autre  de  l'estuaire 
du  Bou  Regreg,  on  n'aperçoit  guère  que  le  minaret  de  la  grande  mos- 
quée de  Salé  (p.  165)  et  la  tour  Hassane  de  Rabat  (p.  157).  La  côte  continue 
à  être  monotone  jusqu'à  Casablanca;  seul  le  port  de  Fedala  (p.  74)  attire 
un  moment  l'attention.  —  Casablanca  (p.  62). 

DE  TANGER  A  RABAT,  V.  ci-après,  puis  p.  168  et  173;  s'informer  à  la 
Société  Porge  et  C'-^  et  à  Tangier  Motor. 

DE  TANGER  A  FÈS  par  la  route,  V.  ci-après  et  p.  175.  —  Tanger  sera  ulté- 
rieurement réuni  à  Fès  par  une  ligne  de  chemin  de  fer  à  voie  large. 
Projetée  par  l'accord  franco-allemand  du  4  novembre  191 1  et  la  convention 
frajico-espagnole  du  27  novembre  1912,  elle  a  été  concédée  à  la  C'^  géné- 
rale du  Maroc  et  à  la  générale  espagnole  d'Afrique  le  18  mars  1914. 
Elle  aura  une  longueur  de  310  k.  dont  204  en  zone  française.  Partant 
de  Tanger,  elle  passera  à  El  Ksar  El  Kebir,  Mechra  Bel  Ksiri,  Petitjean, 
Meknès  pour  aboutir  à  Fès.  Deux  lots  ont  été  adjugés  en  1916  et  1917 
vers  Petitjean.  Les  études  se  poursuivent  par  ailleurs. 

De  Tanger  a  Larache,  p.  303;  —  a  Ceuta,  p.  306;  —  a  Tétouan, 
p.  316,  3°. 


40.  —  DE  TANGER  A  EL  KSAR  EL  KEBIR 

Autocyclisme  :  100  k.  S.  ~  Route  construite  sur  les  30  premiers  k.,  puis 
piste  aménagée  autocyclable  de  mai  à  novembre.  De  hautes  bornes  en 
pierre  blanchie  indiquent  les  bifurcations.  Serv.  automobile  tous  les 
deux  jours  en  bonne  saison  sur  Rabat. 

18  k.  de  Tanger  à  Cher f  El  Akab,  p.  298.  —  20  k.  Entrée  dans  la 
zone  espagnole  et  pont  sur  l'oued  Mharhar.  On  escalade  ensuit^ 
la  Montagne  Rouge  (en  arabe  :  Akbet  El  Hamra,,en  espagnol  :  Caesta 
Colorada)  couverte  de  brousse  et  ainsi  appelée  à  cause  de  sa 
couleur  rougeâtre.  Du  sommet,  on  voit  la  mer  à  l'O. 

24  k.  Descente  dans  la  vallée  de  l'oued  El  Hachef  transformée, 
pendant  la  saison  des  pluies,  en  immenses  daias  ou  étangs.  — 
30  k.  Montée  pénible  jusqu'au  sommet  d'une  colline  que  cou- 
ronnent un  bosquet  d'oliviers  et  un  petit  village  indigène. 

43  k.  Soak  El  Had,  emplacement  d'un  marché  du  dimanche; 
camp  espagnol.  A  quelques  k.,  ruines  romaines  d'Ad  Mercurios. 

—  La  piste  parcourt  longtemps  un  terrain  sablonneux  couvert 
d'une  brousse  de  palmier  nain,  do  fougère  et  de  buis. 

45  k.  Bifurcation  sur  Arzila  (p.  303),  qui  forme  une  masse 
l)lanche  à  l'horizon  0.  —  On  franchit  bientôt  l'oued  El  Halen. 

—  55  k.  Puits  des  Ouled  Er  Riahi. 

A  proximité,  une  piste  conduit  à  (10  k.)  Arzila{p.  303). 

70  k.  Souk  Et  Tleta  Reisana,  marché  du  mardi,  en  terrain 
mouvementé.  —  80  k.  Oued  Mekhazene.  —  La  piste,  plate, 
longe  quelque  temps  un  oued  bordé  de  jardins  et  de  petits 
villages  indigènes.  On  découvre  bientôt,  au  S.,  la  vallée  de 
Toued  Loukkos,  jalonnée  d'un  long  chapelet  de  taches  sombres 
de  verdure.  A  l'O.,  par  beau  temps,  on  aperçoit  Larache  (p.  304), 


300  —  [40]    DE  TANGER  A  EL  KSAR  EL  KEBIR. 


100  k.  EL  KSAR  EL  KEBIR  (eu  esp.  :  Aicazarquivir),  «  la 
grande  enceinte  »,  ville  à  caractère  rural  qui  s'étend  au  milieu 
d'une  vaste  et  fertile  plaine,  dans  une  oasis  de  verdure,  au 
croisement  des  routes  reliant  Larache  à  Fès,  Tanger  à  Rabat, 
sur  la  rive  dr.  de  l'oued  Loukkos.  Marché  important  le  dimanche. 

Sa  population  dépasse  10,000  hab.,  dont  8,500  musulmans, 
1,600  israélites,  600  européens,  non  compris  la  garnison  qui 
compte  environ  3,500  hommes  de  troupes  espagnoles  et  maro- 
caines. 

La  cité  ancienne  «  est  une  mourante  ville  de  province,  et  de 
province  marocaine,  une  languissante  et  fragmentaire  survi- 
vance du  grand  passé  mauresque  »  (A.  Ghevrillon).  Les  mai- 
sons, à  pignons,  sont  couvertes  de  toitures  de  tuiles,  et  non  de 
terrasses  horizontales  :  c'est  une  surprise  en  pays  marocain. 

Après  s'être  tout  d'abord  établis  autour  de  la  ville,  de  part 
et  d'autre  du  Socco,  les  Espagnols  ont  élevé  des  constructions 
vers  le  S.-E.  et  vers  le  N.,  où  se  trouvent  la  Gommandance 
Générale,  des  casernes  et  des  habitations  particulières.  Une 
voie  de  chemin  de  fer  destinée  à  relier  Larache  à  El  Ksar  a  été 
entreprise;  elle  arrive  à  4  k.  de  cette  dernière  ville;  les 
travaux  sont  suspendus  depuis  1914. 

Emploi  du  temps.  —  Une  heure  suffit  pour  voir  El  Ksar,  dont  les  deux 
quartiers  sont  bien  ramassés  autour  du  socco.  Une  promenade  dans  les 
jardins  (s'adresser  aux  autorités  locales)  complétera  heureusement  la 
visite. 


Hôtels  (modestes)  :  —  de  Madrid 
(Miguel  Garrido;  10  ch.  à  3  pes.  ; 
b^ins)  ;  Movela,  quartier  Bab  El 
Oued. 

Restaurant  :  —  Cuadro  Caniinos, 
au  N.  de  la  ville  arabe,  sur  la  route 
de  Tanger  à  Rabat  (rep.  3  pes.  50). 

Banque  :  —  d'Etat  du  Maroc. 

Services  automobiles  :  —  d'El 
Ksar  à  Larache,   serv.  quotidien 


12  pes.  50  et  10  pes.  la  place  ;  d'El 
Ksar  à  Tanger  et  à  Rabat,  serv 
très  irrégulier,  prix  variables,  s'in 
former  au  Socco. 

Montures  de  loûage  :  —  dans  les 
fondouks  avoisinant  le  Socco  ;  de 
5  à  7  pes.  50  par  jour. 

Réjouissances  locales  :  —  Moussem 
annuel  de  Sidi  Moussa,  à  TE.  de  la 
ville,  au  commencement  d'octobre. 


Histoire.  —  Emplacement  probable  d'une  colonie  grecque,  puis  de  la 
colonie  romaine  d'Oppidiwi  Novum,  El  Ksar  El  Kebir  fut  fondée,  selon 
Ez  Ziani,  par  l'émir  Abd  El  Krim  El  Ketami  au  début  du  viiie  s. 
L'almohadc  Yakoub  El  Mansour  la  releva  par  la  suite  (xii«  s.)  et  lui 
donna  une  importance  double  de  celle  qu'elle  a  aujourd'hui.  D'une 
prospérité  réelle,  /£l  Ksar  Ketama  fut  l'une  des  premières  villes  du  N. 
qui  accepta  la  domination  mérinide  (1223).  Au  xv  s.  elle  fut  l'objet  des 
convoitises  des  Portugais  installés  à  Arzila.  En  1503,  deux  colonnes 
expéditionnaires  venant,  l'une  de  Tanger,  l'autre  d'Arzila,  tentent  sans 
résultat  de  s'emparer  d'El  Ksar.  Une  nouvelle  opération,  on  1578,  a  lo 
même  sort  à  la  «  bataille  des  Trois  Rois  »,  livrée  à  18  k.  N.-O.  d  El 
Ksar  et  ainsi  appelée  parce  que  trois  rois  y  trouvèrent  la  mort  :  Don 
Sébastien  de  Portugal,  Moulay  Mohammed  El  Mesloukh  et  Moulay  Abd 
El  Malek.  On  sait  que  la  disparition  de  Don  Sebastien  eut  comme  con- 
séquence imprévue  la  disparition  du  royaume  de  Portugal  qui  fut 
absorbé  par  l'Espagne.  A  la  fin  du  xvi«  s.,  la  ville  jouit  de  la  plus 
grande  prospérité  qu'elle  ait  jamais  connue.  Il  s'y  rit  un  commerce 
important  entre  musulmans  et  chrétiens. 


EL  KSAR  EL  KEBIR.  [40]  —  301 


Au  milieu  du  xyu**  s.,  El  Ksar  est  le  théâtre  de  luttes  intestines  qui  lui 
portent  grand  tort.  C'est  à  cette  époque  que  El  Khider  Ghaïlane,  ancien 
compagnon  d'El  Aïachi,  et  dont  la  descendance  existe  encore  chez  les 
Boni  Gorfot,  s'en  empare  (lôS'^).  Il  en  fait  sa  capitale  jusqu'en  1666, 
époque  à  laquelle  Moulay  Rechid,  premier  prince  de  la  dynastie 
alaouite,  s'y  installe.  En  proie  aux  horreurs  de  la  guerre  civile,  sous 
le  règne  de  Moulay  Slimane  et  de  Moulay  Abd  Er  Rahmane  (l»"®  moitié 
du  XIX*  s.),  elle  tombe  de  plus  en  plus  en  décadence.  Les  Espagnols 
l'occupent  en  1912. 

Bibliographie  :  —  Le  jRaîs  El  Khadir  Ghaïlan,  Archives  marocaines, 
vol.  XVIII  (Paris,  Leroux)  ;  —  Les  tribus  arabes  de  la  vallée  du  Loukkos, 
et  le  Gharb,  par  Mighaux-Bellaire,  Arch.  raaroc,  vol.  II  à  V,  XX  (Paris, 
Leroux). 

Le  centre  de  la  ville  musulmane  est  marqué  par  le  Soeco, 
établi  sur  l'ancien  lit  de  l'oued  Loukkos.  Ouvert  à  l'E.  sur 
l'emplacement  du  marché  et  la  route  de  Tanger  à  Rabat,  il  se 
prolonge  à  l'O.  en  se  rétrécissant  peu  à  peu.  Il  est  bordé  de 
cafés  espagnols,  d'un  hôtel  (de  Madrid),  de  boutiques  de  mar- 
chands de  denrées  alimentaires,  du  marché  aux  grains,  d'ate- 
liers de  maréchaux-ferrants. 

Au  N.  du  Socco  s'étend  le  quartier  dit  Eeh  Charia,  «  la  ville 
légale  '),  occupé  surtout  par  des  agriculteurs  et  quelques  tisse- 
rands et  doté  de  monuments  religieux.  Son  artère  centrale  est 
formée  de  la  Souïka,  petit  marché  qui  conduit  à  la  mosquée 
Souïka,  de  la  rue  Niarine,  occupée  par  quelques  épiciers;  du 
mers,  ancienne  place  des  silos  makhzen,  aujourd'hui  comblés; 
la  mosquée  Es  Saïdia,  «  l'heureuse  »  (minaret  sobrement  orné  de 
carreaux  émaillés),  une  vieille  médersa  désaffectée  et  des 
ateliers  de  tissage  terminent  la  rue.  Dans  le  même  quartier  se 
voient  la  poste  espagnole,  la  mosquée  El  Hamra,  la  mosquée  Ed 
Dziri,  la  koubba  de  Sidi  Yakoub  et  une  série  de  zaouïas.  Plus  au 
N.  se  trouvent  le  quartier  des  briquetiers  et  potiers  (travaux  sans 
caractère  artistique)  et  le  WMrabout  de  Sidi  Ali  Bou  Ghaleb,  élevé 
à  la  mémoire  du  patron  de  la  ville,  qui  vécut  au  xii^  s.  (p.  217). 

Le  quartier  S.  est  celui  de  Bab  El  Oued,  «  porte  du  fleuve  >». 
C'est  là  que  se  concentre  le  commerce  indigène  local'.  Dans  une 
première  artère  qui  se  détache  du  Socco,  on  trouve  :  le  souk 
El  Attarine,  des  épiciers;  la  Kisaria,  marché  des  produits 
importés;  le  fondouk  Es  Soltane,  le  plus  grand  des  fondouks 
d'El  Ksar  fondé  sous  Sidi  Mohammed  et  loué  par  des  musul- 
mans et  des  juifs;  le  diouane,  que  prolongent  la  prison  du  Pacha 
et  Dar  Ghaïlane,  du  nom  du  caïd  qui  se  rendit  autrefois  indépen- 
dant à  El  Ksar,  établissement  aujourd'hui  occupé  par  l'Inten- 
dance espagnole  et  voisin  du  Derb  El  Abid,  rue  des  anciens  sol- 
dats nègres;  la  mosquée  de  Sidi  Mohammed  Ech  Chérif;  le  souk 
Es  Seghir;  un  vieux  fondouk  à  contreforts  puissants;  une  ancienne 
médersa  délaissée;  la  grande  mosquée,  aux  lourds  piliers  et  auy 
basses  arcatures,  avec  un  curieux  minaret  percé,  telle  une  tour 
romane,  de  fenêtres  géminées,  et  dont  certaines  pierres  pro- 
viennent de  monuments  plus  anciens  (l'une  d'elles,  entre 
autres,  porte  une  inscription  grecque  du  ni^  s.). 


302  — 


[40]    DE  TANGER  A  EL  KSAR  EL  KEBÎR, 


Une  rue  parallèle  à  la  précédente  et  plus  à  TO.  s'ouvre  sur 
le  souk  El  Haïk,  marché  aux  tissus  de  laine,  sous  une  galerie 
couverte  et  conduit  à  la  mosquée  de  Sidi  El  Hadj  Zmiri,  à  minaret; 
au  sanctuaire  de  Sidi  Kassem  (porte  ornementée);  à  Vécole  de  V Al- 
liance israélile;  à  la  mosquée  de  Sidi  Ali  Bel  Arbi,  avec  minaret 
hexagonal  construit  en  briques,  comme  d'ailleurs  tous  les 
édifices  et  maisons  d'El  Ksar,  au  tribunal  du  cadi\  et  enfin  au 
consulat  français  (agent  consulaire  indigène). 

Une  troisième  rue,  s'abouchant  aux  Haddadine  (forgerons), 
permet  encore  de  passer  devant  le  Bureau  des  Renseignements ^ 
riiôpitalj  la  zaouïa  des  Hamadcha,  le  consulat  anglais,  le  bureau 
des  télégraphes,  V église,  de  construction  récente,  des  jardins 
plantureux  et  le  sanctuaire  de  Lalla  Fatma  El  Andalousia. 

D'EL  KSAR  A  LARACHE  (33  k.  N.-O.  ;  piste  poussiéreuse  sur  une  grande 
partie  du  parcours,  autocyclable  en  bonne  saison;  serv.  automobile 
quotidien,  10  pes.;  ch.  '  de  fer  en  construction).  —  Sortie  vers  le  mara- 
bout de  Sidi  Ali  Bou  Ghaleb  (p.  301),  d'où  l'on  s'engage  en  direction  O. 
dans  la  plaine  large  et  fertile.  —  4  k.  Po?it  sur  l'oued  Loukkos,  ser- 
vant à  la  route  et  au  ch.  de  fer.  La  gare  est  sur  la  rive  g.  A  partir  de 
ce  point,  la  piste  va  vers  le  N.  —  8  k.  Passerelle  sur  un  affluent  de 
l'oued  Loukkos.  A  g.,  ligne  continue  d'éperons  se  détachant  d'un  pla- 
teau et  dont  beaucoup  sont  occupés  par  des  villages  indigènes.  —  12  k. 
On  abandonne  la  ligne  des  villages  pour  se  rapprocher  de  l'oued  Loukkos. 
—  15  k.  Passerelle  sur  un  nouvel  affluent,  bordé  de  tamarins  aux  troncs 
séculaires.  —  18  k.  La  piste  longe  une  nouvelle  fois  la  ligne  S.  des 
coteaux,  qui  s'incurve  vers  le  N.  en  fermant  l'horizon  comme  un  mur 
rougeâtre.  Le  terrain  est  dénudé  et  peuplé  seulement  de  joncs.  — 25  k. 
Zone  sablonneuse,  puis  piste  en  chaussée  dans  les  lagunes.  Larache 
apparaît  à  l'horizon.  Au  fond  de  la  vallée,  l'oued  Loukkos  décrit  de 
nombreux  méandres.  —  30  k.  On  longe  les  jardins.  —  33  k.  La?'ac/ie  (p.  304). 

Variante.  —  Une  piste  muletière  (35  k.)  passant  sur  le  flanc  des 
coteaux  S.  de  l'oued  Loukkos  est  suivie  pendant  la  mauvaise  saison. 

D'EL  KSAR  A  OUEZZANE  (41  k.  S.-E.  ;  piste  muletière  à  profil  peu  acci- 
denté, difficile  après  les  pluies).  —  On  remonte  la  vallée  de  l'oued 
Loukkos.  —  6  k.  Alzaïna.  village.  —  18  k.  Sebbab^  village  sur  la  rive  dr. 
de  l'oued  Loukkos,  dans  la  tribu  des  Ahel  Serif.  —  21  k.  Gué  de  l'oued 
Loukkos,  large  de  30  m.,  profond  de  1  m.,  impraticable  après  les  pluies. 
Au  S.  de  la  route,  pays  des  Masmouda,  couvert  d'oliviers  et  de  Icntis- 
ques.  —  26  k.  Oued  Khoumane.  —  27  k.  Dchar  Alia,  village.  —  29  k. 
Oued  Brader,  à  sec  en  été,  qu'on  traverse  trois  fois.  —  31  k.  Oued  Bou 
Ziri.  —  33  k.  Oued  Zès.  —  37  k.  Oued  Salah.  —  41  k.  Ouezzane  (p.  175). 

Cette  piste  est  peu  fréquentée  à  cause  du  voisinage  des  tribus  mon- 
tagnardes des  Ahel  Serif  et  des  Rhouma.  II  est  préférable  de  passer  par 
Arbaoua  (p.  175). 

D'El  Ksar  a  Arbaoua  et  a  Rabat-Salé,  p.  175,  ]°  et  168. 


ARZILA. 


[41]  —  303 


4 1 .  -  DE  TANGER  A  LARACHE 


A.  —  Par  terre. 

Autocyclisme  :  90  k.  env.  S.-O.  —  Route  d'El  Ksar  sur  la  moitié  du  trajet, 
puis  piste  assez  dure  sur  le  reste  du  parcours  ;  serv.  au.tom.  irrégu- 
lier, s'informer  au  Gran.d-Socco  ou  dans  les  hôtels. 

43  k.  de  Tanger  à  Souk  El  Had,  p.  299.  —  45  k.  Bifurcation 
sur  Arzila.  —  50  k.  Oued  El  Halen. 

55  k.  Arzila  (hot.  :  de  Madrid^  Final;  Espana,  Ferez),  bourg 
et  port  de  pêche  sur  l'Atlantique,  non  ouvert  au  commerce,  est 
situé  à  1  k.  de  l'embouchure  de  la  rivière  qui  porte  son  nom. 
Peuplé  de  2,350  hab.,  dont  1,380  musulmans,  450  Israélites  vivant 
indistinctement  avec  les  musulmans,  520  européens  presque 
tous  espagnols,  il  est  ch.-l.  de  commandement  militaire  espa- 
gnol. Marché  le  lundi. 

Histoire.  —  Arzila  occupe  remplacement  de  l'antique  cité  lybo-phé- 
nicienne  Zilis  qui,  après  avoir  fait  partie  de  l'empire  colonial  de  Car- 
thage,  passa  sous  la  domination  romaine.  Au  début  du  ix*^  s.,  elle  échut 
à  Yahia  Ben  Idris  ;  elle  devint  alors  l'objet  des  incursions  des  Normands 
qui  l'incendièrent  en  843.  Restaurée  par  les  indigènes,  elle  est  encore 
saccagée  en  936  par  les  Anglais.  Au  milieu  du  x«  s.,  elle  est  recons- 
truite par  le  calife  de  Cordoue,  puis  devient  le  dernier  refuge  des 
Idrissides.  Au  xii*^  s.,  Edrissi  en  parle  comme  d'une  petite  ville  sans 
importance. 

En  1471,  les  Portugais  l'emportent  d'assaut,  la  livrent  au  pillage  et 
soumettent  toute  la  contrée  environnante.  En  1508,  elle  est  assiégée  par 
les  Marocains  qui  ne  parviennent  pas  à  la  reprendre.  Sur  ordre  de 
Philippe  II,  les  Espagnols,  qui  ont  pris  la  succession  des  Portugais, 
évacuent  Arzila  (1589)  qui  est  ainsi  livrée  à  Moulay  Ahmed  El  Man- 
sour  ;  ils  y  font  encore  une  réapparition  à  la  fin  du  xvii®  s.  pour  l'évacuer 
une  nouvelle  fois  (1692).  Moulay  Ismaïl  la  reprend,  la  peuple  de  gens 
du  Rif  et  la  dote  de  deux  mosquées,  d'une  médersa  et  de  bains;  mais 
elle  ne  parvient  pas  à  reprendre  une  activité  réelle.  En  1860,  la  flotte 
espagnole  bombarda  la  ville  qui  subit  de  graves  dommages.  —  Les 
Espagnols  l'occupent  à  nouveau  depuis  1911. 

La  cité  est  entourée  d'une  enceinte  portugaise  percée  seule- 
ment de  deux  portes  :  Bah  El  Bahar,  «  porte  de  la  mer  »,  et  Bab 
El  Djebel,  «  porte  de  la  montagne  »  ;  au-dessus  de  l'une  d'elles 
est  sculpté  le  blason  des  rois  du  Portugal.  L'activité  se  con- 
centre surtout  dans  une  rue,  plus  large  que  les  autres,  appelée 
le  Socco,  Le  Pacha  y  a  fait  édifier  un  somptueux  palais. 

D'ARZILA  AEL  KSAR  EL  KEBIR  (50  k.  env.  S.-E.)  :  piste  de  8  k.  rejoignant 
la  voie  de  Tanger  à  El  Ksar  à  proximité  de  Bir  Ouled  Er  Riahi  (p.  299). 

Au  sortir  d'Arzila,  la  piste  descend  parallèlement  au  rivage, 
passe  à  (70  k.)  Rouah,  (85  k.)  Reggada  et  franchit  un  pont  de 
bateaux  sur  l'oued  Loukkos. 

90  k.  Larache  (p.  304). 


304  —  [41]      DE  TANGER  A  LARACHE. 


B.  —  Par  la  mer. 

Le  paquebot  double  le  cap  Spartel  (p.  298)  et  met  le  cap  vers  le 
S.,  longeant  une  côte  basse  toute  frangée  de  lagunes.  —  Arzilh 
(p.  303).  —  La  côte  continue  à  être  basse,  mais  les  lagunes  dis- 
paraissent. 

LARACHE  (en  ar.  :  El  Araïche,  «  les  treilles  des  Beni  Arous  »  ; 
ethn.  :  El  Araïchi),  ville  et  port  sur  l'Atlantique,  est  situé  sur  la 
rive  g.  et  à  l'embouchure  de  l'oued  Loukkos.  Gh.-l.  d'un 
commandement  militaire  espagnol,  la  ville  est  peuplée  de 
12,600  hab.,  dont  6,800  musulmans,  2,200  Israélites  et  3,600  euro- 
péens presque  tous  espagnols.  Quelques  heures  suffisent  pour 
visiter  Larache. 

La  ville  ancienne,  entourée  de  murs,  s'étage  sur  un  terrain 
déclive  que  dominent  pittoresquement  des  forteresses  au  N.  et 
au  S.  L'agglomération  espagnole  s'est  portée  d'une  part  vers  le 
port,  d'autre  part  sur  le  plateau  qui  prolonge  la  cité  au  S.-O. 
et  à  l'O.  Des  jardins  verdoyants  et  des  vergers  prospères 
s'étendent  en  amont,  sur  la  rive  g.  du  Loukkos  qui  serpente 
dans  la  vallée  en  décrivant  de  larges  méandres  et  se  jette 
dans  l'Océan  Atlantique  en  soulevant  une  barre  assez  accentuée. 

Pour  les  relations  avec  les  autres  points  de  la  côte  marocaine  et 
TEspagne,  V.  Voies  d'accès,  p.  60. 


Hôtels  (modestes)  :  —  Cercle  Fran- 
çais, calle  Ghedira,  7  (gar.);  — 
Espana,  route  d'EI  Ksar;  —  Ter- 
mino,  près  du  Petit-8occo. 

Restaurants  :  —  dans  les  hôtels 
ci-dessus  et  Royal  Bar,  près  du 
port. 

Cafés  :  —  Royal  Bar,  près  du  port  ; 
grands  cafés  aux  abords  de  la  place 
d'Espagne. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc, 
Petit-8occo;  Algérienne-,  Crédit 
Foncier  d Algérie  et  de  Tunisie. 

Voitures  publiques  :  —  station 
place  d'Espagne  :  —  la  course 
simple,  l  pes.  50  ;  la  course  double 
avec  15  min.  d'arrêt,  2  pes.  50; 

Histoire.  —  Larache  est  l'antique  Lixus,  près  do  laquelle  les  Anciens 
plaçaient  le  palais  d'Antce  et  le  jardin  des  llespérides.  Comptoir  fré- 
quenté par  les  Carthaginois,  Lixus  devient  sous  les  Romains  une  colonie 
impériale  qui  paraît  atteindre  son  apogée  à  l'époque  de  Claude.  Plus 
tard,  elle  est  un  des  points  où  la  domination  du  Bas-Empire  subsiste  le 
plus  longtemps.  Située  alors  sur  l'un  des  méandres  de  l'oued  Loukkos, 
elle  est  remplacée  par  la  ville  indigène  de  Tchemmich^  dominant  un 
port  vaste  et  sûr  installé  dans  l'estuaire  du  fleuve,  et  dont  le  troisième 
prince  idrisside  Mohammed  confia  le  gouvernement  à  Yahia  Ben  Idris 
en  898. 

Les  chrétiens  entrent  à  El  Araïch  en  1270  et  la  pillent  en  emportant 
leur  butin.  Les  Beni  Ouattas  y  font  construire  des  mosquées  à  la  fin  du 


l'heure  4  pes.  ;  les  heures  suivantes, 
3  pes.;  petits  colis,  0  pes.  '25;  colis 
de  plus  de  15  kilog.,Opes.  50;  colis 
de  moins  de  50  kilog.,  1  pes.  ;  prix 
à  débattre  pour  les  colis  plus 
lourds. 

Services    automobiles  :    —  de 

Larache  à  El  Ksar,  serv.  quotidien, 
10  pes.  esp.;  serv.  irrégulier  de 
Larache  à  Tanger  et  RcTbat  (s'in- 
former). 

Consulats  :  —  de  France,  près  de 
Bab  El  Bahar  ;  d'Espagne,  près  de 
Bab  El  Marsa;  d  Angleterre,  de 
Belgique,  d' Italie,  de  Portugal,  de 
Hollande,  sur  différents  points  de 
la  ville. 


LARACHE. 


[41]  —  305 


xv«  s.  En  1491,  elle  est  fortifiée  par  Moulay  En  Nasseur,  frère  du  sultan 
de  Fès,  qui  y  construit  une  kasba.  Plus  tard,  elle  arme  des  galères  qui 
pillent,  en  1566,  les  ports  de  la  grande  Canarie.  Sous  les  Saadiens,  elle 
est  cédée  par  Moulay  Ech  Cheikh  aux  Espagnols  (1610),  qui  y  élèvent 
des  murs  en  1618,  puis  elle  est  reconquise  par  Moulay  Ismaïl  (1689) 
après  quatre-vingts  ans  de  domination  étrangère.  Sous  Sidi  Mohammed 
Ben  Abd  Allah,  qui  fait  armer  le  port,  la  ville  est  dotée  de  fortifica- 
tions, de  skalas  (batteries),  d'une  médersa  et  d'un  marché.  En  1765, 
elle  est  bombardée  par  les  Français,  que  commande  du  Chaft'aut,  en 
représailles  du  pillage  d'un  navire  français  par  des  pirates  de  Larache. 
En  18-20,  elle  est  assiégée  par  six  corsaires  autrichiens  qui  débarquent, 
mais  sont  dans  l'obligation  de  se  retirer  après  avoir  éprouvé  de  sérieux 
revers.  En  1860,  elle  est  bombardée  par  une  escadre  espagnole  au 
moment  de  la  grande  expédition  de  Prim  et  O'Donnel  contre  Tétouan. 
Les  Espagnols  y  entrent  en  1912. 

I.  Place  d'Espagne.  —  Le  centre  administratif  et  commercial 
de  Larache  est  groupé  autour  de  la  place  d'Espagne,  sur  la 
terrasse  qui  s'étend  à  PO.  et  le  long  des  murs  de  l'ancienne 
ville.  Très  vaste,  elle  renferme  la  station  de  voitures  et  plusieurs 
kiosques  dont  l'un  pour  la  musique  militaire  ;  elle  est  bordée 
de  brasseries  et  de  restaurants,  de  salles  de  spectacles,  et  au 
S.  d'une  caserne  du  Génie  et  des  bureaux  de  la  Place.  De  sa 
partie  N.,  on  a  une  vue  étendue  sur  l'Atlantique.  A  l'E.,  s'élève 
une  ligne  de  hauts  remparts  percés  de  deux  portes  qui  laissent 
pénétrer  à  l'intérieur  de  Fancienne  ville  :  Bab  El  Khemis,  très 
fréquentée,  et  Bab  El  Kasba,  plus  au  S.,  qui  conduit  dans  la 
citadelle. 

II.  Ancienne  ville  et  port  (circulation  impossible  en  voiture 
et  en  auto  dans  les  rues  de  la  ville).  —  On  entre  par  Bab  El 
Khemis  derrière  laquelle  s'étend  le  Petît-Soceo,  «  petit 
marché  »,  place  longue  et  étroite  partiellement  bordée  de  gale- 
ries à  colonnes  et  arcs  en  anse  de  panier,  et  de  boutiques  de 
marchands  indigènes. 

Au  N.  se  détache  une  rue  qui  conduit,  au  travers  d'un 
quartier  habité  par  des  musulmans,  à  l'ancienne  forteresse  dite 
Kébibats,  «  les  petites  coupoles  >»,  dont  les  locaux  sont  actuel- 
lement aménagés  en  hôpital.  Au  S.,  la  porte  de  la  kasba 
mène  :  à  la  forteresse  de  la  Cigogne,  curieuse  construction 
portugaise,  à  flanquements  aigus,  édifiée  à  la  fin  du  xvi«  s.  ;  à 
Vancien  Dar  El  Makhzen  et  à  un  palais  de  style  hispano-marocain 
édifié  en  1915  par  les  Espagnols.  Une  tour  moderne,  à  horloge, 
domine  ce  dernier  édifice. 

Du  seuil  d'une  porte  récente  percée  dans  l'enceinte  S.,  au 
pied  de  la  tour,  belle  *vue  sur  les  jardins  et  la  vallée  de  l'oued 
Loukkos. 

De  l'angle  S.-E.  du  Petit-Socco,  la  rue  de  la  Marine,  pavée 
sur  tout  son  trajet  de  carreaux  en  ciment,  descend  entre  des 
maisons  particulières  et  des  magasins  modernisés,  habités 
surtout  par  des  juifs,  jusque  Bab  El  Marsa,  «  porte  du  port  »4 

Le  port  de  Larache  a  été  commencé  en  1913  par  la  maison 
allemande  Sager  et  Wœrner,  dont  le  contrat  a  été  annulé 


MAROC. 


20 


306  —  [42]        DE  TANGER  A  CRUT  A, 


en  1915.  Les  installations  ont  été  remises  au  Protectorat  espa- 
gnol qui  fait  procéder  à  des  travaux  d'entretien.  Il  comprend  : 
une  longue  jetée  prolongeant  la  rive  dr.  du  fleuve,  des  quais 
munis  d'un  outillage  moderne  permettant  de  procéder  à  de 
rapides  embarquements  et  débarquements,  des  terre-pleins  et 
des  magasins  de  compagnies  de  navigation  et  de  douane.  Un 
phare  à  feux  intermittents  se  dresse  à  l'extrémité  de  la  jetée. 
—  Le  commerce  total  du  port,  qui  fut  de  24  millions  en  1913, 
est  tombé  à  17  millions  et  demi  en  1916. 

Une  rue,  parallèle  à  la  rive  g.  du  fleuve,  dessert,  plus 
en  aval,  le  restaurant  Royal  Bar,  le  consulat  espagnol  et  le  con- 
sulat français,  dans  le  voisinage  de  Bab  El  Bahar,  «  porte  de 
la  Mer  ». 

Variante.  —  De  la  place  d'Espap:ne,  on  peut  encore  se  rendre  au 
port,  en  voiture,  en  empruntant  la  route  d'El  Ksar,  qui  passe  entre  la 
caserne  du  Génie  et  les  bureaux  de  la  Place,  le  chemin  des  Kraret,  bordé 
à  dr.  du  cimetière  et  de  ïéglise  et  à  g.  de  maisons  européennes.  En 
descendant,  on  découvre  la  vallée  du  Loukkos  et  ses  lagunes,  le  pont 
de  bateaux  qui  fait  communiquer  directement  Larache  avec  Arzila  et 
Tanger,  puis  l'estuaire  du  fleuve  et  le  port. 

III.  Ville  nouvelle.  —  Elle  est  desservie  par  deux  routes 
allant  l'une  vers  l'O.,  route  du  Nador,  l'autre  vers  le  S.,  route 
d'El  Ksar. 

La  route  duNador  (recommandée)  se  développe  parallèlement 
à  la  mer,  laisse  à  dr.  le  cimetière  arabe,  en  face  du  quartier  de 
las  J\avas,  puis  Vabattoir  aux  parois  intérieures  revêtues  de 
carreaux  de  faïence  blanche  (situé  en  face  du  quartier  du  Nador), 
puis  conduit  au  phare,  tour  octogonale  à  deux  étages,  au  pied 
duquel  s'étend  le  Campement  des  troupes  espagnoles.  De  là,  *vur 
étendue  sur  l'Océan,  la  jetée  et  la  ville  (Kebibats). 

La  route  d'JEl  Ksar  mène,  entre  deux  rangées  d'habitations  et 
de  fondouks,  à  la  gare  et  au  poste  de  T,  S.  F.  Le  chemin  de  fer 
de  Larache  à  El  Ksar,  commencé  par  les  Allemands  et  non 
achevé,  non  encore  livré  au  public,  n'a  été  utilisé  jusqu'ici  que 
pour  les  transports  militaires;  il  arrive  à  4  k.  d'El  Ksar. 

De  Larache  a  El  Ksar  El  Kebir,  p.  302;  —  a  Moulay  Bou  Selham, 
.    Knitra  et  Rabat,  p.  172  et  p.  168;  —  à  Lalla  Mimouna,  Souk  P^l  Arba 
DU  Gharu  et  Fès,  p.  174  et  p.  175;  —  à  Arbaoua,  p.  175. 


42.  -  DE  TANGER  A  CEUTA 

60  k.  env.  —  Vapores  Correos  de  Africa,  serv.  hebdomadaire  direct  tous 
les  jeudis,  dép.  à  13  h.,  arrivée  à  Ceuta  à  16  h.  ;  15  pes.  50  et 
12  pes.  25;  autres  serv.  tous  les  mardis,  jeudi,  sam.  et  dim.  avec  escale 
d'une  nuit  à  Algésiras;  dép.  à  13  h,,  arrivée  le  lendemain  à  Ceuta 
à  9  h.  30;  20  pes.  50  et  15  pes.  50. 

Au  sortir  du  port,  on  s'engage  dans  le  détroit  de  Gibraltar,  en 
doublant  successivement  la  pointe  de  Malabata,  que  couronne 


CE UT A. 


[42]  —  307 


la  tour  dite  El  Menar  (p.  298,  3°),  la  pointe  cCAlcazar  (El  Ksar  Es 
Seghir,  p.  298,  3°)  et  le  Djebel  Moussa.  De  l'autre  côté  du  détroit, 
on  aperçoit  le  cap  Trafalgar,  puis  la  pointe  de  Tarifa,  la  ville  de 
Tarifa,  enfin  la  baie  d'Algésiras  au  fond  de  laquelle  apparaît 
Gibraltar  dominé  par  son  caractéristique  rocher. 

Quant  à  la  côte  marocaine,  elle  est  formée  de  hautes  falaises 
à  pic  alternant  avec  des  plages  sableuses.  Le  détroit  se  termine 
à  la  pointe  Leona;  il  n'a,  en  cet  endroit,  que  20  k.  de  largeur. 
A  dr.  on  découvre  la  petite  presqu'île  de  Geuta,  couronnée  à 
son  sommet  d'un  fort  et  d'un  phare  et  frangée,  vers  la  mer, 
d'une  ligne  d'habitations  blanches. 

Pour  les  relations  avec  l'Espagne,  V".  Voies  d'accès  (p.  60). 

60  k.  CEUTA,  ch.-l.  de  commandement  général  et  ville  de 
24,000  hab.,  presque  tous  espagnols,  bâtie  en  amphithéâtre 
sur  un  isthme  étroit  qui  réunit  la  presqu'île  au  continent,  au 
fond  d'une  large  baie  bien  abritée  et  offrant  un  bon  mouillage, 
transformée  en  port  par  la  construction  de  jetées  et  de  quais. 

L'ancienne  ville,  qui  occupe  le  centre  de  l'agglomération 
actuelle,  s'est  d'abord  développée  à  l'E.  sur  les  pentes  du  mont 
Acho,  puis  plus  récemment,  à  TO.,  dans  une  région  moins  acci- 
dentée. 

Si  le  cadre  de  la  Geuta  moderne  a  un  caractère  africain  nette- 
ment caractérisé,  la  ville  elle-même  n'a  plus  rien  de  marocain  : 
ses  mosquées,  ses  médersas,  ses  souks,  ses  fondouks  et  ses  habi- 
tations mauresques  ont  fait  peu  à  peu  place,  depuis  cinq  siècles 
d'occupation  chrétienne,  aux  constructions  européennes.  Geuta 
est  devenue  une  cité  entièrement  espagnole,  où  l'on  voit  très 
peu  de  musulmans;  elle  ne  diffère  guère  par  conséquent  des 
villes  de  même  importance  situées  de  l'autre  cote  du  détroit. 

Emploi  du  temps.  —  Une  demi-journée  suffit  pour  visiter  Ceuta. 


Hôtels  :  —  Hispario  Marroqui  (H. 
Baizar  y  C-''),  Sagasta,  2  (50  ch.  de 
3  à  5  pes.;  rep.  1  pes.,  3  pes., 
3  pes.  50,  V.  c.  ;  bains,  salon,  électr.; 
terrasse;  omnibus  au  port);  Reina 
Victoria,  bd  Gomez  Pulido,  6;  Com- 
mercio,  Galea. 

Cafés  :  —  nombreux;  les  plus 
luxueux  se  trouvent  bd  Gomez 
Pulido. 

Postes  et  télégraphes  :  —  bureau 
central,  plaza  de  los  Reyes. 

Voitures  de  place  :  —  station  bd 
Gonpez  Pulido  ;  —  1°  en  ville  :  la 
course  2  pes.;  i'h.  3  pes.;  2^'  à 
Vextérieur  :  la  course  3  pes.  ;  Th. 
3  pes.  50. 


Service  automobile  :  —  de  Ceuta 
à  Tétouan,  serv.  postal  quotidien  ; 
départ  à  10  li.;  s'adresser  21,  bd 
Gomez  Pulido,  et  4,  r.  Lopez  Pinto; 
15  et  10  pes.;  retenir  ses  places 
d'avance. 

Librairie,  papeterie  :  —  La  Es- 
panoia,  r.  José  L.  de  ïorres,  25; 
Francisco  Alcantara,  même  rue,  19; 
Jnan  Acevedo  Ponce,  r.  Camoens,  19. 

Journaux  :  —  El  Defensor  de 
Ceu  ta,  quotidien, et  nombreux  autres 
périodiques. 

Cartes  postales  :  —  César  del 
Hieno. 

Antiquités  :  —  Miguel  Gonzales. 


Histoire.  —  Ceuta  semble  correspondre  à  deux  stations  de  l'antiquité  : 
Abyla^  bâtie  sur  le  mont  Acho  (194  m.),  qui  forme,  en  face  de  Gibraltar, 
la  deuxième  colonne  d]Hercule,  et  Septem  Plâtres  «  sept  frères  »  ainsi 
nommée  à  cause  des  sept  monticules  du  Djebel  Moussa  ou  montagne 


308  —  [42] 


DE  TANGER  A  CEUTA. 


des  singes  (850  m.)  compris  dans  les  fortifications  de  la  ville  moderne. 

A  toutes  les  époques  de  l'histoire,  Ceuta  a  joué  un  rôle  important. 
Au  V*  s.,  elle  a  successivement  pour  maîtres  les  Vandales  et  les  Goths. 
Sous  l'empereur  Maurice  (582-602),  elle  devient  la  capitale  de  la  Mauré- 
tanie  seconde  qui  comprend  Scptem,  les  îles  Baléares  et  le  territoire 
byzantin  d'Espagne.  Le  comte  Julien,  gouverneur  sous  Constantin  IV, 
s'y  rend  indépendant  et  conserve  son  titre  en  reconnaissant  l'autorité 
d'Okba,  qui  dirigera  première  invasion  arabe  (682);  c'est  aussi  ce  per- 
sonnage qui,  bafoué  par  le  roi  visigoth  Roderich,  décide  Moussa  Ibn 
Noceir  à  tenter  la  conquête  d'Espagne  (710).  L'expédition  est  conduite 
par  le  berbère  Tarik,  qui  a  laissé  son  nom  au  détroit,  Djebel  Tarik,  dont 
on  a  fait  Gibraltar.  Sehta  (dénomination  arabe)  passe  des  lors  tantôt  sous 
la  domination  arabe,  tantôt  sous  la  doniination  berbère.  De  828  à  931, 
elle  fait  partie,  nominalement  au  moins,  du  royaume  idrisside,  puis 
devient  une  colonie,  en  941,  du  calife  omniade  de  Cordoue.  A  la  chute 
des  Omniades  d'Espagne  (1016),  elle  revient  aux  Idrissides  Hamma- 
dites,  pour  passer  ensuite  aux  Almoravides  (1083),  aux  Almohades 
(1146),  et  aux  Mérinides  (1309).  Entre  temps,  elle  connaît  des  époques 
de  prospérité  :  dès  le  x®  s.,  son  corail  est  régulièrement  exploité;  au 
XII®  s.  les  navires  italiens  fréquentent  son  port  avec  assiduité;  au  xiii®  s. 
Génois  et  Pisans  sont  en  relations  suivies  avec  elle,  les  Marseillais  y 
établissent  un  fondouk  et  la  France  y  entretient  en  permanence  un 
consul  général;  elle  est  alors  à  l'apogée  de  sa  puissance  militaire  et 
commerciale,  qu'elle  ne  connaît  plus  en  tombant  au  pouvoir  des  chré- 
tiens. Le  24  août  1415,  Don  Juan,  roi  de  Portugal,  s'en  empare  avec 
une  flotte  de  plus  de  200  navires  portant  une  armée  de  50,000  hommes, 
et  placée  sous  le  commandement  de  Don  Alphonse,  comte  de  Barcelos; 
elle  devient  ainsi  la  première  conquête  des  Portugais  dans  le  N.  de 
l'Afrique,  puis  passe  à  l'Espagne  en  1580.  Pendant  27  ans  (1674  à  1701), 
Moulay  Ismaïl  l'assiège  et  la  bloque  sans  pouvoir  s'en  emparer.  Les 
tentatives  de  Moulay  Yézid  (1790-1791)  n'ont  pas  plus  de  résultat.  Elle 
reste  désormais  à  l'Espagne  qui  y  établit  un  présidio,  sans  valeur  au 
point  de  vue  commercial.  Après  l'accord  du  19  novembre  1910,  l'occupa- 
tion s'étend  jusqu'à  Tétouan,  et  Ceuta  peut  enfin  connaître  un  renou^ 
veau  d'activité. 

Le  boulevard  Gomez  Pulido,  ombragé  d'arbres  de  belle  taille  et 
bordé  de  magasins  et  de  cafés,  marque  le  centre  de  la  ville. 
Des  artères  le  prolongent  à  l'E.  et  à  PO. 

Quartier  Est.  —  La  plaza  de  los  Reyes,  ou  de  Alfonso  XII, 
y  fait  suite  à  l'E.  Elle  est  entourée  :  de  l'important  hôpital  mili- 
taire pourvu  d'un  parc  sanitaire,  de  Véglise  de  San  Francisco, 
qui  garda  un  temps  les  restes  du  roi  Don  Sebastien;  de  la 
maison  des  Dragons,  présentement  occupée  par  la  Société  des 
Travaux  du  Port;  du  bureau  des  télégraphes  et  de  la  Sous- 
Intendance  militaire. 

Plus  loin,  c'est  la  rue  Soberania  nacional,  dont  les  premières 
'  maisons,  assez  modestes,  sont  suivies  d^'difîces  plus  riches  et 
pour  la  plupart  construits  en  1907-1908.  On  y  voit  la  maison 
d'O'Donnell  (n°  37)  qui  dirigea  l'expédition  de  1860,  Véglise 
paroissiale  de  N.-S''  de  los  Remedios  qui  remonte  à  1716,  V hôpital 
Jésus-Marie  qui  servit  d'habitation  aux  Franciscains. 

Au  delà,  sur  la  plaza  de  Torrijos,  s'élève,  à  dr.,  la  Maestranza 
de  Yngenieros,  occupée  par  le  corps  des  ingénieurs.  La  voie  se 
prolonge  par  la  rue  Don  Juan  I  de  Portugal,  qui  rappelle  le  nom 


CEUTA. 


[42]  -  309 


du  conquérant  de  Geuta;  les  maisons  sont  de  modeste  aspect. 
La  rue  monte  ensuite  en  lacets  dans  le  cuartel  de  la  Reina, 
dominé  par  de  hautes  casernes,  des  fortifications  anciennes  et 
par  le  mont  Acho,  qui  forme  la  presqu'île  de  Geuta.  Du  haut  de 
ce  quartier  la  *vue  sur  la  baie  de  Geuta  est  très  belle. 

On  peut  continuer  la  promenade  en  faisant  l'ascension  du 
mont  Acho  par  le  chemin  carrossable  qui  se  développe  en  cor- 
niche du  côté  E.,  monte  entre  la  koubba  de  Sidi  Bel  Abbad  et  le 
foîH  établi  sur  des  rochers  abrupts,  puis  atteint  le  phare.  On 
redescend  par  le  côté  0.  de  la  montagne,  au  flanc  de  laquelle 
se  trouvent  étagés  le  cimetière  espagnol  et  le  cimetière  juif,  en 
face  de  récifs  autrefois  reliés  à  la  terre  par  un  pont  dont  on 
voit  encore  les  culées.  Le  chemin  reprend  en  corniche,  bordé 
d'un  parapet  du  coté  de  la  mer,  puis  longe  un  jardin  ombragé 
d'eucalyptus  et  des  bâtiments  militaires.  La  rentrée  en  ville  se 
fait  à  hauteur  de  la  jetée  E.  du  port,  en  construction  depuis  une 
trentaine  d'années,  mais  non  encore  complètement  achevé. 

Quartier  Ouest.  —  Le  boulevard  qui  longe  la  mer  et  fait 
suite  au  boulevard  Gomez  Pulido  à  TO.  passe  à  proximité  de  la 
place  de  la  Gonstitution,  également  appelée  place  d'Afrique. 

Gette  place,  aménagée  sur  l'emplacement  d'un  marché  de  la 
medina  ancienne,  était  autrefois  entourée  d'un  palais,  d'une 
médersa,  d'une  grande  mosquée,  de  divers  ateliers  de  l'époque 
arabe,  au  voisinage  d'une  porte  de  la  ville.  Ges  constructions 
ont  disparu  à  partir  du  xvni^  s. 

La  place  de  la  Constitution  est  aujourd'hui  ornée  d*un 
jardin  circulaire  planté  d'essences  diverses  :  palmiers,  arau- 
carias, plantes  d'ornement,  etc.,  entourant  un  monument  corn- 
mémoratif,  de  13'  m.  50  de  haut  et  en  pierre  de  taille,  élevé  à  la 
mémoire  des  soldats  espagnols  morts  pendant  la  guerre  hispano- 
marocaine  de  1859-1860.  Il  porte,  à  sa  base,  des  bas-reliefs  en 
bronze  dont  quelques-uns  représentent  la  bataille  de  Gastillejos 
et  la  prise  de  Tétouan. 

Autour  de  la  place  s'élèvent  l'église  de  N.-D.  d'Afrique,  la 
cathédrale,  le  parc  d'artillerie  et  l'Ayuntamiento  ou  munici- 
palité. 

L'église  N.-D.  d'Afrique,  construite  de  1704  à  1726  sur 
l'emplacement  d'une  mosquée,  est  dédiée  à  la  Vierge  d'Afrique, 
patronne  de  Geuta,  à  qui  on  attribue  le  mérite  d'avoir  obtenu 
l'extinction  d'une  épidémie  qui  ravagea  la  ville  en  1651.  La 
crypte  renferme  les  restes  de  l'évêque  Martin  (1703)  et  d'illustres 
chefs  militaires  du  xvn^  s.  Le  trésor  contient  des  tableaux,  des 
bannières  historiques  et  un  livre  enluminé  en  langue  portugaise 
du  XVII®  s. 

La  cathédrale  tient  également  la  place  d'une  ancienne 
mosquée  arabe,  affectée  au  culte  catholique  par  bulle  d'Eu- 
gène IV  (1432).  Sa  forme  actuelle  remonte  à  1729.  La  porte 
principale,  dans  le  style  de  l'époque  et  en  marbre  noir,  est 
flanquée,  à  dr.  et  à  g.,  d'inscriptions  portant  les  dates  de  1686^ 
1726  et  1789.  Une  grande  croix  noire  orne  la  façade,  à  g.  L'inté- 


310  —  [43]       DE  CEUTA  A  TÉTOUAN. 


rieur  est  divisé  en  3  nefs;  les  murs  latéraux  sont  ornés  de  nom- 
breuses peintures  représentant  la  Nativité,  l'Annonciation, 
TAscension,  l'Adoration  des  Rois,  etc.  Le  sol  de  la  grande  nef 
porte  des  dalles  à  inscriptions  recouvrant  les  restes  d'évêques 
célèbres  de  Geuta. 

Le  parc  d'artillerie  renferme  des  pavillons  où  résident  les 
principales  autorités  militaires  locales.  Sur  la  façade  de  l'un 
d'eux  existe  un  cadran  solaire  construit  en  1794. 

Revenant  au  boulevard  Front-de-Mer,  et  après  avoir  laissé 
à  g.  des  écoles,  on  tourne  devant  des  tours  basses  faisant  partie 
d'un  système  de  fortifications  et  dont  l'une  est  ornée  d'un 
écusson  daté  (1727);  des  fossés  remplis  d'eau  les  entourent; 
une  jetée  s'enracine  en  face  et  s'avance  vers  le  large.  Au  delà 
on  franchit  les  portes  de  la  ville,  en  dehors  desquelles  s'étend 
le  Camp  extérieur. 

De  ce  point,  on  peut  continuer  la  promenade,  soit  :  1°  en 
longeant  la  mer  pour  passer  à  proximité  du  garage  automobile 
militaire,  des  casernements  de  cavalerie,  du  parc  à  fourrages 
et  d'ouvrages  fortifiés  et  atteindre  le  quai  d'embarquement  du 
port  établi  sur  la  grande  jetée  0.;  2°  en  bifurquant  à  g.  pour 
suivre  la  route  de  Tétouan  et  monter  jusqu'au  bain  maure.  Du 
plateau  voisjn,  occupé  par  quelques  cultures,  des  pavillons, 
des  villas  et  Vhôpital,  on  jouit  d'une  *vue  splendide  sur  Geuta. 
Lorsque  le  temps  est  clair,  on  aperçoit,  au  N.,  de  l'autre  côté 
du  détroit,  le  rocher  de  Gibraltar.  Un  chemin  carrossable  réunit 
les  deux  pointes  extrêmes  de  ces  deux  voies,  de  sorte  qu'on 
peut  les  comprendre  dans  un  seul  circuit. 

De  Ceuta  a  Melilla  et  a  Oran,  p.  316  et  3-20. 


43.  —  DE  CEUTA  A  TÉTOUAN 

Autocyclisme  :  40  k.  S.  —  Bonne  route;  serv.  d'autobus  quotidiens  :  dép. 
à  9  h.  ;  15  et  10  pes.  esp.  ;  trajet  on  '2  h.  30.  —  Le  trajet  peut  s'effectuer 
aussi  par  le  chemin  de  fer  inauguré  en  1918. 

On  suit  en  direction  0.  le  boulevard  Front-de-Mer  jusqu'aux 
fortifications,  puis,  tournant  à  g.,  on  monte  jusqu'au-dessus  du 
bain  maure  {V.  ci-dessus)  pour  rejoindre,  après  une  descente 
en  pente  rapide,  le  rivage  de  la  mer. 

4  k.  Pont  sous  la  ligne  de  ch.  de  fer  et  détour  pour  franchir 
Toued.  La  route  escalade  de  nouvelles  pentes  et  décrit  de  nom- 
breux lacets  dans  une  région  accidentée. 

9  k.  Agglomération  à  g.  avec  un  poste  de  garde  civile  espagnole, 
une  briqueterie,  les  ruines  dites  de  la  Casa  del  More  Valiente  et 
une  gare  de  ch.  de  fer  de  style  néo-marocain.  Terrain  brous- 
sailleux et  accidenté. 

11  k.  Camp  de  la  Riviera,  sur  une  hauteur  à  dr.,  occupé  par 
des  troupes  espagnoles. 


TÉTOUAN, 


[43]  311 


14  k.  Du  sommet  d'une  colline,  on  aperçoit  en  avant  une 
large  vallée  marquée  par  de  nombreux  marécages.  La  partie  la 
plus  basse  est  franchie  sur  un  pont  après  lequel  commence 
une  région  sableuse.  —  15  k.  Fort  espagnol. 

24  k.  La  route  court  entre  la  mer  et  une  lagune  qui  lui  est 
parallèle.  Au  fond,  à  dr.,  s'étagent  deux  chaînes  de  montagnes. 

25  k.  Gare  sur  la  bande  de  terre  plate  qui  borde  la  mer. 

28  k.  Rincon  de  Medic,  gare  de  ch.  de  fer  et  village  de  maraî- 
chers à  proximité  du  cap  Nègre,  ou  Ras  Tarf,  et  d'une  jolie 
plage.  —  La  route  s'écarte  désormais  de  la  mer,  franchit  un 
col  en  terrain  broussailleux,  au  delà  duquel  s'ouvre  une  plaine 
inculte. 

32  k.  Gare  en  face  d'un  village  indigène  et  d'un  camp,  puis 
bosquets  d'arbres  fruitiers  et  de  mûriers.  —  A  g.,  sur  le  bord 
de  la  mer,  apparaît  l'agglomération  blanchâtre  de  Martine 
(p.  315). 

38  k.  Vue  sur  Tétouan,  au  flanc  du  Djebel  Dersa,  en  face  du 
pittoresque  massif  des  Beni  Hozmar.  —  La  région  est  couverte 
de  jardins  et  de  vergers.  On  contourne  un  moment  les  murs  de 
la  ville  pour  entrer  par  Bab  Er  Remouz  (Luneta),  gravir  la 
grande  rue  et  atteindre  la  place  d'Espagne  (visite  de  la  douane 
à  l'arrivée). 

40  k.  TÉTOUAN  (en  ar.  :  Tsetiaoun;  ethn.  :  Tsettaouni),  \il\e  de 
19,250  hab.,  dont  12,000  musulmans,  4,250  Israélites,  3,000  euro- 
péens presque  tous  espagnols;  résidence  du  haut  Commissaire 
Résident  général  d'Espagne  au  Maroc  et  du  Khalifa  chérifien 
pour  la  zone  espagnole. 

La  ville  s'élève  sur  un  plateau  rocheux  qui  se  détache  du 
flanc  g.  du  Djebel  Dersa.  Dominée  au  N.  et  au  S.  par  de  hautes 
montagnes,  elle  est  bordée,  à  ses  pieds,  de  jardins  et  de  bois 
d'oliviers  abondamment  irrigués  qui  se  prolongent  jusqu'en  bas 
de  la  vallée.  Elle  est  entourée  d'épaisses  murailles  flanquées 
de  tours  carrées.  Sa  kasba  la  domine  auN.-O.  Vue  de  l'extérieur 
avec  ses  «  maisons  blanches,  ses  hautes  tours,  la  forme  pitto- 
resque de  ses  murs  et  de  ses  créneaux,  les  jardins,  les  futaies, 
les  sombres  montagnes  qui  se  profilent  à  l'horizon  »•,  Tétouan 
est  un  des  plus  beaux  tableaux  que  l'on  puisse  contempler. 

La  ville  renferme  17  mosquées  importantes  et  de  nombreuses 
koubbas.  Le  plan  de  la  medina  est  compliqué  et  inattendu. 
Chaque  rue  est  consacrée  à  une  industrie  distincte  :  ici  les 
armuriers,  là  les  brodeurs  et  les  tisserands,  ailleurs  les  tanneurs 
et  fabricants  de  babouches,  etc.  Un  quartier  spécial,  le  mellah, 
au  plan  curieusement  conçu,  abrite  la  population  juive.  La  vie 
européenne,  qui  s'était  concentrée  place  d'Espagne  et  rue  de  la 
Luneta,  déborde  vers  l'O.  où  un  quartier  espagnol  a  déjà  pris 
quelque  extension.  Deux  gares  établissent  les  relations  par 
voie  ferrée  de  Tétouan  à  Martine  et  à  Ceuta. 

Emploi  du  temps.  —  Une  journée  suffit  pour  parcourir  les  itinéraires, 
très    court!^  d'ailleurs,  détaillés  ci-après.  Les  touristes  plus  pressés 


312  —  [43]       DE  CEUTA  A  TÉTOUAN. 


pourront  visiter  Tétouan  en  3  h.;  ils  se  borneront  dès. lors  à  deux  cir- 
cuits :  l'*  place  d'Espagne,  Bab  El  Okla,  d'où  ils  gap^neront  directement 
la  Luneta  et  place  d'Espagne  sans  revenir  sur  leurs  pas;  2"  place 
d'Espagne,  Bab  El  Mkaber,  Souk  El  Fouki,  Bab  En  Nouader,  Bab  Et 
Tout,  nouveaux  quartiers  et  place  d'Espagne. 


Gares  :  —  du  chemin  de  fer  mili- 
taire à  voie  étroite,  reliant  la 
ville  à  Martine  ;  —  du  chemin  de 
fer  à  voie  large,  reliant  la  ville  à 
Ceuta. 

Hôtels  :  —  Alphonse  XIII,  nou- 
vellement ouvert  (confort  moderne); 
Suizo  (P.  San  Juan),  Luneta  (25  ch. 
de  6  à  12  pes.;  rep.  0  pes.  50, 
3  pes.,  3  pes.  50,  v.  n.  c.  ;  électr.  ; 
yue  splendide)  ;   Victoria^  Luneta. 

Cafés  :  —  place  d'Espagne,  Bab 
Er  Remouz  et  Alphonse  XIII. 

Bains  :  —  El  Patio  (J.  et  D.  Pin- 
to),  Kaïd  Ahmed. 

Banques  :  —  d'Etat  du  Maroc, 
Luneta,  81  ;  Isaac  et  David  Cohen 
et  C'«,  Mellah  ;  Hassan,  pl.  d'Es- 
pagne; Abraham  J.  Israël,  Luneta. 

Voitures  de  place  :  —  station  pl. 
d'Espagne;  —  de  la  gare  à  la  ville 
et  vice  versa,  0  pes.  75  la  pl.  ;  la 
course  en  ville.  1  pes.  50;  la  course 
à  la  kasba  et  au  camp,  2  pes.  ; 
l'heure,  2  pes.  50. 

Services  automobiles  :  —  station 


pl.  d'Espagne  :  —  de  Tétouan  à 
Ceuta,  serv.  d'autobus  quotidien  en 
2  h.  30,  dép.  à  9  ou  10  h.  selon  les 
jours  (s'informer),  15  et  10  pes.  la 
place. 

Librairie,  papeterie  et  cartes 
postales  :  —  magasins  r.  de  la 
Luneta. 

Journaux  :  —  El  Eco  de  Tétouan, 
en  espagnol;  El  Islah,  périodique 
arabe. 

Photographie  :  —  Ruiz,  Luneta,  52; 
Luna,  pl.  d'Espagne. 

Spectacles  :  —  TJiéâtre  Reine  Vic- 
toria, Luneta;  —  Cinéma,  Luneta. 

Spécialités  indigènes  :  —  djel- 
labas et  haïks  de  laine  et  de  soie: 
b?^oderies  de  soie  sur  étoffes;  coffres 
et  étagères  en  bois  peint  et  tourné  ; 
mosaïques  de  faïence  émaillée. 

Consulats  :  —  de  France,  à 
Textérieur  de  Bab  El  Okla  ;  d'^'s- 
pagne,  côte  de  la  Reine;  d'An- 
gleterre, seguia  El  Foukia;  de  Bel- 
gique, Luneta;  de  Hollande  et  de 
Portugal^  pl.  d'Espagne. 


Histoire.  —  La  Tamuda  numide  n'existait  déjà  plus  au  temps  de  Pline 
(i®""  s.).  Ce  fut  le  mérinide  Abou  Thabet  Amor  Ben  Abd  Allah  qui  jeta 
les  fondements  de  la  ville  arabe  (1310)  construite  après  la  kasba  (1286). 
Dans  l'esprit  de  son  fondateur,  la  cité  nouvelle  devait  servir  au  blocus 
de  Ceuta  où  s'étaient  réfugiés  des  rebelles  du  Rif.  Tétouan  fut  prospère 
jusqu'au  début  duxv^s.  Elle  eut  des  corsaires  qui  rivalisèrent  avec  ceux 
de  Bougie  et  des  Turcs  et  lui  attirèrent  de  terribles  représailles  :  une 
expédition  espagnole,  conduite  par  Henri  III,  détruisait  (1400)  de  fond 
en  comble  la  cité,  qui  resta  dépeuplée  et  ruinée  pendant  tout  un  siècle, 
car  il  en  transporta  tous  les  habitants  en  Espagne. 

La  ville  actuelle  a  été  reconstruite  en  149-2  par  les  réfugiés  Juifs  du 
Portugal,  les  Grenadins  expulsés  d'Espagne,  dont  des  familles  encore 
existantes  aujourd'hui,  ont  conservé  longtemps,  dit-on.  les  titres  de 
propriété  de  leurs  ancêtres,  les  clefs  de  leurs  maisons  de  Grenade,  ainsi 
qu'une  épée  du  roi  Boabdil.  Elle  redevint  alors  un  centre  actif  de  com- 
merce et  de  piraterie,  qui  perdit  de  son  importance  après  l'obstruction 
du  port,  opérée  par  Alvaro  de  Bazan  (1565).  Au  xvii«  s.,  la  ville  est 
gouvernée  par  la  famille  des  En  Neksis  qui  secouent  le  joug  des  chérifs. 
La  France  y  nomme  un  consul.  En  1720  les  missions  florissantes  espa- 
gnoles y  fondent  un  hospice.  A  la  suite  d'un  différend  entre  indigènes  et 
Espagnols,  ceux-ci  envoient  à  Tétouan  un  corps  de  débarquement  de 
50,000  hommes  commandé  par  O'Donnel  et  où  Prim  se  distingue  (1860). 
La  ville  est  occupée  pendant  deux  ans,  puis  évacuée  à  la  suite  du  ver- 
sement, par  le  sultan  Sidi  Mohammed,  d'une  indemnité  de  guerre  do 
20  millions  de  douros.  Les  Espagnols  y  reviennent  en  mars  1915  et  s'y 
établissent  solidement. 


TÉTOUAN. 


[43j  —  313 


Bibliographie  :  —  Description  de  l'étouan  ;  les  Industries  Indigènes  de 
Tétouan;  Guerre  hispano-marocaine  de  1860,  par  A.  Joly,  Archives 
marocaines,  tomes  II  à  XVIII. 

I.  Place  d'Espagne.  —  De  la  forme  d'un  rectangle  de  100  m. 
de  long  sur  80  de  large,  la  place  d'Espagne  (ancien  Feddane 
arabe)  modernisée  par  le  nivellement,  l'établissement  de  jar- 
dinets, de  kiosques  et  de  fontaines,  était  autrefois  le  siège  de 
marchés,  de  conteurs  et  de  charmeurs  de  serpents.  Elle  est 
devenue  le  rendez-vous  des  flâneurs,  qui  y  sont  surtout  nom- 
breux aux  heures  de  l'apéritif. 

La  place  est  limitée  :  au  N.  par  le  palais  de.  la  Résidence  géné- 
rale d'Espagne  au  Maroc,  derrière  lequel  s'élèvent  le  minaret 
de  la  mosquée  du  Pacha,  le  dôme  de  Véglise  catholique  et  les  murs 
d'une  ancienne  kasba;  —  à  l'angle  N.-E.  par  deux  portes  commu- 
niquant, l'une  avec  la  rue  des  Terrafine,  l'autre  avec  le  mellah 
ou  quartier  juif  ;  —  à  l'E.  par  des  maisons  européennes  s'adossant 
au  mellah;  —  au  S.  par  le  Casino  Espagnol  ou  cercle,  et  la  zaouîa 
de  Sidi  Ben  Aïssa,  entre  lesquels  s'ouvre  la  rue  conduisant  au 
quartier  de  la  ville  nouvelle;  —  à  l'O.  par  le  consulat  de  Hollande, 
la  petite  mosquée  de  Sidi  Abd  Allah  El  Hadj,  où  le  général  espa- 
gnol O'Donnel  fit  dire  la  messe  en  1860,  la  douane,  la  porte 
Djama  El  Pacha,  en  arrière  desquelles  apparaît  la  partie  supé: 
rieure  d'une  construction  ancienne  aux  lignes  harmonieuses  - 
le  mechouar  ou  habitation  du  Khalifa  du  sultan,  enserrée  dans 
une  enceinte  aux  murs  crénelés. 

II.  Le  Mellah. —  On  y  entre  par  la  porte  de  l'angle  N.-E.  de 
la  place  d'Espagne. 

Le  mellah  comporte  deux  artères  parallèles  et  rectilignes 
recoupées  par  d'autres  rues  perpendiculaires  plus  étroites  et 
souvent  voûtées.  Ce  quartier,  d'une  grande  propreté,  a  beau- 
coup de  couleur  locale.  Non  loin  de  l'entrée,  se  trouve,  à  g., 
un  fondouk  aux  lignes  simples  et  harmonieuses  et  une  fontaine 
édifiée  en  1908  pour  le  service  public  grâce  à  la  donation  d'un 
particulier  Israélite.  A  l'intérieur,  nombreuses  synagogues  (visite 
permise  sur  simple  demande  aux  gens  du  quartier),  et,  au  fond, 
école  de  l'Alliance  Israélite,  très  florissante. 

IIL  Bab  El  Okla  (oOO  m.  env.  S.-E.).—  On  entre  par  Bab  Er 
Rouah  et  la  rue  des  Terrafine  bordée  de  boutiques  de  marchands 
de  tissus  et  qui  se  prolonge,  à  dr.,  par  Seguia  Foukia,  rue  en 
pente  où  se  trouve  le  consulat  anglais.  On  continue  par  le  Mesda, 
carrefour  bruyant  et  animé  où  se  croisent  plusieurs  voies,  la 
rue  Sidi  Ali  El  Ysfi,  les  voûtes  de  Dar  Rkina,  la  mosquée  Mamora, 
au  bas  de  laquelle  s'élève  une  fontaine  monumentale  faisant 
face  à  Bah  El  Okla,  porte  de  l'enceinte  S.-E.  surveillée  par  un 
corps  de  garde. 

Le  consulat  français  est  installé  à  500  m.  plus  bas,  dans  les 
jardins,  sur  la  route  qui  conduit  à  la  gare  du  petit  chemin  de 
fer  de  Tétouan  à  Martine  (p.  315). 

Après  Seguia  Foukia,  on  peut  rejoindre  Bab  El  Okla  :  1°  par 


314  —  [43]       DE  CE  UT  A  A  TÉTOUAN. 


Derb  Safar  et  Zenka  El  Djenoui.  Cette  dernière  rue,  déserte, 
étroite,  enserrée  entre  de  hauts  murs,  souvent  voûtée,  a  beau- 
coup de  caractère;  —  2°  par  Derb  Hammam  Dahmali,  étroite, 
sombre,  très  en  pente.  C'est  sur  ce  dernier  trajet  que  se  trouve 
la  "^mosquée  Sidi  Es  Saïdi,  dédiée  au  patron  de  la  ville.  Cet 
édifice  s'élève  à  l'angle  de  deux  rues;  son  minaret,  de  propor- 
tions harmonieuses,  a  ses  parois  revêtues  d'un  décor  de  mosaï- 
ques à  entrelacs  curvilignes;  le  lanterneau  est  orné  suivant  les 
mêmes  principes;  des  coupoles  blanches  se  découpent  sur  le 
ciel,  au-dessus  des  terrasses.  Deux  petites  fontaines  amènent 
l'eau  au  pied  du  monument. 

De  Bab  El  Okla,  on  peut  rejoindre  Bab  Er  Remouz  (Luneta)  :  par 
la  route  qui  longe  les  murs  extérieurs  ;  2**  par  de  petites  rues  intérieures 
qui  passent  devant  la  Skala,  ancien  fort  aujourd'hui  affecté  à  une 
caserne  de  gendarmerie,  le  sanctuaire  de  Lalla  Fridja,  très  visité,  et 

y  hôtel  Sulzo. 

IV.  Bab  El  Mkaber  (GOO  m.  env.  E.).  —  On  entre,  par  Bab 
Er  Rouah,  dans  la  rue  des  Terrafine.  La  première  rue  à  g.  dite 
des  Kzadriine,  «  ferblantiers  »,  donne  accès  à  une  petite  place 
où  se  tient  le  marché  du  poisson  et  de  la  viande.  Plus  loin,  c'est 
Ghersa  El  Kbira,  marché  aux  légumes  le  matin,  aux  hardes  et 
aux  antiquités  le  soir.  A  dr.,  El  Ousa,  j)lace  couverte  de  vigne, 
est  bordée  du  sanctuaire  de  Sidi  Bel  Abbas  Es  Sebti  et  d'une  fon- 
taine; c'est  le  lieu  de  rendez-vous  des  notables  de  la  ville.  Tout 
près  s'ouvre  le  passage  voûté  des  Mtamer.  Rue  El  Kherrazine  tra- 
vaillent les  dévideurs  de  soie,  les  babouchiers,  les  menuisiers  et 
peintres  s.ur  bois,  les  tanneurs.  On  atteint  ensuite  le  pittoresque 
sanctuaire  de  Sidi  Baraka,  au  pied  du  quartier  du  Tala,  puis  la 
zaouïa  des  Derkaoua  et  Bab  El  Mkaber,  «  porte  des  cimetières  ». 

Par  la  rue  du  Tala,  on  peut  monter  jusqu'à  la  kasha,  forteresse  arabe 
doublée  d'une  batterie  espagnole,  d'où  l'on  jouit  d'une  très  belle  ♦vue  sur 
la  ville  et  les  environs. 

En  dehors  de  l'enceinte,  le  chemin  traverse  le  cimetière 
musulman  (entrée  interdite),  parsemé  de  tombes  et  de  koubbas. 
Plus  loin,  sur  les  pentes,  apparaît  le  cimetière  juif,  tout  blanc, 
que  surplombe  un  fort  espagnol.  Plus  loin  encore,  à  dr.,  s'étend 
la  vallée  de  l'oued  Martine,  au  pied  de  la  belle  chaîne  des 
Beni  Hozmar. 

De  Bab  El  Mkaber,  on  peut  rejoindre  directement  Bab  En  Nouader 
par  une  artère  très  fréquentée  qui  longe  le  sanctuaire  de  Sidi  Baraka, 
passe  au  souk  El  Fouki,  formé  par  une  succession  d'échoppes  d'épiciers. 
rue  En  Niarine,  voûtée  par  endroits,  où  l'on  remarque  la  mosquée  de 
Sidi  Ben  Messaoud  (à  g.  de  l'entrée,  très  ancien  auvent  sculpté,  à  sta- 
lactites), la  mosquée  El  Aouîn,  une  jolie  petite  fontaine,  le  sanctuaire 
de  Sidi  Ahmed  En  Naji,  dont  la  porte  est  garnie  d'ex-votos,  et  dont  les 
pilastres  sont  revêtus  de  zcllijs  tétouanajs  aux  tons  harmonieusement 
fondus. 

V.  Bab  En  Nouader  (300  m.  env.}.  —  Sortie  de  la  place 
d'Espagne  par  la  large  rue  qui  s'ouvre  au  S.  et  longe  le  nou- 


TÉTOUAN. 


[43]  —  315 


veau  marché,  immense  bâtisse  de  style  néo-marocciin,  construit 
en  1917.  Laisser  à  g.  le  quartier  des  maisons  européennes  et 
gagner,  par  l'emplacement  de  l'enceinte  démolie,  Bah  Et  Tout, 
«  porte  des  mûriers  >>,  précédée  d'une  fontaine  monumentale 
dont  le  bassin  est  décoré  d'ornements  primitifs,  très  anciens, 
et  qu'avoisine  la  mosquée  de  Mouley  Mohammed.  En  longeant 
l'enceinte  à  l'extérieur,  que  borde  une  caserne  de  cavalerie,  on 
atteint  Bah  En  Neuader,  «  porte  des  meules  »,  ainsi  appelée 
parce  qu'on  y  réunissait  autrefois  les  céréales  avant  de  les 
battre. 

De  Bab  En  Nouader  à  Bab  El  Mkaber  (  7.  ci-dossiis,  IV). 

VI.  Bab  Er  Remouz.  —  La  rue  qui  y  conduit  sort  de  l'angle 
S.-E.  de  la  place  d'Espagne.  Elle  est  entièrement  bordée  de 
maisons  modernes  :  magasins,  cafés,  cinémas  espagnols,  etc. 
C'est  l'artère  commerciale  par  excellence  de  Tétouan.  Elle  a 
perdu  tout  son  caractère  marocain.  C'est  par  elle  que  voitures 
et  autos  arrivent  de  l'extérieur.  Très  en  pente  vers  la  fin  de 
son  parcours,  elle  décrit  une  courbe  pour  passer  devant  l'hùtel 
Suizo  et  atteindre  Bab  Er  Remouz,  appelée  aussi  Lunela  par 
les  Espagnols.  Du  seuil  intérieur  de  cette  porte,  *vue  magnifique 
sur  (100  m.  plus  bas)  la  gare  du  chemin  de  fer  de  Ceuta  à 
Tétouan,  de  style  mauresque;  sur  la  vallée  de  l'oued  Martine, 
tapissée  de  vergers  et  piquée  de  villas  blanches;  sur  les  monts 
des  Beni  Hozmar,  dont  les  habitants  sont  encore  insoumis. 

De  Bab  Er  Remouz  à  Bab  El  Okla,  V.  ci-dessus,  III. 

VII.  La  Ville  Nouvelle.  —  Le  nouveau  quartier  européen 
est  à  proximité  et  à  l'O.  de  la  place  d'Espagne.  Composé  de 
maisons  modernes  à  plusieurs  étages  et  de  casernements  groupés 
autour  de  l'emplacement  du  marché  arabe,  il  occupe  une  ter- 
rasse d'où  l'on  a  une  belle  vue  sur  la  haute  vallée  de  l'oued 
Martine  et  jusque  sur  le  camp  de  Raisouli,  dissident  fameux  de 
la  zone  espagnole. 

Environs-  —  Tétouan  est  au  centre  d'une  région  extrêmement  pitto- 
resque. Les  monts  des  Beni  Ilozmar  en  particulier  offriront  de  très  beaux 
buts  d'excursions,  mais  la  situation  politique  des  tribus  avoisinantes, 
encore  rebelles,  ne  permet  pas  de  sortir  de  la  ville  à  l'heure  présente. 
Nous  signalons  ci-dessous  la  promenade  de  Martine,  à  laquelle  nous 
joignons  les  itinéraires  de  Tanger  et  de  Chechaouene,  très  recommandés 
dès  qu'ils  seront  devenus  possibles.' 

i°  Martine  (6  k.  N.-E.  :  petit  ch.  de  fer  à  voie  étroite;  trajet  en 
20  m.).  —  La  ligne  descend  sur  la  rive  g.  de  l'oued  Martine,  dans  une 
région  très  fertile.  —  Martine  (Fondas  :  Vaquerizo,  Bodriguez  ;  Mar- 
tinez),  bourg  de  6,000  hab.,  sur  la  mer  Méditerranée,  et  port  constitué 
par  l'embouchure  de  l'oued  Martine  qui  finit  en  nappe  tranquille  de  2  k. 
de  long  sur  200  m.  de  large  entre  des  rives  unies,  basses  et  dépourvues 
de  végétation.  L'abri  est  suffisant  pour  les  balançelles  espagnoles  et  les 
petits  bâtiments,  quoique  la  barre,  dangereuse  par  les  vents  d'E.,  soit 
peu  commode  à  traverser  par  marée  basse.  Uéglise,  dédiée  à  l'Imma- 
culée Conception,  a  été  édifiée  en  1915.  La  mosquée  est  également  de 
construction  récente. 


316  —  [44] 


DE  CE  UT  A  y{  MELÎLLA. 


2°  Chechaouene  (50  k.  env.  S.;  piste  muletière;  guide  et  autorisa- 
tion nécessaires).  —  L'itinéraire  se  développe  au  travers  d'une  réprion 
accidentée  et  bien  arrosée.  La  piste  remonte  quelque  temps  l'oued  Mar- 
tine puis  l'un  de  ses  affluents,  l'oued  Marcha,  qu'il  quitte  à  Bou  Allai  et 
Zinats  pour  gravir  les  monts  des  Beni  ffassane,  occupés  par  la  tribu  de 
même  nom,  de  race  et  de  langue  tamazirt,  d'origine  Ghomara.  A  partir 
de  Sidi  Mohammed  El  lladj,  elle  descend  dans  la  vallée  de  l'oued  Lahou, 
qu'elle  traverse  pour  atteindre  Chechaouene. 

Chechaouene  (en  ar.  :  Echchaoun;  ethn.  :  chaouni),  ville  ouverte  du 
Rif,  de  3  à  4,000  hab.,  musulmans  (dont  de  nombreux  chérifs)  de  la  tribu 
des  Akhmas  et  quelques  juifs  seulement.  Les  maisons,  couvertes  de 
tuiles,  le  vieux  donjon  moyen  âgeux,  les  jardins  luxuriants  donnent  à 
ce  coin  du  Maroc  un  aspect  tout  méridional.  Marché  le  dimanche. 

Fondé  vers  1471  par  un  chérif  de  la  famille  des  Beni  Rached,  sur  les 
bords  de  l'oued  de  même  nom,  Chechaouene  devait  arrêter  les  incursions 
de  la  garnison  de  Ceuta.  Le  chérif  n'ayant  pu  achever  son  oeuvre,  celle- 
ci  fut  poursuivie  par  l'émir  Abou  El  Hassane  Ali,  dont  les  descendants 
furent  maîtres  du  pays  jusqu'au  jour  où  la  dynastie  saadienne  s'en 
empara. 

3°  Tanger  (60  k.  env.  O.  ;  piste  muletière,  10  h.  ;  guide  et  autorisa- 
tion nécessaires.  On  peut,  à  la  rigueur,  coucher  dans  un  caravansérail 
au  tiers  du  chemin,  mais  c'est  peu  à  conseiller).  —  On  traverse  V Andjera^ 
pays  accidenté  et  pittoresque,  qui  permet  de  se  rendre  compte  de  ce 
qu'est  le  Maroc  méditerranéen.  Des  hauteurs  qu'on  franchit  entre  Tétouan 
et  le  caravansérail,  belle  vue  au  S.  sur  le  massif  des  Beni  Hassane.  Le 
pays  est  ensuite  sauvage  et  se  couvre  de  brousse;  à  la  fin  du  trajet,  on 
chemine  dans  des  champs  de  céréales.  Pour  Tanger,  p.  289. 


44.  -  DE  CEUTA  A  MELILLA 

250  k.  env.  E.  —  Vapores  Correos  de  Africa;  dép.  tous  les  jeudis  à 
18  h.;  40  et  30  pes. 

Au  départ  de  Geuta,  le  paquebot  double  le  cap  du  mont  Acho 
(p.  309),  puis  fait  voile  vers  le  S.  Les  pentes  de  la  côte  sont 
couvertes  de  verdure.  Après  le  cap  Nègre  {Ras  Tarf;  p.  3H),  on 
atteint  l'embouchure  de  l'oued  Martine. 

Rio  Martine  (p.  315).  —  La  ville  de  Tétouan  (p.  311)  s'aperçoit 
à  10  k.  à  l'intérieur  des  terres,  sur  le  flanc  du  Djebel  Dersa. 

On  se  dirige  ensuite  vers  l'E.  laissant  à  dr.  le  cap  Mazari. 
La  côte  est  bordée  par  les  monts  des  Beni  //assan<?  jusqu'à  l'oued 
Lahou,  puis  par  les  contreforts  ravinés  des  Senhadja  se  termi- 
nant sur  la  mer  en  falaises  verticales  ne  ménagent  aucun  abri. 

Penon  de  Vêlez  de  la  Gomera,  c'est-à-dire  des  Ghomara 
(café  Galvez),  ilot  rocheux  à  85  m.  de  la  côte,  de  300  m.  de  long 
sur  100  m.  de  large,  peuplé  de  450  hab.  dont  beaucoup  de 
pêcheurs,  sous  la  dépendance  administrative  de  Malaga,  et 
sous  la  dépendance  militaire  de  Melilla. 

Histoire.  —  La  forteresse  du  Peïïon  de  Vêlez,  ])rise  par  Pedro  do 
Navarro  en  1508,  fut  reprise  aux  Espagnols  par  les  habitants  do  Badis 
en  1522,  puis  occupée  par  les  Turcs  en  1554,  date  à  partir  de  laquelle  la 
piraterie  augmenta  sur  les  côtes  espagnoles,  notamment  avec  le  corsaire 


PENON  DE  VELEZ.  —  MELILLA.    [44]  —  317 


Yahia  Raïs  (1558-1562).  Celui-ci  captura  un  ^rand  nombre  de  navires, 
saccagea  les  villes  du  littoral  espagnol  et  s'empara  de  plus  de  4,000  chré- 
tiens. Une  expédition  espagnole  tentée  en  1564  pour  la  reprise  du  Penon 
fut  sans  résultat. 

La  côte  s'incurve  légèrement  vers  le  N.  Après  le  cap  Maure, 
s'ouvre  la  baie  (TAlhucemas,  au  fond  de  laquelle  se  trouvent  les 
îles  de  ce  nom. 

Le?  îles  d'Alhucemas  (corruption  de  l'arabe  El  Houzama) 
sont  au  nombre  de  trois.  Sur  la  plus  grande,  distante  de  la 
côte  de  1,300  m.,  haute  de  250  m.,  longue  de  170  et  large  de 
75,  est  bâti  le  petit  village  de  Hadjrat  En  Nokoiir  (rest.  modeste), 
peuplé  de  450  h.  y  compris  la  garnison  d'infanterie  et  d'artil- 
lerie. L'un  des  deux  îlots  voisins  sert  de  cimetière. 

^Histoire.  —  Nokour  est  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  lîH  Houzama 
(on  dit  encore  JEl  Mezemma)^  où  se  réfugièrent  les  derniers  princes  des- 
cendants d'Idris;  elle  fut  la  capitale  de  l'émir  idrisside  Kennoun,  qui 
régna  un  temps  sur  tout  le  Maghreb,  à  l'exception  de  la  ville  de  Fès. 
Il  mourut  au  s.  La  ville  était  une  cité  florissante  au  temps  d'El  Bekri. 
—  Le  petit  archipel  faillit  devenir  français  en  1665,  au  moment  où  une 
compagnie  se  forma  pour  établir  un  comptoir,  mais  dont  le  programme 
ne  se  réalisa  pas.  En  1673,  il  entra  en  possession  de  l'Espagne  à  la 
suite  d'une  opération  dirigée  par  le  prince  de  Montesacro. 

De  Hadjrat  En  Nokour  a  El  Arba  de  Tissa  et  a  Taza,  p.  234  et  243. 

On  double  ensuite  le  cap  Quilatès,  qui  ferme  à  l'E.  la  baie 
d'Alhucemas,  et  l'on  s'éloigne  quelque  peu  de  la  côte  inhospi- 
talière du  Rif,  dont  on  aperçoit  les  monotones  côtes  schisteuses, 
couvertes  d'une  végétation  assez  maigre.  On  double  encore  le 
cap  des  T rois-Fourches  (en  esp.  :  Très  Forças;  en  ar.  :  Ras  el  Ouerk) 
qui  forme  l'extrémité  N.  de  la  presqu'île  des  Guelaïa,  dont  la 
saillie  très  prononcée  oblige  les  navires  à  faire  route  au  N., 
puis  à  mettre  brusquement  le  cap  vers  le  S. 

MELILLA,  port  franc  depuis  1887,  ville  de  36,000  hab.  civils, 
est  située  sur  le  versant  E.  d'une  péninsule  élevée  qui  s'avance 
eii  mer  de  plus  de  40  k.  Gh.-l.  d'un  commandement  général  espa- 
gnol et  siège  d'une  importante  garnison  d'env.  20,000  hommes, 
Melilla  fut,  avec  Geuta,  le  plus  important  des  postes  ou  presidios 
que  détint  l'Espagne  sur  la  côte  N.  du  Maroc. 

L'aménagement  du  port  de  Melilla,  commencé  en  1912  et 
terminé  en  1914,  sa  qualité  de  port  franc  et  l'exploitation  des 
mines  du  Rif,  ont  valu  un  développement  rapide  à  la  ville, 
aujourd'hui  d'aspect  uniquement  européen  et  moderne,  qui  ne 
comptait  en  1909  que  10,000  hab.  Au  cours  de  ces  dernières 
années  Melilla  est  devenu  en  outre  un  point  d'embarquement 
et  de  débarquement  assez  fréquenté  pour  les  voyageurs  se  ren- 
dant du  Maroc  Oriental  en  Espagne  et  vice  versa. 


Embarquement  et  débarquement  : 

—  du  môle  aux  bateaux  en  rade,  et 
vice-versa,  0  pes.  50  la  place  ;  gros 
colis  0  pes.  50;  prix  moitié  plus 
élevés  après  19  h.  ;  prix  doublés 


en  cas  de  mauvais  temps;  prix  à 
débattre  quand  le  temps  est  très 
mauvais. 

Hôtels  :  —  Victoria  (Guitard  et 
Cie),  r.  Général-Pareja,  9;  Marina^ 


318  —  [44] 


DE  CEUTA  A  MELILLA. 


r.  Arturo-Royes,  18;  Espana,  r. 
Caacel,  12;  Rtiz,  r.  Grand-Capitan, 

1  ;  La  Bosa,  r.  Alphonse-XIll,  31; 
La  Perla,  4,  r.  Cervantes;  Santia- 
go, r.  Carralejas,  7;  Colon  (Emile 
Malet),  r.  Général-Margayo  ;  lieina 
Cristina,  r.  Gervantès,  2. 

Banques  :  —  d'Espagne,  r.  Carra- 
lejas, 14;  de  Carthagène,r.  Général- 
Marina,  5;  Samuel  Salama,  r.  Al- 
plionse-XllI. 

Voitures  publiques  :  —  zone, 
0  pas.  50  la  course;  de  la  à  la 
!2«  zone,  l  pes.  la  course  pour  1  ot 

2  places,  avec  un  supplément  de 
0  pes.  25  par  place  pour  plus  de 
deux  places  ;  2  pes.  l'heure  ;  de  mi- 
nuit à  6  h.  3  pes.  l'heure;  l'heure 
pendant    les    tètes    du  Carnaval 

3  pes. 


Garage  et  location  d'automobiles  : 

—  Astigarraga. 

Bains  :  —  de  mer  :  Apolo  et  José 
Manzarello  ;  ordinaires  :  Julian  Ar- 
gos. 

Cartes  postales  ;  —  Jiménès 
Marassi. 

Journaux  :  —  El  Telegrama  del 
Rif;  La  Gaceta  de  Melilla;  El  He- 
raldo  de  Melilla-,  El  Cronista;  Pro 
Patria. 

Théâtres  :  —  Reina  Victoria,  r. 
Alphonse-XII  ;  Alphonse  XIII,  r. 
Carralejas;  Alcantara,  quartier  de 
la  Piaza;  Général  Villalba,  quar- 
tier del  Real. 

Cinémas  :  —  Salon  Knrsaal,  r. 
Joaquin  Costa  ;  Salon  Impéinal,  r. 
Prim;  Parc  des  Attractions,  place 


d'Espagne. 

Histoire.  —  Sur  l'emplacement  actuel  de  Melilla,  les  Phéniciens  avaient 
fondé  leur  comptoir  de  liusaddir,  qui  passa  ensuite  au  pouvoir  des  Car- 
thaginois, puis  des  Romains.  Une  ville  berbère  fondée,  dit-on,  par  les 
Hls  d'El  Bouri  Ibn  Abi  P^l  Alla  1^1  Meknassi,  et  qu'El  Bekri  mentionne 
au  xe  s.,  en  était  l'héritière  au  moyen  âge.  La  place  fut  enlevée  en  927 
par  Abd  Er  Rahmane  En  Nasseur,  souverain  omniade  d'Andalousie,  qui 
bâtit  les  murailles  de  la  ville.  Conquise  en  14'.)6  par  Pierre  Estopihan, 
officier  attaché  à  la  maison  du  duc  de  Medina-Sidonia,  elle  fut  remise 
par  ce  dernier  à  la  couronne  d'Espagne  (1506).  Ello  n'a  cessé  depuis 
d'appartenir  aux  Espagnols,  sans  que  ceux-ci,  jusqu'au  début  du  xx®  s., 
aient  jamais  sérieusement  tenté  de  se  donner  de  l'air  et  d'en  faire  la 
base  d'une  occupation  territoriale  quelque  peu  étendue.  Son  histoire, 
durant  quatre  siècles,  ne  fut  qu'une  suite  de  sièges  et  de  blocus, 
en  1525  par  les  Rilâins,  en  1687  par  les  Maures,  en  1774  par  Sidi 
Mohammed  Ben  Abd  Allah  avec  80,000  hommes,  et  en  1893  par  les 
troupes  de  Moulay  El  llassane  ;  ce  dernier  siège,  qui  donna  lieu  à  des 
combats  très  meurtriers,  fut  occasionné  par  la  construction  d'un  fort 
près  du  marabout  do  Sidi  Ouriache,  il  nécessita  le  concours  d'une 
armée  de  25,000  hommes  commandée  par  le  maréchal  Martinez  Campos. 

La  situation  est  maintenant  changée.  Les  indigènes  ayant  massacré, 
en  juillet  1909,  le  personnel  européen  d'exploitations  minières  non  loin 
de  Melilla,  la  garnison  de  la  place  intervint,  et,  du  18  au  27  juillet, 
eut  avec  les  agresseurs  des  engagements  très  vifs.  Résolu  à  une 
action  énergi{[ue,  le  gouvernement  espagnol  réunit  à  Melilla  plus  de 
50,000  hommes,  sous  les  ordres  du  général  Marina.  En  septembre, 
celui-ci  prit  l'offensive  et  occupa  d'une  part  Solouane,  au  S.  du  massif 
montagneux  auquel  est  adossé  Melilla,  d'autre  part  le  pays  dos  Beni 
Sicar,  au  N.  Les  opérations  furent  complétées  en  novembre  par  l'occu- 
pation des  cols  d'Atlaten,  d'où  l'on  domine  le  cccur  môme  du  massif. 
Comme  conséquence,  les  diverses  fractions  de  la  tribu  des  Guelaïa, 
dont  la  péninsule  est  le  domaine,  firent  leur  soumission.  Le  poste  do 
Cabo  del  Agua  ayant  obtenu  do  son  côté  la  soumission  de  la  tribu  des 
Kebdana,  dont  les  terres  sont  situées  à  l'E.  do  celles  des  Guelaïa,  les 
Espagnols  se  trouvent  maîtres  de  la  région  littorale  qui  s'étend  de  la 
Moulouya  à  l'E.  jusqu'à  l'oued  Kert  à  l'O.,  sur  100  k.  environ. 

Melilla  comprend  deux  agglomérations  bien  distinctes  :  1°  la 
vieille  ville,  campée  sur  un  rocher  de  30  m.  d'alt.  et  défendue 


MELILLA. 


[44]  —  319 


par  des  murailles,  dont  certaines  parties  datent  du  xvi*  s.,  pré- 
sentant une  masse  de  fortifications  entassées  les  unes  sur  les 
autres;  là  se  trouvent  une  église  et  un  théâtre;  —  2°  une  ville 
nouvelle,  composée  de  maisons  à  plusieurs  étages,  percée  de 
larges  voies  et  pourvue  de  plantations  d'arbres,  qui  s'est  créée  à 
rO.  et  au  S.  Le  tout  est  couvert  par  une  ceinture  de  9  k.  de 
forts,  fortins,  batteries  et  blockaus  construits  sur  un  plateau 
de  120  m.  d'alt.  env.  au-dessus  de  la  mer.  Une  bonne  route, 
qu'on  peut  suivre,  relie  entre  eux  ces  ouvrages. 

Le  port,  terminé  en  1914,  est  devenu  insuffisant  pour  les 
besoins  du  commerce  qui  est  passé  de  11  millions  en  1903,  à 
49  millions  en  1913  et  s'est  encore  accru  depuis.  En  1915,  il  a 
exporté  88,000  tonnes  de  minerais  du  Rif,  dont  4,000  tonnes  de 
galène  et  7,000  tonnes  de  calamine.  En  1016,  le  chiflre  de 
200,000  tonnes  de  minerais  a  été  atteint,  dont  la  plupart  en 
hématite,  et  l'exploitation  a  encore  été  intensifiée  en  1917.  Le 
minerai  de  plomb  des  galènes  de  la  G"  Norte  Africano  contient 
une  moyenne  de  75  0/0  de  métal;  les  hématites  renferment  50 
à  56  0/0  de  fer,  3  à  10  0/0  de  silice,  et  0,01  à  0,25  0/0  de  phos- 
phore. 

Environs.  —  Dans  le  pays  compris  entre  la  Moulouya  et  l'oued  Kert, 
la  pacification  et  le  développement  économique  ont  fait  de  grands 
progrès.  L'arrière-pays  de  Melilla  peut  donc  être  parcouru  en  toute 
sécurité.  Par  beau  temps,  on  peut  même  gagner  le  Maroc  oriental. 

l'*  San  Juan  de  las  Minas  (16  k.  S.  ;  ch.  de  fer,  3  trains  quotidiens  en 
l  h.  15;  2  pes,  40  et  1  pes.  20).  —  1  k.  5.  Hippodrome.  —  4  k.  Empalme. 

10  k.  Nador  (auberges),  bourg  de  2  740  hab.,  espagnols  et  musulmans, 
sur  la  rive  occidentale  de  la  Mar  Chica,  au  voisinage  de  vergers  et 
jardins,  à  proximité  de  mines  de  fer  et  de  plomb.  —  14  k.  Segangan. 

16  k.  San  Juan  de  las  Minas,  agglomération  minière  de  la  province 
des  Guelaïa  (Rif  Oriental)  créée  en  1909  par  la  espagnole  des  Mines 
du  Rif,  qui  exploite  d'importants  gisements  de  fer  à  ciel  ouvert. 

2°  Kasba  de  Selouane  (24  k.  S.;  ch.  de  fer  en  1  h.  40;  3  pes.  60  et 
1  pes.  80).  —  De  Melillâ  à  (10  k.)  Nador  {V.  ci-dessus). 

24  k.  Kasba  Selouane  (auberges),  située  dans  la  plaine  du  Bou 
Erg.  La  kasba,  formée  d'une  enceinte  percée  de  créneaux  et  de  meur- 
trières, et  flanquée  de  tours  carrées,  fut  construite,  dit-on.  sur  l'empla- 
cement d'une  ancienne  cité  espagnole,  par  Moulay  Ismaïi  et  réparée 
par  Sidi  Mohammed  Ben  xibd  Allah  (1771)  lors  du  transfert  de  la  gar- 
nison espagnole  de  Melilla  à  Tanger,  sous  le  règne  de  Carlos  III. 
Sidi  Mohammed  Ben  Abd  Er  Rahmane  en  releva  les  ruines  en  1859,  pen- 
dant la  guerre  contre  l'Espagne.  Moulay  El  Hassane  y  réinstalla  une 
garnison  (1880)  de  500  hommes  que  Moulay  Abd  VA  Aziz  renforça  et 
porta  à  1,500  hommes  au  moment  de  l'expédition  contre  les  Bekkouïa. 
De  1905  à  1908,  elle  appartint  au  Roghi  et,  en  septembre  1909,  elle  fut 
occupée  par  les  troupes  espagnoles. 

De  Selouane  à  Berkanè  et  Oudjda,  p.  261  et  259. 

De  Melilla  a  Berkane,  p.  261  ;  —  a  Or  an,  p.  320. 


3-20  —  [44]        DE  CEUTA  A  MELILLA. 


De  Melilla  à  Oran. 

140  milles  marins  E.  ;  serv.  irréguliers;  s'informer. 

Derrière  la  longue  plage  sablonneuse  qui  s'étend  au  S.-E.  de 
Melilla,  on  aperçoit  la  Sebkha  Bou  Areg  (en  espagnol  :  Mar  Chica, 
petite  mer)  sur  laquelle  se  trouve  la  Restinga.  On  passe  ensuite 
entre  le  Cabo  del  Agua  (cap  de  l'eau)  prolongement  du  Djebel 
Kebdana  et  les  îles  Zaffarines  (en  esp.  :  Cliafarinas). 

Occupées  par  l'Espagne  sous  le  règne  d'Isabelle  II  (1848),  les  îles 
Zaffarines,  au  nombre  de  trois,  très  rapprochées  les  unes  des  autres, 
sont  à  4  k.  env.  de  la  terre  ferme.  Ij'ile  du  Congrès,  la  plus  grande,  a 
900  m.  de  long,  500  m.  de  large  et  135  m.  d'alt.  ;  elle  ne  compte  qu'une 
maison  abritant  des  vigies,  h'ile  Isabelle  II,  à  600  m.  de  la  première,  a 
500  m.  de  diamètre  et  40  m.  d'alt.  ;  elle  est  peuplée  de  480  hab.  et  d'une 
petite  garnison  vivant  dans  une  cinquantaine  de  maisons  parmi  les- 
quelles se  distinguent  le  palais  du  gouverneur,  l'église  et  l'hôpital 
militaire  ;  un  phare  de  troisième  ordre,  de  5"2  m.  70  de  hauteur  et 
d'une  portée  de  25  milles,  éclaire  au  large.  L'/i<?  du  Roi  est  située  à 
VE.  de  la  précédente;  elle  a  300  m.  de  long  sur  200  m.  de  large  et  sert 
de  cimetière.  L'archipel,  sans  végétation,  est  alimenté  en  eau  par  des 
bateaux-citernes  ;  il  présente  un  abri  très  sûr  aux  navires  et  constitue 
pour  PEspagne  une  solide  position  militaire  en  face  de  la  vallée  de  la 
Moulouya,  limite  des  zones  française  et  espagnole.  —  Le  port,  qui  a 
coûté  près  d'un  million  et  demi  de  pesetas,  a  été  réalisé  en  réunissant 
l'île  d'Isabelle  II  à  l'île  du  Roi  par  une  digue  abritant  des  fonds  de 
3  à  9  m. 

A  l'embouchure  de  la  Moulouya  succède,  après  la  plaine  des 
Triffa  (p.  257),  l'embouchure  du  Kiss,  frontière  algéro-marocaine 
avec  Saïdia  et  Pori  Say  (p.  257).  On  double  le  cap  Mitonia  pour 
longer  le  territoire  des  Msirda, 

Nemours  (pour  cette  localité  et  les  centres  qui  suivent,  V.  le 
Guide  Bleu  :  Algérie- Tunisie). 

Au  delà  du  port,  on  aperçoit  les  ruines  du  plateau  de  Taouni. 

On  longe  ensuite  le  littoral  montagneux  des  Trara  où  l'on 
remarque  le  Djebel  Tadjera  (861  m.)  au  sommet  plat  en  forme 
de  table,  et  le  cap  Noé.  Après  les  ruines  d'Honeïn,  qui  sont 
visibles  par  temps  clair,  on  atteint  Vile  de  Rachgoun,  à  2  k.  5 
de  Rachgoun,  situé  à  l'embouchure  de  la  Tafna,  puis  le  port 
de  Beni  Saf  (embarquement  et  débarquement  à  quai). 

La  côte  s'infléchit  vers  le  N.  jusqu'au  cap  Figalo  et  l'on  passe 
entre  le  cap  Sigala  et  les  îles  Habibas  composées  de  roches 
éruptives  aux  escarpements  pittoresques.  —  Le  paquebot  double 
enfin  le  cap  Falcon  et  la  pointe  de  Mers  El  Kebir,  qui  encadrent 
à  rO.  la  baie  d'Oran. 

Oran  (V.  le  Guide  Bleu  :  Algérie-Tunisie), 


INDEX  ALPHABETIQUE 


A 

Abda,  1-23. 

Abd  Allah  Ben  Djabeur, 
142. 

Acho  (mont),  309. 
Adamna,  103. 
Adjeroud,  257. 
Ad  Mercurios  [Ruinesd'], 
299. 

Admis  [Forêt  d'I,  140. 
Adouz,  137. 
Agadir  Imoucha,  134. 
Agadir  Irir,  135. 
Agadir  MtaEch  Chérif,  98. 
Agdal,  104. 
Aghbalou,  101. 
Aghbalou  Larbi,  197. 
Aghmat,  101. 
Agouraï,  193. 
Aguedal,  138. 
Aguelmane  de  Sidi  Ali, 
196. 

Aguelmous  ou  Guelmous, 
144. 

Aguelmous,  281. 

Ahel  Bahrir,  137. 

Ahlil,  197. 

Ahmarouch,  243. 

Aïer  [Lagune  d'],  115. 

Aïn  Abeïda,  265. 

Aïn  Achlef,  178. 

Aïn  Aïtoli,  151. 

Aïn  Ayat,  263. 

Aïn  Azereg,  270. 

Aïn  Barka,  166. 

Ain  Berkat,  233. 

Aïn  Borma,  175. 

Aïn  Bou  Kellal,  243. 

Aïn  Bou  Mazane,  141. 

Aïn  Bridia,  82. 

Aïn  Bsal,  175. 

Aïn  Chaïr,  279. 

Aïn  Cheggag,  195. 

Aïn  Cheguiga,  162. 

Aïn  Chkef ,  198. 

Aïn  Chrob  Ou  Hreb,  198. 

Aïn  Djema,  178. 


Aïn  Djemaa,  83. 

Aïn  Douz,  251. 

Aïn  El  Anech,  266. 

Aïn  El  Beïda,  147. 

Aïn  El  Hadjar,  271. 

Aïn  El  Hadjer,  127. 

Aïn  El  Hamma,  193. 

Aïn  El  Hammam,  258. 

Ain  ElHaouïmed,  76. 

Aïn  El  Kerma  77. 

Aïn  El  Ourak,  279. 

Aïn  Er  Roumi,  141. 

Aïn  Fendrel,  77. 

Aïn  Fezza,  247. 

Aïn  Fouarat,  194. 

Aïn  Fritis,  147. 

Aïn  Fritissa,  266. 

Aïn  Goréa,  278. 

Aïn  Guettar,  278. 

Aïn  Guettara,  266. 

Aïn  Hallouf,  78. 

Aïn  Hammam,  279. 

Aïn  Hammara,  232. 

Aïn  Hanech,  230. 

Aïn  Harouda,  150. 

Aïn  Kansara,  233. 

Aïn  Kermous,  233. 

Aïn  Khiber,  193. 

Aïn  Krima,  232. 

Aïn  Kseub,  76. 

Aïn  Leuh,  195. 

Aïn  Lorma,  180. 

Aïn  Loula,  194. 

Aïn  Maarouf,  J79. 

Aïn  Marouf,  194. 

Aïn  Maza  [Gorge  d'],  142. 

Aïn  Merchouchi,  233. 

Aïn  Merini,  261. 

Aïn  Missa,  178. 

Aïn  Mkhamer,  263. 

Aïn  Mkoun,  76. 

Aïn  Msous,  234. 

Aïn  Nekhala,  178. 

Aïn  Reggada,  257. 

Aïn  Saboun,  178. 

Aïn  Sbit,  235. 

Aïn  Sefra,  271. 

Aïn  Serrak,  261. 

Aïn  Sfa,  258. 


Aïn  Skhoun,  234. 
Aïn  Smar,  230. 
Aïn  S  Gitane,  75. 
Aïn  Taftecht,  103,  127. 
Aïn  Taomar,  178. 
Aïn  Tellout,  247. 
Aïn  Terfania,  298. 
Aïn  Tichchert,  278. 
Aïn  Tikercliiine,  260. 
Aïn  Trid,  198. 
Aïn  Zaïliga,  162. 
Aïn  Zebda,  260. 
Aïn  Ziaterne,  298. 
Aïoun  FeUel,  172. 
Aïoun  Sidi  Mellouk,  263. 
Alt  Athmane,  284. 
Ait  Baha,  137. 
Aït  Bassou,  197. 
Aït  Beker,  282. 
Aït  Daoud,  279. 
Aït  Fetouli,  279. 
Aït  Ghiat,  197. 
Aït  Hamza,  197. 
Ait  Kerou,  198. 
Ait  Labbas,  198. 
Aït  Mhammed,  138. 
Aït  Nefi,  104. 
Aït  Oukfa,  138. 
Aït  Said   [Kheneg  d'I, 
281. 

Aït  Taghzout,  279. 
Aït  Tlah,  138. 
Aït  Yahia  Ou  Aïs  sa,  282. 
Aït  Yakoub,  281. 
AïtYoussef  Ou  Daoud,  284. 
Ait  Zekri,  138. 
Akbet  El  Arabi,  189. 
Alcazar,  307. 
Alcazarquivir,  300. 
Alhucemas  [Ile   et  baie 

d'],  317. 
Almis,  197  et  231. 
Amergou    [Djebel  et 

Kasba  d'],  231. 
Amizmiz,  98. 
Amranene,  259. 
Anbad,  281. 
Andjera,  316. 
Anfa  (Casablanca),  65. 


LE  MAROC. 


21 


322 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Anfa  supérieur,  71. 
Angad  [Plaine  d  ],  256. 
Anosseur.  -231. 
Antar  [Djebel],  271. 
Ansala,  137. 
Aouamra,  105. 
Aoufous,  280. 
Aouïnet  Aïcha,  277. 
Aounate,  85. 
Aourirt,  279. 
Arbalou,  135. 
Arbaoua,  175. 
Arrimet  El  Guemah,  127. 
Arzeu,  269. 
Arzila,  303. 
Asdad,  281. 
Asfi  (Safi),  117. 
Assaka  N  Idji,  197. 
Assaka  N  Tebahirt,  197. 
Atchana,  280. 
Atlas,  1. 
Azemmour,  106. 
Azrou,  196. 


B 

Bab  Djenane  [Col  de],  243. 
Bab  El  Hadjar,  233. 
Bab  Er  Rouah,  278. 
Bab  Gueraoua,  234. 
Bab  Merzouka,  242. 
Bab  Moroudj,  243. 
Bab  Tiouka,  173. 
Baknou,  280. 
Bauasa  [Ruines  de],  176. 
Béchar,  279. 
Bekrit,  197. 
Belibila,  279. 
Bel  Rhiada,  279. 
Ben  Ahmed,  141. 
Ben  Gachou&h,  176. 
Ben  Guérir,  84. 
Ben  Rekia,  79. 
Ben  Yati,  279. 
Ben  Zireg,  277. 
Beni  Bassia,  279. 
BeniHassene  [Monts  des], 
3 12. 

Beni  Hassene[Plaine  des], 
177. 

Beni  Mahfoud,  259. 
Beni  Mellal,  146. 
Beni  Mguild,  196. 
Beni  Mohammed,  286. 
Beni  Mtir,  194, 
Beni  Ounif  de  Figuig,  273. 
Beni  Ouziene,  279. 


Beni  Saf,  320. 

Beni  Smir,  142. 

Beni  Snassene,  259. 

Beni  Tadjit,  281. 

Bent   Hazim    [Col  de], 

281. 
Berbérie,  1. 
Berdil,  263. 
Berguent,  261. 
Berhirit,  77. 
Berkane,  259. 
Ber  Rechid,  78. 
Ber  Roumenne,  263. 
Bhalil,  230. 
Biar  El  Asara,  115. 
Biougra,  140. 
Bir  Assoufid,  135. 
Bir  Bettane,  147. 
Bir  Bou  Hammadi,  80. 
Bir  Draoui,  126. 
Bir  El  Malah,  125. 
Bir  Khereïs,  79. 
Bir  Kouach,  127. 
Bir  Retma,  108. 
Blanc  [Cap],  113. 
Blondin  [Pont],  151. 
Bou  Aam,  288. 
Bou  Aïach,  197. 
Bou  Akba,  99. 
Bou  Anane,  279. 
Bou  Ayeoh,  278. 
Boucheron,  76. 
Bou  Denib,  280. 
Bou  Guetoub,  271. 
Bou  Hanifia  Les  Thermes. 

270. 

Bou  Houria,  258. 
Bou  Iblal  [Djebel],  1. 
Bou  Imerdousene,  281. 
Bouïret  Ez  Ziar[ Foret  de], 
162. 

Bou  Isseroual,  198. 
Boujad,  142. 

Bou   Jerir    [Forêt  de]. 
196. 

Bou  Khaltoum,  261. 
Bou  Khanéfis,  246. 
Bou  Ladjerai,  268. 
Bou  Laouane,  83. 
Boulhaut,  75. 
Bouloutane,  266. 
Bou  Mazouz,  264. 
Bou  Medine,  251. 
Bou  Rached,  271. 
Bou  Rebah  [Grotte  de], 
260. 

Bou  Redim,  263. 

Bou  Regreg  [Oued].  4, 152. 


Bou  Reïs,  231. 
Bou  Sbellou,  234 
Bou  Skoura,  83. 
Bou  Tazert,  134. 
Bou  Znika,  150. 
Braksa,  142. 


C 

Cabo  del  Agua,  320. 
Caïd  Moussa,  85. 
Caïd  Tounsi,  85. 
Camp  Bataille,  180. 
Camp  Berteaux,  264. 
Camp  Delmas,  177. 
Camp  Desroches,  234. 
Camp  Monod,  179. 
Cantin  [Cap],  124. 

CASABLANCA,  61. 

Bibliographie,  66. 
Emploi  du  temps,  02, 
Enceinte,  68. 
Histoire,  65. 
Jardin  public,  68. 
Place  de  France,  66. 
Port,  70. 

Renseignements  pra- 
tiques, 63. 

Rue  du  Commandant- 
Provost,  66. 

Sanctuaires  :  Sidi  Abd 
Er  Rahmane,  72. 

—  Sidi  Belyout,  70. 

—  Sidi  El  Kairouàni, 
68. 

Ville  indigène,  66. 

Ceflet,  266. 
CEUTA,  307. 

Chaouïa  [Province  de],  72. 
Charrier,  270. 
Chechaouene,  316. 
Chehalfa,  259. 
Chella,  158. 
Chemmakha,  176. 
Cheraa,  259. 
Cherf  El  Akad,  298. 
Chergui  [Chott],  271. 
Chiadmi,  124. 
Chichaoua,  102. 
Chréia,  266. 
Chriat  Ed  Diab,  279. 
Christian,  162. 
Col  de  la  Juive,  276. 
Col  des  Zouaves,  234. 
Col  de  Zenaga,  274. 
Colomb  Béchar,  279. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE, 


323 


D 

Daïet  Aîcha,  177. 
Daïet  Ed  Dahane,  279. 
Daiet  Oum  Slimane,  261. 
Daïet  Touarfa,  177. 
Damesme,  269. 
Dar  Abbou,  115. 
Dar  Amor,  80. 
Dar  Amor  Ghali,  80. 
Dar  Abd  El  Kader  Ben 

Fardjia,  76. 
Dar  Bel  Amri,  177. 
Dar  Bel  Aroussi,  168. 
Dar  Bel  Hamidi,  140. 
Dar  Ben  Abbas  El  Ham- 

madi,  114. 
Dar  Ben  Abid,  107. 
Dar  Ben  Hadia,  147. 
Dar  Ben  Mira,  105. 
Dar  Bou  Aounou,  265. 
Dar  Bou  Khechab,  265. 
Dar  Brabim  Ben  Salah,  84. 
Dar  Caïd  Tounsi,  85. 
Dar  Chafaï,  82. 
Dar  Gbeikh  Ben  Haoud, 

127. 

Dar  Cheikh  Bou  Djema, 

134. 
Dardara,  229. 
Dar  Debibagh,  222. 
Dar  Dekious,  161. 
Dar  Ed  Dou,  113. 
Dar  El  Annaïa,  104. 
Dar  El  Baghdadi,  231. 
Dar  El  Beïda  (Casablanca), 

65. 

Dar  El  Guellouli,  134. 
Dar  El  Hadj  Ben  Hadj.  76. 
Dar  El  Hadj  El  Housseïn, 
134. 

Dar  El  Hadj  Hammou,  79. 
Dar  El  Hadj  Maizi,  79. 
Dar  El  Hadj  Mohammed, 
80. 

Dar  El  Hadj  Salah.  80. 
Dar  El  Hafdi,  116. 
Dar  El  Kadi  (Chiadma), 
134. 

Dar  El  Kadi  (Taourirt), 
264. 

Dar  El  Kaïd,  266. 
Dar  El  Khalloufi,  101. 
Dar  El  Maouïa,  116. 
Dar  Hamidouch,  125. 
Dar  Harabida,  103. 


Dar  Hommada,  262. 
Dar  Imerditsene,  135. 
Dar  Kaddour,  85. 
Dar  Kaddour  Bou  Mekki, 
79. 

Dar  Kaïd  Ahmed,  75. 
Dar    Kaïd    Brahim  Bou 

Chaïb,  114. 
Dar  Kaïd  Cherki,  141. 
Dar  Kaïd  El  Houssine  Dé- 
lirai, 138. 
Dar  Kaïd  El  Madani,  100. 
Dar  Kaïd  Embarek,  99. 
Dar  Kaïd  Hadji,  125. 
Dar  Kaïd  Khoubane,  104. 
Dar  Kaïd  Mtouggui,  104. 
Dar  Kaïd  Ould  Heuda.234. 
Dar  Kaïd  Ould  Ito.  195. 
Dar  Kaïd  Omar  N  Touda, 
235. 

Dar  Kergoug,  126. 
.  Dar  Mahrès,  222. 
Dar  Miloudi,  76. 
Dar  Mohammed  Ben  Abd 

El  Kader,  114. 
Dar  MohammedBenKham- 

mès,  76. 
Dar  Mohammed  El  Man- 

sour,  172. 
Dar  Mohammed  Ould  Dje- 

bli,  140. 
DarMokaddemMessaoud, 
103. 

Dar  Moulay  Tala,  76. 
Dar  Ould  Abid,  79. 
Dar  Ould  Ahmed  El  Ham- 

ri,  142. 
Dar  Ould  Aïcha,  107. 
Dar  Ould  El  Hadj  Kasem, 
108. 

Dar  Ould  Touïmi,  141. 
Dar  Ould  Zidouh,  99. 
Dar  Oum  Es  Soltane,  180. 
Dar  Sidi  Aïssa,  116. 
Dar  Sidi  Allai,  76. 
Dar  Sidi  Bou  Chaib,  77. 
Dar  Sidi  El  Bachir,  98. 
Dar  Sidi  Mohammed  Ben 

Maati,  79. 
Dar  Touimi,  115. 
Dar  Zrari,  176. 
Dar  Soltane,  178. 
David.  150. 
Dchar  Alla,  302. 
Debdou,  265. 
Debrousse ville,  269. 
Defilia,  277. 
Demnat,  99. 


Demsira,  105. 
Dersa  [Djebel],  311. 
Diabat,  103,  132. 
Djaba  [Forêt  de],  195. 
Djara  [Djebel],  272. 
Djemaa  Assoufid,  135. 
Djema  Cheurfa  Tafraout, 
234. 

Djenien  Bou  Besq,  272. 
Djorf  El  Ihoudi,  123. 
Djerada,  261. 
Drjamna,  185. 
Douïat,  199. 
Doukkala,  113. 
Dra,  4,  288. 
Draga,  137. 
Drib,  177. 
Dublineau,  269. 
Duveyrier,  272. 


E 

Eaux  chaudes  Les],  270. 

El  Abbasi,  175. 

El  Abid,  272. 

El  Agreb,  266. 

El  Aïoun,  233. 

ElAïoun  SidiMellouk,263. 

El  Annseur,  259. 

El  Ardja,  277. 

El  Aricha,  262. 

ElAricha  [Plaine  d  ],  267. 

El  Ateuf,  266. 

ElAttatich,  277. 

El  Beghil,  278. 

El  Biod,  271. 

El  Boggara,  100. 

El  Boroudj,  80. 

El  Bour,  282. 

El    Djedida  (MazaLran), 

108. 
El  Fatima,  83. 
El  Feïdja,  271. 
El  Gharbia[Medinet],  115. 
El  Gorane,  [Gorges  d'], 

280. 

El  Gourma,  150. 

El  Graar,  144. 

El  Guentra,  83. 

El  Guetar,  278. 

El  Guettaf,  267. 

El  Hadjra,  126. 

El  Haïrech,  279. 

El  Haït,  175. 

El  Hajeb,  194. 

El  Hammam  Foukani,  276. 

El  Hammam  Tahtani,  272. 


324 


I1\DEX  ALPHABÉTIQUE. 


El  Hamirat,  '205. 
El  Hank,  71. 
El  Heri,  281. 

El  Kelaa  des  Segharna, 

99. 

El  Kelaa  des  Slès,  23^. 
El  Kheroua,  -2 18. 
El  Maïz,  274. 
El  Mekki,  83. 
El  Menar,  298. 
El  Merdja,  231. 
El  Mizenn,  267. 
El  Moudzlne,  177. 
El  Moungar,  117. 
ElMzar,  138. 
El  Oudaghir,  272. 
El  Ourit  (Cirque  et  cas- 
cades 217. 
Empalme,  319. 
Ennjil,  231,  285. 
Enzel,  101. 


F 

Fahama  [Plaine  de],  267. 
Fahs,  298. 
Falcon  [Cap],  320. 
Fedala,  74. 
Ferme  Amblard,  80. 
Ferme  Amieux,  105. 
Ferme  Bemiet,  75. 
Ferme  Bernard,  80. 
Ferme  Blanche  [La],  269. 
Ferme  Cotte,  75. 
Ferme  d'Aïn  Kadous,226. 
Ferme  Ifrah,  174. 
Ferme  Krauss,  263. 
Ferme  Legrand,  174. 
Ferme  Privât,  76. 
Fertoumach,  282. 

FES,  199.  I 
Bibliograi)liie,  205.  i 
Bord]  :  de  Bou  Jeloud,' 
208.  : 

—  xNord,  222. 

—  de  Sidi  Bou  Nafa,  i 
221. 

—  «ud,  224. 

Camp  :  de  Dar  Debi- 
bagh,  222. 

—  de  Dar  Malirès,  222. 
Cimetière   :  de  Bab 

Fctouh,  224. 

—  de    Bab  Mahrouk, 
219. 

—  Israélite,  221. 

—  de  Sidi  Mzali,  223. 


SS,  Dar  :  Adiyel,  214. 

—  Batha,  207. 

—  El  Beïda,  207. 

—  El  Alakhzen,  220. 

—  Mejless,  214. 

—  Menehbi,  212. 
Ecole  coranique,  212. 
Emploi  du  temps,  199. 
Ferme  expérimentale 

d'Aïn  Kaddous,  225. 
Fès  Djedid,  219. 
Fès  Ei  Bali,  205. 
Fondouk  :  Djedid,  215. 

—  El  Ihoudi,  223. 

—  Nejjarine,  213. 

—  Tsataouine,  211. 
Fontaine  Nejjarine, 

213. 
Gare,  221. 
Histoire,  202. 
Jardins:  d'Aïn  Khemis, 

221. 

—  de  Bou  Jeloud,  208. 
Kasba:  Bou  Jeloud, 219. 

—  Chcrarda,  219. 

—  de  Dar  Debibagh, 
222. 

—  Filala,  218. 
Kisaria,  209. 
Méchouar,  220. 
Médersa  :  Attarine, 

210. 

—  Bou  Anania,  206. 

—  Cherratine,  215. 

—  Es  Seffarine,  211. 

—  Mesbaliia,  211. 

—  Sahrij,  217. 

—  Scbbaïne,  216. 
Mellah,  221. 
Moristane,  209. 
Mosquées  :  des  Anda- 

lous,  216. 

—  de  Bab  Guissa,  223. 

—  Cherabliine.  209. 

—  de  Fès  Djedid,  220. 

—  Karaouiine,  210. 

—  du  Rsif.  216. 
Musée,  207. 

Palais  :  du  Batha,  207. 

—  du  Dar  Beïda,  207. 
Places  :  Bou  Jeloud. 

205. 

—  Nejjarine,  212. 

—  Seilarine,  211. 
Ponts  :  de    Beïn  El 

Moudoun,  211. 

—  Kantra  Bon  Tato, 
224. 


ÎS,  Pont  :  du  Rsif,  215. 

—  Porte.»»  :  Bab  Dcka- 
kenc,  220. 

—  Bab  Fotouh.  217. 

—  Bab  Guissa,  223. 

—  Bab  Mahrouk,  218. 

—  Neuve  de  Bou  Je- 
loud, 205. 

—  Bab  Segma,  222. 

—  Bab  Semmarine, 
221. 

Quartiers  :  de  l'A- 
douah,  215. 

—  du  Douh,  205. 

—  des  Filala,  218. 

—  do  Mokhfia,  217. 

—  de  Moulay  Abd  Al- 
lah, 220. 

—  des  Potiers,  217. 
Renseignements  pra- 
tiques, 201. 

Souks  :  Attarine,  209. 

—  Chommaïne,  211. 

—  Nejjarine,  212. 

—  du'Tala,  205. 
Tombeaux  mérinides, 

223. 

Ville  nouvelle,  221. 

Fès  Djedid,  219. 
Fès  El  Bali,  205. 
FèsElBali(des  Slès),  232. 
Fetnassa,  99. 
Fezna,  286. 
Figalo  [Cap  j,  320. 
Figuig,  272. 
Fokra  Noualine,  79. 
Fondouk  Es  Serara,  298. 
Fortassa  Gharbia,  262. 
Fort  Méaux,  76. 
E«um  Aggaï,  279. 
Foum  Ameskhoud,  lOo. 
Foum  Djahifa,  276. 
Foum  El  Oaed,  261 . 
Foum  Zabel,  285. 
Founti,  135. 
Fourhal  [Col  dej,  259. 
Franchetti,  270. 


G 

Gantra  El  Abid,  101. 
Gara  Et  Tima,  279. 
Gara  Timiloust,  197. 
Gharb,  2,  173. 
Ghorfa,  286. 
Gliorm  El  Alem,  1 10. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


325 


Gibraltar    [Détroit  de], 
306. 

Gourràma,  280. 
Gouttitir,  266. 
Grouz  [Djebel],  2%. 
Gueliz,  96. 
Guelmous,  144. 
Guemassa,  104. 
Guerando,  116. 
Guerbous  [Col  de],  257. 
Guercif,  266. 
Guerouane,  194. 
Guesmir,  266. 
Guigo  [Oued],  197. 
Guir  [Haut],  278. 
Guisser,  80. 
Gûrgens,  77. 

H 

Habibas  [Iles],  320. 
Habra,  269. 
Hadid  [Djebel],  127. 
Hadjer  El  Ouakef,  176. 
Hadjra  Bou  Maïza,  232. 
Hadjra  El  Kahla,  232. 
HadjratBenNasseur,  162. 
Hadjrat  En  Nokour,  244, 

317. 
Hallouf,  278. 

Hammada  Oum  Es  Seba, 

■  279. 

Hammam  Ouled  Rhaled, 

270. 
Hassar,  102. 

Hassi  Abou  El  Akhal,  276. 
Hassiane  El  Ihoudl,  265. 
Hassi  Bou  Bernous,  282. 
Hassi  Cheguig,  279. 
Hassi  Defla,  278. 
Hassi  Douis,  280. 
Hassi  Ed  Diab,  277. 
Hassi  El  Aricha,  278. 
Hassi  El  Haouari,  278. 
Hassi  ElKelb,  278. 
Hassi  Kriouia,  279. 
Hassi  Lama,  277. 
Hassi  Tanguerfa,  281. 
Hassi  Tolfa.  277. 
Hassi  Snom,  281. 
Heddi,  126. 

Hercule  [Grottes  d'],  298. 

Herhirat,  77. 

Honeïn  [Ruines  d  ],  320. 

I  J 

Ifni,  139. 
Ifrane,  195. 


Ifri,  284. 

Igbesdis  [Gorges  d'],  280. 
Igouder,  137.^ 
Iggoudert,  98. 
Iguezzoulene,  135. 
ImiNIfri,  100. 
Imi  K  Tanout,  104. 
Immerjane,  104. 
Inchadem,  138. 
Inebgui,  284. 
Irar,  280. 
Irilane,  105. 
Irri,  105. 
Irsane,  263. 
Isdraouïne,  259. 
Iskena,  281. 

Isly  [Champ  de  bataille 

d'],  256. 
Isly  [Halte  d  ],  262. 
Ito,  195. 
Itzer,  197. 

Jebrou  Debouda,  162. 
Joualla,  98. 


K 

Kaïd  Lahsene,  147. 
Kasba  Arroub,  195. 
Kasba  Bel  Kouch,  146. 
Kasba  Beni  Mellal,  146. 
Kasba  Beni  Mgara,  243. 
Kasba  Beni  Stittene,  236. 
Kasba  Bou  Fekrane,  194. 
Kasba  Cheikh  Ben  Salah. 
115. 

Kasba  des  Zeïrir,  141. 
Kasba  El  Araoui,  98. 
Kasba  El  Hmira,  150. 
Kasba  Gueddara,  194. 
Kasba  Guenaoua,  166. 
Kasba  Hamidouch,  125. 
Kasba  Koréat,  233. 
Kasba  Maarif,  141. 
Kasba  Maggous,  77. 
Kasba  Ould  Hadjaj,  141. 
Kasba  Sidi  Bou  Azza,  76. 
Kasba  Tadla,  145. 
Kchachda,  137. 
Kebdana  [Djebel],  320. 
Kef,  161. 

Kifane    El  Ghomari 

[Grottes  d'],  241. 
Khalfallah,  271. 
Khemisset  (Chaouïa),  82. 
Khemisset  fZemmour), 

180. 
Kheneg,  284. 


Khenifra,  162. 
Kheroua,  277. 
Khiber,  193. 
Knibich,  137. 
KNITRA,  168. 
Korima,  278. 
Koudiat  El  Biad,  236. 
Kreider  [Le],  271. 
Ksar  Djedid,  285. 
Ksar  El  Beïda,  279. 
Ksar  El  Kebir,  300. 
Ksar  Es  Seghir,  298. 
Ksar  Es  Souk,  282. 
Ksar  Pharaoun,  190. 
Ksiba,  HG. 

Ksiret  El  Hachemi,  281. 
Ksiret  El  Mehenni,  284. 


L 

La  Guetna,  269. 
Lakhdar  [Djebel],  114. 
Lalla  Chatouta,  178. 
Lalla  Ito,  177. 
Lalla  Marnia,  251. 
Lalla  Meriem  Yahia,  134. 
Lalla  Mimouna,  174. 
Lalla  Zebouja,  123. 
La  Macta,  269. 
Lamoricière.  247. 
LARACHE,  304. 
Laraïs,  197. 
Leona  [Pointe],  307. 
Les  Trembles,  246. 
Lias,  195. 


M 

Maachet,  108. 
Maalif  [Plaine  des],  271. 
Madjene  El  Hamra.  258 
Maghreb  £1  Aksa,  1. 
Magoura,  262. 
Mahiridja,  266. 
Maïat,  82.' 
Maïz  [Djebel],  277. 
Malabata  [Pointe  del,306. 
Malha  [Djebel],  271. 
Mamora  [Forêt  de],  168. 
Mamora  [Ville  de],  171  . 
Mansoura,  251. 
Mansouria,  149. 
Marchand,  162. 
Mar  Chica,  320. 
Marfamane,  98. 
Marhom,  271. 


21. 


326 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


MARRAKECH,  85. 

Bibliographie,  88. 
Dar  El  Makhzen,  91. 
Emploi  du  temps,  85. 
Fontaines  :  El  Moua- 
sine,  93. 

—  Sekkaia  Echrob  Ou 
Chouf.  95. 

—  Sidi  El  Hassane  Ou 
Ali,  94. 

Gueliz,  96. 

Histoire,  86. 

Jardins  :  Aguedal,  92. 

—  la  Menara,  97. 
.   Kasba,  90. 

Koutoubia,  89. 
Médersa  Ben  Youssef, 
95. 

Mellah,  92. 

Mosquées  :  de  Bab 
Doukkala,  94. 

—  Grande  mosquée , 
93. 

—  de  la  Kasba,  91. 

—  de  la  Koutoubia,  89. 
Palais  :  la  Bahia,  89. 

—  du  Pacha,  94. 

—  du  Sultan,  9i. 
Palmeraie,  97. 
Place  Djemaa  El  Fna, 

88. 

Remparts,  95. 

Re.nseignements  pra- 
tiques, 86. 

Sanctuaires  :  Sidi  Abd 
El  Azia,  94. 

—  Sidi  Bel  Abbas,  95. 

—  Sidi  Ben  Slimane  El 
Djazouli,  94. 

Souks,  92. 

Tombeaux  des  Chérifs 
Saadiens,  91. 

Martimprey,  257. 
Martine,  315. 
Mascara,  270. 
Matarka,  261. 
Matmata,  235. 
Maure  [Cap],  317. 
MaurétanieTingitane,  14. 

MAZAGAN,  108. 

Ancienne  ville,  110. 
Bibliographie,  110. 
Citerne,  110. 
Eglise  del' Assomption, 
110. 

Emploi  du  temps,  108. 


MAZAGAN,  Histoire,  109. 
Plage,  112. 
Port,  111. 

Renseignements  pra- 
tiques, 109. 
Ville  moderne,  112. 

Mazari  [Cap],  316. 
Mazzer,'281. 
Mecheria,  271. 
Mechra  Abd  Allah,  99. 
MechraAchrine  Zouj,  144. 
Mechra  Bel  Habti,  82. 
Mechra  Bel  Ksiri,  176. 
Mechra  Ben  Abbou,  82. 
Mechra  Bou  Khallou,  82. 
Mechra  Bou  Déliai,  258. 
Mechra  Bou  Bâcha,  176. 
Mechra  El  Hader,  172. 
Mechra  El  Haoud,  262. 
Mechra  El  Malah,  258. 
Mechra  Guernina,  262. 
Mechra  Kerassi,  76. 
Mechra  Kerikera,  262. 
Mechra  Kherbacha,  260. 
Mechra  Medina,  262. 
Mechra  Smara,  262. 
Mechta  Besabsa,  233. 
Medinet  El  Amra,  288. 
Meghris  [Djebel],  262. 
Medaouer,  278. 
Mediouna,  78. 
Mehdia,  171. 
Mekalis,  271. 
Mekam  [Djebel],  261. 
Meknassa  Ez  Zitoun,  182. 
Meknassa  Foukauia,  243. 
Meknassa  Tahtania,  235. 

MEKNÈS,  180. 
Aguedal,  187. 
Anciennes  écuries, 
187. 

Autrucherie,  188. 
Bibliographie,  183. 
Camp    d'El  Hamria, 
188. 

Cimetière  musulman, 
184. 

Dar  El  Beïda,  188. 
Dar  El  Makhzen,  187. 
Emploi  du  temps,  180. 
Histoire.  182. 
Jardin  public,  185. 
Médersa  Bou  Anania. 
185. 

Mosquées  :  Kanoute, 
184. 


MEKNÈS,  Mosquées  :  Sidi 
Saïd  Bou  Othmane. 
186. 

—  Tidjani,  185. 

—  Zitouna,  185. 
Portes  :  Bab  Djama 

En  Nouar,  183. 

—  Bab  El  Berdaïne, 
184. 

—  Bab   El  Khrcmis, 
186. 

—  Bab    Mansour  El 
Aleuj,  183. 

Renseignements  pra- 
tiques, 181. 
Rue  Rouamzine,  183. 
Souks,  185. 
Ville  nouvelle,  188. 

Melah  [Djebel].  277. 
Melgou.  141,  147. 
Melias  [Djebel],  276. 
Mellaha,  280. 
MELILLA,  317. 
Mengoub,  280. 
Merada,  266. 
Merdja,  172. 
Merdja  Ez  Zerga,  173. 
MerdjaRasIdDaoura,173. 
MerdjaBeni  Hassene,  178. 
Meridja,  261. 
Meridja  |col  de],  281. 
Mers  El  Kebir,  320. 
Merzaga,  162. 
Mesdou,  231. 
Mesdoura  r Pont  de],  220. 
Meski,  284^ 
Mestigmeur,  264. 
Metrara,  284. 
Metsila  [Djebel],  261. 
Mhioula,  107. 
Midelt.  197. 
MUonia  [cap],  320. 
Miloudat,  175. 
Missour.  266,  281. 
Mitima  [Col  de],  162. 
Mizab  [Cascades  duj.  1'). 
Mkermoud,  127. 
Mkoun,  76. 

MOGADOR,  128. 
Avenue  duChayla,  131 . 
Baie,  131. 

Emploi  du  temps,  128. 
Forêt  d'arganiers,  133. 
Histoire,  130. 
Iles  de  Mogador,  132. 
Porte  do  la  Marine, 
130. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


327 


MOGADOR,  Renseigne- 
ments pratiques,  l'28. 
Skala,  131. 

Mogador  [Iles],  132. 
Moghrar  Foukain,  272. 
Moghrar  [Gorges],  272. 
Modzbah,  271. 
Mohammed     Ben  Àbd 

Allah,  103. 
Montagne  Rouge,  299. 
Morghad,  271. 
Mouih  Sifer,  277. 
Moulay  Abd  Allah,  113. 
Moulay  Ahmed  Ben  Aïa- 

chi,  261. 
Moulay  Bou  Azza,  162. 
Moulay  Bou  Chta,  231. 
Moulay  Bou  Selham,  172. 
Moulay  Idris  Aghbal,  179." 
Moulay  Idris    du  Zer- 

houn,  192. 
Moulay  Kerbour,  84. 
Moulay  Taïeb,  263. 
Moulay  Yakoub,  228. 
Moul  El  Bâcha,  264. 
Moulouya  [Oued],  5,  266. 
Moussa  [Djebel],  2,  307. 
Mrirt,  195. 
Msas,  232. 
Msirda,  320. 
Msoun,  267. 
Mzaïna,  302. 
Mzilet,  126. 
Mzoudla,  102. 


N 

Naâma,  271. 
Nador,  319. 
Naïma,  262. 
Naoura  [Col  de],  162. 
Narguechoum,  265. 
Nazereg,  270. 
Nègre  [Cap],  311. 
Nemours,  320. 
Nkheila,  162. 
Nouasser,  83. 
Nzala  Amesmas,  134. 
Nzala  Argana,  105. 
Nzala  Chicht,  127. 
Nzala  Chmeïda,  116. 
Nzala  Faradji,  198. 
Nzala  Hamiane.  173. 
Nzala  Jeboub,  173. 
Nzala  Oudaïa,  173. 
Nzala  Ouled  Yala,  104. 
Nzalat  El  Aden,  84. 


O 

Oglat  Ben  Abd  El  Djeb- 

bar,  277. 
Oglat  El  Hammam,  280. 
Oglat  Foukania,  261. 
Oglat  Mefsouk,  279. 
Oglat  Mengoub,  262. 
Oglat  Rahma,  280. 
Oglat  Sedra.  261. 
Cran,  246,  320. 
Oualidia,  115. 
Ouaouisselt,  98. 
Guaouizert,  146. 
Ouarou,  259, 
Oudaghir,  274. 
OUDJDA,  252. 
Oued  Aghbal,  268. 
Oued  Ahmeur,  140. 
Oued  Akreuch,  162. 
Oued  Amelil,  234. 
Oued  Aricha,  141. 
Oued  Asif  El  Melh,  102. 
Oued  Beht,  177. 
Oued  Bou  Aoeila,  76. 
Oued  Bou  Fekrane,  178. 
Oued  Bou  Hellou,  236. 
Oued  Bou  Moussa,  79. 
Oued  Chebeïka,  141. 
Oued  Cherrat,  150. 
Oued  Chichaoua,  102. 
Oued  Ghouly,  247. 
Oued  Deï,  146. 
Oued  DilEI  Adoua,  141. 
Oued  Djedida,  198. 
Oued  El  Hammam,  269. 
Oued  El  Hamra.  147. 
Oued  El  Yem,  298. 
Oued  Fouarat,  177. 
Oued  Frah,  178. 
Oued  Freïssat,  261. 
Oued  Gaïno,  99. 
Oued  Grou,  144. 
Oued  Ifli,  286. 
Oued  Imbert,  246. 
Oued  Iminzat,  100. 
Oued  Innaouene,  233. 
Oued  Juif,  262. 
Oued  Kaïkat,  145. 
Oued   Kiss    [Gorges  de 

1'],  260. 
Oued  Kherikhat.  266. 
Oued  Khoubane,  190. 
Oued  Korifla,  162. 
Oued  Ksob,  132. 
Oued  Malah  (Chaouïa),  74. 
Oued  Malah  (Ziz),  286. 


Oued  Massa,  138. 
Oued  Mda,  174. 
Oued  Mikkès,  173. 
Oued  Moulouya,  266. 
Oued  Msoun,  267. 
Oued  Nefifikh,  75. 
Oued  Nfis,  98. 
Oued  Nja,  198. 
Oued  Ouakda,  279. 
Oued  Sidi  Lamine,  144. 
Oued  Srirou,  145. 
Oued  Tafaa,  101. 
Oued  Takhasriet,  145. 
Oued  Tazert,  101. 
Oued  Tessaout,  98. 
Oued  Ykem,  150. 
Oued  Za  [Cascade  de  T], 
264. 

Oued  Zem,  142. 
Oued  Zemrane,  141. 
Ouezzane,  175. 
Ouizert,  266,  281. 
Oukacha,  [Promontoire 

d'],  62. 
Ouldja  (de  Rabat),  161. 
Ouldja  (des  Doukkala), 

113. 

Ouled  Abbas,  279. 
Ouled  Abdoun,  142. 
Ouled  Aïssa,  285. 
Ouled  Ali  [Col  d'].  246. 
Ouled  Amira,  285. 
Ouled  Attou,  80. 
Ouled  Brahim,  137. 
Ouled  Chakeor,  285. 
Ouled  Cherki,  82. 
Ouled  Fassi,  142. 
Ouled  El  Hadj,  266. 
Ouled  Hammou,  172. 
Ouled  Mansour,  85. 
Ouled  Moumene,  80. 
Ouled  Moumene  (Sous), 
137. 

Ouled  Oueslam,  98. 

Ouled  Saïd  (Chaouïa),  80. 

Ouled  Saïd  (Maroc  orien- 
tal), 263.  ■ 

Ouled  Saïd  (Gharb),  175. 

Ouled  Seghir,  137. 

Ouled  Slimane,  272. 

OuledYoussef(Doukkala), 
114. 

Ouled   Youssef  (Tadla), 

146. 
Oulmès,  180. 
Oum  El  Aïoun,  127. 
0umErRebia,4,82,106,146. 
Outat  Ouled  El  Hadj,  662. 


328 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


PQ 

Palissy,  246. 
Palmera  [Hôtel],  133. 
Penon  de  Vêlez  de  la 

Gomera,  316. 
Perrégaux,  269. 
Petitjean,  177. 
Port  aux  Poules,  969. 
Port  Say,  257. 
Prudon,  246. 
Quilates  [Cap],  317. 


Rabah  El  Behar  [Forêt 
de],  196. 

RABAT,  151. 
Bibliographie,  154. 
Boulevard    El  Alou 

154. 
Chella,  158. 
Cimetières  :  européen 
161. 

—  indigène,  154. 
Dar  El  Makhzen,  159. 
Ecoles  :  d'arts  indi- 
gènes, 155. 

—  supérieure  de  lan 
gue  arabe  et  dia- 
lectes berbères,  160. 

Emploi  du  temps,  151. 
Gare,  160. 
Histoire,  153. 
Kasba    dos  Oudaïa, 
154. 

Médersa  des  Oudaïa, 
155. 

Mosquées  :  de  Chella, 
158. 

—  Es  Souna,  159. 

—  Grande  Mosquée. 
156. 

—  Moulay  El  Mekki, 
156. 

—  Moulay  Er  Rechid 
156. 

—  Moulay  Slimane, 
156. 

—  de  la  tour  Hassane. 
157. 

Musée    des  Oudaïa, 

155. 
Port,  156. 

Porte  :  de  Chella,  158. 


RABAT,  Portes  :  Bab  El 
Alou,  154. 

—  Bab  El  Had,  156. 

—  Bab  Er  Rouah,160. 

—  Bab  Temara,  161. 
Quartiers  :  de  l'Océan, 

161. 

—  des  Touarga,  159. 

—  de  Sidi  Maklouf, 
157. 

Remparts  almohades, 
160. 

Renseignements  pra- 
tiques, 152. 

Résidence  générale, 
160. 

Souks,  156. 

Raohgoun,  320. 
Rahmet  Allah,  282. 
Ras  Bou  Khalkal,  262. 
Ras  El  Dar,  235. 
Ras  El  Aïn  (Chaouïa),  80. 
82. 

Ras  El  Aïn  (Sahara),  280. 
Ras  El  Ma  (Maroc  orien- 
tal), 259. 
Ras  El  Ma  (Saïs),  228. 
Ras  Fourhal,  259. 
Reggada.  303. 
Remel,  175. 
Renan  Kléber,  269. 
Renini,  135. 
Restinga  [La],  320. 
Rhelimine,  117. 
Rhir[Cap],  134. 
Rhoress,  265. 
Rhoualem,  98. 
Rich,  285. 
Rif,  1,  317. 

Rincon  de  Medic,  311. 
Riviera  [Camp   de  la] 
310. 

Roches-Noires,  70. 
Rouah,  303. 


S 

SAFI,  117. 
Bibliographie,  120. 
Dar  El  Bahar,  122. 
Emploi  du  temps,  117, 
Histoire,  118. 
Kcchla,  121. 
Medina.  120. 
Mosquée,  121. 
Port,  120. 


SAFI,  Renseignement^; 
pratiques,  118. 

Safi  [Cap],  123. 

Safsafat,  267. 

Sahel  (des  Abda),  123. 

Sahel  (de  Chaouïa).  73. 

Sahel  (dés  Doukkala),  113. 

Saïda,  270. 

Saïdia,  257. 

Saïs  [Plaine  du],  198. 

Saint-Cloud,  269. 

Sainte -Barbe-  du  -  Tlélat , 

246. 
Saint-Leu,  269. 
San  Juan  de  Las  Minas, 

319. 

Santa  Cruz   du  Cap 

d'Aguer,  136. 
Sala,  158. 

SALÉ,  163. 
Emploi  du  temps,  163. 
Fondouk  Askour,  165. 
Histoire,  164. 
Kasba  Guenaoua,  166. 
Médersa,  166. 
Mellah,  167. 
Mosquées  :  grande 
mosquée,  165. 

—  de  Lalla  Chahba, 
167. 

Plage,  165. 

Portes  :  Bab  Bou  Ha- 
ja,  165. 

—  Bab  Mrisa,  167. 

—  Bab  Sebta,  166. 

—  de   la  Zaouïa  do 
Sidi  Bel  Abbas,  167. 

Renseignements  pra- 
tiques, 164. 
Souks,  1^5,  167. 

Sareg  [Plaine  de],  260. 
Sba  Ed  Dib,  265. 
Seba  Aïoun,  178. 
Sebbab, 302. 

Sebbah  Saa  El  Djorf,  286. 
Sebkha  Bou  Areg,  320 
Sebou  [Oued],  4,  172. 
Sefrou  (Fès),  230. 
Sefrou  (Boni  Snassene), 

259. 
Segangan,  319. 
Seggota  [Col  dej,  173. 
Selouane,  319. 
Semouna  Bérard,  263. 
Senhadja,  316. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


329 


Serghine,  284. 
Settat,  79. 
Sfalat,  286. 
Sficif,  '264. 

Shoul  [Forôt  de],  161. 
Sidi  Abd  Allah  (Reham- 

na),  84. 
Sidi  Abd  Allah  (Cliaouïa), 

141. 

Sidi  Abd  Allah  Bettache, 

127. 

Sidi  Abd  Allah  Moul  El 

Ghirane,  126. 
Sidi  Abd  Allah  Ou  Omar, 

105. 

Sidi  Abd  El  Aziz,  108. 
Sidi  Abd  El  Djellil,  234. 
Sidi  Abd  El  Djellil,  236. 
Sidi  Abd  El  Kader,  101. 
Sidi  Abd  El  Kader  Es 

Saheli,  276. 
Sidi  Abd  El  Khalek,  142. 
Sidi  Abd  El  Krim,  141. 
Sidi  Abd  En  Nour,  232. 
Sidi  Abd  Er  Rahmane,  72. 
Sidi  Abd  Er  Rezzak,  235. 
Sidi  Abd  Es  Salam,  194. 
Sidi  Ahmed  Bel  Kasem, 

281. 

Sidi  Ahmed  Bel  Khoud, 
84. 

Sidi  Ahmed  Ben  Lahsene, 
78. 

Sidi  Ahmed  Bou  Lanouar, 
75. 

Sidi  Ahmed  El  Bernoussi, 

227. 

Sidi  Ahmed  Zehrouk.  234. 
Sidi  Ahmed  El  Amri,  103. 
Sidi  Ahmed  El  Aouaï,  116. 
Sidi  Ahmed  El  Fedil,  116. 
Sidi  Ahmed  Ou  Moussa, 
139. 

Sidi  Aïech,  174. 
SidiAïssa  (GhaouYa),  105. 
Sidi  Aïssa  (Oudjda),  262. 
Sidi  Aïssa  des  AhelFrass, 
195. 

Sidi  Aïssa  du  Gharb,  174. 
Sidi  Ali(Chaouïa),  83. 
Sidi  Ali  (Azemmour).  106. 
Sidi  Ali  (Sous).  138. 
Sidi  Ali  Bou  Rekba,  244. 
Sidi  Ali  Bou  Djenoun,  176. 
Sidi  Ali  Marnissi,  234. 
Sidi  Ali  Mzid.  126. 
Sidi  Allai  El  Bahraoui,  179. 
Sidi  Allai  Et  Tazi,  174. 


Sidi  Amor,  194. 
Sidi  Assas,  260. 
Sidi  Amane,  102. 
Sidi  Bel  Abbas,  246. 
Sidi  Ben  Ahmed,  171. 
Sidi  Ben  Daoud,  168. 
Sidi  Ben  Drohr,  115. 
Sidi  Ben  Nour,  114. 
Sidi  Bettach,  76. 
Sidi  Bou  Abd  Allah,  284. 
Sidi  Bou  Addou,  134. 
Sidi  Bou  Beker  (Chaouïa), 
108. 

Sidi  Bou  Beker,  141. 
Sidi  Bou  Beker  (Taza),236. 
Sidi  Bouchta,  174. 
Sidi  Bou  Djedaïne,  244. 
Sidi  Bou  Djema,  176. 
Sidi  Bou  Djemila,  261. 
Sidi  Bou  Knadel  (Zem- 

mour),  141. 
Sidi  Bou  Knadel  [poste 

de],  235. 
Sidi  Bou  Knadel  (Maroc 

oriental),  263. 
Sidi  Bou  Médiane,  138. 
Sidi  Bou  Othmane,  184. 
Sidi  Bou  Tlane,  80. 
Sidi  Bou  Rouïne,  79. 
Sidi  Bou  Zekri(Abda),  123. 
Sidi  Bou  Zekri  (Chiadma), 

134. 

Sidi  Bou  Zekri  (Meknès), 
178. 

Sidi  Bou  Zid,  123. 
Sidi  Brahim  (Doukkala), 
114. 

Sidi  Brahim  (Haouz),  126. 
Sidi  Brahim  (Oranie),  246. 
Sidi  Brahim  Ould  Allah, 
115. 

Sidi  Chibani,  178. 
Sidi  Chmitti,  147. 
Sidi  Deniane,  125. 
Sidi  El  Aïdi,  140. 
Sidi  El  Hachemi,  172. 
Sidi  El  Hadj  El  Kebir,  162. 
Sidi  El  Hassane,  82. 
Sidi  El  Hattab,  79. 
SidiElMaati,  84. 
Sidi  El  Madjene,  258. 
Sidi  Embarek,  100. 
Sidi  Embarek  (Chaouïa), 
82. 

Sidi  Embarek  (Doukkala), 
114. 

Sidi  Embarek  (Gharb), 


Sidi  Embarek  (Zaïane), 
144. 

Sidi  Ghanem,  108. 

Sidi  Gueddar,  176. 

Sidi  Hadjadj,  76. 

Sidi  Hadjadj  (Chaouïa), 
82,  141. 

Sidi  Hammou,  80. 

Sidi  Harazem,  229. 

Sidi  Issehak,  127. 

Sidi  Jadi  Ayad,  104. 

Sidi  Kamel,  77. 

Sidi  Kaouki,  135. 

Sidi  Kassem,  177. 

Sidi  Kennoun,  105. 

Sidi  Khaled,  246. 

Sidi  Lahssene,  134. 

Sidi  Lamine,  144. 

Sidi  Lhassen,  246. 

Sidi  Madani,  141. 

Sidi  Makhlouf,  79. 

Sidi  Mansour,  79. 

Sidi  Medjahed,  251 

Sidi  Meftak,  127. 

Sidi  Megdoul,  132. 

Sidi  Mekki,  259. 

Sidi  Mohammed  (Cha- 
ouïa), 83. 

Sidi  Mohammed  (Abda), 
126. 

Sidi  Mohammed,  232. 

Sidi  Mohammed  Bel  Kas- 
sem, 146. 

Sidi  Mohammed  Ben  Ah- 
med, 173. 

Sidi  Mohammed  Ben 
Aïssa,  257. 

Sidi  Mohammed  Ben  Sli- 
mane,  104. 

Sidi  Mohammed  Ghleuh, 
142. 

Sidi  Mohammed  El  Abiod, 
79. 

Sidi  Mohammed  El  Kheir, 

79. 

Sidi  Mohammed  El  Man- 
sour, 172. 
Sidi  Mohammed  El  Kebir, 

79. 

Sidi  Mohammed  El  Aouni, 
114. 

Sidi  Mohammed  El  Mleh, 

172. 

Sidi  Mohammed  Nefati, 
145. 

Sidi  Mohammed  Ou  Yahia, 

262. 

Sidi  Mohammed  Rahal,  82. 


330 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Sidi   Mohammed  Salia, 
134. 

Sidi  Mohammed  Tiji,  1-24. 
Sidi  Mokhfi,  11. 
Sidi  Mokhtar,  103. 
Sidi  Mostefa,  147. 
SidiMoumene  (Chaouïa), 
77. 

Sidi  Moumene,  104. 
Sidi  Moussa  (Mazagan), 
112. 

Sidi  Moussa,  115. 
Sidi  Moussa  El  Rend,  259. 
Sidi  Moussa  Ed  Doukkali, 
166. 

Sidi  Msba,  112. 
Sidi  Okba,  263. 
Sidi  Omar  Bel  Haj,  8i. 
Sidi  Ouassel,  123. 
Sidi  Regragui,  77. 
Sidi  Rehal,  100. 
Sidi  Rehal  Mtal,  115. 
Sidi  Saada,  263. 
Sidi Saïd  Bou  0thmane,79. 
Sidi  Salah,  127. 
Sidi  Slimane,  146. 
Sidi  Smaïne,  114. 
Sidi  Soltane,  104. 
Sidi  Taïbi,  168. 
Sidi  Tami,  108. 
Sidi  Tlaa,  103. 
Sidi  Touza,  115. 
Sidi  Yahia  (Beni  Has- 

sene),  177. 
Sidi  Yahia,  230. 
Sidi  Yahia  (Oudjda),  255. 
Sidjiimassa,  286. 
Sifa,  286. 
Sigalo  [Cap],  320. 
Siroua  [Djebel],  1. 
Skrirat,  150. 
Sla,  163. 

Snab  [Plaine  de],  281. 
Sof  Fezazra,  235. 
Sokhrat  Djadja,  141. 
Sout  Kesser,  278. 
Souïra  (Mogador),  128 
Souïra  Guedima,  125. 
Souk  Djenane  Medjiber 
235. 

Souk  El  Arba  des  Douï 

rane,  104. 
Souk  El  Arba   du  Fkih 

Ben  Salah,  145. 
Souk  El  Arba  des  Ouled 

Bou  Ali,  99. 
Souk  El  Arba  des  Regui 

bat,  116. 


Souk  El  Arba  des  Sen- 

hadja,  233. 
Souk  El  Arba  de  Sidi 
Aïssa,  ouduGharb,  174. 
Souk  £1  Arba  des  Skhour, 
84. 

Souk  El  Arba  de  Tissa, 

233. 

^ouk  El  Arba  des  Zem- 

mour,  180. 
Souk  El  Djema,  75. 
Souk  El  Djema  des  Chiad- 

ma,  125. 
Souk  El  Djema  El  Ahoufa, 
176. 

SoukElHad  des  Fezazra, 

235. 

Souk  El  Had  du  Gharb 

174. 

Souk  El  Had  des  Guez- 

naïa,  243. 
Souk  El  Had  Kourt,  176 
Souk  El  Had  El  Menebhi, 
116. 

Souk  El  Had  Reisana,  299. 
Souk  El   Had  Smimou. 
134. 

Souk  El  Khemis  El  Aou- 

nat,  114. 
Souk  El  Khemis  El  Gour, 
236. 

Souk  El  Khemis  des  Mas 

kala,  104. 
Souk  £1  Khemis  des  Ser 

harna,  99. 
Souk  El  Khemis  des  Ze- 

mamra,  117. 
Souk  El  Khemis  de  Zima 
124. 

Souk  Es  Sebt  des  Chiad 

ma,  115. 
Souk  Es  Sebt  Guezzoula 

124. 

Souk  Et  Tlétad'Azlaf,  244 
Souk  Et  Tléta  des  Che- 

raga,  232. 
Souk  Et  Tléta  des  Bien 

Malek,  174. 
Souk  Et  Tléta  des  Han- 

chene,  103. 
Souk  Et  Tléta  Kourati 
127. 

Souk  Et  Tléta  des  Mes 

tioua,  100. 
Souk  Et  Tléta  des  Ouled 

Bou  Chta,  233. 
Souk  Et  Tléta  des  Ouled 
Delim,  126. 


Souk  Et  Tléta  Outa  Bou 

Abane,  234. 
Souk  Et  Tléta  Reisana, 

299. 

Souk  Et  Tléta  Sidi  Em- 

barek,  124. 
Souk  «Et  Tnine  d'Azrou, 

243. 

Souk  Et  Tnine  Mharra, 

84. 

Souk  Et  Tnine  des  Mes- 

sagha,  180. 
Souk  Et  Tnine  d'Ouldja, 

232. 

Souk  Et  Tnine  des  Ouled 

Ali,  76. 
Souk  Et  Tnine  des  Ouled 

Amrane,  116. 
Souk  Et  Tnine  des  Ouled 

Teïma,  137. 
Souk  Et  Tnine  des  Riat. 

125. 

Sous  FOued],  4,  136. 
Spartèl  [Cap],  298. 


Tabcheurt,  258. 
Tabia,  246. 
Tadaourt,  137. 
Tadjera  [Djebel],  320. 
Tadla,  140. 
Tafaraoua,  271. 
Tafaraoui  [Djebel],  210. 
Taffah,  234. 
Taffamane,  2 16. 
Tafilalet,  ou  Tafilelt,  285. 
Tafoudeit,  180. 
Taforalt,  258. 
Tafrata  [Plaine  de],  265. 
Tafraout,  260. 
Taftent,  135. 
Tagadirt,  137. 
Tagaïout,  134. 
Taghat  [Djebel],  199,228. 
Taghzout,  231. 
Taglaout,  101. 
Tagma,  258. 
Tagoureït,  105. 
Tagranit,  146. 
Tagrirt,  281. 
Takad,  138. 
Takerboust,  260. 
Takerkoust,  98. 
Takhoualt,  282. 
Takoumit,  279. 
,  Tala,  137. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


33i 


Talaa  Ech  Chérif  ,298. 
Talaint,  139. 
Talati  Iratene,  105. 
Taighemt,  280. 
Talharit,  281. 
Talsint,  281. 
Talzaza,  279. 
Tamaït,  105. 
Tamayoust,  197. 
Tamerakt,  134. 
Tameslemt,  281. 
Tameslouht,  98. 
Tamesmout,  101. 
Tamesna,  72. 
Tamlalet  El  Djedid,  98. 
Tamlalet  El  Guedim,  98. 
Tamlelt  [Plaine  de],  280. 
Tanezzara,  277. 

TANGER,  289. 
Bibliographie,  292. 
Bit  El  Mal,  295. 
Dar  El  Makhzen,  295. 
Embarquement  et  dé- 
barquement, 289. 
Emploi  du  temps,  289. 
Grande  Mosquée,  293. 
Grand-Socco,  292. 
Histoire,  291. 
Kasba,  294. 
Le  Marchan,  295. 
Petit-Socco,  293. 
Plage,  297. 
Port,  294. 

Renseignements  pra- 
tiques, 290. 

Taftdja  El  Balia,  297. 

Tombeaux  des  Mou- 
hajedine,  297. 

Tanoualt,  195. 
Taouda,  232. 
Taount  [Plateau  de],  320. 
Taourirt,  264. 
Taria,  270. 

Tarifa  [Pointe  de],  307. 
Taroudant,  137. 
Tasga,  193. 
Taserrakout,  258. 
Tasmamart,  285. 
Tassadmet,  105. 
Tassenlout,  105. 
Tassila,  138. 
Taza  [Trouée  de],  2. 

TAZA,  236. 
Bibliographie,  238. 
Cimetière  musulman, 
242. 


TAZA,  Emploi  du  temps, 
236. 

Grande  mosquée,  240. 
Grottes  de  Khifane  El 

Ghomari,  241. 
Histoire,  237. 
Maison  de   Bou  Ha- 

mara,  239. 
Médersa  mérinide.239. 
Medina,  239. 
Musée,  239. 
Nécropole,  241. 
Remparts,  240. 
Renseignements  pra- 
tiques, 236. 

Tazaghine,  260. 
Tazarour  [Djebel], 260. 
Tazekka  [Djebel],  242. 
Tazeroualt,  139. 
Tazert,  100. 
Tazetot,  144. 
Tazzouggert  Camp,  282. 
Tazzouggert  Ksar,  280. 
Tazouka,  284. 
Tazouta,  234. 
Tchioukt  [Djebel],  231. 
Telouet,  101. 
Tamara,  151. 
Tendrara,  261. 
Teniet  Zaïd,  277. 
Teniet  Zerga,  277. 
Teniet  Ez  Zoubia,  278. 
Tensift  [Oued],  4,  125. 
TÉTOUAN,  311. 
Thamusida  [Ruines  de], 
171. 

Thiersville,  270. 
Thymiaterion,  171. 
Tichmout  [Forêt  de],  196. 
Tidili,  101. 
Tidourine,  134. 
Tiflet,  179. 
Tighiouinine,  284. 
Tighmart,  288. 
Tigrigra  [Vallée  du],  195. 
Tijane,  281. 
Tijjam,  231. 
Tikiouine,  137. 
Tikoutamine,  281. 
Tikrizrit,  100. 
Tillelt,  135. 
Timhadit,  196. 
Timoulilt,  146. 
Timzidouine,  105. 
Tinernit,  285. 
,  Tinmal,  102. 
Tinzil,  266. 


Tiout,  272. 
TiouzaguiDe,  281. 
Tirouane,  105. 
Tissaf,  266. 
Tit,  113. 
Tit  Mellil,  75.  . 
Tizi  Gzaouine,  281. 
Tizï  Maachou,  105. 
Tizi  Mascara,  270. 
Tizimi,  286. 

Tizi  N  Foucht  FCol  de 
197. 

Tizi  N  Lafit,  197. 
Tizi  N  Telghemt,  197. 
Tizi  N  Zaka,  195. 
Tiziren  [Djebel],  2. 
Tiznit,  138. 


TLEMCEN,  247. 

Esplanade     du  "Me- 

chouar,  247. 
Mechouar,  248. 
Mosquées    :  Grande 
Mosquée,  248. 

—  du  Méchouar,  248. 

—  Oulad  El  Himam, 
250. 

—  de  Sidi  Bel  Hasseu, 
248. 

—  de    Sidi  Brahim, 
248. 

—  de  Sidi  El  Haloui, 
250. 

Musée  des  Antiquités, 
.  248. 

Renseignements  pra- 
tiques, 247. 

Tlétat    [Barrage  du], 
246. 

Tocolosida  [Ruines  de], 
189. 

Torradet  Ed  Defla,  261. 

Touahar,  243. 

Toulal,  189. 

Toulal  (Guir),  280. 

Touggour,  266. 

Trafalgar  [Cap],  307. 

Tralimet,  251. 

Trara,  320. 

Trarit  Kharsalla,  261. 

Trasrout,  260. 

Triifa  [Plaine  des],  257. 

Trik  El  Bab,  285. 

Trois-Fourches[Cap  des], 

317. 
Turenne,  251. 


332 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


v-z 

Volubilis   [Ruines  de], 
190. 

Zaër  [Forêt  des],  161. 
Zaffarines  [Iles],  320. 
Zaïo,  '261. 

Zalagh [Djebel  1,  197,  227. 


Zaouïa  Amel  Kis,  284. 
Zebzat,  197. 

Zegzel  [Gorges  du],  2G0. 
Zekkara,  261. 
Zelboun,  251. 
Zenaga,  276. 
Zenatas,  74. 
Zerektene,  101. 
Zerhoun,  193. 


Zerzaïa,  266. 
Zrektoum,  128. 
Zrigat  Bou  Lardjem,  2 
Zgara.  232. 
Zima  î  Lac  ,  121. 
Ziz  iOuedi,  282. 
Zoudj  El  Beghal,  251. 
Zrarka,  234. 


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100  KILOMÈTRES  AUTOUR  DE  PARIS 
28  Co'j  pures 
Région  Ouest 
Région  Est 


Carte  routière  du 
Ministère  de  l'Intérieur 
au  '/ICO  000* 
chaque  région,  reliée  toile, format  de  poche  3t^5o 


SUR  ROUTE  :  Tout  ce  qu'il  faut  voir 
Atlas-Guide  de  poche,  relié  toile  3  5o